Cupidon - Chapitre 3 - SPN, destiel-Sam, pas de spoil

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Cela faisait bien une demi-heure que Sam était assis seul à la table de la brasserie. Il avait commandé une bière mais ne l'avait toujours pas bue, plongé dans ses pensées, jouant distraitement avec le goulot de sa bouteille.

La veille, après le départ de Castiel, Dean était resté longtemps dos contre la porte, son visage plaqué contre ses genoux repliés, son silence troublé seulement par sa respiration profonde. La lumière qui l'entourait avait pris une teinte grise, fade, un arrière-plan de lune semblant le serrer de ses bras froids.

Sam n'avait tout d'abord rien dit. Il avait su que parler, lui parler, était la dernière chose que Dean souhaitait à ce moment, et il avait deviné que la seule raison pour laquelle son frère n'avait pas de nouveau fui était qu'il était trop épuisé pour bouger. Mais les minutes avaient continué de s'écouler, impitoyables, et Sam n'avait pu le laisser s'endormir là, saoul, désespéré et vide.

Il s'était levé :

- Dean... Cas tu sais, il-

- Non.

Dean lui avait jeté un regard depuis ses genoux, le vert de ses iris délavé, brouillé, et Sam connaissait son frère, okay? Il n'avait pas besoin de la Vision pour remarquer que Dean n'arrivait même pas à focaliser son regard, membres alourdis par la fatigue et une terrible tristesse. La Vision était là cependant, et Sam commençait à croire qu'elle était une malédiction car la lumière si belle de Dean, jaune aux reflets or, paraissait maintenant happer tous les éclairages autour d'elle, vampire assombrissant tout comme si le soleil ne se lèverait jamais plus.

Sam avait fermé les poings, serré les dents, et il avait avancé d'un pas vers Dean, déterminé.

- Dean, tu dois m'écou-

- Pas maintenant.

Et Dean lui avait souri, relevant finalement la tête. Il lui avait souri, factice et craquelé et Sam s'était interrompu.

- Sammy... Pas maintenant. S'il te plaît.

Alors, Sam avait soupiré, las, son coeur serré et lourd :

- Viens au moins te coucher, Dean. Ne dors pas ici.

Et Dean avait hoché la tête :

- Vas-y. Je te rejoins.

Sam s'était détourné à contrecoeur, s'installant sur l'un des deux lits de la pièce.

Il avait attendu toute la nuit que son frère le rejoignît. Il ne l'av ait jamais fait.

Sam laissa échapper un souffle, fronçant les sourcils, doigts jouant avec la condensation d'eau sur sa bouteille.

- Quelque chose te tracasse, mon grand? Cette bière va pas se boire toute seule, tu sais...

Le front de Sam se plissa; il releva les yeux.

La serveuse de la brasserie se tenait debout devant lui, son carnet en équilibre contre ses bras repliés sur sa poitrine. Sa posture aurait pu paraître austère mais elle était trahie par le sourire amical qui éclairait son visage, ses joues encadrées par les mèches mauves s'échappant de son chignon. Elle mâchait discrètement du chewing-gum et ses yeux pomme brillaient d'un éclat espiègle.

Sam se redressa aussitôt sur son siège, se raclant la gorge avec embarras :

- Oh, hum. Excusez-moi. Vous avez besoin de la place pour d'autres clients, c'est ça?

La serveuse jeta un regard significatif autour d'elle et en suivant son exemple, Sam se sentit rougir.

Il n'y avait que trois clients dans toute la brasserie.

Le sourire de la jeune femme s'élargit, amusé :

- Toi, t'as vraiment la tête ailleurs...

Sam fixa la table, et, s'efforçant d'occuper ses mains, il essuya frénétiquement l'eau laissée par sa bière.

Il entendit la serveuse rire et s'asseoir face à lui.

- J'm'appelle Terry.

Elle lui tendit sa main, faisant cliqueter des bracelets métalliques à son poignet. Il la serra.

- Sam.

Terry eut un sourire vulpin :

- C'est un prénom bien court pour un homme aussi grand.

Sam fronça le nez, pris au dépourvu.

- Euh... Merci?

Terry rit et Sam en profita pour l'étudier. L'aura de la jeune femme était une rivière, lave en fusion aux reflets or étrangement calme à côté de ses mimiques expressives. Elle était installée avec nonchalance sur sa chaise, se balançant presque, et Sam jeta un bref coup d'oeil en direction du comptoir pour vérifier que le patron des lieux n'était pas là, persuadé qu'il la gronderait s'il la surprenait.

