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Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM

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Swato
Swato
Dieu vis sur une tortilla.
Messages : 1062
Date d'inscription : 08/08/2013

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MessageSujet: Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Icon_minitimeSam 3 Oct - 10:24

Écrit Hors Marathon



LES DEUX L





Le lendemain matin me déçut grandement, j'avais espéré un changement après les événements inhabituel de la veille. Il n'en fut rien.

Alice ne m'attendit pas pour que nous fassions le chemin de la maison à l'arrêt de bus ensemble, comme d'habitude. Je piquai un tupperware de son cru dans le frigo et Bradley me salua d'un "Hey, débile" très original, comme toujours.

Alice rejoignit ses copines devant la grille fermée du lycée, gesticulant et parlant avec animation. Elle paraissait remise de ses émotions d'hier. Mon regard accrocha les groupes qui se formaient à droite à gauche, je tentai de comprendre leurs dynamiques et comment ils cohabitaient. Je n'étais pas désespéré au point de les envier.

— Fais gaffe !

L’éclat de voix et de rire qui suivit attira mon attention. Liam venait d'arriver et déjà il avait failli rentrer dans quelqu'un avec son velo rouillé.

— Désolé, mec !

Je ne pus m'empêcher de le suivre des yeux. Je le voyais souvent le matin, jamais avec la même bande, un vrai nomade. Il parvenait à s'intégrer à n'importe quel groupe comme s'il connaissait les personnes depuis la maternelle. C'était une qualité que j'aurais aimé emprunter parfois, ça devait être pratique.

— Reste pas dans le chemin, qu'est-ce que tu fous !? Les grilles sont ouvertes, bouge ! M'enguirlanda un gars.

Oup's. Je me décalai pour laisser passer le malotru, ce dernier me fusilla du regard. Bonne journée à toi aussi, cher camarade.

A la pause, un pote de Braldey dont je ne connaissais pas le nom – et dont je me fichais royalement – s'installa à coté de moi sur le banc que j'avais investi, une lueur intéressée au fond des yeux. Pas bon.

— Q-Q-Quoi ? Attaquai-je.
— Est-ce que c'est vrai ce qu'on dit à propos de ta soeur ?

Je clignai des yeux sans comprendre.

— Q-q-qu'est-c-ce q-qu'on d-d-di...
— On raconte qu'elle a voulu se faire Bradley hier et qu'il l'a viré de chez lui à moitié à poil, me coupa t-il.
— Hein !?

N'importe quoi. C'était impossible... a moins que ? Etait-ce pour ça qu'Alice pleurait ? Qu'elle veuille coucher avec un garçon, ce n'était pas une surprise mais que cet abruti de Bradley l'ait viré de chez lui dans une tenue indécente – ou sans tenue – , c'était salaud.

— Alors ? Insista l'abruti.

Dans le doute, je secouai la tête.

— J-Je l'ai r-récu-p-péré hie-r. C-Ce q-que t'a-as ent-t-tend-du, c-c'est d-d-des c-conn-eries.
— M'ouais, marmonna le gars, peu convaincu.

Il quitta mon coin de la cour tout aussi rapidement qu'il était venu, ce qui fut un soulagement. J'évitai de trop penser à ce que je venais d'entendre, je ne voulais pas du tout imaginer ma soeur dans cette position, dans aucune position d'ailleurs. Mince, j'y pensais rien qu'en me disant de ne pas y penser, le serpent se mordait la queue. Eurgh.

Je me resolus à faire quelque chose que je ne faisais jamais: envoyer un sms à Alice.

De drôles de rumeurs circulent à ton sujet — 10:38

Son portable devait être greffé à sa main, aussi rapide que l'éclair, elle répondit:

lé abréviation tu coné ? — 10:40 de Celle-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

J'étais terriblement fier du nom de contact que je lui avais trouvé. Et oui, je connaissais les abréviations mais je n'allais pas charcuter la seule voie de communication que je pouvais utiliser correctement.

De drôles de rumeurs circulent à ton sujet, BIS — 10:41
com si jété pa o couran ! ocup twa 2 t fess — 10:42 de Celle-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.


