Fandom: Original
Prompt: Elle est trop mignonne !
Note: Suite tardive
Enjoy !
LES DEUX L
Alice m'avait fait payé mon éclat de la veille en faisait venir son copain du moment à la maison. Dans tous les sens du terme. A mon plus grand désespoir.
Les cours du lendemain ne firent rien pour adoucir mon humeur, la prof d'espagnol avait délibérément ignoré ma main levée à une de ses questions. L'expérience aurait été moins vexante s'il y avait eut d'autres mains levées que la mienne.
— Elle a eut raison de ne pas l'interroger, avait chuchoté quelqu'un dans mon dos. Si elle l'avait fait on y serait encore !
Oui... J'étais si lent à répondre que même les profs perdaient patience et ne voulaient plus m'écouter. Mais je n'étais pas du genre à me laisser décourager, ils ne voulaient pas m'écouter ? Tant pis, ils perdaient clairement quelque chose. Parce que j'étais drôle et intéressant. Et modeste en plus de tout ça.
Après la pause déjeuné, je me dirigeai comme prévu vers la salle 66( 6 ) – un malin avait cru drôle d'ajouter un 6 au feutre indélébile – pour expier mes très grandes fautes. Assis au bureau, un pion à peine plus âgé que moi me tendit une feuille avec un air sévère largement atténué par son tee-shirt proclamant "
I'm a shithead" ce qui voulait littéralement dire "Je suis un connard". Je forçai le rythme dans ma tête pour pouvoir lui dire en une seule fois:
— Joli tee-shirt.
Le temps de baisser la tête pour froncer les sourcils à son haut, je signai le registre d'appel qu'il me tendait et pris place au fond de la salle. Quatre heure. Qu'allai-je bien pouvoir faire de quatre heure d'inactivité ? Je sursautai lorsque quelqu'un s'installa lourdement sur la chaise d'à coté.
— Hell-boy.
— Li...am.
Cette fois-ci, mon bégaiement n'eut rien à voir avec le fait que je sois bègue. L'avant-bras droit de Liam était couvert de gribouillage, une dizaine de bracelets fluorescents entourait le gauche et une tache rose qui paraissait être du rouge à lèvres maculait sa joue. Il sortait très certainement de boite de nuit. Ce qui était impossible vu qu'il était 14h00 très précisément.
— T-T-Tu sors d-d'où ? Chuchotai-je.
— Mec, c'était géant. Une fête, puis je suis allé à l'after, j'étais entrain de me faire la copine de la nana chez qui on faisait l'after quand son copain a débarqué, j'ai cru que j'allais perdre mon froc tellement j'ai détalé comme un lapin ! Expliqua t-il entre deux rires.
Liam baissa soudainement la tête et se tut. Et pour cause, la CPE venait d'entrer dans la salle pour vérifier que tout allait bien. J'imitai mon ami d'infortune en espérant que son allure ne nous vaudrait pas une heure de plus. Les yeux de la CPE nous survolèrent, elle adressa un sourire crispé au surveillant et fit demi-tour, inspection terminée, repos soldat.
Le pion fronça les sourcils dans notre direction, je plissai les miens en réponse avant de m'apercevoir que Liam s'agitait sur sa chaise et entretenait une discussion silencieuse avec lui. Il me donna une tape sur le bras.
— Allez viens, on se casse ! Murmura t-il.
— Q-Quoi ?! T-tu déc-connes !
Liam me fit les gros yeux en me montrant la porte au fond de la salle avec insistance.
— Allez, fais pas ton coincé, viens !
Notre conversation commençait à attirer l'attention, je grimaçai et me laissai finalement convaincre, le cœur battant la chamade contre mes cotes. Le pion ne cilla pas, il reporta son attention sur les feuilles devant lui. Je refermai discrètement la porte derrière moi, Liam était adossé au mur d'en face, totalement absorbé par son téléphone portable.
— T-tu m-m-m-m'expliq-q-ques ?
Saleté nervosité, ça faisait doubler mon problème d'élocution. Liam releva les yeux de son écran:
— Le pion s'appelle Miguel, je connais son frère. Avoir des relations, c'est le pouvoir garanti !
— T-T-T'es carrém-ment d-d-dingue !
— Et c'est que le début ! J'en ai marre de ta tronche de puceau, j'ai quatre heure pour te déniaiser aloooors... top chrono !
— Hein ?
J'étais abasourdi, carrément gêné qu'il me traite de puceau et sur le cul. Liam rengaina son portable et me toisa de la tête aux pieds.
