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[Les 100 - UA] Les barres de chocolat (14)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Les barres de chocolat (14) [Les 100 - UA] Les barres de chocolat (14) Icon_minitimeJeu 23 Aoû - 20:20

Pas relu, la fin est nulle mais tant pis

***

14. Départ.

Monty.

Ma mère est furieuse. Elle est même pire que ça, mais je connais pas de mots plus fort. Je ne crois pas qu’elle ait jamais été aussi déçu de mon comportement, mais sa colère ne m’atteint pas. À dire vrai, j’entends à peine ce qu’elle me dit. Qu’elle soit ou non fière de moi c’est le cadet de mes soucis, elle n’a pas besoin de m’en vouloir, je m’en veux déjà assez tout seul. Dans ma tête c’est le silence, comme un trou noir et je n’entends rien de ce qu’elle me dit. Je le devine c’est tout. Que je la déçois, qu’elle m’en veut. Que le pire c’est que cette histoire va finir dans le journal et salir sa réputation et la mienne. Qu’est-ce que ça peut me foutre ? Sa réputation, la mienne ? Qu’est-ce que ça peut bien me foutre ?
- Tu m’écoutes quand je te parle ? Monty !
Je ne la regarde même pas. Je m’enferme à l’intérieur de moi-même. Je ne veux plus l’entendre. Je ne veux plus rien entendre du tout.

Jasper est allé dans le lac et j’avais beau avoir fumé et me sentir bizarre, j’ai senti que quelque chose n’allait pas et j’ai appelé mon meilleur ami jusqu’à ce que je ne le vois plus du tout à la surface. Si Murphy ne m’avait pas retenu, je serais allé le rejoindre dans le lac. Je ne sais pas combien de temps a passé parce que le temps s’étirait et était étrange et je regrettais d’avoir pris ce joint et de ne pas pouvoir avoir les idées claires. Parce que Jasper ne remontait pas à la surface. Finalement quelqu’un a sauté dans le lac et l’a ramené sur la berge. Je ne sais pas qui a fait ça, encore maintenant mes souvenirs sont flous. Je me souviens juste qu’il a commencé à lui faire du bouche à bouche et que quelqu’un a crié « Appelez une ambulance ». Mes souvenirs sont flous à partir de ce moment, je crois que j’ai crié et crié encore après Jasper qui ne voulait pas se réveiller et qu’ensuite Murphy et moi on s’est retrouvé dans l’ambulance avec mon meilleur ami. On nous a posé des questions et c’est Murphy qui a répondu à tout. On avait pris de la drogue, juste un joint à trois, Jasper s’était jeté dans le lac, il n’avait pas remonté à la surface. Je sais pas trop ce que nous ont fait les ambulanciers, j’avais la tête qui tourne, et je voulais savoir comment allait Jasper et s’il allait s’en sortir. Parce que s’il s’en sortait pas…
S’il s’en sortait pas…

Je reçois une gifle assez forte pour me faire revenir au temps présent. C’est ma mère qui ne supporte plus mon silence et le fait que je l’ignore.
- Comment as-tu pu faire ça Monty ? Comment as-tu pu me faire ça !
Je ne réponds pas.

À l’hôpital on a été séparé, je ne sais pas où ils ont emmené Jasper mais ils nous ont gardé avec Murphy dans un autre endroit. J’ai demandé où était mon meilleur ami et ils ont répondu qu’on s’occupait de lui. Quand j’ai demandé s’il allait mourir, personne ne m’a répondu. On nous a encore posé des questions sur la drogue et sur ce qu’il s’était passé, puis on a appelé nos parents. La mère de Murphy n’est pas venue tout de suite, par contre la mienne a débarqué à une vitesse hallucinante et m’a foutu un aller et retour qui m’a réveillé direct. Mais elle n’a rien réussi à obtenir de moi, j’étais obsédé par Jasper et par comment il allait. Parce que s’il s’en sortait pas…

Ma mère crie. C’est rare qu’elle élève la voix à ce point mais je sursaute et relève la tête.
- Tu vas m’écouter un peu oui ? Je te cause là ! Et tu dois m’écouter c’est compris ? Tu te rends compte de ce que tu as fait Monty ? Tu t’en rends compte ?
Je me mets à crier aussi :
- Oui je m’en rends compte ! Je m’en rends bien compte !
- Tu me fais honte, dit-elle plus froidement.
Et je me mets à pleurer :
- Qu’est-ce que ça peut me faire franchement ? Tu te rends compte de ce qu’il se passe ? Tu crois pas qu’il y a plus important que ta putain de réputation ?
Papa arrive au milieu de notre dispute, et il retient ma mère avant qu’elle ne me frappe à nouveau. Du coup c’est lui qu’elle frappe, comme pour se venger sur quelqu’un. Les larmes coulent sur mes joues et je repense à ce qu’il s’est passé.

