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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 19)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 19) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 19) Icon_minitimeLun 19 Fév - 20:15

Note : pas relu, jonty

***

19. Le tuer, enfin.


Je fus incapable de fermer l’œil de la nuit. Chaque fois que je les fermais je repensais à ce baiser maudit, à ce maudit baiser. Je ne voulais pas y repenser. Je ne voulais pas qu’il ait eu lieu. Je ne regrettais rien, je regrettais tout. Je sentais encore sa bouche, j’essayais de chasser cette sensation, je voulais la garder. Jasper mordillant mes lèvres, Jasper glissant sa langue dans ma bouche entrouverte. J’avais trop chaud dans mon lit. Les sensations ne voulaient pas me quitter. C’était comme une brûlure douce, quelque chose qui réchauffe et laisse une trace sans faire de mal. Ma mère et Jasper m’avaient tous les deux brûlés, les deux de différentes manières, les deux me marquant autrement. La première d’une cicatrice, l’autre d’une empreinte, d’une caresse.
Le jour tomba sur moi et je me levai sans avoir dormi.
Je n’avais guère envie de voir ma mère alors je partis prendre mon petit-déjeuner plus tôt que tout le monde. Les domestiques me servirent mon repas et je mangeai, la tête ailleurs. Bientôt, la pièce se remplis des familles qui étaient restés dormir la nuit après le banquet. Elles devaient repartir dans la matinée et l’on me salua avec beaucoup de respect. Peut-être parce que j’avais sauvé le prince, peut-être parce que mon nouveau statut d’héritier leur en imposait, je l’ignorais. Je pensais mériter ce respect avant, aujourd’hui il ne me touchait plus, mon esprit était embrumé, encombré, par d’autres choses beaucoup plus futiles, telle que la bouche de Jasper sur mes lèvres.
Le prince ne nous rejoignit que tardivement, l’air fatigué et grognon. Il se plaignit d’un mal de crâne et s’assit à côté de moi comme si de rien n’était. J’évitai son regard et me levai rapidement :
- J’ai fini de manger, dis-je.
Je sortis de la pièce, d’un pas ferme et la tête haute. Mon ventre faisait des nœuds.

Je recroisai Jasper peu de temps après, tandis qu’il disait au revoir à nos invités. Je l’imitai. Harper eut le culot de me serrer dans ses bras. Je ne répondis pas à l’étreinte et la repoussai :
- Je pensais que vous abandonniez ? Dis-je.
- Disons que je prends un souvenir, s’amusa-t-elle.
Jasper la poussa gentiment vers son fiacre :
- Il est temps de partir duchesse, s’exclama-t-il.
Elle me fit un dernier signe de la main, puis s’en alla avec ses parents. Je saluai d’autres familles. Jusqu’à ce que le prince, le roi et moi-même nous retrouvâmes seuls. Le roi retourna dans le château s’occuper de ses affaires et je regardai mes pieds, n’osant pas me tourner vers Jasper après ce qu’il s’était passé la veille.
Je ne savais toujours pas quoi en penser. Je ne savais toujours pas quoi faire. Il y avait une seule chose dont j’étais absolument certain, c’était que je ne devais en aucun cas recommencer. Sachant cela, je trouvai le courage de lever les yeux vers le prince. Il était en train de me fixer et nos regards se percutèrent. Il me sourit et mes yeux vacillèrent vers sa bouche. Avait-elle toujours été si grande et si rose ? Avait-elle toujours été si attirante ? Je sentis mes joues chauffer sans comprendre ce qu’il m’arrivait. Les lèvres du prince se mirent à remuer, tout comme les nœuds dans mon estomac.
- Monty ? Tu rougis ?
Je posai mes mains sur mes joues l’air choqué. Moi ? Rougir ? Impossible ! Je secouai la tête et ne sachant pas quoi faire d’autre, je pris la fuite. Monty rougissait, Monty fuyait. Monty embrassait celui qu’il devait tuer.
Plus rien n’allait.

