Fandom: Original
Prompt: Ça ne se passera pas comme ça la prochaine fois
Note: ... suis pas trop satisfaite mais bon
Élever son bébé
Bertram n'avait pas eut le temps de demander plus de précision qu'on lui donnait une nouvelle chambre, de nouvelles affaires et de nouvelles instructions. Il fut seul avant de réellement comprendre ce qui s'était passé. Bertram soupira et se passa une main dans les cheveux. Il baissa les yeux sur le dragon qu'il serrait contre sa poitrine, il s'était endormi.
Il regarda autour de lui, dans le coin de la pièce se trouvait un tas d'affaire attendant son bon vouloir. Il posa le dragon sur le lit avec douceur pour ne pas le réveiller et s'assit par terre pour mieux le détailler. Bertram aurait dû prêter attention aux affaires mais la petite bête qui lui avait été confié éveillait trop sa curiosité pour qu'il ne puisse la quitter des yeux trop longtemps. L'effet de nouveauté finirait éventuellement par s'en aller, sûrement. Peut-être. Bertram sourit. Il était extatique. Il était passé de serviteur à dragonnier en un instant, il avait toujours du mal à croire que cette petite chose était à lui.
Sa fascination se transforma vite en effroi lorsque le dragon s'étira et se mit à hurler de façon stridente. Bertram paniqua, il se leva et se précipita sur les affaires qu'on avait mis à sa disposition, jetant les livres et couvertures dans tout les sens pour trouver ce qui apaiserait cette fichue bestiole.
— Mais que veux-tu, bon sang !? Râla t-il.
Le bébé dragon longea le bout du lit, ces cris incessants se répercutant contre les murs. Bertram trouva une grosse caisse en bois, il la tira près du lit et l'ouvrit. Il grimaça en voyant son contenu.
— C'est absolument dégoutant.
Le dragon n'eut pas l'air de penser la même chose. Il pencha la tête vers la caisse, reniflant avec intensité et ses hurlements cessèrent enfin avant qu'il ne saute dedans. Bertram tenta de le retenir mais c'était trop tard. Le dragon bondit joyeusement parmi les insectes, les gobant avec enthousiasme.
— Beurk..., émit Bertram en retenant un haut-le-cœur.
Le bébé continua son festin sans prêter attention à ses remarques dégoutées. Bertram le laissa manger, examinant les livres qu'on lui avait fournis. Il commença celui concernant la croissance des dragons. Si les autres dragonniers savaient déjà comment s'occuper d'un bébé, lui n'en avait aucune idée, il devait se débrouiller seul. Comme toujours.
Il était plongé dans son livre depuis dix minutes lorsqu'un petit gémissement se fit entendre. Bertram jeta un coup d’œil dans la caisse, le bébé dragon grattait le bois et paraissait vouloir en sortir sans y parvenir. Il le hissa hors de la boite et le laissa se blottir contre lui, tirant la couverture sur lui et posant une main sur son estomac à présent plein.
— C'était bon ? Demanda t-il avec un rictus écœuré.
Le bébé rota bruyamment, le faisant renifler d'amusement.
*
Mr Jacobson était le professeur de français, de mathématique et de chimie. Ce qui faisait de lui un élément capital dans l'éducation des pensionnaires de la communauté des frères du feu. Il s'enorgueillissait de sa position importante dans l'école. Ses élèves s'en sortaient parfaitement, même ceux qui ne méritaient pas d'être là. Comme le petit Abbott par exemple.
Le garçon était singulier. Depuis qu'il avait appris à lire, il passait son temps à la bibliothèque, comme si le savoir qu'il acquérait à l'école n'était pas assez. Mr Jacobson le trouvait d'une vanité incroyable pour un petit de si basse classe. Bertram Abbott ne faisait même pas l'effort de se mêler aux autres. Il fallait dire que les rumeurs circulant à son propos avaient éloignés les âmes les plus tendres. Lorsqu'on posait la question à Mr Jacobson, il faisait ce que Dieu aimait le mieux: il disait la vérité.
— Ce garçon est un bâtard qui ne mérite pas tant d'attention. Retournons aux affaires qui nous intéressent.
