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[Les 100 - pas de spoil c'est une UA] Un ours, un hérisson, le fer et le sulfate de cuivre, les autres. (55)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - pas de spoil c'est une UA] Un ours, un hérisson, le fer et le sulfate de cuivre, les autres. (55) [Les 100 - pas de spoil c'est une UA] Un ours, un hérisson, le fer et le sulfate de cuivre, les autres. (55) Icon_minitimeLun 27 Juin - 21:13

Fandom : Les 100
Prompts : Je dérive doucement.
Tu peux pas le perdre pour une broutille.

Note : Euh... mouchoir?
Pas relu.

***

55. Abandon.

Ce qu’il y avait de drôle avec le fait de dormir c’est que ça se mariait très mal avec un mal de poumon (dans le genre comme si un pachyderme avait décidé de s’asseoir sur notre poitrine avec son pote l’éléphant) et l’obligation de tousser si on voulait réussir à respirer un minimum. Murphy en aurait vraiment rit, s’il en avait été capable. Au milieu de tout ça, il avait quand même réussis à grappiller quelques moments de sommeil, surtout remplis de cauchemars. Comme celui horrible où Bellamy s’était transformé en scolopendre géant et était entrain de manger la tête de Jasper et Monty, tenant leur corps comme on tient un cornet de glaces. Murphy s’était réveillé en sursautant, le corps en sueur, et la peur au ventre. Bordel, il détestait les scolopendres. Il avait encore toussé, et en toussant, il avait attrapé la peluche grenouille que Jasper lui avait offert pour son anniversaire, et qui traînait sur le sol. Jaja-le-casse-pied. Là maintenant il était content de l’avoir et la serra contre lui, en repoussant ses couvertures, parce qu’il mourrait de chaud.
Deux minutes plus tard il claqua des dents. Bon sang que c’était agaçant.
Il remonta la couverture sur lui et garda Jaja dans ses bras, toussa dessus des tas de fois. Ca aurait pu l’amuser à se dire qu’il filait ses microbes à cette connasse de grenouille en peluche, mais il allait trop mal pour que quoi que ce soit l’amuse.
Il fut presque heureux quand il vit le soleil se lever, cela lui donnait une bonne raison pour ne pas rester coucher. D’abord il allait se rafraîchir, pisser un coup, et ensuite il appellerait Bellamy et un médecin. Il avait tellement la tête qui tourne qu’il ne sut même pas comment il arriva dans la salle de bains. Il mit des plombes avant de se rendre compte qu’il urinait dans la douche et pas dans les toilettes, et c’était trop tard. Il fit couler l’eau et ensuite il monta dans la cabine et ce fut une fois sous la douche qu’il remarqua qu’il avait oublié d’enlever son boxer. Tant pis. Peu importe. Murphy choisit de l’eau chaude, puis froide, puis tiède, et rien ne convenait, alors il sortit de la douche, enleva son boxer et s’enroula dans… Le tapis de la salle de bain, avant de capter que c’était le tapis de la salle de bain qu’il venait de prendre et de chercher une serviette. Tout ça entrecoupé de longs moments à tousser et à chercher à respirer. Sa tête lui tournait vraiment beaucoup. Il sortit de la salle de bain pour aller chercher des fringues, mais le sol tanguait tellement et Murphy toussait beaucoup et il n’y avait pas assez d’oxygène dans cette foutue maison. Il trébucha sur rien et se vit tomber comme au ralenti, mais en même temps il ne tombait pas vraiment, et il ne sentit pas du tout qu’il était sur le sol, juste qu’il toussait et qu’il en avait marre de tousser. Il avait bien entendu un boum, mais n’avait pas l’impression que ça venait de lui.
Tousser. Tousser. Tousser. Se transformer en une toux géante et le monde devint flou, juste une voix, un visage. Celui d’un disney.
Peter Pan.
Puis le néant.

xxx

Seth avait entendu le boum. Un boum inquiétant, de quelqu’un qui s’écroule. Ca l’avait fait sortir d’urgence de sa chambre, en se demandant s’il allait trouver un Jasper la gueule en sang dans ses escaliers. A la place il failli trébucher sur Murphy, qui toussait, par terre dans le couloir. Seulement vêtu d’une serviette totalement rose – et pour que Murphy ait choisi la seule serviette rose de la salle de bain, l’heure était vraiment grave. Murphy aurait préféré se balader à poil et mouillé, qu’utiliser cette serviette. Seth l’avait bien entendu tousser, mais il n’avait pas pensé que c’était si grave. Il se pencha, Murphy semblait peiner à respirer, il ne paraissait même plus être là, son visage était brûlant et il était inutile de prendre sa fièvre.
- John ? Appela-t-il.
Mais il n’obtint aucune réponse. Murphy avait les yeux ouverts mais ne semblait pas vraiment là. Seth le souleva du sol et l’emmena sur son lit, puis appela les Urgences.
Ensuite il fouilla dans les affaires de Murphy pour trouver des vêtements. Il le fit s’asseoir, l’aida à mettre un tee-shirt. Lui mit aussi un caleçon, et un jean. Pour le reste tant pis. Ca irait bien comme ça. Il rallongea Murphy, celui-ci respirait par saccade, toussait, et avait fini par fermer les yeux. Seth ne savait vraiment pas s’il était conscient ou non.
L’ambulance lui parut arriver après mille ans d’attente. On s’occupa de Murphy assez rapidement ensuite, si bien que Seth eut l’impression qu’une tornade était entrée dans sa maison. Il l’accompagna jusqu’à l’hôpital.