Je passai par les jardins et allai jusque dans la serre. J’avais besoin de souffler un peu, de me ressourcer. Pourquoi est-ce que je réagissais comme un idiot ? Il fallait que j’oublie ce qu’il s’était passé, il fallait que je le mette de côté et que je n’y pense plus. Jasper était saoul voilà ce qu’il s’était passé. Le plus perturbant était que moi, je ne l’étais pas, que j’en avais eu envie, que je n’avais pas pu me reculer, que ce baiser m’avait fait du bien.
Je me sentais complètement perdu. J’étais là, à tourner en rond à cause d’un baiser, alors que j’avais plus important à faire, tuer ce foutu prince une bonne fois pour toute. Ce foutu prince qui me retrouva dans la serre quelques temps plus tard. Je me concentrai sur les fleurs :
- Il va y avoir un procès pour l’homme qui a tenté de m’assassiner.
- D’accord, dis-je en évitant son regard.
- Il va sûrement être condamné à rester à vie au cachots.
- Il devrait être condamné à mort.
- Mon père ne fonctionne pas comme ça et moi non plus.
- Il mourra dans les cachots de toute façon.
- Qui sait ? Peut-être qu’au bout de quelques années, nous le gracierons.
Je levai les yeux au ciel, mauvaise idée, ils se posèrent à nouveau sur Jasper. Ses cheveux étaient toujours mal coupé et asymétrique :
- Tu devrais t’occuper de tes cheveux, soufflai-je en détournant à nouveau le regard.
Je me penchai vers les gerberas et arrachai les mauvaises herbes qui poussaient entre les plantes. Cela m’occupait les mains, les yeux et l’esprit. Le reste de la journée se passa ainsi. J’évitais le plus possible de regarder en direction du prince, j’évitais même sa présence si je le pouvais. Étant son garde du corps, je le surveillais tout de même de loin, je ne pouvais pas faire autrement. Je ne voulais pas qu’on l’attaque parce que j’étais incapable de me tenir près de lui sans rougir et me sentir bêtement gêné. Pourtant cela aurait dû m’arranger. Qu’on l’attaque. Je faisais vraiment n’importe quoi.
J’avais l’impression d’être pris dans une boucle infernale. Je devais tuer le prince, à la place je le protégeais, je devais me débarrasser de lui, à la place je le laissais m’embrasser, je devais prendre soin de lui parce que j’étais son garde du corps, et je le fuyais.
Le barbier vint s’occuper de ses cheveux, je l’observai de loin. Il les égalisa et Jasper se retrouva avec des cheveux au-dessus des épaules, qui retombaient sur ses joues et dans son cou simplement. La coupe de cheveux lui allait bien, je le trouvai beau, encore. Tellement beau. Je me mordis les lèvres, incapable de ne pas repenser à sa bouche sur la mienne, et sa main sur ma nuque et sa langue s’enroulant autour de ma langue. Je secouai la tête et m’éloignai vers l’écurie. M’occuper d’Alphard me changerait les idées. Il fallait que je retrouve la raison, il fallait que je cesse de tergiverser et d’agir n’importe comment.
Je brossai le cheval en silence, essayant de me recentrer. Tuer Jasper, tuer Jasper, tuer Jasper. Il faudrait que je…
Sa bouche.
Contre ma bouche.
Chaude. Avec un arrière-goût d’alcool.
Le baiser. S’éternisant.
Mes yeux se fermant.
La chaleur dans mon ventre, dans mon corps.
Mon cœur battant comme un fou.
- Je t’ai trouvé ! S’exclama le prince.
Je sursautai en entendant sa voix et Alphard secoua son crâne, énervé par mon geste brusque.
- Désolé, murmurai-je.
Il voulut s’approcher de moi, je fis le tour de mon cheval, faisant semblant de devoir brosser l’autre côté.
Je fuyais. Encore. Je l’évitais. Je rougissais. Je sursautais.
Qu’est-ce qu’il m’arrivait ?
- Tu m’évites, bouda Jasper.
- Non.
- Si, et ça se voit.
- Je ne t’évite pas, je brosse juste l’autre côté d’Alphard.
- Tu m’évites, insista Jasper.
Je ne répondis pas.
- Si c’est parce que j’ai fait quelque chose de déplacé hier soir, je suis désolé.
Pourquoi me disait-il ça ? Nous nous étions embrassé, est-ce qu’il trouvait ça déplacé ?
- J’avais beaucoup trop bu, je ne me souviens plus de rien.
J’eus l’impression de dégringoler.
J’étais en fait le seul à me préoccuper de ce baiser, à paniquer bêtement. J’étais le seul que ça intéressait et qui y repensait. Le seul à être touché.
Pour Jasper ça n’avait rien changé, il ne s’en souvenait même pas, j’avais juste été une personne à embrasser à ce moment-là, comme toutes ces filles dont il visitait les lits. Je n’étais rien, ni personne. Je brossai si fortement Alphard avec l’étrille que celui-ci vint me mordre doucement pour me faire comprendre que je le dérangeais.
- Désolé, répétai-je.
J’allai ranger le matériel puis me tournai finalement vers Jasper. Le voir ne me faisait plus rien, je pouvais bien regarder sa bouche, ce n’était pas vraiment moi qu’elle avait embrassé, juste quelqu’un de passage aussitôt oublié. Je ne rougis plus. Je ne m’enfuis plus. J’avais retrouvé mon calme.
Et le but de ma mission.
Jasper s’était moqué de moi, avait joué avec moi.
Pourquoi aurais-je dû le laisser en vie ?

