Original - pas de spoil - Moineau

Fandom: Original
Pairing: yen a pas.
Prompt: Vous m'avez convoqué ?
Note: vous risquez de pas comprendre grande chose, hélas :S C'est un passage qui développe l'univers dans lequel se passe mon histoire...







Ses pieds s’enfoncèrent dans le tapis rouge brodée de fil d’or, et il poussa les franges du bout de ses Rangers avant de détailler les rideaux de satin s’écoulant en vagues souples jusqu’au sol. Deux têtes se tournèrent vers lui à son entrée fracassante et Moineau se rendit compte qu'il interrompait un entretien de son supérieur hiérarchique. Il fit un pas en arrière et montra la porte du menton en une question silencieuse, un « est-ce que je dois partir ? » inaudible.
Lion leva la main pour l'immobiliser et secoua la tête avec un sourire.
— Reste.

Avec un clin d’œil, son supérieur se tourna vers la jeune femme qui se tenait devant lui, le dos droit mais le regard fuyant. Vêtue d'un uniforme militaire, elle portait un patch de tissus à l'épaule qui indiquait « Armée de terre » et sa parka kaki était gonflée comme si elle cachait quelque chose dessous. Ses cheveux étaient attachés en un chignon désordonné à l'arrière de son crâne et quelques mèches folles flottaient autour de son visage.
Moineau pencha la tête sur le côté.
Une nouvelle ?

Lion s'éclaircit la gorge.
— Moineau, voici... une nouvelle recrue. Peux-tu me montrer ton animal familier, ma chère ?

La jeune femme referma les bras autour d'elle-même, sur la bosse qui se cachait sous sa parka. Lion lui fit un sourire rassurant.
— Je veux juste le voir, je ne vais pas te le prendre.

Avec hésitation, la nouvelle dézippa sa parka et une petite tête sortit lentement de sa cachette pour jeter un œil curieux à son environnement. Moineau se dévissa le cou pour le voir. Lion joignit les mains derrière son dos avec une expression ravie.
— Tu t'appelles donc Panthère.

Le bébé panthère retourna dans sa cachette et la jeune-femme remonta le zip de sa parka pour le dissimuler à leur vue. Panthère releva bravement les yeux pour les planter dans ceux de Lion.
— Monsieur, on m'a dit que j'étais humaine autrefois, que je suis morte et qu'on m'a ramené à la vie pour grossir vos rangs. Je ne me souviens de rien. La seule chose dont je me souvienne, c'est de mettre réveillé ici avec le bébé panthère. On m'a expliqué nos missions mais il y a certaines choses que je ne suis pas sûre d'avoir assimilée.

Moineau grimaça. C'était pénible d'assister à la confusion qui traversait le visage des nouveaux quand on leur expliquait ce qu'ils étaient devenus. Lion poussa un soupir las. Le supérieur paraissait fatigué de devoir répéter sans arrêt les mêmes préceptes.
—  La perte de tous tes souvenirs est normale. Notre passé est effacé dès que nous devenons des Peseurs d'âmes afin que nous puissions nous concentrer sur les tâches qui nous attendent.
—  Pourquoi ?
—  Écoute, je sais que tu dois avoir un million de questions sur notre espèce mais je crains de ne pouvoir les satisfaire toutes aujourd'hui. Je tenais juste à te rappeler deux ou trois choses avant de te laisser poursuivre ta formation de Peseur d'âme en paix.

Panthère se redressa comme si elle se mettait au garde à vous. Elle avait beau avoir tout oublié, son corps semblait se souvenir de son ancienne vie. Moineau fut brièvement rassuré de ce constat. Au moins, même sans souvenirs, ils gardaient quelque chose de leur passé, un noyau pur, un fil conducteur.
—  Quelles choses ? s'enquit Panthère.
—  Premièrement : ton familier. Ce n'est pas un animal comme les autres, il s'agit de la représentation physique de ton âme. Tu es toute nouvelle alors il est normal que ce soit un bébé mais plus tu grandiras en tant que recrue et plus il grandira aussi.
—  A quoi servent-ils, Monsieur ?
—  A stocker nos pouvoirs. Plus tu en acquerras, plus ton animal sera massif.

Moineau détourna les yeux. Il n'était pas d'accord avec cette théorie partagée par la majorité des Peseurs d'âmes. Comme les autres, Panthère acquiesça et ne chercha pas plus loin que le bout de son nez. Lion leva deux doigts.
—  Deuxièmement : ton rôle ici peut varier selon tes intérêts. Nous avons beaucoup de métiers tous utiles à la communauté, tu n'es pas obligée d'assister aux derniers souffles des humains si tu ne le désires pas. Il y a les archives, la banque, l'administration...
—  J'irais là où on aura besoin de moi, Monsieur.

Les yeux de Lion se plissèrent et Moineau crut y distinguer une pointe d'avidité.
—  Noble perspective.
—  Et troisièmement ?
—  Troisièmement... Notre existence n'a qu'une seule finalité : guider les mortels vers leurs aux-delà respectifs, peu importe leurs religions. Nous sommes un intermédiaire entre la vie et la mort, des guides. N'oublie jamais cela.

Panthère opina du chef et resserra les bras autour de son familier. Lion fit claquer ses talons ensemble avec un petit rire.
—  Repos, soldat. Tu vivras aux quartiers des nouveaux. Quand ta formation sera terminée, tu seras libre de faire construire ton propre chez-toi mais pour l'instant tu vivras avec les autres recrues en formation.
—  Et si j'ai des questions, Monsieur ?

Lion se tourna soudainement vers Moineau avec un sourire qui n'augurait rien de bon. Le regard de son supérieur se braqua sur lui sans pitié. Moineau se renfrogna en attendant que le couperet tombe.
—  Tu pourras les poser à Moineau dans son temps libre. N'hésite pas à l'ensevelir d'interrogations, il est sociable et il adore parler de notre métier.

Aucune de ces affirmations n'étaient vraies et Moineau se retint de grogner. Panthère ne saisit pas l'ironie et hocha studieusement la tête. Lion retroussa le nez avec malice, posa une main sur l'épaule de sa disciple et la raccompagna à la porte en lui indiquant comment rejoindre le quartier des nouveaux.
Et puis, ils furent seuls.
— Vous m'avez convoqué ?