Je me retins d'envoyer "et les tiennes de fesses, Bradley s'en est occupées ou pas ?" parce que c'était vulgaire et que ça laissait penser que j'en avais quelque chose à faire. Ce qui était faux. La sonnerie allait bientôt retentir, je me dirigeai vers la salle de mathématique.

Quelqu'un avait abandonné un journal sur ma table, je l'ouvris distraitement en attendant le début des cours.

— Que se passe t-il dans le monde, Hell-Boy ?

Je ne relevai pas les yeux de l'article que je lisais, c'était un quotidien pour les 6-10 ans. Liam s'assit lourdement sur sa chaise et soupira avant de poser ses pieds sur la table, je citai la première phrase qui me sauta au yeux:

— L-La f-f-fem-melle p-pand-da gé-géant est e-e-en ch-chaleur m-m-moins d-de 3 jo-jours p-p-par an.
— Bon dieu, sa vie sexuelle doit vraiment être décevante. Pauvre madame panda.

Je reposai le journal. La salle commençait à se remplir mais la sonnerie n'avait toujours pas retenti. Liam avait un bandana rouge autour de la tête, dieu seul savait à qui il l'avait chapardé.

— Je ne vais pas faire de comparaison avec ta vie sexuelle, t'inquiète.
— M-Mer-ci, répondis-je, levant les yeux au ciel.
— Je peux te poser une question ?
— C-Ca d-dép-pend, est-c-ce q-q-ue t-tu veu-eux une r-répon-onse ?
— Arrête de répondre à une question par une autre, c'est pas poli.

La reprise des cours carillonna, Monsieur Dufon posa son cartable sur la table, droit comme la justice.

— Monsieur Haze, ôtez vos pieds de la table.

Liam leva les yeux et maintint ceux du prof, le regardant par dessous sa mèche de cheveux. Il souffla pour la dégager de son visage et finit par obtempérer avec une lenteur délibérée. Pauvre Monsieur Dufon. Ce dernier commença son cours, j'attendis qu'il tourne le dos:

— T-Ta q-quest-tion ? Chuchotai-je.

Un froncement de sourcil plus tard, Liam parut se rappeler qu'il avait quelque chose à me demander:

— Est-ce que je peux squatter chez toi cet aprem et cette nuit ?

Question qui me laissa perplexe.

— P-P-Pourq-quoi ?

Monsieur Dufon nous adressa une œillade noire et leva un sourcil, posture autoritaire numéro 1, la "je vais bientôt m'énerver". Je fis semblant de me concentrer sur ma feuille, Liam ne se donna pas cette peine:

— J'ai nulle par où aller, je me suis frité avec mon père hier.

C'en fut trop pour Monsieur Dufon:

— Monsieur Haze, est-ce que vous pouvez répéter ce que je viens de dire ?
— Bien sûr: La femelle panda géant est en chaleur moins de 3 jours par an !

Je fermai les paupières, me mordis la lèvre et secouai la tête simultanément. Ce gars était irrécupérable. Le classe s'agita, Monsieur Dufon perdit patience, il voulut parler, Liam le prit de court:

— Ah non, pardon. C'était autre chose, ça.

Monsieur Dufon changea de couleur et devint vert de rage.

— Sortez de ma classe. Tout de suite.

Liam resta à sa place, sans bouger. La tension commença à monter, le malaise fit taire tout le monde.

— Dehors, Haze, siffla Monsieur Dufon.

Si j'avais pu, j'aurais mis un coup de coude à Liam mais j'étais incapable de bouger, tétanisé par l'expression dure peinte sur le visage du prof de math. Heureusement, Liam obtempéra, il fourra toutes ses affaires pêle-mêle dans son sac et se leva pour quitter la salle. Juste avant de partir, il se tourna vers Monsieur Dufon:

— Au fait, vous veniez de dire que f est une fonction continue sur un intervalle I.

Monsieur Dufon en resta coï. Liam leva un sourcil dans ma direction et attendit. Pendant un instant, je crus qu'il voulait que je le suive, puis je me souvins de notre conversation et me dépêchai de réfléchir. Je finis par hocher la tête, oui, d'accord, ok, pourquoi pas. Liam se tourna vers Monsieur Dufon, fit claquer ses pieds sur le sol et après un salut militaire, referma la porte.

