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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 20)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 20) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 20) Icon_minitimeMar 20 Fév - 17:44

Note : pas relu, j'ai pleuré en écrivant, jonty

***

20. Je ne le tuerai pas.

Je restai très longtemps debout devant la porte fermée de la chambre de Hannah. Je cherchais les mots que j’allais lui dire, mais peu importe la manière dont j’allais lui annoncer les choses, jamais elle ne le prendrait bien, jamais elle ne comprendrait mon choix. J’aurais voulu que ma mère abandonne, comme moi, l’idée que je possède un jour la couronne. Mais c’était peine perdue. Contrairement à moi, elle n’éprouvait aucun attachement pour personne ici, ni Julian, ni Jasper. Si je détestais le roi pour ce qu’il avait fait à mon père, je ne pouvais plus sacrifier son fils pour ses péchés.
Je pris une grande inspiration, frappai à la porte et entrai. Je n’avais pas fait un pas dans la chambre que ma mère me fonçait dessus et me donnais une baffe aller-retour. Ne me laissant pas ouvrir la bouche, elle attrapa mes cheveux pour me jeter au sol et je la laissai faire. Elle frappa plus fort que d’habitude. Ce ne fut pas pour autant que je bougeai ou que je me plaignis. J’attendis juste que l’orage passe.
- Comment as-tu osé me parler sur ce ton ? Je suis ta mère !
Elle releva mon visage en prenant une poignée de mes cheveux et me remit deux claques.
- Ne me parle plus jamais comme ça, tu m’entends, plus jamais !
Hannah me releva sans relâcher la touffe qu’elle tenait, tirant sur mon crâne et m’arrachant le cuir chevelu. Quand elle retira enfin sa main, je vis qu’elle m’avait arraché une poignée de cheveux. Je baissai un instant les yeux en signe de soumission, habitude que j’avais pris et dont je ne pouvais me débarrasser en un claquement de doigt.
- Qu’attends-tu pour le tuer ? Tu devais empoisonner son repas !
Son ton était coupant comme le fil de mon épée. Pourtant j’eus le courage de relever la tête.
- Tu sais ce qu’il va se passer si tu ne le tues pas ? Ajouta-t-elle.
La menace était claire, mais je n’avais plus peur. Hier soir, mon cauchemar m’avait fait prendre conscience qu’il y avait pire qu’être enfermé dans le noir, il y avait perdre une personne qui nous était cher, et venait nous sauver de l’obscurité.
- Rien du tout, dis-je.
- Pardon ?
- Il ne se passera rien du tout, je ne vais pas le tuer, mère.
- Tu ne vas pas le tuer ?
- Non. Je ne tuerai pas Jasper. Je ne le tuerai jamais.
La colère de ma mère fut comme un ouragan, elle me tourna le dos pour attraper la chose la plus dangereuse de la pièce, le tisonnier, puis revint comme une furie vers moi pour me frapper avec. Mais avant que l’arme ne m’atteigne, j’attrapai le poignet de ma mère et l’arrêtai en pleins vol.
- Je suis plus fort que vous depuis longtemps, mère, inutile de tenter de me frapper.
- Tu dois te laisser faire, tu es mon fils, tu dois te laisser faire, cria-t-elle.
Je pris le tisonnier de ses mains et le jetai à l’autre bout de la pièce.
- C’est fini tout ça. Je ne me laisserai plus faire, je ne tuerai pas Jasper, je n’ai plus peur de vous.
- Dans ce cas, tu n’es plus mon fils, hurla-t-elle.
- Vous avez trop besoin de moi pour m’abandonner. Et puis vous m’aimez non ?
Elle se mordit les lèvres et des larmes lui montèrent aux yeux quand elle comprit qu’elle ne pourrait rien faire.
- Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi me trahis-tu ? Me demanda-t-elle avec impuissance.
Elle fit en sorte que je la relâche et alla se laisser tomber sur son fauteuil, comme si ses jambes ne la tenaient plus.
- Jasper n’a rien fait de mal, dis-je. C’est un bon prince et il fera un bon roi. De plus c’est mon meilleur ami. Je ne le tuerai pas.
Et j’ajoutai :
- Ne levez plus la main sur moi !
Je l’abandonnai sur ces mots. Conscient que je venais de briser quelque chose entre nous, et pourtant n’éprouvant aucun remord. Elle restait ma mère, je l’aimais toujours, mais je ne voulais plus être sa marionnette.

