Original - pas de spoil - Epilogue

Fandom: Original
Prompt: Si tu crois que j'ai peur, c'est faux.
Note: Finalement... c'est la fin ! :'(
J'espère que vous allez aimer ^^"

Epilogue

La chaise de la cuisine grinça sous mon poids. Le matin pointait à peine le bout de son nez, la tasse de café devant moi fumait doucement et je m'y cramponnai d'une main en essayant de faire le point sur ce qui venait de se passer.

Amber s'était isolée dans la chambre dès que le miroir s'était reconstitué, Paddy avait bien essayé de la suivre mais elle lui avait fermé la porte au nez et avait grogné qu'elle avait besoin d'être seule un moment, est-ce que c'était trop demander ?

Paddy soupira, il enroula un bras autour de ma taille et posa sa tête contre mon épaule. Une vague de calme m'enveloppa comme une couverture chaude, j'en profitai pour fermer les yeux. Ces derniers mois avaient été complétement fous, la tranquilité nouvelle était bienvenue.

— Tout est fini ? Demanda Paddy en un souffle.

Je posai ma joue contre son crâne et refermai mes bras sur lui avec douceur. Ses boucles brunes me chatouillèrent le nez, il sentait comme la terre après un orage particulièrement violent.

— Bien sûr que non ! On doit encore aller en espagne, tu te souviens ?

Paddy renifla avec amusement, son souffle joua contre ma peau un moment tandis qu'un petit rire le secouait. Je repoussai ses mèches brunes en arrière pour déposer un baiser derrière son oreille, les bras de Paddy se resserrèrent autour de moi, il soupira une fois de plus.

— Mince, j'ai eut tellement peur...
— Il ne fallait pas. Je t'avais dit qu'on trouverait une solution.
— Si tu crois que j'ai eut peur d'être maudit pour toujours, tu te trompes.

Je fronçai les sourcils lorsqu'il se dégagea pour mieux poser une main contre ma joue et me regarder. Un souffle tremblant lui échappa, ses yeux brillèrent:

— J'ai eut peur de te perdre.
— Tu me sous-estimes clairement, plaisantai-je. Je suis là et je ne vais nulle part tant que je ne l'ai pas décidé.

Pour être honnête... Mourir m'avait foutu les jetons.
Cracher du sang, avoir mal... C'était violent et une véritable agonie.
Mais Paddy n'avait pas besoin de le savoir.

Paddy s’apprêtait à répondre quand la porte de la chambre s'ouvrit. Amber s'appuya contre le battant, les yeux rouges et les cheveux en bataille.

— J'ai besoin de vacances à durée indéterminée, bailla t-elle.
— J'ai besoin de dormir pendant au moins une centaine d'année, rétorquai-je.

Amber leva un sourcil et fixa Paddy avec insistance. Paddy, qui avait dormi pendant une éternité dans une affreuse masure. Je me mordis les lèvres et me tournai vers lui, il avait la même expression exaspérée que Amber peinte sur le visage:

— Désolé, marmonnai-je.

Amber leva les yeux au ciel et me vola mon café en passant à coté de moi. Paddy haussa une épaule, sa hanche s'appuya légèrement contre la mienne tandis qu'elle vidait le contenu de la tasse d'un seul trait.

— Bon... A votre avis, qu'est-ce qu'on fait du miroir ? Demanda t-elle.

Une nuée de sentiment contradictoire s'envola dans mon estomac lorsque mes yeux se posèrent sur le miroir, encore sur la table basse. Paddy frissonna contre moi:

— Est-ce qu'elles peuvent revenir grâce au miroir ?

Il n'eut pas besoin de dire qui étaient "elles", Amber comprit tout de suite. Elle secoua la tête:

— Non, je ne crois pas. Le miroir... C'est un objet sombre, le sorcier qui t'a jeté la malédiction y avait sûrement lié l'esprit d'une personne. Peut-être qu'il est connecté à l'au-delà d'une certaine manière mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire que forcer l'esprit d'une personne à rester ici alors qu'il n'appartient plus à ce monde est mauvais. La première chose qu'on nous apprend, c'est qu'il ne faut pas jouer avec la vie. Ce sorcier a fait quelque chose de terrible.

Amber secoua la tête en répétant "terrible" à voix basse. Le corps de Paddy se colla plus fort contre le mien, je caressai son dos du plat de la main pour l'apaiser. Les rouages de mon cerveau se mirent à tourner à toute vitesse:

— Ca veut dire qu'on ne pourra plus les voir. Ou plutôt qu'on ne devrait plus essayer de les voir, clarifiai-je.

