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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 6)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 6) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 6) Icon_minitimeMer 31 Jan - 23:07

Note : Jonty, pas relu

***

6. Première dispute.

J’observai le tableau que Clarke avait peint et que Jasper avait absolument tenu à faire accrocher au-dessus de la cheminée du grand salon, là où il y avait le plus de passage et où tout le monde pourrait le voir. Je devais reconnaître que la peinture était belle, elle donnait l’impression que Jasper allait se mettre à sautiller dans son cadre, comme il n’avait cessé de le faire tandis que Clarke peignait. J’avais l’air calme et presque paisible, contrairement au prince je ne souriais pas, mais la fleur à mon oreille me donnait presque l’air sympathique. Le décor qu’avait choisi Clarke donnait une impression étrange. Comme si Jasper et moi étions isolés du monde devant l’immensité de la mer. Je ne sais pas si c’est ce qu’elle avait voulu rendre en nous déplaçant partout comme des marionnettes mais c’était ce que je ressentais face à cette peinture. Le prince et moi, son assassin, liés par le même destin et seuls dans le même bateau.
Quelle douce ironie.
Je me sentis sourire alors que je tenais à peine sur ma jambe droite et que j’étais sans doute perclus de bleus sur tous le corps. Ma mère avait vu la peinture elle aussi, et elle m’avait bien fait comprendre à quel point je l’avais déçu. Elle m’avait jeté à terre et n’avait cessé de me donner des coups de pieds que parce que je ne méritais pas qu’elle fasse autant d’effort pour moi. C’était ses mots. Je regrettais de l’avoir déçu, je m’en voulais terriblement parce que ma mère avait toujours tout fait pour moi, m’avait toujours tout donné, avait tout sacrifié pour que j’ai le meilleur. Aujourd’hui, je ne devais faire qu’une toute petite chose, gagner la confiance de Jasper sans me faire humilier, devenir son héritier et le tuer. Et j’avais failli. Jasper avait affiché à tout le château un Monty complètement ridicule et je l’avais laissé faire.
- Est-ce que c’est l’image d’un prince ? Avait hurlé ma mère. Non c’est l’image d’un bouffon ! Voilà ce que tu es sur ce tableau Monty. Un bouffon.
Et elle m’avait frappé une dernière fois avant de me congédier.
Je détestais décevoir ma mère parce que je l’aimais plus que tout au monde, et que je voulais absolument la rendre fière de moi.
Mais je regardais ce tableau et n’en déplaise à Hannah, je l’aimais bien.

Nous avions entraînement avec Octavia, j’avais l’habitude de m’entraîner en étant blessé mais il était évident que je n’étais pas au meilleur de ma forme ce jour-là. J’avais du mal à bouger ma jambe, et Jasper réussit à me faire tomber et fit semblant de planter son épée dans ma poitrine. Exactement là où son père avait planté le mien. Je retins mon dégoût. Je n’aurais de toute façon pas eu le temps de lui faire une remarque, Octavia arriva près de moi et me releva de force.
- Marche, m’ordonna-t-elle.
Je fis de mon mieux pour marcher sans boiter mais elle remarqua la différence et explosa :
- Tu comptes te battre alors que tu es incapable de marcher ?
- Je me suis battu en étant bien plus blessé que ça, laissai-je échappé.
Je le regrettai en remarquant la façon dont Jasper me regardait. Il se posait des questions.
- Peut-être que ton ancien maître d’armes fonctionnait comme ça, mais ce n’est pas mon cas. Je ne vois pas l’intérêt de t’entrainer dans cet état.
Je serrai les dents puis lâchai :
- Dans un champ de bataille, quand on est blessé, on ne peut arrêter de se battre.
Elle se pencha vers moi. Ses yeux verts se plantèrent dans les miens.
- Nous ne sommes pas sur un champ de bataille, dit-elle.
- Cela m’entraînerait, insistais-je.
- Cela ne ferait que te blesser un peu plus. Mon rôle n’est pas de blesser les enfants mais de leur apprendre à tenir une épée.
Je sentais la frustration poindre.
- Je vais bien, insistai-je.
Octavia se recula et se tourna vers Jasper.
- Donne-lui un coup d’épée, dit-elle.
Le prince leva un sourcil :
- Obéit !
