Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez

[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1)

Aller en bas
Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
Messages : 1927
Date d'inscription : 30/07/2012

[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1) Empty
MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1) Icon_minitimeSam 27 Jan - 19:25

Fandom : Les 100
Prompt : S'il te plait, reste avec moi.
Note : Jonty, pas relu.

***

1. Le jeune lionceau.


Il était une fois, dans un tout petit pays du nom d’Arkadia, un roi qui gouvernait avec bonté et justesse. Sa femme, la reine, le soutenait et l’aimait plus que tout au monde. Son meilleur ami l’épaulait depuis des années et le roi, sans héritier, le nomma comme son successeur. Alors, celui en qui il avait toute confiance, le trahit et l’assassinat pour récupérer le pouvoir, mettant fin au bonheur. La reine s’enfuit, enceinte – sans le savoir – d’un petit-être qu’elle guiderait vers sa destinée : reprendre le pouvoir à celui qui l’avait volé.

xxx

- Tu es prêt ?
- Oui mère.
- Tu te souviens bien de ce que tu dois faire ?
Comment pourrais-je l’oublier ?
- Oui mère.
Hannah avait la bouche pincée, les traits tirés vers le bas et les mains croisées sur ses jambes, l’air sévère et droite comme je l’avais toujours connu. Je la sentais inquiète, stressée que son cher fils unique fasse tout rater. Mais je ne mentais pas, j’étais prêt. Toute ma vie j’avais été éduqué dans un seul et unique but, comment aurais-je pu le manquer ?
- Ne vous inquiétez pas mère, tout se passera bien.
J’étais sûr de moi et déterminé. Je n’avais jamais vu le prince, mais je me m’imaginais déjà planter un couteau dans son cœur et mettre fin au règne d’un voleur.
Assis dans la voiture à cheval qui nous emmenait vers ma destinée, j’attendais avec impatience d’enfin arriver.
- Mère, comment avez-vous réussi à convaincre le roi de nous accueillir ?
- Ce fut d’une simplicité absurde, quand il a su que j’avais un fils, il a dû éprouvé quelques remords et nous as invité à séjourner au château avec lui et le prince.
- Des remords, lui ?
- Peu importe, l’important c’est que nous serons sur place, le début de notre plan peut enfin commencer. Tu te souviens vraiment de que tu dois faire ?
- Oui mère, soupirai-je, pour commencer je dois gagner la confiance du prince afin qu’il fasse de moi son héritier, comme mon père avec son père il y a des années, et ensuite je dois me débarrasser de lui.
- Cela risque de prendre plusieurs années Monty, tu en as conscience ?
- Oui.
- Bien.
Cela faisait au moins la troisième fois depuis le début du voyage que nous répétions les mêmes paroles. Même si j’avais été stupide, je n’aurais pu oublier notre plan, je n’aurais pu oublier que je sacrifierais des années à gagner la confiance du prince pour mieux le trahir ensuite. Et je n’étais pas stupide. Loin de là.
Enfin le château se profila à l’horizon, Hannah se pencha vers moi et posa une main possessive sur mon genou.
- Je t’aime Monty et je suis fier de toi. Je compte sur toi pour le reste.
- Bien mère.
J’aimais aussi ma mère, et j’étais fier d’être son fils. Elle m’avait toujours donné le meilleur et le plus de chances possibles pour réussir. Plus important encore, elle me donnait une chance de venger mon père, et je comptais bien en profiter.

