Fandom: Original
Prompt : Il a beaucoup plu
LES DEUX L
Liam débarqua chez moi lors de notre deuxième jour d'exclusion, il était deux heures de l'après-midi. Un sac à dos pendu à son épaule, un sweat à capuche dégoulinant d'eau sur le dos.
— T-T'es t-trempé !
— Je sais pas si t'as remarqué, mais il a beaucoup plu, Watson.
— J-Je suis p-pas Sherl-lock ? Souriai-je.
— Non, tes facultés de déductions s'émoussent !
Il posa son sac dans un coin de la cuisine et se débarrassa de son sweat en fronçant le nez.
— Je peux crécher chez toi, ce soir ?
Ce ne fut qu'à cet instant que je remarquai les bleus sur son visage:
— Liam ! T-ta t-tête !
— Ben quoi, tu t'es vu avec tes yeux de boxeur ? On dirait un panda ! J'ai pris des coups aussi je te signale !
Sa tempe était bleue, sa pommette violette, quant à sa lèvre... elle était enflée.
— C-Ca va ?
— Mais ouais, t'inquiète ! Allez, va me chercher une serviette avant que je fasse une piscine dans ta cuisine.
Après s'être séché, il s'affala sur le canapé et ôta ses chaussures avant de tirer son portable de sa poche:
— Tu sais que notre dernière vidéo a fait 5 469 582 vues ? On commence à gagner beaucoup d'argent... On devrait piéger Tania.
Cette idée me fit froncer les sourcils. Je me laissai tomber à coté de lui et allumai la télé sans répondre. Liam me donna un coup de coude qui me fit siffler de douleur, un bleu s'y trouvait:
— Eh, la terre appelle Luke ! J'ai dit: on devrait piéger Tania
Je haussai une épaule:
— P-Pourquoi ?
— Parce que c'est ta copine, qu'elle squatte tous les soirs chez toi et... bah je sais pas, t'as pas envie de lui faire des saloperies ? Enfin, des saloperies softs, pour le grands publics, pas des saloperies interdites au moins de 18 ans.
Liam s'impatienta quand je répondis rien:
— Luuuuuke !? Alors, on la piège ou pas ?
— N-Non ! Râlai-je.
— Pourquoi ?
— P-Parce que j-j'ai pas en-envie !
— T'es trop bizarre, mec, soupira t-il. Je vais me venger sur ton frigo, j'espère que t'as racheté cette tuerie au cookie ou je t'assassine avec le câble de la télévision.
Heureusement, nous avions encore de la glace au cookie. Je lançai un épisode de
Walking Dead pour être sûr qu'il ne m'embête plus avec cette histoire de farce. Alice rentra à la maison, l'air aussi aimable qu'une porte de prison, Tania sur ses talons.
— Salut, vous deux ! Sourit cette dernière.
— Ouais, c'est ça, salut, grommela Alice.
Tania se pencha sur moi, je l'embrassai et la serrai dans mes bras lorsqu'elle se lova contre moi sur le canapé. Alice s'assura de mettre Liam entre nous, son expression était figée, comme si elle avait mordu dans un citron. Tania passa une main dans mes cheveux:
— Je t'ai manqué ? Demanda t-elle, espiègle.
— Bien sûr...
Alice vola la crème glacée, Liam poussa un gémissement aiguë, le coeur brisé. Il se tut quand elle lui fourra une cuillerée énorme de glace dans la bouche.
— J'ai trouvé la femme idéale..., soupira t-il.
— Ah ouais ?
— Ouais... le problème c'est qu'elle cherche l'homme idéal ! Geignit-il.
— Ça fait longtemps qu'on n'a pas vloguer...
Vloguer... un mot toujours aussi inconnu à mon vocabulaire. Selon Alice, vloguer, c'était nous filmer entrain de dire des conneries, de faire des courses ou encore de manger. Tania se redressa et me regarda avec un sourire. Je repoussai une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec affection.
— Vloguons ! S'exclama Liam.
— Je sais déjà ce qu'on va faire. Je vais te mettre du vernis et te maquiller, déclara Alice avec un rictus diabolique.
— Ne vloguons pas !
J'étouffai un rire dans un coussin, Tania me pinça:
— Te marre pas, si elle le fait à Liam, je te le fais !
— Oh que non, la pro du maquillage, c'est moi.
Tania haussa une épaule avec bonne humeur:
— Honneur au petite soeur, je suppose.
— C'est lui, le petit frère, en fait, rétorqua Alice.
