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[Les 100 - pas de spoil c'est une UA] Un ours, un hérisson, le fer et le sulfate de cuivre, les autres. (58)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - pas de spoil c'est une UA] Un ours, un hérisson, le fer et le sulfate de cuivre, les autres. (58) [Les 100 - pas de spoil c'est une UA] Un ours, un hérisson, le fer et le sulfate de cuivre, les autres. (58) Icon_minitimeVen 1 Juil - 18:28

Note : pas relu, chapitre chelou, un peu seksuel aussi, mais bon.

xxx

58. Nonchalance.

« Carnet de bord : mi-janvier.

J’écris au lycée maintenant.
J’aime Clarke et elle ne m’aime pas, pas trop, pas vraiment, je ne sais pas. Pourquoi est-ce que je n’ose pas lui en parler ? Pourquoi je… »

- Tu écris un journal ?
Lexa referma d’un coup son carnet et le rangea dans son sac.
- Un carnet de bord plutôt, répondit-elle à Wells qui venait de s’asseoir à côté d’elle sur les marches d’un escalier qui menait à l’étage.
De là Lexa voyait Clarke les bras noués autour du cou de Niylah. Elle se demandait si son amie était entrain de tomber amoureuse, ou si c’était juste comme ça. Wells suivit son regard.
- Je vois que Clarke est avec Niylah, dit-il.
- T’en pense quoi ? Que ta meilleure amie soit avec quelqu’un juste pour le sexe ?
- Je pense que ma meilleure amie est assez grande pour se gérer et faire ce qu’elle veut.
Lexa trouva ça raisonnable, après tout personne n’avait à dire à Clarke ce qu’elle devait faire. Et il n’y avait rien de mal à ce qu’elle sorte avec quelqu’un simplement pour coucher, tant que la situation la satisfaisait. Pourtant Lexa aurait aimé… Que Clarke arrête de sortir avec Niylah.
- Mais je pense que Clarke n’est pas avec la bonne personne, rajouta Wells après un temps de silence.
Lexa tourna ses yeux vers lui. Wells regardait toujours en direction de Clarke. Lexa s’était toujours demandé s’il n’était pas amoureux de Clarke, il était sûrement amoureux de Clarke. Il avait une certaine façon de la regarder et d’être avec elle, et pourtant il semblait accepter la situation avec beaucoup plus de calme que Lexa.
- J’imagine que cette bonne personne c’est toi, dit-elle avec un sourire.
- Ce n’est pas à moi que je pensais, répondit Wells en regardant finalement Lexa.
Il n’ajouta rien et se leva, puis il se dirigea vers le CDI, il avait des trucs à faire. Lexa le regarda s’éloigner, avant que ses yeux ne retombent sur Clarke. Qui embrassait Niylah. Elle ressortit son carnet.

« Je viens d’avoir une discussion étrange avec Wells, je ne suis pas sûr d’avoir compris ce qu’il me disait, ou même s’il essayait de me dire quelque chose. Clarke embrasse Niylah, et j’aimerais que cela me fasse moins mal. J’aimerais mieux être à la place de Niylah, j’aimerais mieux… »

- Tu fais quoi ?
Lexa sursauta. Clarke se tenait au dessus d’elle, pencher en avant pour voir ce qu’elle écrivait. Aussitôt Lexa fit claquer son carnet et le fit disparaître dans son sac.
- Rien. Tu n’étais pas avec Niylah ?
- Si, mais elle avait un truc à faire.
- Okay.
Clarke s’assit à côté de Lexa sur les marches.
- Je ne savais pas que tu écrivais.
- Parce que je n’écris pas, dit Lexa, je consignais juste des notes sur ma journée.
- Par exemple ? Tu expliques qui a fait n’importe quoi au lycée ?
- Entre autre.
Lexa n’avait pas envie de parler de son carnet de bord et donc changea de sujet.
- Alors ça se passe bien avec Niylah ?
Ce n’était pas un bon sujet. Rien que de prononcer son prénom mettait Lexa mal à l’aise. Sans doute à cause de son estomac qui se tordait. Clarke haussa les épaules :
- Oh oui, très bien !
Clarke regarda Lexa qui fixait un point au loin. D’accord peut-être que c’était mal, mais bien qu’elle adorait coucher avec Niylah, savait que Lexa l’observait quand Clarke était avec elle, ça lui faisait un petit quelque chose. Clarke se demandait si Lexa était jalouse, et bon, oui elle avait embrassé Niylah devant elle exprès. Elle voulait voir si Lexa réagirait, s’il se passerait quelque chose. C’était sans doute très très mal de faire ça, surtout vis-à-vis de Niylah, mais comme leur relation n’était rien d’autre que sexuelle, Clarke avait un peu moins de scrupules. Après tout, aucun sentiment ne rentrait en jeu là dedans.
Sauf peut-être ceux que Clarke éprouvait pour Lexa.
- Des nouvelles de John Murphy ? Demanda Lexa.
- Je croyais qu’il te laissait indifférente ?
- C’est le cas, mais Emori est sur les nerfs et elle commence à devenir insupportable. Anya a déjà envisagé de la balancer par la fenêtre si elle continuait de passer en boucle la même musique de hard rock à fond dans la maison.
- Tu t’inquiètes pour ta cousine. Constata Clarke.
Lexa haussa les épaules.
- Et non on n’a pas vraiment de nouvelle. Tu as vu les têtes que font Jasper et Monty ? S’ils en avaient, ils ne seraient pas aussi déprimés.
- Au moins, ils sont sages, dit Lexa.
- Mais Emori n’arrête pas de se faire virer de cours. Constata Clarke.
- Exact.
Elles restèrent silencieuses un moment. Pleins de lycéens passaient dans les couloir où descendaient les marches, mais personne ne leur prêtait attention. D’ordinaire, les deux filles avaient toujours un truc à faire, c’était rare qu’elles se permettent réellement une pause comme celle là. Le coude de Clarke frôlait le bras de Lexa et aussi bien l’une que l’autre ressentaient des picotements et avaient envie de se rapprocher un peu. Clarke se pencha légèrement vers Lexa, rapprochant ses jambes des siennes, faisant semblant de le faire pour laisser passer quelqu’un qui descendait les escaliers. Ne s’éloigna plus ensuite. Elles étaient silencieuses et pourtant dans leurs têtes il se passait un million de trucs. Lexa se concentrait pour rester impassible alors qu’elle aurait eut envie de prendre la main de Clarke. Clarke aurait voulu lire dans les pensés pour savoir ce qu’il se passait dans la caboche de son amie. Elle avait beau la regarder, Lexa cachait bien ses émotions, il était très difficile de savoir ce qu’elle pensait.
Lexa sentait le regard de Clarke sur elle et si elle arrivait à montrer un visage serein, à l’intérieur d’elle c’était de plus en plus le bordel. Tourner la tête pour regarder Clarke n’arrangea rien. Elle voulait l’embrasser, là maintenant, et tant pis pour la raison, tant pis pour ce qui se passerait après, il y avait Clarke, tellement belle, tellement forte, et sa bouche tellement tentante. Et Clarke la regardait et avait envie de la même chose. Entre elles, il n’y avait que quelques centimètres à franchir. Mais Lexa savait que ces quelques centimètres signifieraient beaucoup plus qu’un simple baiser.
Et pourtant.
Quelques centimètres, pas la mer à boire. Clarke n’en pouvait plus, elle aimait Lexa et tant pis si Lexa ne l’aimait pas, elle aurait pu lui voler un baiser. Elle posa ses lèvres sur les siennes. Ce ne fut pas un simple baiser. Ce fut l’électricité et la passion, l’envie, le désir, et bien entendu l’amour. Un brin de soulagement des deux côtés. C’était un « je t’aime » non dissimulé et pas seulement un « j’ai envie de toi ». Leurs lèvres n’étaient pas les seules à participer, leurs mains s’emmêlèrent, se posèrent sur leurs joues, leurs nuques, glissèrent dans leurs cheveux. Et puis la raison de Lexa revint au galop et elle s’éloigna d’un coup. Se leva. Et s’enfuit. Laissant une Clarke abasourdie.