Mes yeux se fixèrent sur le miroir, je n'étais pas sûr d'être prêt à prendre une telle décision. Si ce miroir était un portail vers le monde des morts – ou un truc du genre – qui serait assez stupide pour ne pas être tenté ? Revoir Nicky à volonté, l'entendre parler et rire... Et si c'était "quelque chose de terrible", qui oserait me reprocher de vouloir revoir ma petite soeur ?

Peut-être que le miroir était la solution en plus d'être le problème.

Les doigts de Paddy glissèrent dans mes cheveux et s'y emmêlèrent assez pour me faire détourner le regard. Le sien se riva sur mon visage, vacilla de mes yeux à la ligne fine qui pinçait mes lèvres, il sembla me lire comme un livre ouvert. Amber continua, aveugle à notre conversation silencieuse:

— Non, on ne devrait vraiment pas. Elles nous ont dit adieu pour une raison.
— D'accord, souffla Paddy.

Amber bailla à s'en décrocher la mâchoire:

— Je pense qu'on ferait mieux d'aller se coucher. On y verra plus clair avec un peu de sommeil au compteur.

Je hochai la tête, bien d'accord avec elle. J'avais du mal à me tenir droit après toutes ces histoires. Amber s'appropria le canapé, elle déplia le plaid et s'y blottit. Elle s'endormit la tête à peine posée sur l'oreiller. Paddy dut pratiquement me traîner jusqu'à la chambre, ma jambe folle protesta de toutes ses forces face à ce traitement mais je l'ignorai et m'écroulai dans le lit.

— Laisse-moi de la place...

Je me poussai lorsque Paddy grimpa sur le matelas à ma suite, nos jambes s’entremêlèrent. Sa respiration tranquille me berça un moment avant qu'il ne rompe le silence d'une voix douce:

— On ne peut pas se servir du miroir, Jamie.
— Pourquoi ? Tu pourrais retrouver Eugénie. Et Nicky.
— J'aimerais beaucoup cela... Mais ce ne serait pas bien. Ce serait égoïste.

Une once de honte me fit rougir parce qu'il avait raison. Nicky me manquait, et je parlais de la lier au miroir sans même savoir ce qu'elle en penserait. Paddy remua contre moi et ouvrit les doigts pour me révéler l'objet qu'il tenait. Mon sang se figea. Je relevai la tête, incrédule:

— Amber m'a dit que vous vous en étiez débarrassé.
— Je l'ai gardé parce que j'étais égoïste et parce que j'avais peur. Je sais que c'est difficile de renoncer à une éventualité qui parait tentante.

La pierre à souhait brilla même dans la nuit, son éclat toujours aussi pur. Paddy la fit rouler entre ses doigts et releva les yeux vers moi, me dévisageant:

— Elle était lourde dans ma poche aujourd'hui. J'aurais aimé m'en servir une centaine de fois, j'allais faire un vœu quand Eugénie et Nicky sont sortis du miroir.
— Paddy...
— On ne peut pas savoir ce que le futur nous réserve, Jamie... Mais on doit arrêter de chercher des alternatives dans le cas où les choses tourneraient mal et d'essayer de contourner les règles lorsqu'elles ne vont pas dans notre sens.

Je ravalai la boule de tristesse qui s'était coincée dans ma gorge, Paddy posa la pierre sur la table de chevet et se colla de nouveau contre moi.

— Je veux qu'elle soit là, avec nous... On a enfin réussi à briser cette foutue malédiction et elle n'a même pas le droit d'en profiter ? C'est pas normal...

Paddy ne répondit rien. Peut-être s'en voulait-il, peut-être n'y avait-il tout simplement rien à répondre.




Dormir se révéla être compliqué, surtout avec une journaliste à la porte.

Elle passa sa matinée à sonner à la porte, à parler même si nous n'écoutions pas une seule de ses paroles. Je finis pas appeler le gardien qui l'a mis dehors en un temps record avec des mots colorés.

— On ne peut pas rester ici, grogna Amber. Tu pourrais changer d'appartement ? Proposa t-elle.
— Ils finiraient par trouver mon adresse, comme ils ont trouvé celle-ci... On devrait changer de pays pour qu'ils nous foutent la paix.
— Et pourquoi pas ?

Je me tournai vers Amber avec un sourire désabusé, Paddy quitta la pièce comme s'il avait senti l'orage venir.