Quand Murphy rouvrit les yeux, il était… où ? Il avait quelque chose sur le nez et essaya de l’enlever parce que ça le gênait, mais une main l’en empêcha.
- Laisse, ça t’aide à respirer.
Murphy ne connaissait pas cette femme. Il était où déjà ?
- Tu es dans une ambulance, lui dit-elle.
Géniale, elle lisait dans ses pensés.
- Ton père t’a trouvé évanouis et très malade, il nous as appelé, on t’emmène à l’hopital.
Murphy essaya une nouvelle fois d’enlever son masque, pour parler, mais elle l’en empêcha à nouveau. Pourtant soudainement c’était très important pour lui de la corriger alors il se débattit, malgré la fièvre et la douleur. Et il retira son masque, l’arracha presque.
- Ce n’est pas mon père !
Il se rendit compte qu’enlever ce foutu masque était une grosse connerie parce que maintenant ça devenait difficile de respirer et cette toux atroce le reprit. La femme lui pressa de force le masque sur le visage et il eut l’impression qu’elle voulait l’étouffer avant de comprendre que ça lui faisait du bien. Pourtant il le repoussa encore, de toutes ses forces.
- Où est mon frère ? Demanda-t-il.
Oui il avait un frère, Murphy s’en souvenait, il n’avait pas de père mais un frère. Son frère n’allait pas bien en plus, à cause de… Putain pourquoi sa tête tournait autant bordel de merde. Et pourquoi c’était si dur de respirer.
- Où est Jasper ?
La femme se fâcha, reposa le masque sur son visage et le tint de force, très fort, vraiment très fort.
- Tiens toi tranquille c’est pour ton bien. Ton père va s’occuper de tout ça.
Murphy se secoua. Ce n’était pas son père, pourquoi n’écoutait-elle pas. Il voulait Jasper, il voulait Monty, il voulait Bellamy. Bellamy…
Ses yeux regardèrent dans tous les sens à la recherche de… Son amour ? Son tout ? Ahaha mon dieu il délirait vraiment. La seule chose qu’il vit ce fut Seth et la colère le prit et il se bougea dans tous les sens. Malgré la fièvre, malgré la douleur, il luttait. Mais la femme le maintint et Seth vint l’aider. Puis il essaya de rassurer Murphy :
- John, je vais appeler Jasper d’accord ? Quand on sera à l’hôpital je l’appelerai. Il n’était pas dans sa chambre et sa fenêtre était ouverte. Mais il t’avait laissé un mot, il disait que tout allait bien, que tu ne devais pas t’inquiéter.
Murphy sembla se calmer un peu. Mais il manquait quelque chose alors il recommença à se débattre.
- J’appellerai Bellamy aussi, c’est ça que tu veux.
Murphy acquiesça et arrêta enfin de bouger. La femme put lui tenir le masque sur le visage.
- Je suis médecin, expliqua-t-elle finalement, on va prendre soin de toi.
Murphy aurait rit s’il avait pu.
Personne d’autre que sa famille ne prenait soin de lui. Jasper, Monty et Bellamy. Sa famille donc. Cette femme disait n’importe quoi.

On l’installa dans une chambre à l’hôpital, il ne sut pas trop ce qu’on faisait, on lui donna des trucs, mais il ne sut pas quoi. Murphy vacillait entre des moments d’inconsciences et de consciences, et la seule chose qui comptait quand il se réveillait c’était de voir Bellamy, Jasper, Monty. Mais chaque fois il se réveillait et il y avait Seth et c’était tout. Et quand il se sentait sombrer, il se disait que la prochaine fois, ils seraient là.
Mais ils ne furent jamais là.
Jamais.
Murphy se sentit abandonné comme jamais il ne l’avait été. Ou peut-être qu’il l’avait été un jour, quand il avait perdu son père, quand sa mère avait préféré se réfugier dans l’alcool plutôt que de prendre soin de lui. Mais là ça avait quelque chose de pire, parce qu’il avait grimpé des sommets pour avoir confiance à nouveau, parce qu’il avait souffert, craquer, hésité, parce qu’il avait eut la trouille et qu’au final il s’était accroché quand même. Parce qu’il s’était dis que jamais ces trois là ne le laisseraient tomber, il y avait cru. Vraiment cru.
Sans trop savoir s’il rêvait, délirait, imaginait, si c’était un tour de son cerveau, il entendit une voix dire qu’il ne passerait sûrement pas la nuit. Il allait juste crever comme ça. Tout seul.
Tout seul putain.
Il ne voulait pas crever.
Il ne voulais pas crever seul.
Mais il allait crever c’était indéniable, on ne souffrait pas autant pour survivre et personne n’était là. Seth avait quitté la chambre aussi et tant mieux, parce que Seth c’était personne, c’était rien, c’était une ombre. Crever avec Seth c’était pire que crever seul à son goût, c’était comme crever avec pour seul compagnie une ruche de termite.
Murphy avait envie de chialer.
Il ne voulait pas mourir, pas du tout. Il voulait Bellamy, il voulait tellement Bellamy, où était Bellamy ? Pourquoi Bellamy le laissait mourir ? Pourquoi ?
Et Jasper ? Et Monty ?
Merde, son frère s’en foutait à ce point ?
Etait-il vraiment son frère si c’était pour le laisser crever dans cette chambre d’hôpital ?
Même Monty le laissait tomber, qui aurait cru cela de Monty hein ?
Murphy se débattait contre rien et contre tout.
Je ne veux pas crever, je ne veux pas, je ne veux pas.
Puis il eut une hallucination. Il la vit, elle. Au dessus de lui. Ils l’avaient tous abandonnés et elle était là. Elle. Pourquoi elle ? Elle avait une voix douce, elle avait toujours ses tracs sous la main. Elle parlait. Elle disait qu’il fallait croire, que croire le sauverait, que la ville lumière l’attendait et qu’il ne mourrait pas s’il croyait. Murphy voulait crier que c’était des conneries, parce que c’était des conneries.
- Ta famille t’as abandonné au final, lui dit son hallucination, tu n’as pas pu compter sur eux, mais là bas plus rien ne comptera, tu seras juste bien.
Non. Non. Ils ne m’ont pas abandonné. Ils ont du retard. Ils ont forcément du retard.
- Ils t’ont abandonné, insista-t-elle. La ville lumière, voilà ta vraie maison John Murphy. Mais il faut que tu y crois.
C’est des conneries tout ça, de la merde.
- C’est ta seule chance John Murphy, tu veux mourir ou non ? Croire te sauvera.
Jasper, Monty, Bellamy. Personne n’était là, sauf elle.
- Tu verras on y est bien, tu ne regretteras pas. Je te le jure.
Je peux vraiment vivre ?
- Oui.
Murphy ferma les yeux. Sans savoir si tout ça était vrai. Elle était là ou pas ? Quelle importance. Okay, il allait croire à ces conneries puisqu’il n’avait plus que ça et qu’il ne voulait pas mourir.
S’il vous plait, s’il vous plait, s’il vous plait, si je survis, je jure d’aller au moins y jeter un coup d’œil.
Je le jure.
Je le jure.
Je le jure.

Personne ne vint, Murphy se sentit dériver doucement. Il passa une nuit horrible, pensa mourir mille fois, sentit la vie s’arracher de son corps et ne sut pas comment la retenir en lui. Ca faisait mal et par moment ça faisait tellement mal que ça aurait été tellement plus facile de tout lâcher, d’abandonner. Merde sa famille l’avait abandonné alors à quoi bon ?
Qu’est ce qu’il resterait s’il survivait ?
Sans Bellamy ?
Sans Jasper ni Monty ?
Il y aurait à nouveau le silence.
Où une autre promesse.
La ville lumière.
Murphy ne voulait pas mourir de toute façon, surtout pas seul. Malgré la douleur, malgré la souffrance, malgré toutes ses dessillusions.
S’il vous plait, s’il vous plait, s’il vous plait. Je crois en rien, je crois en ça, j’y crois si c’est ce qu’il faut pour vivre, je veux bien croire en n’importe quoi.
Il avait tellement peur.
Tellement peur.
Et il était seul.