Je rejoignis Jasper, me sentant plus léger, délivré d’un poids énorme, d’une pression qui me rendait dingue. Sans réfléchir je lui fis un grand sourire et il trébucha sur le sol, il ne dû qu’à moi de ne pas se casser le nez, quand je le rattrapai.
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
- Recommence à sourire ! Demanda-t-il.
- Je ne souris pas sur commande.
- Maiiiis, tu es trop mignon et tu me prends chaque fois par surprise.
- Peut-être est-ce le but majesté.
Il éclata de rire et je le relâchai avant de faire une bêtise.
- Tu es de bonne humeur, remarqua-t-il.
- Oui, dis-je.
- Il s’est passé quelque chose de bien ?
- Oui, répétai-je.
- Alors que la matinée vient à peine de commencer ?
- Oui, acquiesçai-je.
Il passa son bras autour de mon épaule.
- Quel petit chanceux tu fais, Monty ! Raconte-moi tout.
Je ne lui racontai rien du tout. Je restai silencieux et nous allâmes prendre notre petit déjeuner ensemble.
Le roi nous annonça alors une bonne nouvelle. Enfin une bonne nouvelle surtout pour le prince, pas pour moi. Ce n’était pas parce que je ne me vengerais pas et ne tuerais pas son fils, que je ne le détestais plus.
- J’ai décidé d’arrêter mes voyages, dit-il. Je vais m’occuper des affaires depuis le château.
- C’est vrai ?
- Oui.
Jasper sauta de joie, renversa à moitié la table et alla embrasser son père.
- Pourquoi ? Demanda-t-il. Je croyais que tu étouffais dans ce château.
- Ça va mieux, expliqua le roi, et puis je commence à fatiguer de tous mes voyages. J’ai envie de passer du temps avec vous deux.
Ce n’était pas réciproque dans mon cas. Je n’avais aucune envie de passer du temps avec l’assassin de mon père. Je me levai :
- Bien je vais vous laisser, dis-je.
Julian eut l’air déçu :
- Quand cesseras-tu de m’éviter, soupira-t-il.
- Jamais, répondis-je.
Et je quittai la pièce.

Jasper ne tarda pas à me rejoindre dans la serre où j’arrosai les plantes. Les jardins étaient déjà mouillés par une pluie torrentielle qui ne semblait pas vouloir s’arrêter.
- Pourquoi es-tu si dur avec mon père ? Tu sais, lui, il t’aime vraiment beaucoup.
- Je n’ai pas envie de parler de ça, dis-je.
- Comme d’habitude, quand les sujets deviennent importants, tu les évites.
- Ne gâche pas ma bonne humeur, demandai-je. Il ne fait pas assez beau pour aller crier sur la plage.
- Il n’y a pas de temps pour aller crier sur la plage.
Il me le prouva deux minutes plus tard quand nous y allâmes sans protection, en courant dans la boue du sentier. Puis les deux pieds plantés dans le sable mouillé, nous nous mîmes à la fois à rire et à crier. La pluie n’était pas très froide et le temps était beau. Le soleil fit une apparition, nous offrant un joli arc-en-ciel au loin. Alors je me dis que tous les jours désormais pouvait être aussi beau. Je pensai que tout était fini, enfin, qu’il n’y aurait plus jamais de problème. Jasper allait finir par devenir roi, je serais son ombre, je le protégerai de tout. J’étais assez naïf pour croire que nous allions vivre heureux ainsi pour toujours.

Les premiers jours me donnèrent raison, et tout se passa bien. Jasper passait du temps avec son père, ils travaillaient ensemble pour le royaume et je les suivais – un peu à contrecœur de me retrouver avec Julian. L’après-midi nous l’utilisions pour faire un tour à cheval, aller à la plage, s’il faisait beau. Dans le cas contraire nous restions cloîtrés et lisions ou jouions aux cartes ou aux dames. J’allais de temps en temps dans les jardins, et quand Jasper m’accompagnait, je lui parlais de ce que je savais des fleurs. Il adorait m’écouter et me posait mille questions, simplement pour que je continue mes histoires. Ma mère ne sortit pas une seule fois de sa chambre et je n’allai pas la voir. Je l’imaginais, couvant sa colère, la nourrissant de rancœur et d’amertume, maltraitant les domestiques pour se venger sur quelqu’un de ne plus pouvoir avoir d’emprise sur moi. La semaine passa tranquillement, jusqu’à ce qu’elle sorte d’elle-même de sa chambre pour venir frapper à la porte de la mienne. Par chance Jasper n’avait pas dormi avec moi cette nuit-là. Elle entra alors que je n’étais pas encore levé :
- J’ai fait venir le fiacre, dit-elle, nous partons.
