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[Les 100 - pas de spoil] Anatomie de l'Abîme (6)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - pas de spoil] Anatomie de l'Abîme (6) [Les 100 - pas de spoil] Anatomie de l'Abîme (6) Icon_minitimeVen 25 Nov - 0:25

Note : chapitre un peu tristoune.

***

6. Douleur.

Monty pianotait sur le clavier de l’ordinateur portable posé sur ses genoux. Il essayait de pirater les ordinateurs principaux afin de savoir comment ça se passait sur Terre. Ils avaient dû atterrir depuis plusieurs heures déjà.
Normalement pour avoir accès aux ordinateurs, il fallait aller dans les salles informatiques de l’Arche. Seuls les plus riches de l’Arche possédaient un ordinateur portable ou pouvaient en louer un. Cela avait dû coûter une blinde à son père et il s’en fichait. Monty avait souvent espéré que ses parents lui en offrent un, ce qui n’était jamais arrivé avant et il avait toujours dû se débrouiller en salle info et maintenant, c’était fait et il ne se sentait pas reconnaissant.
Jasper était sur Terre sans lui, comment un ordinateur portable pourrait le remplacer ?
L’avantage qu’il en ait un, là tout de suite, c’était qu’il allait très vite savoir ce que devenait son meilleur ami. Monty espérait qu’il s’en sortait mieux que lui.
- Alors Monty ? Il fonctionne bien.
- Nickel, répondit Monty à son père.
Depuis la veille, il lui avait à peine parlé et il n’arrivait même plus à regarder sa mère en face.
- Je sais que Jasper te manque, tenta le père, mais je suis sûr qu’il va bien. Si l’expérience fonctionne, on le rejoindra bientôt, tu sais.
Monty ne répondit pas. Son père ne pouvait pas comprendre ce qu’il ressentait. Ce n’était pas seulement une séparation. Monty ne savait même pas si Jasper était vivant, il ne savait même pas s’il allait survivre. Et si l’Arche ne les rejoignait jamais ? Et s’il ne le revoyait jamais ? Il n’avait même pas pu lui dire au revoir, adieu, rien. Monty posa sa main sur sa poitrine qui lui faisait mal, serra son pull entre ses doigts. Il avait toujours été avec Jasper, s’il fermait les yeux (et il n’avait pas besoin de le faire), il revoyait sa vie et dans la majorité des souvenirs, il y avait Jasper. Et maintenant, Jasper n’était plus là, il était trop loin pour que Monty puisse l’atteindre. On lui avait arraché une partie de lui-même et son père pensait qu’il pourrait se consoler avec un ordinateur ? C’était ridicule.
Il souffla, puis recommença son piratage. Trouvant les failles, contournant les protections du système. Il était moins doué que d’autres dans ce domaine, mais il se débrouillait suffisamment, et il avait confiance en ses propres capacités. Et puis les ordinateurs principaux n’étaient pas super bien protégés, ils devaient se croire à l’abri, se dire que personne n’oserait s’infiltrer et que si quelqu’un osait, il suffirait simplement de l’éjecter dans l’espace. Monty n’avait pas peur. Ils feraient quoi hein ? Ils le remettraient en prison ?
Ça le faisait bien marrer.

