Fandom: Original
Prompt : Trompe moi, je dirais rien.
LES DEUX L
Résultat des courses assez amer.
Plus de copine, plus de meilleur ami. Il fallait absolument que je trouve une solution à ce cercle infernal ou j'allais devenir complétement dingue.
Je le guettais chaque jour, en vain.
Son absence constante devint si habituelle que je faillis ne pas le voir lorsque Liam passa devant moi dans les couloirs. Sa démarche n'était plus si sautillante, son teint était pâle et son expression sombre, ses cheveux étaient toujours aussi courts.
Je le suivis des yeux sans oser l'arrêter, il disparut au détour d'un couloir sans m’apercevoir, les yeux fixés sur le lointain. Où avait-il passé ses trois semaines de errance ? Le saurai-je jamais ?
Il fallait que je fasse quelque chose, n'importe quoi.
Et ce fut ce que je fis: n'importe quoi.
Liam m'en voulait pour la dernière farce qu'Alice et moi lui avions fait. La meilleure façon de me faire pardonner était d'y passer moi aussi. Le soir même, mon reflet me renvoya mon regard à la fois effrayé et déterminé, je pris une inspiration et me jetai à l'eau.
*
La cafétéria était bondée, Liam était assis à une table assez grande pour deux, le plateau intact devant lui, son bonnet tombait bas sur son front. Il poussait plus qu'il ne mangeait les aliments dans son assiette. Je me glissai sur le siège en face de lui, il mit une longue minute à le remarquer. Liam fronça les sourcils et ouvrit la bouche. Je l'interrompis en levant la main et enlevai délibérément le beanie qui me couvrait la tête. Il écarquilla les yeux, ferma la bouche et secoua la tête. Il croisa les bras et m'examina du regard, un sourire étira ses lèvres:
— Le bleu me manque, je crois, déclara t-il.
Je passai une main sur mon crane rasé et grimaçai. Liam secoua la tête une fois de plus avant de la renverser en arrière pour rire.
— T'es vraiment un abruti, Hell-Boy.
— P-Pardonné ? Demandai-je.
— J'en sais rien... Je suis curieux de voir ce que tu pourrais faire d'autre si je répondais "non".
Il pencha la tête sur le coté, amusé. Je me dandinai nerveusement sur ma chaise:
— L-Liam...
— Ok... Ok ! Je suis pas cruel à ce point, on passe à autre chose. Dis-moi juste que Alice a fait la même chose, supplia t-il.
— C'est m-m-mal la conn-naître...
— Ouais, je m'en doutais un peu à vrai dire.
Il se pencha rapidement sur la table pour me faire un shampooing, et je grognai en me débattant, secrètement heureux d'avoir récupéré mon meilleur-ami. Liam passa un bras autour de mes épaules et nous fit sortir de là, une question me brûlait toujours les lèvres:
— Où e-e-est-ce q-que tu ét-tais ? Tu n-n'es p-pas venu a-au lyc-cée pend-dant un m-moment...
Il détourna les yeux et sourit:
— J'étais chez des potes.
Une vague de soupçons me submergea:
— C-Chez Cha-ase ?
— Ouais voilà, chez Chase.
Il mentait. Pourquoi ? La sonnerie sonna avant que j'ai eut le temps de le lui demander.
— On se voit après les cours, ok ?
Walking Dead et
Game of Thrones m'ont trop manqué, j'ai des épisodes à rattraper !
Liam me donna une tape sur l'épaule suivit d'un clin d'oeil et fila tout aussi vite.
A la fin des cours, je le retrouvai affalé dans ma voiture, à la place du mort, il avait crocheté ma serrure. Il tripota la lecteur CD jusqu'à trouver une musique convenable et battit la mesure avec ses index sur le tableau de bord, un sourire aux lèvres. Bon dieu ce qu'il m'avait manqué.
Nous célébrâmes nos retrouvailles avec une canette de Redbull, je lui racontai ce qu'il avait loupé pendant son absence, son mensonge toujours ancré dans un coin de mon cerveau.
— Quoi ! Elle a fait ça !?
J'acquiesçai et haussai une épaule, faussement désinvolte. Liam n'en revint pas:
— Attends, attends, je résume: Elle sortait avec toi et avec Billy en même temps ?
