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The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi

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Swato
Swato
Dieu vis sur une tortilla.
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Date d'inscription : 08/08/2013

The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi Empty
MessageSujet: The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi Icon_minitimeDim 29 Juin - 14:17

Note: pas de spoil
Prompt: Il est là, sous le ciel étoilé


Je crois que moi aussi




Xever avait son sac posé devant lui, il avait étalé ses affaires devant lui pour examiner son contenu. Il y avait des boîtes de conserves, un couteau, un livre, sa hache, le révolver que June avait trouvé deux années auparavant (il était vide et il n'y avait plus aucune munition à l'intérieur mais ils le gardaient au cas où), une longue corde et du fil de fer. Il posa son dos contre le lit derrière lui, tendant l'oreille. La respiration de June était lente derrière lui, douce, il dormait. L'homme ne faisait pas de cauchemars, c'était bon signe. Xever prit le livre et l'ouvrit à la page 32. Il ne s'intéressa pas du tout à l'histoire, passant le bout de ses doigts sur la photo qu'il avait glissé à cet endroit-là.

Sur la photographie jaunie, un homme d'une quarantaine d'année avec les cheveux poivres et sels riait aux éclats, la tête renversé en arrière et les bras enroulés autour d'une femme. Celle-ci avait les cheveux blonds, un sourire tendre étirait ses lèvres et elle n'avait d'yeux que pour l'homme à ses côtés. Xever retourna la photo, il plissa les yeux et déchiffra l'écriture avec soin, se concentrant pour lire correctement.

Dyslexie.

Cela avait été écrit au stylo bille. Catherine et Hinton Maloy, 2007.

Xever détailla le visage de ses parents avec attention, traçant le visage souriant de sa mère, passant de ses fossettes à ses yeux rieurs et pétillants de joie. Elle portait une longue robe rouge qui mettait en valeur ses yeux bleus, le rouge avait toujours été sa couleur favorite.

Il avait pensé que sa mère avait repris ses esprits et qu'elle devait avoir emmener son père à l’hôpital pour le soigner. Il s'était retourné et ils étaient là. Yeux injectés de sang, bouche grand ouverte sur un rugissement animal, affamé. Pas le temps de réfléchir. Sa mère avait tendu les bras vers lui, tentant de saisir son bras pour le dévorer. Son père boitait. Ils voulaient le tuer. Le manger. La hache dans le couloir. Xever avait frappé. Le sang avait altéré sa vision. Tout n'était plus que rouge, que bruits mouillés. Une, deux. Cinq, dix. Quinze, vingt fois. Il s'était arrêté.

Sa mère et son père gisaient à ses pieds.


Xever secoua la tête, il rangea la photo dans le livre, page 33 et enfouit sa tête dans sa main, effaçant la sueur qui maculait son front.

Respire. Ne pense pas. Tu ne peux pas t'appesantir sur le passé, tu n'en as plus le temps.

Deux bras passèrent autour de ses épaules, Xever tendit la main vers le couteau, posant ses doigts tremblant sur le manche.

« Hey... »

Xever s'interrompit dans son geste, prenant une petite inspiration pour calmer son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine. Une main douce passa dans ses cheveux, les doigts calleux se frayant un chemin sur son front. Il se laissa manipuler comme une marionnette lorsque la paume rugueuse s'appuya contre sa peau pour lui renverser la tête en arrière, de sorte que l'arrière de son crâne repose contre le matelas. Deux yeux gris se plantèrent dans les siens, le dévisageant avec prudence et tendresse.

« Mauvais rêve ? »

Xever haussa les épaules, ne broncha pas quand la main espiègle se posa à plat contre la peau fragile de son cou. June aurait pu l'étrangler, aussi facilement que cela.

Ne fais confiance à personne. Sauf June.