Terry fit éclater une bulle de chewing-gum pour attirer son attention.

- Oh, relax. Les clients qui restent, à part toi, sont des habitués. Et puis de toute façon, le patron est occupé.

Le ton de sa voix, soudain, s'était assombri, colère bouillonnante sous les mots et les yeux de Sam s'écarquillèrent. L'expression de Terry n'avait pratiquement pas changé et pourtant, son amertume éclatait autour d'elle, rouge et or et brûlante.

Le sourire de Terry s'élargit encore, comme tracé au couteau.

- Bon, Sam. C'est quoi, ton histoire?

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Sam n'avait pas prévu de parler à Terry de Dean, mais il avait toujours une mission à accomplir et il se disait que se rapprocher de la jeune femme pourrait peut-être lui permettre de l'aider par la suite. Il savait parfaitement que Dean ne le laisserait pas mettre le nez dans ses affaires - en tout cas pas plus qu'il ne l'avait déjà mis - et l'idée que son frère pût accepter son amour pour Cas en moins d'une semaine était simplement risible.

De plus, un avis extérieur concernant la situation de Dean ne pouvait pas faire de mal. Sam avait certes omis quelques détails ( "Mon frère est amoureux d'un ange et j'ai les pouvoirs d'un Cupidon." Oui, non.) mais à ce point-là, il était désespéré.

Terry avait écouté toute son histoire avec attention, hochant la tête de temps à autre et grignotant un morceau de pain qu'elle avait subtilisé à une table voisine.

A la fin de son récit, sa sentence fut implacable :

- Ton frère est un idiot.

Sam se renfrogna. Il commençait à en avoir assez des gens qui jugeaient son frère sans le connaître.

- Non, il ne l'est pas. C'est juste que... Les histoires de coeur, ce n'est pas son truc.

Terry agita une main en signe d'apaisement.

- Relax, Géant Vert. J'ai compris : pas touche au grand frère, c'est ça?

Sam se sentit rougir, pour la deuxième fois depuis qu'il avait rencontré Terry.

La jeune femme éclata de rire :

- T'es vraiment trop mignon.

- Terry?

Terry se figea.

Quittant sa chaise précipitamment, sa posture changea aussitôt : elle se tint soudain droite, membres rigides, ses yeux tombant sur le sol et son carnet serré entre ses mains.

- Patron...

L'homme qui avait émergé des cuisines portait costume, cravate et chaussures cirées, étrange accoutrement pour un simple patron de brasserie. Ses cheveux gominés brillaient sous les lumières du restaurant avec le même éclat que son sourire Colgate.

- Je t'ai déjà dit de m'appeler Oliver. Après tout, elle t'aime comme une soeur. C'est presque comme si nous étions de la même famille, à présent, pas vrai?

Son âme prenait la forme d'un lac noir, pétrole se déversant paisiblement sur ses épaules et Sam fronça les sourcils. Il y avait quelque chose de bizarre, chez cet homme.

Avec un geste exagéré, Oliver montra sa main gauche à Terry, où luisait à son annulaire une bague en argent.

Terry cracha sa réponse avec une véhémence qui fit sursauter Sam :

- Pas encore. C'est qu'une bague de fiançailles.

L'aura rouge et dorée de Terry bouillait de rage et les yeux de Sam s'agrandirent.

Une bague. Une bague de fiançailles à son doigt.

Et aucun or dans l'aura de son âme.

L'homme rit, son sourire élargi. Ses iris étaient étrangement floutés :

- Oh, Terry. Tu n'as jamais su quand il fallait te taire, pas vrai?

Ils prirent une teinte métallique :

- Retourne au travail.

Et là, une autre jeune femme apparut derrière Oliver; une serveuse vêtue de rouge sous son uniforme, aux longs cheveux noirs ondulés et à la peau caramel, jolie, qui semblait incapable de détacher son regard de son patron. A sa main gauche se trouvait une bague identique à celle d'Oliver, et ses yeux sombres et sans éclat étaient clairement envoûtés.

Le visage de Terry se décomposa. La jeune femme brune lui sourit lentement en réponse, avec une douceur vide :

- Terry... Ecoute Oliver.

Son âme, autour d'elle, paraissait suspendue en l'air, serpentins mauves lacés de doré.

Ce n'était pas vers Oliver qu'elle lançait ses fils.

Sam ferma les yeux. Il n'avait pas besoin de lire le prénom indiqué sur la poitrine de la serveuse, l'âme de Terry le lui hurlait :

Carla...

