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[Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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[Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Empty
MessageSujet: [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Icon_minitimeSam 8 Nov - 15:59

Fandom : Fashion boy
Prompt : Se construire une famille.
Note : bah c'est la suite quoi.

***

J’appris la mauvaise nouvelle alors que j’étais planqué aux toilettes pour coudre un ruban sur un tee-shirt. Ma famille ne désirait toujours pas me trouver avec un fil et une aiguille donc j’étais encore obligé de me planquer. Quitte à paraître ridicule.
- Eh Clovis ! ça fait des plombes que t’es là dedans, t’es constipé ou quoi ?
- Ouais Ana, t’approche pas trop, ça risquerait d’abîmer tes fragiles narines.
- Aha, très drôle.
Je tirai la langue à la porte fermée et continuai mes travaux sans me préoccuper de cette peste.
- Au fait, maman a dit que ses parents venaient la semaine prochaine, t’as intérêt à bien te comporter, je veux pas avoir la honte devant eux.
- Ouais ouais c’est ça… Attend quoi ? Comment ça les parents de maman viennent ici ?
- T’as très bien entendu !
J’ouvris la porte d’un coup faisant tomber le tee-shirt par terre :
- C’est une blague ?
- Non.
Je regardai ma sœur en espérant qu’elle se mette à éclater de rire et me dise « je t’ai bien eu », bien que ce ne soit pas du tout son genre de faire ça, mais elle était étonnamment sérieuse et je dut me rendre à l’évidence, elle me disait la vérité.
Je compris soudainement toute la signification du cri de Munch, parce que je me sentis dans le même état.

Mes grands-parents maternels représentaient l’enfer sur la terre, et pourtant ils croyaient détenir les paroles du paradis. Autant dire que mes parents et ma sœur les adoraient et les portaient aux nues. Tout ce qu’ils disaient faisaient parole d’Evangile aussi longtemps qu’ils parlaient, et je su que ma vie allait glisser dans la troisième dimension. Celle où la haine et la stupidité sont applaudis par les mains et par les pieds.
J’éprouvais déjà des difficultés à communiquer et comprendre ma famille, bientôt je serais le juif condamné par les allemands durant la deuxième guerre.
Il fallait que je m’échappe.

ooo

- Maman, je pensais passer la semaine prochaine chez Shana. Lançai-je au cours du repas du soir.
- Pas question, mamy et papy seront là, et je veux que toute la famille soit présente.
- Oh ! Et bien je les verrai la prochaine fois non ?
Le plus tard possible, jamais par exemple.
- Non tu ne les verras pas la prochaine fois. Tu resteras à la maison et c’est tout ! Shana tu peux la voir à l’école non ? Tes grands-parents ne viennent pas souvent.
Heureusement.
- Avec Shana on doit préparer un exposé et…
Mon père me coupa sans que je puisse ne donner plus d’explications :
- On sait tous très bien ce que tu fais avec Shana quand tu vas chez elle, mais la semaine prochaine tu seras là un point c’est tout, ce n’est pas discutable.
Je capitulai, hochai la tête à contre cœur. Priai de toutes mes forces pour que mes grands-parents soient soudainement pris ailleurs et ne puissent pas venir.

Evidemment, si Dieu existait, il ne m’écoutait jamais, et mes chers papy et mamy vinrent.
Je ne fus jamais aussi heureux de savoir que je n’étais pas en vacances et que je pourrais passer beaucoup de temps au lycée pour ne pas les voir.
Quand les grands-parents de l’enfer aperçurent ma sœur, ils la félicitèrent immédiatement.
- Tu es tellement jolie.
- Tellement soignée.
- Tu feras une parfaite épouse.
- Tu feras le bonheur de ton mari.
J’ai souhaité quelqu’un m’égorge tout de suite que mes oreilles ne puissent plus jamais entendre ce genre de bêtises. Dire que ça ne faisait que commencer.
Evidemment quand papy et mamy se tournèrent vers moi, leur regard admiratif s’éteignit tout de suite :
- Ah Clovis !
- Tu n’as pas tellement changé.
Et je pouvais sentir toute la déception qu’ils éprouvaient dans leur voix, ils ne cherchaient même pas à le cacher. Pour eux j’étais une farce, une erreur de la nature. J’avais sûrement beaucoup pêché pour que Dieu me punisse ainsi. Apparemment j’étais loin d’être le parfait époux. Cela m’était égal, je préférais qu’ils m’ignorent, cela m’éviterait au moins de devoir être poli avec eux.