— Ouais.
— Nan, je crois que le pire dans cette histoire, c'est qu'elle te faisait garder son petit-frère sûrement pour aller te tromper... Bordel, quand je disais que vos vies c'était les Frères Scott, c'était pour déconner mais là... C'est pire !
— Je l'ai j-jamais int-téressé, elle v-voulait just-te p-p-passer dans u-une vid-déo, grommelai-je, amer.
— Dur, mec...
A l'écran, Rick dégomma un zombie avec son revolver, l'air cool même avec dix centimètres de crasse et de sang sur le visage. Liam se redressa brusquement:
— J'ai une idée.
— Oh-oh, geignis-je.
— Nan, c'est génial, c'est parfait, je comprends pas pourquoi j'y ai pas pensé tout de suite ! On va te venger, mon pote !
— Liam, non...
La porte claqua, des bruits de pas – de hauts talons plus précisément – retentirent dans l'entrée. Alice entra, pas impressionné par la présence de Liam sur le canapé du salon, elle repoussa ses longs cheveux bruns en arrière avec élégance:
— Je vois que tout est redevenu comme avant. Bien, sourit-elle.
— Alice, faut que tu m'aides à le convaincre. On ne peut pas laisser Tania s'en tirer à si bon com...
— Liam ! M'exclamai-je.
— Tania ? Comment ça ? Demanda Alice en fronçant les sourcils.
Je soupirai et regardai la paume de ma main, très tenté par un
facepalm. Je n'avais pas dit à Alice ce qui s'était passé avec Tania. Premièrement parce que j'estimais que ça ne la regardait pas et deuxièmement, parce que je n'avais pas envie de l'entendre me dire "je te l'avais bien dit !". Le visage de ma soeur s'illumina, sa bouche s'ouvrit en un "O" surpris:
— Oh mon dieu ! Elle t'a largué !
— L'inv-verse, râlai-je.
— Merci, mon dieu ! S'écria t-elle en levant les mains et les yeux au ciel.
Aie. Deux insensibles, voilà les personnes qui se tenaient à coté de moi. Liam m'envoya un pauvre sourire:
— Désolé, mon vieux.
Bon alors, reprit Alice. C'est quoi cette histoire de la laisser
s'en tirer à si bon compte ?
Le sourire de Liam s'élargit diaboliquement:
— J'ai un plan.
Que je n'allais pas aimer, c'était certain.
*
— L-Les gars, j-je sais p-p-pas..., balbutiai-je.
— Si, si, chuuuut !
Caché dans les buissons devant le lycée, un masque de cheval enfoncé sur la tête.... Non, je n'étais VRAIMENT pas sûr de ce que nous faisions. Sous son masque de taureau, Liam peinait à distribuer le matériel que nous avions acheté avant de venir au lycée.
— M-Mais...
— Ferme-là, Luke ! Chuchota Alice.
— Et p-pourquoi t-tu n'as p-p-pas de masq-que toi d-d'abord !?
— Parce que je veux qu'elle voit la lueur sadique dans mon regard.
Liam poussa un soupir énamouré:
— Si tu continues: je t'épouse.
Alice leva les yeux au ciel et se figea brutalement, je suivis son regard. Tania descendit du bus à cet instant précis.
— Ok, vous la fermez et vous faites comme moi, chuchota ma soeur.
— C'était mon plan, se plaignit Liam.
— Merci pour ta contribution, je prends la suite des opérations.
Elle se tapit dans les fourrés et attendit que Tania se rapproche pour lui bondir dessus, elle lui versa le pichet d'eau qu'elle tenait à la main sur la tête, Liam bondit sur ses pieds avec un cri de guerre plus que douteux:
— BOOOOYAAAAH !!!
Il lui lança la douzaine d’œuf les uns après les autres tandis qu'elle levait les mains devant son visage pour se protéger. Mon cœur battait la chamade, entre anxiété et contentement à l'idée qu'elle allait se prendre le retour de bâton. J'aurai pu hésiter au moment de déverser le contenu du sac que je serrai contre moi mais ce ne fut pas le cas. Je sorti de ma cachette aussi rapidement que mes deux partenaires de crimes et vidai le sachet de farine sur la tête ahurie de Tania.
