Original - pas de spoil - Surprise ! (2)

Fandom: Original
Prompt: Rien que pour un baiser, je t'attendrais en chaussette.





Après cette petite sieste improvisée, Hiroshima tint à accompagner Ash sur le chemin du retour pour s'assurer qu'il ne s'endormait pas au volant. Il rentrerait en skate board jusque chez lui. Du moins c'est ce qui était prévu avant que Ashley ne se tourne vers lui:

— Tu restes ?
— Mais... tes parents ? Balbutia t-il.
— Ma mère ne dira rien... Allez, s'te plait.

Hiroshima ne put pas lui refuser ça, pas quand Ashley lui disait "s'il te plait" de cette façon. Il appela sa grand-mère pour lui dire qu'il passerait la journée et peut-être la nuit chez Ash, expliqua rapidement la situation et fut soulagé d'obtenir la permission. Hiroshima sortit de voiture, jeta son sac à dos sur son épaule et le rejoignit sur le seuil de la maison. Son coeur manqua un battement, surpris, lorsqu'Ashley prit sa main, serrant ses doigts à la recherche de réconfort. Hiroshima s'appuya contre son épaule et caressa le dos de sa main avec son pouce. Ashley s'apprêtait à mettre la clef dans la serrure quand la porte s'ouvrit à la volée sur sa mère. Cette dernière sursauta et se posa une main sur la poitrine.

— Vous m'avez fait peur... J'allais me mettre à ta recherche, j'étais inquiète...

Le regard de sa mère tomba sur Hiroshima. Il se crispa, ne sachant pas comment réagir ni s'il était le bienvenu. Les doigts de Ash se resserrèrent avec force sur les siens, nerveux. Les yeux de la maman vacillèrent sur leurs mains entremêlées, un sourire triste mais sincère détendit ses traits. Elle les étonna tout les deux en les prenant dans ses bras, les serrant contre son coeur. Hiroshima sentit le sien sauter jusque dans sa gorge, comme s'il avait voulu sortir par ses lèvres.

— Entrez, ne restez pas dehors, vous allez geler tout les deux, murmura t-elle.

Ash prit une inspiration légèrement tremblante, ses mâchoires étaient serrées. Elle se décala et leur adressa un sourire un peu plus large, les entrainant à l'intérieur. Hiroshima enleva ses chaussures à l'entrée, comme avant.

— Il faudrait aller réveiller Kayla, on va bientôt manger... Shima, ça te dérangerait de... ?

Hiroshima comprit tout de suite qu'elle voulait parler à Ash, il hocha la tête avec un petit sourire timide. Il serra une dernière fois ses doigts et les lâcha pour monter les escaliers en direction de la chambre de la petite. Elle était dans son lit, enfouie dans les couvertures jusqu'au menton. Il s'assit à coté d'elle et lui secoua gentiment l'épaule.

— Kayla... Kayla, il faut te réveiller, c'est bientôt l'heure de manger...
— Hmmm, grogna t-elle. Shima ? SHIMA !

Hiroshima faillit s'écraser au sol lorsqu'elle lui sauta dessus, jetant ses bras autour de son cou. Il passa les siens autour d'elle pour éviter qu'ils ne tombent et cacha son sourire dans ses boucles brunes.

— Moi aussi je suis content de te voir.
— Y a eut pleins de disputes cette nuit... Papa arrêtait pas de crier sur Ash et Ash était tout triste... Maman m'a dit que c'était pa'ce que Ash il était différent et papa il aime pas qu'il soit différent...
— Hmmm... Ça arrive des fois...

Kayla se recula légèrement pour mieux le regarder, fronçant les sourcils avec incompréhension. Hiroshima pencha la tête sur le coté.

— Quoi ? Demanda t-il doucement.
— Est-ce que c'est papa qui a tort ou maman ?
— Et ben... Je pense que ton papa a juste besoin d'un peu de temps pour réfléchir.
— Et Ash, il est différent comment ?

Qu'avait-on expliqué à Kayla ? Hiroshima se sentait mal à l'aise, il ne savait pas quoi répondre... Il s'éclaircit la gorge et décida d'être honnête, il se mit à l'aise, à coté de la petite.

— Ash, c'est un garçon, pas vrai ?

Kayla cligna des yeux, le regardant comme s'il était abruti.

— Bah ouais, marmonna t-elle.
— Eh ben... Ash est amoureux des filles... mais des garçons aussi.
— Des deux !? S'étonna Kayla.
— Pas en même temps, s'embrouilla Hiroshima.

Kayla le dévisagea un moment avant d'ouvrir la bouche, elle se pencha vers lui comme pour dire un secret, les yeux écarquillés.