Le prof reprit son cours sans entrain, nous l'écoutions avec le même enthousiasme, l'esprit clairement ailleurs.

Je croyais avoir assisté au plus grand coup d'éclat de la matinée, je m'étais trompé.
A la fin du cours, alors que je rangeai mes affaires, il y eut soudainement un mouvement de foule au dehors. Quelques cris s'élevèrent dans le couloir et je sortis de la classe pour voir ce qui se passait, curieux. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant Alice se rouler au sol avec l'une de ses meilleures amies.

— Allez Alice ! Hurlaient certains
— Hailey ! Braillaient d'autres.

Elles se crêpaient le chignon, s'arrachaient les cheveux, se griffaient, je crus même voir Alice administrer une puissante gifle à Hailey. La scène était tellement incongrue que je mis un moment à réagir, j'eus la pensée de m'interposer, un prof me devança.

— Eh vous deux ! Ça suffit !

Il les prit chacune par un bras, comme une chatte prendrait deux chatons récalcitrants par la nuque et les sépara par la force lorsqu'elles ne firent pas mine de s'arrêter. La joue de Hailey était rouge et on pouvait presque distinguer la forme des doigts sur sa peau, la lèvre inférieure d'Alice paraissait fendue, elle saignait.

— Vous êtes pas bien ou quoi ?! S'exclama le prof en les emmenant toutes les deux, sûrement dans le bureau du proviseur, ou peut être à l'infirmerie.

Ils disparurent au détour du couloir, les autres se dispersèrent en chuchotant. Je levai les yeux au ciel pour l'interroger silencieusement.

Mais pourquoi le monde tournait-il à l'envers tout-à-coup ?


*


C'était peut-être pas sympas, mais je rentrai sans attendre Alice. Elle ne l'avait jamais fait pour moi les rares fois où j'avais des ennuis, je pris un malin plaisir à lui retourner le compliment. Le retour fut plus éprouvant que ce que j'avais imaginé, l'empoignade de Alice et Hailey avait fait le tour du bus et les questions gênantes n'en finissaient plus, je ne pus respirer qu'en m'extirpant de cet enfer un arrêt avant le mien.

Liam était devant ma porte, perché sur son velo pourri, un sourire aux lèvres et un sac à dos à fleur rose sur l'épaule.

— Ca va ?
— Et t-t-oi ?
— Je péte le feu ! Mais toi... tu sembles en avoir gros sur la patate... raconte à tonton Liam.

Je levai un sourcil en grommelant, je lui racontai qu'Alice envisageait de commencer une carrière de boxeuse/catcheuse professionnelle tout en le faisant entrer.

— Pourquoi elles se sont sautées à la gorge de cette façon à ton avis ?
— J-J-Je sais p-pas...
— Est-ce que ça a un rapport avec les rumeurs ?
— P-Peut-êt-tre... H-Hailey a p-p-peut-êt-tre ent-tendu p-parler de c-c-cette ru-rumeur, p-peut-êt-tre q-q-q-qu'elle ét-tait am-moureuse d-de Bra-adley...

Liam hocha la tête en me suivant à la cuisine en plissant les yeux, comme s'il trouvait le sujet passionnant.

— Peut-être qu'elle n'a pas apprécié que ta soeur fasse des avances à Bradley d'où la baston ! Je savais pas que ta vie ressemblait à une série télé, c'est encore plus cool que les frères Scott.

Je préparai des sandwich en vitesse, il en profita pour s'asseoir sur le comptoir, ses jambes se balancèrent sous lui.

— Ta soeur est bizarre quand même...
— M-M'en p-p-parle p-pas...
— Non, mais sérieusement, elle est trop bizarre. Elle voit le premier connard qui passe et elle veut se le faire ?

Je grimaçai en réponse et lui fourrai un paquet de chips dans les mains pour le faire taire. Stratégie qui porta ses fruits. Le silence entre nous ne fut entrecoupé que par le bruit de mastication, les yeux de Liam louchaient sur tout ce qui avait de la valeur dans la maison et je pouvais presque voir des $ dans ses pupilles, comme dans les dessins animés.

