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Original - pas de spoil - Glen et Jack

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Swato
Swato
Dieu vis sur une tortilla.
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Date d'inscription : 08/08/2013

Original - pas de spoil - Glen et Jack Empty
MessageSujet: Original - pas de spoil - Glen et Jack Original - pas de spoil - Glen et Jack Icon_minitimeSam 13 Sep - 17:29

Fandom: original
Prompt: Sérieux tu vas pas faire ça
Note: Courage à ceux qui veulent lire ce pavé !! Bonne lecture !



Glen et Jack





Glen ne venait pas souvent en ville, il était plutôt adepte du métro/boulot/dodo. Et pourtant, aujourd'hui, il s'était résolu à braver la foule du centre commercial, les cris et les pleurs des enfants en plein caprice, les adultes déambulant dans les allées comme des zombies à la recherche de chair fraîche et tout cela parce qu'il n'avait plus rien dans son frigo et que sa soeur réclamait son cadeau d'anniversaire en retard. Glen la haïssait secrètement pour lui faire subir une telle épreuve.

Il en était là dans ses pensées, le caddie à moitié empli et la tête dans les nuages, lorsqu'il percuta quelque chose. Glen sursauta et releva les yeux, il venait de bousculer un homme avec un panier au bras. Les cheveux châtains clairs, la peau pâle, une chemise noire sur le dos et un jean usé en guise de pantalon, ce dernier n'avait pas l'air très ravi de se trouver ici.

— Désolé, s'excusa Glen.

L'homme haussa les épaules, il ne paraissait pas très commode. Il y avait quelque chose dans sa démarche, dans son attitude qui l'interpella. Glen ne savait pas si c'était sa posture ou la façon qu'il avait de se déplacer, seulement il y avait quelque chose de familier, de déjà vu. Il aurait pu continuer son chemin sans plus se soucier de ses pressentiments mais il n'en fit rien. Il plissa les yeux et fit travailler son cerveau à plein régime pour retrouver le nom de cet homme qu'il était sûr d'avoir déjà vu quelque part, qu'il connaissait sûrement. Glen eut beau réfléchir, il ne se souvint pas, il haussa finalement ses épaules et attrapa le paquet de riz qu'il était venu chercher initialement. Alors qu'il s'apprêtait à changer de rayon, un éclair de génie le prit enfin. Il secoua la tête avec ébahissement, désabusé par sa propre stupidité:

— Mais quel con !

Il fit demi-tour et se mit à la recherche de celui qu'il avait failli renversé avec son caddie, il crut un instant qu'il l'avait perdu mais le retrouva vite, il était entrain d'inspecter un paquet de pâte avec intérêt. Glen sourit:

— Jack !

L'homme se tourna vers lui et Glen manqua de faire un bond en voyant le cache-oeil qu'il arborait. Il pensa un instant s'être trompé, peut-être n'était-ce pas Jack finalement. Malgré cela, étant d'un tempérament obtus et têtu, il décida d'aller jusqu'au bout de son geste, ignorant le regard noir que son futur interlocuteur posait sur lui:

— Jack Lefebvre ? C'est Glen, Glen Nguyen, on était à la fac ensemble, lui indiqua t-il avec maladresse.

Glen n'en fut pas certain, mais il crut voir les traits de son visage s’adoucir. Il essaya de ne pas loucher sur le cache-oeil, Jack avait toujours été quelqu'un avec des lubies étranges et qui prenait bien trop à coeur les paris qu'on lui lançait. Les épaules de l'homme se détendirent légèrement et il reposa le paquet de pâte pour lui faire face complétement, les sourcils froncés par la concentration.

— Glen... Le Glen qui rendait toujours ses copies un jour en retard et qui s'est fait engueulé par le prof d'Economie devant toute la classe ?

Glen grimaça et se passa une main dans les cheveux, les décoiffant un peu plus si c'était possible. Il n'y avait maintenant plus aucun doute, si cet homme connaissait de telles anecdotes, c'était qu'il était forcément Jack Lefebvre.

— Ouais, ce Glen là, acquiesça t-il.

Jack se mordit les lèvres comme pour cacher un sourire et Glen sentit son coeur faire un bond. A la fac, il était également connu pour être ouvertement et fièrement gay, dernière de la classe en économie, premier en anglais et également premier lorsqu'il s'agissait de finir dans une soirée étudiante, complétement ivre et titubant. Glen n'en était pas particulièrement fier, et quand il racontait ses années d'école, ce n'était pas le genre de chose qui quittait ses lèvres. Jack s'éclaircit la gorge et il réalisa qu'il s'était légèrement perdu dans ses pensées. Oup's.