— Je sais de qui il est amoureux ! Révéla t-elle.
— De qui ? Ricana t-il nerveusement.
— De toi ! Mais faut pas le dire ! Chuchota t-elle.

Hiroshima rougit et se passa une main sur le visage. La vie n'avait rien de facile en ce moment, il était partager entre rire et s'enterrer dans le sol tellement il était gêné. Il se leva, se cogna contre le montant du lit au passage.

— Et c'est quoi Momoseksuel ?
— Tu demanderas à ta maman !

Kayla bouda mais prit sa main quand ils descendirent les escaliers. Lorsqu'ils arrivèrent dans la cuisine, Ash était dans les bras de sa mère. Kayla poussa un cri de joie et courut se mêler à eux en hurlant:

— CALIN GROUPE !

Hiroshima détourna les yeux tandis qu'ils se détachaient l'un de l'autre avec gêne. Ash lui sourit, ses yeux n'exprimaient aucune tristesse, ce qui le rassura. Ils mangèrent tout les trois à la table de la cuisine, tentant tant bien que mal d'en placer une entre les bavardages enthousiastes de la petite qui n'en finissait plus de babiller. Après mangé, Kayla déclara qu'elle allait regarder un dessin animé, Ash et lui montèrent dans sa chambre.

— Tu veux qu'on joue aux jeux vidéos ou qu'on..., bailla t-il.

Hiroshima poussa Ash vers son lit.

— T'es crevé, on va jouer à rien du tout, l'interrompit-il.
— Et tu vas faire quoi pendant que je dors ? râla Ash.
— Je vais... ou alors je vais... Ouais, je vais faire ça.

Ash fronça les sourcils et aboya un rire, hilare. Hiroshima sourit, fier de le faire rire, même si c'était à ses dépends. Ashley haussa une épaule et se passa une main dans les cheveux, les lèvres légèrement étirées vers le haut.

— Ok. Fais ce que tu as décidé de faire, céda t-il.

Hiroshima hocha la tête avec conviction plusieurs de fois de suite tandis qu'Ashley se glissait sous ses couvertures tout habillé. Il le regarda se blottir confortablement dans les couvertures sans pouvoir détourner les yeux. Ash croisa son regard et il se secoua.

— Je vais chercher mon sac. Hm... ouais, bafouilla t-il.

Ash secoua la tête, amusé et une lueur attendri brillant dans le fond de ses yeux. Il enfouit sa tête dans l'oreiller et Hiroshima en profita pour s’éclipser. Son sac à dos était resté en bas de l'escalier, il le prit et s'apprêtait à remonter dans la chambre quand il vit la mère d'Ashley assise au salon, elle lui sourit.

— Il est perturbé, pas vrai ? Dit-elle doucement.

Hiroshima haussa nerveusement une épaule. Il reposa son sac, s'avança et s'adossa au montant de la porte. Il se mordit les lèvres, se passa une main dans les cheveux avant de réaliser qu'il remuait beaucoup trop.

— Ben... Je pense que.. qu'il ne s'attendait pas à ce que son père réagisse comme ça, avoua t-il.
— Je ne m'y attendais pas moi-même ! C'est vrai que Ash n'a pas été très délicat en nous annonçant la nouvelle mais ce n'était pas une raison pour être si violent... Viens t'asseoir avec moi, proposa t-elle.

Hiroshima aurait voulu retourner avec Ash, mais de toute façon il était probablement entrain de dormir. Il s'assit en face d'elle, manquant de s'étaler sur le tapis au passage, comme d'habitude en somme.

— Quand il nous a dit qu'il pensait être bisexuel... J'ai tout suite su qui l'avait fait douter de son orientation sexuelle, sourit-elle.
— Hmm.. ah bon ?
— Bien sûr... Ash n'a jamais eut de "vrais" amis, beaucoup de connaissance par contre... Je sais qu'il tient beaucoup à toi, à chaque fois qu'il rentre à la maison c'est pour parler de toi "Shima et moi on a fait ça, Shima et moi on est allé là"...

Hiroshima devint écarlate, il avait l'impression de voler quelque chose de privé en écoutant cela et en même temps, cela lui faisait extrêmement plaisir de savoir que Ash parlait de lui. La maman soupira, se passant une main sur le visage, elle paraissait exténuée.

— Mais il y avait Chany, alors avant hier soir... j'avoue que ça m'a surprise quand il nous a annoncé ça, je le pensais hétéro et en couple... Au moins, je ne m'étais trompée que sur la première moitié, ironisa t-elle.

