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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 4)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 4) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 4) Icon_minitimeDim 28 Jan - 23:35

Fandom : Les 100
Prompt : Un clignement de paupière, et c'est la nuit.
Note : Jonty, pas relu, câlin en prévision.

***

Jasper entra dans la loge des serviteurs sans que je ne puisse le retenir. Je me trouvais juste derrière lui et ceux qui avaient parlés me fixèrent du regard l’air effrayé, comme si j’étais là pour les frapper et les punir pour leurs paroles. J’aurais pu, je l’avais déjà tellement fait, mais leurs mots m’avaient blessé profondément et j’étais incapable de parler ou de bouger. Ils me prenaient pour un enfant pourri gâté, ils pensaient que j’étais mauvais contrairement à mon propre père, ils étaient soulagés que je ne sois pas le prince.
Jasper fut celui qui prit la parole, il était petit, bien plus petit que les serviteurs présents, ce n’était qu’un enfant de dix ans et pourtant il paraissait immense devant ces gens qui se ratatinaient devant lui.
- Il y a certaines choses que je n’apprécie pas, dit-il. Le chou par exemple, ou bien quand un précepteur devient parfaitement ennuyant dans son discours. Mais il y a une chose que je déteste par-dessus tout, c’est la médisance. Et savoir que des gens qui vivent chez moi osent médirent de quelqu’un que je considère comme mon ami, je ne l’accepterai pas. Recommencez cela et il faudra vous trouver un travail ailleurs !
Les têtes se baissèrent :
- Désolé majesté, soufflèrent les voix.
- Ce n’est pas à moi que vous devriez vous excuser, mais à celui contre qui vous médisiez.
Les serviteurs se tournèrent vers moi :
- Désolé monsieur, nous ne recommenceront plus.
Je restai silencieux et figé. Le prince rouvrit la bouche :
- Vous ne connaissez pas Monty, ne dites plus qu’il est égoïste ou pourri gâté.
Puis il se tourna, prit mon bras et m’entraina avec lui. Je le laissai faire.
Jasper prévint Becca que nous allions nous promener. Elle fit venir un garde et le prince continua à m’entraîner avec lui. J’avais perdu le contrôle, je me laissais traîner comme une poupée de chiffon, et je me fichai d’où il pouvait m’emmener.
J’avais imaginé mon père des centaines, non des milliers de fois, et j’avais toujours espéré lui ressembler. Hannah me disait que j’étais comme lui. Aussi intelligent. Mais j’avais entendu l’exact contraire d’autres bouches que la sienne, un autre point de vue. Quelqu’un pensait que je ne lui ressemblais pas du tout, que je valais moins que lui.
Jasper marcha jusqu’à la plage, sans rien me dire du tout mais sans me lâcher non plus. Une fois que nos chaussures touchèrent le sable il se tourna vers moi pour me regarder :
- Ne les écoute pas ! Dit-il.
Je restai silencieux.
- Tu sais, j’ai déjà entendu ce genre de choses aussi.
Je levai un sourcil :
- « Jasper est intenable, je plains son père il n’en fera jamais un vrai prince. »
- Ils ont vraiment dit ça ?
- « Je n’en peux plus de travailler pour ce gosse, il est bon à rien et stupide. »
Je clignai plusieurs fois des yeux. Jasper soupira et me relâcha :
- Les gens ont toujours quelque chose à dire sur nous. C’est de la jalousie. C’est tout. Tu ferais mieux de ne pas y faire attention.
- Et si je n’y arrive pas ?
Jasper répondit :
- Alors il faut crier !
- Quoi ?
- Il faut que tu cries le plus fort possible pour évacuer tout ce que tu ressens.
- Je ne comprends pas.
- Je vais te montrer.
Jasper se tourna vers la mer et soudain ouvrit grand la bouche pour pousser un cri.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je crie, dit-il.
- Je ne comprends toujours pas.
- Essaye.
- Je ne peux pas faire ça.
- Et pourquoi pas ? Essaye !
Je me tournai vers la mer et ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Je réessayai une deuxième fois, mais il n’y eut qu’un petit filet de voix, rien de plus. Je ne pouvais pas crier.
- Je n’y arrive pas.
- C’est parce que tu gardes tout en toi, dit-il, regarde-moi.
C’est ce que je fis.
- Ouvre la bouche.