Je sais que je paraissais injuste envers eux, qu’aucun grands-parents au monde ne pouvaient être aussi détestable. Et pourtant eux l’étaient. Ils l’étaient vraiment.

ooo

Shana me regarda bizarrement quand je me baissai pour embrasser le sol du lycée :
- On peut savoir ce que tu fais là ?
- J’embrasse la terre sacrée.
- T’as pété un câble !
- Mes grands-parents sont à la maison. Expliquai-je.
Shana qui m’aidait à me relever s’arrêta net :
- Tes grands-parents ? Tu veux dire … Ceux-là ?
- Oui ceux là.
- Oh putain !
- Tu peux le dire.
- Je comprends mieux.
- N’est ce pas.
Shana avait rencontré « ceux-là » une seule fois dans sa vie, ça lui avait suffit pour les détester et ne plus jamais avoir envie de les croiser. A vrai dire en la voyant, ils s’étaient exclamés : « On n’a rien contre les étrangers, mais ils sont mieux dans leur pays ». Quand Shana leur avait expliqué qu’elle était française, ils avaient ricanés avec mépris, ma grand-mère moqueuse avait osé lancer « tiens elle comprend notre langue » et mon grand-père avait enfoncé le couteau « Hitler n’a pas gouverné assez longtemps ». Si Shana ne les avait pas mordu, c’était uniquement parce que je l’avais éloigné d’eux à toute vitesse.
Elle avait craché par terre comme si elle avait un mauvais goût dans la bouche, puis ensuite elle m’avait regardé et demandé si je n’avais pas été adopté. Parfois moi aussi je me le demandais.
- Tu veux dormir à la maison ces prochains jours ? Interrogea Shana.
- Je voudrais bien, mais mes parents veulent que je sois là.
Elle soupira et me tapa dans le dos :
- Bon courage. Tu vas t’en sortir, tu es un type pacifique toi.
- Je vais me contenter de les ignorer.
- Bonne idée.
J’échangeai un sourire avec Shana pile au moment où la sonnerie retentit, nous rappelant nos obligations de bon élève. Jamais je n’avais été aussi heureux d’aller en maths.

Le lycée n’était pourtant pas suffisant, le temps passé avec mes grands-parents me paraissaient horriblement long. Chaque fois qu’ils parlaient c’était pour maudire, détester, punir. Ils savaient toujours tout sur tout et ne remettaient jamais leurs préceptes en questions. A la Manif pour tous, ils étaient toujours au premier rang, et s’ils avaient pu émasculer tous les homos de la terre, ils s’en seraient donnés à cœur joie. Pas de bol c’était interdit pas nos lois si mal faites.
La peine de mort, leur manquait.

Tout le monde était coupable et fautif, les juifs, les noirs, les arabes, les femmes, les homos. Si le monde allait si mal c’était parce qu’on permettait aux gens de couleurs d’avoir la parole, parce que les femmes ne savaient plus s’habiller convenablement, parce que les musulmans refusaient de manger du cochon et parce qu’on n’allait plus à la messe.
- Alors Clovis, as-tu lu la bible que nous t’avons envoyé à noël ? M’interrogea ma grand-mère avec suspicion.
Allait-elle me faire passer un test si je répondais oui ?
- Oui.
Et c’était vrai, je l’avais lu leur bouquin, les quelques fois où je m’ennuyais. Si j’avais bien tout compris, il enseignait l’amour de son prochain, le pardon, l’humilité, il disait de ne pas juger les autres. Je me demandais du coup si mes grands-parents l’avaient lu, eux, ou l’avaient simplement compris, puisqu’ils ne juraient que pas Dieu, mais tous leurs mots étaient pleins de haine et de jugement. Ils se sentaient supérieurs à tous ceux qui ne pensaient pas comme eux. Etaient persuadés de détenir la vérité.
Mes parents et ma sœur étaient eux aussi persuadés que mes grands-parents détenaient la vérité.
- Clovis il y a un match de foot ce soir, tu devrais le regarder avec ton papy, me conseilla ma mamy.
Ana éclata de rire :
- Clovis déteste le foot, il préfère regarde les défilés de mode.
Mes grands-parents me regardèrent comme si j’avais une tare, j’étais un énorme défaut dans leur petite famille parfaite.
- Ah vraiment ? Ronchonna mon grand-père.
- Voyons Clovis, les défilés de mode c’est pour les filles ! C’est ta sœur qui doit s’intéresser à ça. Expliqua ma grand-mère.
- C’est ce que j’essaie de lui dire, un vrai mec ça s’intéresse au sport ! Fit mon père pour en rajouter une couche.
Je haussai un sourcil, puis avec une petite pointe de provocation j’osai dire :
- Mais dans les matchs de foot il y a des noirs, ça ne vous gênes pas ?
Je réussi à faire passer un ange, même deux. Ils décidèrent finalement de m’ignorer et je pu rejoindre ma chambre avec un petit sourire en coin. Ils s’étaient laissés prendre à leur propre piège.

