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[Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
Messages : 1927
Date d'inscription : 30/07/2012

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MessageSujet: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitimeDim 26 Oct - 18:06

Fandom : Originale
Prompt : N'abandonne pas.
Pas possible d'être insouciant à ce point.

Note : Bon ben... Bonne lecture, j'espère.

***

Quatre heures du matin. Je baillai. J’avais presque fini mon chef d’œuvre, hors de question de dormir pour le laisser en plan. Au pire je piquerais un roupillon pendant les cours. Quelques retouches par-ci, par là, afin que ce soit parfait. Un dernier ourlet. Et …
- HOURRA ! J’AI FINIIIIII, hurlais-je.
J’entendis des coups furieux résonner contre mon mur :
- La ferme sale minable, y en a qui dorme.
- Bien sûr ma sœur chérie rendors-toi.
La pauvre jeune fille se mit à ronchonner puis quelques minutes plus tard ronflait comme une bien heureuse.
Je me levai pour observer ma toute dernière création dans le miroir. Une robe de soirée jaune canarie, dont la jupe était en tulle, avec un énorme nœud noir à la taille. Le haut était une sorte de corset à bretelle. J’avais même mit des ficelles derrière en décoration, comme pour un vrai corset de l’époque.
- Parfait. Elle va adorer. Obligé.
Cette robe ne m’était pas destinée. J’aurais précipité mes parents dans la tombe si j’avais commencé à porter des robes. Je l’avais fait pour ma meilleure amie, pour la soirée dansante organisée par le lycée. Shana était mon principal modèle, c’est elle qui portait quasiment toutes mes créations. Elle était un peu mon mannequin attitré. D’autant plus qu’elle était sublime. Elle était grande, avec des longs cheveux noirs. Sa peau chocolat faisait ressortir ses yeux verts. Elle était très loin des mannequins maigrichonnes qu’on voyait dans les magasines. Non, Shana avait des formes, et croyez-moi, plus d’un aurait voulu croquer dans ses hanches. J’adorais lui créer les plus beaux habits, ceux qui la rendraient encore plus sublime. Shana était ma déesse.

Je mis la robe sur un cintre, décidé à l’emmener tout à l’heure au lycée. Je ne voulais pas attendre pour faire des essais. En attendant, je pris mon bloc et mes crayons de couleurs afin de dessiner quelques croquis. Inutile de dormir maintenant, je ne ferais que me réveiller plus fatigué.

***

Sept heures, j’étais déjà prêt. Lavé, habillé, fébrile. La fatigue agissait sur moi comme une nuit alcoolisée. Plutôt que de me sentir mou, j’étais une vraie puce, je sautillai d’excitation et j’étais intenable. Ana me fusilla des yeux à la table du petit déjeuné, je lui tirai la langue.
- J’ai fini la robe de bal pour Shana, elle va être sublime, expliquai-je tout souriant.
- Crétin, marmonne ma sœur assez fort pour être sûre que je l’entende.
Ma mère roula des yeux :
- Chéri, cette manie de coudre. Pour un garçon quand même…
Patati patata. Ce serait trop dur pour elle de m’encourager. De me dire « c’est bien Clovis, je suis fière de toi ». Mon père était déjà parti au boulot, mais je savais bien ce qu’il aurait dit lui : va plutôt jouer au foot, comme les vrais mecs.
Qu’est ce que ça voulait dire « vrai mec » ? Est-ce qu’il existait un tableau coupé en deux colonnes « vrai mec » « faux mec », et que selon tes qualités et tes défauts tu rentrais dans telle ou telle catégorie ?
Alors quand on était un faux mec, qu’est ce qu’on était exactement ?
Pas un mec, pas une fille.
Mon père aurait le bon mot.
Une tapette.