— Tes parents doivent faire des jobs de dingue pour avoir tout ce matos. Je tuerais pour avoir cette télé dans ma chambre !
— C-C'est p-p-parce q-que t'as p-pas vu ce-celle dans l-le salo-on...

Liam fronça les sourcils, reposa son sandwich et quitta la table pour explorer. Je ne me donnai pas cette peine et continuai mon repas.

— Meeeeeerde ! S'exclama t-il du salon, admiratif. Dis-moi que t'as Netflix ? Ajouta t-il d'un ton suppliant.
— Yep.
— Je t'aime, mec.
— J'ai p-pas dit q-q-qu'on alla-ait reg-garder la t-t-t-télé.
— T'inquiète, je te demande pas l'autorisation.

Je me décidai à rapporter la malbouffe sur la table basse du salon puisqu'il ne semblait pas décidé à revenir à la cuisine. Liam était hypnotisé par l'écran d’accueil et par les couvertures de films.

— C'est Noël avant l'heure. Il se peut que je vienne camper dans ton salon, est-ce que tes parents sont contre les squatteurs ?
— M-Mon père n-n-n'est jam-mais là, i-il trav-v-vaille.
— Ah, cool, répondit-il distraitement, absorbé par le menu de Netflix. Et ta mère ?

Pincement au coeur. Je baissai la tête brièvement avant de me laisser tomber dans le canapé.

— Elle e-est m-m-morte.

Liam me jeta un bref coup d'oeil, il ferma les rideaux et me jeta la télécommande sur le ventre avant de me rejoindre.

— Désolé. Mais ça va pas m'empêcher de t'obliger à regarder The Walking Dead et Game Of Thrones, dit-il avec un clin d'oeil.
— J-J'aurais ess-ssayé, répondis-je avec un sourire, soulagé que le sujet n’appesantisse pas l'ambiance. T-Tu me d-d-demand-des p-p-pas si c-c'est à c-cause d-d-de ça que j-je bég-gaie ?
— C'est à cause de ça ?
— N-Non. Mais c-c'est ce q-que la p-plupart d-d-des gens déd-duisent.
— Je suis pas la plupart des gens, il faut croire, sourit-il. Tu veux mes déductions ?

Je hochai prudemment la tête, avec lui, on n'était jamais assez prudent. Liam croqua bruyamment dans son sandwich et parla la bouche pleine:

— T'es un incompris mais finalement t'aime assez être le mouton noir du troupeau. Parce que ça veut dire que t'es pas comme les autres. Et tu bégaies beaucoup moins quand t'es chez toi, continua t-il en ignorant mon air indigné.
— Li...
— Chuuuuuut !

Il lança le premier épisode de The Walking Dead.

— Mais...
— Chuuut ! J'ai gagné cette joute verbale, ne cherche pas à argumenter ce qui n'est pas argumentable.

Je secouai la tête en levant les yeux au ciel et lui arrachai le paquet de chips des mains en guise de vengeance.

Le quatrième épisode de la serie venait de démarrer quand la porte d'entrée s'ouvrit sur Alice. Elle balança son sac à travers la pièce en fulminant avant de se rendre compte que nous étions là. Elle se figea, nous jeta un regard noir.

— Il est encore là, ce débile ?
— Oh, voilà la mante religieuse. Est-ce que ton dernier petit copain était à ton goût ? Si tu en as fini avec lui, je me propose pour être le prochain ! Dit-il en levant haut la main.

Alice déboula comme une furie, saisit un coussin et le frappa violemment avec. Plusieurs fois.

— Hey ! s'insurgea Liam.

Un grondement rageur échappa à Alice, elle lui asséna un dernier coup de coussin et disparut dans un tourbillonnement de robe. Liam émergea de sous l'oreiller, mort de rire.

— Je crois que je suis amoureux. Merci de m'avoir aidé au fait, mon pote !
— D-De rien.
— Elle a l'air énervé en tout cas. Je dois être mazo de la trouver encore plus sexy quand elle est furieuse, hein ?
— S-Si on ocult-te le f-fait que c-c'est ma s-soeur... ouais, c-carrément.
— Elle va gueuler si je l'invite à regarder Game Of Thrones avec nous ?
— Sûrem-m-ent. Et m-m-moi aussi d-d'ailleurs.