— Tu... J'avais bientôt fini avec mes courses, ou pourrait aller boire un café, qu'est-ce que t'en dis ?
— Hm... Ça pourrait se faire.

Oh, et avait-il oublié de mentionner qu'à l'époque il était raide dingue de Jack ? Ce qu'il venait de proposer était certainement la pire idée qu'il n'avait jamais eut. Glen regarda le panier de Jack, il n'y avait pratiquement que des plats tout préparé et qu'il suffisait de passer au micro-onde ou au four. Toujours aussi nul pour faire la cuisine, donc.

— Alors... On y va ? Demanda Glen stupidement.

Jack haussa les épaules et réajusta le panier dans le creu de son coude tandis qu'ils se dirigeaient tout les deux vers la caisse. Glen ne pouvait pas s'empêcher de jeter de petit coup d'oeil vers son ancien ami retrouvé. Jack n'avait pas tellement changé, ses cheveux étaient coupés plus court, ses traits s'étaient durcis, l'oeil qui lui était visible était toujours aussi intriguant même si sa couleur verte s'était assombrie... En cinq ans, le temps n'avait eut aucun impact sur lui, il était toujours aussi beau. Glen se rappela ce qu'il avait vu dans le miroir le matin même pendant qu'il se rasait: un gars asiatique échevelé avec un corps de crevette, cheveux noirs, yeux noirs et légèrement bridés... l'ennui total. Glen se retrouva avec deux sacs plutôt lourds après que la caissière ait eut fini de jeter tout les articles aussi violemment qu'elle le pouvait, elle n'avait pas l'air d'apprécier son travail mais ce n'était que son avis personnel. Jack ne le quitta pas d'une semelle, traînant les pieds derrière lui alors qu'ils passaient devant leurs voitures respectives pour ranger leurs courses, il ne parla pas non plus. Ce ne fut que lorsqu'ils furent assis dans un café tranquille que Glen osa demander:

— Alors qu'est-ce que tu deviens ?

Jack haussa les épaules, touillant son café sans conviction.

— Je cherche du boulot, je viens de me faire virer.
— Oh... Merde alors, c'est con, balbutia Glen. Ces licenciements économiques en ce moment, c'est vraiment la croix et la bannière pour trouver de boulot...
— Ouais m'en parle pas... Et toi ?

Glen se mordit les lévres, soudain, il s'en voulait de s'en sortir aussi bien dans la vie.

— Je suis responsable administratif dans ma boite, j'ai pris ma journée, mon frigo était vide.

Jack hocha la tête et but une gorgée de son café. Se souvenant soudainement du sien, Glen porta sa tasse à ses lèvres également pour se donner une contenance. Son coeur battait la chamade, il avait les paumes moites et il avait l'impression d'avoir un épis sur la tête et d'être très mal habillé... Il se sentait idiot par dessus le marché. Il aurait mieux fait de ne pas rattraper Jack tout à l'heure, il se serait épargné tout ce mélodrame. Son regard s'arrêta sur le cache-oeil qui barrait la moitié droite du visage de son ami, il le montra du menton discrètement, un petit sourire aux lèvres:

— Je me souviens quand tu as perdu ce pari avec Michel, tu avais dû porter un sac Hello Kitty rose fluo pendant une semaine, rit-il. Tu as perdu un autre pari ?

L'expression calme et sereine qui s'affichait sur les traits de Jack depuis le début de la conversation sembla s'effacer d'un seul coup, ses yeux s'assombrirent d'autant plus si cela était possible et il serra les mâchoires, baissant la tête en la penchant légèrement sur la droite, comme pour dissimuler le cache-oeil. Glen fronça les sourcils.

— Je n'ai perdu aucun pari, répondit-il sèchement.

Glen sentit ses entrailles geler sur place. Bien sûr, il fallait qu'il sorte une vanne stupide et qu'il vexe Jack. Mais l'idée qu'il soit aveugle d'un oeil ne lui était jamais venu à l'esprit et le fait qu'il ait fait tellement de chose loufoque tout au loin de leurs années de fac l'avait induit en erreur. Il regarda avec impuissance et contrition tandis que Jack finissait son café d'une seule traite, alors qu'il avait pris son temps pour le boire jusque là, et enfilait sa veste pour partir le plus vite possible. Glen se leva et attrapa son bras pour le retenir.

— Jack... Je suis désolé.
— Non, c'est bon, pas de problème, je dois juste y aller.
— Arrête. Je savais pas, du coup je passe pour un vrai connard, je m'en veux, c'était stupide de faire des suppositions comme ça et je m'excuse.