Le soleil le réveilla, les rayons passant par la fenêtre pour venir chauffer son visage. Le soleil était là en plein milieu de l’hiver et s’amusait à s’attarder sur ses joues. Il était toujours vivant. Il se sentait faible, presque mort, il avait l’impression d’avoir perdu cinquante kilos et de n’être plus que de la poussière et de la sueur.
Mais il était en vie.
Des larmes coulèrent de ses yeux alors qu’il retomba aussi vite dans l’inconscience.

Ce deuxième jour ne fut pas terrible, mais il fut moins horrible que la nuit. Quelqu’un le lava et il se laissa faire, peu importe sa nudité. On lui planta des aiguilles dans les bras et on aurait tout aussi bien pu lui planter des arbres, il n’était pas sûr que ça changerait grand-chose. Il sombra plusieurs fois dans l’inconscience et quand il se réveillait quelque chose avait changer. On avait rajouté une perfusion. On avait remonté sa couverture. On avait ouvert/fermé la fenêtre. Mais des traces de Bellamy ou des autres ? Aucune.
Et d’un coup, une rage le prit, une rage atroce et incontrôlable, face à cet abandon, cette trahison, cette putain d’injustice, cette merde de vie (et oui il s’était pourtant battu pour la garder cette connasse), il arracha ses perfusions, il arracha son masque, et sortit du lit et plongea dans une boucle d’autodestruction. Il voulu sortir de la chambre et aller chercher lui-même ceux qui ne venaient pas, on l’arrêta vite dans les couloirs. La terre tournait trop vite de toute façon, rien n’allait.
Des gens coururent vers lui. Pas ceux qu’il voulait. Tant pis.
Murphy tomba.
Sombra.
Abandonna.
Et puis il n’y eut plus rien.

xxx

Le médecin avait décidé de passer sous silence ce passage quand il parla de l’état de santé de Murphy à ce qui représentait pour lui, sa famille. Par chance, cette petite crise n’avait pas empiré son état, il était donc inutile d’inquiéter ces jeunes hommes qui semblaient déjà bien sur les nerfs.
Les trois garçons ne surent donc jamais que Murphy avait essayé de venir les chercher lui-même, avait tout balancé, jusqu’à sa santé, pour eux qui n’étaient pas venu assez vite jusqu’à lui.
Pour Jasper et Monty, c’étaient leurs portables éteints afin de passer leur road trip d’un jour loin du monde. C’était un Seth qui n’avait pas réussi à joindre celui qui se disait le frère de Murphy. Ce n’était techniquement par leur faute, mais leur faute quand même, de ne pas avoir été là au bon moment, au moment où il fallait, d’avoir choisit de vivre un instant à eux sans savoir que Murphy agonisait sur un lit d’hôpital.
Pour Bellamy…
C’était son passé qui lui retombait sur la gueule au pire moment, au moment où ce passé aurait dût lui foutre la paix et le laisser prendre soin de son présent.

xxx

Bellamy avait laissé Jasper et Murphy rentrer chez eux. Murphy avait l’air malade, mais il jurait que ça irait, il jurait qu’il irait voir le médecin, il jurait « bordel de merde Bellamy c’est juste une crève tu vas pas continuer à me faire chier, embrasse moi et ferme ta gueule ». Bellamy regretta de le laisser partir, mais Murphy voulait passer du temps avec Jasper et il pouvait comprendre ça puisqu’il était pareil avec Octavia.
Et ça irait bien.
Ce n’était qu’une crève.

Bellamy paniqua quand il vit que la porte de son appartement était défoncée. Est-ce qu’on l’avait cambriolé ? Il poussa la porte et la première chose qu’il vit c’était que la télévision était toujours là. Il avança dans l’appartement avant d’entendre des bruits. Il se figea. Octavia était chez Lincoln, il le savait (et de toute façon elle n’aurait pas défoncé la porte). Est-ce que les voleurs étaient toujours là ? Bellamy enleva ses chaussures, attrapa le parapluie dans l’entrée et avança jusqu’aux bruits.
C’était dans sa chambre.
Ca ressemblait à…
Bellamy grimaça.
C’était des gémissements.
Il sentit un grand coup de froid lui remonter dans le cou mais une force mystérieuse le poussa quand même à ouvrit la porte. A l’intérieur un homme et une femme, entrain de copuler sur son lit.
Bellamy retint un hurlement et referma tellement vite la porte qu’il la claqua.
Sa mère et un homme entrain de baiser sur son lit. Sa mère.
Il couru aux toilettes pour vomir et vida tout le contenu de son estomac alors que d’atroces souvenirs refaisaient surfaces sous sa boîte crânienne. Il était à genoux, la tête penchée en avant, quand il entendit sa voix :
- Bébéllamy espèce de chochotte, c’est juste du sexe, tu pratiques aussi, un genre encore plus dégueulasse que moi.
- Tu es ma mère ! Et c’est mon lit !
Sa voix était tremblante, au bord de l’hystérie.
- Calme toi abruti, suffit de laver les draps.
Bellamy vomit de nouveau rien qu’à ces mots. Elle ricana moqueuse :
- Si t’étais pas mon fils, je te demanderais de nous rejoindre, vu que t’aime assez bien qu’on te mette des choses dans les fesses.
Il n’avait plus rien dans l’estomac, mais des glaires sortirent de sa bouche parce qu’il était écoeuré et plus encore. Il vomissait sa mère, ses souvenirs, ce qu’il avait vu, ce qu’il entendait.
- Je verse pas dans l’inceste, dit-elle, mais toi oui.
- Quoi ?
- Ta sœur, combien de fois tu l’as niqué dans mon dos ?
Bellamy tourna finalement des yeux pleins de rage vers elle :
- Jamais !
Il remarqua qu’elle était vêtu avec une des robes de chambre d’Octavia. Et il eut envie de la frapper.
- Mon cul ouais. T’aimais bien lui mettre un doigt et plus que ça, je le sais petit con.
Bellamy eut un nouveau haut le cœur, qui empira quand un homme arriva derrière sa mère, vêtu d’un simple caleçon, et qu’il passa ses bras autour d’elle.
- Qu’est ce qu’il a ce mec ?
- C’est une petite pédale c’est rien.
- T’accueille une tapette chez toi ? Dégueulasse.
- C’est mon fils, précisa-t-elle, j’ai pas vraiment le choix.
- C’est pas chez elle, marmonna Bellamy.
Mais personne n’écouta :
- C’est pas de bol ça, avoir un fils pédé.
- Tu l’as dis, rit-elle.
Bellamy ferma les yeux. Sa mère était revenue, avec un mec, ils avaient défoncé la porte de l’appartement pour rentrer, ils avaient baisé sur son lit, ils étaient entrain de l’humilier alors qu’il se sentait nauséeux. Est-ce que la situation pouvait être pire que ça ?
Il se sentait trop faible pour réagir, trop à la ramasse. Il fut heureux quand ils s’éloignèrent et retournèrent dans la chambre. Il se boucha les oreilles en entendant les gémissements reprendre.
Il n’avait plus vingt-deux ans. Il avait huit ans. Et il était coincé.

