Fandom : Original
Prompt : Que cache ton sourire?
Note : Et bien bonne lecture
***
Tu souris.
Un sourire mensonger, un sourire faux. Tes lèvres s’étirent vers le haut, figées dans cette position. Et je te regarde sourire, et je me demande « qu’est ce que tu caches ? », « qu’est ce qui te fait sourire comme ça ? ». A quelle blague peux-tu penser à cet instant précis ?
Ce n’est pas comme si je ne t’avais jamais vu sourire, mais aujourd’hui ça sonne tellement faux que j’ai envie de te frapper pour te l’enlever. De pincer tes joues jusqu’à ce que tes lèvres descendent vers le bas dans une moue triste et déçue.
Je sais que tu mens, je le sais quand je regarde le reste de ton visage, quand je fixe tes yeux, et quand je regarde autour de toi, les gens entrain de pleurer. Tu ne peux pas sourire alors que tout le monde est si triste, tu n’as tout simplement pas le droit.
Tu essaies simplement d’être fort, moi aussi j’essaie d’être fort, il n’y a pas de honte à cela.
A moins que tu ne sois entrain de te moquer de nous, tu penses « quel bande d’idiots, pourquoi est ce qu’ils sont tous aussi triste ? Ils devraient plutôt fêter la vie, sauter, galoper, ils devraient en profiter tant qu’il est encore temps. »
Comment est ce que je pourrais deviner ce qu’il se cache dans ta caboche tandis que tu fermes les yeux ? Tu souris et tu es bien le seul. Donne moi ton secret, dis moi comment tu fais ? Je ne suis pas sûr de pouvoir sourire à nouveau un jour, même pas en faisant semblant, même pas pour de faux. Quelle force mystérieuse étire tes lèvres en direction de ton front ?
J’aimerais que tu me le dises. J’aimerais que tu me regardes et m’expliques.
Tu commencerais ta phrase comme un grand sage : « mon fils, apprends… », et tu me donnerais la réponse que j’attends. Alors je comprendrais mieux. Je comprendrais tout. J’étirerais peut-être mes lèvres jusqu’au ciel, dans un sourire qui en serait vraiment un.
Pas une mimique comme le tienne, pas comme ce mensonge étalé sur ton visage.
Allez répond moi. Répond moi.
Maman vient de me dire qu’il est temps. Je dois te laisser. Toi et ton faux sourire. Je dois te laisser maintenant. Je dois te laisser pour toujours.
C’est le moment de te relever et de m’avouer que tout ceci n’est qu’une affreuse blague, que ton sourire montre bien qu’il y a une caméra caché quelque part, que ta crise cardiaque n’était qu’une simulation pour me faire un peu peur, pour nous rendre un peu triste. C’est bon, ça a marché. Alors ouvre les yeux et sourit pour de vrai.
Les pompes funèbres referment le cercueil. Ils emportent avec eux ton sourire abominable et ton corps qui ne bougera plus jamais, ils emmènent ton secret.
Et je me retrouve seul. Sans toi. Papa.
Fin.