Fandom: Originale
Prompt: Renoncer n'a jamais été une option
Deuil
Hiroshima ne s'était pas intégré tout de suite à la famille de Ashley. C'était... étrange.
Quand chez Hiroshima, la maison était calme et sentait le thé à la camomille, chez Ash, la maison était bruyante, pleine de vie et sentait l'animation. Parfois, il se disait que s'il était si bizarre et remuant, c'était pour compenser le manque de mouvement de ses grands-parents. Il n'avait jamais vraiment eut une dynamique de famille, ses grands-parents étaient affectueux avec lui mais ils n'avaient pas réussis à remplacer la relation spéciale d'un père ou d'une mère à son fils.
Les parents de Ash étaient gentils et l'avaient accueillis à bras ouverts, la petite Kayla l'avait regardé de travers un moment avant de décrété qu'il était assez bien pour pouvoir jouer avec elle et ses barbies quand elle en aurait envie. Et puis il y avait Ash, qui le réconfortait lorsqu'il en avait besoin, qui restait silencieux quand il n'avait pas envie de parler, qui l'emmenait à l'hôpital à la fin des cours pour qu'il puisse voir sa grand-mère...
Josie n'était pas cohérente tout le temps, elle se perdait dans ce qu'elle expliquait, puis elle se souvenait de tout ce qui s'était passé et elle se mettait à pleurer à gros sanglots, laissant à son petit-fils la dure tache de la consoler. Elle était inconsolable. Des gens vinrent le voir pour organiser les funérailles de son grand-père, sa grand-mère ne fut pas d'une grande aide, il dût se débrouiller tout seul pour la plus part des papiers. Chaque signature le ramenait à cette nuit où il était rentré pour voir une ambulance devant chez lui.
Dire qu'il était en mauvais état n'était pas une réalité, c'était un euphémisme.
L'enterrement fut plutôt sommaire, peu de monde se déplaça, Marc n'avait pas beaucoup d'ami, Josie était en trop mauvais état pour assister à la mise en terre du cercueil de son mari... Les voisins s'était donné la peine de venir, Hiroshima sentait des fourmis ramper sous sa peau à chaque phrases qui sortaient de leurs bouches.
— Toutes nos condoléances...
— Il va nous manquer...
— Je suis tellement désolé, s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, n'hésitez pas.
— Votre grand-père était un homme admirable.
C'était faux. Marc n'avait pas été 'admirable'. C'était un homme qui passait le plus clair de son temps à lire le journal, à râler sur les guerres dans le monde, qui aimait faire une sieste l'après-midi, qui appréciait jouer aux échecs le week-end et qui ne manquait jamais son thé de 16h. En somme, il était un grand-père tout à fait normal, pas au dessus de la moyenne ni en dessous. Mais Hiroshima l'aimait, c'était celui qui lui avait appris à faire du vélo, qui lui avait appris à souder même s'il s'en fichait un peu à l'époque, qui lui lisait une histoire le soir quand il était petit... Une main se posa sur son épaule, il se retourna pour voir que Ashley était à coté de lui, regardant la pierre tombale pensivement. Hiroshima soupira et enleva ses lunettes pour se frotter le visage. Il sautilla nerveusement sur ses talons.
— Tu crois qu'il y a quelque chose après la mort ? Demanda Ash.
Hiroshima secoua la tête tout en réfléchissant, tordant le pan de sa veste entre ses doigts, incapable de rester en place.
— Je... J'en sais rien.
— Je pense que oui... Qu'ils nous voient toujours.
Ash tapota son épaule et releva la tête vers le ciel. Hiroshima prit une inspiration et tenta de rationnaliser ce qui était arrivé. Son grand-père était parti à quatre-vingts douze ans, il avait eut une longue vie, tout le monde partait, la mort faisait partie de la vie... Il cligna fort des yeux pour retenir ses larmes. Ash soupira et glissa sa main dans ses cheveux pour les ébouriffer.
— Tu veux rester encore un peu ?
— Non. On peut rentrer, dit-il, hochant la tête.
Hiroshima observa une dernière fois la tombe de son grand-père et s'en détourna. C'était dur, cette journée avait été horrible. Il remonta son écharpe sur son visage et remit ses lunettes pour voir où il mettait les pieds. Il reprirent la route, Ash mit la radio, la voix d'un animateur prit le relai sur une musique, il l'écouta s'enthousiasmer pour des bêtises. Hiroshima n'était pas d'humeur. Ils rentrèrent, les parents de Ash étaient au travail et Kayla devait rentrer d'un moment à l'autre. Hiroshima entreprit de faire ses devoirs, le lycée n'attendait personne, il avait des dissertations à finir et des exercices en retard. Il s'installa sur le lit avec ses cahiers tandis que Ash s'étalait sur son fauteuil pour jouer aux jeux vidéos.