Jack leva enfin la tête, ses épaules étaient toujours tendues mais sa mâchoire n'étaient plus aussi crispée qu'avant.

— Tu ne pouvais pas savoir. Ça fait quoi... quatre, cinq ans qu'on ne s'est pas vu ?

Glen opina du chef nerveusement, ce qui le fit ressembler à ces chiens qu'on pose sur les plages arrière des voitures. Jack sourit et renifla avec amusement, il se dégagea doucement de sa prise et prit le stylo qui trainait sur le coin de la table, gribouillant quelque chose sur une serviette.

— C'est mon numéro de téléphone, j'aime toujours pas parler au téléphone mais...
— Mais les textos ça te va, termina Glen.

Jack le regarda avec amusement, oubliant peu à peu sa vexation et hocha la tête. Malgré ses vingt-sept ans, Glen se trouvait toujours aussi maladroit, idiot et mal à l'aise face à lui. Jack déposa quelques pièces sur la table pour payer son café et lui fit un signe de tête, ses lèvres s'étirant un peu.

— A la prochaine.

Il tendit le bras au dessus de la table pour une poignée de main et Glen déglutit avant d'en faire de même. Un courant électrique passa entre leurs peaux et Jack siffla de douleur, retirant ses doigts. Glen se retint de gémir de honte, les petits pics électricité venaient sans nul doute de lui, il électrocutait tout le monde autour de lui, c'était handicapant. Jack persista pourtant et prit sa main avec plus de prudence, cette fois-ci il n'y eut aucun coup de jus, la paume de Glen était moite et ce devait être dégoutant. Les doigts de Jack étaient chauds et sa main était plutôt petite dans la sienne. La poignée de main se termina bien trop vite à son goût. Jack s'apprêta à s'en aller quand le regard de Glen tomba sur le porte feuille de ce dernier sur la table.

— Hey..., l'appela t-il. Oublies pas ça.

Jack leva un sourcil et sa bouche s'arrondit en un "o" lorsqu'il agita l'objet sous ses yeux. Après un dernier signe de tête et sourire, Jack s'en alla, ne laissant derrière lui qu'une odeur de café au lait et une sensation que Glen n'avait pas ressenti depuis longtemps.

Il semblerait qu'il n'ait pas oublié le coup de foudre qu'il avait eut cinq ans auparavant.



oOo




Ce soir-là, Glen se remémora la façon dont il avait rencontré Jack. Il était assis sur les bancs de la fac, il avait vingt ans et pas beaucoup d'ami, il était une sorte d'adulescent mordu de jeux vidéos et totalement geek, peut-être un peu no-life mais ça lui allait. Jack était entré dans l’amphithéâtre, entouré d'ami, riant et parlant avec enthousiasme, gesticulant dans tout les sens. Il avait attiré son regard directement, Jack ne passait jamais inaperçu, il était radioactif, il n'y avait pas d'autre terme pour expliquer l'effet qu'il faisait autour de lui. Et Glen avait été irradié et très vite.

Ils n'étaient pas devenus ami à proprement parlé. Glen s'était fait remarqué de nombreuses fois – pas en bien – en arrivant après le début des cours, en rendant ses travaux en retard, en s'endormant en classe parfois. Jack l'avait repéré de cette façon, ils s'étaient parlé quelque fois, avaient eut quelque conversations intéressantes sur des films d'actions, des musiques et des bouquins mais au final, l'impopularité de Glen avait été leurs ennemis et ils n'étaient pas devenus plus proche que cela. Jack avait déjà trop d'amis, trop de choses à faire en dehors des cours et Glen n'avait que les soirées étudiantes.

Les deux ans d'études s'étaient déroulées de cette façon, ils avaient échangés quelques mots de temps en temps, avaient conversé quelques fois puis Jack partait avec ses amis et Glen allait picoler pour oublier son coup de foudre idiot, ramenant quelques coups d'un soir à la maison en s'efforçant de ne pas imaginer quelqu'un d'autre à la place.

Jamais il n'aurait imaginer le revoir. Et jamais il n'aurait imaginé le fait qu'il ait perdu un oeil. Que lui était-il arrivé en cinq ans ? Était-ce un accident ? Une maladie ? Glen hésita un long moment, regardant la serviette qu'il avait pris avec lui et sur laquelle un numéro de téléphone s'étalait à l'encre bleu. Il prit son téléphone et le nota dans ses contacts avant d'opter pour un sms. Il lui fallut dix minutes de plus pour décider quoi dire, dix minutes supplémentaires pour écrire, effacer, écrire, effacer et cinq minutes pour se convaincre d'appuyer sur la toucher "envoyer".

