Original - pas de spoil - Chapitre 21

Fandom: Original
Prompt: C'était juste une ombre
Note: Bonne lecture !








James avait bien faillit ne pas assister à l'enterrement.

Padraig avait du faire preuve de trésors d'imagination pour le convaincre de s'y rendre, de dire un dernier au revoir à sa petite soeur. Il comprenait sa réticence, lui-même n'avait pas assisté à l'enterrement d'Eugénie. Mais il le regrettait toujours.

Le temps était au beau. Nicky aurait certainement apprécié le soleil et les couleurs qu'il faisait éclabousser sur le paysage. Des professeurs et des élèves furent présent à l'église pour témoigner leur soutien et l'affection qu'ils portaient à la jeune-fille.

Le prêtre aurait voulu que James parle à l'assemblée mais il refusa.

— Elle sait déjà tout, avait-il dit.

Des amis de Nicole firent son éloge funèbre, Paddy resta aux cotés de James qui portait son mètre quatre-vingts comme on porte une enclume.

Ils suivirent le cercueil jusqu'au cimetière.

La main de James chercha la sienne lorsque les employés des pompes funèbres procédèrent à la mise en terre du cercueil. Paddy entremêla leurs doigts et ne broncha pas quand il les serra fort. Ce fut la seule brèche dans le masque impassible que James avait revêtu ce matin. Paddy ne fut pas aussi fort, mais il resta droit malgré ses larmes. Certaines personnes reconnurent le frère de Nicky et s'avancèrent jusqu'à lui:

— Toutes mes condoléances. Nicky était vraiment quelqu'un.
— Elle nous manquera.
— C'était une élève brillante.

A chaque personne, le visage de James se fermait un peu plus. Il finit par tirer Paddy à sa suite pour y échapper, quittant le cimetière. Ils marchèrent au hasard, la circulation de ce coté du quartier était calme, une voiture de temps en temps. Paddy effaça les dernières larmes qui roulaient encore sur ses joues et manqua de marcher sur le pied de James lorsque ce dernier s'arrêta. Ils étaient arrivés dans un parc, ils n'avaient donc pas marché au hasard.

James boitilla jusqu'au banc le plus proche. Padraig détailla son profil, à la recherche de la moindre émotion. La mâchoire serrée, les yeux durs et la posture rigide, Nicky semblait avoir prit tout ce qui caractérisait son frère pour ne laisser que cette ombre derrière elle.

— Quand je me suis servi de la pierre...

Paddy faillit sursauter, c'était la première fois que James parlait depuis des heures.

— J'ai souhaité que Nicky et toi soyez en sécurité et que vous restiez à mes cotés. La pierre a pris l'usage de ma jambe et elle m'a quand même enlevé Nicky.
— Jamie...

Le coeur de Paddy se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine, la culpabilité lui serra la gorge et il s'assit avant d'ouvrir la bouche:

— Je pense que la pierre a fait son travail quand les services sociaux ont décidé de te confier Nicky...
— Elle est morte, cracha James.
— C'est de ma faute.

Paddy prit une inspiration et ignora le picotement dans ses yeux, incapable de croiser le regard de James. La nausée manqua de le terrasser.

— Je veux pas entendre ça. Tout ne tourne pas autour de toi, Padraig.
— C'est la vérité. Je pensais que la malédiction n'avait aucun effet sur vous, mais elle finit toujours par frapper. Je pensais qu'Eugénie était immunisée mais elle ne l'était pas. Je pensais que Nicky et toi... Mais vous ne l'êtes pas, souffla t-il dans un sanglot.

James se leva et lui tourna le dos. Paddy baissa la tête quand il le vit se passer une main dans les cheveux d'un geste saccadé et empreint de douleur.  

— Amber peut sûrement faire quelque chose, pas vrai ? La ramener.
— Non, James..., répondit-il en secouant la tête. On ne peut pas ramener ce qui est déjà... parti.
— Tu as essayé, déclara t-il, la voix brisée. Avec Eugénie.
— Oui. J'ai demandé à la directrice de la ramener mais ce n'était pas possible. La magie est totalement liée aux éléments naturels et la mort en fait partie...

Paddy écarta ses cheveux de son visage et se frotta les paupières avec lassitude, il était épuisé et malheureux, coupable et bourreau contre sa volonté. James allait lui en vouloir. Parce que la mort de Nicky reposait entièrement sur lui. C'était à cause de lui. Entièrement.

James fit volte face. Le masque tomba et laissa apparaître toute sa tristesse et sa rancoeur:

— J'arrive pas à croire qu'elle soit partie. J'ai l'impression qu'elle va revenir à l'appart à tout moment, qu'elle va balancer son sac dans un coin et chanter du Avril Lavigne jusqu'à ce que je la laisse me maquiller. Je lui ai même pas dit...

Il s'interrompit pour poser une main tremblante devant ses yeux. Paddy se leva prudemment en le voyant perdre pied, prêt à tout encaisser. James laissa glisser sa main jusqu'à sa bouche, le regard noyé:

— Je lui ai même pas dit que je l'aimais.

Paddy secoua la tête et le prit dans ses bras. Le souffle irrégulier de James se perdit dans son cou, ses mains s'agrippèrent à sa taille.

— Elle le sait. Tu l'as dit toi même, il n'y a rien que tu puisses dire qu'elle ne sache déjà.
— J'étais censé la protéger et je suis arrivé trop tard, je l'ai laissé tomber, déplora t-il, anéanti.

Douleur, douleur, douleur...

Il tenta de faire entendre raison à James mais il était imperméable à ses arguments et ne voulut rien entendre. Il semblerait que pendant que Paddy se noierait dans sa culpabilité, James ferait la même chose de son coté.






Il retint son souffle. Il ne fallait pas qu'on le retrouve, sinon il allait perdre le jeu.

Il fallait gagner et que personne ne le voit.

Les voix de Père et Mère résonnaient dans une pièce du bas, il les entendait prononcer son prénom, le chercher. Il étouffa un rire derrière sa main potelée et courut se cacher dans un autre couloir. Il enroula un pan de rideau d'une étoffe lourde autour de lui et tendit l'oreille. Les pas se déplaçaient et le baryton de Monsieur le magicien se joignit aux appels de ses parents.

Trois contre un. Il fallait qu'il fasse attention.

— Petit ?  

Il sursauta violemment et se rattrapa au rideau dont les tringles grincèrent un moment. Il grimaça et retrouva son équilibre de justesse. Un petit rire s'éleva et lui fit croiser les bras sur sa poitrine, boudeur. Il s'extirpa de sa cachette et examina les environs, à la recherche de la personne qui se moquait si impunément de lui.

— Par ici. Lève la tête, petit.

Il obéit et sa mâchoire manqua de se décrocher sous la surprise. Sur un pan de mur se tenait un miroir gigantesque. Et à l'intérieur, une dame très jolie se brossait les cheveux avec un sourire doux aux lèvres. Il se frotta les yeux, il rêvait peut-être.

— Tu ne devrais pas te cacher. Tes parents ont l'air inquiet et mon mari va perdre patience.
— Un miroir qui parle ! S'étonna t-il.

Il se rapprocha pour mieux voir. La jolie dame du miroir eut un sourire indulgent:

— Va retrouver tes parents, insista t-elle.
— Mais on joue à cache-cache, protesta t-il.
— Est-ce qu'ils le savent ?
— Non...

Le rire mélodieux de la dame illumina la pièce, elle fixa sur lui deux yeux noirs brillants d'intelligence:

— Comment tu t'appelles ?
— Padraig Paddington.
— C'est un nom intéressant. Approche, je vais te révéler le mien, mais tu dois jurer que cela restera entre nous...

Padraig hocha la tête avec sérieux et s'approcha plus près, plus près, jusqu'à avoir ses deux petites mains sur le cadre du miroir. La dame sembla se coller contre la parois, sa bouche s'ouvrit.

— Que... Ne touche pas à ce miroir ! Hurla une voix tonitruante.  

Il en bondit de frayeur, la manche de son pullover se prit dans une fioriture du cadre et le miroir se décrocha avant de tomber au sol avec fracas.


Paddy se réveilla en sursaut, il se passa une main sur le visage et se redressa. La chambre était baignée de soleil, il devait être tard. Il comprit immédiatement ce qui l'avait réveillé lorsque quelqu'un toqua à la porte. Paddy se leva, enfila quelques vêtements à la hate et entrouvrit le battant de la chambre. Amber se tenait derrière, les bras croisés et l'expression peu avenante:

— Il est onze heure et vous dormez toujours ? Chuchota t-elle furieusement.

Il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. James était encore assoupi, sur le flanc, sa respiration était lente et il paraissait paisible. Paddy referma la porte derrière lui pour qu'il se repose en paix. Amber se poussa pour le laisser passer:

— Nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit...
—  Je me doute... J'étais à l'enterrement, tu sais ? Tout à l'arrière, je suis pas venue vous asticoter parce que je savais que c'était déjà assez compliqué sans devoir me gérer par dessus le marché.

Paddy prépara une tasse de café pour Amber et pour lui tandis que la jeune fille s'installait. Elle sortit un livre qui avait aussi vieux que le monde et le posa sur la table. Paddy s'appuya contre le comptoir et brisa le silence:

— Merci d'être venue...
— Ouais... De rien, c'est normal.
— Tu sais que c'est de ma faute.
— Ouais, je sais.

Le ton de Amber n'était pas accusateur, elle statuait juste l'évidence, tout comme Paddy l'avait fait avant elle. Si Nicky était morte, c'était de sa faute. Il hocha la tête. Amber prit une gorgée de son café et feuilleta son livre jusqu'à une page précise:

— J'ai pensé qu'avec ce qui venait de se passer, tu voudrais sûrement mettre un terme à tout ça. Je pense avoir trouvé un moyen de recoller les morceaux entre eux. Mais on aura besoin... de sang, grimaça t-elle.
— Nous n'avons pas encore reconstitué le miroir dans son entièreté.
— Ce n'est qu'un détail. Maintenant nous avons tout ce qu'il faut pour le réparer, les éclats de miroir et la colle. Il nous suffit de tout organiser et on rompra enfin la malédiction.
— Alors qu'est-ce qu'on attend ?

Paddy sursauta et se tourna vers le nouveau venu. Amber ne leva pas les yeux de son livre, comme si elle savait depuis le début que James était là, peut-être avait-elle senti sa présence. Il s'avança et se pencha par dessus l'épaule de la jeune-fille pour lire:

— Le sang d'un sorcier... Tu feras l'affaire.
— Le sang d'un athéiste, c'est pour toi, t'as pas l'air très catholique. Il nous manque le sang d'une personne vierge.

James fronça les sourcils en regardant Amber avec intensité. Cette dernière leva les yeux au ciel:

— Pas la chose la plus intelligente que j'ai faite mais non: je ne suis plus vierge.
— Yeurk, grommela James.
— C'est bon, je me chargerais de fournir du sang vierge.

Paddy fit de son mieux pour ne pas rougir. James leva la tête vers lui et ses yeux s'écarquillèrent. Il le regarda d'un oeil nouveau:

— Sérieusement ?
— Hm hm... C'est pas très étonnant, ils ne baisaient pas avant le mariage à l'époque.

Amber poussa une plainte quand James lui donna une pichenette en la reprenant sur son langage. Paddy se détendit, la remarque de la jeune-fille avait totalement détendu l'atmosphère. James s'approcha pour se faire un café et enroula un bras autour de sa taille:

— Après avoir rompu la malédiction, on remédiera à cette situation, t'inquiète pas.
— Trop de détails, les gars...

James l'embrassa chastement sur les lèvres.

Le voile de tristesse n'avait pas quitté ses yeux et il semblait toujours porter son mètre quatre-vingts comme un fardeau mais il y avait définitivement de l'espoir.

Et coucou.

Je vais répondre au hibou de ta signature et dire: oui, c'est chouette.

Enfin... Les circonstances sont horribles. Mais je suis heureuse que James se soit trouvé un but, et que la malédiction puisse être levée (elle va être levée, hein?).

Petit Padraig semble bien adorable. Et s'être fait piéger par la dame du miroir. :/

Je suis contente de voir qu'apparemment, l'"angine" de Jamie dans le chapitre précédent était réellement une simple angine. Ouf. T T

Allez les trois loulous! Vous allez rompre la malédiction! TxT

A tout'!


Maeve

AHPUREE c'est horrible affreux et triste Nicky :'(
Mais bon je suis contente qu'ils fassent quelque chose pour le miroir quand même, qu'ils abandonnent pas, ça leur donne une raison de continuer à avancer.
Pauvre petit Padraig qui voulait juste jouer