Le roi était absent, ce fut la première chose que l’on nous annonça alors que nous descendions de la voiture. Nous serions donc accueillis par son fils, et une horde de serviteurs. Tous se pâmèrent devant nous, comme si ma mère et moi étions Moïse, sauf qu’au lieu de d’écarter les eaux, nous abaissions les gens sur notre passage. Je marchai à côté de Hannah, sûr de moi, la tête levée, défiant avec autorité ces gens qui seraient un jour les miens. Guidés par ce qui devait être l’intendante, nous nous arrêtâmes à l’entrée du château.
Il apparut comme une tâche sur un tableau précieux. Un petit garçon d’une dizaine d’année, le seul à ne pas s’abaisser devant nous. Je le fusillai du regard pour lui faire comprendre que son comportement me déplaisait au plus haut point. La femme à côté de lui se redressa et prit la parole :
- Cher madame Green, cher monsieur Green, laissez-moi vous présentez le prince Jasper James Jordan.
J’eus un arrêt tandis que ma mère tombait à genoux. Cet enfant était donc le prince. Je le scrutai. Il avait bien l’âge requis et portait une tenue appropriée. Mais il était crotté des pieds jusqu’à la tête, sa chemise et ses chaussettes avaient été autrefois blanches, ses chaussures devaient être vernis et brillantes avant d’être recouvertes de boues. Il portait une ficèle autour du cou qui avait dû être un nœud, et son veston était déchiré à l’épaule. Ses cheveux bruns étaient broussailleux sur sa tête comme s’il avait un buisson planté sur le crâne. Et ce prince osait porter comme deuxième prénom celui de mon père. C’était une insulte.
Je sentis ma mère prendre ma main pour que je m’abaisse et je dû prendre sur moi pour me mettre à genou devant le prince. Est-ce qu’il se moquait de moi ? Est-ce qu’il pensait que je ne méritais d’être accueillis que par le mépris d’une personne pleine de boue ?
- Majesté, soufflai-je entre mes dents.
Le prince s’accroupit devant moi, pencha la tête sur le côté et me sourit :
- Tu peux m’appeler Jasper. C’est bon.
J’agrandis les yeux, un peu surpris :
- Tu peux te relever, ajouta-t-il.
J’obéis et le prince tendit sa main vers moi. Je la regardai sans savoir quoi faire. Ma mère se releva à côté de moi et murmura à mon oreille :
- Qu’est-ce que tu attends ? Serre-là !
Je pris donc la main du prince dans la mienne et alors que je resserrais mes doigts autour des siens, il me secoua le bras énergiquement :
- Je suis tellement content que tu sois là Monty, on va bien s’amuser tous les deux.
- S’amuser ?
- Oui. Depuis que papa m’a parlé de toi, je suis impatient de faire ta rencontre.
Le prince relâcha ma main, tandis que la femme qui l’avait présenté reprit la parole :
- Pardonnez la tenue de notre prince, il n’a pu s’empêcher d’aller jouer en vous attendant.
Il sourit de toutes ses dents comme si elle venait de le complimenter :
- Je suis tombé la tête la première dans une énorme flaque de boue, expliqua-t-il, c’était très drôle.
Drôle ? Tomber dans une flaque de boue ? Je ne comprenais rien.
- Maintenant que tu es là, ça sera encore plus marrant.
J’étais complètement perdu. Je pensais tomber sur un prince froid, sûr de lui et dur, j’avais imaginé l’arrogance se peindre sur ses traits, son sourire cruel et égoïste, j’avais appris à charmer un serpent. Je ne m’attendais pas à tomber sur un jeune lionceau.
Moi qui avait été sûr de moi jusqu’ici, je me sentis défaillir. Comment allais-je gagner l’amitié et la confiance du prince alors qu’il était si différent de ce à quoi je m’attendais ? Je restai silencieux comme un idiot alors que j’avais longuement préparé les mots que j’allais dire au prince quand je le verrais. Un mélange subtil de flatteries et de respect, quelque chose qui aurait plu au prince que j’avais imaginé, à celui que ma mère m’avait décrit.
C’est Hannah qui prit la parole à ma place :
- Nous sommes enchantés de faire votre connaissance majesté, mon fils et moi vous remercions sincèrement pour votre accueil.
Le prince fit un signe de la main comme s’il chassait une mouche.
- Inutile d’en faire tout un plat.
Je ne la regardais pas mais je pouvais imaginer ma mère écarquiller les yeux devant le manque de politesse du prince. Celui-ci se tourna vers la femme qui se tenait à son côté :
- Puis-je faire visiter le domaine à Monty ?
- Majesté, nos invités doivent être épuisés par ce très long voyage, invitons-les plutôt à venir prendre une collation et à se reposer.