Les jours passant raffermirent ma décision.
Au cours du procès de l’homme, je restai silencieux et n’ouvrit la bouche que pour apporter mon témoignage. Oui cet homme avait tenté d’assassiner le prince et oui je l’avais blessé pour l’en empêcher. Puis je refermai la bouche et ne dit plus rien.
J’avais réfléchis. Longuement. Peut-être que tuer Jasper d’un coup d’épée serait trop compliqué pour moi. Je devais mettre mon orgueil de côté et l’admettre. Bien que je m’étais préparé à ça toute ma vie, je ne pouvais nier mon attachement au prince. Je me souvenais de la sensation désagréable de la chair coupée par mon épée. Je ne me sentais sans doute plus capable de tuer directement le prince ainsi, de sang-froid. Mais je savais que j’avais une autre option. Après le procès, qui se conclue comme Jasper l’avait prédit, je rejoignis Hannah dans sa chambre, pour lui parler.
- Je vais tuer Jasper, mère, dis-je.
- Ce n’est pas trop tôt.
- Mais je vais le faire comme j’en ai envie. Vous m’avez donné une fiole de poison et je compte m’en servir.
- Très bien. Quand ?
- Le plus tôt possible. Je compte demander au prince une faveur, une ballade rien que tous les deux avec un pique-nique, j’empoissonnerai sa part bien entendu et je le regarderai mourir droit dans les yeux. Puis je ramènerai son cadavre à son père.
Ma mère se frotta les mains avec satisfaction :
- C’est le Monty que j’ai élevé ça, celui que j’aime et dont je suis fière.
- Oui mère.
Je faisais ça pour elle, pour moi, pour nous. J’allais me venger. J’allais récupérer la couronne.
Et ensuite ?
Ensuite je ne savais pas. Il n’y aurait pas d’ensuite.