— Merde ! Je vous ai reconnu bande de cons ! Hurla Tania.
— T'y penseras à deux fois avant de fourrer ta langue dans la bouche de quelqu'un d'autre maintenant !
Alice partit d'un rire carrément dément et partit en courant aussi vite que ses chaussures à talons le lui permirent, poursuivit par un taureau et un cheval aussi pressé de déguerpir qu'elle. Ma sœur ouvrit la portière de ma voiture à toute volée:
— Roule, roule, roule !
Liam se jeta sur le siège comme un joueur de rugby en plein placage. Je mis le contact et démarrai comme si nous avions le diable aux fesses.
— Ok, c-c'est offic-ciel, on est c-complétement f-fou !
— Elle croyait quoi ? Qu'elle pouvait te tromper et que tu dirais rien ? Quelle garce !
— T-Techniq-quement je n-n'ai rien "d-dit".
— Joue pas sur les mots. Elle a eut ce qu'elle méritait, elle ne trompera jamais plus personne !
Liam s'extirpa de son masque de bovin, Alice fit la moue:
— On aurait dû la filmer.
— Non, rétorquai-je.
— Pourquoi ? Se plaignit-elle.
— Parce que c'est exactement ce qu'elle voulait, répondit Liam.
Nous échangeâmes une œillade complice à travers le rétroviseur. Après nous être changé, nous repartîmes au lycée pour suivre nos cours habituels. Ce qui était arrivé à Tania n'était pas passé inaperçu mais nous n’eûmes curieusement aucune convocation dans le bureau du CPE ou du proviseur. Nous n'apprîmes que beaucoup plus tard dans la journée pourquoi nous étions exemptés de punition: notre petite revanche s'était déroulée hors de l'établissement scolaire et Tania n'avait pas reporté ce qui lui était arrivé, elle était directement rentrée chez elle.
— Tu penses qu'elle va nous en vouloir ? Me demanda Liam après les cours.
Je réajustai le téléphone à mon oreille pour mieux entendre sa voix:
— Je ne s-sais p-pas, peu i-importe.
— Tu l'aimais ou... ?
Je haussai une épaule, même s'il ne pouvait pas me voir:
— Un p-peu.
Un silence s'installa, la trahison de Tania me pesait légèrement mais ça allait. Je n'étais pas amoureux au point d'en pleurer des nuits entières et si j'étais honnête avec moi-même... depuis que Alice m'avait mis en garde, j'avais érigé des murs autour de mes sentiments.
— Hey, Luke...
Je clignai des yeux et me concentrai de nouveau sur la conversation. Je sentis qu'il réfléchissait, qu'il s'apprêtait à me dire quelque chose.
— Tu te souviens quand on a parlé de ma mère ?
— Ouais...
— J'y ai pensé... Je vais lui demander si je peux aller vivre chez elle.
La surprise manqua de me faire lâcher mon portable:
— E-Elle v-vit loin d-d'ici ?
— T'inquiète, Hell-Boy, je serais toujours dans le coin, je t'abandonne pas.
Je ricanai nerveusement et me passai une main dans les cheveux:
— S-Si transp-parent, hein ?
— Je te connais bien, tu n'as plus aucun secret pour moi ! Rit-il. Tu penses qu'elle va vouloir ?
— Je n-ne sais p-p-pas... D-Demand-de lui et t-t-tu seras f-fixé, t-t-tu n'as r-rien à p-perdre !
— Non, c'est vr...
La ligne s’interrompit brusquement, je fronçai les sourcils en jetant un coup d'oeil à mon écran de téléphone. Appel terminé, je plissai les lèvres et essayai de le rappeler mais tombai directement sur sa messagerie. Cet abruti devait avoir oublié de recharger son portable. Je soupirai en secouant la tête, exaspéré.
— LUKE ! BOUGE TON CUL, CA COMMENCE !
Never back down... et dire que j'allais passer les deux prochaines heures à regarder deux gars se botter les fesses mutuellement !
A suivre...
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Sujet: Original - pas de spoil - LES DEUX L (12) 
Sam 14 Nov - 17:28