- Pourquoi ?
- Pourquoi rester alors que tu ne vas pas accomplir ta mission ?
- Parce que je suis le garde du corps du prince, dis-je. Tu peux partir si tu veux, je reste.
- Nous partons, insista-t-elle, je dois…
- Tu ne dois rien. Je ne pars pas avec toi. Nulle part.
- J’ai demandé l’autorisation au roi et…
- Je ne dois rien au roi, lâchai-je, je le hais, il a tué mon père. Si je devais tuer quelqu’un ce serait lui, mais je n’en ferai rien parce que Jasper l’adore.
- Tu fais tout pour ce maudit prince, cracha-t-elle avec mépris.
- Oui. Répondis-je.
- Dans tous les cas, tu es obligé de venir, je suis ta mère et je te l’ordonne.
- Ou sinon quoi ? Vous me donnerez un coup de tisonnier ? Allez-y, je ne partirai pas.
- Je peux te rendre la vie impossible.
- Et je peux demander à Jasper de vous enfermez dans les cachots pour que vous me laissiez tranquille !
- Tu ne ferais pas ça !
- Ne me tentez pas !
Elle me tenta.
Vraiment.
Hannah se mit dans la tête qu’en nous suivant partout, elle réussirait à me faire changer d’avis. Elle devint donc comme mon ombre, moi qui l’avait longtemps suivi, ce fut à elle de me suivre partout. Jasper ne le supportait pas je le voyais bien, il n’aimait pas Hannah et c’était réciproque. Cependant ce ne fut pas difficile de la semer plus d’une fois. Jasper et moi savions faire ça mieux que personne pour avoir semé notre gouvernante étant enfant. Nous nous mettions à courir tous les deux dans des directions opposées pour nous retrouver plus loin. Nous prenions les chevaux et ma mère, qui n’avait pas monté depuis longtemps, avait du mal à nous suivre et à tenir l’allure. Nous jouions à cache-cache, n’hésitant pas à aller là où ma mère ne mettrait jamais les pieds, dans les parties des domestiques. C’était trop simple, et nous la faisions tourner en bourrique. Ce qui nous amusais tous les deux. Je n’avais jamais joué de tour à ma mère et voilà que je ne cessais de lui en faire, c’était drôle. Et peut-être que si elle avait été différente, elle aurait pu en rire avec nous.
Au final, elle se punissait toute seule à vouloir nous suivre partout, car non seulement elle échouait, mais en plus nous nous moquions d’elle.
J’ignorais que cela allait la rendre dingue. J’aurais pourtant dû m’en douter. La rage n’allait pas s’effacer en quelques jours, le fait que Jasper et moi la semions dès que nous en avions l’occasion, ne faisait que la nourrir encore et encore. Jusqu’à ce qu’elle devienne incontrôlable et que ma mère pète les plombs.
Nous étions attablés tous les quatre autour d’un copieux repas, Julian et Jasper parlaient beaucoup, Hannah et moi étions les plus silencieux autour de la table. Assis à côté de ma mère et en face de Jasper, je mangeai tranquillement, contrairement au prince qui engloutissait la nourriture comme si elle allait disparaître. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans l’esprit de ma mère, fut-ce d’entendre rire le prince ? Fut-ce de voir ce grand couteau posé sur la table pour couper la viande ? Fut-ce les deux ? En plus de sa haine et sa colère poussé à son paroxysme ? D’un coup elle se leva, sauta sur la table et se jeta sur Jasper.
Je le vis mort. L’espace d’un instant, je vis mon meilleur ami tomber, ma mère planter la lame du couteau dans son cou, et Jasper mourir. Je vis tout ça, parce que cela représentait ma plus grande peur, mais bien avant que Hannah atteigne Jasper, je l’avais arrêté en la retenant par la taille, elle jeta le couteau en direction du prince, qui fit un écart et elle le manqua d’un bon mètre au moins. Puis elle se mit à hurler, hystérique et chercha à défaire mon étreinte, sans y arriver. Je la maintins fort et l’écrasai sur la table.
- Je vais le tuer, éructa-t-elle, laisse-moi le tuer, je vais le faire à ta place puisque tu n’es qu’un foutu lâche, puisque tu es incapable de remplir ta mission !
