Fandom: The 100
Prompt: On ne se ressemble pas du tout
Note: C'est beaucoup plus long que prévu... je suis désolée >< Suite demain !
Couple: Murphamy
Les dernières chances
Bellamy se reprochait beaucoup de choses, il n'avait pas su protéger sa soeur sur l'Arche et la plupart du temps il échouait sur Terre aussi. Il s'était montré froid et sans pitié, il avait menti, frappé, tué... Et il avait viré la caisse de sous les pieds de Murphy.
Il l'avait fait, sans avoir de preuves, sans savoir avec certitude, malgré le regard suppliant de Murphy, malgré la lueur désespérée dans ses yeux, celle qui cherchait à atteindre ce début de lien qui s'était forgé, ce début de confiance qui s'était instaurée entre eux depuis qu'ils avaient atterri dans ce foutu enfer sur Terre. En virant cette caisse, Bellamy avait brisé cette confiance, et tout avait volé en éclat. Qui aurait pu croire qu'un simple coup de pied dans un objet pouvait changer tant de chose ?
Qui aurait pu croire que ça le mènerait à cet instant, Murphy pointant une arme sur lui, les mâchoires serrées, entre détermination et ce regard d'animal poussé dans ses derniers retranchements, qui n'a plus d'autre choix que de mordre pour se libérer. La corde au cou, Bellamy ressentit tout le poids de ses remords, la honte d'avoir accusé à tort, d'avoir pointé le doigt dans la mauvaise direction, d'avoir brisé quelque chose qu'il savait encore présent, sous-jacent.
- J'aurais dû les arrêter, souffla t-il.
Murphy serra les dents, ses yeux brillèrent, Bellamy crut y voir une pointe de regret, mais la seconde suivante il n'y avait plus que de l'amertume et de la colère.
- C'est un peu trop tard pour ça.
Bellamy accusa le coup mais vraiment, est-ce qu'il pouvait en vouloir à Murphy ?
**
Lorsque Murphy renversa la caisse sous ses pieds et que sa vision commença à se teinter de tâches noires, l'ironie de la situation n'échappa nullement à Bellamy.
Elle lui revint en pleine tronche quand il reprit son souffle. Finalement, peu importait qui shootait cette foutue caisse, aucun des deux n'arrivait à finir le boulot.
- Murphy ! Gueula t-il, la voix rauque et la gorge brûlante de douleur. C'est fini Murphy ! Y a plus d'issue !
Dans tous les sens du terme. Murphy n'avait plus que deux choix, descendre de lui-même ou attendre qu'ils viennent le sortir de son trou. Mais bien sûr, ce petit con était le roi des troisièmes options.
La dernière chose que Bellamy se dit en voyant le cul de Murphy disparaître à l'horizon entre deux buissons, ce fut qu'à chaque fois qu'il pensait l'avoir cerné, il fallait que ce type lui glisse entre les doigts.
**
Bellamy ne s'attendait pas à revoir Murphy de sitôt. Il aurait dû se douter que ce sale type referait une apparition dans le camp, il semblait décider à ruiner leurs vies.
Finn l'avait retrouvé inconscient au pied d'un arbre, torse nu, avec des coupures un peu partout et une plaie assez moche à l'épaule. Bellamy se demanda si
Spacewalker était stupide ou si un Terrien l'avait lobotomisé. Il n'y avait que cela pour expliquer le fait qu'il revienne avec Murphy sur le dos.
- Pourquoi tu le ramènes au camp, tu trouves qu'on n'a pas assez d'emmerdes comme ça ?
- Je pouvais pas le laisser comme ça, répondit Finn en fronçant les sourcils.
Clarke ne le laissa pas approcher de Murphy, comme si elle avait peur qu'il ne se jette sur lui et en y réfléchissant... peut-être qu'il en avait envie. Un tout petit peu. Elle demanda à Monty et Jasper de porter Murphy à l'intérieur de la navette et Bellamy secoua la tête parce que
sérieusement ?
- Sérieusement ? Répéta t-il à voix haute. La dernière fois qu'on l'a repris, ça s'est fini avec une corde autour de mon cou et un trou dans le vaisseau.