Il finit par réussir à atteindre les ordinateurs et pu obtenir en temps réels les données de ce qu’il se passait sur Terre. Monty ne retint pas un « Yes » satisfait et soulagé. D’après ce qu’il voyait, ils avaient les données de tous ceux envoyés sur Terre. Nom, prénom, immatricule, taille, poids, date de naissance. Avec ça, les informations sur leur santé. Monty passa vite fait sur ceux qu’il connaissait. Miller, Monroe, Clarke…
Jasper Jordan.
Les informations sur son meilleur ami, Monty les connaissait, et pourtant, il resta bloqué dessus. Il eut un fin sourire en regardant la photo choisie. Les photos d’identité étaient vraiment moches, pas le droit de sourire, devoir regarder devant soi, sur un fond uni. Monty posa doucement ses doigts sur son écran. La bouche de Jasper était totalement crispée, il se tenait au garde-à-vous, ça se voyait tellement qu’il se retenait de rire que Monty avait envie de se marrer en le regardant. Un instant, la photo lui sembla prendre vie :
- Je hais les photos d’identité, comment ils veulent que je ne me marre pas alors que je suis sous le feu des projecteurs ? À moi, la grande vie de star !
Comment effectivement ?
Monty regarda finalement la santé de Jasper. Il paraissait assez stressé, mais était en vie. C’était ce qui comptait par-dessus tout. D’autant plus que ce n’était pas le cas de tout le monde. Certains étaient déjà morts. John Murphy, John Mbege, d’autres. Par moment certaines identités s’éteignaient, indiquant la mort de l’adolescent. Monty en avait mal au ventre. Il ne savait pas ce qui était en train de se passer, pourquoi certains passaient l’arme à gauche, tout ce qu’il souhaitait, c’était que Jasper était en sécurité.
Il regardait la fiche d’identité de son meilleur ami comme on regarde quelque chose qui nous hypnotise, l’imprimant sur sa rétine. Son père était toujours là et l’observait faire. Monty se dit qu’il avait dû prendre un jour de congé pour pouvoir rester avec lui, et dans d’autres conditions, il aurait profité de la présence de son père. Mais là, il n’arrivait pas à penser à autre chose qu’à Jasper et sa santé. Son père ne demanda même pas ce qu’il faisait, ni ce qu’il fixait avec autant d’attention, il en avait sans doute une idée.