Jasper ne se laissa pas faire :
- Je suis le prince je n’ai d’ordre à recevoir de personne.
- Sur un champ de bataille Monty doit se battre contre toi-même en étant blessé. Obéit !
Le prince soupira mais s’approcha de moi en levant son épée. Je réussi à parer le premier coup, puis le suivant.
- Pense à ses jambes Jasper.
- Je ne…
- Pense à ses jambes, insista-t-elle. Sur un champ de bataille, on profite des faiblesses des ennemis.
- Mais Monty n’est pas…
- Il veut qu’on se batte comme sur un champ de bataille, alors vas-y !
Jasper fit la moue, mais il fit ce qu’elle lui disait. Il profita de ma faiblesse et tapa dans la jambe droite. Une deuxième fois je m’écroulai, une deuxième fois Jasper put me tuer pour de faux. Octavia me releva encore et me dit :
- Voilà ce qui arrive sur le champ de bataille quand on est blessé, dit-elle. Tu es mort deux fois aujourd’hui Monty. Maintenant va te reposer.
Vexé, frustré, en colère, je jetai mon épée sur le sol et m’en allai jusqu’au château, en boitant. Jasper sur mes talons.
- Attends Monty…
- Ne me suis pas.
- Mais…
- Ne me suis pas !
Jasper s’arrêta et me laissa tranquille. J’allai droit dans ma chambre, bousculant au passage une servante sans m’excuser. Je me laissai tomber dans le fauteuil, puis me relevai, prit la table basse entre mes doigts et la fit basculer. J’attrapai ensuite le pot de fleur posé sur le bureau et le jetai de toutes mes forces contre le mur. Avant de renverser chaises et fauteuils. J’arrachai les couvertures du lit pour les lancer n’importe comment mais je m’emmêlai les pieds dedans et m’écroulai sur le sol. Je me relevai aussi sec, sortit en trombe de ma chambre malgré ma jambe, et évitant tout le monde, je réussi à me rendre seul sur la plage où je poussai de nombreux hurlements.
Jasper m’avait tué deux fois. Sur un champ de bataille je serais mort, je serais mort, je serais mort. C’est Jasper qui m’aurait tué, moi. Bordel ! À quoi me servait mon entrainement si à cause d’un tout petit mal de jambe je devenais aussi faible qu’une larve ?
Je repris ma respiration un instant pour crier de plus belle, et je criai jusqu’à ce qu’un autre cri me réponde. Je me tu alors et me tournai furieusement vers Jasper qui venait d’arriver sur la plage. Il m’ignora et continua de crier. Je me jetai sur lui pour le faire taire et le fit tomber à la renverse pour m’écrouler sur son corps. Je levai le poing prêt à le frapper et il ne ferma pas les yeux.
- Je suis plus fort que toi, lui crachai-je au visage.
- Je sais, cria-t-il.
- Je suis plus fort que toi, hurlai-je carrément
- Je sais, chuchota-t-il.
Je baissai mon bras sans le frapper mais ne le relâchai pas :
- Si on était sur un champ de bataille, dis-je, je gagnerais quand même.
Puis je fis semblant de planter une épée dans son corps :
- Tu es mort Jasper.
Il roula des yeux, prit mes deux mains et me tira contre lui. Je me retrouvai pour la troisième fois dans ses bras, allongé sur lui de tout mon long.
- Si je deviens roi, il n’y aura pas de champ de bataille, dit-il.
Mais il ne deviendrait jamais roi, j’y veillerais. Je me reculai et m’assis face à lui qui se redressait à son tour :
- Pourquoi tu es venu crier ? Demandai-je.
- Je me disais que je te trouverais ici, répondit-il.
- Mais tu as crié, tu n’étais pas obligé.
- J’avais envie de crier. Parce que mon ami était triste à cause de moi.
Je fronçai les sourcils.
- Je suis désolé, souffla-t-il, je ne voulais pas faire ce qu’Octavia disait.
- Tu es le prince, si tu n’en avais pas envie, il ne fallait pas le faire !
- C’est dur de refuser quelque chose à Octavia.
- Tu es le prince bon sang !
- Oui, je sais, s’agaça Jasper. Je suis le prince. Personne ne doit me donner d’ordre. Patati patata. Je connais le discours. Merci.