Le prince gonfla les joues d’un air boudeur et je cru qu’il allait faire un caprice. Je l’imaginai un instant tapant du pied, réclamant ce qu’il voulait d’un air colérique. Cela ressemblerait plus à l’image que je me faisais de lui et m’aurait rassuré. À la place, il se tourna de nouveau vers moi et demanda :
- Qu’est-ce que tu préfères Monty ? Manger quelque chose et dormir, ou visiter le domaine avec moi ?
Était-il sérieusement en train de me demander mon avis ou me testait-il, pour savoir de quel côté je me trouvai ? Je fis une révérence :
- Je ferai ce que vous désirez votre majesté.
Jasper croisa les bras d’un air agacé :
- Monty, je te demande ce que toi tu veux faire !
Devais-je deviner la bonne réponse ? Je jetai un coup d’œil à ma mère qui pinçait les lèvres assez froidement. Je me rendis compte que depuis le début Jasper s’adressait à moi et non à elle qui avait pourtant été la reine de ce pays. Je me doutai que Hannah devait être à la fois furieuse et vexée, mais que pour le bien de notre plan, elle restait silencieuse. Plus tard, c’est sur moi que sa colère retomberait, pour le moment, elle se contenait devant le prince.
- Alors ? Monty ?
Je devais lui répondre, et bien que je me sentais fatigué, je fis le choix de donner au prince ce qu’il désirait, puisque c’est comme ça que je l’amadouerais :
- Faites-moi visiter, majesté.
Le prince eut l’air satisfait de ma réponse, j’avais donc fais le bon choix.
- Bien. Becca, occupe-toi de la mère de Monty, je vais lui faire visiter le domaine.
Je me raidis. C’était une telle insulte pour ma mère de la laisser aux mains d’une domestique, que j’eus peur qu’elle craque et fasse un esclandre. Hannah se contenta simplement de grincer des dents et de sourire faussement. La fameuse Becca fronça les sourcils et se pencha vers le prince :
- Majesté, ce n’est pas une façon de traiter notre invitée, vous devriez être celui qui s’occupe d’elle.
- Becca, je ne peux pas m’occuper des deux à la fois, rétorqua le prince sûr de lui, Monty à mon âge, il est logique que je sois avec lui. Allez, on y va.
J’essayai de dire quelque chose en faveur de sa mère, mais le prince attrapa ma main et m’entraîna avec lui. Jasper couru et je fus bien forcé de courir avec lui si je ne voulais pas tomber. J’étais désarçonné par le comportement du prince et ne pensai même pas à retirer ma main de sa poigne. Il me fit courir à l’intérieur du château sans me présenter aucune pièce, je ne pus qu’apercevoir certains lieux, un salon ou deux salon, des portes fermées, un escalier en marbre, et un plus petit que je soupçonnai appartenir au domestique. Finalement Jasper poussa une porte et me fit entrer dans une pièce. Il s’agissait d’une chambre. Un lit baldaquin entouré de lourd rideau de velours se tenait dans un coin de la pièce, tandis que l’autre moitié était composé de fauteuils, d’un cheval à bascule, d’un coffre à jouet, d’une bibliothèque, d’une penderie, et d’une table décorée d’un pot de fleur. Le prince me relâcha et s’étira :
- Enfin tranquille, toutes ces formalités m’épuisent.
- Vous ne deviez pas me faire visiter majesté ?
- Et bien Monty, voici ma chambre. Elle te plaît ?
Je hochai la tête par pure politesse.
- Oui, beaucoup.
Le prince bailla en ouvrant une bouche grande comme un puit. Je ne savais que faire de mes jambes et de mes bras alors qu’il alla s’asseoir sur un des fauteuils.
- Viens t’asseoir Monty, tu ne vas pas rester debout.
J’obtempérai et posai mes fesses sur le siège en face du prince. Je n’arrivais pas à me détendre, je me sentais crispé, sur la défensive. J’étais celui qui allait tuer le prince, et j’agissais comme si j’étais sa proie.
- Majesté, peut-être devrais-je rejoindre ma mère.
Le prince se leva d’un coup et se pencha vers moi. Je ne bougeai pas, hors de question de faire preuve de faiblesse en me reculant.
- Peux-tu arrêter de m’appeler majesté, appelle moi Jasper.
- Comme vous voulez maj… Jasper.
- Et arrête de me vouvoyer. J’ai dix ans, pas cent.
- Le vouvoiement n’a rien à voir avec l’âge, mais avec votre rang, maj… Jasper. Peu importe que vous ayez dix ans, vous êtes le prince, la personne la plus importante dans ce pays après votre père.
Les yeux marrons de Jasper s’arrondirent, puis il éclata de rire.
- Ne devais-tu pas être le prince à ma place ? Ton rang est aussi élevé que le mien dans ce cas, tutoies moi.