Je restai silencieux, j’avais déjà essayé un million de fois d’exposer mes arguments, d’expliquer que le sexe n’avait rien à voir avec les goûts, les passions, les envies. Que naître garçon ou fille ne faisait pas de nous quelqu’un qui aimait le bleu ou le rose.
C’était facile d’inculquer des idées de ce genre à des mômes qui n’étaient encore qu’un tableau blanc. Finalement nous étions tous comme des enfants soldats à qui on rabâchait la même propagande : les femmes étaient bonnes pour finir garde chiourmes et les mecs se devaient d’être viril.
Une fille devait être douce, sage, mignonne, rêver du prince charmant. Un mec, c’était bien connu, c’était crado, ça se bagarrait tout le temps et surtout ça ne pouvait pas se retenir de violer une fille (bien fait pour elle, elle avait une mini-jupe). Surtout, ça ne cousait pas !
Bien sûr c’était des conneries tout ça et pourtant c’était bien les messages qu’on recevait depuis tout petit, nous transformant en nos propres stéréotypes.
J’avais bien essayé de faire comprendre ça à ma famille, mais ça avait été comme de causer à un mur. Mon père avait rit :
- Les mecs se doivent d’être un peu brutal, sinon ce ne sont pas des vrais mecs, justes des petites tafioles bonne à rien. Des fillettes.
Ma mère avait levé les yeux au ciel :
- Bon sang mon fils, où as-tu donc appris toutes ces bêtises ? Bien sûr que le viol c’est mal, mais quand même certaines filles le cherchent un peu.
Et Ana m’avait regardé hautainement :
- J’ai trop honte d’avoir un frère qui fait de la couture.
Dire que je n’avais qu’un an de différence avec Ana et que plus d’une fois j’avais eu l’impression d’être à des années lumières de ma grande sœur.
Parfois je me demandais même si je venais vraiment de cette famille, s’il n’y avait pas eu un échange à la naissance. Comment se faisait-il qu’on se comprenne aussi peu ?

***

J’ai écourté le petit-déjeuner, j’ai emballé la robe dans un grand sac, puis j’ai pris mon sac et je suis parti prendre le bus qui m’emmènerait au lycée. J’avais hâte de voir Shana, elle était mon alliée. Jamais elle ne s’était moquée de ma passion, elle partageait ma vision du monde. Elle rigolait à la face des cons et je l’adorais. Avec elle, je me sentais libre, je me sentais moi. C’était un peu ce qui me maintenait debout dans ce monde qui tournait à l’envers, dans ma famille qui semblait arrêtée à une autre époque que la mienne.
Shana m’attendait sur les marches du lycée. Je lui avais envoyé un message pour la prévenir que j’avais sa robe et elle était déjà là. Il n’y avait bien qu’un texto de moi la prévenant que j’avais des nouveaux habits pour elle qui pouvait la faire venir en avance. J’eu un petit sourire.
A peine descendu du bus, Shana accouru vers moi :
- Alors, montre la moi !
J’essayai de garder un peu le mystère en la poussant sur les marches pour la faire entrer dans le bâtiment mais elle trépigna :
- Arrête de me faire mariner Clovis ! Montre moi ça tout de suite.
Je finis par obéir, aussi fébrile et impatient qu’elle, je sortis le bijou de mon sac. Shana prit la robe entre ses mains comme s’il s’agissait de quelque chose de fragile et de précieux. Elle prit le temps de l’observer puis me regarda avec admiration :
- Putain c’est magnifique ! C’est vraiment pour moi ?
- Bien sûr. Et pas la peine de jurer !
- Ah mon dieu, dire que j’ai un grand couturier pour moi toute seule, je sais pas sous quelle bonne étoile je suis née, mais j’en ai de la chance !
J’eus un petit sourire fier de moi. Etre comparé aux grands couturiers me faisait chaud au cœur.
- Je veux l’essayer tout de suite !
- Vas-y.
Shana était déjà entrain d’enlever son tee-shirt au milieu du lycée. Je tirai dessus :
- Mais non, idiote, va aux toilettes. J’ai pas envie que tout le monde te reluque.
Elle haussa les épaules et se montra raisonnable, courant aux toilettes pour se changer.

