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[Les 100 - UA] Spleen (chapitre 13)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Spleen (chapitre 13) [Les 100 - UA] Spleen (chapitre 13) Icon_minitimeDim 4 Mar - 11:41

Note : pas relu

***

13. Cure de désintoxication.


J’ai un suivi psy. Une femme du nom de Becca qui me laisse parler alors que je n’ai rien à lui dire, parce que mon secret est trop gros, trop irréaliste pour qu’elle me croit. Au début je reste silencieux, puis le silence m’agace :
- Si on n’a rien à dire, on a qu’à boire un coup.
Je le dis en plaisantant et pourtant à moitié sérieux. J’aimerais qu’elle sorte une bouteille de vin et me propose un verre, et on viderait la bouteille ensemble et je pourrais lui dire tout ce qu’elle veut savoir. Mais Becca est stricte, elle connaît son boulot, pas d’alcool pour l’alcoolo.
- Je peux vous proposer un verre d’eau, me dit-elle, si vous avez soif.
- Ça ira.
Et le silence revient.
Au bout de plusieurs séances, je finis par le combler. D’abord je parle de petites choses sans importances, du temps qu’il fait, de l’infirmier qui s’occupe de moi et m’apporte les médicaments, du dernier film que j’ai vu y a un sacré bout de temps maintenant, du chat que j’avais quand j’étais petit. Et puis la langue se déliant, un sujet en entraînant un autre, je lui parle de ma soif d’alcool, je lui parle de mon envie d’en finir, je lui décris mes sentiments pour mon meilleur ami, je lui confie la peine que je ressens de n’avoir pas pu sauver mes parents. Je raconte ma culpabilité, ma haine de moi, je lui vide mon sac et dépose les pierres une à une et elle m’écoute. Parfois elle me dit quelque chose pour me soutenir, pour m’encourager, mais le plus souvent je préfère son silence qui me permet de déverser à ses pieds la rivière de mon amertume, de ma colère, de ma tristesse. Je ne pensais pas que ça me ferait du bien, mais ça me fait du bien. J’évite l’histoire de retour dans le temps, mais tout le reste je lui dis et j’ai l’impression de me débarrasser de ce qui me fait mal. Peut-être que depuis le début, il m’aurait simplement suffi de parler plutôt que d’entasser dans mon corps toute la douleur que je ressentais. J’aurais dû dire à Monty que je l’aimais, immédiatement. J’aurais dû lui dire que je n’avais pas envie de faire semblant de ne pas l’aimer, j’aurais dû lui faire part de mon envie de recommencer. Pour moi ce n’était pas une erreur, ça n’en a jamais été une, et si c’était à refaire, je le referais, à chaque fois, et j’aurais dû lui faire comprendre.
J’aurais dû ne pas essayer d’être fort à la mort de mes parents et les pleurer comme il se doit au lieu de garder toute ma peine pour moi. J’aurais dû ne pas tenter à tout prix d’avoir un enfant avec Maya comme si ça allait tout arranger. J’aurais dû faire attention à ce que je bois.
J’aurais dû parler plutôt que de me taire.