- Alors pourquoi…
- Parce que Octavia voulait te prouver quelque chose. Elle est dure mais elle prend soin de nous à sa manière. Je ne sais pas qui t’a fait croire que t’entrainer en étant blessé était une bonne idée, mais c’est parfaitement idiot.
- Je veux devenir fort !
- Tu es déjà fort ! S’énerva Jasper. Tu peux te reposer une fois, et revenir en forme. Tu apprendras mieux si tu es capable de bouger convenablement. Qu’est-ce que tu as fait là à part être incapable de te défendre contre moi ? En quoi ça t’a rendu plus fort hein ?
Je ne savais que répondre. Jasper avait l’air vraiment furieux tout à coup, et c’est comme si toute sa colère aspirait la mienne. Je me sentis lasse. En quoi ça m’avait rendu plus fort de ne même pas être capable de me tenir sur mes deux jambes ? Je me le demandai moi aussi maintenant.
- Et puis il y a autre chose, continua Jasper sur le même ton excédé, comment tu t’es blessé ?
- Je suis juste tombé, répondis-je.
- Tu tombes souvent, commenta Jasper.
Il ne me croyait pas. Il ne me croyait plus.
Le prince se releva et me regarda de haut :
- Je t’interdis de t’entraîner avec Octavia quand tu es blessé.
- Mais…
- C’est un ordre. Si tu n’obéis pas, tu seras sévèrement puni.
- Tu dis que je dois penser par moi-même.
- C’est vrai, dit-il.
- Alors je devrais pouvoir décider si j’ai envie de m’entraîner ou non même quand je suis blessé.
- Si tu n’es capable de prendre que des décisions aussi stupides, il vaut mieux que je pense pour toi, Monty.
- Je…
- Je suis le prince, insista-t-il avec autorité. Tu l’as dit toi-même, personne ne doit me donner d’ordre. C’est à moi qu’on obéit ! Et tu vas m’obéir, ou tu le regretteras.
- Tu vas me faire enfermer dans tes cachots peut-être ? Lâchai-je avec mépris.
Jasper répondit sérieusement :
- Exactement. Et il paraît qu’il y fait très froid et très sombre.
Et sur ces mots, il me tourna le dos et s’en alla. Je remarquai qu’il n’était pas venu accompagné, j’ignorais comment il avait réussi à échapper à la surveillance constante de ses gens, mais j’espérais qu’il n’aurait pas de problème.
Je me retrouvai seul avec moi-même sur la plage, Jasper venait de descendre du bateau.

Après cela, ma relation avec Jasper fut légèrement compromise. J’avais réussi à devenir son ami facilement, sans rien faire de spécial, du coup j’ignorais comment je pourrais me réconcilier avec lui. Ce n’était pas qu’il m’évitait ou ne me parlait plus, simplement nos échanges étaient devenus cordiaux, sans plus. En cours, le prince se comportait bien, écoutait, prenait des notes et ne se tournait plus vers moi pour me montrer sa future bêtise ou pour me faire un clin d’œil. Pendant notre temps libre, il s’inventait des trucs à faire et s’excusait de ne pas disposer de plus de temps à mon égard pour jouer. J’essayai tant bien que mal de l’attirer dehors en lui proposant une partie de chat perché, mais il me répondit qu’il était le prince et qu’il avait certaines obligations. Depuis quand être le prince l’empêchait-il de jouer ?
J’avais été un parfait idiot. Comment avais-je pu penser que nous resterions amis alors que j’avais menacé de le frapper ? Bien sûr qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec moi désormais. Il était le prince, pourquoi s’encombrerait-il de personne levant le poing sur lui ?
Je finis par me retrouver presque aussi seul que ma mère, je tournais en rond quand il n’était pas là, j’avais l’impression d’être en cage dans cet immense château. J’aurais pourtant dû me sentir soulagé non ? Je n’avais plus à m’occuper sans cesse de cet idiot de prince. Je pouvais aller où je voulais, faire ce que je voulais. Je ne pouvais pas passer mon temps avec Hannah, elle aurait deviné que quelque chose n’allait pas et je n’avais pas envie de la décevoir plus encore.
Je me retrouvai dans les jardins, dans la serre plus précisément à regarder les marguerites rouges.
- Les Gerberas vous intéressent-ils monsieur ?