— Tout d'abord: je n'ai pas le droit de quitter le pays tant que l'enquête de la fusillade n'a pas été close et deuxièmement: vraiment ? Tu veux que je quitte le pays avec une gamine de 13 ans ?
— Et alors ?
— Et alors..., répétai-je avec incrédulité. Tu veux qu'on m'accuse de kidnapping ou quoi ? Et quitter le pays pendant l'enquête, ça ne crie pas du tout "meurtrier", repris-je avec ironie.
— Et depuis quand tu t'intéresses à ce que pensent les gens ? On vient de rompre une malédiction vieille de deux cents ans, on peut faire ce qu'on veut si on en a envie, on emmerde les autres !
— N'importe quoi !
— Jamie... ?

Paddy venait de refaire une apparition, passant la tête par la porte de la cuisine, prêt à la refermer si l'orage perdurait. Amber leva les yeux au ciel en voyant ma posture se faire moins défensive et plus à l'écoute. Je haussai une épaule. Paddy était spécial, bien sur que j'allais écouter ce qu'il avait à dire:

— Quoi ? Grognai-je.
— Je pense qu'elle pourrait avoir raison...
— Quoi, tu veux quitter le pays aussi !?
— Tu as dit qu'on pourrait aller en espagne...

La moue incertaine de Paddy me déstabilisa. Amber souffla lourdement et nous tourna le dos pour se plonger dans un livre.

— Je pensais que tu plaisantais moi... Tu veux vraiment aller en espagne ?
— Je n'ai jamais voyagé, ça pourrait être... bien.

L'espoir sur le visage de Paddy me donna un sérieux coup au coeur. Je me passai une main dans les cheveux et retins un soupir.

— Je vais y réfléchir.





Mais vraiment... Paddy m'avait eut à la première seconde, il n'y avait aucune raison pour que cela change.

Ne sachant pas quoi faire de la pierre et du miroir, je me chargeai d'acheter un garage dans un coin paumé où nous les entreposâmes. Je m'occupai de sceller le garage et précisai sur le registre que ce garage ne devait être ouvert sous aucun prétexte, par personne, excepté nous trois.

Nous avions tout le temps d'y réfléchir, pour l'instant... Il nous fallait vivre.

Amber fit appel à une de ses sombres connaissances et trafiqua de faux papiers pour moi. James étant un prénom courant, elle trouva drôle de m'affubler du nom de famille "Cascouille". Elle n'eut aucun scrupule à se créer une vie entière dans les registres de l'état, elle indiqua qu'elle était la soeur de Padraig Paddington qui était son tuteur légal. Elle nous jura que son père ne la chercherait pas et qu'elle ne voulait pas être un fardeau pour lui de toute façon.

A l’aéroport, l'attente après l'enregistrement des bagages me fit réaliser que ce départ était le commencement d'une vie nouvelle pour nous trois. Amber me fit une grimace insolente en s'affalant plus lourdement dans son siège, le nez dans son livre de magie qu'elle avait camouflé sous une couverture de magazine.

Les panneaux d'affichages indiquaient que notre avion était "à l'heure". Une voix féminine nous somma soudainement de nous présenter aux portes d'embarquement.

Une main fine et élégante se glissa dans la mienne. Je penchai la tête sur le coté, dévisageai l'expression excitée sur le visage Paddy.

— Prêt ?

Je l'observai encore. Ses cheveux noirs et bouclés, son sourire hésitant et ses grands yeux bleus... La nervosité et la peur qui m'habitaient ne me quittèrent pas mais ne furent rien comparé au sentiment de chaleur qui s'installa dans ma poitrine.

— Plus que jamais.




Deux siècles plus tard...


— Pourquoi on a scellé ce garage au fait ? Grogna un homme.
— Je n'en sais rien, ils étaient vraiment bargeot, tout ça pour un cailloux et un...

Un vacarme de bris retentit.
Un miroir vola en éclat et se disloqua en petits fragments sur le sol.

— Bordel,Vince ! Il avait l'air vachement ancien ce miroir, on aurait pu gagner un paquet d'argent ! Tu sais pas que ça porte malheur ? Ricana l'homme.
— Bah... tant pis.

Tandis que le soleil se couchait à l'horizon, le verre parut refléter le visage d'un jeune-garçon aux cheveux bruns, renvoyant son image fêlée comme une gigantesque toile d’araignée.

Tout est bien qui fini bien, en tout cas pour James, Paddy et Amber.
Par contre je crois que c'est moins bien pour le miroir qui se casse :'D
C'était une super histoire <3