La porte claqua et un bruit de cavalcade se fit entendre. Peu de temps après, une petite fusée de sept ans débarqua et sauta sur Ash. Ce dernier la rattrapa comme il put, lâchant instantanément sa manette.
— Alors, c'était comment l'école ?
— C'était chiaaaant, se plaignit Kayla.
— Eh, fais gaffe comment tu parles, on va encore se faire engueuler par maman.
— Shimaaaa ? Tu viens jouer aux barbies avec moi ?
Ash se crispa et lui lança un sourire désolé, repoussant les longs cheveux bruns de sa sœur en arrière. La petite regarda Hiroshima avec espoir, joignant les mains sous son menton. Comment résister à une bouille pareille ? Il soupira.
— Après, j'ai des devoirs à faire.
— Moi aussi ! Rétorqua Kayla. J'vais les faire comme toi, comme ça on peut jouer plus vite !
La petite fut plutôt fière de son raisonnement, elle redescendit à toute vitesse pour aller chercher son cartable et revint tout aussi vite, bondissant sur le lit à ses cotés. Ash leva les yeux au ciel, il retourna à son jeu vidéo. Kayla sortit ses affaires à cotés de lui et l'imita, prenant un air sérieux. Hiroshima ne put s'empêcher de sourire, amusé par son comportement. Il se remit au travail.
— Ehh ? Pourquoi t'as des lunettes ? Demanda Kayla.
— Pour mieux voir. Tu veux les essayer ?
— Ouiii !
Hiroshima enleva ses lunettes et les tendit à la petite. Kayla les mit et plissa les yeux.
— Mais on voit pas mieux avec ! C'est pire ! S'exclama t-elle.
— Parce que t'as pas les mêmes yeux que moi.
Kayla les lui rendit avec une moue perplexe qui fit rire Ash. Le cœur d'Hiroshima manqua un battement, comme à chaque fois que son ami éclatait de rire.
oOo
Ash voyait toujours Chany, Hiroshima essayait de leur donner le plus d'intimité possible, il n'aimait pas tenir la chandelle. Mais laisser de l'espace à son ami rimait souvent avec Bill. Les commentaires et les insultes n'avaient jamais cessé, même après que Ash l'ait averti de se tenir loin de Hiroshima. Ça avait commencé par des murmures quand il le croisait, des:
— Mongole.
— Retournes d'où tu viens, pecnot.
Puis les murmures s'étaient renforcés et les insultes aussi:
— Sale pédé.
— Tu vois pas que tout le monde te déteste ?
— Tu devrais sentir que tu gênes.
Ash était tellement dans les nuages et distrait qu'il ne captait rien la plupart du temps. Et tant mieux. Hiroshima était sur les nerfs, mais il préférait ne rien dire, Bill finirait par se fatiguer et arrêterait de lui même. C'était son plan: ne rien dire, le laisser s'épuiser. C'était avant que Bill ne dépasse la ligne.
Cela faisait deux jours à peine que l'enterrement avait eut lieu, le cœur d'Hiroshima pulsait toujours douloureusement, c'était une blessure qui aurait du mal à se refermer. Ash était à l'autre bout du couloir avec Chany, ils s'embrassaient et se souriait. Le club de photographie avait demandé à Hiroshima de mettre des photos sur le panneau d'affichage, ils espéraient recruter du monde pour le mois de janvier. Il était entrain de les épingler quand Bill débarqua, fit claquer sa main sur le mur à coté de sa tête pour l'effrayer.
— Toujours là ? J'ai appris que ton grand-père était mort, tu trouves pas que ce serait une excellente idée d'aller le rejoin...
Son sang ne fit qu'un tour. Il n'eut pas le temps de réfléchir, il se retourna et avant qu'il ait compris ce qu'il faisait, son poing percutait la mâchoire de Bill. Des cris étonnés retentirent autour d'eux, les gens laissèrent la place nette de peur de recevoir un coup perdus. La rage se referma sur son cœur comme un poing glacé, il aurait pu s'arrêter là, laisser Bill réfléchir et aller se cacher dans un coin mais il était tellement en colère, tellement hors de lui qu'il le poussa et le plaqua contre le mur. Les mots étaient trop lourds sur sa langue et dans son esprit, aucun ne voulut sortir.
— Shima ! Shima...