Je me tournai vers un vieil homme à la moustache immense, et aux cheveux gris.
- Pardon ?
- Vous regardiez les gerberas avec un grand intérêt alors je demandais…
- Ces fleurs ne sont pas des marguerites rouges ?
- Leur nom officiel est gerberas monsieur.
Je ne sais pas ce qu’il me prit alors, mais à cet homme qui devait être un des jardiniers du château, je demandai de m’apprendre le nom des autres fleurs. L’homme portait une grande attention aux plantes et ne se contenta pas de m’énoncer leurs noms, mais il m’expliqua aussi comment prendre soin de chacune. Je l’écoutai sans trop savoir pourquoi, mais comme le temps passa plus vite ainsi, je revins le lendemain pour la suite de la leçon, y prenant petit à petit goût. Contre toute attente, il semblait que les fleurs me plaisaient.
Ma jambe mit trois, quatre jours à guérir parfaitement, et je pus reprendre l’entraînement avec Octavia sans soucis. Le maître d’arme ne revint pas du tout sur ce qu’il s’était passé la fois d’avant, elle vérifia que j’étais en état de me battre, Jasper fit de même me rappelant ses ordres, puis l’entraînement commença. J’essayai de convaincre Jasper que j’étais toujours son ami en le laissant gagner, ce qui me coûta d’énormes efforts car je dû prendre sur mon orgueil. Mais plutôt que de se montrer content de mon geste, Jasper jeta l’épée sur le côté :
- Je n’ai plus envie de m’entraîner avec Monty, dit-il à Octavia, nous nous verrons à un autre moment.
Octavia ne le retint pas et je restai dans l’incompréhension. Le maître d’arme ne me laissa pas réfléchir longtemps puisqu’elle se tourna vers moi et reprit l’entraînement. J’en sortis perclus de bleus parce que je n’étais pas du tout concentré et que je reçu tous les coups d’Octavia.
- Si tu es incapable de rester concentré pendant un combat, alors tu as encore beaucoup à apprendre, me dit-elle.
Je restai silencieux, elle avait raison. J’avais fait n’importe quoi, lors d’un vrai combat je serais tout simplement mort. Je ne pouvais pas me permettre de penser à autre chose ainsi et j’acceptai les remontrances d’Octavia.
- Quand tu te bats, il faut savoir mettre de côté ta vie et tes problèmes personnels. Il faut faire le vide à l’intérieur de soi et ne penser qu’au moment présent. Il faut être là corps et âme pour le combat et nulle part ailleurs.
Je hochai la tête.
- La prochaine fois nous travaillerons donc ta concentration, dit-elle. Tu peux y aller.
Je commençai à partir lorsqu’elle lâcha une dernière parole :
- Ce que tu as fait avec le prince, c’était parfaitement idiot.
Je m’arrêtai pour me tourner vers elle et la regarder.
- Pardon ?
- Tu étais le premier adversaire de Jasper à ne pas le laisser gagner afin de ne pas le froisser. Est-ce que tu sais combien ça lui faisait plaisir ?
- De perdre contre moi ?
- De voir que tu ne te rabaissais pas pour le laisser gagner, de voir qu’avec toi il pouvait réellement progresser.
- Peut-être que ses autres adversaires étaient tout simplement plus faibles que lui.
- Peut-être. Mais la plupart ne faisaient même pas l’effort de se battre réellement, ils se pliaient devant lui et le laissaient gagner parce qu’il était le prince.
- Cela devrait lui faire plaisir non ? Il finissait toujours par gagner.
- Comment pourrait-il éprouver du plaisir à ce qu’on ne le prenne pas au sérieux ? Comment te sentirais-tu toi, si on te laissait gagner à chaque fois sans te laisser la moindre chance de savoir de quoi tu es réellement capable ?
Alors je compris comment avait dû se sentir le prince quand je l’avais laissé gagner plus tôt. Ce n’était pas ce qu’il attendait de moi, ça ne l’avait jamais été d’ailleurs. C’était pour ça que l’orgueil que je ressentais à être plus fort que lui lui passait loin au-dessus, parce qu’il avait enfin trouvé quelqu’un qui le prenait au sérieux et que ça, ça lui faisait bien plus plaisir que le fait de gagner.