Elle remit une mèche de ses cheveux en arrière. Hiroshima battit la mesure avec sa jambe, il était mal à l'aise. Il ne savait pas ce que Ash avait dit à sa mère, toujours est-il qu'ils ne s'étaient jamais mis d'accord sur le terme "en couple". Ils étaient... ensemble, ils s'embrassaient, ils échangeaient des étreintes... Mais Hiroshima ne savait pas à quoi s'en tenir, pas vraiment. Il vivait au jour le jour et il profitait de chacun d'entre eux.

— Bref... Je voulais que tu saches que j'aime Ashley et que je ne suis pas prête de l'abandonner. Son père a mal réagit, j'essaye de lui en parler mais je n'ai aucune réponse de lui depuis hier soir... Je suis contente que tu sois là pour lui, il en a besoin.
— Pas de problème...

Il hocha la tête plusieurs fois. La mère d'Ashley se leva, tapota son épaule, lui lança un dernier sourire.

— Je vais essayer d'appeler Ben encore une fois.
— D'accord...

Elle prit le téléphone sur la table basse et disparut à la cuisine. Hiroshima se passa une main dans les cheveux et prit un instant pour digérer ce qui venait d'être dit. Il ne savait pas bien ce qui venait de se produire en réalité. Il haussa les épaules en grimaçant, reprit son sac et monta les escaliers. Il referma silencieusement la porte derrière lui et sourit en voyant que Ash s'était effectivement endormi. Il posa son sac et alla fermer les rideaux, abandonnant l'idée de travailler pour céder à la tentation qu'il représentait. Hiroshima souleva les couvertures et se colla contre son dos, enroulant son bras autour de sa taille. Ash s'étira doucement et il se crispa, espérant ne pas l'avoir réveiller.

— J'aime pas être la petite cuillère, grogna Ash.
— Ouais... euh.. Désolé, s'excusa t-il maladroitement.

Ash grommela quelque chose qu'il ne parvint pas à entendre. Hiroshima sourit en se rendant compte qu'il ne bougeait pas pour autant. Il semblerait qu'Ashley ne soit pas si contrarié que cela à l'idée d'être la petite cuillère.

— Fais avec, rétorqua t-il.
— Autoritaire, se plaignit Ash.
— Dors, chuchota t-il en frottant sa joue contre sa nuque.
— Hmm...

Hiroshima embrassa son cou pour le faire taire et serra ses bras autour de lui avec douceur, caressant son bras avec le pouce en un rythme apaisant. Ashley ne mit pas longtemps à se rendormir.




Hiroshima se réveilla en sentant quelqu'un fouiller dans ses poches. Il cligna des yeux et tomba sur le visage de Ashley. Ils étaient toujours dans la chambre de ce dernier, il faisait sombre mais un rayon de lumière passait entre les pans de rideaux, assez pour éclairer la pièce.

— Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais ? Marmonna t-il.
— Tu te plains alors que je te tripote ?
— T'es pas entrain de me tripoter, t'es entrain de fouiller dans mes poches, grogna t-il, roulant sur le coté.
— Okay, j'avoue...

Ash se cala contre les oreillers, laissant ses poches tranquille. Il brandit tout de même un papier sous son nez. Hiroshima fronça les sourcils, ses lunettes avaient atterri... il ne savait pas où. Il bailla derrière sa main, tâtonna sur le matelas pour les retrouver. Ash les lui fourra dans la main.

— Merci... C'est quoi ce truc ?
— Ben justement, j'en sais rien... J'avais froid aux mains, j'ai voulu mettre mes mains dans tes poches et je suis tombé sur ce papier... qui porte l'écriture de Bill soit dit en passant...
— De Bill ? S'étonna t-il.

Il chaussa ses lunettes et plissa les yeux, déchiffrant l'écriture en patte de mouche de Bill... Il se rappela soudainement de quoi il s'agissait et comprit en même temps l'allusion de ce dernier lorsqu'il avait dit "y avait deux autres liens". Ash haussa un sourcil interrogateur.

— C'est avec ça qu'il a réussi à me faire aller sur la page facebook... Les liens sont redirigés vers d'autres liens...  Et je pense que les deux autres mènent vers d'autres sites à mon effigie.
— Cet enfoiré...

Ash lui prit le papier des mains, l'arracha, le roula en boule et le jeta dans sa corbeille. Hiroshima leva les yeux au ciel mais ne protesta pas. En n'ayant pas les liens, il n'aurait pas la tentation d'y jeter un coup d'oeil.





Cela faisait un mois et le père d'Ashley n'était pas revenu vivre au domicile conjugal. Ash n'avait aucune nouvelle de lui, sa mère était plutôt avare en information, elle lui disait juste la même chose, en boucle:

— Il a besoin de temps, il a besoin de temps, il a besoin de temps...