Xever leva la main et dégagea une mèche de derrière l'oreille de June pour jouer avec, l'enroulant autour de son doigt, regardant les cheveux bruns brillants glisser entre ses doigts. Sa peau se réchauffa sous les caresses de son ami, il ferma les yeux. June fit un bruit grave, tentant de l'apaiser en passant ses doigts sur sa joue, traçant sa mâchoire avec révérence. Une bouche se posa contre son front humide, restant appuyée contre sa peau brûlante.

« C'est fini maintenant. »

Xever prit la main de June et entremêla leurs doigts. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale et il continua de jouer avec les cheveux de son compagnon.

June te sauvera, comme à chaque fois. Il oublie qu'il est important. Ne le laisse pas oublier. Fais attention à lui.


*



Un an plus tôt:


June avait insisté pour qu'ils se reposent un peu plus longtemps. Les zombies étaient de plus en plus nombreux en ville au fur et à mesure que l'espèce humaine s'éteignait. Bientôt, il n'y aurait plus aucun endroit sûr. Xever avait peur, il était pétrifié par l'angoisse. Ça ne l'empêchait pas de garder en tête qu'entrer dans un groupe était dangereux. Mauvais.

Les hommes étaient vils, prêt à tout pour survivre, même à s'entretuer pour une miche de pain. June n'était pas d'accord avec lui. June était encore plein d'espérance, il était naïf. Les gens comme lui ne survivaient jamais longtemps seuls, il était normal qu'il cherche un groupe et la protection du plus grand nombre.

Mais tu m'as, moi. Je couvre tes arrières, nous partageons notre nourriture, nous prenons soin de l'autre. Nous n'avons pas besoin des autres.

Cette situation vit naître leur première grande dispute. Un groupe passait sous leur fenêtre, une dizaine de personne. June voulait les rejoindre, pas Xever. Son compagnon leva les yeux au ciel, soupirant lourdement avec exaspération:

« On devrait les rejoindre.
- Pourquoi ?
- Parce que nous sommes seuls depuis un an ! Ça ne te manque pas d'être avec une famille ? »

Xever toisa June avec dureté, pointa les gens au dehors qui renversaient leurs têtes en arrière avec un rire sonore, avec une insouciance qui les mèneraient à leurs pertes s'ils continuaient. Les gens bruyant ne survivaient jamais.

« Ces gens là. Ne sont pas ta famille, prononça t-il férocement.
- Ils pourraient le devenir ! Protesta June. J'en ai assez d'être seul, Xever. »

June secoua la tête avec désespoir, menaçant de s'arracher les cheveux à cause de sa frustration. Xever se sentit blessé. June n'avait pas la même vision des choses que lui. Ils n'étaient pas seul. Ils s'avaient l'un l'autre. Les bruits du groupe commencèrent à s’atténuer, signe que les gens s'éloignaient et avec eux la promesse de ce que June estimait être "une famille". Xever secoua la tête et pointa encore une fois l'extérieur, par la fenêtre, avec un geste emporté:

« Si tu veux être avec ces gens, ce sera sans moi. Je ne mettrais jamais les pieds dans un groupe.
- Normal, tu n'aimes personne, pas vrai, Xever ? Tu ne fais confiance à personne, tu ne veux te lier à personne parce que tu as trop peur ! Peur de t'attacher à quelqu'un et que cette personne meure, peur de souffrir ! »

June s'interrompit, hors d'haleine, le dévisageant avec des yeux noirs. C'était la première fois que Xever se sentait comme s'il n'était qu'une merde. Il eut froid, la température avait baissé d'un seul coup, le faisant frissonner. June fit les cents pas, lançant des regards envieux par la fenêtre, tergiversant.

« Mais c'est ça la vie, Xever. C'est s'attacher, se faire des amis, des frères et sœurs, c'est vivre des choses avec eux, les perdre même ! La vie est injuste mais c'est comme ça !
- La vie n'est pas comme elle l'était avant, c'est ce que tu as tendance à oublier, cracha Xever. Ces putains de zombies, ils n'étaient pas là quand tu as établi ta petite règle d'or, le monde a changé et nous avec ! »

June se posta à la fenêtre, sautillant avec énergie et nervosité sur ses talons. Xever vit presque les rouages de son cerveau tourner à toute vitesse. Les traits du visage de son compagnon se durcirent et il comprit ce qu'il avait décidé bien avant qu'il ne parle:

« Je ne peux pas vivre comme ça. »

June se mordit les lèvres. Puis il se mit soudainement en mouvement, il noua ses longs cheveux sur sa nuque avec un élastique et prit son sac à dos. Xever le regarda rassembler ses affaires, les bras ballants mais impassible.