Salut, c'est Glen.

Puis il se maudit parce que c'était le message le plus nul qu'il ait jamais envoyé. La réponse ne se fit pas attendre, l'empêchant de s'arracher les cheveux.

* Salut ! Merci pour le café, c'était sympas Smile

Glen avait beau être responsable dans une boite très renommé, il avait l'impression d'être toujours ce gosse sur les bancs de la fac maintenant qu'il était tombé sur Jack. Glen ne voulait pas l'inonder de texto mais il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui, et avant qu'il l'ait réellement voulu, ils étaient engagés dans une discussion qui lui donnait des palpitations et les mains moites.

De rien, je me suis bien amusé aussi. Désolé si je t'ai paru idiot.

* Pas de problème Razz Ça change pas de d'habitude.

Eh ! Je suis pas idiot, j'ai juste été pris par surprise, je ne m'attendais pas à te revoir en te rentrant dedans au rayon pâte !

* Ça faisait un bail... J'ai pas de nouvelles des autres, ça m'a fait bizarre de te revoir.

Bizarre bien ou bizarre pas bien ?

* Bizarre bien... Alors, tes amis, tes amours, tes emmerdes ?

J'ai quelques amis au bureau, mes voisins sont cools. Celib, et pas trop d'emmerdes. Et toi ?

* Les collégues ne comptent pas vraiment, tu sais Razz... Celibataire ? Pourtant t'avais aucun mal à trouver des mecs en soirées ! Pas vraiment d'amis, celibataire aussi, emmerdes... pas de travail donc forcément un peu dans la merde.

Plus le temps d'aller en soirée, j'ai plus envie de coup d'un soir, ce serait cool de pouvoir se caser mais c'est pas ce que la plupart des mecs veulent... Et toi, celibataire ?

* Jamais été très fort pour sortir avec quelqu'un.


Lorsque Glen releva la tête, il vit qu'il était plus de deux heures du matin, réalisa qu'il avait oublié d'acheter le cadeau d'anniversaire en retard de sa soeur et qu'il commençait à huit heures du matin le lendemain.

Je dois y aller. Bonne nuit.

Il hésita et ajouta un smiley à son sms.

* Bonne nuit Very Happy On pourrait se voir quand t'auras le temps si tu veux ? Je deviens fou chez moi XD

Glen se laissa rouler sur le dos et soupira lourdement, son portable toujours en main. Il était foutu.


oOo


Glen avait une journée type. Il se levait à sept heure du matin, il déjeunait, il allait se doucher, se rasait, essayait de coiffer cette touffe qu'il avait à la place des cheveux, buvait un dernier café, conduisait jusqu'à son lieu de travail et il dirigeait son équipe. Il travaillait jusqu'à la pause déjeuné où il alternait entre deux sandwichs, un jour celui au thon, le jour suivant celui au poulet. Après avoir englouti son mince repas, il retourner travailler, donnait des ordres plus ou moins gentiment, puis il sortait et Jack l'attendait à la porte à 18h pétante.

Glen ne savait pas à quoi il jouait mais la routine qui s'était mise en place lui plaisait tellement qu'il ne voyait pas pourquoi il devrait y mettre fin. Ils parlaient de tout et de rien sur le chemin de chez lui, apprenaient à se connaître, commandaient quelque chose à manger parce qu'ils étaient tout deux de très mauvais cuisto et se posaient devant la télé. Glen avait cessé de flipper concernant la propreté de son appartement, nettoyer tout les jours étaient beaucoup trop épuisant, deux fois par semaines était largement suffisant et Jack ne s'était pas enfui en courant ce qu'il supposait être un bon point.

Glen devait avouer que le temps avait eut une influence sur une chose: il avait embélli le souvenir qu'il tenait de Jack. Dans sa tête, il s'était crée l'image d'un prince charmant, quelque chose de complétement surfait. Et pourtant, il n'était pas du tout déçu. Jack n'était pas parfait, son ton était parfois mordant lorsqu'il se vexait, il ne rangeait jamais sa veste au porte manteau comme tout le monde, il laissait ses affaires traîner partout. Glen retrouvait souvent son porte feuille sur la table basse. Jack était tête en l'air, il se demandait comment il avait fait pour survivre jusque là. Et bien sûr... Il y avait l'éléphant dans la pièce.