ooo

La semaine passait horriblement doucement. J’évitai de coudre tant que mes grands-parents étaient là, même en cachette. Si jamais je me faisais surprendre, ils m’auraient envoyé directement en camp de concentration (même s’ils étaient, par chance, tous fermés). Et ça me manquait tellement. Parfois sans m’en rendre compte je faisais le geste de planter une aiguille dans du tissu.
- Qu’est ce que c’est que ce drôle de tic ? Interrogea mon grand-père une fois.
Ma mère me fusilla des yeux et je cachai mes mains sous la table :
- Oh rien, rien, fis-je.
Rien du tout, vraiment. J’étais juste en manque.
Heureusement il me restait le dessin. Dessiner ne faisait de mal à personne non ? Il semblait que cette activité ne soit pas sexuée, pas encore.

Au lycée j’étais le plus heureux des garçons de dix-sept ans, je ne voulais pas que les cours s’arrêtent et à la fin je traînais dans les couloirs pour retarder le moment où j’aurais dû rentrer chez moi. Même si je n’avais aucun ami à part Shana, l’endroit me paraissait béni puisque ici j’échappais à mes grands parents.
- Tiens voilà le plus débile des débiles. Ricana Ana en passant à côté de moi.
Pas à ma sœur hélas. Shana lui fit un fuck et me poussa dans les couloirs le plus loin possible de cette peste.
- Ca va ? Tu t’en sors ?
- Ils partent dimanche. On est jeudi. J’ai l’air de m’en sortir ?
Shana grimaça. Puis changea de sujet :
- Pense que c’est demain que sort LE magazine !
Sur le coup j’allai lui demander de quel magazine elle pouvait parler, jusqu’à ce que je me souvienne du concours. Evidemment LE magazine.
- Tu crois qu’on va vraiment voir ma robe en couverture ?
- Bien sûr, et il y aura même un interview de toi ! Tu vas devenir hyper célèbre mon gars.
- N’exagérons rien, sans doute que personne ne va la voir, ni y faire attention.
- Tu rigoles ? Tout le monde va la voir.
Je n’en étais pas aussi sûr qu’elle. Je me disais que ma robe allait passer inaperçue, être oubliée, enterrée. En tout cas j’étais persuadé qu’au lycée, seuls Shana et moi serions au courant. Pourtant j’avais hâte. Une de mes créations allaient faire la couverture d’un magazine, c’était une partie de mon rêve qui se réalisait. Si personne ne le savait tant pis, moi je le savais. C’était déjà pas mal.
Ce fut plus facile de supporter mes grands-parents ce soir là, mes oreilles étaient bouchées, mon esprit ailleurs, envolé. Je ne songeais qu’au lendemain. Peut-être que mamy et papy avaient toujours quelque chose de stupide à dire, mais ils étaient simplement vieux et aigris. Ce soir là, j’étais mille fois plus heureux qu’eux ne le seraient jamais, même si je ne rentrais pas dans les cases.