Mais tu m'as, moi. Je couvre tes arrières, nous partageons notre nourriture, nous prenons soin de l'autre. Nous n'avons pas besoin des autres. Alors pourquoi tu pars ?

Le vent fit claquer le battant du volet contre le mur brutalement. Xever se sentait comme ça, lui aussi. Comme s'il avait reçu un énorme coup sur le crâne. June s'arrêta devant lui, le fixant avec un regard suppliant:

« Viens avec moi. On pourrait être bien là-bas, refaire notre vie... »

Xever serra les dents et détourna les yeux. June fronça les sourcils, peiné. Il secoua la tête, passa une main sur la joue de son compagnon et partit. Les marches de l’escalier couinèrent sous ses pas et Xever se tînt immobile, suivant à l'oreille le départ de son ami.

Tu avais raison. Ne t'attache à personne, ne fais confiance à personne. Tu aurais dû faire attention. Au final, tu te retrouve toujours seuls. Les gens partent. Ne fais plus confiance. Ne t'attache plus. A personne.

Xever resta campé sur ses pieds un long moment. Il n'alla pas à la fenêtre pour regarder June partir. Il n'échangea pas un dernier regard avec lui. Ce genre de chose, c'était pour les romans harlequins que lisait sa mère quand elle était encore en vie. Il se retrouva juste là. Seul.

Il reprit ses esprits. Il ne devait pas faiblir.

Il fit le tour de la maison avec sa hache à la main, s'assurant que le périmètre était sécurisé.

June allait-il rejoindre le groupe en toute sécurité ?

Xever vérifia les pièges autour des murs, s'assura que les vêtements des zombies entouraient le bâtiment pour qu'ils... qu'il soit à l'abri cette nuit.

Le groupe allait-il accueillir June parmi eux ?

Il verrouilla la porte d'entrée et ferma la chambre, s'installant dans le lit au milieu de la pièce, remontant sa couverture polaire sur son corps pour garder de la chaleur.

June serait-il heureux avec eux ?

Au dehors, la pluie commença à tomber, des gouttes d'eau glougloutaient sur la toiture et dans les gouttières. Un zombie rugit au dehors, traînant des pieds. Le silence se fit assourdissant, il manquait quelque chose. Sûrement le babillage incessant de June. Xever se mit en chien de fusil, serrant la couverture contre lui.

Je n'ai besoin de personne pour survivre. Je sais prendre soin de moi.

Les yeux de Xever tombèrent sur son sac à dos ouvert. A l'intérieur, une petite peluche représentant un lapin lui envoyait un regard suppliant, ses yeux verts ridiculement grands.

« Merde, jura t-il. »

Xever se leva, ferma son sac et le balança sur son épaule. Il rassembla ses affaires en quatrième vitesse et déverrouilla les portes. Un zombie le bloquait, il donna un coup de pied dans le battant, l’éjectant du passage et couru, sa hache à la main. Il décapita un mort-vivant en passant devant lui et se mit à la poursuite de June, levant les yeux vers le ciel qui s'assombrissait.

La nuit, c'est dangereux. Les zombies deviennent vicieux et peuvent te prendre par surprise. Il ne faut jamais sortir la nuit.

Je n'ai besoin de personne pour survivre. Mais j'ai besoin de June pour vivre.



*


June passa une fois de plus sa main dans ses cheveux, les lèvres toujours appuyées contre son front. Xever se sentait parfois beaucoup trop petit pour ce qui se passait à l’intérieur de lui. Son cerveau envoyait des endorphines dans tout son corps et rendait sa tête légère, le bout de ses doigts le picotaient, son front brûlait, son cœur se serrait. C'était une suite de réaction en chaîne qui pouvait s'expliquer cliniquement mais que Xever ne s'expliquait pas.