Hiroshima savait parfaitement que ce n'était pas ce que Ash souhaitait entendre. Il voulait entendre que son père l'aimait, peu importe son orientation sexuelle, peu importe s'il était avec un garçon ou avec une fille. Ashley ne montrait pas sa tristesse, Hiroshima n'avait pas besoin qu'il la dise pour la deviner.

Il aurait parfois voulu sécher le club de photographie pour être avec lui et le réconforter mais il ne le pouvait pas et il était sûr que Ash voulait se retrouver seul quelque fois pour souffler et reprendre ses esprits.

— Hiro, je te passe une photo, tu pourrais l'éclaircir un peu ? On voit à peine la couleur du ruban..., demanda Peter.
— Ouais, ok, pas de problème...
— Mike m'a foutu les jetons aujourd'hui, j'ai cru qu'il allait cracher de la fumée par les oreilles.

Hiroshima se tourna vers l'écran d'ordinateur et accepta le transfert d'image de la part de Peter.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Je sais pas vraiment... J'ai entendu que des bribes de conversations, apparemment une de ses photos perso s'est retrouvée dans le tirage et le gars du club de journalisme voulait à tout prix la mettre à la une ou je sais pas quoi... Bref, Mike a pété un câble, il était furax !

Hiroshima grimaça, il ne parlait pas souvent avec Mike mais il savait que ses colères étaient légendaires ici. Il était bien content de ne pas être dans son collimateur ou son ennemi mortel. Il s’attela à la tâche, les logiciels qu'ils avaient dans la salle de photographie n'étaient pas top mais ils étaient suffisants pour ce qu'ils faisaient des photos. Un sms le tira de sa concentration et il baissa les yeux sur son téléphone, ouvrant le message:

17:34 / J'suis chez toi. Josie m'a fé D cookies

Hiroshima secoua la tête avec amusement, un sourire étirant ses lèvres. Il se remit au travail pour être dérangé trois minutes plus tard:

17:37 / Les cookies, ça marche pas pr te fer revenir ?

Hiroshima leva les yeux au ciel, d'autant plus en sentant son portable vibrer encore une fois:

17:38 / Non ?

Hiroshima secoua encore la tête. Il posa son téléphone sur la table et se remit au travail. Peter vint derrière lui pour lui dire le taux d’éclaircissement à apporter à l'image, il régla les contrastes et lorsqu'ils furent tout les deux satisfaits, s'arrêtèrent. Son portable vibra:

17:52 / Bon, alors: je t'attend tout nu ds ton lit

Peter tourna la tête vers lui, fronçant les sourcils en le voyant cacher un rire derrière sa main:

— C'est ta copine ?
— On... on peut dire ça, hésita Hiroshima.
— Comment elle s'appelle ? Demanda t-il avec intérêt.
— Je vais y aller ! Dit-il joyeusement.

Hiroshima avait un sourire aussi grand que le monde. Il fit un signe à Peter qui boudait de ne pas avoir droit aux détails et quitta la salle de photographie, serrant son skate-board contre son coté. Il sauta dessus une fois dehors et se dirigea jusque chez lui. Il faisait encore sombre mais il connaissait le trajet par coeur à force de l'avoir fait. Devant chez lui, Ashley attendait sur les marches, une tasse dans une main et un cookie dans l'autre. Hiroshima fit ralentir son skate-board et en descendit avant de lever les yeux au ciel.

— Tu m'attends en chaussette ?
— Hm hm... Rien que pour un baiser, affirma t-il en haussant un sourcil.

Hiroshima ne parvenait jamais à lever un seul sourcil. Quand Ash s'en était aperçu, c'était rapidement devenu son jeu favoris de le faire pour l'embêter. Hiroshima s'approcha, lui vola un baiser et son cookie au passage. Ash poussa une exclamation indignée.

— C'était mon cookie !
— Plus maintenant, annonça t-il en croquant dedans.
— Rentrez avant d'attraper la mort ! Cria Josie de l'intérieur.
— Oui, m'dame.

Ash le débarrassa de son sac, le prenant sur son épaule et ils rentrèrent. Josie était installée près de la cheminée éteinte, devant la télé, un tricot sur ses genoux. Hiroshima alla l'embrasser, finissant le cookie qu'il avait volé à Ashley.

— Il serait peut-être temps que vous m'avouiez quelque chose, vous ne croyiez pas ? Demanda Josie, haussant un sourcil.

Hiroshima fronça les siens, certains qu'ils s'étaient passés le mot pour se moquer de lui avec cette histoire de sourcils. Ashley pencha la tête sur le coté, les regardant tour à tour sans comprendre. Josie leva les mains au ciel.

— Ça fait un mois que vous vous embrassez derrière mon dos, je ne suis pas sourde, pas encore !