Tout ça je le devais à ma grand-mère. Pas celle là, non l’autre. La mère de mon père. C’était une femme gentille, trop peut-être. Elle s’était montrée depuis toujours très effacée, triste, petite, jusqu’au décès de son mari. Le père de mon père avait toujours été un homme violent, froid, qui la traitait comme un balai, une machine à laver, à cuisiner, à faire son lit et toutes les corvées. Elle n’avait pas à parler, elle devait juste faire ce qu’il lui ordonnait comme toute bonne femme aurait dû faire. Ma grand-mère avait été libérée quand il était mort, elle avait pu vivre sa vie, faire ce qu’elle avait envie. Elle avait prit des cours de danse, et tant pi si elle était vieille. Elle était allée à la piscine, elle avait laissé la poussière s’accumuler sur les meubles avant de se décider à nettoyer, elle m’avait prit sous son aile.
Mon père avait eut honte de son comportement, mais moi j’avais adoré découvrir la mamy qu’elle était vraiment au fond d’elle. C’est elle qui m’apprit à coudre, c’est elle qui m’a ouvert les yeux sur la vie et le monde, qui m’a montré la douceur, la beauté. Elle avait eut un mari violent, son fils était un homme froid, elle avait désiré que je ne prenne pas le même chemin. Que je m’ouvre aux autres et à la vie. Elle avait bien réussi son coup ma chère mamy.
- Tu vas faire de lui une lavette, lui avait dit un jour mon père.
J’étais peut-être une lavette, mais je me sentais bien ainsi. J’avais une passion, un rêve, je réfléchissais par moi-même, et je pouvais me sentir fier de moi.
Elle était décédée il y a deux ans déjà, ce jour fut le plus noir de ma vie, le plus horrible. Elle m’abandonnait à une famille qui me détestait. Sa douceur me manquait tous les jours. Elle avait été la seule à être fier de moi.
Tous les deux ensemble, on s’était construit une famille. On était deux mais on s’aimait tel qu’on était, et ça avait été très important pour moi.
Je savais qu’elle m’aurait encouragé encore maintenant et que demain en voyant ma robe dans le magazine elle m’aurait félicité.
Je souris de toutes mes dents en pensant à elle.
- J’aurais voulu que tu sois là mamy. Murmurais-je allongé dans mon lit.

ooo

C’était le jour J. Ca y est, le magazine était sorti. Avant d’aller au lycée, je fis un arrêt dans un bureau de tabac ouvert assez tôt, pour m’offrir le dernier « mode in life ». Ma robe était là en couverture et ça faisait bizarre de se dire que c’était de moi. Je filai voir l’interview. Il y avait une photo de moi, et mes réponses aux questions. Le journaliste avait même fait un petit aparté pour parler de moi. En me décrivant comme un garçon « talentueux ». J’avais le cœur gonflé de fierté et de joie. C’était ma robe, c’était ma robe qui était là, ma robe. C’était moi. Et j’étais talentueux.
Après m’être un peu calmé, j’observai la robe de Judicaël qui était là aussi. Puis je lis son interview et eut un petit sourire. Je n’avais plus de nouvelle de lui depuis le concours et je me demandai pendant un instant ce qu’il devenait. Il avait sans conteste beaucoup plus de talents que moi, sa robe, même en photo, était toujours aussi magnifique. La mienne faisait pale figure à côté, pourtant j’avais été aussi choisi. Pour apparaître à côté du fils d’Owen Shiver. Quelle chance j’avais.

Arrivé au lycée, j’avais la tête dans les nuages et ne remarquai pas immédiatement tous les regards tournés vers moi. C’est quand j’entendis qu’on prononçait mon prénom que je compris qu’il y avait quelque chose de bizarre. Les gens se tournaient vers moi et/ou me montraient du doigt. Je regardai si j’avais une tache bizarre sur mes habits mais ne remarquai rien. Qu’est ce qu’ils avaient ?
Shana me donna la réponse en arrivant derrière moi avec une tonne de flyers dans les mains.
- Salut Clovis.
- Salut, tu es en avance.
- Je me suis levée super tôt ce matin juste pour toi.
- Hein ?
Ce n’était pas dans les habitudes de Shana de se lever tôt.
Elle me montra un des flyers qu’elle tenait dans sa main. Il s’agissait d’une photocopie de ma robe avec un bout de mon interview et une photo de moi.
- C’est quoi ce truc ?
- C’est moi qui ai fais ça ce matin avec l’aide de l’imprimante des profs. J’ai aussi fait des posters que j’ai collés un peu partout sur les tableaux d’affichage.
J’en restai bouche bée :
- Tu as vraiment fait tout ça ?
- Ouaip, j’avais envie que tout le monde connaisse ton talent.
Je regardai autour de moi comme tout le monde me fixait et murmurai :
- Je crois que tu as réussi.
Shana ricana fièrement :
- Oui !!
J’avais pensé que ma robe passerait inaperçue mais c’était sans compter sur ma meilleure amie. Maintenant plus personne au lycée n’ignorait qui était Clovis, et qu’il avait coud une robe de mariée d’hiver.
Cela me fit chaud au cœur.
- Tu es géniale.
- Je sais !