- Il a failli me tuer deux ou trois fois aussi, marmonna Jasper avec un air compatissant. On finit par s'y habituer, je suppose.
Monty et Jasper disparurent avec Murphy, le laissant avec Finn et Clarke. Bellamy se tourna vers elle avec colère, il pointa la navette du doigts.
- Si on le réintègre dans le camp, tout va partir en fumée. On commence tout juste à agir comme une communauté et pas comme des gamins, Murphy va tout foutre en l'air.
Clarke soupira et posa les mains sur les hanches, avec son air de princesse parfaite qui agaçait Bellamy quand elle prenait des décisions qui n'allait pas dans son sens, même si la plupart de ses décisions étaient justes et logiques.
- Écoute, à mon avis, si on n'arrête pas de se retrouver avec Murphy sur les bras c'est qu'il y a une raison.
- Est-ce qu'on croit au destin maintenant ? Demanda Finn avec un haussement de sourcil.
- Je n'en sais rien, mais ce n'est pas en ignorant le problème qu'on va le résoudre.
- Au moins on est d'accord sur le fait que Murphy est un problème, reprit Bellamy en fronçant le nez.
Clarke leva les yeux au ciel et lui donna une tape sur l'épaule pour tenter de le dérider. Bellamy était partagé entre vouloir s'engueuler avec elle et aller chercher Murphy par la peau des fesses pour le mettre dehors. Clarke planta ses yeux dans les siens:
- Je crois qu'on a tous fait du tort à Murphy. Ne te méprends pas, je pense toujours que c'est un enfoiré et un psychopathe mais je préfère l'avoir de mon coté que contre nous. Il est des nôtres, qu'on le veuille ou non.
- Alors tu voudrais qu'on le laisse gambader dans le camp à sa guise, comme si rien ne s'était passé ?
- Non... Bien sur que non, répondit Clarke d'un ton évident.
Bellamy se tourna vers Finn avec incompréhension.
- Et t'accepte ça toi ? Il a tiré sur Raven !
- J'ai bien pardonné à Lincoln de m'avoir poignardé... Et ce n'est pas à moi de pardonner à Murphy, c'est à Raven.
Des conneries tout ça. Bellamy venait d'atterrir dans un univers parallèle, il n'y avait pas d'autre explications. Finn leva les mains en l'air et soupira:
- Si Clarke estime qu'on devrait donner une autre chance à Murphy, je suis pour aussi.
- On a dit ça la dernière fois en disant que c'était sa dernière chance ! Il l'a déjà eut sa deuxième chance ! Se plaignit Bellamy.
- Vraiment ?
Bellamy détestait Clarke, c'était décidé. La blonde tourna les talons et le laissa sur cette interrogation. Finn la suivit en haussant les épaules.
**
C'était vrai que Bellamy n'avait pas tellement laissé sa chance à Murphy quand il était revenu la première fois, personne ne la lui avait laissé à vrai dire. Et puis sa deuxième chance avait été hyper courte aussi, à peine deux jours, c'était loin d'être un record.
Mais en deux jours, Murphy avait tué
deux personnes !
Qu'est-ce qu'ils attendaient au juste ?
Que Murphy les extermine jusqu'au dernier ?
**
Murphy avait fini par se réveiller, Clarke avait décidé de le garder attaché au lit jusqu'à ce qu'il guérisse, c'était au moins ça. La tronche de Murphy quand il s'était réveillé...
Bellamy était là pour faire recoudre une mauvaise coupure qu'il s'était faite à la paume en taillant une lance quand Murphy avait ouvert les yeux. Clarke avait relevé les yeux de son travail mais n'avait pas bougé, observant en silence tandis qu'il tournait la tête pour prendre en considération son environnement. Murphy avait grogné d'une voix rauque avant de laisser retomber sa tête contre la civière improvisée:
- Tout ça est étrangement familier.
- Évite de bouger, tu vas rouvrir tes points de suture, lui avait conseillé Clarke.
- C'est quoi le plan cette fois-ci ? On me pend, on attend que je sois guéris pour me virer à coup de pied dans le cul ou ... ?