— D-De quinze m-minutes, soufflai-je en levant les yeux au ciel.
— Et alors ? C'est toujours moi l'ainée.
Alice coupa court à la discussion en partant chercher ses instruments de torture. Elle installa la caméra de Liam sur le tripod et la mit en marche.
— Salut tout le monde ! S'exclama t-elle en direction de la caméra. Aujourd'hui, je vais me servir de Liam comme d'une tête à coiffer, il a accepté de jouer le jeu.
— Accepté..., ricana nerveusement Liam.
— C'est parti !
Liam m'adressa un regard désespéré.
— Sauve-moi, mec, me supplia t-il.
— D-Debrouille-t-toi avec t-ta "f-femme idé-éale" !
— Traître.
Tania enroula ses bras autour de ma taille et posa sa tête sur mon épaule pour regarder Alice travailler. Aucune idée de ce qu'elle faisait mais la tête de Liam, elle seule, était divertissante.
— Arrête de froncer les sourcils, c'est déjà assez dur de cacher tous ces bleus, grommela Alice.
— J'ai pas envie de les cacher, ça me rend badass !
— Ca te rend stupide, c'est tout.
— Ouais, normal que tu comprennes rien au délire des blessures de guerre, Miss Perfection.
— La ferme, râla t-elle.
— Luke ? Un peu de soutien serait le bienvenue...
Je levai les yeux au plafond, un sourire aux lèvres, l'air innocent. A la télé, un zombie bouffa le bras d'un héros.
— Enfoiré, soupira Liam.
Après le maquillage, Alice tint sa promesse et mit du vernis rose sur les ongles de Liam, à ses pieds aussi.
— Ça pue, se plaignit-il.
— C'est joli, rétorqua Alice.
— Je te défie de le laisser pendant une semaine, intervint Tania en riant.
Ce genre de défi, venant d'un gars qui se baladait dans les couloirs avec des lunettes rose en forme de coeur... à coté de ça, c'était du petit lait. Liam accepta malgré tout, un grand sourire aux lèvres. Il trouva un album photo de famille et insista pour que nous les regardions ensemble, Tania se montra aussi enthousiaste que lui.
A deux, ils tournèrent les pages, sans qu'Alice ou moi ne commentions. Il y avait des photos de nous à la plage, tout gosse, avec des cousins éloignés et depuis longtemps perdu de vue. D'autres de nos anniversaires, Noel, pâques...
C'était gênant, mais je ne fis rien pour les en empêcher, ma soeur non plus.
— Je dois rentrer..., soupira Tania.
— J-Je te r-raccomp-pagne.
— Non, j'y vais, s'interposa Alice.
— Alice... soupirai-je.
Tania posa une main sur mon épaule et me lança un sourire rassurant:
— C'est bon, ta soeur va me ramener. A demain ?
— A d-demain, acquiesçai-je en l'embrassant.
Je lançai les clefs à Alice et lui adressai un regard insistant, un "sois gentille" silencieux. Elle souffla et m'ignora, poussant presque Tania dehors. Liam grimaça:
— Elle ne l'aime pas du tout.
— J-Je comp-prends pas p-pourquoi, e-elle est symp-pa.
— J'en sais rien, des fois le feeling passe pas.
Un silence tomba entre nous, calme, confortable. Le genre de silence agréable qui s'installe et qu'on ne se sent pas obligé de combler.
— T-Ton père t-t'as engueul-lé ?
Un tic nerveux agita sa joue, il soupira:
— Ouais...
— Et t-ta mère ?
— Ma mère ne vit plus avec nous, ils ont divorcés, ça fait... trois ou quatre ans maintenant.
— Oh...
— Ouais, t'inquiète, ça va. C'était pas un truc horrible, ou je sais pas quoi. Enfin... Mon père le vit mal, ma mère est plus cool, elle s'est remarié, elle a eut une petite fille.
— T-Tu les v-vois ?
— Hein ? Non ! T'imagines le bordel ?!
Liam rit et secoua la tête:
— Même pour la petite, comment tu veux lui expliquer tout ça ? J'ai pas envie de les perturber... Ils sont bien ensemble, ça me rend pas triste alors ça me va comme ça.
— Et avec t-ton p-père ? C-Ca va ?
Un sourire étira ses lèvres, ses yeux marrons se plissèrent tandis qu'il me fixait. Il m'ébouriffa les cheveux:
— Sérieux, mec ! T'inquiète pas pour moi ! Et arrête avec tes yeux de chiots battus, garde ça pour ta copine !