Vers midi, je reçu un sms de Judicaël :
« J’ai vu le magazine, félicitation. ».
C’était une belle journée.

Tout perdu dans mon bonheur, je n’avais pas vu venir le danger. Je ne pensais qu’au fait que les gens du lycée avaient vu ma robe, je ne pensais pas aux conséquences. Bien sûr je me disais que certains m’embêterais avec ça – et ça n’a pas raté, je me suis fais traité 78 fois de tafioles aujourd’hui, sans compter les 12 tapettes, les 4 croche-pieds, et les 2 « pousse toi de mon chemin » – et que peut-être on viendrait me demander si c’était vraiment moi qui avait fabriqué la robe de la photo – 126 fois – mais je n’avais pas pensé à Ana.
Anastasia ma chère sœur me détestait depuis notre plus tendre enfance, et c’était réciproque. Dans d’autres familles, les frères et sœurs se serraient les coudes, s’entraidaient dans l’adversité, ici il n’en était rien. Cela n’avait rien à voir avec les gentilles querelles frères et sœurs qui existaient, non Ana prenait du plaisir à me pourrir la vie. La princesse russe avait pour jouet préféré le roi des Francs.
Et cette fois, Shana et moi lui avions tendu de quoi m’anéantir, sans même nous en rendre compte.

ooo

Quand je suis rentré chez moi le soir, on se serait cru au tribunal. Mes parents et mes grands-parents me firent asseoir sur le canapé pour me parler. Il ne manquait plus que mon avocat, mais bien sûr je n’avais pas le droit à un avocat. Ana se tenait fièrement derrière eux, et je su que quelque chose allait mal se passer. Que je n’étais pas là uniquement pour causer, mais que j’allais être jugé. Pour de vrai.
C’est mamy qui sortit le flyer de sa poche, et je compris tout de suite qui lui avait donné :
- Est-ce que tu peux nous dire ce que c’est que cette horreur ?
Qu’est ce que je pouvais dire ? A part la vérité ?
- C’est une robe de mariée d’hiver.
- Ne fais pas le malin avec nous, s’énerva mon grand-père.
- Alors comme ça tu as une passion secrète ? Continua ma grand-mère.
- Et défaillante ! Ajouta grand-père.
- Tu oses coudre !
Oui j’osais coudre, il est vrai qu’il s’agissait là d’un crime plus terrible encore que commettre un génocide.
- Nous sommes tellement déçu par ton comportement, fustigea mon père, nous t’avions interdit ta mère et moi de coudre. Et tu nous as trahis.
Je vis dans les yeux de ma mère à ce moment là qu’elle regrettait de ne pas avoir avorté. J’étais tellement différent de ce qu’ils désiraient, tellement décalé. Pourtant je ne faisais rien de mal, je ne me droguais pas, je ne volais pas, je n’avais même jamais tué une mouche, et pourtant j’étais pire qu’un délinquant parce que ma passion était déviante.
- J’espère qu’à part coudre, tu n’as pas d’autres problèmes, fit mon grand-père scrutateur.
Ma mère posa sa main sur sa bouche l’air choqué :
- Non quand même ce n’est pas possible.
- Mais c’est un garçon et il coud. Insista papy.
- Non non, il a une petite amie, n’est ce pas Clovis ? Interrogea ma mère.
- Euh…
- Vous voyez bien ! Il ne peut pas être pédé, ce serait horrible.
Ah ! C’était donc ça, mes autres problèmes. Mon père s’avança vers moi brutalement :
- Je te préviens, je veux pas d’un pédé chez moi, alors réfléchis-y à deux fois si tu veux pas que je te foutes dehors.
Qu’est ce que je pouvais dire ?
- Oui papa.
- Bien.
Ce problème réglé, il n’en restait pas moins que j’aimais coudre. Mes grands-parents avaient déjà trouvé ma punition :
- On en a discuté avec tes parents, commença mamy, nous allons te prendre un rendez-vous avec un psychologue. Tu verras c’est un monsieur très bien qui soigne ce genre de tare, après cela tu deviendras un homme, un vrai. Et tu feras notre fierté.
Evidemment.
Je doutais qu’un psychologue me reproche mes passions, mais j’étais à peu près sûr qu’un psy qui fréquentait mes grands-parents n’étaient pas tout à fait un psy tolérant.
Je hochai la tête d’un air de soumission, ça aurait pu être pire, j’aurais pu finir à l’école militaire, devoir faire un sport, ou l’horreur totale : faire un stage chez mes grands-parents pour subir un lavage de cerveau.  