- Occupe-toi de te reposer pour l'instant, on verra plus tard.
- Merci,
princesse, avait craché Murphy.
Bellamy avait levé les yeux au ciel et marmonné dans sa barbe, parce qu'attaquer était typiquement Murphy-esque.
- Génial, le
roi est là aussi, avait soupiré Murphy. Est-ce que je dois m'attendre à ce que tu me tues dans mon sommeil ?
- Ne me tente pas, avait-il répondu sur le ton de l'avertissement.
Murphy avait tiré sur ses liens avec frustration, fou furieux, comme toujours.
Bellamy avait froncé les sourcils en se demandant si ce type avait déjà ressenti autre chose que de la colère de toute sa vie. Il paraissait constamment branché sur la même fréquence, toujours empli d'amertume et de rage.
Clarke lui avait donné une petite tape sur le bras, elle avait terminé de le recoudre. Elle l'avait regardé avec un sourcil haussé, pas dupe et il avait froncé le nez avant de tourner les talons pour se remettre au travail.
**
Les blessures de Murphy avaient finalement guéri et ils avaient décidé de le libérer. Du moins, Clarke avait décidé, Finn avait hoché la tête et Bellamy avait laissé dire avec une moue renfrognée.
- On a décidé de te laisser rester au camp. Dernière chance, annonça Clarke à Murphy.
- Trop aimable, dit-il avec un rictus.
- A plusieurs conditions.
Murphy la regarda par dessous ses cheveux, le corps crispé et son attitude transpirant la méfiance. Bellamy croisa les bras pour cacher sa surprise, ils n'avaient pas parlé de conditions, il était curieux d'entendre ce que Clarke allait dire.
- Tu n'es pas autorisé à quitter le camp. Tu n'approches le vaisseau que si on te le demande, pas d'armes pour toi jusqu'à ce qu'on estime que tu n'es pas un risque pour nous. Pas de meurtre, mais cela va sans dire.
- Autre chose ? Railla Murphy.
Clarke imita sa posture, croisant les bras, elle dévisagea Murphy de haut en bas, son regard glissa vers Bellamy en une fraction de seconde.
- Oui, continua t-elle. Tu partageras la tente de Bellamy et tu l'aideras à fortifier la palissade.
Bellamy se mordit les lèvres pour ne pas intervenir. Devant un enfant, mieux valait que les parents fassent front et ne se disputent pas, c'est ce qu'il avait appris en lisant des bouquins sur l'éducation lorsqu'il avait du s'occuper de Octavia.
Murphy n'était peut-être pas un gosse, mais il avait clairement besoin de discipline et Bellamy ne voulait pas lui montrer leurs désaccord. Mieux valait qu'il pense qu'ils étaient tous les deux décidé sur ce point.
Mais plus tard, quand Murphy fut très loin, il craqua:
- T'as mangé une noix hallucinogène ou quoi ? Murphy et moi dans la même tente, à la palissade ? Il va me tuer, si ce n'est pas moi qui le tue en premier.
- J'aurais dû t'en parler avant mais le mettre dans ta tente, c'est autant pour protéger les autres que pour le protéger lui. Les autres ont toujours une dent contre lui, on ne peut pas le laisser tout seul. J'ai confiance en toi, tu sais gérer Murphy. Si tu n'arrives pas à le contrôler alors personne ne le pourra.
- Et c'est censé me rassurer ?
- Bellamy, soupira Clarke.
Le ton de Clarke le calma tout de suite, il prit une inspiration et attendit qu'elle parle. Elle avait son regard qui voulait dire "
je vais dire quelque chose de très important alors tu ferais mieux d'écouter et de la fermer":
- Je ne sais pas ce qui se trame entre vous deux, mais ce quelque chose, ça pourrait bien le calmer.
- Il a failli me tuer.
- Et tu as failli le tuer aussi, le raisonna t-elle.
- Il a tué deux personnes.
- Fais en sorte que ça ne se reproduise plus.
Clarke retourna dans son infirmerie improvisée. Maudite soit-elle.