Il coinça ma tête sous son bras et me fit un shampoing, je me débattis en hurlant à la mort. Ce fut ainsi qu'Alice nous retrouva, elle jeta les clefs sur la table basse et leva les bras au ciel.
— Je l'aime pas cette meuf !
— Oh oh... Houston, on a un problème, chuchota Liam en me lâchant.
Je me redressai, Liam se mordit les lèvres, toujours manucuré et maquillé:
— Bon, je vous laisse, je vais faire mes montages et vous laisser laver votre linge sale en famille... tchao !
Il monta les escaliers quatre à quatre, Alice en profita pour se poster devant moi, les bras croisés. Je levai les sourcils:
— Q-Quoi ?
— Je ne l'aime pas ! Elle est bizarre et je crois qu'elle se sert de toi...
— Alice, soupirai-je.
— Pas ce ton avec moi, grogna t-elle.
J'éteignis la télé et croisai les bras sur mon torse:
— E-Est-ce que t-t-tu m'as v-vu émet-ttre des jugem-ments sur l-les mecs q-que t-t-tu ram-menais à la m-m-maison ?
— C'est...
— Non ! P-Parce que c-comme tu m-m-me l'as d-déjà fait rem-marquer: ça ne m-me regarde p-pas ! La coupai-je.
— C'est différent ! Moi ce n'est que sexuel, y a pas de sentiments qui entrent en ligne de compte !
Je me levai et secouai la tête. Cette conversation était stupide et je ne voulais pas entendre ce qu'elle pensait de Tania. Alice persista tout de même:
— Écoute, je sais ce que ça fait: tu tombes amoureux, tu veux être avec la personne et tant pis pour les conséquences mais ça ne marche pas comme ça !
— Je v-vais pas la m-mettre enceinte, j-je suis p-pas con.
— Je te parle pas de ça, je te dis qu'elle joue avec toi. Elle est pas réglo, je le sens.
Alice souffla et se laissa tomber sur le canapé. Frustré, en colère, mal à l'aise... Tout ce que j'étais en ce moment. Je n'avais aucune envie de poursuivre sur ce sujet mais je sentais qu'elle allait me dire quelque chose. Ses épaules tendues et la tenue de son corps me criaient: "écoute-moi, j'ai quelque chose à te dire, s'il te plait écoute !". Elle croisa mon regard:
— Tu te souviens quand Liam et toi m'avez trouvé près de chez Bradley ?
Ma lèvre se retroussa instinctivement en un rictus haineux.
— Et c-comment...
— On se parlait depuis longtemps, par sms. Ce jour-là, il m'a invité chez lui et je lui ai dis que j'avais un faible pour lui.
Je me tus tout en pensant "Bon dieu de merde".
— Il m'a dit que lui aussi mais je voyais bien que c'était pas vrai, il a essayé direct de... enfin, tu vois, marmonna t-elle avec mauvaise humeur pour cacher le fait qu'elle rougissait.
— Merde...
— Ouais... Quand je lui ai dis non, il m'a traité de salope et il m'a viré de chez lui.
Si j'avais su, je me serais pas arrêté de le frapper.
— Voila, conclut-elle. J'aurais aimé que quelqu'un me dise plus tôt que ce type est un connard fini. Et si je te dis que cette fille est une connasse, c'est parce que je le pense !
Son point de vue devenait plus clair. Je hochai la tête:
— Ok. Je g-garde ça en t-t-ête. Mais c'est p-pas parce q-q-que ça t-t'es ar-rrivé que ça v-va m'arriv-ver à moi.
— Non, c'est sur... Mais fais gaffe.
— Ok, répétai-je.
Alice opina du chef. Elle soupira encore et se recoiffa avant de se lever. Je fermai les yeux en me repassant notre conversation en mémoire:
— Q-Quand tu d-dis "ce n'est q-que sexue-el"... au p-présent, précisai-je.
— Je couche toujours à droite à gauche, confirma Alice.
Je grognai en me pinçant l'arrête du nez. Elle haussa un sourcil, un sourire amusé au coin des lèvres:
— Je sais être discrète quand je veux. Au fait: j'ai eut une idée la dernière fois, c'est le bon jour pour la mettre à exécution.
Ce soir là, nous attendîmes que Liam soit profondément endormi et je tins la caméra sans me douter de ce qu'Alice avait prévu... du moins avant de la voir revenir avec une tondeuse electrique.
A suivre...
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Sujet: Original - pas de spoil - LES DEUX L (10) 
Dim 4 Oct - 21:08
J'espère que cela va aller...