xxx

Octavia ne savait plus quoi faire. Sa mère l’ignorait totalement, Charles avait essayé de la peloter quand il l’avait croisé un matin dans le couloir, elle lui avait tordu le bras jusqu’à ce qu’il s’excuse et depuis ils s’évitaient. Bellamy était tellement à l’ouest qu’il ne remarquait rien, ou qu’il ne s’en préoccupait pas. La mère avait racheté un nouveau lit (un truc avec des couchettes électrique) pour la chambre qui était désormais la sienne. Bellamy n’y rentrait même plus, elle avait enlevé toutes ses affaires (Octavia avait bien voulu les prendre dans la sienne) et y avait installé ses vêtements et d’autres babioles que Charles lui achetait. Le lit de Bellamy finit au milieu du salon, puisqu’il n’y avait pas de troisième chambre. Il avait nettoyé les draps, la couverture, les housses, et même le matelas avant de pouvoir dormir dedans.
- Comme ça mon beau Bellamy tu auras un lit.
Bellamy s’en moquait, mais pas Octavia.
- Elle est entrain de s’accaparer notre apartememnt Bell, elle n’est pas chez elle, mais chez nous.
- Au moins j’ai un lit pour dormir, c’est mieux que le matelas.
- Bell !
- Désolé O, je n’ai pas envie de me battre. Laisse là faire, elle finira bien par partir.
- Et si elle ne part pas ?
- Alors elle sera plus chez elle que nous, et on a déjà vécu ça, on a l’habitude.
Octavia enfonça son poing dans le mur et se fit mal et s’en foutait.
- Tu peux aller vivre avec Lincoln pendant que…
- Je n’irai pas, cria Octavia. Je vais rester avec toi jusqu’à ce que tu retrouves la raison.
Bellamy l’avait laissé faire ce qu’elle voulait sans discuter. Le matin il se levait, allait travailler, le soir il rentrait, cuisinait pour tout le monde, puis il s’allongeait dans son lit au milieu du salon et essayait de dormir, assaillit par les souvenirs et des milliers d’images de Murphy. Ses rêves et ses cauchemars se ressemblaient tous. Soit Murphy revenait, soit il couchait avec quelqu’un devant Bellamy et le regardait droit dans les yeux avec un sourire satisfait « désolé mais t’étais même pas un bon coup ». Une fois il s’était réveillé en hurlant son prénom, une autre fois en criant qu’il l’aimait.
Sa mère était exaspérée par ses crises.
- C’est bon, t’as fini ? On dirait une femmelette.
Bellamy ne prit même pas le temps de lui demander pourquoi elle en voulait autant aux femmes puisqu’elle en était une.
- Ce qu’il te faut, c’est mettre ta bite quelque part, tu verras ça ira mieux.
- Poésie du matin bonjour, grimaça Octavia devant son café.
Bellamy ne répondit rien. Pour le moment il n’avait pas envie de faire de nouvelles rencontres, il avait besoin de temps pour se remettre des yeux et du sourire de Murphy, ce n’était pas aussi simple. Pourtant pour sa mère ça l’était, c’était même une évidence. On ne guérissait d’une histoire d’amour raté que par le sexe, et le sexe il y en avait à tous les coins de rue.
C’est pour ça que ce soir là, quand il rentra chez lui, il trouva une jolie brune assise sur son canapé.
- Bonjour ?
- Bonjour, vous êtes Bellamy ?
- C’est moi.
- Votre mère m’a dit que je pouvais rester et vous attendre.
- Où est-elle ?
- Elle a préféré nous laisser seuls.
Octavia passa la porte de l’appartement derrière Bellamy et fixa ses yeux sur la fille.
- Maintenant elle essaie de te caser avec une prostitué, géniale !
Bellamy soupira et s’assit à côté de la fille :
- Comment vous vous appelez ?
- Elena.
- Ma mère vous as payé combien pour que vous veniez ?
- Deux cent dollars.
Octavia leva un sourcil :
- Et ben, elle a vraiment envie de te voir guérir.
Bellamy roula des yeux.
- Vous avez faim ?
La jeune fille regardait Octavia et dit :
- Désolé mais elle ne m’a pas dis que ce serait un plan à trois.
Octavia leva les mains :
- J’ai rien à voir là dedans, je vous laisse.
Elle alla s’enfermer dans sa chambre et Bellamy répéta :
- Vous avez faim ?
Elena commença à déboutonner son chemisier :
- Faim de vous, oui. Elle m’avait dit que vous étiez beau à croquer, elle ne mentait pas.
Bellamy posa son poignet et secoua la tête :
- Ce n’était pas exactement le sens de ma question.
Elena posa sa main sur son entrejambe et Bellamy la repoussa gentiment :
- Ecoutez, je n’ai pas envie de ça, pas avec vous et pas comme ça. Donc, si vous voulez je peux vous cuisiner quelque chose, on peut discuter et regarder un film, ou vous pouvez rentrer chez vous. Mais on ne couchera pas ensemble.
La jeune femme haussa les épaules.
- J’ai un peu faim.
Bellamy se leva et cuisina un plat pour elle. Il apporta sa part à Octavia pendant qu’Elena mangeait, puis il revint.
- Je suis désolé pour ma mère, elle veut absolument me caser.
- C’est pas grave, au moins je mange, je suis payé, et vous êtes vraiment très beau, alors ça ne me dérangerait pas… Si jamais vous changez d’avis.
- Ca ira merci.
- Je ne pense pas que vous aillez besoin d’une prostituée de toute façon. Ca doit se bousculer au portillon pour vous avoir.
- Peut-être, j’en sais rien. Je n’ai pas la tête à ça.
- Et vous avez la tête à quoi ?
- A rien. Avoua Bellamy. Je me suis fais larguer, j’arrive pas à m’en remettre, je sais que c’est stupide, ma mère pense que c’est stupide, le monde entier doit trouver ça stupide, mais j’y peux rien. Je n’arrête pas d’y penser tout le temps.
- Votre mère a raison, coucher avec quelqu’un d’autre pourrait régler le problème.
Bellamy soupira.
- Peut-être, dit-il.
- Alors je peux…
- Non.
- Très bien, comme vous voulez.
Elle continua de manger, accepta de prendre un dessert, voulu bien voir un film, puis elle quitta l’appartement. Donnant son numéro à Bellamy, s’il changeait d’avis.
- Pour vous, je pourrai baisser les prix.
Il lui sourit, la salua et ferma la porte. Octavia sortit finalement de sa chambre :
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Vous avez…
- Pour qui tu me prends ?
- Oui évidemment, désolé, fit Octavia. J’en reviens pas qu’elle t’ait payé une prostituée.
- Si elle te demande, tu as entendu des cries et des gémissements pendant des heures.
- Okay Bell.
Bell s’allongea sur son lit, se planqua sous les couvertures, ferma les yeux et pensa à Murphy. Ejectant Elena de ses pensés.