Les bruits mirent beaucoup de temps à s’arrêter. Bellamy s’était allongé sur le sol carrelé de la salle de bain et avait gardé ses mains sur ses oreilles en se chantant doucement des chansons. Il avait essayé de penser à Murphy, mais penser à Murphy dans cette situation était intenable et l’avait rendu à nouveau malade. Et puis enfin, la délivrance du silence. Bellamy était resté là un moment, au cas où, mais tout était resté calme. Alors il s’était levé et avait réussi à se traîner sur le canapé. Il envoya un SMS à Murphy (SMS qu’il ne vit pas et que Seth ne lui lut pas).
« Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je sais que trop insister, ça te rend fou, mais ce soir j’ai besoin de te le dire, j’ai besoin de savoir que je t’aime et de savoir que tu m’aimes et de savoir qu’on sera toujours ensemble et que tout ce qui est moche et merdique le sera moins dans tes bras. »
Bellamy posa le portable sur la table basse, ferma les yeux, et réussi à s’endormir sans savoir par quelle miracle il y arriva.
Question d’ancienne habitude, peut-être.

xxx

Quand il ouvrit les yeux, sa mère était déjà levée. Elle était assise sur la table basse, portait toujours le peignoir d’Octavia et Bellamy sentit un mauvais goût lui remonter dans la bouche. Il remarqua alors qu’elle avait son portable dans les mains et bizarrement, cette toute petite chose le réveilla de l’engourdissement dans lequel il s’était trouvé la veille.
- Qu’est ce que tu fous ? Rends moi mon portable.
- Oh ça va hein, j’étais juste curieuse de voir les niaiseries que mon fils écrivait. Et ohlala je ne suis pas déçue du coup. Voyons voir « J’ai besoin de savoir que je t’aime et de savoir que tu m’aimes et de savoir qu’on sera toujours ensemble » si c’est pas adorablement naïf ça.
Sa mère rendait moche et dégoûtant des mots de détresses qui n’étaient destinées qu’à Murphy.
- Mais j’ai trouvé mieux, de sa part « ta délicieuse bouche avec tout ce que tu sais faire avec ta langue me manque ». Il est beaucoup plus cochon que toi ! Je vais finir par bien l’aimer. Je me demande si lui sait se servir de sa langue.
- Maman… Rends moi ça.
- « Tu sais où j’aime poser mes mains », ouuuuh chaud celui-là, j’ai presque envie qu’il vienne les poser sur moi ses mains. Mais en fait mon préféré c’est…
- Maman !!!
- Celui où il dit « j’ai envie de toi tout de suite maintenant. En cours de philo. Baise moi par la pensée ».
Bellamy essaya d’attraper son portable mais elle s’éloigna et continua de lire.
- Les tiens sont plus décevant, tu dégoulines Bébéllamy, tu me fais honte tu sais ça ?
- Rends moi mon portable, cria-t-il.
- « Je t’embrasse du petit orteil jusqu’au cou, en passant partout ». Sérieusement ? Tu pouvais pas faire mieux ? Et ça l’excite vraiment ce genre de trucs ? Le pauvre, il doit être frustré. Je devrais vraiment lui proposer de l’éduquer sexuellement.
- Arrête ça, gémit Bellamy.
Elle gâchait tout, c’était horrible. Tous ces messages n’étaient pas destinés à être vu par quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes, et surtout pas à être vu par elle. L’homme sortit alors à cet instant de la salle de bain. Bellamy n’avait pas fait attention au bruit de la douche. Il était toujours là alors.
- Tiens écoute ça Charles « Il y a des cons en étude aujourd’hui, je pense à ta main dans mes cheveux, à ta bouche sur mon cou, et à tous pleins de choses mièvres que j’ai envie de te dire, et j’arrive à les supporter ». Ahahaha, au moins tu reconnais que tu es mièvre, pauvre idiot.
Le dit « Charles » eut un rire méprisant.
- C’est quoi ces conneries ? Une lettre d’amour d’un gamin de primaire ?
Bellamy avait mal, est-ce que ses mots étaient vraiment aussi ridicules qu’ils en avaient l’air ?
- Allez un petit dernier pour la route. « Des fois je fais dix pas le matin, après nous avoir déposé, avant de me rendre compte que si je me retourne, sentant tes yeux sur ma nuque, je n’irai pas bosser, je passerai la journée au lit avec toi. Coucher avec toi. Dormir avec toi. Etre avec toi. La folie peut être aussi merveilleuse que celle que j’éprouve en me plongeant dans tes yeux… Oui je serai en retard tout à l’heure, je suis désolé ».
- Rends moi mon putain de portable ! Cria-t-il finalement.
- Oh ça va calme toi, je m’amuse c’est tout. J’ai bien le droit de rigoler. T’as pas d’humour c’est pas vrai ça.
Ce n’était pas de l’humour si l’un des parties étaient blessés. Mais il n’était pas utile de le préciser. Sa mère se fichait de blesser, tant qu’elle rigolait. Elle lui lança son portable, il ne le rattrapa pas, et vit l’objet s’éclater sur le sol.
- Bon ben si t’es pas capable d’attraper les choses qu’on te donne, j’y peux rien.
Bellamy le ramassa pour se rendre compte que son portable n’avait pas survécu à cette chute. Si petite chute pourtant.
- Tu l’as cassé, s’énerva-t-il.
- C’est bon calme toi, c’est qu’un portable, pas le saint Graal.
- Mais t’es pas obligé de détruire tout ce qui m’appartient !
- Tu exagères Bébéllamy, arrête de faire ton hystérique.
Bellamy se laissa tomber sur le canapé, à la fois furieux et épuisé. Il se frotta les cheveux. Ce n’était qu’un portable, elle avait raison, un portable remplis de mots stupides. Murphy devait le trouver stupide. Murphy devait rire en lisant ce qu’il lui envoyait. Elle le faisait douter, Bellamy ne savait plus. Il appuya ses pouces sur ses yeux. Murphy détestait les niaiseries, comment faisait-il pour supporter les conneries que Bellamy lui envoyait à longueur de temps ? Pourtant là maintenant, il aurait voulu lui envoyer un appel à l’aide. « Ecris moi des mots d’amour, écris moi que tu veux qu’on baise, écris moi quelque chose n’importe quoi, simplement pour être sûr que tu m’aimes ».
Il eut un rire moqueur pour lui-même. C’était pas plus mal que son portable soit cassé.
- Pourquoi vous avez défoncé la porte ? Demanda-t-il en se redressant finalement essayant de reprendre le contrôle de la situation.
- T’étais absent, on se les gelait et fallait bien que je rentre, dit sa mère comme si c’était normal. Charles a une force incroyable et je te dis pas au lit il…
- Et donc tu rentres chez moi en défonçant ma porte et tu utilises mon lit, et tu trouves ça normal.
- On s’était mis d’accord là-dessus Bellamy je te rappelle, c’est mon lit maintenant et ma chambre. Et puis on va la faire réparer ta porte t’inquiète pas. Je vais payer et j’en profiterai pour me faire un double à moi aussi.
- Je vais payer les réparations et tu n’auras pas de double.
- Et pourquoi ça ? Je suis ta mère. Tu voudrais que je demande à Charles de défoncer la nouvelle porte ?
- Tu auras un double, abdiqua-t-il.
- Je savais que tu te montrerais raisonnable.
Rien de tout ça n’était raisonnable. Ce qui serait raisonnable ce serait d’ouvrir la fenêtre et d’y jeter sa mère et ce Charles. Ce qui serait raisonnable c’est d’avoir une arme sur soit et de vider le chargeur sur eux. Ce qui serait raisonnable c’est de virer cette femme de sa vie qu’elle soit sa mère ou non.
- Charles va rester longtemps ?
- Aussi longtemps qu’il faudra, sourit-elle. Mais tu n’es pas obligé de rester, va t’amuser. Avec ta petite pédale.
Bellamy ne demandait pas mieux. Mais aller retrouver Murphy c’était laisser sa mère seule avec Charles dans cet appartement qu’elle désignait comme « sien ». Et ça ne le rassurait pas, il avait peur qu’en rentrant elle est changé les verrous et gardé les clés. Il avait peur qu’en rentrant elle ait tout repeint, fait de la chambre de sa sœur un débarras, baiser sur la table de la cuisine (en laissant le préservatif plein dans un verre, c’était du vécu). Il fallait mieux qu’il reste et limite les dégâts. Lundi il expliquerait tout ça à Murphy et Murphy comprendrait. Bellamy était loin d’imaginer qu’à cette heure-ci Murphy était en pleine agonie à l’hôpital. S’il avait pu l’imaginer, il aurait laissé tomber cet appartement, aurait laisser sa mère y faire ce qu’elle désirait, parce que rien n’aurait compté d’autre que Murphy. Parce qu’un appartement n’était qu’un bien matériel et que Murphy était… Oh mondieu pouvait-il penser quelque chose d’aussi mièvre que « Murphy était l’amour de sa vie » ?
Oui.
Mais il ne savait pas, il n’imaginait pas, il était très loin de se douter et il trouvait plus judicieux de rester à l’appartement. Certes Murphy avait la crève, mais Bellamy ne savait pas qu’il avait en réalité une pneumonie et qu’il en mourrait sur un lit d’hôpital. Seul. Et comme son portable était cassé, il ne reçut pas les appels de Seth.