J’ouvris la bouche.
- Crie !
Un petit « aaaah » un peu cassé sortit de moi.
- Encore.
Je recommençai sans plus de succès.
- Plus fort.
Mon « aaaah » fut un peu plus prononcé cette fois-ci.
- Plus fort ! Insista Jasper.
J’essayai mais il restait toujours bloquer dans ma gorge.
- Plus fort ! Cria Jasper.
Je pris une bonne inspiration, et mon « aaaaah » ressembla à un cri.
- Plus foooort !
Je recommençai et lui criai à la figure. Jasper éclata de rire :
- Voilà, c’est comme ça que tu dois faire. Recommence !
Maintenant que j’avais pu sortir ce cri, je me tournai vers la mer et criai à nouveau.
- Encore, hurla Jasper.
Et je recommençai encore et plus longtemps, encore et encore. Et il cria avec moi. Pendant un instant j’eu l’impression de jeter des poids dans l’eau, de me débarrasser d’énorme cailloux qui s’étaient logés dans mon corps sans ma permission. Je me fichais de la gouvernante et du garde qui pouvait nous voir. Je hurlai à pleins poumons aussi fort que je le pouvais, recrachant tout ce qui m’avait fait mal quand j’avais entendu les serviteurs parler entre eux. Jasper me donna un petit coup d’épaule et me sourit :
- Ça fait du bien non ?
Je me rendis compte que je m’étais laissé aller. Que j’avais crié comme un abruti, dévoilé mes sentiments au lieu de les garder pour moi. J’avais laissé Jasper me découvrir un peu plus. Comme un abruti. Comme quand j’avais fait le cochon pendu, comme quand j’avais fait un câlin à Alphard. Je faisais n’importe quoi depuis quelques temps. Ça n’allait pas. Ce n’était pas comme ça que les choses devaient se passer. Jasper était juste une cible, il ne pouvait devenir réellement mon ami.
Je serrai les poings et répondit :
- C’est complètement stupide.
Puis je fis demi-tour.
Il fallait que je me reprenne.
- Où tu vas ? Demanda Jasper en me suivant.
- Voir ma mère.
- Tu vas lui dire ce que tu as entendu ?
- Pourquoi je lui en parlerais ? Ce n’est pas utile.
- Alors pourquoi vas-tu la voir ?
- Parce que c’est ma mère et que j’ai envie de la voir, c’est tout.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Je veux que tu me laisses tranquille ! Dis-je.
Jasper s’arrêta enfin de me suivre et je rentrai au château, seul. Parce que je n’étais pas prince, ma sécurité n’avait aucune importance.
Ma mère se trouvait dans sa chambre.
- Vous devriez sortir un peu mère, ce n’est pas bon que vous restiez ainsi enfermé dans cette chambre.
Je pensais qu’elle allait s’énerver et me remettre à ma place, c’était un peu ce que je cherchais mais à la place elle m’invita à m’asseoir près d’elle :
- J’aime cette chambre, c’est plus fort que moi, me confia-t-elle. Ton père venait souvent m’y rendre visite.
- N’aviez-vous pas une chambre commune ?
- Bien sûr que si, mais il y avait beaucoup de passage, les serviteurs adorent commérés et voulaient toujours avoir quelque chose à raconter sur le roi et la reine. Je préférais donc être ici, ma chambre était plus privée, peu de monde osait s’en approcher et j’y étais tranquille. Ton père savait toujours où me trouver.
- Parlez-moi de lui, réclamai-je.
- Ton père était extrêmement beau, puissant et intelligent. Il n’a commis qu’une seule erreur, celle de faire de Julian son héritier au cas où il lui arriverait quelque chose. Mais ce fut la plus grosse de toute.
Je pris la main de ma mère dans la mienne et elle se tourna vers moi :
- C’est pour cette raison Monty que tu dois nous venger.
- Je sais. Mais ne puis-je pas tuer Jasper maintenant ?
- Si tu le fais, nous ne pourrons pas récupérer la couronne.
- Quelle importance ? J’aurai vengé mon père.
- C’est important Monty, ce château est à nous, c’est notre place. Tu dois devenir roi !
Je soupirai :
- Je ne suis pas sûr de pouvoir le faire mère.
Elle se refroidit et retira sa main. Me montrant un visage fermé et remplis de colère elle me lâcha froidement :
- Tu dois le faire, fils !