Je ne sus que répondre à ça. Je ne m’attendais pas à ce qu’il aborde ce sujet de manière aussi naturelle, je pensais plutôt qu’il l’éviterait ou ferait en sorte de me rappeler que j’étais inférieur à lui. Hors voilà qu’il disait que j’étais de son rang. Le prince ne cessait de montrer des facettes de lui qui me prenaient de court. Je ne savais plus comment réagir, je ne savais pas quoi faire. Cela faisait moins d’une heure que je connaissais Jasper et il avait déjà mis sens dessus dessous toutes mes stratégies d’approche. J’étais arrivé sûr de moi et de mon fait et maintenant je me sentais perdu et dans l’incompréhension. Je ne l’en détestais que bien plus.
- Je ferai comme tu veux, finis-je par dire.
Jasper se rassit sur le fauteuil et grommela :
- C’est ce qu’ils disent tous.
- Pardon ?
- Les gens autour de moi, ils font comme je veux.
- Et ce n’est pas bien ?
- C’est énervant. Si je te demande de sauter par la fenêtre, le feras-tu pour me faire plaisir et ne pas me froisser ?
- Tu veux que je saute par la fenêtre ?
- Pourquoi ? Tu es prêt à le faire ?
- Je suis désolé maje… Jasper, je ne peux répondre à une telle demande.
Jasper plia ses jambes et posa ses souliers crottés sur le fauteuil, se fichant manifestement de le salir.
- Et bien pourtant, je te l’ordonne.
- Je ne peux pas.
- Refuseras-tu de répondre à un ordre de ton prince ?
- Tu as dit que j’étais de ton rang, tu ne peux pas me donner d’ordre.
J’eus peur d’être allé trop loin en rétorquant quelque chose d’aussi osé, mais le sourire de Jasper revint sur son visage et il applaudit avec ses mains :
- Tu vois, tu peux décider par toi-même. Dans ce cas, je veux que tu fasses comme tu veux toi, tu n’es pas obligé de m’obéir en croyant me faire plaisir. C’est ce que tu as fait n’est-ce pas ? En acceptant de me suivre.
J’acquiesçai, sincère.
- Et qu’est-ce que ça t’apporte ?
- Et bien, je pensais que c’est ce que tu voulais.
- Ce que je veux c’est trouver quelqu’un qui pense par soi-même.
Je n’en revenais pas. Le prince me demandait-il réellement de prendre des décisions même si elles étaient contraires à ses désirs ? Arriverais-je à gagner son amitié ainsi ? J’avais toujours été habitué par ma mère à obéir aux ordres, à faire ce qu’elle me demandait. Aujourd’hui, je devais faire ce que moi je voulais, et je me rendais compte que je ne savais pas exactement ce que je voulais.
Je dis quelque chose au hasard.
- Je vais rejoindre ma mère dans ce cas.
Je me levai du fauteuil et Jasper en fit de même pour m’attraper le bras :
- Non ! Reste avec moi ! S’il te plaît !
Je compris que même s’il voulait quelqu’un qui pense et agisse par lui-même, il avait été habitué à ce qu’on accède à tous ses désirs. J’hésitai. Je pouvais faire comme il voulait, rester, c’était le plus facile. Pourtant je pris le risque de le repousser :
- Non, je vais la rejoindre.
Je pensai que Jasper allait s’énerver, me montrer enfin le prince que j’attendais qu’il soit, je fus encore désappointé en le voyant sourire de toutes ses dents :
- Tu as compris, dit-il.
Je hochai la tête et commençai à sortir de la chambre. Seul. Puis je revins sur mes pas.
- Jasper…
- Oui ?
- Je ne connais pas le chemin, tu veux bien me le montrer ?
Jasper fronça les sourcils et d’une voix froide me dit :
- Tu me donnes des ordres ?
Je sentis un courant d’air glacé me remonter dans la colonne vertébrale. Tout cela n’était donc qu’un test ? Et il semblait que j’avais parfaitement échoué, tombant dans le panneau comme le premier des idiots. Pourquoi n’avais-je pas agis comme on me l’avais appris depuis toujours ? Avec servitude. Je restai planté là dans la pièce, incapable de répondre quoi que ce soit, persuadé que j’allais être puni, quand Jasper éclata à nouveau de rire.
- Tu verrais ta tête ! On dirait que je vais te condamner à mort.
- Tu es en train de te moquer de moi ?
- Oui, sourit-il, complètement.
Je serrai les poings, sentant la colère poindre en moi. Jasper n’était pas comme je m’y attendais, il me donnait du fil à retordre et maintenant il osait rire de moi ? S’il avait été quelqu’un d’autre, n’importe qui, je l’aurais frappé. Mais il était le prince et je devais m’en faire un ami, pas un ennemi. Je desserrai doucement les poings avant de redemander :
- Tu veux bien me montrer le chemin ?
- Bien sûr, répondit Jasper.