Ma mère a failli cracher sur Murphy en comprenant que j’avais un autre ami dans les barres. Elle m’a dit :
- Je t’avais dit que y avait que de la racaille là-bas, et toi tu t’es laissé influencé comme un idiot.
Je ne l’écoutais déjà pas à cet instant, j’ai attrapé un médecin quand il est venu pour lui demander à propos de l’état de Jasper. Il n’en savait rien et est parti se renseigner. Murphy était silencieux dans la pièce. Je crois qu’il était inquiet aussi mais ne savait pas comment l’exprimer. Je crois que tous les deux on se disait que si on perdait Jasper, on s’en remettrait jamais.

Mon père fait sortir ma mère de ma chambre et j’ignore comment il s’y prend. Puis il vient me prendre dans ses bras.
- Ça va aller Monty.
- Ça fait deux jours, je murmure.
Il me serre plus fort contre lui.
- C’est ma faute.
- Ce n’est pas ta faute.
- On n’aurait jamais dû fumer ce joint, on n’aurait jamais dû…
- Je suis d’accord mais ce n’est pas ta faute. Jasper a sauté dans le lac tout seul.
Je me mets à trembler et mon père essaye de me calmer en caressant mon dos.

On a fini par apprendre que Jasper s’en était sorti vivant mais pas indemne. Il avait manqué d’oxygène pendant trop longtemps et avait sombré dans le coma. Personne ne savait s’il se réveillerait.

xxx

Murphy.

J’ai attendu au moins trois heures à l’hôpital que ma mère vienne me chercher, en pensant qu’elle ne viendrait jamais. Puis elle a débarquée finalement. Contrairement à celle de Monty, elle ne m’a pas giflé, elle s’est précipitée vers moi et m’a serré dans ses bras.
- Oh John… Comment tu vas ?
Comment j’allais ? Très bonne question. L’un de mes seuls amis était dans le coma et on ignorait s’il se réveillerait un jour. J’avais mal rien que d’y penser. Je revoyais Jasper les genoux en sang en train de négocier pour récupérer son vélo et je me disais que les choses avaient vraiment fini par mal tourner.
- Mal, répondis-je sincèrement. Très mal.
Elle m’a gardé contre elle et elle ne m’a pas engueulé pour le joint. Elle a seulement dit au bout d’un moment que les choses allaient changer à partir de maintenant, qu’elle me le promettait.
Et je ne l’ai pas cru.

Je suis allé à l’école le lendemain, comme si mon monde ne venait pas de s’écrouler. Comme si tout allait bien. J’ai écouté les profs, j’ai noté ce qu’il fallait dans mes cahiers, j’ai ignoré les autres élèves. J’avais l’impression de ne pas être vraiment là, d’avoir laissé mon âme à l’hôpital et d’être juste venu avec une coquille vide. Je me demandais comment s’en sortait Monty et à mon avis, il ne s’en sortait pas du tout. Est-ce qu’il avait pu aller à l’école ? Est-ce que sa mère l’avait tabassé à mort pour avoir osé être un mauvais fils ? Je n’en savais rien.