- Mère, vous-même avez du mal à supporter Jasper, rester avec lui est…
- Tais-toi ! Je ne saurai entendre un mot de plus de ta part. Rappelle-toi pourquoi je t’ai élevé ! Dix ans, Monty, pendant dix ans je t’ai formé pour un seul et unique but, et toi tu me dis que tu ne vas pas pouvoir le faire ?
J’ouvris la bouche mais ce fut une erreur. La patience de sa mère atteignait déjà ses limites. Ses doigts s’accrochèrent à mes cheveux et elle me jeta de toutes ses forces contre le sol. Ma tête rebondis sur la table basse avant de s’écraser contre le tapis. Ma mère n’éleva pas la voix, mais son ton était si froid qu’il me glaça le sang :
- Tu vas le faire Monty, tu vas être l’ami de Jasper, tu le forceras à faire de toi son héritier, puis tu le tueras !
Je restai par terre sans bouger, sans parler. Ma mère n’était pas si forte, j’aurais pu la battre aisément, mais comment aurais-je pu lever la main sur celle qui m’avait élevé ? Sur celle que j’aimais plus que tout au monde ? C’était impossible. De plus, je comprenais qu’elle me frappe, je l’avais mérité.
- Tu vas faire ce que je te dis, on s’est bien compris Monty ?
- Oui mère.
- Relève-toi et regarde-moi quand je te parle.
J’obéis. Le sang coula sur mon front mais je n’y fis pas attention.
- Oui mère, répétai-je. Je ferai ce que vous dites.
Elle se leva et posa sa main sur ma joue :
- Tu sais que je fais tout ça pour ton bien, n’est-ce pas ?
- Oui.
- Tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ?
- Oui.
- Alors rends moi fière.
- Bien mère.
Elle me relâcha :
- Tu es plein de sang, va te nettoyer.
C’est ainsi qu’elle me congédia. Je sortis de sa chambre pour me rendre dans la mienne, je demandai à ce qu’on m’apporte une bassine d’eau chaude, je ne m’attendais pas à ce que soit Jasper lui-même qui me l’emmène. Je regardais par la fenêtre quand il entra dans la pièce, lui tournant le dos :
- Monty tu sais que j’ai vraiment du mal à te comprendre, on s’entends plutôt bien, j’ai l’impression que tu t’ouvres un peu et puis la seconde d’après tu te refermes comme une huître.
- Qu’est-ce que tu fais là ? Lui demandai-je.
- J’ai croisé Charlotte en chemin qui t’apportait cette bassine, j’ai décidé de l’aider. Pourquoi tu as besoin de…
Je me retournai et il put admirer le sang qui dégoulinait de mon front sur mon visage, salissant mes vêtements.
- Monty ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu es blessé ? Tu as mal ? Tu vas mourir ?
Jasper posa la bassine sur la table basse et se précipita vers moi.
- Réponds-moi ! Tu me vois ? Tu m’entends ? Comment tu te sens ?
Je fus obligé de poser mes mains sur ses épaules pour le calmer :
- Jasper ! Tu parles trop vite ! Laisse moi répondre.
- Oui.
- Je vais bien. Je me suis juste blessé bêtement. J’ai glissé et ma tête s’est cognée sur une table. Je ne vais pas mourir et oui je te vois et je t’entends !
- Tu saignes tellement, tu vas sûrement mourir.
Jasper tremblait sous mes doigts et ses yeux se remplirent de larmes. Je le secouai :
- Bon sang Jasper ! Tu es le prince ! Tu ne peux pas te mettre à pleurer ainsi !
- J’y peux rien, je ne veux pas que tu meurs. Est-ce que parce que je suis prince je devrais laisser mes amis mourir et ne pas être triste quand ils sont blessés ?
Je fermai les yeux un instant. J’avais promis à ma mère que j’y arriverais, alors j’allais y arriver. Je rouvris les yeux :
- Je vais vraiment finir par mourir si tu ne me laisses pas me soigner.
Jasper pâlit et s’écarta. Je pris un petit miroir de poche dans un tiroir, m’assis sur le fauteuil en face de la bassine et prit le linge plongé dans l’eau et l’essorai. Je commençai par nettoyer la plaie tandis que le prince, qui s’était assis près de moi, me regardait faire les yeux ronds comme des billes.