Quelques minutes plus tard, elle refit son apparition dans la merveille. Elle était tellement jolie, à couper le souffle. J’étais heureux de pouvoir confectionner des habits à une fille qui les mettait aussi bien en valeur, qui leur donnait vie.
- Tu es sublime.
- C’est grâce à ta robe ! Sourit-elle.
Autour de nous les gens s’arrêtaient pour l’admirer, gonflant ma fierté d’avoir une amie si belle et d’être le créateur de la robe qu’elle portait.
Une fille vint l’interpeller :
- Eh ! Shana, où t’as eu cette robe ?
- C’est un secret, fit-elle mystérieuse.
- Oh ! Allez dis moi, elle est sublime, je veux la même.
- Désolé, elle n’existe qu’en un seul exemplaire !
- T’es vraiment nulle, tu pourrais me dire.
Shana éclata de rire puis passa un bras autour de mon épaule :
- Voici le créateur de cette merveille.
La fille qui m’avait ignoré jusque la posa son regard sur moi, un peu dédaigneuse.
- Clovis ? Vraiment ?
Elle parut hésiter. Bien sûr qu’elle aimait la robe, mais savoir qu’elle avait été crée par le looser du lycée, ça ça l’embêtait.
- Euh… Hm bon. C’est cool. A+ Shana.
- C’est ça, A+.
A peine la fille avait-elle tourné le dos que Shana soupira :
- Bordel mais quelle crétine !
- Elle t’a entendu.
- J’espère bien, je supporte pas les idiotes. Bon je vais me rhabiller, attends-moi.
Je souris à Shana et hochai la tête.

***

Je détestais les maths. Vraiment. A quoi cette matière pouvait-elle bien servir ? J’avais tout juste la moyenne, et encore c’était uniquement pour que mes parents me laissent tranquille. Ils n’aimaient pas ma passion, mais tant que j’avais des bonnes notes à l’école, ils ne pouvaient rien dire. J’étais en train de m’endormir sur une équation quand Shana me donna un coup de coude :
- Alors, pour les concours, t’en as parlé à tes parents ?
- Pas encore…
- Tu crains ! Fais pas l’andouille, il faut que tu participes à ce concours !
- Ouais ouais, je sais, je vais leur en parler.
- T’as plutôt intérêt.
Le concours… J’avais complètement oublié.
C’était Shana qui avait dégoté ça dans un magazine de mode. Il s’agissait d’un concours de confection de vêtements, il suffisait de s’inscrire en montrant quelques unes de nos créations, ensuite si on était choisi on était invité dans un studio où on se mesurerait à d’autres pour créer un habit à la demande. Le gagnant aurait son vêtement en couverture de magazine et gagnerait un prix. C’était l’occasion de me faire connaître et de commencer à réaliser mon rêve.
Sauf que voilà, les mineurs devaient obtenir l’autorisation parentale et je n’avais toujours pas osé demander la permission à mes parents.
Je les voyais déjà rire de moi, se moquer ou s’exaspérer. J’étais presque sûr qu’ils n’accepteraient jamais, simplement parce que « la couture c’était pour les filles ». Que ce soit mon rêve d’en faire, ils s’en fichaient.
De toute manière ils n’étaient même pas sûrs que j’en sois capable. J’avais entendu ma mère dire à une de ses amies venue boire un café à la maison que je la désespérais. Que je ne savais rien faire. Que mes travaux de coutures étaient non seulement ridicules mais qu’en plus j’étais nul. « Il se prends pour un grand couturier mais mon dieu… Je dois dire que ce qu’il coud est plutôt moche. A mon avis, il ferait mieux de passer son bac et trouver un travail. Ses résultats sont trop minables pour qu’il devienne quelqu’un. Caissier, ça lui ira bien. Ce sera déjà pas mal. »
C’était agréable de voir que ma mère avait confiance en moi et me voyait faire des grandes choses…
Il fallait quand même que j’essaie de leur en parler. Avec un peu de chance ma mère et mon père comprendraient, signeraient et m’encouragerait.
Mouais. Dans un univers parallèle, peut-être.