Aujourd’hui c’est le deuxième jour, j’ai l’impression que ça fait plus longtemps. J’ai l’impression que je vais pas m’en sortir. Les barres me font mal, tout me ramène Jasper. Ma mère ne boit plus mais je sais que ça va pas durer, encore une fois, et ça m’est égal parce que à quoi bon de toute façon ? La seule chose qui change vraiment significativement c’est le comportement de Bellamy. Il commence à me suivre partout. Il m’accompagne à l’école, il vient me rechercher. Je lui demande s’il me flic, il répond que non, qu’il s’inquiète pour moi c’est tout et qu’il en a marre que je l’ignore.
- Je t’ignore pas.
- Mais c’est tout comme. J’arrête pas de me dire que ça aurait pu être toi dans le lac, et ça me fiche la frousse.
Je le fusille des yeux :
- Sauf que c’est pas moi !
- Je ne dis pas que ce n’est pas grave mais…
- Mais tu es rassuré que moi je sois envie et Jasper dans le coma.
Bellamy fait la moue et j’ai envie de le frapper. Mais il m’en empêche en me prenant dans ses bras. Décidément.
- Murphy je suis désolé pour ce qui s’est passé. Je suis désolé.
Il n’est pas responsable, c’est notre faute à tous les trois, Jasper, Monty et moi. C’est notre faute.
- Des fois je regrette de connaître Jasper.
- Pourquoi ?
- Parce que si je le connaissais pas, j’ai l’impression que rien ne serait arrivé. Il n’aurait pas fait tout ce qu’il a fait. Je l’ai sali.
- Tu n’en sais rien Murphy, c’est sa cousine non qui avait le joint ? Peut-être même que sans toi ça aurait été pareil. Tu ne sais pas ce qu’il aurait fait.
Je m’accroche à Bellamy et je serre les dents pour retenir mes larmes.
- Il faut qu’il se réveille Bellamy.
Il ne sait sans doute pas quoi dire, parce qu’il ne sait pas si Jasper va se réveiller. Personne ne le sait.
- J’aurais dû sauter dans le lac…
- Non, tu as bien fait de ne pas y aller, tu as bien fait.
Mais je regrette quand même. Peut-être que j’aurais pu le sauver. Peut-être que Monty et moi on aurait pu faire quelque chose.
Je ferme les yeux et entoure Bellamy de mes bras.
- Il faut qu’il se réveille, répété-je en boucle.

xxx

Monty.

Je ne peux pas aller à l’école. De toute façon, d’après ce que j’ai compris, ma mère m’a désinscrit de mon collège pour m’inscrire ailleurs. Elle attend que les formalités soient terminées et ensuite je partirai en internat dans une école militaire. Ce qu’elle ne comprend pas, c’est que je refuse de partir tant que Jasper n’est pas réveillé (parce qu’il va se réveiller). Je m’attacherai sur mon lit s’il faut, mais c’est hors de question que je parte en laissant mon meilleur ami dans cet état. Je l’ai prévenu, elle m’a pas cru. Je l’ai dit à mon père et il a caressé tendrement mes cheveux :
- Je sais, a-t-il dit, mais tu vas devoir aller à l’école.
- Je partirai pas tant que Jasper sera pas réveillé.
Et j’ai piqué une crise de nerfs. J’ai cassé je sais pas combien de vases dans la maison et personne n’a réussi à me calmer jusqu’à ce que mon père me couche sur le sol et me maintienne par terre, attendant que je me calme. Ma mère continuait de me faire la morale, m’énervant, m’énervant, m’énervant. Mon père a élevé la voix. Première fois que je l’entendais crier.
- Ferme-là bon sang, c’est pas le moment.
Ma mère a été tellement surprise, qu’elle s’est tu et mon père m’a parlé doucement pour me calmer. Quand j’ai arrêté de me débattre et que je me suis tenu tranquille, il m’a porté dans ses bras et est allé m’allonger sur mon lit. J’étais épuisé.
- Je ne partirai pas, ai-je murmuré.
- J’ai compris, a-t-il dit. Dort mon petit.
Il a embrassé gentiment mon front et j’ai fermé les yeux.
Et j’ai pensé à Jasper.

Je compte les jours. Trois. Quatre. Cinq. J’étouffe. Est-ce que ça va durer encore longtemps ? Je me rends à l’hôpital, je prends sa main et je lui parle. Murphy vient aussi. On est les seuls. L’oncle, la tante, la cousine, ils l’ont oublié, ils s’en foutent, ça fait un poids en moins dans leur vie, un caillou en moins dans leurs chaussures. Mais nous on est là.
- Jasper réveille-toi okay ?
Je voudrais qu’il ouvre les yeux et me sourit. Il ne le fait pas. Murphy prend son autre main :
- Allez idiot, fais ce que te dit Monty.
Mais il ne nous écoute pas.
Pas tout de suite.
Six.
Sept.
Une semaine, jusqu’à ce que notre téléphone sonne. On prévient la mairesse que le gosse s’est réveillé. Je suis dans la voiture à attendre qu’on aille à l’hôpital avant même qu’elle ait raccroché.

xxx

Jasper.