Jasper accepta ma proposition avec un plaisir non feint. Les jours se réchauffaient doucement, il suffisait d’en choisir un où l’on ne verrait pas de pluie. Les domestiques nous préparèrent deux panier-repas, et je choisis un moment d’inattention de la part de tous pour empoisonner celui destiné au prince. Voilà, nous y étions, il n’y avait plus de marche arrière possible. Il n’y avait plus rien à faire d’autre que d’attendre.
Alphard et Chocolat étaient en forme et plutôt heureux d’aller galoper sur les sentiers. Sortir un peu des écuries leur faisait du bien, et à nous aussi. Jasper et moi fîmes la course, puis nous mîmes nos chevaux au pas et discutâmes un moment ensemble. Le prince était celui qui faisait le plus la conversation, moi je pensais surtout au panier accroché à Chocolat, celui qui allait me débarrasser de lui. Quelques minutes encore. Quelques minutes et tout serait fini. Je serais libéré de cette tâche, et alors que j’avais tout fait pour ralentir les choses, j’étais finalement pressé que ça arrive. Pressé d’en finir, pressé de ne plus avoir à y penser.
Nous nous arrêtâmes dans un coin tranquille et éloigné, à mi-chemin entre la plage et la forêt, dans un par terre d’herbe. Nous installâmes notre pique-nique sur une couverture et nous assîmes l’un en face de l’autre. Je fixai Jasper qui ouvrait son panier et sortait une assiette pour y mettre son repas.
- Si tu ne fais que me regarder manger, tu vas mourir de faim.
Et toi tu vas mourir tout court.
J’ouvris mon panier et l’imitai, sans le lâcher des yeux pour autant. Jasper prit une cuisse de poulet et l’approcha de sa bouche et mon cœur se serra. Quelques secondes encore et…
Il sembla changer d’avis et ne mangea pas, posant la cuisse dans son assiette.
Mange ! Avais-je envie de crier. Mange ! Qu’on en finisse plus vite.
- J’ai quelque chose à te dire Monty…
- Et ça ne peut pas attendre la fin du repas ? Demandai-je.
- Non.
Je laissai mon repas aussi et attendit qu’il parle, mais il sembla tergiverser comme s’il cherchait ses mots et les rangeaient dans l’ordre dans sa tête avant de me les dire.
- Tu es mon meilleur ami, commença-t-il.
Mon estomac se tordit.
- Tu es mon meilleur ami, répéta-t-il, et j’ai toute confiance en toi.
Je suis sûr que je pâlis. Avait-il compris ce que je venais de faire ? Allait-il me punir ? Était-ce pour ça qu’il ne mangeait pas ?
- J’ai vraiment confiance en toi, insista-t-il. Ce que je veux dire, c’est que même si personne ne te croyait, si tout le monde était contre toi, si tous te pointaient du doigt, moi je croirais en toi coûte que coûte.
Je ne saisissais pas pourquoi il me disait ça, pourquoi il choisissait maintenant pour me le dire, mais je me sentis touché par ses mots, plus que je n’aurais dû. Je le vis rougir, puis il tritura son poulet :
- En fait, tu es la personne en qui j’ai le plus confiance au monde, c’est pour ça que je…
Je le coupai au milieu de sa phrase pour donner un grand coup de bras dans son pique-nique, envoyant valser toute sa nourriture loin de nous.
- Mais qu’est-ce que tu fais ? S’exclama-t-il.
- Il y avait une guêpe, dis-je, désolé je ne voulais pas qu’elle te pique.
Jasper tenait encore la cuisse de poulet, je la pris dans mes mains et la jetai aussi.
- Et ça c’était pourquoi ?
- Pour chasser la guêpe.
Je poussai mon repas vers lui :
- Tiens, prends dans mon repas, il y en a trop pour moi de toute façon.
Et je n’avais plus faim. Je venais bêtement de sauver Jasper, mais ses mots m’avaient fait réagir avant que je ne m’en rende compte. Comment pouvais-je le tuer alors qu’il étalait devant moi la confiance qu’il me portait ? Ce serait pour plus tard, pour une autre fois.
- Au fait, tu allais me dire quelque chose ?
- J’ai perdu le courage, rit-il doucement, ce sera pour une autre fois.
Même nos pensées étaient connectées, par moment.
Jasper engloutit mon panier repas. Un chien errant vint nous rejoindre et dévora celui que le prince aurait dû manger. J’aurais voulu l’en empêcher, mais Jasper aurait sans doute trouvé ça suspect, alors je ne dis rien. Après son repas, le chien s’enfuit, allant, sans le savoir, bientôt mourir.

Après notre pique-nique, Jasper et moi nous allongeâmes dans l’herbe. Il s’endormit, pas moi. Je veillais. Les paroles du prince tournaient dans ma tête, il ignorait à quel point il était passé proche de mourir, et à quel point ses mots l’avaient sauvé et m’avait fait du bien. Ma mère me disait sans arrêt qu’elle était fière, qu’elle m’aimait, qu’elle me faisait confiance, mais ses actes étaient contradictoires et j’avais parfois des difficultés à la suivre. Jasper m’avait fait du mal, en m’embrassant comme si j’étais tout le monde et personne à la fois, mais je pouvais le pardonner parce qu’il avait bu et parce que le reste de ses actes étaient souvent doux et gentil. Et puis parce que ses paroles avaient atteint mon cœur pour s’y loger bien confortablement. Il avait une telle confiance en moi, c’était incroyable. En moi qui devait l’assassiner. Je sortis mon épée et la pointai sous son cou au moment où il ouvrait les yeux :
- Tu as toujours confiance en moi ? Demandai-je.
- Bien sûr, répondit-il en me souriant.
Il aurait pu repousser l’épée, essayer de s’échapper, mais il ne bougea pas. Je secouai la tête et rangeai mon arme :
- Tu es soit très stupide, soit très naïf, pour ne pas bouger quand on pointe une épée vers toi.
- Mais tu ne m’as rien fait alors j’ai raison de te faire confiance.
C’était un raisonnement Jaspérien. Pourtant il avait raison, l’occasion avait été là et je n’avais rien fait, une fois encore. Je me rallongeai, les bras sous ma tête, j’observai le ciel. Jasper se rendormit une nouvelle fois, en toute confiance.