xxx

- Donc tu vois ça fait deux semaines qu’il est parti, on n’a aucune nouvelle et la seule raison pour laquelle on n’appelle pas la police c’est qu’on a peur que Murphy ait des problèmes. N’empêche que, je suis sûr qu’à toi aussi il te manque. N’est ce pas Jack ?
La plante resta muette, tandis que Jasper l’arrosait, tout en lui parlant. Ca le rassurait de parler à Jack. Sans doute que parler à une plante n’était absolument pas signe d’un état mental très stable, mais il s’en fichait. Murphy lui manquait, être dans sa chambre, s’occuper de Jack, lui donnait l’impression qu’il était toujours un peu là.
- Apparemment la mère de Bellamy lui a payé une prostituée, t’imagine ? Elle est bizarre sa mère, Octavia peut plus la supporter et si elle reste dans l’appartement avec Bellamy c’est juste qu’elle stress pour lui. On stress tous pour lui. Si j’avais pas Monty, je stresserais aussi pour moi.
Jasper s’arrêta, posa le minuscule arrosoir, et s’assit sur le lit.
- Je me demande si t’as des frères et sœurs Jack, mais quand t’en perds un ben c’est comme si tu perdais ta route. Avant, tout était simple, tu voyais à peu près le chemin, tu le suivais, quand tu te perdais t’avais ton frère pour venir te mettre un coup de boule et bim tu retrouvais le chemin. Maintenant… Je sais pas trop. J’ai l’impression d’errer, de passer d’un arbre à un autre.
Jasper sentit les larmes couler sur ses joues et ne les arrêta pas.
- J’en ai marre tu sais ? D’être abandonné. Sans arrêt, encore et encore et encore. C’est quoi le problème hein ? C’est parce que je parle à une plante ? Je sais que je suis pas le type le plus génial de la terre, mais j’ai vu des pires que moi qui avait une famille eux. Et moi mon frère m’a laissé tomber comme si j’étais rien pour lui et le pire c’est que je peux même pas lui prouver combien je l’aime, parce que j’étais pas là au moment où il fallait.
Jasper soupira et les larmes roulèrent de plus belle sur ses joues, l’aveuglant un instant.
- Monty, Bellamy et moi, on n’arrête pas d’y penser. On en parle, et quand on est silencieux on sait tous à quoi on pense et c’est comme si nos corps en parlaient. Je pensais que… Ce que j’avais donné à Murphy le ferait revenir, qu’il prendrait conscience qu’on l’aimait, qu’il voudrait nous revoir… J’ai dû me tromper. Sans doute que sa ville lumière c’est mieux, beaucoup mieux.
Jasper finit par essayer de s’essuyer les joues, reniflant.
- Je l’aime et je suis content qu’il soit vivant, mais je comprends pas pourquoi il ne veut pas rester avec nous. Je voudrais tellement pouvoir m’excuser, m’aplatir sur le sol, pour l’avoir abandonné à sa pneumonie, j’ai eu tellement peur de le perdre… Et au final j’ai l’impression de l’avoir quand même perdu.
Jack resta imperturbable tout au long de la conversation. Plante carnivore et silencieuse. Pourtant Jasper réussit à essuyer toutes ses larmes, se moucha dans un mouchoir en papier qu’il avait dans sa poche, puis se leva :
- Merci Jack, ça m’a fait du bien de te parler. Tu devrais peut-être devenir psy. Tu serais la première plante carnivore du monde à être psy.
Il remit bien en place la couette de Murphy, reposa Jaja la peluche grenouille sur l’oreiller, puis sortit de la pièce.

Monty n’avait pas de plante à qui parler, du coup il avait essayé de fabriquer une machine anti-secte. Selon lui, sa machine allait émettre des ondes afin de brouiller les paroles des gourous si bien que les gens n’entendraient que « fuyez, où nous allons voler tous votre argents ». Jasper avait adoré l’idée et lui avait fournis tous les appareils électroniques qui selon Monty pouvaient servir. C’est comme ça que la maison de Seth fut privé de combiné téléphonique, de grille-pain, de sèche-cheveux et d’aspirateur. Seth lui passa un savon, mais Jasper y fit à peine attention. Il avait besoin d’avoir l’impression de faire quelque chose, sinon il allait devenir cinglé.

Il y avait un autre problème avec la disparition de Murphy, c’est que celui-ci ne venait plus travailler. Il avait été remplacé. Le responsable ne pouvait pas laisser un seul animateur avec les enfants, mais il avait dit que si Murphy revenait vite, il pourrait le réengager. En attendant Emma s’était porté volontaire pour prendre sa place, super ravie de travailler avec Jasper – qui l’était un peu moins pour tout un tas de raison. Murphy lui manquait, mais pas qu’à lui. Les enfants réclamaient beaucoup Jophy, et demandait sans arrêt quand est-ce qu’il allait revenir ? Pourtant cela ne faisait que quatre mercredi qu’il n’était plus là (les deux premiers étant parce qu’il était cloué sur un lit). Emma était gentille avec eux, mais elle n’était pas Jophy.
Jasper essayait de ne pas faire peser sa tristesse sur les enfants, comme il avait essayé de ne pas le faire lors de la mort de Maya. Il se comportait bien avec Emma également, même s’il gardait ses distances. Il avait tout de suite prévenu Monty qu’il allait travailler avec elle, et Monty n’avait pas été ravis de la nouvelle mais lui avait assuré qu’il lui faisait confiance.
- Je t’aime, lui avait dit Jasper. Merci.
Monty l’avait pris dans ses bras en réponse et Jasper savait qu’il l’aimait. Et il avait besoin de se sentir aimé plus que jamais.