Hiroshima grogna et cacha son visage entre ses mains, rouge comme une pivoine. Josie adressa un sourire à Ashley qui secoua la tête avec un sourire similaire. Il passa un bras autour de ses épaules.

— Surprise... je suppose ? Hésita Ash.
— Félicitations, je suis contente pour vous. Maintenant vous pouvez aller en haut où je ne veux surtout pas savoir ce qui s'y passe.
— Josie ! Râla Hiroshima.

Ashley posa sa tasse sur la table basse et embrassa Josie sur la joue avant de se tourner vers lui avec un sourire complice. Hiroshima leva les yeux au ciel, encore rouge. Il se passa une main dans les cheveux, les décoiffant encore plus, suivant Ash dans les escaliers, discutant du club de photographie et de ce qu'il y avait fait. Une fois dans la chambre, Hiroshima s'appuya contre sa porte tandis que Ash s'asseyait sur sa chaise de bureau.

— T'as reçu mes sms ? Demanda t-il, l'air de rien.
— Hm hm...
— Si j'avais été plus courageux, j'aurais certainement fait ce que disait le dernier...

Hiroshima piqua un fard, il ne quitta pas Ash des yeux pour autant. Un éclat doré et singulier luisait dans ses yeux couleur chocolat, quelque chose de chaud, de doux, légèrement timide. Hiroshima pouvait sentir son coeur battre avec force, jusque dans ses tempes.

— Oui ? S'entendit-il dire.

Ashley hocha doucement la tête. Hiroshima sautilla sur ses talons, ce qui le fit sourire. Ash fit tourner légèrement la chaise, passant d'un pied à l'autre, baissant les yeux sur ses mains jointes.

— J'arrête pas de me dire que j'ai été ton premier baiser...

Ash tressaillit, Hiroshima s'appuya plus fort contre la porte pour ne pas flancher.

— Et j'ai envie d'être ta première et ta dernière fois, de partager encore pleins d'autres premières fois avec toi... C'est égoïste mais je m'en fiche, je te veux comme j'ai jamais voulu quelqu'un d'autre et ça... ça me fait peur.

Ashley releva lentement les yeux et se frotta le bras comme pour se rassurer. Hiroshima ne sentait même plus ses extrémités, son coeur s'était fait la malle, quelque part au soleil, peut-être lui enverrait-il une carte postale. Il reprit son souffle, dévisagea Ash comme s'il le voyait pour la première fois... Les cheveux très courts, les yeux noisettes... La première fois qu'il l'avait vu, il avait ce sourire à tomber par terre accroché aux lèvres...

— Tu...

Hiroshima se décolla du mur, chercha quelque chose à répondre à cette déclaration brûlante.

— Tu m'as jamais dit que tu m'aimais..., fut tout ce qu'il trouva à dire.

Ash se leva d'un bond, le faisant sursauter, il manqua de s'assommer sur le battant de la porte. Hiroshima se passa une main dans les cheveux, embarrassé par ce qu'il venait de dire, prenant peur en voyant Ashley se diriger vers lui, ou possiblement vers la porte. Il se planta devant lui à la place, l'air perdu, comme si ce que venait de dire Hiroshima l'avait choqué.

— Est-ce que j'ai besoin de le dire ? Demanda t-il, la voix vacillante.
— Je... J'en sais rien... Si tu le penses... peut-être, bafouilla t-il.

Ash cligna des yeux en le détaillant avec attention, ses yeux vacillants sur son visage, l'examinant avec méticulosité. Hiroshima faillit mourir électrocuté en sentant ses mains glisser sur ses hanches pour le tenir en place. Il réalisa qu'il n'avait cessé de sautiller depuis toute à l'heure, lui faisant tourner la tête.

— Ouais... Bien sûr que je le pense. Je veux dire... Ça fait un mois qu'on est ensemble, ma mère t'appelle déjà "mon beau-fils"...
— Euh... Tu l'as toujours pas... dit, lui fit-il remarquer.

Ash s'interompit et le regarda comme s'il avait été celui frisant l'électrocution cette fois-ci.

— Ouais... pardon, quel con, dit-il, souriant doucement.

Les doigts de Ash se resserrèrent sur sa taille, Hiroshima posa ses mains sur les siennes pour se donner un ancrage, se noyant dans ses yeux. Ashley eut un nouveau sourire étrange.

— Je t'aime.

Le coeur de Hiroshima refit son apparition, en une entrée fracassante, battant contre ses cotes à toute vitesse. Ash perdit son sourire pour une expression pensive, il le regarda ensuite avec indignation.

— Eh ! Toi non plus tu me l'as jamais d... hmph !