**
Jusque là, Murphy s'était tenu tranquille, toujours aussi sarcastique et renfrogné cependant. Ses doigts s'agitaient parfois, comme s'il rêvait de mettre un coup de poing à quelqu'un.
Oh bien sûr, il lui arrivait de donner des coups d'épaule à Jasper lorsqu'il le croisait, de jeter des regards noirs à telle ou telle personne mais à part ça rien à signaler.
Pas de meurtres, pas de blessés.
**
Les épaules de Murphy étaient constamment crispées, ses yeux alertes et à l'affut, comme s'il s'attendait à ce qu'on l'attaque à tous moments.
Bellamy dormait près de l'entrée la nuit. Pas pour se sauver plus facilement en cas d'attaque, il n'était pas un lâche mais pour être certain de se réveiller si Murphy tentait de sortir de la tente. Parce qu'il ne s'endormait jamais avant Bellamy, pourtant il avait essayé de rester éveillé le plus longtemps possible pour voir s'il sombrerait avant lui mais rien à faire.
Murphy faisait des petits bruits la nuit.
Ça réveillait Bellamy à chaque fois, comme là. Il avait toujours eut le sommeil léger avec Octavia. Ce n'était pas des bruits paniqués ou apeurés alors il supposait que Murphy ne faisait pas de cauchemars.
Non, c'était des bruits
doux. Comme des soupirs ou des sortes de grognements satisfaits.
Et c'était
bizarre.
Comment Murphy pouvait être si désagréable le jour et si...
ça la nuit.
Bellamy se boucha les oreilles avec son oreiller et râla dans sa barbe inexistante.
**
- On sort, prépare toi, annonça Bellamy.
- Je croyais que je devais rester dans le camp, répondit Murphy avec un sourire méprisant.
- Pas aujourd'hui.
Bellamy sortit, Murphy sur ses talons et pendant une minute, on aurait pu croire que tout était redevenu comme avant.
- Et où on va ? Demanda Murphy.
- Lincoln a vu quelque chose d'anormal à l'est, ça pourrait être une menace alors on va s'assurer que tout est en ordre et on revient.
- Il est tard, la nuit va bientôt tomber.
- C'est pour ça qu'on doit se dépêcher, soupira Bellamy.
- Et depuis quand on fait confiance à un Terrien ?
- Depuis que le Terrien est de notre coté.
- Depuis que le Terrien se fait ta soeur, tu veux dire.
Bellamy se retourna et poussa Murphy.
Fort. Assez fort pour le faire tomber sur les fesses. Sa chute ne sembla pas le perturber plus que ça, il haussa un sourcil sans bouger.
- Peur de la vérité, Blake ?
- Parle pas de ma soeur comme ça, t'as compris ?
- Oui,
chef, sourit Murphy.
Harper, qui passait par là, s'arrêta et s'approcha prudemment:
- Tout va bien, Bell ?
- Bien sûr. Murphy est tombé, répondit-il avec un grand sourire.
Les lèvres de Murphy prirent un pli mécontent, et comme Harper ne bougeait pas, Bellamy lui tendit la main pour l'aider à se relever. Murphy la prit après un temps d'hésitation et il usa de plus de force que nécessaire pour le remettre sur ses pieds, le faisant vaciller avant de retrouver son équilibre.
Harper reprit sa route et Bellamy lâcha les doigts de Murphy pour en faire de même.
**
- Je vois rien.
- Tant mieux, marmonna Bellamy, sur ses gardes.
Ils étaient toujours en guerre contre les Terriens, sauf Lincoln qui oscillait entre les deux camps mais ne prenait jamais position contre eux, à la limite de la trahison. Le ciel était de plus en plus sombre, ils étaient très à l'est, Bellamy se demanda s'ils n'étaient pas allés
trop à l'est justement.
- On devrait rebrousser chemin.
- Ouais, de toute façon la nuit va bientôt tomber et on s'est assez éloigné.
- Alors... Lincoln avait tort, dit Murphy innocemment.
Bellamy leva les yeux au ciel. Murphy n'avait cessé de sous-entendre que Lincoln était un Terrien et que même s'il se
tapait sa soeur, ça ne changeait rien. Bellamy avait lâché la branche qu'il tenait pour lui et avait été satisfait lorsqu'elle avait frappé Murphy au visage.