En rentrant, je crus voir quelque chose dans les fourrés je fis arrêter les chevaux. Jasper resta assis sur Chocolat tandis que je descendis d’Alphard, donnai ses rênes au prince, sortit mon épée et m’approchai des buissons pour voir ce qu’il s’y cachait. Ce que je vis me fis pâlir et je sentis mon estomac se retourner. Le chien. Il était mort. À cause du poison. J’avais son cadavre devant moi. Je me reculai et vomis. Ça aurait pu être Jasper, ça aurait dû être Jasper. Ça aurait dû être lui. Voilà ce que j’allais faire, tuer le prince, l’empoisonner et me retrouver face à son cadavre. Rien que d’y penser me fit me sentir plus mal encore et je vomis de plus belle. Le peu que j’avais mangé ressortis de mon estomac. Jasper descendit de son cheval et vint voir ce qu’il m’arrivait l’air inquiet. Tenant les chevaux d’une main, il posa l’autre sur mon dos et aperçu le chien.
- C’était un chien errant, dit-il, ça arrive.
- Oui, ça arrive, dis-je en m’essuyant la bouche avec ma manche.
Jasper me frotta le dos gentiment et mon corps réagit tout seul. Je me tournai d’un coup vers lui et le serrai dans mes bras. Je le savais. Je le savais désormais. J’en étais même sûr. Quoi qu’il arrive, je ne pourrais pas tuer Jasper, je ne pourrais pas le faire. Je ne le tuerais pas, jamais. Je le protégerais jusqu’à la fin de mes jours.
- Tu es mon meilleur ami, soufflai-je, et quoi qu’il arrive je te protégerai.
Jasper me rendit mon étreinte et murmura :
- Merci Monty.