June décala sa bouche pour faire glisser sa joue contre son crâne avec affection:

« J'ai déjà vu cette photo. C'est tes parents ? Murmura t-il. »

Xever se crispa, ses épaules se tendirent sous les bras de June. Il rouvrit les yeux, ne bougea pas pour autant. Il remit une longue mèche de cheveux brune derrière l'oreille de June, effleura du pouce la parenthèse que formait sa cicatrice sur sa peau pâle.

« Je suis sûr que c'était des gens biens...
- Je les ai tué. »

June haussa un sourcil, il redressa la tête pour le contempler, le détaillant du regard. Xever n'avait jamais parlé de cela. Il n'en ressentait pas l'envie, c'était du passé, on ne pouvait pas changer le passé, cela ne servait à rien de s’appesantir sur quelque chose d'immuable. June fit glisser sa main sous son tee-shirt, frôlant sa clavicule nue et le faisant tressaillir. Des papillons s'éveillèrent dans son estomac, s'affolant.

« Ils avaient changés ? Demanda doucement June.
- Hm.., grogna t-il. »

June hocha la tête, grave. Il soupira et embrassa son front une fois de plus. Xever ferma les yeux. June ne lui dit pas qu'il était désolé, ne parla pas. Il lui en fut reconnaissant. Il n'y avait rien à dire. Un silence tranquille prit possession de la pièce, altéré seulement par le bruit que leurs peaux glissant l'une contre l'autre produisait. June effleura son épaule, fit voyager sa main sur son torse pour poser sa paume à l'endroit où son cœur battait furieusement. Xever se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas faire un truc stupide. La peau de June épousait la sienne parfaitement, comme si sa main avait été faite pour se trouver là, collée contre son épiderme, le réchauffant tout entier.

« Hey...
- Quoi ? Murmura Xever. »

June enfouit son nez dans ses cheveux et respira son odeur, resserrant ses bras autour de lui.

« Je crois que je t'aime. »


*


Xever suivit June. Il était très bon pour pister les gens, il avait été chasser de nombreuses fois avec son père et rabattre le gibier avait été une de ses activités favorites. Les pas de June se perdait dans la forêt. Le ciel pleurait et la pluie tombait drue, il était trempé. Le temps maussade avait un avantage: il rendait plus claire l'avancée de son ami. Le sol détrempé prenait les empreintes de ses chaussures, rendait les branches cassantes et fragiles. June n'avait jamais été d'un naturel discret, il ne savait pas couvrir ses arrières. Les empreintes sur la terre se multiplièrent, une dizaine de personne. June avait réussi à rattraper le groupe. Xever s'accroupit et écouta.

Sur sa droite, un zombie. Trop loin pour être une menace imminente. A sa gauche, un bruit d'eau. Une petite rivière.

Surveille tes arrières.

Xever se tourna lentement. Rien.

Il se releva. Devant, les traces de pas continuaient leur route, la marque des semelles de June les suivait, il avait été accepté dans le groupe. Xever prit un temps de réflexion. Devait-il suivre son ami ou le laisser vivre sa vie ? Tout se tenait dans ce raisonnement. Il pourrait reprendre sa vie de solitaire, ne pas se laisser influencer par quelqu'un, avoir son libre arbitre, ne pas suivre les ordres d'un soit disant leader, prendre ses propres choix, décider. Ou il pourrait suivre June, se laisser enfermer dans ce faux cocon de sécurité, risquer de baisser sa garde en se croyant hors d'atteinte des zombie, risquer de se faire trahir par des "camarades" qui n'en auraient que pour ses affaires, perdre des gens.

Souffrir.