- On n'a rien
vu d'anormal, ça ne veut pas dire qu'il n'y
a rien d'anormal.
- Ouais... Moi j'ai besoin de voir pour croire, pas l'inverse.
Ce type était épuisant.
- Blake !
- La ferme, Murph...
Le sol se déroba sous ses pieds et il tomba dans le trou qui avait été dissimulé sous un mont de terre. Un douleur cuisante déchira sa jambe et ses paupières se fermèrent sous le choc, une main agrippa la sienne, ses doigts se refermèrent sans qu'il ne le contrôle vraiment. Murphy le maintint au dessus du trou en serrant les dents sous l'effort.
- Remonte-moi, grogna Bellamy.
- J'essaye, répondit-il sur le même ton.
Le pied de Murphy dérapa sur le sol inégal et un cri de douleur échappa à Bellamy lorsque la lance s'enfonça un peu plus dans sa cuisse. La prise sur ses doigts se raffermit, Murphy retrouva son équilibre et le hissa sur la terre ferme, le bois se retira de ses chairs dans le même temps et Bellamy retomba au sol, à bout de souffle, la jambe en feu. Il porta sa main à la plaie et se mordit les lèvres en la retirant pleine de sang. Pas bon.
- On doit rentrer.
- Fais voir.
Murphy se redressa et fronça le nez en voyant le sang maculant son pantalon. Il arracha un pan de son t-shirt avant de le lui tendre, Bellamy marmonna un remerciement et l'enroula autour de sa jambe avec une grimace de douleur.
- On ferait mieux de trouver un endroit où passer la nuit, on n'ira pas loin avec ta jambe, lui fit remarquer Murphy.
Bellamy rechignait à rester dehors mais Murphy avait raison, ils étaient trop loin du camp. Il se redressa du mieux qu'il put et s'appuya contre un arbre un moment, toujours à bout de souffle.
- Les grottes sont de ce coté.
Il fit un pas dans la direction qu'il venait de pointer et manqua de s'étaler par terre. Une main sur son torse le stabilisa avec que cela ne puisse arriver. Murphy saisit son poignet de l'autre, fit passer son bras au dessus de ses épaules pour qu'il puisse s'appuyer contre lui, sans un mot.
- Merci, souffla t-il.
Murphy grommela quelque chose d'incompréhensible en réponse. Bellamy soupira et fut soulagé lorsque son poids ne pesa plus sur sa cuisse blessée. Marcher fut beaucoup plus facile avec l'aide de Murphy mais cela fut tout de même laborieux.
Bellamy était mort de fatigue, il avait chaud et une couche de sueur parsemée de saleté couvrait son visage. Il avait beau s'essuyer le front, il se sentait toujours aussi nauséeux et sale. Murphy portait le plus gros de son poids à bout de bras et il n'arriva même pas à en être embarrassé, il était épuisé.
- On est arrivé.
Merci, mon dieu.
Murphy le fit basculer au sol doucement. Bellamy ne l'aurait jamais cru capable de douceur, enfin du moins il ne l'
avait pas cru capable de douceur, avant de l'entendre faire les bruits.
- Je monte la garde en premier, mange ça et dors.
Il ne fallut pas le lui répéter deux fois. Bellamy enfourna le morceau de viande séchée que Murphy lui avait fourré dans la main. C'était dur comme de la semelle et sa mâchoire fatigua vite mais c'était mieux que d'aller dormir le ventre vide. Quand il eut finit, la tête de Bellamy bascula contre un rocher et il s'endormit comme une masse.
**
En se réveillant en pleine nuit, Bellamy réalisa que ça n'avait pas été très prudent de s'endormir de cette façon en laissant Murphy sans surveillance. Il aurait pu prendre l'arme cachée dans son dos à sa ceinture, le couteau dans sa botte ou celui dans la poche de sa veste et se sauver, ou le tuer dans son sommeil. Mais il se plut à penser que si Murphy avait voulu le tuer, il l'aurait fait depuis longtemps à présent, il avait eut de nombreuses opportunités au camp.