Emma avait demandé plusieurs fois à Jasper s’il voulait la raccompagner elle et son frère, à la maison, il avait toujours refusé. Jasper ne lui avait jamais vraiment demandé pourquoi elle avait menti à Monty, mais il était sûr d’une chose, c’est qu’il ne pouvait pas avoir confiance en elle.
- Désolé Emma, mais j’ai des trucs à faire.
C’était toujours la même excuse, mais il n’en avait pas d’autres et avait la flemme de chercher. D’autres trucs en tête.

Si Murphy avait voulu concentrer les esprits sur lui, et bien il avait réussi, parce qu’Emori aussi pensait beaucoup à lui. Ce connard ne le méritait sûrement pas mais ils avaient été amis, et Murphy était sans doute le meilleur ami qu’elle avait eu. Il pouvait bien paraître brusque pour les autres, elle avait tout de suite adoré son côté sarcastique, ses petits sourires en coin, elle avait trouvé ça facile de lui parler et il n’en avait rien eu à faire de sa main.
Pourquoi avait-il agit si bêtement ?
Elle devait au moins lui reconnaître une chose, il avait refusé de sortir avec elle. Emori avait été trop bête de lui demander, de vouloir profiter qu’il ait rompu avec Bellamy, elle avait espéré et elle n’aurait pas dût. Murphy avait eut la gentillesse de ne pas en profiter, de ne pas sortir avec elle pour blesser Bellamy. Il avait préféré se taper des inconnus pour le sortir de sa vie. Cela prouvait que malgré ce qu’il lui avait dit quand elle était venue le voir, il l’appréciait un peu. Du moins elle l’espérait.
Depuis qu’il était absent, Emori se sentait pas mal en colère. A cause de la façon dont il était parti, parce qu’elle ne le pensait pas assez bête pour aller dans une secte, parce qu’elle préférait le Murphy qui faisait de Bob l’Eponge son Dieu.
- Emori pourriez-vous répondre à la question ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que vous m’emmerdez !
Et voilà pourquoi elle enchaînait les colles, et pourquoi les profs la jetaient de cours.
Et maintenant il fallait que Lexa s’en mêle :
- Tu devrais te calmer, je sais que t’es un peu folle, mais tu vas finir par avoir des problèmes. Lui dit-elle.
- Merci maman.
- Ahah, tu peux arrêter d’être sarcastique dix secondes ? Je m’inquiète pour toi okay ?
Emori leva un sourcil étonné, mais ne baissa pas les armes. Hors de question. Pas avec Lexa.
- Ouais ben tu ferais mieux de t’inquiéter pour toi, ça fait deux jours que vous vous parlez plus avec Clarke, règle d’abord tes soucis, et on reparle de miens.
Elle avait touché juste, Lexa fit la gueule et décida de la laisser tranquille. Bizarrement, plutôt que de s’en sentir soulagé, Emori fut simplement encore plus furieuse. Et continua de se faire virer de cours.

xxx

« Carnet de bord : je ne sais pas quand et je m’en moque.

Je veux parler à Clarke. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je suis amoureuse d’elle, je crois qu’elle m’aime aussi, peut-être. Mais je ne peux pas aller la voir, parce que j’ai peur. Moi. Moi j’ai peur.
Je préfère me préoccuper d’Emori, c’est pour dire.
Si j’avais mal compris ?
Si ça ne fonctionnait pas entre nous ?
Et quand on se retrouvera séparé et qu’on devra décidé si on entame une relation longue distance ou non ?
Qu’est ce que je dois faire ?

Voilà pourquoi, il est mieux de n’éprouver aucun sentiment. Cela évite l’embarras de se retrouver dans une telle situation. »

xxx

Murphy jouait aux échecs avec Luna. Il s’était peut-être lassé des dames. Peut-être pas. A quel moment lui avait-elle demandé pour changer de jeu ? Cela n’avait aucune importance. Après Jasper, plus personne n’était venu le voir, est-ce que c’était tant mieux ou tant pis ? Murphy n’arrivait pas tout à fait à décider, et quand il ne voulait pas décider, il se contentait de se noyer dans le jus de fruits et de profiter de la ville lumière. Genre en s’asseyant dans la véranda et en regardant l’extérieur ou bien en marchant le long des couloirs sans se rendre nulle part en particulier, en faisant un jeu quelconque avec une personne quelconque dont il ne retiendrait pas le nom. Et ça n’avait aucune importance. Parce que voilà, ici, rien n’avait vraiment d’importance. C’était pour ça que c’était aussi bon, on pouvait simplement vivre sans penser à rien, sans se prendre la tête, sans se souvenir. Tout était simplement tranquille et le paradis devait ressembler à ça.
Murphy eut un sourire en bougeant son fou.
- Pas la peine de sourire, lui dit Luna, tu vas perdre.
Murphy ne gagnait jamais, il n’avait pas assez envie de réfléchir pour faire une stratégie, et bougeait ses pièces n’importe comment.
- Je ne souris pas à propos des échecs, je souris parce que je crois que je suis mort.
- Tu es mort ?
- Et oui, je suis mort, je suis au paradis, et voilà.
Luna rit.
- Je t’avais bien dis que tu serais heureux ici.
- Tu avais raison. Totalement raison.
Elle approcha sa main et caressa doucement son bras :
- Tu as bien fait de venir, je suis heureuse de te voir ici.
Murhy ne s’intéressa plus au plateau de jeu, il regarda Luna. Elle n’avait pas lâché son bras, son pouce faisant des ronds sur son poignet.
- L’avantage, dit-il en retirant son bras, c’est qu’on n’a besoin de personne.
Il prit un cavalier et le déplaça sur le plateau.
- L’avantage, rit-elle, c’est que tu viens de faire échec et mat tout seul.
Luna mangea son roi avec amusement, tandis que Murphy dissimulait son bras sous la table pour le frotter doucement. Le contact de Luna lui en avait rappelé un autre qui lui manquait plus qu’il ne le pensait.
Mais ça c’était parce qu’ici, il ne pensait pas.

Ce fut un des pensionnaires qui lui parla en premier d’argent.
- On est tellement bien ici que j’ai donné tout mon héritage afin que la ville lumière perdure.
Murphy avait nonchalamment hocha la tête :
- Et quand tu sors, tu fais comment sans argent ?
- Sortir ? Pour quoi faire ? Je suis bien ici, je n’ai pas besoin d’argent.
- C’est vrai… Ici on n’a pas besoin d’argent.
Ici, on n’avait besoin de rien. Murphy aurait pu donner le sien, le peu qu’il avait, mais quelque chose le retenait. Une petite voix dans sa tête qui disait « Tu ne veux pas ou tu ne peux pas sortir ? » Et bien sûr qu’il ne voulait pas, mais la voix ne voulait pas se taire.
Murphy demanda à Luna, autour d’un jeu de petits chevaux :
- Tu donnes ton argent toi ?
- Oui, un peu, dit-elle. On peut donner ce qu’on veut après tout, et ce n’est pas comme si j’avais besoin de beaucoup d’argent. Donc je mets un peu de mon salaire.
- C’est vrai que toi, tu sors de la ville lumière, dit Murphy songeur.
- Oui. Tu sortiras toi aussi bientôt, tu verras. Si tu en as envie.
- Je n’en ai pas envie.
- Alors ça ne fait rien, attends encore un peu.
- Oui.
Mais combien de temps ?
Murphy but son jus de fruit et préféra oublier ses questions.