***

- Shana a adoré la robe que je lui ai fabriquée. Ana, je pourrais t’en faire une, tu veux bien ?
- Non.
J’étais sûr qu’elle ne serait pas d’accord, ce n’était pas plus mal. Ma sœur ne porterait pas bien mes créations. Pas qu’elle soit moche. Elle était plutôt mignonne avec ses longs cheveux châtains qui bouclaient et sa petite taille. Mais ses yeux marron étaient trop méprisants, elle était trop hautaine, rien de ce que je lui ferais ne lui irait, elle ne saurait pas le porter.
- Ce chiffon jaune qui était dans ta chambre ? Interrogea ma mère.
Elle ne l’avait pas vu terminé.
- Oui.
Ma mère ne put retenir un rire un peu méprisant :
- Je vois.
Je me sentis agacé mais ne dit rien. J’avais l’habitude d’être écrasé, je devais garder mon calme si je voulais avoir un minimum de chance à ce que mes parents acceptent de signer l’autorisation parentale pour le concours.
Dire que dans un an j’aurais eu dix-huit ans et que je n’aurais pas eu besoin d’eux.
- Hm… Maman… Tu sais… Il y a un concours de couture organisé par le magazine « Mode in life », j’aimerais y participer.
- Mon dieu, mais pour quoi faire ?
- Je voudrais simplement présenter mes créations. J’ai besoin de ton autorisation pour participer, tu veux bien signer le papier ?
- On verra.
- Je dois rendre ma réponse avant quinze jours.
- On verra j’ai dis. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée tu sais. Tu ferais mieux de te concentrer sur tes études, ce serait moins une perte de temps.
C’est ça, dis que mes rêves sont une perte de temps. Je poussai un soupir :
- Maman, tu peux bien signer non ? Je ne joue pas ma vie, ni rien, je veux juste tenter ma chance.
- On verra, répéta-t-elle agacée.
- Ca veut dire quoi on verra ? Oui ou non ?
- Ca veut dire que je vais y réfléchir ! Arrête de me casser les oreilles.
Je me renfrognai.
- Va plutôt faire tes devoirs, c’est pas permis d’avoir un faignant pareil pour fils. Déjà que tu ne fais jamais rien pour nous aider, il faut encore en plus que tu réclames des choses.
Je sentis l’acide remonter dans ma gorge. Qu’est ce qui me retenait de balancer la table par terre ? De devenir un vrai mec, un type brutal comme les aimait tant mon père ? Je serrai simplement les poings, me levai et allai m’enfermer dans ma chambre.
Je ne faisais jamais rien pour les aider ? Qui c’est qui avait lavé toute la voiture pas plus tard que ce week-end ? Qui avait recousu tous les torchons de la maison la semaine dernière ? Qui faisait tous les ourlets, remettait les boutons, chaque fois qu’il y en avait besoin ? Qui faisait un million d’efforts pour maintenir sa moyenne hors de l’eau ?
Qui n’était jamais récompensé de rien ?

J’étais tellement en colère, tellement énervé. Je pris mon bloc et dessinai jusqu’à sentir mon pouls reprendre une vitesse normale, jusqu’à cesser de voir rouge. Si mes parents ne signaient pas ce foutue papier, ce n’était pas la peine qu’ils viennent me réclamer quelque chose, ce serait niet. Niet. Que dalle. Allez vous faire voir !
Ras le bol.

On disait que les parents étaient obligés d’aimer leurs enfants, une question de sang, ce genre de choses. Mouais. J’étais persuadé que mes parents ne m’aimaient pas. Je n’avais jamais convenu, j’étais toujours sortie des jolies cases dans lesquels ils aimaient bien mettre les gens et les choses.
J’étais un mec mais j’étais petit, nul en sport, mon tour de taille était loin des tablettes de chocolat, je ressemblais plutôt à un ballon de foot à dire vrai. J’étais rond, j’avais des grosses joues et des petites jambes. Pas vraiment énorme non plus, un peu enrobé quoi. J’avais des cheveux châtains tout frisés, des yeux marrons et pleins de tâches de rousseurs. Je n’étais pas du tout une beauté. J’aurais même dit que j’étais plutôt moche. Mais ça m’était égal. Je ne cherchais pas à devenir beau, je voulais juste vivre de ma passion.
Mes parents étaient déçus d’avoir un fils aussi laid, Ana s’était toujours moquée de moi. Si encore je m’étais comporté en vrai mec, si j’avais montré une quelconque passion pour la mécanique, les voiture, le sport ou les filles à moitié à poils dans les magasines ? Mais non moi ce qui m’intéressait c’était la mode, la couture, les habits. Je préférais regarder des femmes en robes de mariés plutôt que nues – pas assez de tissu pour me plaire.
Manquerait plus que je sois homo. Et en fait, peut-être bien que je l’étais, je n’en savais rien, je ne m’étais jamais posé la question à vrai dire. J’étais trop préoccupé par les fringues.
Les gens du lycée disaient que j’étais forcément pédé pour ne pas vouloir baiser une nana comme Shana. Comme si on ne pouvait pas apprécier quelqu’un de jolie, qu’on devait juste en faire son jouet. Tout de suite il fallait baiser les belles nanas (ou au moins vouloir le faire) sinon on n’était pas un vrai mec.