Mr Jacobson devait pourtant avouer que le petit Abbott était assidu. Il n'avait rien trouvé à lui reprocher et ce n'était pas faute de chercher. Il fallait dire que le professeur adorait trouver les petits défauts de ses élèves pour les exposer au grand jour. Dans un but pédagogique bien sur. Il fallait bien que les pensionnaires apprennent à corriger leurs travers.
Bertram Abbott n'avait apparemment aucun défaut. Ce qui était impossible puisque la perfection est divine et que l'imperfection est humaine. Mr Jacobson en déduisit donc que le petit Abbott voulait se faire passer pour quelqu'un qu'il n'était pas, qu'il dissimulait à tous son effroyable personnalité. Et s'il y avait bien une chose qui le dégoutait, c'était la dissimulation, c'était la le plus vilain défaut du monde.
Il fit donc preuve de plus de sévérité avec lui qu'avec les autres pensionnaires et encouragea ses collègues et ses élèves à en faire de même ou à l'ignorer, pensant qu'il serait obligé de montrer son vrai caractère.
Mais au lieu de se révolter contre ce traitement, Abbott parut tomber dans une sorte de mélancolie passive, s'isolant à la bibliothèque et passant le plus clair de son temps plongé dans un livre. Mr Jacobson le surprit parfois dans le parc, se prélassant au soleil, un sourire en coin des lèvres. Qui pouvait se complaire d'une existence solitaire ? Le garçon aurait dû laisser tomber ce calme apparent et cette fausse sagesse depuis le temps... Mr Jacobson en conclut que le petit était incorrigible, que les vices étaient trop ancrés en lui. Il exigea de nombreuses fois son renvoi et constata avec effarement que le gouverneur s'était entiché du garçon, qu'il éprouvait une bienveillance toute paternelle à son égard.
— Écoutez, mon vieux, le rabroua le gouverneur. Je connais ce petit et je peux vous assurer qu'il n'y a pas une once de méchanceté en lui malgré les épreuves qu'il a subit. Je ne le renverrais pas sous prétexte que vous ne le trouvez pas appréciable.
*
Bertram avait rapidement compris que le dragon devait être nourris toutes les trois heures environs. Il n'eut pas de mal à s'en souvenir puisqu'à chaque fois que l'heure approchait, le bébé se mettait à brailler comme un porc qu'on égorge. Un nid de paille avait été fabriqué pour lui, il l'installa juste à coté de son lit mais le dragon ne voulut jamais y rester longtemps, préférant ses bras ou ses cuisses pour faire un somme. Bertram essaya bien de faire preuve d'autorité mais en voyant l'air minable de son nouvel ami, il céda.
— Ce n'est que le premier jour et tu es déjà insupportable..., soupira t-il.
Le bébé se blottit contre lui et ronronna. Bertram s'appuya contre le montant du lit et se plongea à nouveau dans son livre. Qui aurait pu se douter que l'entretien d'un dragon exigeait tant de travail ? Sûrement pas Bertram. Il resserra son bras autour de la chose entre ses bras et caressa les petites écailles sur son dos, les traçant du bout des doigts.
Bertram n'avait jamais eut d'ami, à part le bibliothécaire qui l'appréciait et le gouverneur qui lui souriait parfois... Il allait devoir s'occuper de ce petit être et c'était effrayant. Malgré sa peur d'échouer ou de ne pas être à la hauteur, Bertram était exalté. Il allait avoir un ami, quelqu'un qui dépendrait de lui, en qui il pourrait avoir confiance... Et il avait tellement peur de décevoir son nouveau compagnon...
Il se prépara pour la nuit et essaya d'installer le dragon dans son nid. Ce fut un echec cuisant. Il passa l'heure suivante à tenter de grimper sur le lit. Lorsqu'il déchira la descente de lit, Bertram abandonna l'idée de le faire dormir dans le nid et l'aida à monter.
— Comment tu fais pour me trouver avec les paupières toujours fermée, se plaignit-il.
Le dragon répondit en se blottissant contre son torse. Bertram soupira et ferma les yeux, même quand il le sentit baver. Beurk.