- Tu ronfles, grogna Murphy.
Bellamy se redressa et porta immédiatement une main à sa jambe, il se sentait fiévreux, ce qui n'était pas si étonnant vu qu'il avait un trou énorme dans la cuisse.
- Les hommes ronflent, répondit-il.
- Ouais, et ben tu ronfles comme une gonzesse.
Il était bien trop tôt – ou tard – pour ce genre de conneries, Bellamy roula des yeux.
- La ferme, Murphy, rétorqua t-il sans énergie.
Il fit craquer ses épaules en s'étirant et frotta son front pour chasser la fatigue qui lui collait encore à la peau avant d'évaluer la situation. Murphy était assis, à moitié vers lui et à moitié vers la sortie, une couverture enroulée autour de lui. Maintenant qu'il y faisait attention, une couverture le recouvrait aussi, il avait du le couvrir après qu'il ait sombré. Il faisait plutôt bon, les parois de la grotte les protégeaient du vent et d'une éventuelle vague de gaz acide... Ils étaient en sécurité pour le moment.
Les yeux de Bellamy dérivèrent sur Murphy. Les genoux remontés au niveau de sa poitrine, ses yeux étaient perdus dans le vague mais il paraissait curieusement sur le qui-vive, comme s'il tendait l'oreille.
- Est-ce que tu as peur ? Lui demanda Bellamy avant de se traiter mentalement d'abruti parce que Murphy allait mordre, comme d'habitude et...
- Si t'as pas peur c'est que t'es stupide. Je me suis fait capturé deux fois par les Terriens, je serais con de pas avoir peur.
Oh ? C'était nouveau ça. Bellamy cacha sa surprise sous un grognement affirmatif, il remonta la couverture sous son menton, examinant Murphy avec curiosité, les sourcils froncés.
- Et qu'est-ce qu'ils te voulaient la deuxième fois ?
- Va te faire foutre, Blake, cracha Murphy.
Ah, voilà qui était plus familier.
- Non, sérieusement, insista Bellamy.
Murphy releva les yeux vers lui. C'était presque fascinant de se dire que ce type était beaucoup plus jeune que lui, alors qu'une vie entière de galères et de rage semblait se cacher dans ses pupilles.
- J'en sais rien. S'amuser ?
L'idée le fit grincer des dents, Murphy haussa un sourcil:
- Quoi, tu penses être mieux qu'eux peut-être ? T'as oublié comment tu as torturé Lincoln pendant des jours ?
- Lui au moins il n'a rien dit, répondit-il d'un ton accusateur.
- Ouais, c'est ça. Et si ça avait été toi, tu n'aurais rien dit, blaaa, blaaa... Change de disque. On se ressemble pas, voilà tout. Désolé d'avoir craqué après qu'ils m'aient
tailladé chacun leur tour pendant des jours, après qu'ils m'aient
arraché les ongles un à un avant de me menacer de m'arracher les
dents si je ne parlais pas.
Bellamy renifla avec dédain.
- Et je vois que tu les as toutes, railla t-il.
- J'aime mes dents où elles se trouvent.
Dans ma bouche et pas ailleurs.
Une légère brise le fit tressaillir, ou peut-être bien que c'était l'intensité de la voix de Murphy et la façon dont ses yeux venait de se plisser. Bellamy secoua doucement la tête, incrédule:
- Tu sais, si tu mettais autant d'ardeur à protéger tes amis qu'à les blesser, tu pourrais devenir un sacré bonhomme.
- Nah, je laisse ça aux gars avide de pouvoir.
- Comme moi ?
- C'est pas moi qui l'ai dit.
Un rire quitta les lèvres de Bellamy, il en fut au moins aussi surpris que Murphy, du moins jusqu'à ce que sa cuisse ne bute contre la roche et ne le fasse siffler de douleur.
- Fais pas ta chochotte, ta soeur se plaignait moins que toi et elle s'était fait bouffée les guiboles par un ver d'eau géant.
- Tu pourrais arrêter de parler de ma soeur une seconde ? Râla Bellamy, agacé.