Cette fois-ci nous fîmes le trajet en marchant. J’observai plus attentivement les lieux autour de moi. C’est ici que j’allais passer les futures années de ma vie, c’est ici que je charmerais Jasper afin qu’il fasse de moi son héritier, avant de le trahir et de l’assassiner. Ce château était mon nouveau chez moi et un jour il m’appartiendrait, je me le jurai.
Ma mère buvait un thé l’air sombre. Quand elle vit le prince, elle sourit, mais moi qui était son fils je savais que ce n’était que des apparences.
- Majesté, avez-vous finis de montrer le domaine à mon fils ?
- Tout à fait, dit-il.
Je m’assis à côté de ma mère, Jasper en face de nous. Aussitôt un essaim de serviteurs firent en sorte d’accéder au moindre de ses désirs. On lui servit son thé, on lui proposa des gâteaux, on remit sa chaise en place. Je me servis mon thé par moi-même.
La pièce dans laquelle nous nous trouvions était plus grande que la chambre de Jasper, pourtant nous étions installés sur de longues banquettes, en face de tables basses en verre. Un feu brûlait dans une cheminée immense. De grandes fenêtres laissaient passer la lumière du jour qui diminuait petit à petit, nous étions en fin d’après-midi.
Je me sentais harassé, je n’en montrai pourtant rien, et me tint droit pour boire mon thé. Jasper ne se gêna pas pour s’avachir, il n’avait rien d’un prince et tout d’un manant. J’étais heureux de savoir que j’allais prendre sa place un jour.
- Comme papa est en déplacement, dit-il, c’est moi qui vais m’occuper de toi, Monty.
Je hochai la tête.
- Tu verras les mêmes précepteurs que moi, ainsi que mon maître d’armes. Tu t’es déjà battu à l’épée ?
- Oui.
- Tant mieux. Octavia est hyper exigeante. Le reste du temps, tu seras libre de faire ce que tu veux.
- Bien.
Hannah se racla la gorge et Jasper daigna enfin faire attention à elle :
- Mon père ne m’a rien dit à ton propos, dit-il, je pense donc que tu vas devoir te trouver une activité.
Ma mère devint rouge et avala son thé de travers. Jasper osait la tutoyer en plus de son impolitesse à son égard. Quand il rajouta :
- Je suis sûre que tu t’entendras bien avec Becca, vous pourriez discuter ensemble, apprendre à vous connaître.
Je fus persuadé que ma mère allait poignarder le prince elle-même.
- Becca est-elle une servante ? Demandai-je.
- C’est ma gouvernante, répondit Jasper.
C’était aussi méprisant.
- Je pense que ma mère aimerait plutôt la conversation d’une personne de haut rang.
- Et bien à part mon père qui est absent et moi, il n’y a personne de haut rang ici, il faudra donc qu’elle se contente des petites gens.
La fureur de Hannah fut telle que la tasse qu’elle tenait dans ses mains s’ébrécha sous ses doigts, et elle se coupa. Jasper fit venir quelqu’un pour la soigner puis se leva :
- Monty, veux-tu voir les écuries ?
Avais-je envie de les voir ? Je secouai la tête :
- Je préférerais rejoindre ma chambre.
Jasper eut l’air déçu mais haussa les épaules :
- D’accord, je vais te montrer. De toute façon nous avons le temps.
Il me fit signe de le suivre et je tournai les yeux vers ma mère :
- Je pense que ma mère aimerait aussi rejoindre ses appartements, n’est-ce pas mère ?
- Tout à fait, répondit-elle.
- Bien, fit Jasper. Aatom, emmenez-là.
Le prince laissa donc ma mère aux mains d’un serviteur qui hocha la tête, obéissant, et je le suivis avec un dernier regard pour Hannah dont les yeux dégoulinaient de haine à l’adresse de Jasper.
- Tu devrais te montrer plus respectueux envers ma mère, osais-je dire au prince alors que nous reprenions des escaliers et que j’essayais de retenir le chemin.
- Je ne me suis pas montré respectueux ? Demanda Jasper avec un étonnement sincère.
- Pas vraiment. Tu lui as à peine adresser la parole, tu l’as tutoyé et tu lui as conseillé de parler à des serviteurs.