J’ouvre les yeux. Je me sens lourd, fatigué. Je découvre un plafond blanc. J’entends des sons. Puis je me rendors. Puis je me réveille à nouveau. J’essaye d’appeler quelqu’un. Au bout d’un moment on vient. Un médecin. Qui me parle. Me pose des questions. J’ai du mal à y répondre. Comment je m’appelle. Jasper. Quel âge j’ai. Onze ans. Quel jour on est. J’en sais rien. J’ai mal à la tête et il me saoule avec ses questions. Comment s’appelle mes parents. Y sont morts, dis-je. Mais comment s’appelaient-ils. Je donne leur nom avec épuisement. Puis je referme les yeux et je me rendors.
Quand je me réveille à nouveau, Monty est là. Son papa aussi. Je n’y prête pas attention. Je souris à mon meilleur ami qui se jette sur moi littéralement, il me serre dans ses bras à m’en faire mal aux côtes.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je demande.
- T’as failli te noyer et t’étais dans le coma.
- Ah.
Monty me tient fort, longtemps. Son père essaye de le décrocher en vain et je passe mes bras autour de Monty pour montrer que c’est bon, que c’est pas grave. Le père hoche la tête et sourit :
- Je vais aller vous chercher à boire d’accord ?
- D’accord.
Il quitte la pièce et là Monty se détache de moi, colle son front au mien et lâche :
- Je t’aime.
Je souris et il appuie ses deux mains sur mes joues :
- Jasper, je t’aime vraiment.
Mon cœur se met à battre plus vite et je comprends enfin ses paroles. Je pose alors mes deux mains sur les siennes. Je comprends pourquoi j’avais des frissons en entendant sa voix, et des papillons quand il me prenait dans ses bras.
- Je t’aime aussi.
Et il me reprend dans ses bras.

C’est plus tard que j’apprends qu’il va partir dans une école militaire loin d’ici. J’ai les boules, je veux pas qu’il parte mais il n’a pas le choix. Sa mère ne le laissera jamais rester. Toute façon sa mère ne le laissera jamais décider de sa vie, et encore moins maintenant avec tout ça.
- On se reverra ? Je demande.
- Promis. On s’écrira.
- Oui.
- On sera toujours ensemble, même séparé. D’accord ?
- D’accord, dis-je.
Et je prends sa main pour sceller notre promesse.
- Ensemble pour toujours.
- Ensemble pour toujours.
- Tu vas me manquer Monty.
- Toi aussi Jasper, tu vas me manquer.

Monty part deux jours après que je sois sorti du coma, sa mère ne veut pas qu’on se dise au revoir, mais son père organise nos au revoir. Ça va trop vite pour moi mais Hannah est impitoyable, elle veut que son fils parte au plus vite et « qu’on le dresse ». Je prends Monty dans mes bras et j’embrasse sa joue vraiment longtemps. Vraiment vraiment longtemps. Ce qui fait criser sa mère mais je m’en fiche.
- T’en auras plus quand on se reverra, dis-je.
Il sourit :
- Tu veux dire que la prochaine fois tu me boufferas la joue ?
- Oui, promis.
Et on éclate de rire.

xxx

Murphy.

Je prends Jasper dans mes bras quand je sais qu’il est réveillé. Il sourit, mais pas trop parce que Monty est parti et qu’il ne reviendra pas avant un bout de temps. M’en fout, je suis content que Jasper aille bien.
- Toi aussi tu vas m’avouer que tu m’aimes ?
- Non. Monty a dit ça ?
- Oui.
- Ça m’étonne pas.
- Tu t’en doutais ?
- Un peu.
- J’ai rien vu venir.
- Tu es un idiot, lui dis-je.
Il me sourit et je décoiffe ses cheveux.
- Content de te revoir mon pote.