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Après cela, Terry était retournée au comptoir avec un sourire vacillant, ses yeux humides :

- On a tous nos problèmes, hein? J'ai eu tort de traiter ton frère d'imbécile, désolée...

Sam avait tenté de la rassurer, mais elle avait quitté sa table avant qu'il ne pût trouver ses mots. Le coeur lourd, Sam avait alors quitté la brasserie.

L'Arc de Cupidon causait plus de peine que de bonheur. Maintenant qu'il connaissait les signes, Sam les remarquait partout : les couples qui se regardaient avec des yeux de verre, transparents et fades, les sourires faux et placides; les gestes mécaniques pour se rapprocher, engrenages vissés ensemble  tandis que les âmes appelaient les noms d'autres.

Combien d'amours brisés, à cause de ce sort? Combien de relations non consenties?

L'Arc, finalement, n'avait rien à voir avec la luxure : la luxure pouvait être maîtrisée et dépendait de la volonté de la personne. On pouvait décider ou pas d'agir dessus.

Ces personnes ensorcelées n'avaient plus aucun choix.

Sam décida, ce jour-là, d'aller jusqu'au bout de sa mission; plus simplement pour respecter sa promesse, mais pour chasser définitivement le Cupidon de cette ville.

Sam ne le laisserait plus causer de mal à qui que ce soit.

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En début de soirée, Sam rentra à l'hôtel. Sa tête était plus douloureuse que jamais, les âmes des marteaux-piqueurs contre sa boîte crânienne.

Il n'avait pu aider personne.

Dans la cacophonie des coeurs brisés, il s'était alors dit que, comme il lui suffisait de réunir un seul couple, autant concentrer toute son énergie sur Terry et Carla. Il ne devait pas se disperser, et de plus, les aider elles aiderait tous les autres en chassant le Chérubin d'ici.

Quant à Dean et Cas...

Sam soupira. Dean n'était pas présent quand il était rentré, et cela ne l'étonnait guère.

Un gros "boum" contre la porte interrompit ses pensées et Sam, groggy, son crâne en feu, se leva tant bien que mal de sa chaise pour aller ouvrir.

C'était Cas.

Sam cligna des yeux, plusieurs fois. L'ange paraissait presque embarrassé.

Sam se racla la gorge :

- Viens-tu de taper à la porte?

Cas changea d'appui sur ses jambes, évitant son regard.

- Pas exactement.

Sam fronça les sourcils.

Et puis, il comprit :

- Oh. Tu t'es cogné contre la porte en apparaissant?

Cas lui jeta un regard noir, redressant les épaules, irrité.

- Mon hésitation à apparaître à l'intérieur ou l'extérieur de la chambre est entièrement à blâmer.

- Ton hésitation à...? Depuis quand tu-

Et, Sam s'interrompit. Un voile était tombé devant les yeux de Cas, ses lèvres étirées avec tristesse. Le gaz bleu était réapparu, flottant bas, abattu et incertain.

- Je sais qu'il n'est pas là... Je peux entrer?

Sam se mordit les lèvres. Il ferma les yeux, priant directement ses excuses à Cas.

Quand il les rouvrit, le sourire de l'ange était plus sincère.

Sam lui sourit en retour.

- Bien sûr. Entre.

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Bien qu'il sût que Dean était absent, Castiel observa attentivement la pièce en entrant. Sam ignora gentiment le petit "Dean..." silencieux qui lui parvint aux oreilles.

Au centre de la pièce, Sam se tourna vers Cas :

- Tu avais quelque chose à me dire?

Castiel ouvrit la bouche. Et puis, plissant le front, il sembla changer d'avis et demander autre chose :

- Que s'est-il passé hier soir, exactement?

Sam poussa un soupir.

Se rasseyant à la table unique de la pièce, il se prit la tête dans les mains :

- J'aurais dû me douter que tu viendrais me poser la question...

Cas vint s'asseoir face à lui. Il le fixait sans un mot, attendant patiemment sa réponse.

Sam se passa la main dans les cheveux.

- Ecoute, hum...

Il se mordit les lèvres.

- Le Cupidon m'a passé ses pouvoirs, tu sais? Enfin... Pas son Arc, mais sa Vision.

Cas pencha sa tête lentement sur le côté, apparemment perplexe. Après plusieurs secondes, il opina du chef :

- Oui. Je sais. Tu me l'as déjà dit, Sam.