- Va me chercher un bandage au lieu de rester planté là.
Je lui parlais comme s’il était un domestique et il ne me réprimanda même pas, il se leva et disparu de la chambre pour faire ce que je lui disais. Quel idiot. Je ferais un bien meilleur prince que lui. Il revint quelques minutes plus tard alors que j’avais finis de nettoyer la plaie.
- Laisse-moi faire, dit-il, je vais te le mettre.
Je soupirai, agacé, mais Jasper s’assit à côté de moi et commença à enrouler le bandage autour de ma tête. Je ne savais pas où poser mes yeux alors j’observai ses sourcils. Il avait un grain de beauté sur l’un d’entre eux et je concentrai mon attention sur celui-ci, pour ne pas regarder ses yeux. Jasper était concentré dans sa tâche et je ne pus m’empêcher de remarquer qu’il se mordait les lèvres. Sa joue était constellée de quelques grains de beauté, elle aussi. Jasper finit par me relâcher et je m’observai dans le miroir. Le bandage était accroché n’importe comment sur ma tête et j’allai faire une remarque désobligeante quand je surpris le regard de Jasper sur moi. Le petit prince avait réellement l’air inquiet, il me regardait comme si j’allais m’évanouir dans la seconde, et je laissai tomber.
- Je me sens bien Jasper, ne t’inquiète pas, je n’ai pas prévu de mourir tout de suite.
Jasper hocha la tête mais continuait de me fixer. J’appuyai mon pouce sur sa joue :
- Allez souriez majesté, dis-je.
- Ne m’appelle pas comme ça et arrête de me vouvoyer, ronchonna-t-il.
- Souriez petit prince, insistai-je.
- Je suis pas petit, bouda-t-il.
- Vous êtes minuscule !
- Je fais la même taille que toi !
- Ah oui ?
- Oui ! Lève-toi, je vais te montrer !
Nous nous levâmes tous les deux et Jasper colla presque son front contre le mien.
- Je crois que je fais un centimètre de plus, dis-je.
- N’importe quoi, on fait la même taille !!!
- Vous êtes plus petit d’un centimètre, majesté.
- Tu veux te retrouver dans les cachots ?
- Vous n’oseriez pas !
- Arrête hein, qu’est-ce qui te prends ? Appelle moi Jasper et tutoies moi ! Sinon je t’enferme là-bas et les rats grignoteront tes orteils.
- Vous oseriez enfermé un malade, majesté ?
- Monty !
- Un malade plus grand que vous d’un centim…
Je ne pus pas terminer ma phrase, le prince se jetait sur moi et nous faisais tomber tous les deux à la renverse sur le canapé. Ses bras autour de mon cou, il se retrouva allongé contre moi. Si la situation me gênait, il n’eut aucune réaction et se contenta de me regarder :
- Est-ce que tu deviens fou ? C’est parce que tu es blessé c’est ça ?
Je le repoussai doucement pour qu’il me lâche, il s’assit à côté de moi.
- Je te taquinais, avouai-je.
Jasper en resta comme deux ronds de flanc.
- J’essayais de te faire sourire.
- Tu me taquinais ? Demanda-t-il les yeux arrondis.
- Oui, mais je ne suis pas aussi doué que toi pour ça.
Le prince retrouva son sourire, et malgré moi, je ne pus qu’en ressentir un certain apaisement, comme si les choses étaient rentrées dans l’ordre. Je détestai ce sentiment, mais je ne pus l’empêcher d’être là.
- Je crois vraiment que tu as dû te cogner très fort, dit-il.
Je hochai la tête :
- Je pense aussi.
- Je vais donc te laisser te reposer un peu.
- D’accord.
Jasper se leva :
- Et je ne suis pas plus petit que toi d’un centimètre !
- Je crois bien que si.
- Tu me taquines là ?
- Je suis sérieux.
- C’est difficile de faire la différence avec toi, Monty.
Avant qu’il ne quitte la chambre, je lui lançai :
- Et ton bandage est horrible !
Je l’entendis rire alors qu’il refermait la porte, et cela me réconforta.
Je n’étais qu’un foutu idiot.