Un bras passa un travers de son torse et l'éloigna de Bill. Il ne résista pas et se laissa emporter. Chany était glacée au bout du couloir, elle observait la scène avec une main sur la bouche, effrayée et surprise. La plupart des gens l'était, personne ne s'était attendu à ce qu'Hiroshima pète les plombs de cette manière. Un professeur les avait vu se battre et vint les chercher tout les deux pour les amener chez le directeur. Ash serra les dents, il fusilla Bill du regard tandis qu'ils partaient, de chaque coté du prof.
Le directeur était un homme corpulent, hautain et très certainement abruti. Bill ne broncha pas de toute l'heure, un bleu se formait sur sa joue. Hiroshima plia et déplia ses doigts pour faire s'en aller la douleur dans ses articulations. L'homme écouta à peine ce qu'ils avaient à dire, leurs colla deux heures de retenue chacun et les renvoya en classe après un sermon sur les bagarres et la nécessité de rester en bons termes les uns avec les autres.
Ils rentrèrent sans se parler, Bill ne lui adressa pas la parole, ne le menaça pas sur le chemin les menant en classe. Ils montrèrent leurs mots d'excuse au professeur et allèrent s'asseoir à leurs places. Ash lui lança un regard interrogateur, Hiroshima haussa nerveusement une épaule, sa jambe battant la mesure sous la table. Donner un coup à Bill n'avait pas été aussi satisfaisant qu'il l'avait imaginé. Il ne se sentait pas mieux, ni soulagé... Rien n'avait changé, à par cette petite pointe de douleur dans ses articulations. Il était sûr que son grand-père aurait été déçu de lui, Marc détestait la violence.
A la pause déjeuné, Ashley le rejoignit et se mordit les lèvres en étendant ses jambes devant lui, calme.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda t-il.
— Rien.
— Shima, soupira Ash.
— C'est entre Bill et moi, Ash. Tout va bien.
Ash pinça les lèvres, il posa ses mains derrière sa tête, ses yeux voyageant de Bill à Hiroshima, sourcils froncés.
— La violence n'a jamais été une solution, dit-il doucement.
— Renoncer et se laisser faire non plus.
Hiroshima remonta ses lunettes sur son nez avec anxiété, il se passa une main dans les cheveux, l'adrénaline voyageait toujours dans son corps, il se sentait fébrile et un peu malade, à coté de ses pompes. Il était bizarre, bizarre... Ash soupira finalement, un petit sourire apparaissant sur ses lèvres.
— C'était quand même impressionnant. Je veux dire... Il fait quand même deux bonnes têtes de plus que toi, c'était comme regarder un chaton se jeter dans la gueule d'un pitbull !
— C'est qui le chaton !? S'indigna t-il.
— Enfin, le point positif, c'est que Bill était tellement sur le cul qu'il n'a pas riposté, termina Ash sans répondre.
Hiroshima secoua la tête et leva les yeux au ciel. Ash en profita pour se pencher, ébouriffer ses cheveux et lui donner un petit coup de poing gentil dans l'épaule.
— Fais pas la tronche... T'es le chaton le plus warrior que j'ai jamais vu, plaisanta t-il.
Hiroshima n'était certainement pas aussi musclé que Ash et Bill, il était petit, assez maigre mais il ne voyait pas d'où venait cette comparaison avec un chat. Il était certain de n'avoir rien en commun avec cet animal. Les lèvres de Ashley s'étirèrent plus fort vers le haut, il renifla avec amusement.
— Tu penses toujours trop, tu me fais rire.
Hiroshima lui rendit son sourire, un frisson remonta le long de son dos. Les yeux d'Ashley étaient rivés aux siens, son cœur battit sourdement contre sa cage thoracique, il passa la langue sur ses lèvres sèches. Un espoir désespéré s'accrochait encore au fond de lui, un espoir fou qu'Ash le remarquerait.
— Ash !
Son ami se tourna sur sa chaise, son sourire s'agrandit et ses yeux se mirent à briller. Hiroshima suivit la voix et tomba sur Chany, elle était adossée au battant de la porte et souriait. L'espoir glissa et s'écrasa, se perdant dans un gouffre pour toujours. Ash se leva, lui adressa un sourire d'excuse et se faufila entre les tables pour rejoindre sa petite-amie, la serrant contre lui et l'embrassant sur la bouche. Hiroshima se força à regarder.
Pour voir qu'il n'avait aucune chance, pour empêcher l'espoir d'escalader la pente dangereuse et savonneuse et de s'accrocher encore...
A suivre...
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Sujet: Original - pas de spoil - Deuil 4 
Dim 26 Oct - 13:55
J'adore faire Kayla, je m'éclate bien avec elle !