Sam passa sa langue nerveusement sur sa bouche. Castiel rétrécit les yeux :

- Je ne vois pas ce que cela a à voir avec-

- Tu sais en quoi consiste la Vision des Cupidons, Cas?

Là, l'ange lui lança un regard de reproche, clairement vexé :

- Je crois, oui.

Oups.

Sam lui offrit un sourire d'excuse :

- Désolé. C'est juste que... Je vois les sentiments des gens, quoi. Je peux voir quand ils sont amoureux. Et de qui.

Cas hocha de nouveau la tête, songeur :

- Oui. Seuls les Chérubins ont cette faculté, les autres anges ne l'ont pas. Enfin, nous pouvons voir les âmes, mais elles ressemblent à dex feux intérieurs. Elles ne nous parlent pas comme aux Cupidons.

- Ah oui?

Sam rapprocha sa chaise, intéressé :

- Donc, tu ne peux pas lire les âmes?

Cas fronça les sourcils.

- Si j'y mets l'effort, oui. Je peux aussi lire dans les pensées si je le souhaite. Mais sinon, non.

L'ange releva soudain la tête et accrocha vivement son regard, fervent :

- Je n'ai jamais lu dans vos pensées, Sam. A toi ou Dean. Il faut me croire.

Sam eut aussitôt un geste d'apaisement :

- Non, Cas, ne t'en fais pas. On n'a jamais pensé ça.

Quelque chose parut se dénouer dans les épaules de Cas à ces mots.

Et puis, l'ange fronça de nouveau les sourcils :

- Mais je ne comprends pas le rapport avec hier soir.

Sam inspira profondément, pour se donner du courage. Le gaz bleu, autour de Cas, clignotait avec curiosité et inquiétude, les yeux azur de l'ange intenses.

Quelques molécules dorées furetaient encore dans la pièce pour chercher Dean.

Sam avala difficilement :

- Cas. Je peux voir ton âme, aussi.

Le gaz bleu, les molécules, tout disparut immédiatement.

Castiel se redressa, son visage fermé. Il avait remonté ses barrières, plus aucune émotion ne transparaissant dans son attitude, et quand il parla sa voix ne laissait place à aucun argument :

- Je n'ai pas d'âme.

Sam envoya ses mains en l'air en signe d'agacement :

- Peut-être pas ton "âme", alors, mais je peux te lire aussi.

Cas quitta sa chaise, lui tournant le dos.

- C'est impossible.

Sam se leva à son tour.

- Je ne sais pas, Cas! Peut-être que tu es trop resté avec nous ou quoi, mais on dirait que si, c'est possible! Et, Cas...

Sam se rapprocha et posa une main sur l'épaule de l'ange, l'obligeant à croiser son regard. Les yeux bleus étaient exorbités et Sam essaya de lui sourire.

Il lui dit, le plus gentiment possible :

- Cas... Tu es amoureux de mon frère.

Castiel se figea sous ses doigts.

Et puis, il tourna brusquement la tête, comme entendant quelque chose, et saisit précipitamment Sam par les poignets, le fixant avec urgence :

- Sam. Ecoute-moi, c'est très important.

Pris au dépourvu, Sam ne put qu'hocher la tête.

Le visage de Cas se plissa avec détermination :

- Ce mal de tête que tu ressens n'est pas anodin : c'est ton corps qui rejette la Grâce. Il se peut que tu aies moins de sept jours avant d'accomplir ta mission.

Des bruits de pas retentirent dans l'escalier qui menait à la chambre. Cas serra les dents :

- Il va falloir te dépêcher. Tu peux en mourir.

Et, il disparut, juste au moment où la porte s'ouvrait sur Dean.

Les yeux de Dean vacillèrent d'un point à l'autre de la pièce.

- Sammy?

Cas, appelaient les particules. Cas était là, Cas était là.

Sam posa une main sur son visage.

Il se laissa retomber sur sa chaise.

XXX

A suivre.

CAS TU ES AMOUREUX DE DEAN.

MOuahaha j'adore Sam à la folie, et genre comment il défend Dean c'est trop mignon. Et il est trop nul le cupidon d'avoir séparer les âmes à balancer des flèches partout.

Roh mais mince voila que Cas s'y met aussi maintenant... *soupire* quel bande d'idiots ces deux la alors...

J'adore l'idée et les descriptions des âmes et des particules et tout et tout, c'est super jolie. Et j'ai kiffé le passage avec Carla et Terry, les pauvres, j'espère que Sammy va les aider. ..

Hâte de lire la suite mais morte de chez morte... il est 5h du mat, j'vais me coucher et je reprendrais demain