Fandom: Supernatural.
Disclaimer: Rien n'est à moi.
Couple: Destiel.
Prompt: Aucun. Je triche un peu. :'D
Note: Toujours pas fini. - - Et un gros mot m'a échappé, à cause de Dean. *râle* (:'D)
Bonne lecture à vous.
Vice Versa - Chapitre 9
C'était long, de ne pas dormir. Plus que long : c'était
écrasant. La nuit avait un poids qui pesait sur tout, une solitude oppressante qui tenait du vide.
Oh, la nuit n'était pas silencieuse : Dean pouvait entendre depuis sa chambre les millions d'insectes qui pullulaient sous le bunker, dévorant les détritus qu'ils trouvaient, ou dévorant leurs semblables, leurs mandibules claquant dans le cocon de la terre. Si Dean regardait par la fenêtre, il pouvait voir plus loin que nul être humain n'avait jamais vu : des planètes pas encore découvertes, la couleur d'une étoile en train de mourir.
La nuit, les odeurs étaient riches et profondes; l'absence de lumière les mettait à jour, les révélait comme des secrets.
Avec ses sens d'ange, l'odeur des chaussures de Sam arrivait jusqu'à lui,
abominable.
Mais Dean n'en avait que faire, de tous ces sens. Une étoile explosait au loin, un jeune hibou déployait ses ailes au-dessus du bunker, volant pour la toute première fois, mais la respiration contre lui, elle, était un foutu
miracle.
La nuit était un poids; Dean n'avait nul doute qu'elle pouvait asphyxier.
Mais Castiel bougeait dans son sommeil, des mouvements involontaires parfois minuscules et toujours différents : un sourcil qui tressautait, des lèvres qui s'entrouvraient, des doigts qui voulaient saisir. Mais le souffle de Castiel était chaud, lourd et vivant, sa respiration un chant, une énigme à décoder.
Mais dans son sommeil, Castiel ne lâchait toujours pas sa main, comme il l'avait toujours fait, accompagnateur silencieux et présent. Mais il s'était tourné vers lui, et dans son cou, il murmurait parfois des mots sans forme qui faisaient frissonner sa
Grâce.
La nuit pouvait bien essayer de le capturer de ses longs doigts froids... C'était Castiel qui le tenait.
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C'était fascinant, de regarder Castiel se réveiller.
Cela aurait pu être totalement flippant : après tout, c'était le corps de
Dean qui sortait du sommeil, et Dean n'avait jamais pu assister à l'un de ses réveils pour des raisons évidentes, et il était certes beau mais l'histoire de Narcisse? Très peu pour lui.
Dean ne se voyait pas lui-même en regardant Cas, cependant; et c'était cela, en vérité. Le plus terrifiant.
Cas frémit tout d'abord; il se lova un peu plus contre lui, glissa son nez dans son cou. Il comblait des trous que Dean ne pensait pas avoir, ne réparait pas ses craquelures mais les
bouchait, une parenthèse s'emboîtant dans la sienne comme un être perdu retrouvant sa place. Et puis ses yeux papillonnèrent, une fois, deux fois, paupières s'ouvrant sur le bleu du jour, et Dean sut alors qu'il assistait à un Sacrement, quelque chose auquel il n'aurait jamais dû avoir droit.
Ce regard trouva le sien tout de suite; une majuscule délicatement ourlée, le début de quelque chose.
Et Castiel
sourit :
- Hello, Dean.
Une nouvelle journée commençait. La distance autorisée entre eux deux devait avoir diminué.
Dieu était une ordure, mais s'il vous plaît : que Castiel pût rester avec Dean encore un peu.
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Cas apprit qu'il n'était "pas du matin".
Ce fut ce que Dean lui dit en l'accompagnant déjeuner en bas, un sourire rieur sur le visage. C'était vrai que Cas n'avait qu'une envie : se recoucher. C'était vrai que le lit de Dean était confortable, ou que les cheveux de Dean sur sa tête n'avaient jamais été aussi décoiffés; c'était vrai aussi que Cas s'était surpris plusieurs fois à grommeler, ou qu'il avait du mal à garder ses paupières ouvertes.
Si cela faisait de lui quelqu'un de "pas du matin", soit. Castiel acceptait tout, quand cela pouvait faire sourire Dean ainsi.
D'autant plus que les yeux de Dean, eux, ne riaient pas tout à fait.
Castiel avait essayé de demander à Dean comment s'était passé sa nuit; il n'avait jamais trouvé le temps long, lui, quand le soir tombait. A l'échelle d'un ange, la durée d'une nuit était inférieure à une seconde humaine.
Cependant, Castiel commençait à vraiment comprendre combien le temps ne s'écoulait pas de la même façon, pour un être humain. L'attente nécessaire pour la cuisson de ses pancakes était une épreuve.
Et à l'inverse, le temps qui leur restait à Dean et lui, avant de devoir se débarrasser du sort, ressemblait de plus en plus à quelque chose d'infiniment précieux.
Castiel ne pouvait pas s'imaginer ce qu'avait dû être la nuit pour Dean. Dean avait refusé d'en parlé, avait simplement souri, mais ses yeux avaient été tristes. Cas espérait que, même si lui s'était endormi, le chasseur ne s'était pas senti trop seul.
Et pourtant, même s'il avait pu s'ennuyer, il avait été présent quand Castiel s'était réveillé.
Cette seconde-là, elle avait été inestimable.
Sam ricanait.
Dean le fusilla des yeux :
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle?
Dean venait de dire à Castiel qu'il s'était mis du café partout. Il avait râlé à voix haute, avait grogné, puis, avec l'air de faire un immense sacrifice, il lui avait essuyé la joue de sa serviette.
Castiel ne lui en avait pas tenu rigueur, parce que son cou était devenu rose.
Sam aussi semblait l'avoir remarqué.
Sam affichait un sourire goguenard. Les yeux de Dean
crépitèrent :
-
Quoi?
Le sourire de Sam s'agrandit encore, ses yeux étincelants :
- Est-ce que tu vas disparaître brusquement, comme la dernière fois?
La mâchoire de Dean s'ouvrit de manière
audible.
Cas sirotait tranquillement son café :
- Non. Il ne va pas disparaître pour le moment, ses oreilles ne sont pas encore devenues rouges.
Dean se tourna vers lui, et les émotions qui le traversaient firent
exploser le sucre en poudre.
Sam et Cas clignèrent des yeux lentement, à travers le sucre qui les maculait. Ceux de Dean se rétrécirent :
- Je vous hais.
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Sam avait étalé les bris de miroir devant lui, et avait extrait des archives et de la bibliothèque des Hommes de Lettres tous les livres et tous les documents susceptibles de pouvoir le renseigner sur Rosetta Banny et sur les objets envoûtés par les sorcières. Même si Dean avait dit de ne pas faire de ce sort leur priorité numéro un, Sam voulait à tout prix chercher une solution alternative au cas où ils ne réussissaient pas à rompre l'enchantement à temps.
"Autoriser les âmes à rentrer chez elle", c'était bien vague. Ce qui rassurait Sam, cependant, c'était que ce sort n'avait pas été créé dans le but de faire le mal; Rosetta Banny aurait été une bien piètre marieuse, dans le cas contraire.
"Autoriser les âmes à rentrer chez elles"... La clef se trouvait chez les personnes envoûtées; mais si l'intuition de Sam à propos de Dean était vraie, comme quoi il ne voulait pas rompre le sort, alors ils étaient mal partis.
A propos de Dean, il déboula soudain dans le living-room, où Sam s'était installé. Il jeta un regard furieux aux livres entreposés sur les étagères puis fixa les escaliers, ses poings serrés. Plissant les sourcils, hochant la tête pour lui-même, il recula alors d'un pas, le tout sans prêter une seule fois attention à Sam.
Sam prit le temps de camoufler les morceaux de miroir sous un gros livre avant de se racler la gorge :
- Qu'est-ce que tu fais?
Dean fermait les yeux. Sans bouger, il lui répondit à voix basse :
- Tais-toi. Tu vas me déconcentrer.
Sam haussa un sourcil. Dean recula encore d'un pas, les yeux toujours fermés, et Sam lança un regard vers les étages, puis vers son frère, avant de comprendre :
- Oh. Tu testes ta connexion avec Cas, la distance permise entre vous deux.
Dean tourna la tête vers lui, le fusillant des yeux :
- Chut! C'est très dur de se concentrer, ok? Ne me distrais pas!
S'immobilisant, Dean cligna des paupières. Il l'observa de la tête aux pieds, mécontent :
- Déjà que tu es...
toi.
- Qu'est-ce que ça veut dire?
Dean poussa un grognement, passant sa main dans ses cheveux avec frustration, ébouriffant encore plus l'ange qu'il habitait.
C'était assez amusant.
Quand Sam sourit, Dean lui jeta un regard incendiaire. Des pas retentirent à l'étage et la voix de Cas-dans-le-corps-de-Dean se fit entendre, teintée d'inquiétude :
- Dean, tout va bien?
Dean poussa un juron. Sam sentit son sourire s'élargir de lui-même sur ses lèvres, impossible à contenir.
Dean lui fit un doigt d'honneur, et Sam rit.
- Tout va bien, Cas, t'en fais pas. Juste Sammy qui joue au connard. Retourne dans la chambre.
Au tour de Sam de lui jeter un regard noir, que Dean contra d'un sourire narquois.
Sam imaginait sans peine Cas hocher la tête là-haut :
- Oh.
Une pause.
- Dean, tu peux déjà m'entendre à distance, mais tu sais... Toi aussi, tu peux communiquer avec moi. Il suffit de te concentrer et de me parler dans ta tête. Je crois que notre connexion le permet. Essaie juste... de ne pas y aller trop fort. Tu sais combien une voix d'ange peut être douloureuse pour un être humain.
Sam cligna des yeux.
Dean sourit. Lentement, un sourire incroyablement doux qui n'était pas adressé à Sam :
- Ok, Cas.
Les pas retentirent de nouveau à l'étage, suivis du bruit d'une porte qui se ferme. Dean regarda de nouveau en direction des escaliers et Sam se demanda, pour la première fois, ce qu'il était vraiment capable de voir.
Sam hésita un instant. Il se mordit la lèvre, prudent :
- Vous communiquez par la pensée?
Dean parut recevoir un choc électrique. Il baissa la tête, fixant le sol comme un enfant pris en faute :
- ...Pas exactement. J'entends quand Cas prie, mais Cas pense que le sort pourrait me permettre de lui répondre.
- Cas te
prie?
Dean l'observa en le traitant clairement d'imbécile intérieurement :
- Bah oui. C'est moi, l'ange, maintenant.
Bah oui. Bien sûr, c'était
évident. Cas priait Dean.
Rien de bizarre là-dedans du tout.
Sam se figea :
- ...Attends, il t'a dit ça quand?
Dean sembla soudain trouver le sol fascinant :
- Hier soir.
Sam eut l'impression brutale que la Terre déviait de son axe. Il demanda très, très lentement :
- Dean. Est-ce que Cas a dormi dans ta chambre hier soir?
Dean l'étudia en papillonnant des paupières, confus :
- Bah. Les affaires qui vont avec mon corps sont dans ma chambre. Tu voulais qu'il dorme où?
Purée.
Dean se tourna brusquement vers les étages, comme s'il entendait quelque chose. Ses yeux se brouillèrent étrangement, sa bouche se retournant vers le bas :
- Il s'inquiète. Il faut que je continue.
Sous le regard éberlué de Sam, il ferma de nouveau les paupières en reculant d'un pas.
Sans le voir, il pointa Sam du doigt :
- Toi, arrête de me distraire!
Sans réfléchir, Sam hocha la tête.
Il observa son frère s'éloigner, souriant tout seul à des choses qu'il était le seul à entendre.
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La plus grande longueur du bunker faisait 120 mètres environ : c'était la distance qui séparait Cas dans la chambre de Dean de Dean au fin fond de la cave, à l'autre extrémité. Dean n'eut aucun mal à parcourir cette distance; quelque chose au fond de lui lui disait qu'il aurait dû s'en sentir rassuré, mais à la place, il ferma les yeux et se téléporta aussitôt l'expérience finie auprès de Cas.
Cet exercice lui avait également permis d'apprendre à maîtriser un peu plus ses sens d'ange. Il avait trouvé que c'était plus facile, pour lui, de se déplacer en fermant les yeux. Moins de stimuli présents aidait.
Il ne dirait jamais à Cas que c'étaient les battements de son coeur auxquels il s'était raccroché tout le long, calculant la distance qui les séparait à partir d'eux.
Cas l'accueillit avec un sourire fier :
- Tu as réussi à te téléporter de ta propre volonté.
Dean grimaça. Il détourna les yeux, contrarié envers lui-même :
- Mais je n'ai pas réussi à te répondre par télépathie.
Cas lui tendit la main :
- Pas grave. On va s'entraîner.
Dean attrapa sa main. Son coeur, le coeur dans la poitrine de Cas, pulsait jusqu'à la pulpe de ses doigts.
Dean lui lança un regard déterminé, resserrant sa prise :
- Je dois aussi t'apprendre à te servir d'une arme à feu.
Cas lui sourit; un sourire en coin, tendre et léger, léger, formé par les lèvres de Dean mais parfaitement
Cas :
- D'accord.
Ils descendirent ensemble jusqu'à la chambre de tir. Ils ne se lâchèrent pas.
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A suivre.