Fandom: Original
Prompt: Je dérive doucement.
Note: ... je sais pas ^^"
Libres
Des billets de banque répandus dans notre salon miteux, t'es au milieu de ce chantier, magnifique, avec ton short en jean, troué de partout, ton haut large et tes santiags. Tes cheveux roux accrochent la lumière mais pas autant que ton sourire. Je me penche sur toi et je t'embrasse longuement, ma langue taquine la tienne, je mordille ta lèvre et aussi brusquement que ça, je me sauve. Tu râles bruyamment et me saute sur le dos, j'éclate de rire en soutenant tes jambes.
Je te jette sur le lit et je m'assoie, les jambes croisés sous moi, très sagement, avec un sourire en coin. Tu imites ma position et on se regarde, je te fais une grimace, tu me tires la langue, mes mains s'aventurent sur tes genoux, remontent, remontent... Et avec mon index, je trace un trou dans le tissus, j'effleure ta peau du bout des doigts et frôle ton nez du mien.
Je relève la tête et te vole un baiser, puis un deuxième, tu te venges en mordant mes lèvres au troisième baisers volé et je grogne.
- Méchante...
- C'est pour ça que tu m'aimes, souris-tu.
Tu te laisses tomber en arrière sur le lit et je remonte le long de ton corps, je m'agenouille devant sa beauté et ses courbes harmonieuses, j'enlève tes santiags et dépose un baiser sur ta cheville, mordille ton genoux, effleure des lèvres le creux qui se forme entre ton aine et le pointu de ta hanche et redresse la tête pour voir ta réaction. Tes yeux verts sont voilés de désir, je me mords les lèvres et passes les doigts sous l’élastique de ton short, le fait glisser sur tes jambes fines tandis que tu retires ton haut avec précipitation.
- Pressée ?
- Si je te laisse faire, on y est encore demain, ris-tu.
Tu prends mon visage en coupe entre tes mains et m'attire à toi, défait la boucle de ma ceinture, glisse tes mains menues dans mon dos, les laissent voyager entre mes omoplates. Tes jambes s'accrochent à ma taille tandis qu'on fait l'amour, je te serre fort contre moi, je respire ton odeur à plein poumons, je m'intoxique.
T'es mon cannabis, ma cocaïne, mon champignon hallucinogène, mon amphétamine, mon héroïne, ma pilule de LSD, mon GHB, ma Kétamine, ma dose de morphine, la nicotine que je ne fume pas, tu es toutes les drogues qui ne circulent pas dans mes veines.
Ta main s’enfouit dans mes cheveux humides, tes doigts entortillent encore plus les boucles sur mon crâne, je reste entremêlé à toi, toujours là, toujours accro.
- Dis-moi qu'on sera toujours libre, souffle-tu. Qu'on se fera jamais prendre.
- T'es pas libre, souris-je, taquin. T'es à moi.
- Dis-le moi, insiste-tu.
- T'es à moi, personne d'autre ne t'aura, tout comme personne d'autre ne m'aura, moi, rétorqué-je, pour t'embêter.
- T'es trop chiant, ris-tu. Je t'aime.
- Hmmm... Pas moi, je te garde juste pour le sexe.
Tu me donnes une pichenette à l'arrière de la tête, je renifle avec amusement. Dehors, ça s'agite, je fronce les sourcils. Je t'embrasse l'épaule, me lève et enfile mon jean pour aller voir ce qui se passe par la fenêtre. L'effroi me serre le coeur.
- Merde ! Sifflé-je.
Je te jette ton short et tu l'enfiles sans poser de questions.
- Les flics, dépêche !
Je jette les billets dans un sac, et je coince mon révolver à ma ceinture. Quand tu passes devant moi, je te passe ton haut en vitesse et sac en main, on se dirige vers la porte d'entrée. La poignée tourne, on se fige et on retient notre souffle. Le battant a une secousse mais tient en place, le verrou est tiré. Je relâche mon souffle:
- La porte arrière, prononcé-je silencieusement.
Tu hoches la tête et on marche sur la pointe des pieds pour se faire la malle.
- LA MAISON EST CERNÉE, ON SAIT QUE VOUS ÊTES LA, SORTEZ LENTEMENT AVEC LES MAINS EN L'AIR ET ON NE VOUS FERA AUCUN MAL !
- Merde, merde, merde, merde...
- Putain, Ted, paniques-tu.
On ne sort pas, je tourne en rond en essayant de chercher une issue, tu regardes discrètement pas la fenêtre. La porte s'ouvre soudainement et claque contre le mur et en deux minutes à peine on est encerclé, ton corps se plaque contre le mien, les flics crient, hurlent, postillonnent des ordres, mon attention dérive, tout se mélange.
- On vous arrête !
Puis ta main glisse à ma ceinture, tes doigts menues sur le révolver et tout se déroule trop vite, comme dans un mauvais film. Les déflagrations retentissent, les pétarades flashent, les balles entrent en collision ou s'enfoncent comme du beurre, la douleur, l'effondrement.
Et le ralenti, la rencontre avec le sol où tu m'attends déjà, du sang au coin des lèvres, les sourcils froncés par la peine.
La douleur reflue, tout ce rouge, je dérive, je dérive...
Je ne suffoque pas mais j'ai peur, tes cheveux s’imprègnent de rouge, rouge, rouge... Ton expression se défroisse, tes yeux perdus s'ancrent aux miens, je cherche obstinément ta main, ne la trouve pas, cherche encore, déterminé à ne pas te laisser t'envoler. Je la trouve, entremêle nos doigts. Tes lèvres s'agitent sans produire de son, ou peut-être suis-je devenu sourd, tout est tellement loin, engourdi, de plus en plus sombre... Je lis sur tes lèvres.
- Tout va bien, tout va bien... on est libre...
J'essaye de te répondre, je n'y arrive pas, tu vois, je suis un fatigué d'un coup, épuisé...
Mais c'est bon, c'est pas grave, amour...
Tu me raconteras demain matin.
Fin