Words - chapitre 1

Titre : Words (je ne sais pas si je vais garder ce titre).

Fandom : The Untamed/MDZS (mais se déroule dans le canon du drama).

Couple : WangXian.

Prompt : Un petit effort !

Note 1 : SPOILS DE THE UNTAMED.

Bonne lecture!

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Lan Zhan était un enfant de cinq ans silencieux. Sage, discipliné, il était né presque sans un son et restait ainsi en grandissant, aussi tranquille que la source d'eau froide des Cavités des Nuages, son courant toujours égal. Les mots naissaient dans sa tête mais ne passaient pas toujours le barrage de ses lèvres, poissons argentés engourdis qui restaient au fond de sa gorge.

On le pensait gelé; des gens extérieurs au clan Lan auraient pu le trouver un peu simplet, ne faisant pas assez d'efforts pour s'exprimer.

Pour son Oncle, il était une Lumière; son Etudiant Parfait, le plus prometteur, même à cinq ans. La seule personne qui venait s'asseoir près du lac froid de son âme pour observer les poissons et apprendre à les connaître, c'était son frère.

La seule personne qui avait un filet pour accueillir les rares poissons qui sautaient du barrage, avant de les déposer délicatement dans l'eau pour les maintenir en vie, c'était sa mère.

XXX

Lan Zhan aimait sa mère comme il aimerait toute sa vie : de toute son âme et de tout son être. Elle était, pour lui, une étoile autour de laquelle il gravitait. Il n'avait accès à sa lumière qu'une fois par mois, et les autres jours, il vivait dans l'attente de son aube.

A cinq ans, à travers ses yeux d'enfant, sa mère était resplendissante. Elle l'accueillait toujours d'un sourire, ce sourire qu'elle ne réservait qu'à lui, sincère et doux; un peu trop étiré pour les règles du clan Lan, un poil espiègle, aussi. Mais franc, et là comme une évidence à sa présence, et attentif. Le sourire de sa mère cachait à lui seul mille expressions.

Elle l'accueillait d'un sourire, tête gracieusement penchée sur le côté :

- Comment vas-tu, aujourd'hui, A-Zhan?

Et Lan Zhan ouvrait la bouche, et parlait. Très souvent, peu. Parfois, quasi pas. Mais sa mère l'écoutait toujours, et entendait plus, dans les mains de Lan Zhan qui se serraient, dans ses yeux qui tombaient parfois, dans ses épaules raides. Elle le comprenait plus que n'importe qui, l'encourageait à s'exprimer, mais ne lui condamnait pas ses silences et connaissait les langages qui n'avaient pas de mots. Elle ne demandait pas plus que ce qu'il pouvait donner.

- Bien. J'ai... vu. Un lapin. Avant d'aller voir mon Oncle.

Sa voix n'était qu'un filet peu assuré. Lan Zhan faisait de petites phrases, comme si cela pouvait aider les mots à sortir. Il avait conscience que sa diction était laborieuse.

Il ne parlait quasi qu'avec sa mère ou son frère. Il pouvait passer des journées entières sans dire autre chose que "Oui, mon Oncle".

Il savait que sa mère aimait entendre sa voix. Il savait qu'elle aimait le voir s'exprimer. Avec elle, il voulait essayer. Il voulait la faire sourire.

Lan Zhan redressa la tête pour croiser le doux regard de sa mère puis la rebaissa aussitôt en bon petit Lan, son expression placide et sa posture parfaite.

Il ne vit pas l'éclair de tristesse dans les yeux sombres de sa mère, éclair qui la traversait toujours à chaque fois qu'elle constatait l'influence grandissante des règles du clan Lan sur son fils.

Mais Lan Zhan avait répondu à sa question, et racontait quelque chose de personnel. Et rien que cela, c'était déjà une victoire.

La mère de Lan Zhan cligna des paupières, son ressentiment voilé, puis sourit avec tendresse au petit garçon en se rapprochant de lui :

- C'était ce matin?

Lan Zhan hocha la tête de manière quasi imperceptible. Sa mère décida de ne pas lui demander à quelle heure c'était : elle connaissait déjà la réponse, et ne voulait pas s'énerver.

Pas en ce jour chéri.

Elle s'agenouilla près de son fils, sa posture volontairement plus imparfaite que la sienne :

- Est-ce qu'il était mignon, ce lapin?

Lan Zhan releva vers elle des yeux énormes. Son fils avait des yeux mordorés, magnifiques, limpides comme la plus pure des eaux et un brin sauvages. Elle ferait tout ce qui était en son maigre pouvoir pour entretenir leur feu, ne pas les laisser s'éteindre, étouffés par le clan Lan. Elle priait chaque soir pour que quand elle aurait disparu, quelqu'un le fît à sa place : nourrir et chérir cette vie et cette flamme.

Lan Zhan hocha la tête de nouveau, deux fois de suite, très rapidement, une honnêteté touchante d'enfant dans le mouvement. De la joie se dissimulait dans les plis de sa bouche qui ne souriait pas, le soulagement d'être compris éclairant ses iris.

Elle ne put s'empêcher de vouloir le taquiner un peu, une bulle de bonheur fragile venant un instant alléger son coeur :

- Pas aussi mignon qu'A-Zhan, j'en suis sûre.

Lan Zhan se figea. On aurait pu penser qu'il s'était transformé en statue tellement il était devenu immobile, mais ses oreilles soudain roses le trahissaient.

Elle rit. Lan Zhan la regarda comme si elle venait d'accrocher des étoiles dans le ciel.

- Oh, A-Zhan! Oh...

Elle glissa une main dans les cheveux de son fils. Lan Zhan appuya son front contre sa paume, timidement, comme un chat. Un petit sourire, délicat et tellement, tellement heureux, releva sa lèvre quand elle frôla son ruban frontal du bout des doigts.

- A-Zhan, il faut que cela continue. Tu es si gentil, mon fils. Si bon. Quelqu'un d'autre doit apprendre à te connaître. Quelqu'un d'autre doit passer tes barrages, écouter chacun de tes mots, et tout chérir.

Lan Zhan l'observa, interdit. Confus, son front plissé légèrement, il lui répondit, absolu :

- Pas besoin. J'ai Mère.

Elle le prit dans ses bras brusquement, camouflant un début de larmes. Camouflant des tremblements malades qui devenaient, chaque jour, de plus en plus violents.

- A-Zhan, non. Tu ne m'auras pas toujours...

Lan Zhan s'accrocha à elle, de toute la force de ses petits bras, comme pour exprimer son désaccord et la retenir. Elle rit de nouveau, ses joues humides.

S'il vous plaît. S'il vous plaît, que quelqu'un trouve mon fils, et le libère de la cage du clan Lan. Que quelqu'un l'aime vraiment.

XXX

Quand sa mère mourut, Lan Zhan ne dit plus un mot pendant trois mois complets.

XXX

A suivre.