Ce monde était fou.

***

Mon père est entré dans ma chambre ce soir, il voulait qu’on ait une discussion entre hommes.
- Ecoute fiston, ça ne peut pas durer.
- Qu’est ce qui ne peut pas durer ?
- Tu vas devoir prendre ta vie en main. J’en ai marre de tes conneries.
- Quelles conneries ?
- Ta couture de tafiole ! Tu es un mec, pas une femmelette.
J’eu un petit sourire et me permit de dire :
- Je suis peut-être une omelette, avec beaucoup d’œufs.
Ma pointe d’humour ne le toucha pas des masses, mon père et moi ne rigolions pas des mêmes choses.
- Ta mère et moi on a décidé de ne pas signer l’autorisation pour ton concours.
- Mais pourquoi ? C’est trop injuste !
- Parce que tu es un garçon ! Tu devrais t’intéresser à des trucs de garçon. On ne veut pas t’encourager dans cette mauvaise voix. Et puis on souhaiterait que tu prennes enfin ta vie en main et que tu réfléchisses à ton avenir.
- Mais ça concerne mon avenir, je veux devenir couturier ! Je veux fabriquer des vêtements !
Mon père soupira et me regarda comme si j’étais un tout petit enfant vraiment stupide, avec qui il fallait être très patient et indulgent.
- Ce que tu peux être insouciant parfois. Ce n’est pas possible de l’être à ce point. La vie ce n’est pas ça mon gars. Tu crois que tu vas pouvoir devenir ce que tu veux simplement parce que tu le veux ? Ne sois pas ridicule. La vie c’est trimer !
- Toi et maman vous ne me laissez même pas essayer...
- Parce que ce sont des trucs de filles ! Arrête de faire l’idiot et bosse à l’école. Tu ne pourras peut-être pas rentrer dans une grande fac mais au moins faire un BTS ou je ne sais quoi.
J’avais une boule dans le ventre, je sentais la rage monter à nouveau. Sang ou pas sang, je haïssais mes parents à cet instant. Pourquoi fallait-il que j’en ai des comme ceux là ? J’aurais tellement voulu avoir des parents compréhensif, qui me faisait confiance, qui était fier de moi. Pas des qui ne faisait que réclamer sans jamais donner, qui m’écrasait, m’humiliait et me faisait culpabiliser.
- Fais un effort Clovis, tu sais que ta mère a les nerfs fragile, ne lui donne pas autant de soucis.
J’enfonçai mes ongles dans ma paume pour ne pas me mettre à hurler ou à pleurer. Je hochai la tête. Mon père frotta mes cheveux comme si j’étais un bon chien obéissant :
- C’est bien Clovis, je savais que tu finirais par comprendre.
Il se leva et sortit de ma chambre.
Mes yeux se posèrent sur les ciseaux sur mon bureau. J’avais tellement de douleur en moi, de sentiment d’injustice, que j’avais envie de me couper et de me débarrasser de mon sang et de mon mal être. Puis je me ressaisi et eut un petit rire : mes parents seraient bien trop satisfaits de me voir mort. Je ne le ferais pas ce plaisir.