Et l'éléphant dans la pièce était la raison pour laquelle il était entrain de faire les cents pas dans son salon, le téléphone collé à l'oreille, avec sa soeur au bout du fil:

— Je sais plus quoi faire, Adenor !
— Attends, attends, tu te calmes d'abord et tu m'explique ensuite. Bon, alors il ne veut pas te parler de ce qui lui est arrivé, c'est peut-être traumatisant pour lui !
— Je sais ! Mais c'est pas comme si je le harcelais non plus, j'ai juste l'impression que c'est... ben je sais pas, que c'est entre nous.
— C'est bien ça, non ?
— Non, quand je dis "entre", je veux dire littéralement "entre nous", comme une sorte de cloison qui nous sépare, soupira t-il avec agacement.

Jack ne parlait jamais de son oeil. Glen ne voulait pas le pousser à parler s'il n'en avait pas envie alors il se taisait. Mais cette non-explication trainait entre eux, ils faisaient comme si de rien n'était mais ce silence les empêchait d'être plus proche encore. Glen aurait aimé se dire que ce n'était pas important, seulement.... Il était curieux et il estimait que si Jack ne lui en parlait pas, c'était parce qu'il ne lui faisait pas confiance.

— Moi je pense qu'il faut que tu lui laisses du temps, c'est pas bon de le brusquer, tu risques de le faire fuir.
— Ça fait deux mois que ça dure, on mange ensemble, on est pratiquement collé l'un sur l'autre sur le canapé, il me fait des "accolades" avant de partir et hier il m'a essuyé la bouche avec son pouce parce que j'avais apparemment "de la sauce".
— Je veux rien savoir de ta vie sexuelle, Glen, se plaignit Adénor avec un ton dégouté.

Glen eut un temps d'arrêt, les sourcils levé, il se secoua soudainement, rouge comme une tomate.

— Y a rien de sexuel là dedans ! Bon sang, Addie ! C'est justement de ça que je me plains, y a rien entre nous à part ça. Moi je suis dingue de lui depuis déjà longtemps, trop longtemps d'ailleurs et je sais qu'il n'est pas tactile, je le sais parce que son ex de la fac m'a dit qu'ils faisaient jamais ça tout les deux...
— T'as espionné ses anciennes relations ?
— J'ai rien espionné du tout, j'étais à la fac, j'étais stupidement amoureux de lui et j'étais près à me satisfaire de n'importe quoi. Bref, il n'était pas tactile avec ses copines et d'un coup comme ça, il est tactile ! Bon peut-être qu'il a changé avec le temps mais...
— Eh eh EH ! Frérot, on se calme !

Glen prit une inspiration et se laissa tomber sur son canapé. Cette relation le tuait. Maintenant qu'il en savait plus sur Jack, il ne voulait plus qu'être avec lui, plus en tant qu'ami, en tant qu'amant. Et si il était hétéro, alors il lui envoyait des messages contradictoires parce que tout ces attouchements le rendaient dingue ! Il ne savait plus quoi penser. Les mains qui s'effleurent pour prendre la télécommande dans les mains de l'autre, le fait d'être proche sur le canapé, les accolades qui duraient un peu trop longtemps, les regards...

— Qu'est-ce que je dois faire, Addie ? Geignit-il.
— T'as deux choix: soit tu lui dis calmement et posément ce que tu ressens, soit tu lui sautes dessus.
— Dans les deux cas, s'il est hétéro je me paye un râteau.
— No pain, no gain, frangin.

Glen soupira, il n'était franchement pas ravi par la solution trouver par sa soeur. Il raccrocha, se rendit à son travail et y réfléchit toute la journée. Il ne pouvait pas sauter sur Jack, il ne lui restait que la première option qui consistait à lui parler de ses sentiments. Il se sentait malade à l'avance. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais fait. Il avait déjà dit des phrases du genre "j'ai envie de toi", "on va dans ma chambre ?", merde il avait même dit une seule et unique fois "tu me fais bander". Seulement les mots comme "je t'aime" ou "je suis dingue de toi depuis la fac" lui donnait envie de vider son estomac quelque part tellement ça le terrifiait.

Ce fut donc le coeur dans la gorge et l'estomac pas loin de se vider qu'il sortit de la boite où son ami l'attendait. Il ne devait pas être le seul à ne pas être dans son assiette, Jack était livide et son pied battait la mesure de façon frénétique. Il pâlit un peu plus si c'était possible en le voyant arriver. Glen ouvrit la bouche mais Jack le devança:

— J'ai un truc à te dire.

Glen ravala les mots et les discours qu'il avait répété pendant toute l'après-midi et il suivit Jack dans un silence froid et lourd à la fois. Ils paraissaient tout les deux trop nerveux pour ne serait-ce qu'articuler une phrase, mieux valait qu'ils restent silencieux. Glen posa ses clefs sur le meuble de l'entrée et enleva ses chaussures par habitude. Jack s'assit sur le canapé, se tordant les mains entre elles, son cache-oeil était gris aujourd'hui, il aimait bien changer de couleur. Il se passa la langue sur ses lèvres sèches. Glen commença à s'inquiéter.