Monty ne sut pas combien de temps passa, il n’avait pas faim, ne remarquait même pas que les minutes s’écoulaient, ni même qu’il avait à peine bougé depuis un long moment. Il n’avait même pas vu que son père avait abandonné la partie et s’occupait à autre chose, plutôt qu’attendre que son fils lui parle.
L’état de Jasper paraissait plutôt stable, il avait l’air de s’être calmé et cela rassurait Monty. Il essayait de s’imaginer la vie de Jasper sur Terre. Comment ça se passait en bas ? Est-ce qu’il avait vu des plantes ? Des animaux ? Quelle odeur avait l’air ? Est-ce que ça plaisait à son meilleur ami ?
Est-ce qu’il pensait à lui ?
- Bien sûr que je pense à toi, tête d’enclume.
Monty eut un fin sourire. Sourire qui s’effaça quasiment aussitôt alors que l’état de Jasper changea brusquement. Son stress augmentant d’un coup. Monty ferma ses poings et tendit son visage vers l’écran comme s’il pouvait calmer Jasper de cette façon. Le protéger. Savoir pourquoi il s’affolait. Est-ce qu’il était en danger ? Que se passait-il ? Pourquoi maintenant alors que tout semblait aller bien quelques secondes plus tôt ?
Monty s’en voulait de ne pouvoir rien faire, de ne pas être là, de ne pas pouvoir lui mettre sa main sur son épaule et lui faire comprendre qu’il avait confiance en lui, que tout irait bien. Il se mordit les lèvres et ne fut pas rassurer quand le stress diminua quelques minutes pour atteindre son paroxysme.
Et tout s’éteignit. Comme ça.
La fiche de Jasper devint sombre. Décédé.
Monty resta paralysé devant ce cauchemar.
Il n’enregistra pas. La fiche de Jasper allait se rallumer, c’était évident, son cœur recommencerait à battre, l’horrible mot "Décédé" disparaîtrait. Évidemment que ça allait se passer comme ça.
Monty eut l’impression pendant un instant de voir sa vie défiler devant ses yeux. Jasper et lui à regarder la Terre. Jasper et lui à courir dans les couloirs. Jasper et lui en train de s’échanger des mots pendant les cours. Jasper et lui s’endormant dans la même pièce. Jasper et lui à une fête. Jasper et lui mort de rire jusqu’à en avoir mal aux côtes. Jasper et lui qui se disputent et qui se réconcilient dans la minute. Jasper et lui de plus en plus jeune. Jasper qui vient vers lui et qui lui parle, début de tout, début des mots « meilleurs amis, début de « Jasper et Monty ». Début de sa vie, la vraie, celle qui comptait vraiment.
Et puis fin.
La solitude.
Il entendit comme un écho de Jasper.
- Adieu Monty.
Et se réveilla d’un coup, se mit à taper comme un cinglé sur le clavier. Puisque la fiche de Jasper ne voulait pas se rallumer, il la rallumerait lui.
Son père avait senti le changement et s’approcha :
- Monty ?
Monty tapa sur ce fichu clavier, tout, n’importe quoi, Jasper, JASPER. Il voulait le rallumer, le réveiller, effacer ce mot horrible. Décédé.
Non.
- Non ! Non !
Le père se rapprocha encore.
- Monty qu’est-ce qu’il se passe ?
Mais Monty n’écoutait pas, Monty voulait que Jasper soit vivant. Vivant. Jasper.
- Nooooon…
- Monty, calme toi, doucement, explique-moi.
Le père posa sa main sur l’épaule de son fils. Électrochoc, Monty se leva d’un coup et poussa un cri. Un hurlement. Comme s’il venait d’être placé face à la peur elle-même, à la douleur aussi. Son corps, son cœur, son âme se déchiraient, son esprit devenait fou.
Le père ne sut absolument pas quoi faire, à part serrer son fils contre lui, effacer le cri en le prenant dans ses bras, en posant sa main sur sa bouche.
- Chhhhhut, on va t’entendre, Monty, par pitié, on va t’entendre.
Et qu’est-ce que ça pouvait lui faire qu’on l’entende ?
Jasper était mort.
MORT.
Qu’on l’entende, que l’Arche entière l’entende, que l’Univers entier l’entende. Qu’ils sachent la douleur, qu’ils sachent la souffrance, l’horreur et la peur. Qu’ils sachent ce que ça faisait quand on plongeait en Enfer.
Mais Monty se tut. Il se tut. Calme froid soudain. Il se rassit.
- Pardon. Tout va bien.
- Monty ?
- Tout va bien !
Le père était désemparé, jamais il n’avait vu son fils comme ça, jamais il n’avait vu personne comme ça. Monty avait l’air… l’air… Fou. Est-ce que son fils, la prunelle de ses yeux, venaient de basculer dans la folie ?
Monty l’ignora, recommença à pianoter sur le clavier. Il allait faire entendre à l’Arche ce qu’elle venait de lui faire subir, il allait se venger de toute cette saloperie de lois qui l’avait séparé de son meilleur ami pour ensuite le tuer.
- Monty ? Qu’est-ce que tu fais ? Monty, tu m’écoutes ?
Monty n’entendait pas, il s’en fichait. Si son père l’avait laissé aller sur Terre avec Jasper, il aurait pu faire quelque chose, il aurait été là, avec son meilleur ami. Maintenant, Jasper était mort loin de lui, Monty ne savait même pas comment, ni pourquoi. Il ne comprenait pas, il n’avait pas pu lui dire adieu, il n’avait rien pu faire pour lui.
Monty ne s’arrêta que quand il eut fini ce qu’il voulait faire et appuya sur entrée. Soudain, toutes les alarmes de l’Arche s’allumèrent en même temps. Incendie, danger, interdiction, fuite de gaz, punition. Cacophonie qui devait semer la panique.
- Monty c’est toi qui as fait ça ?
Monty ne répondit pas, il ferma violemment l’ordinateur portable. Le bruit des alarmes le transperça, les cris à l’extérieur des gardes ou des gens se répandirent, et pourtant, Monty ne se sentit pas mieux, pas remplis.
Au contraire.
Il eut l’impression d’être vide. Épuisé.
Il ferma les yeux. Ne pleura pas.
Il y a des douleurs qui n’ont pas de larmes.

À suivre.
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