***

- C’est pas vrai, il a dit ça ? Mais quel connard !
- Hm.
- Putain j’en reviens pas quoi, tes parents sont des abrutis, tu peux pas te faire émanciper ?
J’appréciais le fait que Shana prenne ainsi ma défense, je sentais déjà la douleur disparaître.
- Je ne pense pas que ce soit aussi facile et tu n’es pas obligé de jurer.
- Fais chier. Alors tu vas faire comment pour le concours ?
- Je ne sais pas. Je crois que je vais laisser tomber pour le moment. Peut-être que je devrais juste passer mon bac, trouver un travail et me casser. Reprendre mon rêve une fois loin de mes parents.
- Non non et non, tu ne peux pas abandonner. Ils vont te bouffer ces cons et je les laisserai pas faire. Tu n’as qu’à signer à leur place.
- Mauvaise idée.
- Allez, personne n’en saura rien !
- Ils vont sûrement appeler mes parents pour vérifier tu ne crois pas ?
- Possible…
Shana se tu quelques instants puis ses yeux se mirent à briller d’une lueur bizarre :
- J’ai une super idée !
- Laquelle ? Demandai-je avec inquiétude.
- Je vais m’inscrire à ta place.
- Euh… Shana… Tu ne sais même pas coudre un bouton alors…
- Non tu ne comprends pas. Je vais m’inscrire, mais ce sont tes créations qu’on va montrer okay ? Et une fois que tu auras gagné ce fichu concours on dira toute la vérité et tes parents ne pourront plus rien faire.
- Je… Suis pas sûr que ce soit une bonne idée, je le sens pas.
- Mais si ça va marcher je t’assure. Tu verras. De toute façon tu as une autre idée à proposer ?
Je n’en avais pas.
- Alors c’est parti ! En plus mes parents vont signer c’est sûr !
Je n’en doutais pas. Les parents de Shana étaient géniaux. Rien à voir avec les miens. J’étais allé plusieurs fois chez elle et chaque fois je n’avais plus eu envie d’en partir. Ils m’avaient félicité pour mes créations, m’avaient interrogés sur mes passions, se fichaient complètement que je sois un garçon. Shana avait cinq frères et sœurs, et ses parents étaient fiers de chacun. Même de la sœur de Shana qui faisait du rugby, une « fausse fille » en gros.
Mes parents les qualifiaient « d’originaux », mais ils n’étaient pas originaux, ils étaient simplement ouverts d’esprit, contrairement à ma famille.

***

Shana mit son plan en route et s’inscrivit. On choisit ensemble des photos de mes meilleures créations, dont la dernière : la robe de bal. Ses parents furent mis au courant de ce qui était prévu.
- Peut-être que tu devrais essayer de convaincre tes parents, Clovis ? Tenta la mère de Shana.
- Aucune chance, murmurais-je. Ils ont déjà pris leur décision.
- Est-ce que tu voudrais que je les appelle, pour leur parler, essayer de les convaincre ? Ils vont bien voir comme c’est important pour toi.
Je pouvais déjà imaginer la réaction de mes parents, se moquant de la mère de Shana « il lui manque un peu une case à cette femme ». Je secouai la tête :
- Non croyez-moi, il ne vaut mieux pas. Ils ne vous écouteront pas.
La mère de Shana paru déçue mais n’insista pas. Elle accepta de signer l’autorisation parentale. Le père également.
Une fois que tout fut près, Shana et moi sommes allés poster le tout.
- Impossible de revenir en arrière maintenant, sourit Shana très contente de son plan.
Pour ma part j’étais tout à coup hyper stressé :
- Ils vont sûrement trouver ça moche, ils vont dire que c’est nul…
- Tu rigoles ? Tu as un vrai talent.
- Ma mère dit que c’est moche ce que je fais.
Shana fit une grimace :
- Ouais, laisse causer ta mère.
- Elle a peut-être raison. Peut-être que tout ce que je fais est nul et que je devrais arrêter. Après tout c’est ma mère, elle peut pas se tromper à ce point.
- Ta mère est persuadée que les garçons ne sont pas faits pour coudre, tu es d’accord avec ça ?
- Non.
- Alors n’écoute pas ta mère. Tu as du talent, et je suis sûre que ça va marcher !
Je fini par acquiescer, retrouvant un peu confiance en moi.
- Bien super, tu n’as plus qu’à attendre la réponse.