Xever n'avait pas peur de souffrir. Il souffrait constamment. La faim, les douleurs intempestives dans ses jambes et ses bras à force de courir et de fuir les zombies. La douleur de savoir que jamais plus rien ne serait comme avant, de se rappeler de ce qu'avait été la vie avant se cauchemar et d'avoir en mémoire toutes les choses horribles qu'il avait dû faire pour survivre.

J'ai tué ma mère et mon père. J'ai tué des zombies. J'ai tué un homme qui me menaçait, une fois. J'ai détourné le regard, ignorant des appels à l'aide. De pauvres malheureux se faisant dévorer. De nombreuses fois. J'étais peut-être quelqu'un de bien avant. Je ne le suis plus.

Les pas s'éloignaient plus profondément dans la forêt. Xever jura:

« Quelle bande d'idiots. »

C'était la cachette préférée des zombies.

Il jura encore et se mit en marche, suivant les traces avec méticulosité et se retenant de courir comme il en avait tellement envie. Il fallait qu'il soit méthodique, qu'il mette de coté sa peur et l'angoisse qu'il ressentait à l'idée que June soit en danger.

Xever prit sa hache à deux mains et se glissa dans un buisson lorsqu'un zombie fit son apparition. Trop tard, il l'avait vu. Il sortit de sa planque et lui explosa la tête, tranchant son visage de l'oreille jusqu'au haut du crâne. Le corps tomba au sol sans un bruit, amortis par les feuilles humides. Xever chassa les gouttes de pluie sur son visage d'un revers de main, cela ne servait à rien, il était déjà trempé jusqu'aux os. Les empreintes s'enfonçaient dans la boue, preuve qu'une plus grande impulsion avait été donné et que les membres du groupe avait commencé à courir. Sur la gauche, une toute autre forme de trace apparut.

Zombies.

Toute une horde, au moins vingt. Le cœur de Xever prit une allure folle dans sa poitrine. Ce n'était pas bon. Sa gorge se serra et l'adrénaline monta dans ses veines, emprisonnant son cerveau dans une étreinte insupportable. Il avait l'impression que sa tête allait exploser.

Xever trébucha dans sa précipitation, il regarda le sol avec concentration, essayant de différencier les traces de semelles au sol pour reconnaître celle de June. Y avait-il une étoile sur l'envers de sa chaussure ? Ou alors des courbes ? Des piques ? Il avait oublié, il ne savait plus. Les quelques tâches de sang qu'il trouva sur la terre meuble lui firent tourner la tête. Xever posa sa main contre un tronc d'arbre et reprit son souffle. Il releva la tête, la respiration lui manqua.

Devant lui, un enchevêtrement de corps sanguinolent. Quelques zombies étaient encore dans les parages, penchées sur un corps, du sang et de la chair entre leurs mains décharnées et décomposées, mangeant sans pitié ce qui avait été des êtres humains quelques heures auparavant.

Une odeur terrible lui parvînt et il se força à respirer par la bouche. Il était encore loin, les zombies ne l'avaient pas vu. Il posa son sac par terre, repoussant la nausée qui menaçait de l'engloutir et sortit une veste crasseuse qui avait appartenu à un zombie, elle était maculée de sang et de taches dont Xever ne voulait pas connaître l'origine. Il l'enfila et remit son sac à dos, espérant que cela suffirait à le faire passer pour l'un des leurs.

June

Xever s'approcha avec prudence, se mêlant aux trois zombies et se pencha sur les corps, ne s'arrêtant que sur leurs visages, la peur au ventre. Certains corps n'avaient plus de nez, plus d’œil, la moitié de leurs traits étaient méconnaissables, recouvert de sang. Xever lutta pour garder le contenu de son estomac là où il se trouvait. Ses yeux lui piquaient.

Ne pleure pas. Ça ne sert à rien. Ça ne les fera pas revenir.

Il continua, voyant bien trop de mort, certains n'avaient même plus de têtes, ni de visage, il ne savait plus quels vêtements avaient June en partant, avait-il cette chemise verte ? Ce tee-shirt violet ? Ce jean sombre ? Il ne s'en rappelait plus. Les zombies à ses côtés grognèrent de façon virulente, le leurre ne faisait plus effet et ils avaient perçus son odeur. Xever se redressa, raffermissant sa prise sur sa hache, les dents serrées. Un mort-vivant se jeta sur lui, il abattit sa hache. Une, deux. Cinq, dix fois.