Il remarqua que peu de gens sortaient de la ville lumière, après quelques questions par ci, par là, il comprit que la plupart était de riches héritiers qui n’avaient pas besoin de travailler, qui donnaient sans compter à la ville lumière et qui s’y sentait bien. Ils avaient toujours trouvé leurs vies creuses, faites de sexe, de drogue et d’alcool, de riches dînés et de conversations de requins, ils n’avaient trouvé la paix que dans la ville lumière.
Ceux qui sortaient étaient ceux comme lui ou Luna, qui devaient travailler pour gagner de l’argent, et cet argent qu’ils gagnaient, ils s’empressaient de le donner à la ville lumière, et personne n’avait le courage de travailler beaucoup.
- Quand je suis à l’extérieur, j’ai l’impression d’étouffer.
Murphy savait ce qu’ils voulaient dire.
Finalement Luna était la seule qui arrivait à s’épanouir à peu près à l’extérieur mais elle finissait toujours pas revenir, parce qu’elle se considérait chez elle à la ville lumière.
- Il n’y a pas de meilleur endroit au monde.
Et c’était vrai.
Mais c’était faux aussi.
Murphy avait connu un endroit encore meilleur, peut-être pas aussi tranquille et apaisant, mais tellement bien… Il secoua la tête. Ce n’était pas la peine d’y penser.

Murphy ne voyait pas les jours passés et il avait tendance à les oublier vite, mais aussi apaisé, tranquille, heureux soit-il, il sentait que quelque chose n’allait pas. Les gens par exemple. Ils étaient tous gentils, tous souriants, tous heureux, mais ils avaient autant de conversation que dans un très mauvais SOAP. Ils étaient plats, ils n’avaient pas de répondant, ni même aucun humour. Et Murphy savait que lui-même n’avait plus vraiment d’humour, sauf peut-être quand il était avec Luna, et encore.
Alors des fois il pensait à Emori, parce qu’EMori avait un répondant de malade, qu’elle était directe et qu’elle manipulait le sarcasme à la perfection.
- Est-ce qu’il y a quelqu’un de sarcastique dans cette ville ? Demanda Murphy durant une partie de monopoly.
On lui répondit ce que Luna lui avait dis une fois :
- Le sarcasme c’est pour les gens malheureux.
Murphy avait hocha la tête, mais c’était mordu l’ongle du pouce. Emori n’était pas malheureuse pourtant. La douleur qu’il ressentit en s’arrachant l’ongle à coup de dents entraîna une pique de pensée. Quelque chose clochait, quelqu’un chose n’allait pas. Tout était parfait, merveilleux et lumineux.
Mais ils étaient simplement entrain de jouer au monopoly, putain.
Murphy se leva, alla s’allonger sur son lit et appuya sur la douleur de son pouce.
En fait, tout le monde ici était parfaitement emmerdant.

Murphy posa ses lèvres dans le jus de fruits, il était bon, toujours parfait. Tout ici était tellement bon. Tellement parfait. Tellement chiant. Voilà deux jours que Murphy faisait exprès de se blesser pour rester éveillé, sinon il se sentait noyé dans une brume totale et complète. La ville lumière avait un drôle d’effet. Il commençait à se sentir coincé, prix au piège, un peu comme une mouche dans une toile d’araignée. Il prenait de plus en plus souvent l’air à l’extérieur, mais Luna venait toujours le chercher, lui donnait du jus de fruit, s’occupait de lui, le ramenait à l’intérieur. Et il se laissait faire.
Le jus de fruit. Murphy en buvait des litres, tout le monde ici en buvait des tonnes. Il n’y avait que ça et de l’eau, et tout le monde choisissait le jus de fruits parce qu’il était tellement bon. Pas de café, jamais de café. Ni thé, ni chocolat.
- J’aimerais bien un café, dit Murphy à Luna, je crois que je devrais sortir m’en acheter un.
- Bien sûr John, avait-elle dit.
Puis elle l’avait baladé dans des couloirs de la ville lumière avant de le faire sortir et Murphy n’avait plus eu envie de café. Pourquoi après tout ? Alors qu’ils avaient le meilleur jus de fruits du monde, et qu’ici tout était bien ?

Murphy s’étais mis à écrire, il se relisait souvent.
« Coupe toi le pouce de temps en temps »
« Ne bois pas trop de jus de fruits »
« Je trouve que les gens sont bizarres, que tout est bizarre, toi-même John tu es bizarre, est-ce que je suis bizarre de trouver le paradis bizarre ? »
Murphy se coupait le pouce, la douleur le faisait réfléchir, il devait sortir d’ici.
C’est comme cela qu’il se retrouva face à aux deux gourous. L’homme et la femme.
- Je me sens prêt, je veux sortir pour retourner au lycée.
Ils acquiescèrent bien entendu et lui tendirent un jus de fruit. Murphy trempa ses lèvres dedans et se souvint de ses écrits « Ne bois pas trop de jus de fruits », il se contenta de faire semblant.
- On va préparer ton retour au lycée afin que ce ne soit pas trop brusque. Le monde extérieur est tellement mauvais.
John acquiesça.
- Et comme tu es super bien parmi nous, on veillera à ce que tu ais un repas et du jus de fruits.
- Pas la peine, dit Murphy, on a un self au lycée.
Ils rirent.
- Voyons John, la nourriture du self est immangeable, nous ne voulons pas que tu nous penses ingrats à te laisser dans le monde extérieur sans même avoir quelque chose de potables.
- Je pense que ça ira, mais si vous insistez…
- C’est bien, tu es raisonnable.
- C’est ça, je suis raisonnable, grommela-t-il.
Il reposa son verre plein sur le bureau :
- Je vais aller… Faire un tour, un jeu, ou un de ces trucs qu’on fait par ici pour faire passer l’ennuie.
Il sortit de la pièce et alla se mettre sur un banc à l’extérieur. Murphy avait remarqué les regards de l’homme et la femme quand il s’était montré récalcitrant. Ils étaient surpris. Ils avaient regardé son verre plein. Ils semblaient se dire quelque chose en se regardant et Murphy n’avait pas confiance. Il devait partir.
- Qu’est ce que tu fais là ? Demanda Luna en s’asseyant à côté de lui.
- Rien, répondit Murphy, comme d’habitude.
Il sentit la main de Luna sur son poignet et tourna son regard vers elle.
- Ne t’éloigne pas John, tu es bien ici, tu es bien.
Elle avait raison il était bien, mais ce n’était pas suffisant.
- Je ne sais pas, dit-il.
- Tu as envie de retrouver la douleur ? La tristesse ? La colère ? Toutes ces émotions qui font mal ?
- Qu’est ce que tu attends de moi Luna ?
- Je t’aime bien, je ne veux pas que tu t’éloignes.
- Je pensais qu’on avait besoin de personne.
- C’est le cas, mais ce serait dommage non ? Pense à toute cette paix que tu quitterais, est-ce que ça vaut vraiment le coup ?
Luna n’avait pas tort. Est-ce que ça valait vraiment le coup ? La souffrance ? Le sentiment de trahison, l’impression d’être abandonné ? Ces moments où Bellamy préférait aller voir les profs plutôt que lui ? Cette colère ? Est-ce que ça valait le coup ? Il décida que non et retourna à l’intérieur avec elle.