- Je ne vois pas où est le mal dans tout ça. Si je lui ai peu adressé la parole c’est qu’elle est une adulte et que je ne sais pas leur faire la conversation, toi tu as mon âge c’est plus facile. Je l’ai tutoyé car nous sommes presque du même rang. Et en quoi est-ce dérangeant de parler à des serviteurs ? Je leur parle tous les jours, je n’en suis pas mort.
Je ne sus quoi répondre. Encore une fois Jasper me coupait l’herbe sous le pied. N’aurait-il dût pas mépriser les petites gens ? N’aurait-il dût pas se sentir supérieur à tous ? S’il avait méprisé ma mère par sentiment de supériorité, j’aurais pu comprendre, mais voilà qu’il n’avait même pas eu conscience de s’être montré irrespectueux. Je secouai la tête :
- Avouez que vous avez caché le vrai prince quelque part et que vous prenez sa place pour un temps.
Jasper prit ma remarque pour une plaisanterie et à nouveau son rire résonna entre les murs du château. De toute ma vie, je n’avais jamais entendu rire autant.
- Je suis le vrai prince, assura-t-il. Désolé de te décevoir.
- Ce n’est pas possible.
- Pourquoi ? Comment m’imaginais-tu ?
- Pas comme ça.
- Et bien, je ne t’imaginais pas comme ça non plus, sourit le prince.
- Comment alors ?
- Je te prenais pour un enfant.
- Je suis un enfant.
Jasper se tourna vers moi pour me faire un clin d’œil et reprit sa route, me laissant dans l’incompréhension.
- Je suis un enfant, insistai-je, j’ai dix ans, comme toi.
- C’est vrai, répondit Jasper, mais tu n’en as pas l’air.
- Comment ça ?
- Tu portes une tenue de vieux.
J’avais mis mon plus beau costume cravate et j’étais propre sur moi.
- Être un enfant ne signifie pas être pleins de boues, rétorquai-je malgré moi.
Je me mordis la langue, regrettant d’avoir parlé si vite.
- Tu es trop sérieux, ajouta Jasper.
Je décidai de garder ma bouche fermée. J’étais tellement concentré sur la conversation qu’arrivé devant la porte de ma chambre, j’ignorais toujours le trajet. Jasper ouvrit la porte et j’entrai. Ma chambre était assez similaire à la sienne, il y manquait simplement les jouets, et mes bagages n’étaient pas défaits. Un feu brûlait dans la cheminée et il faisait bon.
- Voilà donc ta chambre, dit-il.
- Merci.
Jasper ouvrit une porte attenante :
- Et voilà ta salle de bains.
Je hochai la tête.
- Bien, je te laisse faire… Ce que tu as à faire. L’enfant pleins de boue va aller se changer.
Je ne goûtai pas à la plaisanterie et restai silencieux.
- Si tu as besoin de moi, je suis à côté, ajouta le prince. Je viendrai te chercher pour le dîner.
- À côté ?
- Ma chambre. C’est celle à côté de la tienne.
- Réellement ?
- Oui.
Je dû avoir l’air surpris car Jasper m’expliqua :
- C’est moi qui l’ai demandé à papa, pour que tu sois à côté de moi, et il a dit oui.
- Où va dormir ma mère ?
- Dans une autre aile du château.
J’aurais préféré être près d’elle, mais être à côté du prince était une occasion que je ne pouvais manquer. Il serait pour moi plus facile de pénétrer dans ses appartements au besoin.
- Je te laisse, dit Jasper.
Et il me laissa enfin seul.
Cette rencontre n’avait pas été de tout repos, je me sentais réellement épuisé, plus par Jasper que par le trajet. Je n’avais tellement pas su comment me comporter avec lui que j’étais resté sur mes gardes tout du long, et cela m’avait fatigué. Je sentais que les prochains jours ne seraient pas de tout repos, mais cela ne changeait rien à notre plan.
Qu’importe que Jasper soit différent de ce que à quoi je m’attendais, il mourrait de ma main au final. Je brulais de pouvoir enfin venger mon père, assassiné injustement, mais j’allais devoir prendre mon mal en patience, et commencer par charmer ce prince stupide.
N’ayant pas le courage de déballer mes affaires, je me laissai tomber dans un fauteuil et fermai les yeux. Décidant de somnoler jusqu’au dîner.
Ma vie venait de prendre un tournant, j’avais besoin de reprendre des forces.