Murphy leva les yeux au ciel et se passa une main dans les cheveux avec un air indifférent. Bellamy serra les dents et passa la langue sur ses lèvres sèches.
- Tu ferais mieux de dormir, je monte la garde.
- T'endors pas, grommela Murphy.
- Ouais, ouais.
Et toi fais pas de bruits bizarres, ajouta t-il mentalement.
En vain. Même allongé sur un sol inconfortable, Murphy ne se priva pas de soupirer, de geindre doucement et de gémir.
Bellamy se boucha les oreilles avec les coins de sa couverture.
C'était de la torture.
**
Par miracle, Bellamy ne s'était pas vidé de (tout) son sang pendant la nuit.
Mais aux aurores ce matin là, il était livide. Pour ajouter à son calvaire, lorsque Murphy tenta de le mettre sur ses pieds, un vertige accompagné d'une violente nausée le secoua et il n'eut même pas le temps de prévenir son compagnon d'infortune avant de vomir son repas de la veille sur ses bottes.
Murphy ronchonna, grogna beaucoup, le traita d'abruti mais le soutint malgré tout alors Bellamy estima qu'il n'était pas trop fâché.
Le chemin était interminable, même s'il était certain qu'il zappait quelques parties du voyage, perdu entre réalité et brouillard. Murphy lui donna une énorme gifle à un moment, sûrement parce qu'il avait commencé à peser de tout son poids sur lui et il retrouva un peu ses esprits.
- Chochotte, marmonna t-il.
- J'ai entendu ça, murmura Bellamy.
- Tant mieux.
Murphy le hissa un peu plus haut pour réajuster sa prise sur son épaule et grimaça. Bellamy fit de même par mimétisme, conscient qu'il pesait sûrement un âne mort pour sa carrure plutôt svelte.
Une branche craqua, Murphy se crispa, Bellamy fit un effort et releva la tête. Le silence de la forêt était assourdissant d'un coup, plus un chant d'oiseau, rien.
- Si c'est un Terrien, laisse-moi et cours, chuchota Bellamy.
- C'est marrant, c'est ce que j'allais faire.
La main de Murphy glissa plus bas dans son dos, Bellamy fronça les sourcils, il se retint de dire quelque chose comme "
c'est pas le moment de me peloter" et lui jeta un coup d'oeil perplexe. Il allait ouvrir la bouche quand une silhouette se distingua derrière un arbre, un homme énorme avec des bras comme ses cuisses les approcha avec un arc bandé pointé sur eux.
- Stedaunon don gon we, kikon ste enti*, gronda t-il, féroce.
Murphy parut se ratatiner sur lui même, sa prise se fit incertaine sur Bellamy tandis qu'il reculait en gémissant de peur.
-
Beja, geignit Murphy en levant sa main libre vers le ciel en signe de reddition.
- Murphy..., appela t-il sans comprendre ce qui se passait.
- Em pleni* ! Cria le Terrien.
Murphy recula encore, emportant Bellamy avec lui au lieu de le laisser et de s'enfuir comme ils l'avaient prévu. Bellamy leva la main vers le ciel quand le bras du Terrien étira d'autant plus la corde de son arc, il sentit l'épaule de Murphy trembler sous ses doigts.
- Non ! S'écria Murphy.
- Nau yu na wan op !* Rugit l'homme.
Soudain, plusieurs choses se passèrent en même temps.
La bouche du Terrien se déforma en une grimace haineuse, les muscles de son bras saillirent sous la pression qu'il maintenait sur son arme, le métal de la flèche réfléchit les rayons du soleil, les doigts de Murphy glissèrent encore plus bas dans son dos, sa prise se relâcha autour de lui, Bellamy bascula en arrière, les feuilles roussies amortirent sa chute et un coup de feu retentit.
A suivre...
* Stedaunon don gon we, kikon ste enti : Les morts sont partis, les vivants ont faim.
* Em pleni ! Nau yu na wan op ! : Assez ! Maintenant vous allez mourir !
Accueil 
Sujet: The 100 - spoil de toute la saison 1 - Les dernières chances 
Sam 19 Mar - 23:03
Les 100, c'est un univers qui te sied bien.