Liam me lança un sourire amusé.

— Arrête, je t'ai percé à jour. Tu dis que tu la détestes mais c'est loin d'être le cas, on peut pas détester une personne quand on est inquiet pour elle. Bref... Je vais aller la chercher. Si je reviens pas, lance un avis de recherche pour disparition inquiétante, ok ?

Il me balança le coussin et bondit par dessus le dossier du canapé sans me laisser le temps de répondre. Il n'avait pas totalement tort. J'aurais aimé détester Alice. Le problème, c'est que j'ignorais ce que j'avais bien pu faire pour lui inspirer tant d'hostilité. Il m'aurait été plus facile de lui renvoyer la colère qu'elle me balançait à la figure si j'en avais compris les raisons.

Alice ne daigna nous rejoindre qu'à la promesse que nous ne tenterions pas de lui adresser la parole. Drole de demande, surtout en considérant le fait que même si Liam avait hoché la tête, il ne comptait pas tenir sa langue. Il ne tint même pas cinq minutes d'épisode.

— Est-ce qu'on a le droit d'aborder le sujet de ta lèvre de boxeuse entre nous ou même ça c'est interdit ?

Je reniflai avec amusement, Alice fit mine de se munir du coussin posé sagement à ses cotés, Liam me mit entre eux deux pour s'en protéger. Son mouvement brusque me poussa contre ma soeur et je grimaçai presque en même temps qu'elle.

— Ca me dépasse, soupira Liam.
— Quoi ? Grogna Alice.
— Vous êtes frères et soeurs et vous faites comme si vous pouviez pas vous sentir, c'est ça qui me dépasse !
— L-Lâche l-l-l'affaire, intervins-je.
— Nan mais sérieux... Je comprends que certaines relations soient compliqués, que certaines choses ne soient pas pardonnables, mais la vie est trop courte pour ce genre de conneries.

A l'écran, un type se fit décapiter comme pour appuyer ses propos. Soit Liam avait déjà vu cet épisode, soit il avait le sens du timing. Alice prit le coussin contre elle, une moue renfrognée plissant sa bouche de façon boudeuse, un trait rouge barrait sa lèvre gonflée.

— Ou alors, reprit Liam. Vous devriez faire quelque chose de productif avec tout ça. Genre... je sais pas, faire une compétition, qui aura la meilleure note que l'autre, qui aura les meilleurs trophées de majorette.

Je levai les yeux au ciel. Liam m’ébouriffa les cheveux avec un rire:

— Je te vois bien en jupette à volant. Bref, je suis sérieux. Là, votre soit disant "haine", elle mène nulle part, c'est pas du tout productif.
— Tu peux pas la fermer ? Se plaignit Alice.

Elle tenta de s'étouffer avec son oreiller en grommelant qu'elle essayait de regarder l'épisode. J'aurais aimé qu'il se taise également, le rouge commençait à me monter aux joues, j'étais gêné. Liam soupira:

— Si seulement les opticiens avaient le pouvoir de rendre la vision du monde plus claire... Je vous y amènerais tout de suite et tout prendrait son sens.

Sa pensée me renvoya à la vision que Liam portait sur le monde. Il semblait le voir comme un terrain de jeu, une ronde exaltante et sans fin là où je ne voyais qu'une lutte semée d'embûches. Il avait raison: les opticiens devraient avoir ce pouvoir, la vie serait beaucoup plus simple.



.



Liam n'aborda plus les sujets taboo de toute l'après-midi. Alice s'éclipsa au troisième épisode, décrétant que la série était ennuyeuse et qu'il n'y avait que deux idiots comme nous pour la trouver intéressante. Le soir, je laissais le choix à Liam, il pouvait dormir sur le canapé ou je pouvais sortir le deuxième matelas de mon lit gigogne pour lui.

— Lit gigogne, répéta t-il. Ça a l'air terriblement bizarre, allons-y.

Il me regarda déplier le tiroir sous mon sommier, dévoilant le deuxième matelas qui s'y cachait, il siffla puis croisa les bras en décrétant que ce n'était pas très impressionnant finalement. Liam épia mes affaires en les frôlant du bout des doigts, il finit par se saisir de la guitare folk qui prenait la poussière dans un coin et s'installa à ma chaise de bureau.