***

Deux mois passèrent sans qu’aucune réponse ne nous parviennes. Je commençais à perdre patience et courage. Je me disais que c’était foutu, mort. Je déprimais. Déjà que je ne pouvais plus coudre qu’en cachette – mes parents me surveillaient et s’ils me surprenaient une aiguille à la main ils pétaient des cables – alors savoir que mes créations avaient été jugés trop nulles me foutaient les boules. Dans ces moments là j’avais envie de tout laisser tomber. Je n’avais qu’à faire comme ma mère disait, passer mon bac puis travailler comme caissier dans une grande surface. Ce ne serait pas si terrible.
Et puis Shana me secouait, me réveillait, me disait que même si j’échouais maintenant, il ne fallait pas que j’abandonne.

Pour coudre tranquillement, je pouvais aller chez elle. Mes parents me laissaient y aller sans problème. Mon père n’avait fait qu’une remarque :
- J’espère que vous mettez des préservatifs
Et ce fut tout.
Ils devaient être contents que leur fils s’intéresse enfin aux trucs de garçons : se taper des filles. Ils étaient vraiment à côté de la plaque. Shana ne m’intéressait pas de cette façon, je l’adorais, elle était ma meilleure amie, mais je ne me voyais pas sortir avec elle. Par contre j’aimais vraiment lui faire des vêtements et elle adorait les porter. Là-dessus on était vraiment sur la même longueur d’onde et c’était génial.
La réponse arriva justement pendant que j’étais chez elle entrain de dessiner un chemisier. J’avais passé la nuit du vendredi chez Shana, on n’avait pas beaucoup dormi. Elle s’était amusée à faire un défilé de mode avec toutes mes créations. Un de ses petits frères (celui qui n’avait qu’un an de moins qu’elle) avait voulu participer et il avait trouvé très drôle de se trimballer en robe dans tout leur appartement. Les parents avaient applaudit. Les miens auraient fait un arrêt cardiaque. Les sœurs de Shana voulurent essayer à leur tour, même celle qui faisait du rugby avait envie de tenter l’expérience – mais les habits ne lui allaient pas, elle était trop musclée. Bref, on avait passé une super soirée et je m’étais levé tôt, à nouveau super motivée, pour dessiner quelques idées.
La mère de Shana avait alors frappé à la porte pour dire que Shana avait du courier. Cette dernière faisait la grasse matinée, impossible de la lever avant midi, je pris la lettre à sa place et remarquai qu’il y avait le logo du magazine sur l’enveloppe.
Je senti mon cœur battre plus fort. J’étais trop stressé et je n’osai pas l’ouvrir tout de suite. Il fallait d’abord que je me calme. Et si la réponse était négative ? Il faudrait que je fasse avec, au moins j’aurais essayé. Je soufflai un bon coup et ouvrit l’enveloppe.
La lettre comportait le blabla habituel « merci d’avoir posé votre candidature » « nous avons étudier votre travail avec intérêt »… « Félicitation vous avez été sélectionné parmi d’autres candidats pour venir participer au concours organisé dans nos studios blablabla »

Je poussai un hurlement de joie, me levai et tirai sur la couette de Shana :
- On a été pris, on a été pris, on a été priiiiis !
Elle grogna et ronchonna :
- C’est bon j’ai compris, dodo.
Mais j’étais trop excité pour la laisser se rendormir :
- Shana, tu te rends compte ? Ils ont trouvé mon travail suffisamment bon pour me choisir. Je vais me donner à fond, il faut que je gagne ce concours !
Shana me lança son oreiller sur la tête :
- Tu vas pas le gagner ce concours si je t’étouffe avant que tu puisses y aller !
Impossible pourtant d’être plus silencieux :
- Mon rêve va peut-être se réaliser. Ce serait tellement merveilleux. Mes parents comprendront peut-être enfin que je suis très sérieux. Très très très sérieux.
Shana poussa un gémissement puis laissa tomber l’idée de dormir. Elle se redressa et me donna un coup de poing dans l’épaule :
- Génial ! Tu es le meilleur, je te l’avais dit !
Je hochai la tête plusieurs fois à toutes vitesse :
- Arrête de faire ça, ta tête va se détacher.
J’éclatai de rire puis relu la lettre dix fois pour bien être sûr d’avoir bien lu et de ne pas m’être trompé. Jusqu’à ce Shana perde patience, me la prenne des mains et en fasse une boulette et la jette sur son bureau.
- Allons bouffer, je crève la dalle.
Je décidai de ne pas la contrarier et la suivit.