Il hurla lorsqu'un deuxième posa sa main sur lui, se tourna et l'acheva avec violence. Il donna un coup de pied dans son thorax juste avant qu'il ne s'effondre, le faisant s'écrouler sur le troisième. Il s'avança vers le zombie prisonnier et le décapita.

Maîtrise ta colère et ta peine. Ne les laisse pas t'aveugler.

Xever se passa une main sur le visage, chassant la pluie. Il leva la tête vers le ciel, impuissant, triste.

Perdu, trouillard, naïf.

June.


Il était là. Sous ce ciel étoilé qui se moquait de lui. La lune était hilare. Les nuages pleuraient de rire et pissaient sur lui. Xever ne s'était jamais senti aussi vide de toute sa vie. Sa hache ne servait à rien. Tout ses talents de traqueurs ne servaient à rien. Il avait perdu June.


*


Xever regarda June sans comprendre. Les yeux gris le fixaient avec intensité, un petit sourire amusé venait d'ouvrir la parenthèse de la cicatrice sur sa pommette.

« T'as rien à répondre. J'avais juste besoin de le dire. »

Xever ne répondit rien. Il passa sa main sur la nuque de June et tourna la tête pour l'attirer à lui. Ses lèvres buttèrent contre les siennes sans douceur, l'angle était mauvais. Mais c'était bon malgré tout. June pencha la tête sur le coté et lui pinça la joue, se moquant gentiment de ses baisers maladroits. Des feux d'artifices dansaient sous sa peau et jamais sa bouche ne lui paru aussi brûlante.


*


« Xever ? »

Il releva la tête, lentement. Sa hache pendouillait dans ses mains, inutile. Le vide dans sa poitrine menaçait de le faire plonger dans les ténèbres. Ses cheveux gouttaient sur son visage, collés à son crâne. Il avait froid, il était trempé. Il devait avoir l'air d'un chaton noyé. La pluie s'était arrêtée, ne laissant qu'un paysage désolé derrière elle. Ses genoux s'enfonçaient dans la boue, il ne sentait plus la pointe de ses pieds.

« Xever ? »

La voix était petite. Étranglée. Pleine d'espoir. Le timbre lui était familier, grave. Un pique d'énergie le secoua, le faisant trembler.

Tu connais cette voix.

Le cerveau de Xever mit un instant avant de comprendre ce que cela impliquait. Lorsque l'information fit enfin son chemin dans sa tête, il sursauta et ses yeux examinèrent les environs, cherchant l'origine de la voix. Quelqu'un se tenait debout devant lui, un homme grand et svelte, avec de long cheveux bruns et une cicatrice sur la pommette formant une parenthèse sur sa joue. Ses yeux étaient emplis de larmes. L'homme vacilla sur ses jambes, se rapprochant de lui.

« Xever... »

Son coeur fit un bond dans sa poitrine et Xever sentit un courant électrique parcourir son corps, comme un éclair traversant sa carcasse. Il se leva avec une énergie qui le fit trébucher, se jetant sur l'homme.

« June ! Dit-il, sa voix se brisant. »

Ses bras se serrèrent avec force autour de lui, l'écrasant contre son torse sans douceur. Xever aurait voulu le cacher sous sa peau pour ne plus jamais le laisser s'en aller. June éclata en sanglot, enfouissant son visage dans son cou, y dissimulant ses larmes.

« Xever... J'aurais jamais dû partir, sanglota t-il. »

Xever glissa sa main à l'arrière de sa tête et le serra encore plus fort. Si fort qu'il en avait du mal à respirer. Il pressa son nez contre ses cheveux et y respira longuement, laissant le soulagement le laver de toute cette angoisse et inquiétude.