Un clignement de paupière et ce fut déjà la nuit. Je ne l’aurais avoué pour rien au monde, pas même sous la torture, mais je détestais l’absence de lumière. Quand j’allais me coucher, alors que le feu dans l’âtre était éteint, je laissais une bougie allumée à côté de moi et attendait d’être pris par le sommeil avant de la souffler. Cette nuit-là, je n’oubliai pas, mais je le fis peut-être un peu trop tôt. Je n’étais pas encore assez endormi. J’entendis les murs autour de moi craquer et je fermai les yeux trop fort. Je n’avais pas peur, mais je me sentais mal à l’aise, des souvenirs remontaient à la surface, que je cherchais à oublier.
Une forêt, la nuit, sombre, des bruits de pas, des bruits d’animal. Moi. Qui ai froid, qui ai peur, qui ai envie de pleurer et qui pleure, un peu, mais qui arrête tout de suite. Elle m’a dit que si je pleurais, elle ne viendrait pas me chercher, si je pleurais elle me laisserait là. Je ne pleure pas. J’essuie mes yeux. Je sers les dents. J’ai tellement froid. Tellement peur. Je n’ose pas bouger. J’entends encore un bruit. J’ai l’impression que ça se rapproche. Je vais me faire dévorer par un loup. Il est proche. Je le sens.
Quand je vois sa gueule, il est trop tard pour moi.
Je me réveillai en hurlant.
J’étais trempé de sueur, haletant. Je respirai un grand coup pour essayer de me calmer et passai une main dans mes cheveux. La fin du cauchemar m’avait réveillé, mais cela n’avait jamais existé dans la réalité pas comme le reste. J’avais trois, peut-être quatre ans quand ma mère m’a abandonné en forêt une nuit. À cette époque, j’étais sujet à de nombreux cauchemars et ne cessait de m’en plaindre à ma mère parce que j’avais peur. Elle m’a toujours aimé et a toujours voulu le meilleur pour moi, pour cette raison, pour m’aider, elle a décidé d’agir. Elle m’a donc emmené avec elle au milieu de la nuit dans une forêt puis en me disant de ne pas pleurer, elle est partie. « Si tu pleures, je ne reviendrai pas ». Je me souviens que pour moi, son absence avait duré une éternité et que j’avais été mort de peur. Maintenant avec le recul, j’étais persuadé qu’elle n’était pas partie plus de dix minutes et qu’elle n’avait pas dû aller bien loin.
- Désormais tu ne feras plus de cauchemars, m’avait-elle dit.
Elle s’était trompée, et ce fut la seule fois. Mes cauchemars avaient empiré. Ce qui avait changé, c’est que je ne lui en parlai plus jamais. Il m’arrivait encore d’en faire, des années après et je comptais bien faire en sorte que ça ne se sache jamais.
La porte de ma chambre s’ouvrit alors que mes souvenirs remontaient à la surface. Une ombre entra furtivement et referma la porte. Elle s’approcha de mon lit. Je ne bougeai pas, ne comprenant pas qui venait d’entrer dans ma chambre, ni pourquoi. Mon lit s’affaissa quand l’ombre grimpa dessus et je me préparai à frapper la personne qui tentait de m’agresser dans mon sommeil (car qu’était-elle venue faire d’autre ?) quand elle ouvrit la bouche pour me parler :
- Ça va Monty ?
- Jasper ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je t’ai entendu hurler, ça m’a réveillé en sursaut. J’étais inquiet alors je suis venu.
J’ouvris la bouche et la refermai.
- C’est parce que tu as mal à la tête ? Demanda-t-il. C’est plus grave que tu ne le croyais ?
- Non Jasper.
- Alors qu’est-ce qu’il se passe ?
- Rien du tout. Je n’ai pas crié. Tu as imaginé.
- Tu as crié.
- Non.
- Si.
- Non.
- Si.
- N… Jasper c’est puéril ce jeu !
Jasper se tenait à genoux sur mon lit, à côté de moi et il vint poser sa main sur ma tête :
- Je ne vois pas, est-ce que tu saignes à nouveau ?
- Je ne saigne plus.
- Alors explique moi ce qu’il s’est passé.
- Je te dis que…
- Tu mens. Je t’ai entendu. Je n’ai pas imaginé. Tu as vraiment crié fort et je suis juste à côté. J’ai reconnu ta voix.
- Et bien tu as rêvé.
- Je suis le prince Monty, tu ne peux pas me mentir ! C’est interdit.
- Je n’ai jamais entendu parler d’une loi pareille.