Octavia devait rentrer à la fin du week-end. D’abord, empêcher sa mère de dévaliser une nouvelle fois sa chambre. Comme la mère était absente, Octavia n’avait pas pensé à fermer sa porte à clé, et la mère en avait tout de suite saisie l’opportunité. Bellamy entra dans la pièce, ça allait, sa mère n’avait pas encore trop fouillé. Elle avait juste pris une robe de chambre, pour le moment. Peu importe, Bellamy en offrirait une nouvelle à sa petite sœur. Il trouva la clé de la chambre rangée dans un tiroir du bureau. Il la prit, l’utilisa sur la porte et la ferma à double tour. Puis il dit à Charles que s’il osait défoncer la porte de sa sœur pour satisfaire les besoins de sa mère, Bellamy n’hésiterait pas à appeler les flics pour dégradations de biens matériels par un étranger. Celui-ci haussa les épaules, mais Bellamy sentit bien que la menace avait eu son petit effet, Charles ne devait pas aimer côtoyer la police. On ne devenait pas « défonceur » de porte sans un petit casier judiciaire, se dit Bellamy.
Sa mère alluma la télévision pour mettre l’émission la plus stupide qu’elle puisse trouver. Puis elle donna un petit coup d’épaule à Bellamy qui s’était assis à côté d’elle, sans trop savoir pourquoi :
- Tu nous ferais bien un petit café non ?
Bellamy grimaça.
- Allez mon fils chéri, on ne va pas rester sur une petite dispute. Je suis désolée pour ton portable, je t’en offrirai un nouveau, un bien meilleur que ça, et tu pourras envoyer autant de mots d’amour que tu le souhaites.
Bellamy ne répondit pas. Elle allait sûrement le faire vraiment, en utilisant l’argent de son nouveau mec.
- Tu sais que je t’aime mon beau Bellamy non ? Je suis un peu dur avec toi, mais c’est justement parce que je t’aime, je veux te rendre fort.
Il roula des yeux, qu’est ce qu’il ne fallait pas entendre ? Il avait meilleur temps de se lever et d’aller préparer du café. De toute façon il en avait besoin d’un lui-même.
La journée allait être longue.

xxx

Lincoln avait complètement arrêté la médicamentation que lui avait prescrit le médecin, et ne se trouvait plus en manque. Il n’avait plus non plus envie de prendre quoi que ce soit. Pas qu’il n’y pensait pas, parce que des fois ça l’aurait bien aidé, mais simplement parce qu’Octavia lui aurait claqué la porte au nez, peu importe combien elle l’aimait. Et lui l’aimait, il n’avait pas envie de la perdre pour une broutille.
Ce samedi là, ils étaient allés faire un peu de sport. Octavia s’améliorait toujours et avait du mal à abandonner, ou à faire une pause. Il était obligé de la forcer à s’arrêter par moment.
- Tu en fais trop, tu vas finir par te briser.
- Je ne suis pas si faible. S’agaça-t-elle.
- Ce n’est pas une question de faiblesse, même moi je me briserais si je ne m’arrêtais jamais au moins pour boire.
Tout en lui disant ça, il fit rouler une gourde d’eau fraîche sur la nuque d’Octavia. Qui craqua.
- Okay, une petite pause n’a jamais tué personne, dit-elle en attrapant la gourde pour se désaltérer.
Il lui sourit et elle lui passa la gourde quand elle l’eut vidé de moitié. Après dix minutes de pause, Octavia était à nouveau prête à s’entraîner.