Je lui donnai un coup sur la tête pour l’assommer. Ce qu’elle avait dit, ne jouais pas en ma faveur et je n’osai plus regarder ni le prince, ni le roi. Désormais, ils savaient que je devais tuer Jasper, et je n’avais rien à dire pour ma défense. Julian appela des gardes pour faire enfermer ma mère au cachot pour tentative de meurtre sur son fils.
Je m’agenouillai à ses pieds :
- Je vous en prie, elle a juste perdue la tête, ne l’enfermez pas dans les cachots.
- Elle vient de tenter de tuer le prince.
- Je sais, mais c’était un coup de folie. Jasper et moi l’avons fait tourner en bourrique et elle n’a pas supporté, je vous en supplie, soyez magnanime.
- Et que veux-tu que je fasse d’autre ? Elle pourrait tenter de s’en prendre à nouveau à mon fils.
- Faites-la enfermer dans ses appartements, mettez des gardes devant sa porte. Mais évitez-lui les cachots.
Le roi souffla puis finit par accepter ma demande :
- C’est uniquement parce qu’elle est ta mère et que j’ai de l’estime pour toi que j’accepte ta demande, dit-il, mais ne crois pas que je n’ai pas entendu ce qu’elle a dit.
Je gardai les yeux baissés et le roi ordonna qu’on emmène Hannah dans ses appartements où elle serait hautement surveillée. Je ne bougeai pas de ma place, je restai agenouillé sur le sol. Jasper vint se mettre à côté de moi et posa sa main sur mon épaule :
- Ne reste pas comme ça, dit-il, relève-toi !
- Elle a dit vrai, avouai-je, je devais te tuer.
- Je le sais déjà ça, relève-toi !
Je tournai la tête vers Jasper et en même temps que le roi je demandai :
- Tu le savais déjà ?
Jasper répondit à son père avant moi :
- Oui papa, je le savais, j’aimerais juste que Monty se relève maintenant.
Julian me fit un geste de la main pour m’indiquer que je pouvais me relever et je le fis. Je voulu lui demander comment est-ce qu’il le savait, et s’il le savait pourquoi n’avait-il rien fait, mais il ne me laissa pas parler :
- On verra pour tes questions plus tard. Moi j’aimerais que tu répondes à la mienne. Pourquoi est-ce que tu détestes mon père ?
- Est-ce que c’est bien le moment de parler de ça ?
- Avec toi, ce n’est jamais le moment, se fâcha Jasper. Tu me dois bien ça d’accord ? Ta mère vient de tenter de m’assassiner, mais mon père a été clément envers elle, en échange répond à ma question.
Julian posa une main douce sur l’épaule de son fils, rien à voir avec la poigne de ma mère avec moi :
- C’est normal qu’il me déteste, souffla-t-il, j’ai tué son père.
- Exactement, criai-je en le regardant dans les yeux. Tout ça c’est de votre faute. Tout. Si Hannah m’a éduqué durement, si elle a tout fait pour que je tue Jasper, si elle a voulu le tuer à son tour, c’est parce que vous avez assassiné mon père pour prendre le pouvoir !
Je me sentis libéré du poids de ces mots que j’avais enfin pu cracher au visage de l’assassin. Je regardai la gourmette à mon poignet. Celle de mon père. Celle qui lui avait appartenu. Julian suivit mon regard et Jasper fut le premier à rompre le silence :
- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Ça ne s’est pas passé…
Son père leva la main pour qu’il se taise.
- C’est ce que Hannah t’a raconté ? Demanda Julian. Que j’avais tué James pour prendre le pouvoir ?
- N’est-ce pas ce que vous avez fait ?
- Tu crois que je serais capable de tuer mon meilleur ami pour une couronne qui me pèse lourd chaque jour de ma vie ?
Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien.
- J’ai bel et bien tué James, souffla-t-il les larmes aux yeux, et je le regrette tellement.
- Mais pourquoi l’avoir assassiné alors ?
- C’est lui qui me l’a demandé.
- Pardon ?
- James avait été blessé au cours d’un combat stupide avec un duc. Il trouvait que l’homme traitait mal les gens de son duché et ton père était épris de justice. Il provoqua le duc en duel, plutôt que de lui prendre son duché. Quelle idée stupide ! Vraiment ! Mais les choses fonctionnaient comme ça à cette époque. Le duc n’en est pas sortie vivant, mais ton père a été blessé mortellement à l’estomac. Peu importe ce que faisait les médecins, il ne lui restait plus que quelques jours à vivre, presque rien. Il souffrait le martyre et il m’a supplié d’en finir. J’ai accepté.
