[Campagne de Nyv] - Je suis Vaiana (version 2)

Prompt - Il ne savait pas s'il devait en rire ou pleurer.

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Alors qu'il apprit la nouvelle, un vertige manqua de le faire tomber. Pourtant, Makoto était assis sur le lit. Son esprit de plus en plus vif, calculais les conséquences. Être le descendant d'Arthur, c'était donc, être le descendant du "guide des fées".
C'était, alors, comme Morna le lui disait, la prétention d'atteindre un trône auquel il n'avait jamais pensé. Ce trône si éloigné de son esprit, son élevage de crabes et sa plage. Il ne savait pas s'il devait en rire ou pleurer.
Bien sûr qu'à ses yeux la personne qui régnait sur Roctaz ou Fridgard avait son importance. Ça restait son royaume. Depuis son départ, il avait bien vu les conséquences que pouvaient avoir la politique sur ce monde.
Mais que ça soit lui qui puisse prétendre régner, ça le dépassait. C'était quelque chose de bien trop grand pour lui.

Après tout, à bien y réfléchir, il y a quelques jours encore, il n’était que Makoto Yamaguchi.
Ce garçon fée, qui n’aspirait à rien d’autre qu’à élever des crabes, pêcher avec Gorou... Certes, une partie de sa vie avait été une illusion manipulée par son "père". Seulement, ça ne changeait pas grand chose.

Son cerveau continuait de calculer des équations, quand lui même savait au mieux faire des additions ou des soustractions. Bien que ce ne fut pas la première fois que ça arrivait, Makoto percevait enfin les implications de son voyage. Il ne se trouvait plus à Toros, petit village paisible, avec des personnes qui n’avaient rien à faire de lui, autre que Gorou et P'tite Cuyère.

Il était entouré de personnes le percevaient comme quelqu'un d'important, et auquel il commençait à tenir plus qu’il ne le voulait bien. Depuis la mort de Gorou, Makoto n'avait plus très envie de s'attacher. Il avait compris le poids de ne pas pouvoir sauver à temps les gens qu'on aime.
Mais il n'y avait pas que ça : pour des gens, son rôle avait censé changer. Tour à tour il avait été, le seigneur de Toros, un “élu”, un prétendant à l’épreuve des ailes, un combattant de guerre ou même le passager d’un bateau pirate.  
On était loin du grain de poussière du départ.

A devenir si important, il devait prendre des décisions lourdes ou sérieuses. Certaines dont il n'avait parfois pas envie, ou même où il avait l'impression de manquer de quelques informations. Il y avait un côté frustrant à autant de possibilités, encore plus quand il s'agissait d'amener la paix, ou de mener des combats. Makoto se mettait à douter de lui, parce que gérer des crabes, c'était facile, il suffisait de les nourrir, et pour les plus gros, de les frapper après les avoir nourri. On était loin des choix des derniers jours.
Seulement, devenir guide des fées impliquait alors de nouvelles décisions à prendre, aux conséquences infinies.
Le garçon se doutait que ça serait bien plus que juste s'asseoir sur un trône et attendre. Et en même temps, il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait concrètement si ça arrivait.

- Je peux refuser le trône ? demanda-t-il à Morna sans y réfléchir plus longtemps

Jamais il n’avait fui devant un craborgoth, ou même un vampire.
Et pourtant, il voulait définitivement fuir devant le devoir de "guide des fées", un rôle différent d'éleveur de crabe.
Avoir des ailes de fées, oui, pourquoi pas, quitte à devoir perdre un bras en chemin. Mais atteindre un trône dont l’image même lui donnait le tournis ? Ça, non.

- Oui, regarde Vanyra c’est ce qu’elle a fait…. lui répondit la mercenaire

Makoto n’était plus le garçon simple qu’il avait été. Il comprenait le sous entendu de Morna. La fuite de Vanyra n'avait pas semblé être une bonne idée. Morna elle-même reconnu ensuite avoir fui elle aussi, et que ce n'était pas mieux.
Le flux de ses pensées repris.

Maintenant qu'il y repensait, ça n'était pas le premier choc qu'il devait encaisser. Entre la révélation qu'il avait été manipulé depuis son enfance par son père, que celui-ci n'était peut-être pas celui qu'il pensait. Ou même pire, la mort de Gorou...
Se sentait-il prêt à encaisser cet autre choc ? Il n’était pas un crabe lui. Il n’avait pas de carapace ultra solide.

Malgré ses réflexions, il s'aperçu que Morna quitta la pièce, non sans lui avoir proposé une protection. L'éleveur de crabes laissa sa tête tomber sur l’épaule de Gorou, par habitude. Ce fut agréable de constater qu'il pouvait plus le toucher que d'ordinaire. Que sa tête tenait là où il l'avait posé.

- Ça va aller Makoto, j’en suis sûr.

La voix de son meilleur ami de toujours résonna dans ses oreilles, dans sa tête. Il repensa à son rêve. Celui-là même qui le ramena doucement à son passé. Il lui semblait soudain que certaines choses ne changeaient pas.
Gorou à ses côtés qui le rassurait en était un bon exemple. Makoto avait toujours eut du mal à exprimer sa douleur, estimant qu'il pouvait s'en occuper lui-même. Mais la sincérité et la douceur de Gorou avaient toujours su l'aider sans qu'il ne lui dise rien.
Sincérité que Makoto possédait aussi, sans en avoir conscience, parce qu'avant il ne pensait pas à lui-même.

Le garçon resta silencieux. C’était rare qu’il le fut autant, même si ces derniers temps ça devenait coutumier. Après tout, il découvrait ce qu’était être sérieux, ce qu’il fallait faire pour être “diplomate”. Il se découvrait des pensées plus complexes qu'il n'aurait pu imaginer posséder.

Une voix absente de la pièce, celle de Lil'Kaleen qui commençait vraiment à lui manquer, résonna en lui :
“Et ? Ça change quelque chose à qui tu es ou à ta vie, que ton père ne soit pas celui que tu pensais ?”
Non. C’était vrai. Ça ne changeait rien. Et peut-être qu’avoir la possibilité de s’asseoir sur un trône ne ferait pas de lui un être différent. Ou alors juste un peu. Mais sans briser ce qu'il était réellement.
Celle d’un garçon qui voulait juste réussir à vivre dans ce monde où il trouvait des choses qu’il n’avait jamais découvert jusque-là, et qui appréciait son voyage malgré tout ce qu’il s’y était passé.
Qu’il ait un père différent, une vie différente de ce qu’il avait imaginé, un meilleur ami spectral, un crabe en pleine croissance, des amis humains, elfes ou nains, ou même des ailes dans le dos et un trône promis… Ça ne changerait pas qui il était.

- Je suis Makoto, murmura-t-il pour lui-même.

Il sentit la main, presque timide de Gorou, venir l’enserrer doucement, alors que sa tête n'avait pas bougé de son épaule, bien que leur étreinte se faisait de plus en plus proche du câlin.

- Tu es Makoto, lui répondit son meilleur ami.

Et Makoto, c’était juste lui, ça devenait pleins de choses et il avait l'impression que ça restait quelque chose de bien. Il se sentit sourire à nouveau. Et, comme il se détendait doucement le garçon se rappela que s’ils se trouvaient bel et bien à Croc Givre, il avait une lampe à aller récupérer.
Et puis…  Il avait des ailes qui l’attendaient, pour qu’il se déploie d’autant plus dans le courant d’une liberté qui lui permettait de se découvrir lui, bien avant le monde.