— Qu'est-ce qui se passe, Jack ?
— Y a rien de grave, c'est juste... Je voulais te parler de ce qui m'est arrivé.

Glen n'avait jamais vu quelqu'un aussi tendu que l'était Jack. Et dire qu'il avait parlé de ça avec sa soeur le matin même... Il se sentait coupable maintenant qu'il voyait à quel point c'était une épreuve pour lui. Qui était-il pour exiger de tout savoir ? Glen prit place à coté de lui sur le canapé et hésita un instant avant de poser une main sur la sienne en guise de soutien.

— Jack... Si tu n'es pas obligé de me le dire, tu sais ?

Jack releva la tête vers lui, son regard était incertain, perdu. Glen se mordit les lèvres, dieu qu'il se sentait mal.

— Mais tu veux savoir, protesta Jack. C'est normal, la première fois que t'as vu ça (il montra son cache-oeil) t'as cru que c'était un déguisement bizarre. Au début les gens que je connaissais croyaient que j'avais une sorte de délire sur les cosplay, cracha t-il amèrement.

Glen ne put se retenir de renifler avec amusement, pas au dépens de Jack mais à la réaction des autres. Jack se rembrunit d'autant plus.

— Te moques pas de moi, mordit-il.
— Je ne me moque pas. Mais rappelle-toi quand on était à la fac, tu passais ton temps à relever des défis bizarres, c'est pour ça qu'ils ont cru que tu avais un délire sur les cosplays comme tu dis.
— Bon de toute façon je voulais pas parler de ça, grommela Jack.

Glen hocha la tête pour l'encourager à parler. Jack n'avait pas enlever sa main, ce qu'il estimait être bon signe, il n'était pas réellement fâché, juste nerveux. Il sentait ce qui allait venir n'allait pas être facile pour lui, que c'était une histoire dure. Jack ne le regarda pas et il ne s'en vexa pas.

— Dans la boite où je bossais, j'étais une sorte d'intermédiaire entre le pole administratif et l'atelier. Je devais faire le trajet entre les deux tout les jours, plusieurs fois par jour même. Y avait pleins de machine, moi je savais pas ce qu'elles faisaient, j'étais juste chargé de transmettre des papiers, les faire signer et retourner en administration.

Jack s'interrompit dans son explication, remuant sur le siège, se mordant les lèvres tournant la tête pour regarder par la fenêtre. Glen ne lâcha pas sa main, tant pis si c'était franchir une ligne imaginaire qu'ils s'étaient fixés, il voulait montrer à son ami qu'il était là pour lui.

— Un jour, mon chef m'a envoyé dans l'atelier, comme d'habitude et au moment où je suis passé devant la machine, il y a eut une sorte de fuite... Je l'ai reçu dans l'oeil.

Jack s'est passé une main dans ses cheveux courts, soupirant, ses doigts accrochant l’élastique du cache-oeil au passage. Glen déglutit. Son ami s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

— Ça me brûlait et je n'ai pas mit longtemps à m'effondrer, ils ont appelé le samu, j'ai été transporté à l’hôpital, ils ont fait des examens... Ça m'a cramé le nerf optique. C'est comme ça que j'ai perdu mon oeil.

Jack avait été le plus vite possible, comme si expliquer rapidement la situation allait le débarrasser. Glen fit passer son pouce sur le dos de sa main en un geste apaisant et colla son épaule contre la sienne.

— Et le cache-oeil ?
— Quoi le cache-oeil ? Demanda Jack, sur la défensive.
— Pourquoi le cache-oeil ?

Jack le dévisagea avec un air désabusé, comme pour dire "mais qui m'a foutu un abruti pareil, est-ce que c'est pas assez clair comme ça ?". Glen haussa les épaules, il se fichait qu'il soit aveugle d'un oeil, il déplorait seulement le fait que la vie de Jack soit plus compliqué et que ce soit un réel handicap pour lui. Le cache-oeil était par contre une curiosité.

— Tu aurais pu choisir les lunettes de soleil mais tu as choisi le cache-oeil, lui fit-il remarquer.
— Parce que j'étais fatigué de voir le monde sous des verres teintés, marmotta Jack. Tout était sombre et gris...