- Merci, dis-je me rendant compte ensuite des paroles qui venaient de sortir de ma bouche.
Mais je n’avais ni le temps, ni l’envie de les rattraper, j’allai ranger mon épée et me mit à courir à la recherche de Jasper. Je ne savais pas si cela réglerait nos différents, mais je pouvais au moins lui parler de mon comportement à l’entraînement. Je n’avais aucune idée de ce que je lui dirais mais il fallait que je lui parle. Je savais que s’il n’était pas au château, je le trouverais sans doute à la plage. Je comptais m’y rendre en premier lieu mais ma mère avait choisi ce jour pour sortir et m’arrêta dans ma course.
- Où cours-tu comme ça ?
- Voir le prince, mère.
- Es-tu devenu son coursier en plus de t’être laissé ridiculisé par lui ? Cracha-t-elle.
Je restai silencieux. Nous n’étions pas à l’abris entre les murs de sa chambre, nous devions surveiller nos paroles et nos actions. Elle le savait.
- Viens dans ma chambre, j’ai à te parler, me dit-elle.
- Désolé mais pas tout de suite je dois voir le prince, insistai-je.
Je savais que je payerais cher cet affront.
- Viens, ordonna-t-elle à nouveau.
- Vas-y, fit une voix derrière nous.
Ma mère et moi nous retournâmes en même temps. Jasper ne souriait pas et nous regardais tous les deux. Il avait du sable sur ses vêtements, preuve qu’il s’était bien rendu à la plage comme je l’avais supposé. Je me demandais depuis combien de temps il était derrière nous et s’il avait entendu ce que ma mère m’avait dit. En tout cas il n’en montra rien.
- Tu devrais y aller, puisqu’elle veut te parler.
- Je voulais te parler aussi, dis-je.
- Je t’attendrai dans le bureau de mon père.
- Jasper, c’est important.
Il fixa ma mère droit dans les yeux pour me répondre :
- Je t’attendrai. Je compte sur toi pour ne pas tomber en chemin, cette fois-ci.
Sur ces mots, il nous tourna le dos et s’en alla. J’avais l’impression d’être glacé et ma mère me demanda :
- Qu’est-ce qu’il voulait dire ?
- Je ne sais pas, dis-je, c’est un idiot je ne comprends pas tout ce qu’il dit.
Mais j’avais très bien compris. Il soupçonnait ma mère être responsable de ces nombreuses « chutes » dont j’avais été victime, et il avait raison mais il ne comprendrait pas si je lui expliquais que Hannah faisait ça pour mon bien. Je suivis ma mère jusque dans sa chambre où elle empoigna mes cheveux avec une main ferme.
- Quand je te donne un ordre, tu obéis.
- Oui mère.
- Je suis ta mère tu m’entends, tu dois m’obéir !
- Oui mère.
- Est-ce que tu te prends pour le chien du prince ? Est-ce que tu as oublié que tu devais prendre sa place ?
- Non. Je n’ai pas oublié. Dis-je.
Elle me relâcha :
- Je suis franchement déçue en ce moment Monty, j’attends beaucoup mieux de toi, beaucoup plus. Tu es le futur roi de ce pays, j’ai fait en sorte de t’éduquer pour ça. Je sais que tu dois gagner la confiance du prince, mais je n’ai de cesse de te répéter de ne pas le laisser t’humilier pour autant.
- Il ne m’humilie pas.
Les mots étaient sortis tous seuls de ma bouche et il était trop tard pour les retenir, alors je continuai :
- Jasper ne m’humilie pas, dis-je, il me respecte, il accepte que je le traite en égal. Je vais gagner sa confiance comme je l’ai promis. Faites-moi confiance, laissez-moi faire.
Ma mère me regarda un moment puis alla s’asseoir dans son fauteuil, comme si la conversation ne l’intéressait plus, comme si je ne l’intéressais plus, elle était déjà passée à autre chose et je savais que c’était une façon pour elle de me punir. Elle me parla sans me regarder :
- Bien, je vais te faire confiance, dit-elle. Il y a juste une chose…
- Laquelle ?
- Ne me parle plus sur ce ton. Jamais. Quand je te dis de venir tu viens, quand je te parle tu te tais et tu obéis.
- Oui mère.
Je savais où était ma place, je ne devais pas penser par moi-même, je devais simplement penser comme Hannah.