— Tu en joues ?
— Non.
— Alors qu'est-ce que tu fiches avec une guitare ?
— M-Mon p-père me l'a acheté.
— Il vous aime beaucoup, pas vrai ? Demanda t-il avec une voix douce.

Je haussai une épaule. Liam gratta quelques accords, il semblait s'y connaître.

— Il ac-chète tout ç-ça pour n-nous f-f-faire oub-blier qu'il n-n'est pas s-souvent l-l-là, avouai-je.

Liam renifla avec amusement mais ses lèvres étaient courbées vers le bas, sans joie. Il reposa la guitare, se laissa tomber sur son lit. J'appuyai mon dos contre le mur, croisai les jambes sous moi, assis sur le mien.

— P-Pourqu-oi tu t-t-traines a-avec moi s-s-soudaine-ment ? Osai-je demander.
— Hm ?
— On s-se parle en m-math, je te c-c-considérais c-comme un vois-s-sin de t-t-table, un a-ami ponc-ctuel. M-M-Mais tu n-n'as jam-mais traîn-né avec m-moi en dehors d-d-des math. Pourq-quoi m-maintenant ?
— Peut-être que je me suis rendu compte que je manquai une opportunité de me faire un bon ami.
— C-C'est le c-cas ?
— J'en sais rien. Je me pose pas ce genre de question, si j'ai envie d'un truc, je fonce et puis c'est tout.
— C'est é-é-goiste, Li-Liam, le rabrouai-je.
— Parfois, c'est le seul moyen d'obtenir ce qu'on souhaite. Faire preuve d’égoïsme, précisa t-il.

Usé, encore une fois, je me sentis comme un objet, remplaçable, facilement jeté.

— A-l-lors dès que t-tu en a-auras p-p-plus envie, t-tu vas t-tout simp-plement m-m-m'ignorer ?
— Arrête de faire la tronche ! Je t'aime bien, et j'aime bien ta soeur aussi. Vous m'intriguez et j'ai envie de mieux vous connaître. Si on s'entend bien, on deviendra ami, si ça ne marche pas... on ira chacun de son coté. Tout le monde fait ça, sans se poser autant de questions que toi.
— J-J'y p-peux rien, grommelai-je.
— Je sais, t'es un philosophe dans l'âme. Mais Luke, vraiment: arrête. Tu penses tellement que t'oublies de vivre à coté, rit-il.

Ce soir là, j'eus du mal à m'endormir, la respiration de Liam me tint compagnie, calme, lente. Impossible de savoir s'il dormait, je ne voulais pas risquer de le réveiller, de toute façon, je n'avais pas envie de parler. Sa présence silencieuse avait quelque chose de réconfortant.

Le lendemain au petit déjeuné, l'atmosphère était encore plus bizarre que la veille. Alice était partie depuis longtemps pour l'arrêt de bus. Liam mélangea les trois paquets de céréales que je plaçai devant lui dans son bol jusqu'à obtenir une mixture de saveur si différentes que ça ne pouvait être que dégoûtant.

— T'as bien dormi ? J'ai super bien dormi, il me faut un lit gigogne, grogna t-il avec un soupir envieux.
— N-Non, pas b-b-bien dorm-mi, ralai-je. T-Ton port-table n'a p-p-pas arrêt-té de v-vibrer !

Liam s’interrompit une seconde, la cuillère pendit de sa bouche, prête à tomber jusqu'à ce qu'il la rattrape.

— C'est ça d'être populaire, mon pote !

Je glissai un tupperware dans mon sac en ignorant le post-it "NE PAS TOUCHER SOUS PEINE DE REPRÉSAILLES".

— On y va ? S'impatienta Liam.
— Oui.
— On prend ta caisse ?
— Non. On p-prend t-t-ton ve-elo, ironisai-je.

Liam pencha la tête sur le coté en m'examinant et décréta que ce n'était pas une si mauvaise idée. Je regrettai tout de suite ma plaisanterie lorsqu'on se retrouva à deux sur son vélo instable, lui assis sur la selle, et moi debout sur les pegs accrochés aux roues arrière, à la limite de chuter à chaque tournant. Mais quand même... je m'étais jamais autant marré de toute ma vie.