Ils prirent leur douche ensemble ensuite, puis se laissèrent tomber sur le canapé. Lincoln se sentait à la fois épuisé et bien. Le sport lui permettait d’éliminer le stress des longues journées et de tout le travail qu’il devait fournir. Octavia tapotait sur son portable, les sourcils un peu froncés. Il pencha la tête vers elle :
- Tu attends un appel ?
- Non. Pas vraiment.
- Alors quelque chose ne va pas ?
- Je ne sais pas. Bellamy ne m’a pas écrit, du tout, depuis hier. D’habitude il le fait toujours, même un simple smiley stupide, ou un mot. Il peut pas s’en empêcher, à croire qu’il a peur que j’oublie son existence si j’ai pas de nouvelles de lui pendant plus de vingt-quatre heures.
Elle redémarra son portable comme si c’était lui qui bugguait.
- Des fois ça m’agace d’ailleurs, je crois qu’il me voit encore comme une petite fille de cinq ans qui dépend de son grand frère et qui peut rien faire sans lui.
Lincoln appuya doucement sa main sur le dos d’Octavia, de façon rassurante et elle laissa tomber sa joue sur son épaule :
- Mais du coup quand il ne m’envoie rien, ça m’inquiète.
- Il est peut-être occupé.
Octavia eut un petit sourire :
- S’il a passé son temps avec Murphy, c’est bien possible.
Elle réfléchit en tapant son code sur l’écran qui s’était rallumé :
- Ou bien il est allé voir Jasper, il n’allait pas très bien.
- Tu vois, il y a une explication, la rassura Lincoln remonta sa main dans ses cheveux et embrassant sa tempe.
- Oui.
Son portable n’affichait toujours aucun message.
- Envoie lui quelque chose si ça t’inquiète.
C’est ce qu’elle fit. Un petit message : « Et bien alors mon grand frère possessif a oublié son texto du jour ?». Puis elle oublia son portable parce qu’elle est Lincoln allèrent manger, discutèrent de choses passionnantes, firent l’amour et dormir ensemble.
Le lendemain Bellamy n’avait toujours pas répondu.
Octavia préféra se dire que c’était peut-être parce qu’il avait oublié son portable à l’appartement et qu’il était resté chez Murphy et Jasper, mais l’inquiétude l’empêcha complètement de profiter de cette journée et elle rentra plus tôt.

xxx

La journée du samedi fut assez abominable pour Bellamy. Charles était un connard qui se pensait intelligent mais dont la bouche ne s’ouvrait que pour qu’en sorte de la merde. Que ce soit raciste, homophobe, sexiste, il pensait tout savoir, avait toujours une petite remarques acerbe envers Bellamy, et faisait des traits d’humour qui ne faisait rire que lui-même (et la mère de Bellamy, mais elle riait juste pour pouvoir baiser plus tard, pas parce qu’elle trouvait ça drôle). La mère de Bellamy trouva drôle de trouver un porno à regarder :
- Pour t’éduquer Bébéllamy, c’est moche de te voir vomir juste parce que tu vois des gens baiser, c’est naturel tu sais bien.
Bellamy se leva et alla se chercher un bouquin. Les pornos ne l’intéressaient pas, il préférait largement le vivre, passer ses mains sous les vêtements de Murphy et s’occuper de son cas, plutôt que de mater des gens entrain de baiser sur un écran. Et penser à Murphy nu alors que la télé poussait des gémissements aurait peut-être pu l’exciter, si sa mère et Charles n’étaient pas assis à côté de lui, la main de la femme posé sur… Bellamy se concentra sur son livre, jusqu’à ce que les gémissements ne soient plus simplement dans le film, mais juste à côté de lui.
Il se leva d’un coup et sa mère rit en le voyant s’enfuir :
- Chochotte !
Bellamy ouvrit la porte de la chambre de sa sœur, s’enferma à l’intérieur. Il posa sur ses oreilles le casque de musique de sa sœur, alluma la playlist « classique » et mit le son à fond. Pourquoi n’avait-il pas pensé à ça plus tôt ? Tandis que la Toccata de Paradisi résonnait dans ses oreilles, il rouvrit son livre et continua sa lecture. Se plonger dans les pages lui permettait de ne pas penser à ce qui était entrain de se passer dans son salon, alors qu’il n’était même pas encore midi.

Bellamy ne mangea pas d’ailleurs au déjeuner, il n’avait pas très faim – ce qui n’était guère étonnant. Il sortit cependant de la chambre d’Octavia pour vérifier que sa mère ne dévastait pas l’appartement, et la trouva simplement entrain de regarder une émission débile à la télé. Elle lui précisa que Charles était partit faire une petite sieste digestive dans sa chambre (MA chambre, corrigea Bellamy dans sa tête).
- On s’est fait des sandwichs, expliqua-t-elle, comme tu n’as rien préparé.
Y avait-il un reproche dans cette phrase ? Ou était-ce juste une constatation ? Dans tous les cas Bellamy répondit :
- Je ne suis pas votre bonniche.
- Je n’ai pas dis le contraire. Dit sa mère.
La seule chose qui fut bien dans cette journée (enfin « bien » était un grand mot), ce fut que sa mère tint sa promesse et appela quelqu’un pour la porte. Cette dernière fut vite réparée, la serrure changée rapidement. Bellamy se retrouva avec trois jeux de clés. Une pour lui, une pour Octavia. Et il fut obligé de donner la troisième à sa mère, à contre cœur.
Il aurait préféré la donner à Murphy.
Bellamy retourna ensuite se plonger entre les pages de son livre. Charles s’était reveillé, buvait un café à la table de la cuisine, faisait comme s’il était chez lui en mettant les pieds sur la dites table. Bellamy lui demanda, le plus poliment possible au vue de la situation, d’enlever ses pieds parce que c’était dégueulasse puisqu’on y mangeait, sur cette table.
- Ton gosse c’est pas un drôle, se moqua Charles en enlevant ses pieds. Mais c’est vrai que les pédés sont maniaques.
Bellamy se mordit l’intérieur des joues et tourna une page. Sa mère était assise sur le canapé, toujours devant la pire émission possible.
- Toujours dans un bouquin mon Bellamy, dit-elle avec tendresse.
Il tourna ses yeux vers elle.
- Je t’ai bien réussi tu sais, sauf le côté tapette. Tu es beau, intelligent, cultivé.
Bellamy fronça les sourcils avec méfiance.
- Je suis fière d’avoir un fils comme toi.
- Même si les pédés c’est dégueulasse, ricana Charles de son côté.
- Ta gueule Charles, dit la mère, toi tu sais pas lire alors…
Le dit Charles préféra se la fermer. Tant mieux.
- Je suis fière de toi Bellamy, ne l’oublie jamais d’accord ? Même si j’aime bien te taquiner un peu, surtout quand tu fais la chochotte.
Bellamy hocha la tête. Merde alors, il était toujours faible face à ce genre de marque d’affection de la part de sa mère. Même s’il savait que ça ne durerait pas, même s’il savait que peu importe qu’elle le pense ou non, qu’elle l’aime ou non, qu’elle soit fière ou non, elle se comportait mal avec lui et avec Octavia. Et pourtant, il aurait voulu qu’elle lui dise ça plus souvent, qu’elle se comporte en mère, qu’elle soit là pour lui.
Il aurait voulu qu’elle soit là et qu’il n’ait pas à s’élever tout seul, ni à élever Octavia.
Bellamy savait que c’était sa façon de le manipuler, qu’il était plus doux quand elle montrait un minimum qu’elle tenait à lui pour de vrai, et il s’en voulait de la laisser faire, mais est-ce qu’on pouvait lui en vouloir de désirer que sa mère soit fière de lui ? De désirer qu’elle l’aime ?
C’était sa mère non ?