Je ne me doutais pas que je serais séparé de lui si vite. Ma mère m’annonce ça le soir même.
- Je vais partir faire une cure de désintoxication John.
J’en reste sur le cul.
- Ça peut prendre six mois, voire un an et tu ne peux pas rester tout seul, alors tu vas aller vivre chez ta grand-mère paternelle.
- Mais… Elle habite à des milliers de kilomètres d’ici.
- Pas des milliers, juste des centaines.
Ça me parait déjà trop.
- Elle va prendre soin de toi, ne t’en fais pas.
- Tu es sûr que tu vas y arriver cette fois-ci ? Je demande.
- Je ne peux plus te laisser seul, livré à toi-même. Je suis ta mère et je dois te protéger. Alors je vais me faire soigner et je reviendrai te chercher.
Dans un sens, je suis content qu’elle me dise ça, soulagé. Et j’éprouve un nouvel espoir.
- On va vraiment s’en sortir ?
Elle caresse délicatement ma joue :
- Je te le promets John, on va s’en sortir.
- Je n’aime pas tes promesses, tu ne les tiens jamais.
- Cette fois-ci, si.
Je lui souris.

xxx

Bellamy.

Murphy m’annonce qu’il va partir et que j’ai intérêt de bien prendre soin de Minette en son absence. Alors je sens le vide s’emparer de moi. Je garde ce gosse depuis qu’il a huit ans. J’étais pas obligé, mais il n’y avait personne d’autre pour le faire, il était tout seul parce que sa mère buvait. Livré à lui-même. Je gardais déjà O parce que notre mère est toujours absente pour le travail, alors j’ai simplement rajouté Murphy à ma vie. Je ne pensais pas que j’allais l’aimer plus que de raison, je ne pensais pas qu’un jour il partirait.
- T’es la première personne à qui je le dis.
Je me penche vers lui et embrasse sa bouche. Je me recule aussitôt, conscient de ce que je viens de faire. Murphy écarquille les yeux, puis a un sourire en coin. Finalement, il noue ses bras autour de ma nuque et m’embrasse à mon tour. Avec la langue.
- Je t’aime, lui dis-je, je t’attendrai.
- C’est stupide.
- Tant pis.
- Comme tu veux, mais peut-être que je reviendrai jamais.
- Alors j’irai te chercher.
On s’embrasse à nouveau. Puis Murphy se recule et demande :
- Écoute, j’ai quelque chose à te demander.
Et il me demande de prendre soin de Jasper.
- Il va se retrouver seul, et sa famille ne s’occupe pas de lui, il aura besoin de quelqu’un.
- Je le connais à peine.
- Ben apprends à le connaître, tu vas l’adorer.
Je finis par hocher la tête :
- D’accord. Je verrai ce que je peux faire.
- Merci.
Et on s’embrasse une troisième fois.

xxx

Jasper.

Quand Murphy m’annonce qu’il part, j’ai les larmes qui me montent aux yeux.
- Pas toi aussi.
- Si moi aussi.
- Je veux pas que tu partes Murphy.
- Je pars quand même.
Les larmes coulent sur mes joues et Murphy s’empresse de les essuyer.
- Je pars mais tu dois me promettre un truc Jasper.
- Quoi donc ?
Il appuie fort sur mes joues avec ses paumes :
- Tu dois toujours continuer à sourire, à courir partout et à mettre des foulards moches, d’accord ?
Je fais la moue.
- Promets-le moi et en échange, je te promet que je reviendrai.
- Pffff.
- Jasper.
- Okay, c’est promis, je ferai tout ce que tu as dis.
- Alors tu commences maintenant.
Je fais une grimace qui s’apparente à un faux sourire et Murphy tapote doucement mes joues :
- Un vrai sourire, tu peux faire mieux que ça.
Je pousse un énorme soupire. Puis je lui fais un de mes meilleurs sourires. Il tapote mes cheveux l’air satisfait.
- Génial, je peux partir tranquille.
Et il part vraiment.