— On va aller squatter chez mes potes, on va avoir besoin de ta sœur.
— M-Ma sœur !
De mieux en mieux ! Liam me prit le bras et m'entraîna à sa suite sans me demander mon avis. Je tentai de freiner des quatre fers mais il était clairement plus musclé que moi, je ne faisais qu'user la semelle de mes chaussures inutilement. Une fois arrivé dans le parking, il m'amena jusqu'à ma voiture :
— On va chercher ta sœur.
— J-J-Je sais m-m-même pas où e-elle est !
— Moi je sais, conduis.
Je démarrai et me laissai guider, me fiant aux directions qu'il me donnait. Ça ne m'étonnait même pas qu'il sache où trouver ma sœur alors que je n'avais pas la moindre idée de l'endroit où elle s'était fourrée. Sans mauvais jeu de mot. Liam se redressa soudainement et plissa les yeux, je suivis son regard.
— E-est-c-ce q-que c'est... ?
— Met-toi à son niveau.
J'obéis sans réfléchir et le doute qui m'avait assailli se révéla être la réalité. Une fille marchait sur le bas coté, les épaules affaissés, elle pleurait et... il s'agissait de ma sœur.
— Alice ?!
Liam baissa sa fenêtre et passa la tête hors de l'habitacle tandis que je ralentissais pour me mettre à son allure. Alice tourna la tête, quand elle vit qui nous étions, elle se renfrogna et se détourna.
— Foutez-moi la paix !
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Liam, m'ôtant les mots de la bouche.
— Comme si vous en aviez quelque chose à faire !
— Techniquement... je sais ce qui s'est passé, avoua Liam.
Je clignai les yeux sans comprendre ce qu'il débitait. Alice se tourna vers la voiture, furieuse, ses cheveux auburns s'agitèrent comme des serpents. Elle ressemblait à Méduse. Je fus presque tenté de détourner les yeux de peur de me transformer en statue de pierre.
— Comment ça, tu sais !?
— Tu réalises que tout ce que tu mets sur Facebook est vu par tout le monde ? C'est pas un journal intime, c'est plus... les infos régionales version lycée, rit Liam.
Je soufflai et me garai sur le trottoir. Assez de sarcasme et plus d'explication. Je coupai le contact et rattrapai ma sœur en lui coupant la route.
— Q-Q-Qu'est-ce q-q-qui s'est p-p-passé ?
Alice ricana méchamment, le genre de rire qui cache quelque chose de triste:
— R-R-Rien, cracha t-elle.
La douleur provoquée par sa moquerie dut se voir sur mon visage, elle recula d'un pas et soupira en se passant une main dans les cheveux. Peu importe combien nous étions méchants l'un envers l'autre, Alice ne s'était jamais moquée de mon bégaiement. Je pris une inspiration et pointai la voiture du menton, réticent à l'idée de laisser mes paroles trébucher comme d'habitude. Liam vint à ma rescousse, les mains dans les poches, feignant l'indifférence:
— On va voir des potes. Si tu veux on te raccompagne ou tu peux venir, t'es pas obligé de t'expliquer, tu nous dois rien. Enfin, tu me dois rien à moi, je suis pas ton frère.
Alice sécha ses larmes avec ses manches longues, d'autres coulèrent aussitôt mais elle ne croula pas sous le poids de son chagrin. Elle me poussa sur le coté sans oser croiser mon regard et monta à l'arrière en claquant la porte avec force derrière elle. Liam fit une grimace et me donna une tape sur le bras:
— J'ai changé d'avis, mec. Ta sœur a beau porter le jean à la perfection, son caractère ferait fuir un troupeau de mâle en chaleur ! Siffla t-il à voix basse.
Ça eut le don de m'arracher un sourire. Liam me prit les clefs des mains et me piqua la place conducteur. Relégué à la place du mort, je sortis clandestinement mon portable de ma poche pour actualiser le fil de mes actualités Facebook. Alice était peut-être une garce, elle était aussi ma sœur et la voir dans cet état me faisait quelque chose.
Quelque chose de viril bien sûr... Pas du tout, une partie de moi couinait en se demandant ce qui avait bien pu se passer pour qu'elle pleure de cette façon et tant pis si ce n'était pas viril.
Mais à part quelques têtes d'idiots, des langues tirées, des grimaces ou des messages se voulant philosophiques, il n'y avait rien. Je croisai les yeux d'Alice dans le rétro, ils me disaient clairement "va te faire foutre". Le portable qu'elle avait à la main me poussa à conclure qu'elle venait d'effacer ce qu'elle avait écrit sur son mur dans un instant de détresse.