À suivre.
CacheCoeur
CacheCoeur
Saving people, hunting things, the family business
Messages : 14
Date d'inscription : 28/10/2017

[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1) Empty
MessageSujet: Re: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1) Icon_minitimeMar 30 Jan - 9:20

Bon j'ai ouvert deux fenêtres, juste pour lire et reviewer en même temps, sinon je vais zapper des trucs ^^"
1- Les deux premiers paragraphes situent parfaitement le cadre. On a toutes ces redondances, ces anaphores, presque et l'omniprésence des champs lexicaux du mépris/fierté, de la vengeance... Ca colle parfaitement avec l'enfance de Monty, qu'on a martelé depuis toujours, formaté pour qu'il devienne une arme secrète au profit de sa douce et tendre maman. D'ailleurs, c'est drôle, il ne l'appelle pas maman. Certes, il a dû avoir l'éducation d'un jeune prince, et d'un noble tout au plus, mais, c'est étrange... Il insiste pas mal sur ce point quand elle l'appelle "fils".
2- Monty est perspicace/observateur. Il analyse tout de suite la situation et ce qu'il va bien pouvoir en tirer, du comportement de Jasper. D'ailleurs, il est tellement chou ce prince !
3- Jasper est intelligent, malin et franc. J'aime, j'adore, j'adhère. Il a des réflexions trés mûres pour son âge. Tout ce petit laïus, sur les gens qui obéissent à ses ordres... Je crois que Monty vient de gagner des points. Franc : il parle clairement et directement de leur histoire commune, de ces histoires de grands qui ne les regarde pas vraiment, dans le sens ou ils n'en sont pas les principaux acteurs, mais les premières victimes... J'ai hâte de voir le développement de ce point en particulier, concernant les réflexions de Jasper. Bon, ce petit paraît plus "immature" que Monty, mais je mets ça sur le compte de l'éducation...
4- T'aimes vraiment bien la métaphore du serpent et du charme toi ! On la retrouve à plusieurs endroits x) J'aime bien, surtout qu'étant donné les circonstances, ce n'est pas Jasper, le serpent : c'est lui ! Il est espiègle ce petit Jasper... Tellement chou !
5 - JASPER VS HANNAH = WIN TOTALE DE JASPER ! Il a tellement mon respect ce petit ! Parler aux petites gens... Et oui, sale grogniasse d'Hannah, ça te fera pas de mal !
6 - Final : on a deux sentiments/pensées, qui se bousculent dans l'esprit de ce petit Mony : La surprise (parce que Jasper n'est pas à l'image des descriptions de sa mère, ou de son imaginaire) et toujours cet esprit de revanche. Sauf que mon petit Monty, Jasper, il n'y est pour rien dans cette histoire ! Vous êtes pareils ! Sa mère a trés travaillé manifestement ! J'aimerais bien avoir le point de vue de Jasper concernant le renversement du pouvoir... Pour l'instant, ce fait n'a été abordé que sous l'angle de Monty/Hannah... J'imagine que c'est plus compliqué que ça en a l'air...
BREF !!! Une fin de chapitre qui résume bien l'ensemble !
GO LIRE LA SUITE Smile
[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 1)
Revenir en haut
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» [Les 100 - UA] Spleen (chapitre 11)
» Words - chapitre 1
» Il est resté là bas [Chapitre 2]
» [Les 100 - UA] Spleen (chapitre 12)
» [Les 100 - UA] Les apparences (chapitre 3)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: The 100 / Le prince et l'assassin-
Sauter vers: