Fandom : Tant que nous sommes vivants
Prompt : Un vestige de tes lèvres.
Note :
C'est l'histoire d'amour de Bo et Hama. Bo et Hama sont obligés de fuir leur village car après l'explosion de l'Usine, tout le monde accuse Bo du malheur.
Hama a perdu ses mains dans cette explosion et a beaucoup de mal à s'en remettre, c'est pourquoi plus tard Bo va lui construire des mains à la forge. Des mains en metal, qu'elle va devoir apprivoiser. Mais Bo ne se remettra jamais de la perte des mains d'Hama, il se sentira toujours coupable (il aurait dût être à l'usine à sa place). Du coup à la fin il décide de partir à la guerre parce qu'il se sent mort, même avec Hama.
Hama disparaît ce jour là, après s'être arrachée les mains et les avoir jeté au feu. Tsell sa fille les retrouve et les pose sur l'atelier de Bo, comme elle se retrouve seule, elle part (avec Vigg un garçon qu'elle vient de rencontrer). Voilà. On ne sait jamais ce que sont devenus Bo et Hama.
***
Bo se maudissait. Encore et encore. Il était là à la guerre, et le feu qui brûlait lui faisait mal aux poumons sans pour autant réussir à le réchauffer. Quelle ironie pour un forgeron de ne pas être capable de supporter le feu. De ne plus avoir envie de le voir. De se mettre à le haïr.
Et ce froid, ce froid intense qui l’engloutissait chaque fois qu’il levait son arme et tuait, tuait pour ne pas être tué, tuait quelqu’un qui avait sûrement tout comme lui une famille quelque part. Il était à la guerre. Et il était là parce qu’il l’avait voulu.
Il avait bu jusqu’à ne plus savoir marcher parce qu’il voulait partir à cette fichue guerre. Il avait ignoré Hama, s’était disputé avec elle jusqu’à ce qu’ils trouvent les mots les plus blessants parce qu’il voulait aller sur ce maudit bateau. Il lui avait laissé une lettre finalement et l’avait quitté pour rejoindre l’aventure, cette aventure qui – pensait-il – lui manquait pour se sentir vraiment vivant.
Quel idiot. Quel maudit idiot. Pourquoi n’avait-il pas été capable de voir que la véritable aventure c’était celle qu’il vivait auprès de sa femme et de sa fille, c’était les pitreries qu’il faisait pour amuser Tsell, c’était les baisers qu’il échangeait avec Hama ? Pourquoi était-il là dans la boue, près du feu qui brûlait tout, qui ne laissait aucune chance, à tirer sur des gens qui ne lui avaient rien fait ? Maintenant que lui restait-il ? Si ce n’était les souvenirs, un vestige des lèvres d’Hama, une idée…
Il voulait rentrer chez lui, il voulait une autre chance, une dernière chance. Il promettrait à Hama de ne plus jamais partir, et tiendrait cette promesse. Tous les deux partageraient un lit jusqu’à devenir vieux. Bo s’occuperait de sa fille, il reconstruirait un théâtre d’ombre pour lui parler de leur vie à lui et à Hama.
Finalement sa prière fut exaucée, après des jours, des semaines, peut-être des mois, de combats, on lui fit comprendre qu’il pouvait rentrer chez lui.
Bo rejoignit la presqu’île avec impatience. Puis une fois les pieds sur terre, sur sa terre, il couru jusqu’à leur maison tordue, son petit coin de paradis. Il couru à en perdre haleine. Il s’imaginait déjà là bas, il embrasserait Hama jusqu’à ce que l’oxygène leur manque, il serrerait Tsell dans ses bras, il jurerait de rester pour toujours. Et plus il imaginait son avenir, loin du feu, du sang, de la guerre, plus il souriait et accélérait l’allure. Il était de retour chez lui. Enfin.
La maison était là qui l’attendait, toujours aussi bancale et tordue et pourtant toujours debout. Bo sourit et pourtant même à cette distance il pouvait voir que quelque chose clochait. Peut-être à cause des mauvaises herbes qui poussaient autour de la maison, peut-être parce que la porte était grande ouverte et qu’un des carreaux étaient brisées. Pourtant il ne s’arrêta pas, et il rentra chez lui. Dedans tout était en désordre, tout était poussiéreux, et incroyablement vide.
Il appela Hama, il appela Tsell, il attendait une réponse mais aucune réponse ne vint, alors il appela plus fort, tellement fort qu’il en eut mal à la gorge.
Le silence.
Un silence pire que tout, pire que celui qui avait eut lieu après l’explosion de l’Usine, un silence pire que celui qu’avait semé la mort de Deux, un silence pire que celui qu’il avait entendu dans les villages dévastés par la guerre.
Bo tel un pantin se dirigea vers son atelier. Peut-être étaient-elles là, elles ne l’avaient simplement pas entendu.
Il ouvrit la porte et son dernier espoir mourut.
Là sur son atelier trônait deux mains de fer, deux mains qui sonnaient comme une accusation, deux mains qui hurlaient « tu m’as abandonné, tu m’as laissé ». Deux mains qu’Hama s’était arrachée, comme on s’arrache le cœur, quand il était parti.
Bo était enfin rentré chez lui, mais il n’y avait plus de chez lui. Il n’y aurait plus jamais de chez lui nulle part, parce qu’il avait perdu celle qui était sa maison, sa seule maison. Il avait perdu Hama.
Fin.