Glen se sentait tellement touché que Jack lui en ait parlé, il ne savait pas trop quoi lui dire après cela. Tout son être lui criait de se pencher, de briser les quelques centimètres qui existaient entre eux pour partager encore plus. Il avait tellement envie d'embrasser Jack et au diable les conséquences... Ils étaient déjà tellement proche, est-ce que ce serait si mal de l'être plus ? Glen prit une inspiration et se reprit, ce genre de chose, ça ne se passait que dans les films.

Jack jouait distraitement avec l’élastique de son cache-oeil, le faisant rouler entre ses doigts pensivement. Glen l'observa faire un instant avant qu'une autre curiosité ne s'infiltre dans sa tête.

— Est-ce que tu... Tu peux l'enlever ?

Jack grimaça et ferma les yeux, un soupir quittant ses lèvres.

— J'avais peur que tu me le demande.
— Tu n'as pas confiance en moi ? Demanda t-il doucement.
— Pas pour certaines choses, tu m'as pas rendu le dvd de Sherlock à temps et j'ai dû payer un supplément, grommela Jack.
— J'ai un problème avec les délais, ok ? C'est pas de ma faute, geignit-il.

Jack se tourna vers lui, levant un sourcils. Glen le contempla avec incertitude, il leva la main doucement.

— Sérieux tu vas pas...

Il la passa à la lisière de l'élastique.

— Faire ça...

Jack retint son souffle, se crispant. Il attendit un moment pour être sûr qu'il puisse l'en empêcher s'il ne le voulait vraiment pas. Glen passa son pouce sous l'élastique et retira doucement le cache-oeil. Jack avait fermé les yeux, le morceau de cuir avait laissé une trace rose en forme d'ovale sur sa peau, il se pencha et la traça du bout des doigts. Glen sourit, son coeur battait si fort dans sa poitrine qu'il pouvait le sentir battre jusque dans ses articulations, ses mains étaient moites et il avait la chair de poule. Il ne savait pas s'il y avait un moment précis, si un sixième sens poussaient les gens à agir dans une situation donné mais ça l'occasion était trop belle. Trop amoureux pour pouvoir se retenir, il se pencha encore et posa ses lèvres sur celles de Jack.

C'était fou, totalement fou. Jack prit une inspiration surprise et relâcha un souffle tremblant, comme si tout cela était trop pour lui, qu'il se sentait dépassé. Glen n'insista pas et se recula doucement, appuyant sa bouche une dernière fois contre la sienne, avec adoration. Lorsqu'il se décala, les yeux de Jack étaient ouverts. Glen fit glisser sa main en une douce caresse contre sa peau de façon à ce qu'elle épouse sa joue. L'oeil aveugle de Jack était pâle, sans aucun pigment, presque blanc. Il examina ses yeux, chacun d'eux, sans jugement aucun, attentivement. Celui de gauche était d'un vert éclatant, un peu plus sombre que dans ses souvenirs. Ses doigts effleurèrent encore la joue de Jack avec tendresse.

— C'est parce qu'il est moche que je ne veux pas qu'on le voit, souffla ce dernier.

Glen fronça les sourcils et secoua la tête en négation. Il ne trouvait pas son oeil moche, juste différent. Comme il ne l'avait pas repoussé pour le baiser, il se pencha et embrassa sa paupière. Ce fut la goutte de trop pour Jack qui se dégagea en secouant la tête, prenant son poignet pour écarter sa main de son visage, le regardant bien en face, les yeux grands ouverts. Il montra son oeil avec une grimace.

— Ne me dis pas que tu trouve ça beau, parce que c'est f...
— Et pourquoi tu ne me laisses pas décider ce que je trouve beau ou non ? Le coupa Glen.
— Parce qu'on se fréquente depuis deux mois, je sais que t'es gay, tu ne t'en es jamais caché mais j'ai pas besoin qu'on me prenne en pitié.

Et ce fut à cet instant que Glen regretta de ne pas avoir fait connaitre ses intentions plus tôt. S'il l'avait fait, peut-être que Jack aurait crut plus facilement ce qu'il s'apprêtait à dire. Ce dernier se leva et commença à rassembler ses affaires pour partir.

— Est-ce que tu pourrais arrêter de t'activer dans tout les sens et m'écouter une seconde ? S'énerva Glen.

Jack fit mine de reprendre son cache-oeil et Glen le mit hors de portée, le gardant serré dans sa main, derrière son dos. Il le fusilla des yeux, posant une main sur les hanches et tendant la main pour qu'il le lui rende.

— Donne-le moi.
— J'ai des vues sur toi depuis la fac, révéla t-il.
— Et c'est pas du tout crédible, on est adulte maintenant, rend-moi ça, aboya Jack.
— J'en ai rien à foutre de ton oeil ! Hurla Glen pour se faire entendre.