— Quelqu'un vient de noyer vos chiots ou quoi ? Allez, souriez quoi ! Alice, j'emmène ton frère à une mini-fête, on peut pas laisser ton frère rester puceau, est-ce que t'as des conseils pour lui ?
— Eurhg... Je vais vomir, geignit-elle.
— Pas dans la voiture, j'espère. S'il n'y a pas de chambre de libre, c'est le seul endroit qui restera !
— Li-Liam, le rabrouai-je, rouge et embarrassé.
Liam se tourna vers moi avec les sourcils haussés, l'air de pas comprendre pourquoi j'osai l’interrompre. La gêne manqua de m’étouffer lentement mais sûrement. Oui, j'étais vierge, – pas étonnant avec la réputation de loser que j'avais au lycée – qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?
— Fais pas la tronche, je veux juste qu'on s'amuse.
Alice renifla et se blottit contre la portière en remontant les pieds sur le siège. Ses yeux étaient rouges et bouffies, son nez coulait et ses lèvres tremblaient. Elle semblait toute petite tout à coup, loin de la diva du lycée.
— Vous devriez pas être en heure de colle ?
— Awwww, elle est trop mignonne, ronronna Liam d'un ton condescendant.
Elle releva le menton, fière:
— Alors ?!
— Les heures de colle m'ont jamais arrêté, chérie. Et elles n'arrêtent plus ton frère non plus maintenant, dit-il en arrondissant les yeux de façon comique. Oh mon dieu, on est les rois du lycée !
— Est-ce qu'il est dingue ?
Liam tourna la tête en gardant les yeux sur la route, à la recherche de quelque chose dont lui seul connaissait l'existence. Je me tins de coté, en spectateur effaré et un peu flippé.
— J'ai comme la sensation qu'on devrait grimper sur le toit de la voiture ou sur la proue d'un paquebot. Ce genre de révélation, ça se gueule du haut de quelque chose.
— T-T-T'es d-dingue, ris-je.
Il l'était complétement mais j'aimais bien son coté illuminé. Le sourire de Liam s'allongea, il tourna le bouton de la radio et se mit à chanter à tue-tête de sa voix la plus fausse, jouant de l'air-guitar pendant les feux rouges. Alice ne résista pas longtemps à sa gaieté, pas plus que je n'en fus capable.
Arrivé devant chez nous, les yeux de ma sœur avaient séché et un mince sourire étirait ses lèvres.
— J-J-J'ai mon t-t-téléphon-ne s-si tu v-v-veux me j-j-oi-ndre.
— Je sais. Amusez-vous bien.
Venant d'Alice, ça ressemblait à un "merci" ou à un "pardon". Liam se retourna sur son siège pour la regarder, lui attrapa le poignet et fit glisser la moitié de ses bracelets fluorescents de son bras au sien. Elle le détailla, perplexe mais amusée malgré la peine cachée dans le fond de ses yeux. Je détournai les miens, un peu mal à l'aise mais incapable de ne pas prêter attention à ce qui se passait à coté de moi. Liam fit signe à Alice de se rapprocher:
— Viens, faut que je te dise quelque chose qu'il doit pas entendre.
— Hey, grognai-je.
Elle se rapprocha prudemment et s'apprêta à tourner la tête pour l'écouter. Il ne lui en laissa pas le temps et se pencha brusquement, vite mais assez pour que leurs lèvres s'accrochent. Je m’empourprai et me tournai si vite que mon cou émit un craquement sec, je grimaçai.
— Je t'ai eut !
— Imbécile, fulmina Alice.
La portière claqua et la silhouette fine disparaissant derrière la porte d'entrée sonna le départ de ma sœur. Lorsque je me concentrai sur Liam, il souriait.
— T-T-Tu l'as e-emb-b-brassé.
— Je sais, petit genie.
— P-P-Pourq-q-quoi ?
— Parce que j'en avais envie. Et parce que maintenant, elle va peut-être penser à autre chose qu'à ce qui l'a fait pleurer tout à l'heure, me répondit-il avec un sourire en coin.
Je ne savais pas s'il était terriblement con ou terriblement intelligent. Je n'arrivais pas à me décider
A suivre...
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Sujet: Original - pas de spoil - LES DEUX L (2) 
Sam 22 Aoû - 23:39