La suite se déroule bizarrement. Je me fais d’autres potes, Bellamy s’occupe de moi comme il l’a promis à Murphy, j’écris d’immense lettres à Monty qui me réponds d’immenses lettres et le temps passe.
Il passe.
Il passe.

xxx

Epilogue. (Jasper)

J’ai quinze ans. Je suis à l’hôpital pour voir ma tante parce qu’elle a un cancer du poumon et qu’elle n’est pas au meilleur de sa forme. Ma cousine lui tient la main, je ne sais pas quoi faire. On n’a jamais éprouvé d’amour l’un pour l’autre et si c’est triste qu’elle soit malade, je ne me vois pas pour autant être tendre avec elle tout à coup. Je me contente d’être là, silencieux, et comment pendant toutes ces années, elle ne me voit pas vraiment.
Je retourne ensuite aux barres de chocolat, là-bas Murphy m’attend devant ma porte et me prends dans ses bras. Il a vachement grandi mais moi encore plus, du coup je le dépasse presque d’une tête et ça me fait rire de le voir si petit dans mes bras. Il est revenu y a environ six mois, mais il n’habite plus aux barres, il a une maison maintenant dans un autre quartier. C’est une petite maison simple, mais il n’est plus aussi pauvre. Sa mère, depuis qu’elle a arrêté de boire, a retrouvé du boulot et ils peuvent vivre à peu près normalement. Murphy vient me voir de temps en temps, comme maintenant, et on s’entends bien, comme avant. Même si on ne fait plus de bêtises. Il a arrêté de tagguer les murs et de voler dans les magasins et il refuse de toucher à l’alcool et à la drogue. Ça a été pareil pour moi pendant toutes ces années, j’ai été sage et Bellamy a veillé à ce que je ne fasse plus ce genre de conneries. Il est devenu un véritable ami pour moi et je soupçonne Murphy de venir me voir pour le voir aussi. Je crois qu’ils sont ensemble, mais ils n’en parlent pas et ne montrent rien. Mais des fois ils échangent de longs regards et quand ils pensent que personne ne regarde leurs doigts, leurs épaules se frôlent. Je suis pas dupe, il se passe carrément quelque chose entre eux.
- C’est quand qu’il revient ? Me demande Murphy.
- Demain.
- Tu as hâte ?
- Plus que jamais.
Je n’ai plus revu Monty depuis mes onze ans. Sa mère s’arrangeait pour l’emmener en vacances quand il revenait de son école et elle nous a séparé tout ce temps. Mais cette fois-ci, elle n’a pas pu, et Monty rentre pour de bon. Il m’a même appelé pour me donner ses horaires de trains. Il me tarde de le revoir. Vraiment.
- Tu veux venir ?
- Je te laisse profiter de lui tout seul.
- Il y aura sûrement ses parents.
- Alors je te laisse t’expliquer tout seul avec ses parents.
Je rigole un peu amèrement.
- Ça va bien se passer, m’assure-t-il. Et j’espère qu’il a raison.

Le train arrive en gare alors que je me bouffe les ongles. Les parents de Monty se tiennent un peu plus loin, et si la mère me fusille des yeux, je fais comme si je ne les avais pas vu. Je trépigne et regarde le monde descendre des wagons sans voir mon Monty. Je me demande s’il a beaucoup changé, si je serai capable de le reconnaître. J’espère. J’appréhende. Et puis soudain je l’aperçois. Il a grandi, mais n’a pas tellement changé, je reconnais ses cheveux noirs coupés courts et ses yeux bridés. Je n’ai même pas le temps de réfléchir, mon corps s’élance et je cours vers lui. Il lâche ses valises m’ouvre ses bras en m’apercevant et nous nous jetons l’un sur l’autre, tournant sur le quai.
- Tu m’as manqué, crié-je presque.
- Tu m’as tellement manqué aussi.
Nos deux fronts se rencontrent, nous nous sourions.
- Tu m’avais promis de me bouffer la joue la prochaine fois qu’on se reverrait.
- Tu te souviens de ça ?
- Oui.
Je pose un petit bisou sur sa joue :
- Dévoré c’est pas ça, indique-t-il.
- Mais tes parents sont là.
- J’en ai rien à faire.
Et il m’embrasse.
Un baiser comme je n’en ai plus eu depuis des années. Mon premier avait été avec Murphy, un baiser un peu clinique, un baiser pour essayer.
Là c’est en frissonnant que je reçois ce baiser. Et c’est en tremblant que je lui rends. Je crois qu’on entend sa mère crier sur le côté mais ça nous est égal.
On s’est enfin retrouvé.

Fin.
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