« Tout va bien. Je t'ai retrouvé. Je te tiens, murmura t-il, la voix éraillée. »

Xever appuya furieusement ses lèvres contre son crâne. June tremblait contre lui, il le força à se décaler, le dévisageant en prenant son visage en coupe entre ses mains:

« Tu vas bien ? Tu n'as rien ? »

June hocha la tête faiblement mais Xever s'en assura lui-même, le regardant et passant ses mains sur chaque centimètre carré de son corps. Lorsqu'il fut rassuré qu'il n'avait rien, il effaça ses larmes, comme on le ferait avec un enfant. Les mains de June ne cessaient de s'agripper à lui, ses bras cherchant à s'enrouler autour de lui à la recherche de réconfort. Xever hocha la tête pour se donner une contenance et le laissa se blottir contre lui, frottant son dos doucement.

« Du calme..., murmura t-il. Il faut qu'on se mette à l'abri, d'autres zombies vont être attiré par l'odeur. Il faut qu'on s'en aille. »

Xever aurait voulu rester contre lui, le rassurer et se rassurer lui-même. Mais ils ne le pouvaient pas. Il fallait qu'ils se mettent en sécurité. Il ne savait pas comment June avait réussi à s'enfuir, il s'en fichait, tout ce qui importait, c'était qu'il était en vie et qu'il l'avait retrouvé. Maintenant, c'était à lui de se charger du reste.

June oublie qu'il est important. Ne le laisse pas oublier. Fais attention à lui. Protège-le.

Ils sortirent de la forêt après une marche longue et fastidieuse, June se collant contre son dos lorsqu'ils faisaient une halte. La nuit était de plus en plus noire mais les étoiles restaient constantes dans le ciel, permettant à Xever de ne pas perdre son chemin dans cette jungle. Ils retrouvèrent finalement la ville qu'ils avaient quittés auparavant, marchant le long des murs, évitant les zombies qui déambulaient dans les rues.

Xever avait fait attention à verrouiller la petite maison qu'ils avaient investis quelques jours de cela, elle était parfaitement sécurisée. Il fit entrer June et les barricada ensuite, remettant la grande armoire devant la porte, puis le meuble télé, le canapé et noua le tout avec la grande corde dans son sac. June se colla contre lui et lui enleva son sac à dos avec fébrilité, le tournant contre lui pour écraser ses lèvres contre les siennes. Xever sentit un pic d'adrénaline courir dans ses veines et l'attira à lui avec violence, l'embrassant plus durement, enroulant sa langue autour de la sienne.

Le stress retombe, l'envie prend le dessus.

June passa ses mains sous son haut, s'attardant sur son ventre, lui envoyant un millier d'étincelles dans la tête, et rompit le baiser le temps d'envoyer valser son tee-shirt. La peur et le soulagement mêlés firent remonter à la surface toute la violence que Xever avait affronté pour sauver son compagnon et il enroula ses bras sous les cuisses de June pour le porter et le plaquer contre le mur, le faisant gémir de surprise.

Ne te laisse jamais distraire... Ne te...

June enfouit ses mains dans ses cheveux et le tira contre sa bouche, faisant se rencontrer maladroitement leurs lèvres en un baiser passionné. Le cœur de Xever se serra violemment, il se plaqua complétement contre lui, ne laissant aucun espace entre leurs corps. Il voulait le couvrir totalement, le protéger, le garder contre lui, ne plus jamais le laisser s'en aller, l'enfermer s'il le fallait. Il devenait fou lorsque June se mettait en danger de cette façon.