Le procès venait de prendre fin, la discussion était clause, la punition donnée. Les adultes se dispersèrent. Ana vint s’asseoir à côté de moi :
- Pauvre type, tu m’as mis la honte aujourd’hui au lycée.
- Dommage que le ridicule ne tue pas alors.
Elle me fusilla du regard avant de se relever et de partir. Je rejoignis quelques secondes plus tard ma chambre et me recroquevillai sur mon lit. Je me sentais épuisé, vidé de toute énergie. Ma famille me rendait fou.

ooo

Le dimanche mes grands-parents partirent. Enfin. Ma mère pleurait de les voir partir si vite, quand je me retenais d’entamer la danse de la joie (voyons, un garçon n’aimait pas danser). Mon grand-père avant de nous quitter, cru bon de me prendre entre quatre yeux pour me dire qu’il comptait sur moi, que j’étais l’homme de la maison avec mon père et que je devais me reprendre en main.
- Tu es un garçon ne l’oublie jamais.
Je ne risquais pas de l’oublier, tous les jours on me le rappelait. Clovis, tu es un garçon. Cela sonnait comme une malédiction. Mais je hochai la tête et mes grands-parents nous quittèrent.
Quel bonheur.
C’était la fin du calvaire.

L’après-midi, je décidai d’emmener un petit bouquet de fleur sur la tombe de la plus chouette des mamys.
- Toi tu m’aurais compris. Murmurai-je.
Tu m’aurais encouragé, tu m’aurais soutenu, tu aurais été mon avocate. Toi tu aurais été là pour moi. Tu aurais été ma famille aimante peu importe qui je suis. Je sentis une larme couler sur ma joue et eut un petit rire en même temps.
- Tu me manques.

Heureusement j’avais Shana. Le lundi je lui racontai toute l’histoire.
- C’est pas vrai cette pétasse a fait ça ? Putain je vais la butter.
- Laisse tomber Shana, dis-je consolé par ses insultes.
Mon amie me bouscula un peu :
- Ta sœur est une conne, tu sais ça ?
- Je sais.
- Bien. Alors maintenant que tu es libéré des vieux fous, tu viens à la maison ce soir et tu pourras coudre jusqu’à tomber évanouis.
Je ris :
- D’accord.
- Super.
Plus tard dans la journée, Ana retrouva du caca de chien et des vers de terre dans son sac et au sourire que Shana me lança quand la rumeur fit le tour du lycée, je su tout de suite qui était la responsable.
- A partir d’aujourd’hui je suis comme ta sœur ! Je serai une bien meilleure sœur pour toi. Me lança Shana.
- Tu as déjà pleins de frères.
- Justement, un de plus ça ne fait pas de différence !
J’étais content de la proposition. Je pouvais me reconstruire une autre famille, une famille qui m’aimait tel que j’étais.
- Alors tu vois le quand ton psy ?
- Le mercredi après-midi.
- Quelle perte de temps.
- Qui sait ? Je vais peut-être apprendre des trucs.
- Mouais. Tu pourras peut-être lui faire ses ourlets s’il a besoin.
Nous rigolâmes tous les deux. On verrait bien.