Pour le dîner, Bellamy cuisina. Il se retint de cracher dans l’assiette de Charles en le servant et s’installa à table.
- Ta petite pédale ne vient pas te voir ce week-end ? Demanda sa mère.
- Tu peux arrêter de l’appeler comme ça ? Il a un nom je te rappelle.
Charles eut un reniflement méprisent, mais elle lui tapa doucement le bras pour qu’il arrête.
- Tu sais bien que c’est affectueux, je l’aime bien moi ce James.
- John.
- Pareil.
- Pas vraiment. Grogna Bellamy.
Elle posa sa main sur son poignet. Il baissa les yeux pour la regarder. Elle portait des bagues très voyantes et en toc, est-ce que c’était Charles qui lui avait offert ? Ou peut-être bien qu’elle les avait déjà avant. Bellamy n’y faisait pas vraiment attention. Est-ce que ça faisait de lui un mauvais fils ?
Est-ce qu’il avait essayé au moins d’accueillir sa mère ? De faire en sorte qu’ils s’entendent bien ? Peut-être qu’au final, il n’était pas mieux qu’elle.
- Toi aussi mon fils, tu es ma petite pédale, mon Bébéllamy.
- M’man…
- Bien je sais que t’aime pas vraiment les surnoms, mais Bébéllamy, c’est parce que tu seras toujours mon bébé, même quand tu seras vraiment âgé.
Bellamy hocha la tête, sa mère frotta gentiment son poignet. D’accord, elle n’était pas facile, mais elle l’avait toujours gâté en lui offrant beaucoup de livres, il avait toujours manger à sa faim (ou à peu près), elle lui disait souvent qu’elle l’aimait et qu’il était beau. Son plus gros souci au final, c’était son absence. Mais il semblait qu’elle voulait se rattraper non ?
Défoncer la porte de l’appartement n’avait pas été une bonne idée, mais elle avait toujours été assez exubérante.
Quand au sexe…
Et bien elle adorait ça. Et Bellamy ne pouvait nier qu’il adorait ça aussi, c’était juste qu’il n’aimait pas que sa mère s’exhibe devant lui. C’était sa mère quand même !
Est-ce qu’il était entrain de lui trouver des excuses ?
Bellamy ne savait même plus. Il se concentra sur son assiette et elle finit par relâcher son poignet.
- Tu ne m’as pas répondu, John ne vient pas ce week-end ?
Bellamy haussa les épaules. Jamais il n’aurait invité Murphy en présence de ce Charles.
- On se verra lundi, dit-il.
Elle eut un sourire en coin.
- Tu te lasses, dit-elle.
- Non.
Non et non et non, il ne se lassait pas. Il était amoureux de Murphy, fou amoureux même. Sa mère pouvait dire ce qu’elle voulait, il ne se lassait pas, il ne voulait simplement pas que Murphy rencontre Charles, que Murphy soit dans cet appartement et surprenne les bruits de sa mère et de ce type.
- Ce n’est pas grave de se lasser, tu passeras à autre chose, avec un peu de chance tu reviendras aux filles. Une belle et douce jeune fille avec des seins et des trous là où il faut.
- Je suis en train de manger là…
Elle haussa les épaules, puis discuta avec Charles. Ce dernier se mit à raconter le nombre de bières qu’il pouvait s’enfiler devant un match de foot et quand même comprendre le match. Etait-il possible d’être un tel cliché du véritable gros con ?
- Tu pourras m’ouvrir mes bières si tu veux pour voir si je peux améliorer mon record. Chérie.
Bellamy grimaça, cette manière rabaissante qu’il avait de parler à sa mère ne lui plaisait pas. Qu’est ce qu’elle faisait avec ce connard ?
- D’accord, mais il faudra d’abord que tu me prêtes ta carte bleue.
- Bien sûr mon poussin.
Voilà l’explication.

Il mangea ce qu’il avait dans son assiette et prit un yaourt. Quand Charles sortit une clope il lui montra la porte d’un air autoritaire :
- Dehors !
Charles lui jeta un regard plein de mépris et porta quand même la clope à sa bouche. La mère prit la clope :
- Il t’a dit dehors. Fais pas le con va. Allez viens, je vais en fumer une petite avec toi.
Ils sortirent et Bellamy eut l’impression de respirer pour la première fois depuis des heures. Sa mère avait été cool, peut-être qu’elle sentait qu’elle avait un peu abusé la veille et ce matin, peut-être qu’elle pourrait rester cool. Peut-être que si Bellamy faisait des efforts aussi, ils pourraient vivre ensemble au final.
Il aurait vraiment aimé y croire.
Bellamy savait néanmoins qu’il était juste entrain de se bercer d’illusion, parce que cela rendait les événements plus supportables. Voilà tout.

Il fit la vaisselle et alla prendre sa douche, sous laquelle il resta longtemps. Quand il sortit de la salle de bains, il entendit sa mère et Charles parler depuis sa chambre et décida d’aller se mettre dans la chambre d’Octavia avec le casque de musique. Il savait que sa sœur ne lui en voudrait pas de dormir ici. Surtout que Bellamy ne pouvait pas s’enlever de la tête que Charles et sa mère avaient utilisé le canapé, un peu plus tôt.
Il mit la playlist de sa sœur, les trucs les moins hard rock qu’elle écoutait parce que quand ça gueulait trop ce n’était pas son délire à lui. Il décida que Bring me the horizon était plutôt écoutable et laissa les musiques du groupe raisonner à ses oreilles pendant qu’il s’asseyait sur le lit et ouvrait un nouveau livre. Ayant finit le sien.
Un peu plus tard, afin de passer les tensions de la journée il se mit sur le sol – gardant le casque à ses oreilles – et fit quelques pompes et quelques abdos. C’était stupide de sa part puisqu’il venait de prendre sa douche, mais tant pis. Au final, il s’allongea et ferma les yeux.
Il espérait que Murphy allait bien (sans se douter une seule seconde qu’il était à l’hôpital et que le médecin était loin d’être sûr qu’il survive à cette nuit). Que Jasper et Monty allaient biens. Il supposait que c’était possible si Monty n’était pas venu sonner à sa porte pour demander des conseils. Il était déçu que Murphy ne soit pas venu, mais en même temps soulagé qu’il ne l’ait pas fait. C’était sans doute mieux comme ça. Bellamy ferma les yeux et malgré le casque et la musique s’endormit un moment.
Il se réveilla au cours de la nuit, retira le casque et fut soulagé de n’entendre aucun bruit. Charles et sa mère devaient dormir. Tant mieux. Bellamy referma les yeux et se rendormit.

Le lendemain ressembla à la veille, sa mère regarda des émissions de merde, Charles parla de lui, de lui, de lui, tout en enchaînant des propos de merde qui n’aurait pas fait tâche dans une réunion de sales types. Bellamy le détestait et se demandait comment il allait pouvoir le virer de chez lui, parce qu’il ne supporterait pas qu’il reste. Sa mère passe encore, mais pas lui. Il fut soulagé quand on sonna à la porte et qu’en allant ouvrir il se retrouva face à Octavia :
- C’est quoi ce délire, ma clé ne rentre pas dans la serrure.
Bellamy la fit entrer et sa sœur fit une énorme grimace en voyant sa mère et Charles sur le canapé. Elle se tourna vers son frère :
- Putain, va falloir que tu m’expliques là ! Et surtout pourquoi tu ne m’as pas appelé.
Bellamy emmena sa petite sœur dans la chambre de celle-ci, la fit asseoir sur son lit et puis lui raconta tout. Il lui donna aussi le double de la nouvelle serrure.
Octavia comprit pourquoi son frère n’avait jamais répondu à son SMS quand elle vit l’état de son portable.
- Bellamy, faut que tu lui dises de dégager, c’est pas sérieux ça ! Elle peut pas se pointer comme ça, défoncer notre porte, baiser partout dans l’appart’, péter ton portable. Elle n’est pas chez elle.
- On peut pas la laisser sans toit.
- Elle a qu’à aller chez son nouveau mec, elle trouvera toujours un type pour l’entretenir, tu le sais.
- Mais…
- Si tu lui parles pas, moi je vais le faire !
Octavia se leva pour aller parler à sa mère, et Bellamy savait que ce n’était pas la peine de la retenir.
- Attends O…
- Ne m’en empêche pas.
- Non, c’est pas ça, tu peux me prêter ton portable, je voudrais voir si j’ai des messages, et appeler Murphy.
- Bien sûr, dit-elle.
Et elle lui lança son téléphone avant de disparaître dans le salon.

Octavia commença à s’engueuler avec sa mère.
- Bellamy et moi on a parlé et on veut que tu dégages, toi et ton mec, et que tu ne reviennes pas.
- Bien sûr Octavia, tu peux te pousser de la télé, je ne vois rien.
- T’as entendu ce que je te dis ? Casse toi, sors de nos vies, et emmène ce type, ajouta Octavia avec dégoût.
- Octavia, tu n’es pas raisonnable, tu ne peux pas me parler comme ça, je suis ta mère et tu n’as que quinze ans, alors j’ai pas d’ordre à recevoir d’une petite traînée mineure.
- J’ai dix-sept ans et la traînée ici c’est toi.
Charles ricana. Depuis le début il louchait carrément sur Octavia et choisit ce moment pour intervenir :
- C’est ta fille ? Elle est pas mal du tout. Je veux bien tester le lit avec elle.
Octavia lui écrasa les couilles d’un coup de pied bien placé. Celui-ci se retrouva plié en deux.
- Non mais ça va pas la tête petite conne ? Lui dit sa mère en se penchant vers Charles.
Octavia allait dire quelque chose, mais à ce moment là Bellamy sortit de la chambre à toute vitesse, passa devant eux sans les voir. Il était blanc comme un fantôme. Octavia vint vers lui alors qu’il enfilait ses chaussures.
- Bell ?
- C’est John, dit-il seulement comme explication avant d’attraper sa veste et de claquer la porte.
Octavia resta plantée là. Vu le comportement de son frère quelque chose n’allait pas du tout, il semblait vraiment mal. Elle décida d’ignorer Charles et sa mère et alla dans la chambre où elle récupéra son portable. Son frère avait laissé sa puce et elle se permit d’écouter les messages. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre l’état de son frère.
Murphy était à l’hôpital et une pneumonie était entrain de le tuer.
Octavia se laissa tomber sur son lit.
S’il arrivait quelque chose à Murphy, Bellamy ne s’en remettrait jamais, surtout s’il se sentait coupable de ne pas avoir été là quand il fallait. Elle laissa tomber l’idée d’aller parler à sa mère pour le moment, elle n’avait plus la tête à ça.

xxx

Murphy était simplement rester seul pendant tout ce temps, peu importe les excuses, peu importe les explications, au final il s’était senti abandonné de sa famille, de ceux sur qui il comptait, pour qui il pensait compter.
Quand il ouvrit les yeux sur un nouveau matin, quand il les vit entrer dans sa chambre, il ne se sentit pas aussi heureux qu’il aurait dû l’être. Comme si c’était trop tard, comme si quelque chose avait été brisé. Murphy n’avait pas pu compter sur eux au pire moment, il avait été seul, complètement seul.
Bellamy prit sa main, Jasper toucha son bras, ils lui parlaient et Murphy écoutait sans vraiment se sentir là. Quand Bellamy voulu embrasser ses doigts, il les retira. Il était amer, il était absent. Aucun d’eux ne s’était excusé d’être en retard. Murphy finit par fermer les yeux et fit semblant de dormir, ou ne fit pas tout à fait semblant.
Ca n’avait plus d’importance.

A suivre.
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