Hiroshima le fit taire d'un baiser enflammé. Ash le serra fort contre lui, pas si contrarié d'avoir été coupé en pleine phrase. Il l'attira plus fort contre son corps, fit perdre son tee-shirt à Ash avant de comprendre ce qu'il faisait réellement.

— Bien sûr..., haleta t-il. Bien sûr que je t'aime.

Ash passa une main derrière sa nuque et investit sa bouche, ne le lâchant plus d'une semelle. Son tee-shirt s'emmêla dans les branches de ses lunettes, Hiroshima se retrouva pris d'un incroyable fou rire, comme la nuit où ils s'étaient embrassés pour la première fois. Ash grommela, perdu entre amusement et frustration.

— Ces fichues lunettes ! C'est dommage qu'elles t'aillent si bien sinon j'insisterais pour investir dans des lentilles de contact !

Ils parvinrent à le dépêtrer du tissus. Hiroshima rit encore un peu, hilare, ivre de bonheur. Ash s'arrêta un moment pour le regarder, son sourire dévorant le bas de son visage. Hiroshima s'arrêta lui aussi. Il était là, le sourire renversant, à tomber par terre. Hiroshima se frotta le bras en reniflant avec gêne et amusement, Ash combla l'espace entre eux et agrippa une main à ses cheveux, renversant sa tête en arrière pour mieux l'embrasser à nouveau.

Ils se perdirent entre fou rire, gêne, jeu, se déshabillant de façon chaotique, se touchant maladroitement mais parvenant tout de même à allumer un brasier dans le corps de l'autre. Jusqu'à ce qu'Hiroshima oublie tout ce qui n'était pas Ash et inversement.




Hiroshima était au summum de la béatitude. Ash l'aimait, ils étaient plus proche que jamais, ils étaient heureux tout les deux... Rien ne pouvait entacher ce tableau.

C'est en conquérant qu'ils allèrent au lycée ce matin-là, échangeant des blagues, œillades complices et touchés légers mais révélateurs. Ils poussèrent les portes, légèrement en retard par rapport à d'habitude... pour être accueillis par des sourires méprisants, ironiques. Hiroshima fronça les sourcils et jeta un regard discret au dessus de son épaule pour voir ce qui pouvait bien provoquer ce genre d'attitude. Il n'y avait qu'eux. Ash lui adressa un coup d'oeil interrogateur auquel il répondit par un haussement d'épaule. Quelqu'un s'esclaffa à l'autre bout du couloir et Hiroshima se figea en le reconnaissant. Bill. Ce dernier apparut, essuyant une larme de rire au coin de son oeil, une liasse de feuille à la main. Il se précipita sur eux et le fourra dans les mains de Ash.

— Bravo, mon pote ! C'est une vrai prise que tu as là !

Bill éclata de rire une fois de plus. Un frisson désagréable lui remonta le long de la colonne vertébrale. Ash baissa les yeux sur ce qu'il lui avait donné. Il s'agissait du journal du lycée. Hiroshima se rapprocha pour voir aussi tandis qu'il ouvrait la feuille de chou. Son souffle se coupa. Une photo d'eux entrain de s'embrasser était en première page. Ash se crispa, ses doigts froissèrent le papier. Il reconnaissait cette photo, tout simplement parce qu'Asley l'avait prise, à la vieille voiture.

— C'est pas toi qui leur a donné, pas vrai ? Souffla Ash.
— Non ! Jamais ! Répondit Hiroshima de la même façon.
— Je voulais juste être sûr...

Hiroshima lui arracha le journal des mains pour voir ce qui était écrit dans la rubrique leur étant consacrée, le coeur en miette.


— Merde, Shima... Tout le monde est au courant, paniqua Ash.

La sonnerie retentit. Hiroshima ne sut quoi faire. On venait de salir quelque chose qu'il estimait magnifique. Les gens de ce lycée se servaient de sa relation avec Ash comme paillasson et il était tellement en colère, embarrassé, mortifié, amoureux, humilié... C'était pire que ce qui s'était passé lorsqu'il avait 15 ans, parce qu'à cet âge là, il n'avait pas une personne à chérir, il n'avait pas Ashley. Il fut contraint de suivre les autres, tout comme Ash, se dirigeant vers sa salle de cours, les joues rouges, la rage au coeur.

Les professeurs ne parurent pas remarquer l'agitation inhabituelle dans la classe, fermant volontairement les yeux ou n’apercevant pas les rires, les insultes et les brimades. Ash rétorqua à chaque attaque, au risque de se faire réprimander en étant trop bruyant.

— Si je me reçois encore un seul papier dans la tronche...
— Traite encore une seule fois ma mère et je te casse la gueule.