Julian s’agenouilla devant moi, le roi posa son front sur le sol :
- Je suis désolé Monty, je suis vraiment désolé.
Je l’entendis pleurer alors qu’il répétait qu’il était désolé.
- J’ai tué ton père, mais si je ne l’avais pas fait, il serait mort quand même, dans d’atroce souffrance.
Je me sentis défaillir. Mes jambes ne me portèrent plus soudainement et c’est Jasper qui me rattrapa. Tout devenait logique, tout s’emboîtait. Voilà pourquoi le roi avait accepté que Hannah et moi venions vivre ici, voilà pourquoi il m’aimait et m’acceptait, voilà pourquoi il avait dit à ma mère que tout aurait changé s’il l’avait su enceinte, parce qu’il m’aurait donné la couronne à moi sans doute. Voilà pourquoi le roi était un aussi bon roi. Il n’était pas un assassin.
- Menteur, criai-je pourtant. Menteur ! Sale menteur ! Vous avez assassiné mon père ! Vous l’avez tué, pour prendre le pouvoir. Je ne vous crois pas, vous inventez une excuse, ma mère vous a vu, vous n’êtes qu’un menteur !
- Ta mère m’a vu l’épée plantée dans le corps de James mais elle savait qu’il allait mourir.
- Jamais ! Ma mère ne m’aurait jamais menti ! C’est vous le menteur ! Hurlai-je.
Puis je repoussai Jasper de toutes mes forces et couru m’enfermer dans ma chambre.
Quelques minutes plus tard, le prince frappa et me demanda de le laisser entrer. Il me fallut longtemps mais je finis par lui ouvrir la porte. Je savais qu’il venait défendre le mensonge de son père et je l’empêchai de parler.
- Comment le savais-tu ? Demandai-je. Que je devais te tuer.
- Toi et ta mère n’étiez pas très discret dans vos intentions tu sais, répondit-il. Je l’ai deviné rapidement mais je n’avais aucune preuve. Jusqu’à ce que je vois le chien mort dans le buisson. J’ai compris que tu avais empoisonné mon repas et que je ne me trompais pas, tu cherchais bien à me tuer.
- Pourquoi n’as-tu rien fait ?
- Pourquoi aurais-je fais quelque chose ? Tu ne m’as pas tué, tu ne m’as pas fait de mal, tu m’as même protégé.
- Mais je devais te tuer.
- Tu devais et tu n’as rien fait.
- Tu aurais dû me punir Jasper, ce n’est pas logique !
- Je te fais confiance, je te l’ai dit, s’énerva le prince, j’ai confiance en toi plus qu’en n’importe qui d’autre, est-ce que tu m’as écouté ?
- Oui mais…
- Tu ne m’as pas tué ! Insista-t-il, donc j’avais raison. Et si tu avais brisé ma confiance, j’aurais été aussi bien mort.
- J’ai failli te tuer.
Le prince leva les yeux au ciel.
- Faillir et faire sont deux choses très différentes.
- Tu es complètement stupide, m’écriai-je, tu aurais dû me punir si tu savais, insistai-je.
- Jamais ! J’ai décidé de te faire confiance et j’ai eu raison ! Est-ce que tu vas me tuer ?
- Je ne pourrai jamais te tuer !
Nous étions en train de nous crier dessus tous les deux, mais ma dernière phrase provoqua chez Jasper un fou rire et je ne pus résister et me mit à rire avec lui. Quand nous fûmes un peu calmés il reprit :
- Tu ne pourras jamais me tuer, j’avais raison, j’avais raison, je ne suis pas aussi stupide que tu le dis.
- Tu n’es pas stupide du tout, avouai-je.
Il me sourit puis vint s’asseoir sur mon lit et me fit signe de venir à côté de lui.
- Il faut qu’on parle d’autre chose.
Je savais de quoi.
- Je n’ai pas envie de…
- Écoute-moi. Je sais que tu en veux à mon père et c’est normal, mais écoute-moi.
Je me tus.
- Imagine Monty, imagine que je sois sur le point de mourir…
- Je ne veux pas imaginer ça, dis-je horrifié.
- Je suis ton meilleur ami et je vais mourir. Ça arrivera un jour, tu sais. Je tomberai malade ou je serai blessé, et je mourrai.