Je quittai la chambre et marchai pendant un moment complètement désorienté dans le château. J’avais un peu oublié Jasper et ce que je devais lui dire, mes pieds finirent tout de même par me conduire devant le bureau du roi. Je soupirai et frappai à la porte. Il me dit d’entrer, je le fis. Jasper m’inspecta de haut en bas puis de bas en haut, je marchai jusqu’à lui pour lui montrer que je tenais très bien sur mes deux jambes et que je n’avais aucune blessure.
- Que voulais-tu me dire ? Demanda-t-il ensuite le nez dans ses papiers.
Il était si petit, qu’il disparaissait presque derrière le bureau, pourtant il avait un air sérieux. Je ne savais plus exactement pourquoi j’avais couru, pourquoi je voulais absolument lui parler. Je n’avais pas oublié ma discussion avec Octavia, mais je ne voyais plus l’intérêt d’en discuter avec Jasper. Je n’étais pas son coursier, pas son chien, je ne lui devais rien. Je devais tout à Hannah. Les doigts de Jasper jouaient avec un bout de la feuille qu’il tenait, de plus en plus vite, jusqu’à ce qu’il perde patience et pose la feuille pour me regarder :
- Si tu n’as rien à me dire, nous nous verrons plus tard.
Je serrai les dents. Je serrai les poings. Que ma mère fasse de moi ce qu’elle voulait c’était normal, j’étais son fils, je l’aimais, elle m’aimait, et nous serions bientôt au pouvoir. Mais que ce type ose me traiter comme si je n’étais qu’un chien alors que son père m’avait tout volé… Il aurait dû se mettre à genou devant moi, me supplier d’être son ami, pas me congédier comme le dernier des moins que rien.
- Monty ?
J’ouvris la bouche pour lui dire ma façon de penser, pour lui cracher au visage que je n’étais pas à son service, mais on frappa à la porte à ce moment-là.
- Entrez ! Dit Jasper.
Charlotte pénétra dans la pièce :
- Votre thé Majesté, dit-elle.
En m’apercevant elle eut un geste de recule et le plateau trembla sous ses doigts. Elle avait donc encore peur de moi.
- Monsieur, j’ignorais que vous étiez-là, souhaitez-vous un thé aussi ?
- Monty allait partir, dit Jasper à ma place.
J’aurais pu… J’aurais pu renverser le thé, briser la vaisselle, frapper Jasper, frapper Charlotte, et tout casser. Mais la petite servante continuait de trembler comme si elle avait à faire à un monstre. Je me demandai qui s’occupait de servir ma mère et si cette personne tremblait aussi devant elle.
Je soupirai.
- Je pars, dis-je, merci Charlotte je n’ai pas envie de thé.
Puis je me tournai pour quitter la pièce. Avant que j’atteigne la porte Jasper me lança :
- Je suis satisfait que tu ne sois pas tombé cette fois-ci.
Je jetai un coup d’œil dans sa direction, mais l’attention de Jasper était tournée vers Charlotte. J’ouvris la porte et partit.
J’allai chercher mon épée de bois pour m’entrainer à la concentration, faire le vide en moi. Ne plus penser à rien, ni à Hannah, ni à Jasper, ni à mon père, ni au sien, ni à la couronne, ni à la vengeance. Ne faire plus qu’un l’épée et moi, virer tous les soucis.
J’aurais voulu comprendre pourquoi Jasper m’ignorait ainsi. Parce que j’avais failli le frapper ? Parce que je l’avais laissé gagner ? Il m’en voulait à ce point et pourtant il se souciait que je tombe ou non. Ce n’était pas nouveau, je me sentais perdu. Ma vie était tellement plus simple avant, je me levais, je m’entraînais à tuer le futur prince et à en être un moi-même, puis je me couchais. Et cela recommençait encore et encore et encore, les jours passaient, les saisons défilaient et tout le temps je me levais avec un seul objectif en tête. Je n’avais pas besoin de réfléchir, pas besoin de penser. C’était dès lors facile de tenir une épée et de se concentrer, parce qu’il n’y avait rien sur lequel cogiter.