« Connard, jura t-il entre deux baisers.
- Je sais, haleta June. »

Xever enleva son haut et s'attaqua à nouveau à sa bouche. Son cœur menaçait de sortir de sa poitrine, se coinçant dans sa gorge, rendant sa voix rauque et ses mains tremblantes. Il grogna de satisfaction quand les mains de June s'agrippèrent avec force à son dos. Xever s'éloigna pour reprendre son souffle:

« Idiot.
- Tais-toi. »

Ses lèvres le brûlaient. Xever se décala du mur, supportant tout son poids et June resserra ses jambes autour de sa taille pour l'aider. Monter les marches n'étaient jamais une mince affaire, seulement l'adrénaline lui donnait des ailes et une force qu'il ne se serait jamais cru avoir. June mordit sa lèvres et les genoux de Xever faiblirent, s'effondrant sous lui. Il retînt June du mieux qu'il le pu, ralentissant sa chute sans quitter sa bouche. Il était avide, il se noierait sans ses lèvres, il avait besoin de lui. Une vague de colère interrompit ses pensées, June était parti, il l'avait laissé. Il rompit le baiser et donna un coup de poing à coté de sa tête, sur la marche de l'escalier.

« Si tu me quittes encore... »

Un gémissement plaintif s'échappa des lèvres de June et il secoua la tête, le renversant sous lui. Leurs gestes étaient incroyablement brouillons, ils roulaient, s'embrassaient comme s'il n'y avait plus de lendemain, retiraient leurs vêtements sans coordination, juraient, traitant l'autre d'abruti. June quitta ses lèvres et enroula ses bras autour de lui pour le redresser, le portant contre lui comme il l'avait fait un peu plus tôt. Jamais Xever n'avait été trimballé de cette manière, avec possessivité. Son dos nu toucha les draps et il fit tomber June sur le matelas en le saisissant par les épaules, se plaçant au dessus de lui.

Xever s'arrêta. Son souffle était hiératique et il posa son bras en travers du torse de June lorsqu'il tenta de saisir ses lèvres. Il prit le temps de le regarder, de reprendre sa respiration. L'odeur de June emplit ses poumons et un calme extraordinaire prit possession de lui, remplaçant la folle vague d'adrénaline qui avait failli avoir raison de lui. La passion était toujours là, sous-jacente, ne demandant qu'à refaire surface. Les grands yeux gris de June se plantèrent dans les siens et comme s'ils avaient été sur la même longueur d'onde, son agitation disparut peu à peu. Xever fit glisser sa main sur sa joue, traça le contour de ses lèvres avec son index et prit son menton entre ses doigts, se penchant pour l'embrasser plus doucement.

June posa ses mains sur ses cotes, faisant voyager ses paumes dans le bas de ses reins, mettant le feu à ses terminaisons nerveuses. Xever n'avait jamais été aussi proche de quelqu'un, n'avait jamais eut le temps, ni l'envie de se rapprocher autant de quelqu'un. Il se laissa guider, la chaleur surpassa tout ce qu'il avait connu depuis qu'il était venu au monde et s'installa jusque dans ses os pour y rester, se creusant une place, profondément dans son cœur.

Plus tard, quand ils furent blottis l'un contre l'autre, Xever écouta la respiration de June, ses mains traçant des arabesques sur sa peau nue. Son compagnon prit une longue inspiration, collant son nez dans son cou.

« C'est toi ma famille, murmura June. »

Xever tourna la tête et pressa ses lèvres contre son front. Il caressa son dos jusqu'à ce qu'il s'endorme, le gardant contre lui de façon protectrice. Il se jura de ne plus fuir ce qu'il ressentait, cela ne servait à rien, June faisait sa propre place dans sa vie sans lui demander son avis de toute façon.


*


Je crois que moi aussi.



Fin
Maliae
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MessageSujet: Re: The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi Icon_minitimeDim 29 Juin - 16:53

Wouah, pffiouuu. Je suis toute frissonnante, purée c'était beau quoi, et triste mais beau, pi purée le moi aussi de la fin et puis enlalala. Je suis toute emmêlée maintenant <3
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MessageSujet: Re: The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi The Walking Dead - pas de spoil - Je crois que moi aussi Icon_minitimeDim 29 Juin - 22:26

C'était juste superbe. J'ai eu très, très peur, mais c'était juste superbe, et *mince* Xever est un "badass", comme disent les anglophones. :'D

Ouf. Là au moins ils vont bien à la fin, même si c'était très triste.

Merci pour ce texte magnifique.


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