ooo

Le psychologue était finalement un homme plutôt sympa. Qui savait parler. Qui croyait ce qu’il disait. Il m’a dit qu’il me comprenait et promit qu’il allait m’aider.
- M’aider à quoi ? Ais-je demandé.
- A guérir tes défaillances. A prendre le bon chemin et à enfin être heureux.
J’ai souris malgré moi. Je n’ai pas osé lui dire que coudre me rendait heureux. Il m’a demandé de lui parler de moi, de mon enfance, de ma passion. Il m’a écouté bien gentiment même si ma vie était plutôt inintéressante. Puis m’a certifié qu’on allait faire du bon travail tous les deux et m’a dit que la séance était fini.
Je ne savais pas combien mes parents payaient pour m’aider à être moins défaillant, mais ils auraient sans doute mieux fait de mettre de l’argent dans autre chose. J’étais persuadé de ne pas avoir besoin de guérir de quoi que ce soit. On ne peut pas soigner un fou qui ne se reconnaît pas lui-même être un fou, n’est ce pas ?

Mais j’obéissais à mes parents, j’irais voir ce psy, je perdrais une heure de tous mes mercredi jusqu’à ce qu’ils se lassent, ou jusqu’à ce que je puisse partir de chez moi. En attendant, j’allais chez Shana le plus souvent possible pour coudre. Je profitais aussi des pauses et des interclasses au lycée pour faire quelques retouches.
C’est ainsi que je rencontrai Laura. J’étais seul, en train de coudre un autre ruban sur le même tee-shirt du début, tandis que Shana discutait avec des gens de la classe quand j’entendis une petite voix me demander :
- Excuse moi, tu es Clovis n’est ce pas ?
Je levai les yeux vers elle et je vis une fille que je ne connaissais pas vraiment, d’une autre classe. C’était une fille miniature aux cheveux … Roses, et aux yeux grands comme ceux de Bambi. Aussi mignonne et sucrée qu’une guimauve, elle sentait d’ailleurs le bonbon. Je la trouvai tout de suite adorable.
- Oui c’est moi.
Laura eut un sourire si mignon que mon cœur fit des pirouettes.
- J’ai un service à te demander.
J’étais bien prêt à lui rendre tous les services du monde si elle continuait de me sourire. Je hochai la tête et c’est comme ça que commença ma relation avec cette fille.

T’inquiète pas papa, il semblerait que ton fils ne soit finalement pas pédé.

A suivre.
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Icon_minitimeSam 8 Nov - 16:29

J'aaaadore ce chapitre, je sais pas pourquoi, je le trouve encore mieux que les autres qui étaint déjà géniaux. Les grands parents sont terriblements atrocément horribles.
Beurk.
Et ana est une sale pute. (ca c'est dit)

Vive Clovis \o/ (et Shana)(et Jud')
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Icon_minitimeLun 10 Nov - 0:11

Ah ah ! J'ai adoré la vengeance de Shana envers Ana, c'était trop puissant, j'ai kiffé !
Bien fait pour cette sale gourde ! Punaise, mais la famille de Clovis, on a juste envie de leurs foutre des baffes, si jles avais en face de moi, je les boufferais tout cru ! Grrrr
Maliae
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Icon_minitimeLun 10 Nov - 0:13

La famille de Clovis est pas terrible, en effet.
Maeve
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Icon_minitimeMer 12 Nov - 0:08

Coucou. Very Happy

AAAAAAAAAHHH, ils sont tous plus horribles les uns que les autres, dans la famille de Clovis! T-T Enfin, sauf sa grand-mère paternelle, qui avait l'air tout doux et adorable. Mais, elle n'est plus là pour le soutenir, maintenant. Sad

Vive Shana. Vive Shana la vraie soeur, celle de coeur, vive son instinct de protection et vive son caractère de feu. Je l'adore.^^

Et Laura semble aaaaaaaaadorable. Very Happy Very Happy Very Happy

Merci de nous faire partager cette histoire. A tout', héhé! Very Happy


Maeve

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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) [Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3) Icon_minitime

[Originale] Un garçon doit écouter ses grands-parents. (Chapitre 3)
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