Mais maintenant je me levais, j’étais confronté au petit prince qui vivait, qui bougeait, qui souriait ou qui boudait, qui criait fort, qui se battait bien mais moins que moi, qui ne voulait pas qu’on le laisse gagner. Il m’avait dit qu’il avait l’impression que j’étais loin de lui, aujourd’hui c’était moi qui avait l’impression qu’il était loin de moi. Je n’avais aucune idée de comment l’atteindre.
Je glissai sur le sol et me rendis alors compte que je n’avais fait que penser à Jasper au lieu de me concentrer. Je soupirai, tentai de nouveau de faire le vide et recommençai mes exercices à l’épée.

Je n’arrêtai qu’à la nuit tombée, passai en cuisine afin qu’on me monte une collation que je mangeai dans ma chambre et me couchai. Je soufflai la bougie trop vite et soupirai. Si je faisais un cauchemar, est-ce que Jasper viendrait ? Est-ce qu’il ferait attention à ce que je ne me transforme pas en pierre ?
Est-ce que je voulais qu’il vienne ?

Je ne fis pas de cauchemar puisque je dormis à peine, Jasper ne vint pas, évidemment. J’allai voir ma mère très tôt comme tous les matins, elle me parla à peine, elle me faisait payer. Je regrettais tellement de l’avoir déçu et en même temps je ne savais plus que faire pour à la fois plaire à ma mère et devenir l’ami de Jasper, j’avais l’impression que concilier les deux étaient impossibles. Je décidai que mon objectif pour le moment était que Jasper me fasse confiance, ma mère finirait par comprendre mes réelles intentions et serait fière de moi, j’en étais sûr. Il fallait juste que je trouve comment j’allais me réconcilier avec lui. D’abord lui dire que je ne comptais plus le laisser gagner au cours de nos entraînements avec Octavia, ensuite … Ensuite je ne savais pas trop, il faudrait que j’improvise.
Je me dirigeai vers le salon où nous nous restaurions afin de prendre le petit déjeuner. Jasper était là, tiré à quatre épingle.
- Bonjour, lui dis-je.
- Bonjour.
Je m’assis pour manger quelque chose et notre conversation s’arrêta là. Jasper ne me regardait pas, il était concentré sur son assiette et c’était comme si je n’existais pas. Je me raclai la gorge plusieurs fois pour tenter d’attirer son attention et il finit par lever les yeux vers moi :
- Dois-je faire venir le médecin ? Me demanda-t-il.
- Non.
- Alors cesse tes bruits de gorge.
- Je voulais te parler.
- Dans ce cas, parle.
Et voilà, c’était à moi et je ne savais plus que dire. Jasper ne me regardait déjà plus. Il finit par se lever :
- Puisque tu restes silencieux c’est que ça ne doit pas être important. Mais moi j’ai quelque chose à te dire.
- Quoi donc ?
- J’ai invité la comtesse Sterling et son fils à venir passer un peu de temps chez nous.
J’ignorais qui étaient ces gens et je ne comprenais pas pourquoi Jasper les avait invités.
- Ils m’ont dit qu’ils arriveraient aujourd’hui dans la matinée, ils ne devraient plus tarder.
- Est-ce que ce sont des gens que tu connais bien ?
- À peine. La comtesse m’a envoyé une lettre et je l’ai invité.
- Pourquoi l’avoir fait ?
- Son fils est à peine plus âgé que moi, je me suis dit qu’il pourrait devenir un allié ou même un ami.
J’accusai le coup.
- Tu as déjà un ami, dis-je.
Jasper me regarda enfin :
- J’ai peut-être besoin d’un meilleur ami, me jeta-t-il au visage.
C’est sans doute parce que ses désirs n’arrangeaient pas mes plans, que je me sentis troublé. Pour rien d’autre.
- Dis à ta mère d’être là pour les accueillir. J’ai pensé que ça lui ferait plaisir d’avoir quelqu’un avec qui parler, puisqu’elle n’adresse pas la parole aux domestiques.
- D’accord.
- Sur ce… Je te laisse finir ton repas.
Il quitta la pièce et je me retrouvai seul. Je venais de perdre l’appétit. Ma mère ne me dit qu’une chose quand je lui annonçai la nouvelle :
- Empêche ce comte Sterling de devenir ami avec Jasper.
- Oui mère.
C’était déjà ce que j’avais prévu de faire.

À suivre.
[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 6)
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