Quand je suis assez bien, en plus du suivi psy, je participe au groupe de paroles. Nous ne sommes pas tous là pour la même dépendance, et aucun de nous n’a l’a même vie. Si je suis venu par choix, ce n’est pas le cas de tous. Certains refusent de parler, d’autres sont intarissables. J’ignore pourquoi mon attention se porte sur l’un d’entre eux. Un type aux cheveux châtain foncés et aux yeux de glace. Il se nomme John Murphy, mais tient à ce qu’on l’appelle par son nom, pour mettre une barrière entre nous. Quand il parle, de sa bouche ne sort que sarcasmes et insultes. Il paraît toujours de mauvaise humeur, sur le qui-vive. Il refuse de se confier à une bande de drogués, comme il nous appelle. Je ne peux m’empêcher alors de me demander ce qu’il a vécu pour en arriver là.
- Parfois on aimerait revenir dans le passé, là où tout était plus facile, confie un homme du groupe.
Je repense à ma propre expérience et j’ai envie de lui dire que ça ne change pas grand-chose de retourner dans le passé. Au final, je suis là quand même avec eux. Murphy ricane :
- Quel merde le passé, jamais je ne veux y retourner.
L’air de rien, ça en dit beaucoup sur lui. Comme je reste intrigué, je finis par me rapprocher de lui, durant nos temps libres, j’essaie de lui parler. Au début, il me chasse, il m’envoie sur les roses, il m’ignore. Il est méchant, il me traite de drogué, d’alcoolique, il me dit que je ne suis qu’un moins que rien. Mais ça ne me touche pas parce que tout ça c’est la vérité. Alors je continue de tenter de l’approcher et j’ai l’impression d’avoir à faire à un animal farouche, avec lequel il faut être patient. Très patient.
Au bout d’un moment pourtant, il a un déclic et il finit par accepter ma présence. Peut-être qu’il en a juste marre de se battre pour me faire fuir. Je lui parle un peu, il ne me parle pas du tout, au début. Je continue pourtant et il finit par me répondre sarcastiquement.
- Je suis amoureux de mon meilleur ami, avoué-je.
- Ohlala comme c’est romantique, se moque-t-il ouvertement.
- Tu n’es pas amoureux ?
C’est son doigt levé qui me répond.
Bien plus tard, j’apprends que la personne dont il est amoureux l’a enfermé ici. Que c’est un homme, qu’il s’appelle Bellamy et que c’est un enfoiré.
- En plus c’est un vieux de quarante-cinq ans.
- Tu en as quarante, lui rappelé-je.
- C’est un vieux quand même, insiste-t-il.
Et la tendresse se mêle à la colère sur son visage.
Bellamy voulait qu’il guérisse à tout prix de ses problèmes de drogue et l’a envoyé ici de force. Murphy le voit comme une trahison, je le vois comme une preuve d’amour. Ce Bellamy l’aime tellement que, quitte à se faire détester, il a fait en sorte qu’on puisse le soigner.
Murphy en apprend beaucoup sur mon passé, j’en apprends très peu sur le sien. Une fois, il lâche comme ça que sa mère était alcoolique comme moi, et qu’il me déteste pour ça. Il n’a pourtant pas l’air de me détester tant que ça.
- Enfin je ne suis pas mieux qu’elle, dit-il, vu où je finis.
- Mais tu essayes de te soigner.
- Parce que tu y crois ? Tu ne vas pas replonger directement à la sortie toi ?
- Non. Je vais essayer de ne pas replonger.
- Trop mignon, marmonne-t-il avec ironie.
Me faire un ami m’aide à passer le temps, m’aide aussi à ne plus penser à l’alcool. Murphy est attachant. Il grogne beaucoup, il se moque, et il est entouré de mur, mais je l’aime bien.
Quelques mois plus tard, Monty a le droit de me rendre visite. Enfin. Je lui parle d’ici, je lui parle de Murphy. Il me demande comment je me sens :
- Mieux, dis-je.
Il trouve que ça se voit sur mon visage. Avant j’étais livide, je faisais vieux, mes veines ressortaient étrangement, j’étais moche et puant. Maintenant mes cheveux ont un peu repoussé, j’ai repris des couleurs, j’ai rajeunis. Je suis loin d’être un pris de beauté, j’ai toujours des gros cernes sous les yeux, mais je suis mieux dans ma peau et dans mon corps. Comme je me suis juré de ne plus mentir, de ne plus garder mes sentiments pour moi, je lui avoue :
- Je t’aime toujours
Il tente de détourner le sujet mais j’insiste :
- Je sais que tu ne veux pas de moi, mais je t’aime toujours. Pour moi, notre baiser n’était pas une erreur. J’aime ce souvenir et je veux le garder.
Il se tait un long moment, puis hoche la tête :
- D’accord, dit-il. Tu peux le garder.
Je lui souris. Un poids s’enlève encore de ma poitrine.
Je repense à notre baiser, à nos baisers, et j’ai le droit d’y penser.
- N’en parle juste pas à Harper.
- Évidemment, souris-je. Évidemment.

xxx

- Monty et moi on s’est embrassé.
- Pendant sa visite ?
- Mais non, y a vingt ans, avant son mariage.
Murphy lève les yeux au ciel :
- Y a prescription, marmonne-t-il.
- On s’est embrassé, répété-je joyeusement.
- Et ça n’arrivera plus jamais, assène-t-il méchamment.
- Peut-être mais je peux garder ce souvenir et je suis trop heureux. En plus c’est arrivé deux fois.
Techniquement.
- Deux fois ?
Murphy lève un sourcil étonné.
- C’est difficile à expliquer mais oui, deux fois.
- Une fois, j’appelle ça une erreur, fait Murphy, la deuxième fois c’est un acte prémédité.
Sauf que pour Monty, il n’y a eu qu’une seule et unique fois, pas deux. Alors ça compte toujours comme une erreur. Hélas.
- Il ne se souvient pas de la première fois.
- C’est une bonne excuse, soupir Murphy. Mais même sans se souvenir, s’il recommence, c’est qu’il ressent quelque chose, n’est-ce pas ?
Il a peut-être raison mais à quoi bon espérer alors que Monty a fait son choix il y a longtemps de ça ? Je préfère garder ces baisers comme des trésors plutôt qu’imaginer qu’ils aient à nouveau lieu, parce que ce ne serait sans doute pas le cas. Il allait falloir que je vive et accepte cette idée. Monty et moi ne serions sûrement jamais ensemble, peu importe combien je l’aime.

xxx

Aujourd’hui je sors. Je sors enfin de cette prison, de cet endroit qui m’a soigné mais tenu enfermé. Je sors en même temps que Murphy qui garde les bras croisés et marmonne tout seul :
- Même s’il vient me chercher, je ne lui pardonnerai jamais.
Il dit ça, mais quand il aperçoit un homme aux cheveux bruns, parsemé de blanc, bouclés, il sourit et s’approche de lui, l’attrapant par les pans de son manteau il souffle :
- Je te déteste.
Et il l’embrasse.
C’est donc lui le fameux Bellamy.

Monty m’attend de son côté. Il est avec ses enfants. Lucie me saute dans les bras :
- Tonton ! Tu es pu malade ?
- Non, dis-je.
C’est un petit mensonge. On m’a bien prévenu que l’alcoolisme on en guérissait jamais complètement, jamais tout à fait, que plus jamais je ne devrais boire une goutte d’alcool, au risque de retomber.
- Je suis contente, dit-elle, j’étais triste que tu sois très malade !
J’adore cette gamine. Peut-être que ce n’est pas plus mal que Monty ait quand même eu ses enfants. Evan ronchonne :
- T’es sûr tonton ? On va plus te retrouver sur le canapé ?
J’ouvre la bouche pour dire que non, que tout va bien mais Monty me coupe :
- Tonton Jasper va venir vivre avec nous pendant un temps. Alors on risque de le voir sur le canapé.
Ah.
Je n’étais pas au courant.

À suivre.
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