Le lendemain, Bertram se réveilla avec l'impression qu'une horde de chevaux l'avait piétiné. La nuit avait été horrible. Le dragon l'avait réveillé quatre ou cinq fois cette nuit, il ne se souvenait pas avec exactitude, tout ce qu'il savait, c'était qu'il n'avait pas envie de quitter son lit. Même s'il y était obligé.
Mais il y était obligé. Il était un apprenti, il savait qu'il avait des cours à suivre. Il délogea le dragon de ses bras le plus doucement possible et alla se préparer en trainant les pieds. Bertram s'assura de prendre un sac d'insectes avec lui et fit la moue en voyant que son nouvel ami dormait toujours.
— J'aimerais bien en faire autant... C'est pas juste, grogna t-il.
Il l’emmitoufla dans une couverture, le porta contre lui et sortit de sa chambre. Le flot d'élève était impressionnant, il les suivit, mort de fatigue. Personne ne sembla remarquer ce qu'il y avait dans le tas de couverture qu'il transportait, il le serra contre lui avec possessivité. Il ne voulait partager son dragon avec personne.
Il déboucha dans une salle gigantesque, il prit place dans le siège le plus éloigné de l'estrade du professeur. Bertram découvrit la tête du dragon et sourit en le voyant s'étirer. Il poussa un petit cri.
— Chuuut, le fit-il taire. Tiens, mange ça et reste tranquille.
Il lui donna une poignée d'insecte, grimaçant lorsque la bouche du dragon se referma sur ses doigts. Heureusement, il n'avait pas encore de dent. Le dragon mangea discrètement, se mit à ronronner une fois son estomac plein et se rendormit. Bertram écouta le cours avec attention... jusqu'à ce qu'il sente quelque chose d'humide couler le long de sa cuisse. Il jura silencieusement et leva le dragon de ses jambes pour voir qu'il était tranquillement entrain de faire ses besoins, encore à moitié endormi.
— Oh, non, non, non, grommela t-il, mortifié. Vilain dragon...
Techniquement... c'était de sa faute pour ne pas avoir prévu cela. Bertram secoua la tête, exaspéré et assez en colère contre lui même. Il soupira et remercia le ciel de s'être mis au dernier rang, personne ne remarqua son petit accident. Bertram ressuya l'urine avec la couverture et soupira une fois de plus quand le dragon se cacha sous son pull, écorchant sa peau avec ses petites griffes.
— Tu ne vas rien m'épargner, pas vrai ?
Le cours se poursuivi, Bertram essaya de ne pas penser au fait qu'il était couvert de pipi de dragon. Il flatta doucement le ventre du bébé.
— Ça ne se passera pas comme ça la prochaine fois, promit-il.
Bertram profita de la pause pour aller se changer, le dragon se blottissant contre son épaule, sous son haut.
— Je ne peux pas continuer à t'appeler "dragon", il va falloir que je te trouve un nom, pensa t-il à voix haute.
Il posa son fardeau et manqua de tomber à la renverse en voyant qu'il avait ouvert les yeux. Bertram se rapprocha, un sourire énorme étira ses lèvres.
— Bonjour toi, dit-il en s’accroupissant pour être à la hauteur de la créature.
Le dragon fit claquer ses mâchoires et sautilla sur ses pattes. Bertram rit et s'amusa à gratter sa joue. Les grands yeux bleus suivirent ses moindres gestes comme s'il était le messie.
— Je crois que je t'ai trouvé un nom, sourit-il. Azur, ça te plait ?
Le dragon pencha la tête sur le coté, ses ailes s'agitèrent, comme s'il avait voulu prendre son envol. Bertram ricana et donna une tape amicale sur la tête de son ami.
— Tu ne peux pas encore voler, idiot. Allez, sois sage pendant que je me change.
Azur se roula en boule sur le lit et entreprit de faire une sieste. Bertram alla se changer et eut une surprise en revenant.
— Mais qu'est-ce que...
Il écarquilla les yeux. Azur dormait au milieu d'un nuage de plume, il avait crevé l'oreiller. Bertram se laissa tomber dans le lit, épuisé d'avance. Élever un dragon, ce n'était pas de tout repos.
Fin... ou pas.
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Sujet: Original - pas de spoil - Elever son bébé (a lire après La gemme) 
Dim 14 Déc - 14:44