Cela eut pour le don de calmer Jack un moment. Glen prit une grande bouffée d'air pour se calmer et pour se donner du courage.

— A la fac, j'ai passé deux ans à te courir après, j'étais persuadé de n'avoir aucune chance vu que tu avais l'air parfaitement hétéro et que tu avais des copines. J'ai même été parler avec tes ex parce que je voulais en apprendre plus sur toi. C'était un mauvais, très mauvais coup de foudre. Et cinq ans plus tard, on se rentre dedans en caddi, je me rends compte que t'es un gars bordélique, qui range rien, qui sait pas manger proprement sans en foutre partout, qui oublie toujours son porte-feuille sur ma table basse...

Jack croisa les bras et ouvrit la bouche pour protester, les sourcils froncés. Glen brandit son index devant lui pour le faire taire et pour continuer sa phrase.

— Et malgré ça je suis toujours éperdument, désespérément amoureux de toi...

Les bras de Jack perdirent leurs rigidités, ses traits se détendirent légèrement. Glen prit une nouvelle inspiration, il se sentait fébrile, tremblant. Il venait d'exposer son coeur sur un plateau, Jack avait le pouvoir de le briser en une seconde.

— Le fait que tu sois aveugle d'un œil... Je m'en fous, je suis triste pour toi, pour ce que tu as vécu... Mais si ce que tu m'as laissé faire il y a deux secondes voulait dire quelque chose pour toi, que t'es prêt à nous donner une chance, merde je sais même pas si t'es gay ou bi ou j'en sais rien mais... Je t'aime comme tu es. Chômeur, bordélique et énervant au possi...
— C'est bon, j'ai compris, râla Jack.

Glen ferma la bouche, se mordant les lèvres. Jack soupira, se passant une main dans les cheveux en fermant les yeux une seconde. S'il ne se décidait pas à faire quelque chose dans les minutes qui suivaient, le cœur de Glen allait sûrement exploser, l'appréhension ne lui avait jamais réussi et les cœurs brisés non plus. Il n'avait même plus de crème glacé au congélateur. Jack rouvrit finalement les yeux, la bouche légèrement plissée.

— Je ne suis pas bordélique, protesta t-il.

Glen relâcha son souffle tandis que Jack faisait un pas vers lui, encore énervé mais plus au point de s'en aller. Il sentit la tension quitter ses épaules lorsqu'ils furent si proche qu'ils ne pouvaient à présent plus faire un pas sans trébucher sur l'autre.

— Bien sûr, sourit Glen.
— Et je mange proprement, ajouta t-il.
— Mon tapis et mon canapé pensent différemment.

Jack ouvrit la bouche, outragé. Glen ne le laissa pas parler et se pencha pour avaler sa protestation et sûrement l'insulte qui venait derrière. Une centaine de papillons prirent leurs envols dans son estomac tandis qu'il passait sa main dans les mèches châtains clairs, qu'il enroulait son bras autour de sa taille. Jack sembla fondre sous l'attention mais tirailla tout de même ses cheveux noirs échevelés pour lui montrer son mécontentement. Glen ne se détendit complétement que lorsque les bras de Jack passèrent autour de lui et le serrèrent en retour.

— Ton tapis et ton canapé m'aiment, souffla Jack entre deux baisers.
— Ouais, tout mon intérieur t'adore.

Et c'était tellement cliché que ce fut Jack qui dû le faire taire cette fois-ci.


Fin

Maliae
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Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - Glen et Jack Original - pas de spoil - Glen et Jack Icon_minitimeLun 15 Sep - 9:53

ooooohohohoohoho gluglu c'était trooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooop meugnon <3, j'adore, et j'ai bien ris Smile ! Ahlalala j'aime ce genre d'histoire touuuute mignonne qui détende et font du bien <3.
Maeve
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Je suis ton père Luke
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MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - Glen et Jack Original - pas de spoil - Glen et Jack Icon_minitimeMar 16 Sep - 15:25

Coucou! Smile

C'était tellement, tellement adorable.^^ Tu as toujours le don de créer des univers dans lesquels il est facile de plonger, que ce soit un univers post-apocalyptique ou un univers tel que celui-ci. Je l'ai déjà dit, mais j'admire ta faculté à inventer des personnages attachants!^^

Ces deux-là sont trop mignons. Quant à Jack, il est simplement chou. Very Happy J'ai adoré le fait qu'il mette plein d'émoticônes dans ses textos, ahaha!^^

Merci pour ce texte superbe.


Maeve

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MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - Glen et Jack Original - pas de spoil - Glen et Jack Icon_minitime

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