Merlin - pas de spoil - Réincarné 4

Fandom: Merlin
Prompt: J'porte plainte pour coups et blessures !
Note: pas de spoil





Après avoir lu la lettre de Lancelot, Merlin s'était sentit désespéré mais n'avait pas relâché ses efforts, il avait beaucoup voyagé dans toute la Grande Bretagne dans l'espoir de retrouver tout le monde. Mais à part Lancelot et Guenièvre, ses efforts avaient été vains et il n'avait rencontré personne de son temps.

Parfois, il pensait à Gaius, il se demandait si le vieil homme qui avait été autrefois comme son père, vivait bien, si il était un joyeux grand père où si au contraire il était triste comme les pierres. Se souvenait-il de lui ?

Parfois, Merlin doutait même que la réincarnation les ait tous concernés. Arthur était-il un nouveau né ? Naissait-il en ce moment même ? Ou n'existait-il tout simplement pas ? Qu'en était-il de Lohot ? Était-il un adulte à présent ?

La réincarnation dont ils étaient objets commençait de plus en plus à apparaître à Merlin comme une malédiction. Il voulait juste retrouver ses anciens amis, mener à bien sa mission, protéger Arthur au péril de sa propre vie, comme avant. Il mourrait d'inquiétude parfois, en se demandant si le roi avait quelqu'un pour le protéger, pour déjouer les mauvais tours qu'on lui jouait, si il avait des amis loyaux.

Et parfois, Merlin jalousait. Il jalousait tout ceux qui pouvait être proche de Arthur, ou qu'il soit. Quelqu'un devait le connaître, quelqu'un devait être sa mère, son père et il les enviait pour être à son coté et pouvoir partager sa vie alors que lui était coincé ici.

A ses dix sept ans, Merlin avait cru devenir fou. Il entendait la voix du dragon, de Kilghara, qui lui répétait qu'il avait faillit à sa tâche, qu'il devait retrouver Arthur le plus vite possible, qu'il ne faisait pas assez d'effort. La "mère" de Merlin, Clara, l'avait entendu parler seul et avait commencé à lui causer des problèmes, disant que son fils était fou, qu'il entendait des voix. Et Merlin avait commencé à la croire.

Après tout, est-ce que toute cette histoire n'était pas folle ? Cette histoire tordue de réincarnation, de Merlin... Est-ce qu'il était fou ? Est-ce qu'il devait se soigner ? Ce Lance Dubois avait-il contribué à sa folie en marchant dans son sens et en lui faisant croire qu'il était Lancelot du Lac ?

Clara l'avait fait interné. Comme il n'avait que 17 ans, il s'était laissé convaincre et avait signé un tas de papier prouvant qu'il était d'accord, qu'il voulait qu'on le soigne. Lancelot n'avait pas cessé de lui écrire, lui disant de ne pas baisser les bras, de ne pas croire qu'il était fou, que tout ce qu'ils avaient vécu était vrai et qu'il s'était mit à chercher les autres de son coté. Chacune de ses lettres mentionnaient le fait qu'il n'avait trouvé personne mais qu'il persévérait pour le sortir de là.

Merlin vivait l'enfer.

On ne mentait à personne quand on disait que les maisons d'internements étaient horribles. C'était même un très joli euphémisme. Il ne savait pas pourquoi Clara le détestait tant, peut-être parce que depuis qu'il était tout petit il ne cessait de lui répéter qu'elle n'était pas sa mère, qu'il s'appelait Merlin et que sa mère s'appelait Hunith, mais toujours est-il qu'elle l'avait placé dans la pire maison d'internement qu'elle avait pu trouvé. Les repas étaient maigres et pour une personne aussi grande et aussi mince que Merlin, ça avait été un chemin de semé d'embuche. Peu à peu, il perdait du poids et perdait des forces.

Lui et ses congénères étaient enfermés la plupart du temps dans leurs chambres, un psychiatre passait une heure par semaine par acquis de conscience dans leur cellule et s'en repartait avec ses vêtements chics et la dernière montre à la mode au poignet pendant qu'eux crevaient de faim et se décharnaient peu à peu.

A force d'être affamé, certains patients en devenaient même violent. On disait alors que leurs maladies mentales empiraient et qu'ils subissaient une dégénérescence. Mais Merlin savait. La faim et l'inactivité les rendait fou. Et avant qu'il s'en rende compte, trois mois avaient passés, il ne parlait plus, sa magie s'était envolée et il passait ses journées allongés sur son lit blanc. Les barreaux aux fenêtres ne lui faisaient plus rien, alors qu'ils l'avaient révolté la première fois où on l'avait placé dans la chambre. Le verrou qu'on tirait ne le faisait plus sursauter. Le rare passage des "infirmières" l'indifférait. Il était devenu amorphe. Sans vie.