xxx

Elena revint. Elle sonna à la porte et Bellamy ouvrit.
- Bonjour, dit-elle.
Elle portait une robe très sexy qui mettait ses formes en valeur. Elle savait comment plaire et pourtant Bellamy posa à peine un regard sur elle.
- Ma mère vous a rappelé ?
- Elle était très satisfaite de savoir que vous aviez beaucoup jouis.
Bellamy avait rit, un rire un peu défait de celui qui se retrouvait victime d’une mauvaise blague.
- Je peux faire de ce mensonge une réalité, dit Elena en entrant dans l’appartement.
- Où vous pouvez simplement vous asseoir et regarder la télé.
Elle choisit cette option. Comme Elena était là, sa mère et Charles ne l’étaient pas, et la présence de la prostituée était bien plus agréable. Bellamy rouvrit le livre qu’il avait commencé.
- Cela fait combien de temps que votre copine vous as largué ?
- Bien trop longtemps, répondit Bellamy, plus de deux semaines.
- C’est assez pour passer à autre chose.
- Je n’ai pas envie de passer à autre chose.
Il se concentra sur son paragraphe pour signifier que la conversation était clause. Elena se tut et alluma la télé. Bellamy lisait quand il entendit le générique et qu’il eut l’impression d’être plongé dans l’eau glacée.
- Changez de chaîne ! Ordonna-t-il brusquement.
- Mais j’aime bien Bob l’Eponge, avoua-t-elle.
- Je m’en moque, changez de chaîne !
Son ton s’était durci et elle obtempéra. Bellamy souffla.
- Désolé pour ma réaction, simplement…
- Votre copine aimait ce dessin animé.
- Voilà.
- Elle avait bon goût. D’abord pour être avec vous, et ensuite pour Bob l’Eponge. Mais c’était une erreur de vous larguer.
Bellamy soupira, posa son livre et regarda Elena. Dans un autre temps, il aurait peut-être dit oui, elle était vraiment jolie avec ses yeux verts en amande, sa bouche fine et ses joues un peu creuses, sans parler de son corps absolument divin. Mais il avait beau la regarder, il ne ressentait rien, ni envie, ni désir. Elle posa sa main sur sa cuisse en remarquant qu’il la regardait :
- Je peux juste vous caresser, ça vous détendrait. Vous n’aurez qu’à imaginer que c’est elle, et pas moi.
Bellamy repoussa sa main.
- Ce n’est pas une question de sexe. Dit-il.
- Comme vous voulez. Mais si vous changez d’avis…
Bellamy reprit son livre, Elena regarda la télé un moment, puis partie. Bellamy soupira et éteignit la télé. Peut-être que c’était lui qui se trompait, peut-être que sa mère avait raison, peut-être qu’il n’avait qu’à coucher avec une jolie fille, ou plusieurs jolies filles et que tout redeviendrait simple.
Peut-être que la prochaine fois, il laisserait faire Elena.

