Original - pas de spoil - L'âme d'un pilote

Fandom: Original
Prompt: Où es-tu ?
Note: Pour info, Maneck et Aditya (Adi pour les intimes) sont pilotes de course moto. Ils ont eu un accident et Maneck est tombé dans le coma. That's it ^^






Le bout de ses doigts étaient gourds et froids mais le reste de son corps semblait cloué lourdement au lit. Sa gorge... Quelque chose entravait sa gorge. Ses paupières refusèrent de s'ouvrir correctement au premier essai, collées par la fatigue. Plusieurs tentatives n'y firent rien et il replongea dans le sommeil.
Quand il se réveilla pour la seconde fois, Maneck parvint à entrouvrir les paupières suffisamment pour apercevoir une chambre plongée dans une semi-obscurité. Le soleil devait être en train de se lever, de douces lueurs commençaient à peindre le ciel de rose et de orange. L'épuisement, qui le maintenait dans un état entre coma et conscience, se leva progressivement et fit apparaître différentes sensations dont il se serait bien passé. Les draps étaient doux mais sa peau le démangeait à certains endroits, ses membres étaient perclus de douleurs qui semblaient plus causés par de la fatigue musculaire que par un quelconque traumatisme et ce truc dans sa bouche lui donnait envie de tout arracher.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
La réponse la plus probable : un accident.

A chaque fois que Maneck se réveillait dans une pièce blanche avec du matériel médical, c'était vraisemblablement parce qu'il avait eu un accident.

Comment ?
Avec quelle moto?
Où est Adi ?

La machine qui surveillait ses constantes s'affola mais il fallut bien dix minutes à quelqu'un pour s'en inquiéter. Une infirmière écarquilla les yeux en apparaissant à son chevet, elle vint appuyer sur un bouton d'appel près de lui et s'affaira tout en lui parlant d'une voix rassurante. Maneck avait eu un accident et avait été dans le coma, il fallait qu'il reste calme et qu'il se tienne tranquille. Quelqu'un allait venir, quelqu'un allait prévenir ses proches, quelqu'un allait venir lui faire quelques tests. Maneck tenta de l'arrêter dans son babillage pour lui poser une question mais sa gorge était obstruée par ce fichu tuyaux, il ne put qu'attraper faiblement son poignet. L'infirmière lui tapota gentiment la main.
— Je sais que vous devez être confus mais il faut que vous soyez patients.

La patience, chose que Maneck n'avait que très peu en réserve.
Mais comme il n'avait pas d'autres choix, il fit contre mauvaise fortune bon cœur et rongea son frein.
Un médecin vint un peu plus tard pour lui poser un million de questions auxquelles il répondit tant bien que mal lorsqu'on lui fourra un stylet et une tablette dans les mains. Il coopéra jusqu'à ce que la fatigue n'immobilise ses bras et qu'il ne soit plus capable de tenir quoi que ce soit entre ses doigts.

Il ne sût pas combien de temps s'était écoulé – une heure, trois ? – quand Aditya déboula dans la chambre avec les cheveux en pagaille et le souffle court. Sa tête était impayable mais Maneck fut trop soulagé de le voir entier et en vie pour se moquer de son apparence. S'ils avaient eu un accident tous les deux, au moins Aditya s'en était tiré.
— Oh...

Le visage d'Aditya se ratatina sous plusieurs émotions : la surprise, l'ébahissement, le choc, la joie... L''infirmière restante n'eut même pas le temps de prononcer un seul mot. Aditya combla la distance en de grandes enjambées, enroula une main autour de son poignet et le dévisagea avec la bouche entrouverte comme s'il n'en croyait pas ses yeux.
— Tu es réveillé... Tu es réveillé ?

Sérieusement, Adi...
Maneck hocha la tête avant de se souvenir du tuyaux dans sa bouche et de grimacer en le sentant bouger dans sa gorge. Il voulut lever le bras pour au moins rassurer Aditya lorsque ce dernier laissa échapper un petit rire étranglé et perdu dans quelque chose qui ressemblait à un sanglot, mais il ne parvint qu'à se fatiguer. Pourquoi était-il aussi épuisé après avoir autant dormi ? Le médecin lui avait dit qu'il était resté deux mois dans le coma.

Deux mois.

La première question qui lui était venu à l'esprit et qu'il avait écris sur la tablette en entendant ça avait été « J'ai raté les deux mois de vacances ? ». Ça avait fait rire le médecin mais pas lui. Faites confiance à Maneck pour tomber dans le coma pile au moment où il aurait pu profiter de la plage et du soleil.
Trop groggy pour faire autre chose, il retourna sa main jusqu'à ce qu'Aditya la prenne dans la sienne et pressa doucement ses doigts. Maneck avait apparemment atteins la limite de ce qu'il pouvait donner en terme d'attention et de mouvements. Tout devint un peu flou et confus. Aditya parlait à l'infirmière tout en gardant un point de contact avec lui, c'était tout ce que son cerveau pouvait intégrer pour l'instant.
Ça et cette fatigue exténuante.