***

Voilà c’était le grand jour. J’avais raconté un bobard à mes parents. Comme quoi les parents de Shana m’invitaient à passer une semaine en vacances avec eux. Ils avaient gobé ça. Ana avait bien capté qu’il y avait quelque chose de louche là-dessus :
- Je croyais que ses parents avaient pas trop d’argents et partaient jamais en vacances ?
- Et bien pour une fois ils ont décidé de partir. Répondis-je l’air innocent.
Elle me toisa un moment et haussa les épaules :
- De toute façon je ne sais pas ce qu’elle te trouve. Cette fille est canon mais sans doute myope pour sortir avec un type aussi moche que toi.
Nya nya nya.

Les parents de Shana virent me chercher tôt. Direction les studios du magazine « Mode in life ».
Où ma vie allait sûrement changer à tout jamais.

A suivre.
Swato
Swato
Dieu vis sur une tortilla.
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitimeLun 27 Oct - 0:14

Ralalala, j'ai hâte de savoir ce qui va se passer maintenant !

J'adore Shana, je la trouve hyper cool et marrante et Clovis est marrant, j'aime bien sa façon de penser. Je cours au deuxième chapitre Very Happy
Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitimeLun 27 Oct - 0:16

Uhuhu J'adore Shana également :p
KoalaVolant
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Danashulps
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitimeLun 27 Oct - 22:19

*vomis sur les parents de Clovis*
Ah, ça fait du bien.

J'aaadore Clovis, il est cool ! Et Shana aussi d'ailleurs Very Happy. (sa famille également), j'aime bien comment c'est écris, ça sonne vraiment comme un livre que je lis d'habitude
Par contre, on voit bien tes principes et les trucs que tu me dis à longueur de journée :DDD...C'pas un défaut hein. Juste qu'on reconnait ta patte.
Maeve
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitimeLun 27 Oct - 23:03

Coucou.^^

L'univers de cette histoire-ci est tellement riche! Le monde de la mode, la profondeur des personnages... Yuuki a raison: le texte résonne comme un "vrai livre". Smile

Je déteste les parents de Clovis. J'ai souri aux principes de Clovis concernant notre société genrée, par contre. On te reconnaît bien là Wink, et j'adhère à 100%.

Shana est mimi. Ses jurons et son tempérament de feu me font rire. Leur amitié est très très belle, à elle et Clovis. Smile Et, tu vois? C'est même rafraîchissant de ne pas voir de romance poindre entre les deux, ahaha.^^

Je laisse tout de suite la review pour la deuxième partie. ...J'espère qu'à un moment donné, au moins la soeur de Clovis va réaliser ses erreurs. T T


Maeve
Maliae
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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitimeMar 28 Oct - 9:06

coucou,
pourtant j'y connais que dalle moi à la mode et en couture, toutes les 30 secondes je me disais "maiiiiiis dans quoi j'm'embarque bon sang" ! Ah bon, un vrai livre mdr (je pense publier ce truc sur fictionpress :'D) !

Tout le monde déteste les parents de Clovis :'D, même Clovis déteste ses parents.

J'adore Shana :p c'est une bonne personne ^^ ! Et si ça peut te rassurer je n'ai prévu aucune romance entre eux. Vraiment aucune. Ils s'adorent, se complètent bien et sont les meilleurs amis du monde, c'est tout.

Nope, la soeur de Clovis est pire que les parents de Clovis, mais on y reviendra plus tard.

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MessageSujet: Re: [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) [Originale] Un garçon ça ne coud pas. (1) Icon_minitime

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