xxx

Murphy ne pensait plus à rien, il avait jeté ses notes, buvait du jus de fruits, profitait de la tranquillité. Il n’avait plus envie de sortir. Il ne pensait plus à Bellamy, ou Jasper, ou Monty, ou Emori. Ou plus trop, plus vraiment. Il n’avait pas conscience qu’il entamait sa troisième semaine ici, ni qu’il y avait deux jours il avait voulu partit. Il n’avait pas envie d’en prendre conscience. Il était de plus en plus proche de Luna, la soupçonnait de l’aimer, ce n’était pas réciproque. Parfois elle le touchait, caressait beaucoup son bras, posait sa main sur sa joue, Murphy la laissait faire parce qu’il était trop ailleurs pour réagir, mais quand le contact devenait trop insistant, il se reculait. Parce que cela réveillait en lui son désir.
Pas pour Luna, mais pour Bellamy.
Une fois elle l’embrassa, attarda sa bouche sur la sienne et Murphy ne réagit que quand il sentit sa langue lui lécher les lèvres. Il se recula, s’éloigna, alla s’enfermer dans sa chambre, se laissa tomber sur son lit. Des souvenirs affluèrent par centaine, ce baiser l’avait électrisé, mais parce qu’il était amoureux de Luna, mais parce qu’il se souvenait trop bien de ceux de Bellamy. Le goût de sa bouche, souvent sucrée à cause des sucettes qu’il mangeait, sa langue joueuse qu’il savait enroulé autour de la sienne, ses dents qui s’amusaient à mordiller parfois sa bouche. Murphy se lécha les lèvres en y pensant, lui-même aimait rendre ses baisers à Bellamy. Pendant un instant une pointe d’excitation chauffa son bas ventre, mais ça ne dura pas, très vite, la lente paix des lieux s’insinua dans son esprit, endormant ses désirs. Murphy se débattit, il attrapa une paire de ciseau et se coupa la paume. La douleur l’éveilla et il recommença à penser à Bellamy. Ses baisers mais pas seulement. Son corps également, ses mains surtout. Ses grandes mains caressantes qui le connaissaient bien et savaient comment lu apporter du plaisir, beaucoup de plaisir. Murphy se mordit les lèvres, ferma les yeux, imagina Bellamy nu, leurs rapports, et la pointe de désir se fit plus grande encore. Le ventre de Murphy s’enflammait et pas seulement son ventre. Puisqu’il n’avait pas la main de Bellamy pour lui donner le plaisir attendu, pour combler son désir, il se servit de la sienne, celle qui n’était pas blessé, se contentant d’imaginer, de se souvenir.
Il y avait sa bouche, et leurs baisers, et leurs caresses, et beaucoup de chaleurs et d’envie, de désir, d’amour, de tendresse et de passion. Murphy avait les yeux fermés et il avait commencé à vivre la première fois que Bellamy l’avait déshabillé, il existait sous ses mains, dans ses yeux, sous ses lèvres qui l’aimait tout entier, se fichant qu’il ne soit pas une fille, se fichant de tout, l’aimant simplement du petit orteil jusqu’à la pointe de ses cheveux. Avec une niaiserie non retenue et qui retournait le cœur de Murphy, même s’il aimait bien râler.
Et Murphy commençait à se demander ce qu’il fichait là, tout seul, alors qu’il avait un homme comme Bellamy pour lui. C’était n’importe quoi, il avait fait n’importe quoi.
Plus tard, il eut besoin de reprendre sa respiration, et tout ce plaisir ressenti pendant un instant lui remit un peu les idées en place. Certes, ici il n’avait besoin de rien, il était en paix. Mais cette paix était fictive, elle n’avait aucune saveur, ne donnait aucun plaisir. Murphy savait qu’avec le plaisir venait la souffrance, mais il se perdit dans d’autres souvenirs, moins corporelles et compris que s’il y avait de la souffrance, elle venait aussi avec les meilleurs moments de sa vie.
Quand il avait rit comme jamais parce que ce crétin de Jasper avait eu peur dans le train de fantôme. Le bonheur qu’il avait ressentit chaque fois que Bellamy lui disait qu’il l’aimait. Cet amusement qu’il avait à taquiner Monty, même si ça lui retombait dessus souvent. Les sarcasmes échangés avec Emori. La joie d’être entouré d’amis comme Finn, Raven, Clarke et Wells. Cette habitude qu’il avait prit d’être dans un environnement bruyant.
Et au milieu de tout ça, Bellamy et encore Bellamy. Qui l’appelait « mon John d’amour » pour l’embêter, qui semblait fondre sur place quand Murphy lui disait qu’il l’aimait, qui avait une façon de lui caresser les cheveux hyper agréables, Bellamy et ses sucettes et ses films d’amour débiles.
Murphy s’assit sur son lit et appuya son pouce sur sa blessure à la main pour s’empêcher de se replonger dans la nonchalance et dans la douceur. Il nageait dans du coton, mais depuis qu’il était ici, se donner du plaisir avait été ce qu’il avait préféré, et ça, il n’avait pas besoin d’être ici pour le faire. Mieux, il connaissait quelqu'un qui pouvait lui en donner autant qu’il voulait et encore mieux que ça. Pire, quand il était plongée dans sa tranquillité, le sexe ne lui faisait pas envie. Il n’y avait que Luna pour lui avoir rappelé – sans doute sans le vouloir – à quel point c’était bon d’être embrassé et touché.
Il n’y avait pas que le sexe bien sûr. Il n’y avait pas que Bellamy. Maintenant qu’il y pensait, Jasper et Monty lui manquaient terriblement. En songeant à son crétin de frère, il se rappela que celui-ci lui avait fait un cadeau avant de partir – en plus du bleu de méthylène. Murphy le chercha dans ses affaires et finit par les retrouver dans la poche d’un pantalon. Il sourit en voyant ce que c’était. Une sucette à la fraise et des photos. Il y avait une photo d’eux tous à Noël, une de lui et Bellamy, une de Jasper et Bellamy avec Donald, une de Murphy sur le dos de Monty, et d’autres encore. Murphy sentit son cœur battre plus vite, sa famille. C’était eux. C’était là bas l’endroit qui était mieux qu’ici.
Putain mais qu’il avait été con. Tellement con.
La pneumonie lui avait fait des trous dans la tête en plus de s’attaquer à ses poumons. Non, ils ne l’avaient pas abandonné, ils avaient été là au final, ils avaient juste été en retard. Et en plus ils s’en voulaient eux-mêmes de l’avoir laissé comme ça.
Murphy était un abruti. Il savait que Bellamy avait des problèmes avec sa mère, il savait que Jasper et Monty avaient besoin de se réconcilier, besoin l’un de l’autre et que des fois ils avaient tendance à être dans leur monde à eux. Sa réaction avait été celle d’un sale gamin égoïste et capricieux. Parce qu’il avait eu peur, parce qu’il s’était senti seul et abandonné au pire moment, parce qu’il avait eut une sorte d’hallucination où il avait juré venir dans cette ville lumière. Et maintenant il était prisonnier de cet endroit où son cerveau semblait pris dans les brumes. Jasper lui avait dit qu’ils viendraient le chercher s’il en avait besoin. Murphy sortit son portable, il était déchargé. Il chercha la prise partout pour se rendre compte qu’il ne l’avait pas prise. Géniale, il était doublement abruti. Il allait demandé à Luna si elle en avait une, voilà. Il voulait voir Jasper, et Monty, et s’excuser. Il voulait embrasser Bellamy…
Est-ce que Bellamy le voudrait encore ?