Il nous fallut du temps pour rentrer. Alphard et Chocolat marchait tranquillement pendant que nous discutions tous les deux, de tout et de rien. Je me sentais détendu, soulagé, presque heureux. J’avais la tête vide et ça faisait du bien. Tant pis si j’avais passé ma vie à m’entraîner pour tuer le prince, je ne pouvais tout simplement pas le faire. Voilà tout. Mon entraînement me servirait à le protéger et à faire en sorte qu’il ne lui arrive jamais rien. Je lui souris alors qu’il me parlait et il s’arrêta d’un coup avec Chocolat.
- Qu’est-ce que tu fais ? Demandai-je.
- Rien, rien, répondit-il en talonnant sa jument pour qu’elle redémarre. Tu peux recommencer à sourire ?
Mais je ne souriais pas sur commande, alors je ne le fis pas.
- Tu étais trop mignon, recommence s’il te plaît.
- Non.
- Pourquoi ?
Je haussai les épaules sans répondre.
Je n’avais pas envie de rentrer au château, j’avais envie de rester avec Jasper comme ça pour toujours, loin de ma mère. Je proposai même de faire un détour. Nous arrivâmes longtemps après que la nuit soit tombée. Hannah et le roi nous attendais. Quand elle vit Jasper, se tenant bel et bien vivant sur sa jument, ma mère pâlit et me regarda avec colère. Le roi au contraire prit son fils dans ses bras quand il descendit de Chocolat, heureux de savoir que tout allait bien.
- Hannah me disait qu’il était possible que vous ayez eu un accident, je commençais à sincèrement m’inquiéter.
- Tout va bien, le rassura son fils. Nous allons biens, tous les deux.
Je descendis d’Alphard et un garçon d’écurie s’occupa des deux chevaux. Ma mère ne me félicita pas et ne me pris pas dans ses bras. Elle me griffa avec ses ongles en posant sa main sur mon épaule :
- Il faut que je te parle.
- Je dois manger d’abord, dis-je.
- Il faut que je te parle, maintenant, insista-t-elle.
- Vous attendrez.
Je sentis sa rage mais elle ne pouvait rien faire alors que Jasper et Julian étaient juste à côté. Je pris sa main doucement et la délogeai de mon épaule :
- Il se fait tard, allez vous couchez, je viendrai vous voir demain. Nous parlerons.
- Monty ! Ne va pas trop loin !
- Je ne vais nulle part.
- Ton insolence me…
- C’est bon, soupira Jasper, lâche le cinq minutes ton fils, on va manger, il te voit demain. Bonne nuit.
Sans pouvoir se retenir, elle leva la main pour le frapper, mais je fus plus rapide qu’elle et poussai Jasper en avant, l’empêchant de l’atteindre :
- Avance, dis-je, j’ai faim.
Ma mère baissa son bras sans rien faire, me jetant un regard si plein de rage que j’eus peur pendant un instant qu’elle se jette sur moi et m’étrangle. Elle l’avait déjà fait une fois. Une seule fois. Où j’avais osé lever le ton, où j’avais osé contredire ses ordres. J’avais huit ans. Elle m’avait entouré le cou de ses mains qui m’avaient paru immense et m’avaient dit qu’elle préférait me voir mort plutôt que désobéissant.
J’avais obéis. Elle ne m’avait plus jamais fait de mal ainsi, je pensais qu’elle ne le ferait plus jamais, jusqu’à aujourd’hui. Je baissai la tête et le roi intervint :
- Hannah, laisse donc ton fils aller manger. Ces enfants sont fatigués de leur journée, tu les verras demain, ne t’en fais pas.
Elle hocha la tête après lui avoir lancé un regard meurtrier et finalement fit demi-tour et s’en alla. Jasper prit mon bras et me traina jusqu’aux cuisines où l’on nous prépara un sandwich. Nous nous assîmes sur une table et Jasper murmura :
- J’ai bien cru que ta mère allait te tuer. C’est la première fois que je te vois vraiment lui tenir tête.
- Elle est un peu effrayante, admis-je.
- Un peu, doux euphémisme, s’amusa Jasper. Mais je suis content que tu le reconnaisses. Des fois j’ai l’impression que tu l’idolâtres.
- Je l’aime, c’est ma mère.
- Je ne parlais pas d’amour. Je voyais plus cela comme une religion.
- Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
Jasper fit un geste de la main évasif et croqua dans son sandwich :
- Peu importe.
Je ne cherchai pas à en savoir plus et mangeai.

Cette nuit-là je fis un cauchemar horrible, mais différent de ceux que je faisais habituellement. Ici pas de forêt et de bête sauvage, pas de pièce noire où je me retrouvais enfermé sans pouvoir sortir. Non. Il y avait juste Jasper, Jasper que je n’arrivais pas à sauver et qui se faisait assassiner. Je me réveillai en hurlant et le prince arriva peu de temps après dans ma chambre.
- Je suis là, me dit-il en me serrant contre lui.
Je passai mes bras autour de son corps :
- J’ai rêvé que tu te faisais tuer, murmurai-je.
- Tu ne me parles jamais de tes cauchemars d’habitude, constata-t-il d’une voix fatiguée.
Je lui racontai pourtant, parce que je venais de comprendre que ma peur avait changé de cible.
- Je ne veux pas que tu te fasses tuer, dis-je.
- Ça n’arrivera pas, fis Jasper. Pas tant que tu es là.
- Et si je n’arrive pas à te sauver ?
- Tu y arriveras toujours, ne t’inquiète pas. J’ai confiance.
- Pas moi.
- Alors j’ai confiance pour nous deux.
Il me serra plus fort et pour une fois, c’est moi qui m’endormis contre lui.

Le lendemain, je me levai tôt. Je laissai Jasper dans mon lit sans le réveiller, m’habillai en vitesse, puis me dirigeai courageusement vers la chambre de ma mère.
J’ignorais ce qui allait se passer, mais je savais ce que j’allais lui dire.
La vérité.
Je ne tuerais pas Jasper.

À suivre.
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