A midi, ce fut trop. Ils ne pouvaient plus supporter les bousculades, les insultes homophobes, les ricanements... Hiroshima eut la sensation de devenir claustrophobe, le lycée était trop petit, les murs se refermaient sur eux, ils allaient finir écraser.

— On sort, décréta t-il.
— Avec plaisir, soupira Ash.

Ils n'allèrent pas à la vieille voiture, trop épuisé pour marcher dans la forêt. Ash les conduisit chez Hiroshima, il coupa le contact, mit le frein à main et soupira, renversant sa tête en arrière sur l'appui-tête. Le poids de la matinée était lourd sur leurs épaules. Hiroshima poussa un soupir, se passant une main dans les cheveux.

— Je sais pas si je vais pouvoir..., commença Ash.

Il ne termina pas sa phrase. Hiroshima se tourna vers lui, au bord de la crise de nerfs. Il faillit s'arracher les cheveux en repensant à la manière dont ce gars avait fait mine de lui cracher dessus dans les couloirs...

— Tu ne peux pas quoi ? Demanda t-il.
— Bordel, Shima !

Ash se redressa sur son siège, se tournant vers lui, les yeux paniqués. Il paraissait mort de trouille. Tout comme Hiroshima.

— On est en mars ! Tu te rends compte ? Il nous reste trois longs mois avant que le lycée se termine. Aujourd'hui ? C'était qu'un aperçu de l'enfer que ça va être, je... Ça me fait flipper !
— Et tu crois que je suis pas flippé, moi !?

Ash ne le regardait même pas, trop perdu dans sa terreur. Hiroshima joua avec un pan de sa veste, il avait une boule dans la gorge et les mains tremblantes. Ash crispa une main dans ses cheveux, les yeux égarés vers les événements de la matinée.

— Comment ils ont eut cette photo..., murmura t-il.

Hiroshima haussa les épaules et se tordit les doigts. Le club de journalisme tirait leurs photos du club de photographie, ce qui expliquait que les deux soient en lien étroit l'un avec l'autre... Hiroshima se rappela soudainement la conversation qu'il avait eut avec Peter... La photo personnelle qui s'était glissée dans le tirage.. Ses épaules s'affaissèrent et il s'enfonça totalement dans le siège. Il aurait voulu y disparaître.

— Oh non..., geignit-il. Je crois que je sais ce qui s'est passé.
— Quoi ?

Ashley pâlit de plusieurs tons, il semblait même vert sous cet éclairage. Hiroshima ne se portait pas mieux que lui.

— C'est moi qui suis chargé de faire développer les photos, et quand j'amène ceux de l'école, j'amène les miennes aussi... Le gars de la boutique a dut se tromper d'enveloppe...
— Quoi !? Mais comment c'est possible !?
— C'est une petite boutique ! Je sais pas, je suis pas dans les enveloppes ! Paniqua t-il.

Ashley prit une grande inspiration, puis une deuxième, une troisième... Hiroshima essaya de l'imiter mais ne parvint qu'à s'étrangler.

— Je pense pas que je pourrais le supporter...

Le coeur de Hiroshima s'arrêta.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Souffla t-il.
— J'en sais rien ce que je veux dire... J'ai besoin d'y réfléchir, je refous pas les pieds là-bas aujourd'hui de toute façon..
— Est-ce que tu ne veux plus être avec moi ? Demanda t-il d'une petite voix.

Ash se tourna vers lui, cligna des yeux en fronçant les sourcils. Hiroshima essaya de capter son regard mais c'était comme s'il était là et absent à la fois, à des années lumières d'ici. Une terreur absolue le saisit... Et si Ash le quittait ? Pas après tout ce qu'ils avaient traversé pour être ensemble...

— Si... Je veux pas qu'on se sépare, j'ai juste... il faut que je réfléchisse, je sais plus quoi penser... (Ash se secoua) On se voit demain, ok ?
— Ouais... Ouais, ok, balbutia t-il.

Hiroshima ouvrit la portière de la voiture, attendit une seconde. Ash se mordit les lèvres et démarra sa voiture.

— A demain...
— Je t'appelle, répondit Ash.

Hiroshima descendit de la voiture et la regarda s'éloigner, le vague à l'âme. Il rentra, ignora le regard surpris de Josie et inventa une histoire de maux de ventre avant de monter dans sa chambre. Il joua un instant avec son portable. Il envoya finalement le sms qui brûlait le bout de ses doigts depuis tout à l'heure:

13:12 / Tu ne m'as pas embrassé avant de partir...

Ash ne répondit pas à son message. Il ne l'appela pas non plus.