Les plateaux repas restaient intouchés sur la table de chevet miteuse qui se trouvait à coté de son lit et ça faisait longtemps qu'il ne répondait plus à aucune lettre, qu'elle soit de sa mère ou de Lancelot. Il n'avait plus de force, rester éveillé commençait à devenir difficile et pourtant la voix...  La voix refusait de se taire et continuait de lui donner des ordres, de lui dire quoi faire, de lui ordonner de bouger et de retrouver Arthur. Merlin y répondait en enfouissant sa tête dans l'oreiller ou en se retournant. Ça faisait longtemps que l'écho furieux de la voix de Kilghara ne l'atteignait plus. Il s'y était habitué, comme il s'était habitué au reste.

Le temps avait commencé à tourner à l'envers et il ne savait plus si il venait d'entrer ici, il lui semblait que Clara venait juste de lui tapoter l'épaule, le poussant légèrement vers le médecin qui tendait le bras pour lui montrer la direction de cette cellule qu'il avait rarement quitté. Ou bien Lancelot l'y avait poussé ? Était-ce Clara ou Lancelot qui lui avait donné la poussée dans le dos ? Tout les visages se superposaient, il était confus et ne comprenait plus rien. Arthur venait-il de laisser Uther l'enfermer pour sorcellerie ? Allait-il brûler sur le bûcher comme les autres de son genre ?

« Merlin... Merlin... »

Il lui semblait que la voix était la sienne. Sa voix à lui, mais qu'était-ce qu'un Merlin  ? Un objet ? Un animal ?  Un meuble ? Un ustensile de cuisine peut-être...

« Merlin... Merlin ! »

Il se dit soudain que ce n'était pas sa voix, il ne s'était pas servit de sa voix depuis un bon bout de temps et qu'il s'en rendrait compte si il parlait. Si ce n'était pas sa voix, c'était forcément celle de quelqu'un d'autre... non ? Il ouvrit faiblement les yeux mais ce fut la seule chose qu'il fut capable de faire. Déjà un mal de tête commençait à se former à l'arrière de son crâne. Tout son corps était douloureux mais le fait de fermer les yeux et de ne pas exister facilitait grandement à oublier toute cette souffrance. Il faillit refermer les yeux quand deux mains saisirent fermement ses épaules et le secouèrent avec une brutalité qui aurait pu susciter sa violence si il n'était pas si faible et si fatigué.

« Merlin... »

Ses yeux voyagèrent sans s'arrêter fixement sur le visage de celui qui se tenait au dessus de lui. Des cheveux châtains... ou bruns un peu bouclés, un visage carré et anguleux et une barbe de trois jours... Un type jeune, avec les traits tirés et creusés par l'inquiétude et le soucis. Il leva la main avec curiosité mais n'atteignit jamais son but - : une ride un peu plus creusée que les autres entre les sourcils de l'homme – et son bras retomba sur le lit, inerte alors que sa vision s'obscurcissait.

« T’inquiétè pas, mon vieux... je vais te sortir de là. »




L'obscurité avait duré. De son point de vue, tout était sombre, mais avait-il encore le pouvoir d'avoir un point de vue ? Le point de vue, l'avis, c'est quand vous étiez un être capable et doté de conscience mais avait-il encore une conscience ? Qu'était la conscience ? Tout lui échappait quand il pensait en saisir la substance. Tout lui glissait entre les doigts dès qu'il nommait les choses. Il se souvenait avoir eut un nom, mais même ça il l'avait oublié.

Oui, l'obscurité avait duré. Jusqu'à ce qu'il pense à ouvrir les yeux. Il avait oublié qu'il avait des yeux, qu'il pouvait ouvrir les paupières, bouger. Ses paupières s'étaient soulevés et le monde l'avait violemment percuté. Tout était clair, à vif, trop brut, trop vivant.

« Merlin ? Ça va aller, mon pote... »

C'était quoi un Merlin ?

Un visage s'était placé devant le sien et il avait reconnu le type, au cheveux châtains... ou bruns un peu bouclé, aux yeux noisettes et à la mâchoire carrée... C'était le même et il lui disait quelque chose... mais il était trop déphasé.

« Tu te rappelle ? C'est moi, Lance... Lancelot, se corrigea t-il. »

Tout ne lui était pas revenu tout de suite... Les mots et leurs définitions avaient mit du temps à revenir à son cerveau malmené par la séquestration et la malnutrition. Mais au bout d'un mois et demi, l'air inquiet et la gentillesse de Lancelot lui transpercèrent le cœur, Merlin – c'était lui, Merlin, son nom... Il devait parfois se le répéter pour le comprendre – avait réussit à dire:

« Tu... Tu crois que je peux.. porter plainte pour coups et blessures ? D'une voix rauque et caverneuse. »

Et Lancelot avait sourit.

Gneurk Merlinou t_t.

OOOOOH mais c'est super triste :'(