Murphy sortit de sa chambre, et très vite, au fur à mesure qu’il traversait les couloirs, le sentiment de tranquillité le reprit. Pourquoi est-ce qu’il faisait ça ? Il n’avait pas besoin de faire ça ? Il était bien, vraiment bien. Murphy appuya sur sa blessure et essaya de se concentrer sur la douleur. Il avait mis la sucette dans sa poche et la sentait à travers le tissu, et il repensait aux photos. C’était autant de choses qui l’aidaient à combattre l’engourdissement. Il demanda à plusieurs résidents s’ils avaient vu Luna ou s’ils avaient une recharge de portable. Personne n’en avait mais quelqu’un lui dit que Luna était avec les responsables. Murphy se dirigea alors vers le bureau et sans savoir pourquoi exactement il fit ça, il colla son oreille à la porte.
Il entendit l’homme et la femme parler avec Luna. Et ils parlaient de lui.
- John est plutôt incontrôlable.
- Je sais.
- C’est pour toi qu’on le garde ma chérie, il ne nous rapporte rien et tu le sais. Mais il te plait tellement…
- Fais le passer plusieurs fois sous les grilles d’aérations, qu’il se gave de jus de fruits s’il faut, fais en sorte que les drogues lui rentrent tellement dans la tête qu’il ne pensera même plus à l’extérieur.
- C’est ce que je fais.
- Et ça marche ?
- Assez bien, vous avez bien vu, il a décidé de rester finalement, il n’est pas revenu vous dire qu’il partait.
- Ca ne fait que deux jours, arrange toi pour que ce soit définitif.
- Bien sûr. Je ne veux pas qu’il parte.
- Oh nous non plus, on veut juste ton bien Luna. Après tout tu es notre fille.
- Et puis il finira sans doute par nous donner son argent de poche, ou ses services. Il peut être utile dans tous les cas.
- Et il sera à toi.
Murphy se sentit nauséeux. Il s’éloigna. Regarda les plafonds et aperçu les « grilles d’aérations ». Voilà pourquoi ils étaient tous complètement biens, ils étaient drogués à longueur de temps. Il se boucha le nez et la bouche en passant dessous. Comment Luna faisait pour y échapper ? Elle aussi buvait des jus de fruits, elle aussi passait sous les grilles ? Elle avait peut-être un genre d’anti-poison, quelque chose. Peu importait. Elle l’avait trahit et manipulée, et il avait été assez stupides pour la croire. Une famille défaillante ? Une enfance malheureuse ? Tout ça c’était des mensonges, pour l’attirer à elle. Elle avait dû comprendre que la vie de Murphy avait été nulle, c’était facile à voir sans doute, et elle en avait profité. Est-ce qu’elle faisait ce genre de discours à tous les gens qu’elle rencontrait ? Inventant quelque chose qui rapprochait les gens d’elle à chaque fois ?
Et merde.
Jasper avait une enfance plutôt malheureuse, Bellamy en avait bavé. Et lui il avait couru dans les bras d’une sale petite menteuse. Abruti, abruti, abruti.
Murphy commença à rassembler ses affaires. Dans les chambres il y avait une grille d’aération, évidemment. Il posa un tee-shirt sur son nez, fit ses bagages et commença à sortir. Il n’avait pas fait dix pas qu’il fut arrêté par un homme. Un de ceux qui sortaient.
- Où tu vas John ?
Bien sûr, se dit Murphy, ceux qui sortaient devait être de mèche avec les gourous de cette foutu secte, c’était eux qui allaient en ville chercher de nouveaux riches héritiers, ou des gens assez stupides pour rêvé d’une vie de paix et se laisser manipuler. Des gens comme lui. Et s’ils n’étaient pas de mèches, on devait s’assurer qu’ils boivent assez de jus de fruits (sans doute drogués eux aussi) et aient un bon panier repas, afin qu’ils n’aient pas envie de rester dans le monde extérieur.
- Je rentre chez moi. Répondit-il.
Il tira sa valise et prit sa respiration chaque fois qu’il passait sous une voie d’aération. L’homme chercha à le retenir dessous, bloquant subtilement le passage en disant vouloir lui parler, mais Murphy lui roula sur le pied et continua son chemin. A l’extérieur il se permit de respirer à nouveau. On essaya de lui servir un jus de fruits, il le jeta au visage de la personne. Finalement c’est Luna, qui avait dût être prévenu, qui lui couru après :
- Attends, John ! Qu’est ce qu’il se passe ?
- Je rentre chez moi, dit John, auprès de ma famille.
- Tu ne disais pas qu’ils t’avaient abandonné ?
- Même si c’était le cas, ils valent toujours mieux qu’une sale petite menteuse.
Luna secoua la tête :
- De quoi tu parles ?
Murphy imita la voix de la femme :
- - « Fais le passer plusieurs fois sous les grilles d’aérations, qu’il se gave de jus de fruits s’il faut, fais en sorte que les drogues lui rentrent tellement dans la tête qu’il ne pensera même plus à l’extérieur. »
Luna pâlit malgré sa couleur de peau.
- Tu as entendu ça…
- Oui j’ai entendu ça.
- Ecoute John, ce n’est pas ce que tu crois, on s’arrange juste pour que les gens soient paisibles, heureux, tu n’étais pas heureux ?
- Si.
- Alors tu vois, ce n’est pas un mal ?
- Je planais Luna, je préfère un bonheur moins artificiel.
- Et la souffrance ?
- Je prends le risque, dit Murphy.
Il continua de tirer sa valise derrière lui. D’abord, il allait chez Bellamy, il allait lui dire qu’il l’aimait, qu’il était désolé. Il espérait ne pas arriver trop tard. Jasper lui avait qu’il ne l’attendrait pas. Murphy n’avait aucune idée depuis combien de temps il gambergeait ici, et si Bellamy l’avait déjà remplacé ? Luna le suivait, essayant de le retenir, en vain.
- Lâche moi, où j’appelle les flics et je vous dénonces ! Vous droguez les gens contre leur gré, vous leur prenez leur pognon. Je savais déjà que c’était une secte, mais je savais pas encore à quel point vous étiez dégueulasse.
La jeune fille eut un visage défait.
- Je suis désolé, dit-elle, je voulais simplement que tu viennes, que tu vives le bonheur, que…
- Tu voulais que je te baise, voilà tout. Tu sais c’est quoi le plus ironique ? C’est que si t’avais pas cherché à me mettre dans mon lit, j’aurais peut-être jamais réagis, je serais resté votre mignon légume dans votre champ de légume.
Luna posa sa main devant sa bouche. Murphy eut un ricanement et lança, avec sarcasme (et fierté) :
- La ville légume, voilà comment vous devriez l’appeler. Au plaisir de jamais te revoir.
Il poussa la grille et sortit de ce lieu abominable. Luna ne le suivit pas.
Murphy monta dans un bus qui le conduirait jusque chez Bellamy. Il avait envie de prier pour que Bellamy ne l’ait pas remplacé, mais il avait compris que prier était une mauvaise idée. Il se contenta donc d’espérer. Très fort.

Murphy arriva finalement à son arrêt, descendit du bus, tira la valise jusqu’au bon immeuble. Le manque de drogue se faisait ressentir, il avait l’impression d’étouffer, d’être mal, putain la ville lumière lui manquait quand bien même il savait à quoi c’était dû. Il fut obligé de s’arrêter devant les portes de l’immeuble pour reprendre sa respiration, c’est à cet instant qu’il vit la mère de Bellamy arriver depuis le parking. Il tira sa valise plus loin et se planqua derrière un mur. Il l’avait oublié elle, il ne se sentait pas d’humeur à lui parler. Il l’observa discrètement. Elle n’était pas seule, elle était accompagnée d’un homme. Bellamy lui avait parlé de lui, mais Murphy avait oublié son nom. Au moment où ils allaient pousser la porte, quelqu’un sortit de l’immeuble.
- Elena, que faites vous là ?
La mère s’adressait à une femme hyper sexy et Murphy sentit ses entrailles se noués. Peut-être que c’était juste la femme de ménage.
- C’est votre fils lui-même qui m’a appelé.
- Vraiment ? Fantastique. Je suis heureuse de voir qu’il se reprend en main.
- Oh oui, moi aussi. D’autant plus qu’il est chaud vous savez, chaud comme la braise. Jamais ressenti autant de plaisir avec personne.
- Je l’ai bien éduqué mon Bellamy.
- Très bien en effet, et je le fais jouir autant qu’il le peut, il en oublie tous ses soucis.
- Vous êtes parfaites Elena.
- Merci madame. J’y vais maintenant. N’hésitez pas à m’appeler si vous le sentez dans le besoin.
- Je n’y manquerai pas ma belle.
Charles posa une main lubrique sur les fesses d’Elena tandis qu’elle passait à côté de lui, la mère lui donna une tappe :
- Charles, c’est la copine de mon fils, pas touche !
Charles haussa les épaules et ils disparurent finalement dans l’immeuble. Murphy se laissa glisser contre le mur.
Bellamy l’avait remplacé.
C’était de sa faute, mais pour autant, il eut très mal quand même.

A suivre.
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