Il imagina les conclusions que Ashley pourraient atteindre:

Pourquoi je continuerais à sortir avec ce gars bizarre, ébouriffé comme une chouette puisqu'il me fout en l'air ma réputation ?
Pourquoi je continuerais à sortir avec lui puisque ça ne m'apporte aucun avantage et que des ennuis ?
A quoi bon continuer ?

Et si par miracle, l'amour pesait dans la balance, comme il l’espérait:

Est-ce que je l'aime assez pour me faire persécuter par tout le lycée ? Pour subir l'enfer que lui a subit en étant plus jeune ?
Est-ce que je l'aime assez pour rester avec lui malgré ça ?
Est-ce que je l'aime assez pour me tenir à ses cotés et supporter les coups ?
Est-ce que je l'aime assez pour supporter que le lycée entier me traite de pédale, d'enculé et autre mots édulcorés ?
A quoi bon continuer ?


Dire qu'Hiroshima était de mauvaise humeur était un euphémisme. Dire qu'il se sentait comme si on avait fracassé son corps plusieurs fois contre une montagne de rocher avant de lui rouler dessus avec un quatre-quatre était une réalité. Ashley ne l'avait pas appelé, ne lui avait donné aucune nouvelle, il ne savait plus où se trouvait la terre ou le ciel, tout était chamboulé. Il ne trouva sa place au lycée que par miracle, il était le premier, terriblement en avance pour la simple et bonne raison qu'il n'avait pas fermé l’œil de la nuit.

La salle commença à se remplir au fur et à mesure. Il avait oté ses lunettes parce qu'elles lui faisaient mal au nez et que si c'était pour regarder des abrutis lui faire des grimaces, autant préserver ses yeux. Quelques insultes lui parvinrent, un rire ou deux par ci, par là, il n'y prêtait pas attention, trop perdu dans ses pensées. Ash lui faisait-il la tête ? Le quittait-il ? Hiroshima se frotta les yeux pour endiguer la brûlure qui se propageait sous ses paupières.

Une vague de murmure plus forte que les autres attira son attention et il releva la tête pour voir ce qui excitait la foule. Il reconnut Ash sans avoir besoin de remettre ses lunettes, même s'il était un peu flou. Sa démarche fluide et légère était reconnaissable entre toutes. Hiroshima se mordit les lèvres, baissa la tête et se passa une main dans les cheveux. Il espérait qu'Ash resterait au moins son ami...

Il sursauta en sentant une présence, Ash s'était glissé à coté de lui. Hiroshima faillit tomber à la renverse lorsqu'il attrapa son menton et l'attira contre sa bouche. Un éclair en pleine figure aurait peut-être été moins surprenant. Hiroshima prit une inspiration, Ash s'éloigna doucement. Il se rendit compte qu'il avait retenu sa chaise pour éviter qu'il ne tombe. Ash lui envoya un sourire contrit:

— Désolé d'avoir oublié... J'avais éteins mon portable, je l'ai rallumé que ce matin.
— Pffff, les pédés ! Railla un gars.

Ash se redressa et le fusilla du regard.

— Si t'as un problème, on sort et je t'arrange ça tout de suite...

Le gars le regarda sans rien dire. Ash hocha lentement la tête, Hiroshima tenta tant bien que mal de se convaincre qu'il ne s'agissait pas d'un rêve, se pinçant le plus fort possible.

— C'est bien ce qui me semblait...

Hiroshima se sentit sourire malgré lui, il chaussa ses lunettes puisqu'il y avait de nouveau quelque chose de beau à apercevoir dans ce monde. Ash se tourna vers lui, un sourire éclatant plaqué aux lèvres.

C'était étrange quand on y pensait.

Comme un concours de circonstances pouvait vous mener à l'instant présent.

Purée mais que les gens sont cons. Surtout au lycée. Ils ont vraiment rien à foutre de leur vie pour faire chier les gens de cette façon !
Hiro et Ash sont trop mignons, j'ai eu un peur de la réaction de Ash, genre je stressais avec Hiro et tout mais je me suis dit que Ash était un type plutôt cool alors que ça irait, normalement.
J'aurais été là, j'aurais foutu des baffes autour de moi et j'aurais soutenu Ash et Hiro, je déteste tellement les abrutis qui n'ont rien d'autres à foutre qu'être homophobe.
Bande de pouilleux.

Ouais, les gens sont cruels Surtout que la différence, ça plait jamais, yen a toujours un pour regarder l'autre de travers...
Tant mieux si t'as eut peur, je misais sur le fait que Ash soit toujours un peu imprévisible pour surprendre et mettre le doute à la fois

Du coup... j'hésite encore à écrire un épilogue... A ton avis ? (loool ouais, je demande conseil, je sais paaaaaas)