En retard, Liam partit de son coté du batiment en courant, je fis la même chose. Je pensais ne pas le revoir de la journée mais il me retrouva à la cafétéria alors que j'étais entrain de mordre dans le sandwich d'origine inconnu qu'Alice avait préparé.

— Salut, mon pote ! Alors, comment ça va ?

J'allais lui répondre quand ma bouche se mit à brûler comme si j'avais croqué une poignée de poivre. Je recrachai immédiatement en grognant sous le regard hébété de Liam et des autres.

— De l-l'eau ! M'exclamai-je.

Liam m'observa sans comprendre et je fouillai dans mon sac en essayant de faire réduire la chaleur qui me montait au nez et me faisait monter les larmes aux yeux. Remuer ne servait à rien mais je ne pus m'empêcher de piétiner comme un dingue.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je mis enfin la main sur ma bouteille d'eau. Pratiquement vide. Un gémissement de désespoir plus loin, je vidai le reste d'un trait. Liam tira le tupperware de son coté pour examiner son contenu et éclata de rire:

— Oh mec ! Est-ce que c'est du wazabi ?
— Chauuuuuuuuud !!! Geignis-je.
— Oh mon pote ! C'est tellement puissant, rit-il de plus belle.

A un mètre de là, Alice arriva au self, Liam se redressa sur le banc:

— Alice ! La prochaine fois: préviens-moi ! Que j'ai le temps de filmer !

Alice sourit en nous apercevant et en me voyant prendre la bouteille que Liam me tendait, elle nous rejoignit, fière d'elle:

— Tu aimes mon sandwich ?
— C-Combien t-tu en a-as m-m-mis ded-dans !? Ralai-je.
— Des. Tonnes, sourit-elle.
— C-C'est q-q-quoi t-ton prob-b-blème !?

Alice jeta un coup d'oeil à Liam et s'appuya contre son épaule avec satisfaction.

— C'était MON sandwich ! La prochaine fois que tu verras un post-it sur un plat, tu y prêteras peut-être plus attention à partir de maintenant.

Alice s'amusa à me narguer, sa façon de jubiler attira l'attention d'un groupe de personne qui se passèrent le fin mot de l'histoire tandis que je vidai les bouteilles d'eau qui avaient le malheur de se trouver sur mon chemin. Liam riait encore quand elle partit manger avec ses amis.

— Bordel..., soupira t-il, hilare. Ta sœur est la meilleure. Je suppose que c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ce que je disais hier !
— Quoi ? Éructai-je.

Liam me donna une tape sur l'épaule qui manqua de me renverser par terre.

— Sur le fait de rendre toute cette haine productive !
— E-Elle va l-le reg-gretter !
— Avant que tu planifies quoi que ce soit: n'oublies pas de me le dire que j'en garde une trace numérique ! Ça va sinon ?

Je toussai et grimaçai:

— J-J'ai la g-gorge en f-f-feu, marmonnai-je.

Liam partit dans un nouveau fou de rire.


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MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Icon_minitimeSam 3 Oct - 23:24

Liam, salaud, tu pourrais compatir, le wasabi ça arrache xD J'ai hâte de voir comment leur relation va évoluer <3
Maeve
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MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Icon_minitimeDim 4 Oct - 23:03

Coucou.^^

...Wow. La façon de voir les choses de Liam... Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il a dû vivre pas mal de malheurs, pour arriver à une telle philosophie.

...Ou peut-être qu'un malheur se prépare? (il n'est pas atteint d'une maladie incurable, hein? T.T)

En tout cas, la dynamique entre tes trois personnages est passionnante. C'est toujours aussi bien écrit et riche, et je me régale à lire! Very Happy

Merci de partagée!!^^

Suite plus tard, aha. :'D


Maeve
Maliae
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Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Original - pas de spoil - LES DEUX L (6) HM Icon_minitimeLun 5 Oct - 13:46

BOHALALALLAAL j'adore tellement Luke, le pauvre quoi :'D il est tombé dans un piège c'est clair. Mais bon ça va lui changer la vie.
Le wasabi ça fait bobo, elle est maligne Alice, j'aurais fais pareil ahahaha !
Liam est choupi =)

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