- Les médecins pourront te soigner !
- Je vais mourir et tu le sais parce que les médecins auront dit qu’il n’y avait rien à faire. Mais je te supplierai de me tuer parce que je souffre.
- Non.
- Je souffre Monty, je souffre tellement, tue-moi je t’en supplie.
- Non, non, non. On trouvera une solution tu m’entends ? Je ne peux pas. Je ne peux pas.
- Je t’en supplie, tu es mon meilleur ami, fais-le, pour moi, si tu es mon meilleur ami, fais-le.
J’éclatai en sanglot.
Je savais ce que Julian avait dû ressentir en tuant mon père. Jasper serra ses bras autour de moi :
- Je suis désolé Monty, je voulais juste que tu comprennes. Je suis désolé.
Je pleurai plus fort. J’avais l’impression d’être un éléphant qui barrit. Je n’avais jamais autant pleuré de ma vie.
- Je suis désolé, répéta-t-il. Je ne vais pas mourir, tout va bien, je ne mourrai pas, je vais vivre très très très vieux.
- Tu le promets ?
- Je le promets.
Je posai mes mains sur son dos pour le serrer contre moi à mon tour.
- Tu comprends maintenant ? Demanda-t-il. Mon père était vraiment très malheureux, il ne voulait pas tuer ton père, ce n’était pas un meurtre.
- Et comment je peux être sûr qu’il ne mente pas ?
- Tu crois que s’il avait réellement fait ça, le peuple lui ferait une telle confiance ? Tout le monde sait qu’il a abrégé les souffrances de James. Demande aux domestiques qui travaillaient ici il y a longtemps, ils te le diront.
- Tout le monde sauf ma mère et moi.
- Monty… Ta mère était forcément au courant, tout le monde savait que James avait été blessé.
- Elle ne m’a pas menti, ce n’est pas possible, elle ne m’a pas menti.
- Elle ne t’a pas vraiment menti, disons qu’elle ne t’a pas tout dit.
Je me remis à pleurer et gémir. Toute ma vie j’avais cru que mon père avait été assassiné injustement par un salaud, j’avais cru que je devais le venger. Alors qu’en fait, il avait tellement souffert que Julian avait eu pitié de lui en le tuant. Il l’avait fait pour son bien et avait perdu son meilleur ami dans la foulée. J’avais l’impression que toute ma vie était un mensonge. La douleur était telle que j’eus du mal à respirer et que Jasper me frotta longuement le dos pour tenter de me calmer.
- Mon père, soufflai-je, mon père…
- Oui ?
- C’était quelqu’un de bien, n’est-ce pas ?
- Oui, m’assura Jasper.
- Il m’aurait aimé hein ?
- Oui. J’en suis sûr, il t’aurait vraiment aimé et il aurait pris soin de toi.
- Il aurait été fier de moi.
- Très fier.
- Malgré tout le mal que j’ai fait ?
- Quel mal as-tu fait Monty ? Tu n’as rien fait de mal.
Jasper se mit à pleurer à son tour, en empathie avec moi.
- J’ai été si mauvais, dis-je, je me suis senti tellement supérieur aux autres, je voulais te voler la couronne.
- Je m’en fiche de cette couronne, dit Jasper. Et tu n’as pas été mauvais, insista-t-il.
- Avec les domestiques.
- Mais tu t’es amélioré, tu ne savais pas, tu imitais ta mère. Ce n’est rien. Tu es quelqu’un de bien Monty.
- Toute ma vie est un mensonge et je voulais te tuer alors que ton père est innocent, comment pourrais-je être quelqu’un de bien ?
- Et pourtant, tu es quelqu’un de vraiment bien. Tu aimes les fleurs, tu aimes Alphard, tu m’as toujours protégé.
- Je te mentais.
- Pas tout le temps.
Il prit ma main et me força à me lever pour m’emmener dans le salon où il avait accroché notre tableau, les larmes aux yeux, je le fixai. Jasper souriait comme il savait si bien le faire, pas moi, mais la fleur à mon oreille me donnait l’air heureux et doux.
- Tu vois ? Tu es quelqu’un de bien, depuis toujours.
- Ce tableau est censé le prouver ?
- Oui, sourit-il. Oui, je le pense. Regarde mon sourire. Tu m’as vraiment rendu heureux tout ce temps. C’est tout ce qui compte pour moi.
- Vraiment ?
- Oui.
Jasper embrassa ma joue et mes larmes se tarirent enfin.

À suivre.
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