- Et bien je vais l’inventer. Dis-moi la vérité où tu seras exécuté à l’aube !
- L’exécution, rien que ça ?
Je n’avais pas peur, je savais qu’il ne ferait rien. Il n’y avait qu’à voir comme il s’était montré inquiet pour une petite blessure de rien du tout.
- Je n’ai pas crié, insistai-je.
- Tu as mal quelque part ?
- Non.
Jasper se tut un instant puis finit par demander :
- Alors tu as fait un cauchemar ?
Je mis trop de temps avant de répondre :
- Non.
Et il comprit.
- Je vois, tu veux me le raconter ?
- Non.
- Moi aussi je fais des cauchemars des fois, tu veux que je t’en raconte un ?
- Non.
- Une fois j’ai rêvé que j’allais à la mer et un énorme monstre en sortait et voulait me manger tout cru.
- Jasper je suis fatigué, tu veux bien me laisser ?
- Et je courrais comme un fou sur la plage, mais j’arrivais pas à lui échapper, et lui il levait les bras comme ça…
Jasper faisait les gestes en même temps qu’il racontait son cauchemar :
- Et faisait des bruits bizarres du genres « graaaaaaaaaa », et là il m’attrapait et je voyais sa gueule énorme s’ouvrir, et paf il me gobait. Je me suis réveillé en pleurant toutes les larmes de mon corps et Becca est venue me consoler.
Je l’enviai. Il avait toujours quelqu’un qui était là pour prendre soin de lui, même après un cauchemar. Il disait se sentir seul, mais au final il ne l’était pas tant que ça.
- Jasper… S’il te plait.
Mais il n’écoutait pas du tout.
- Il faut bien que quelqu’un te console toi aussi, dit-il.
- Je ne suis pas en train de pleurer.
Jasper posa sa main sur ma poitrine et dit :
- Peut-être que si, peut-être que tu pleures là, à l’intérieur, et que si personne ne te console tu finiras réellement par te transformer en pierre.
Si j’avais eu un couteau près de moi, je l’aurais sans doute poignardé pour le faire taire. Je détestais ça, qu’il puisse lire en moi de cette façon, qu’il devine mes faiblesses de cette façon alors que je m’étais si bien entraîné à tout cacher, à tout enfouir. J’eus tellement envie de le frapper à cet instant, que je levai ma main, prêt à le faire. Il ne m’en laissa ni le temps, ni l’occasion et enroula ses bras autour de mon cou pour me serrer contre lui.
- Mais je suis là moi, tu n’es pas seul.
Ma main resta levée quelques secondes avant de retomber d’un coup. Jasper était maigre, ses bras étaient tous fins et je sentais ses os. De la chaleur se dégageait de lui, même si son corps était plutôt froid. Son torse se levait et s’abaissait au gré de ses respirations. Son menton était posé sur mon épaule et je sentais son souffle. Il était tout contre moi ou j’étais tout contre lui et je fermai les yeux quand bien même il faisait nuit. C’était confortable, agréable, rassurant, un câlin. Mes mains bougèrent toutes seules quand elles vinrent se poser sur son dos pour lui rendre l’étreinte. Je n’avais jamais pris personne dans mes bras, c’était une sensation étrange que d’avoir un corps serré contre soi, de sentir la vie si proche de soi, d’avoir l’impression d’être une pièce de puzzle qui s’assemble parfaitement avec une autre. Il n’était plus le prince, il n’était plus Jasper, il était juste un corps humain dans mes bras.
Et ce petit imbécile s’endormit comme ça, je l’entendis se mettre à ronfler doucement près de mon oreille et je sentis son étreinte se relâcher.
Je le poussai sur mon lit et il ne se réveilla pas. J’avais très envie de le mettre par terre mais je m’abstins, parce qu’il venait de me faire un câlin et que même si ça me faisait mal de l’admettre, ça m’avait fait du bien. Je roulai des yeux, remontai la couverture jusqu’à son menton et me couchai un peu plus loin. Le lit était immense de toute façon et nous étions tout petit.
- Je finirai par te tuer, abruti de prince, marmonnai-je.
Je lui tournai le dos en me mettant sur le côté et fermai les yeux.
Comme il faisait nuit, personne n’aurait pu voir le sourire qui s’étira sur mes lèvres.

À suivre.
[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 4)
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