Maneck se réveilla d'une sieste imprévue un peu plus tard dans la journée et fronça le nez en voyant Valentin à son chevet, les joues dégoulinantes de larmes. C'était dommage qu'il ne puisse pas parler parce qu'il en avait des choses à dire. En commençant par « mec, mouche-toi, c'est dégoûtant » et « C'est quoi cette coupe de cheveux ? » pour finir par « Je rêve où t'as perdu dix kilos ? ». Mais il ne pouvait pas parler alors il fut obligé de supporter les retrouvailles déchirantes avec son meilleur amie qui répétait sans arrêt « J'en reviens pas, j'en reviens pas, j'en reviens pas ». Maladroitement, Maneck lui tapa dans le dos et lui fit un clin d’œil lorsqu'il se décala pour mieux le regarder.
On se débarrasse pas de moi comme ça, mon pote, pensa-t-il.

Aditya les regardait tous les deux avec un sourire. La brume d'épuisement s'était légèrement dissipée, Maneck en profita pour l'inspecter de plus près. La barbe d'Aditya était un peu plus longue que dans ses souvenirs et ses cheveux l'étaient encore plus. Des cernes noirs tachaient le dessous de ses yeux et il avait l'air d'avoir perdu pas mal de poids lui aussi. Il ne faisait clairement plus les 76 kilos qu'il prétendait faire à leur rencontre, c'était certain.
Valentin renifla bruyamment, s'essuya les joues et se rassit dans sa chaise en le fixant comme s'il avait peur qu'il disparaisse. D'une main lasse et frustrée Maneck pointa le tuyaux dans sa bouche et haussa un sourcils. La main d'Aditya se resserra autour de son poignet.
— Le médecin est venu quand tu dormais. Ils vont réduire l'assistance respiratoire au fur et à mesure pour voir comment tes poumons se comportent.

Maneck serra les doigts en poings, déjà agacé. Valentin souffla par le nez avec amusement.
— Ça fait qu'un jour que t'es réveillé et t'es déjà en train de râler. Je suis trop content que tu nous aies pas fait le coup de devenir amnésique comme dans les films...

Maneck avait manqué l'opportunité de lui faire une bonne blague. Aditya le dévisageait. Maneck remua son poignet pour attirer son attention vers le bas et mima le fait d'écrire avec ses doigts. Valentin et Aditya se plièrent en quatre pour lui trouver du papier et un crayon puisque le médecin était reparti avec sa tablette et son stylet.
Qu'est-ce qui s'est passé ? Écrivit-il laborieusement.

Les douleurs étaient diffuses dans son corps. Son côté gauche avait dû morfler, Maneck sentait bien que son genoux était bizarre et quelque chose le tiraillait dans le dos. Il aurait été incapable de décrire la sensation précise que ça lui procurait, ce n'était pas inconfortable, ni douloureux, c'était juste... étrange. Aditya lui fit le récit des blessures dont il avait écopé et lui raconta la course ainsi que l'accident lorsqu'il le lui demanda. Maneck ne s'en souvenait pas. Il se rappelait de l'entrevue avec son père et d'être monté sur la moto sur la grille de départ. C'était ces derniers souvenirs avant qu'il ne se réveille ici.
Je t'ai poussé ? Rédigea-t-il.

Les yeux d'Aditya vacillèrent, il déglutit et acquiesça.
Je l'ai sauvé ? Wow, pensa Maneck.

Aditya s'éclaircit la gorge et caressa doucement son poignet en lui adressant un de ses petits sourires timides. Valentin partit dans un monologue où il lui expliqua tout ce qu'il avait raté pendant son coma, il entreprit même de lui raconter les épisodes d'une série qu'il regardait et qui étaient sortis après son accident. Maneck aurait pu lui en vouloir de le spoiler mais il avait l'air tellement fébrile et extatique qu'il se contenta de l'écouter en levant un sourcil et en adressant un coup d’œil blasé à Aditya qui voulait tout dire.
Ce Valentin, quel abruti.

Leurs autres amis vinrent au compte-goutte et Maneck fut cette fois presque soulagé d'avoir un truc encombrant dans la gorge qui l'empêchait de parler parce qu'il ne savait pas quoi leur dire quand ils fondaient en larmes – Wilma, Sacha et Valentin – ou quand ils lui tapotaient maladroitement le bras – Andrew et Janine – en le couvrant de mots gentils.

Au final, il redevint le mec asocial qu'il avait toujours été au fond de lui et fut soulagé de les voir s'en aller un à un, content de retrouver un peu de calme. Valentin fut l'un des derniers à s'en aller et le regard qu'il échangea avec Aditya avant de partir fit froncer les sourcils à Maneck. Pendant un instant, l'expression de son meilleur ami devint grave puis il se détourna et quitta la chambre.
C'était quoi, ça ? demanda Maneck dès qu'Aditya se réinstalla à ses côtés.

Aditya inclina le menton, secoua la tête et tenta un sourire qui se transforma en grimace.
— Rien.

Le front de Maneck se plissa avec suspicion et il ne parvint pas à croire Aditya.
Rien ?

Valentin ne ferait jamais une tête aussi sombre pour rien.




A suivre...