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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 11)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 11) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 11) Icon_minitimeMer 7 Fév - 22:13

Note : Jonty, pas relu. J'ai l'impression que ça devient niais...

***

11. Maurice, le marchand


Jasper continuait de perdre à l’entraînement d’épée, toujours plus faible que moi. Quand je le pouvais, je l’aidais à remplir les papiers sous lesquels il s’écroulait et je comprenais plus facile que lui de quoi il était question. Lorsque Bellamy ou un autre précepteur nous faisaient un cours, j’enregistrais les informations plus vite que lui et les retenait plus facilement. Sans parler du fait qu’il préférait aller voir des filles et boire, plutôt que prendre ses responsabilités. Je ne dis pas qu’il avait un mauvais niveau, il était bon, fort et intelligent à sa façon. Simplement j’étais meilleur, plus fort et plus intelligent que lui.
- Tu feras un bien meilleur prince que lui, répétait sans cesse ma mère.
Elle avait raison, même Jasper le savait. Quand je lui ravirais sa place, je serais plus doué, je vaudrais mieux, et contrairement à lui, j’aimerais ça.
Hannah ne me laissait pas douter du contraire. Elle était frustrée un peu plus chaque jour, parce que je n’étais toujours pas prince, parce que je n’avais toujours pas récupéré le pouvoir, parce que Jasper était toujours en vie.
- Ce misérable cafard ne mérite pas la couronne, c’est toi qui doit être à sa place, assena-t-elle ce matin-là.
- Oui mère.
- Alors qu’est-ce que tu attends pour bouger dis-moi ? Quand est-ce qu’il fera de toi son héritier ?
- Nous savions que ça prendrait du temps.
- Et bien ça en prend trop !
Non pas trop, jamais trop. Nous avions le temps encore. Je voulais que nous l’avions. Ma mère dû lire dans mes pensées car elle posa ses deux mains sur mes épaules et me secoua :
- À moins que tu ais changé d’avis ?
- Je n’ai pas changé d’avis.
Ses ongles acérés rentrèrent dans mes vêtements jusque dans ma peau.
- Tu es plus fort et plus intelligent que lui, tu le sais non.
- Oui.
- Tu ferais un meilleur prince, un meilleur roi.
- Oui.
- Alors pourquoi est-ce lui le prince ? N’est-ce pas totalement injuste ?
- Si c’est injuste.
- Tu es meilleur !
- Oui.
- Tu mérites cette place, bien plus que lui.
- Oui.
Sa voix changea, devint plus basse, plus grave, et plus menaçante également :
- Alors fais en sorte qu’il fasse de toi son héritier bientôt.
Ses ongles griffèrent mon visage quand elle me prit le menton pour que je la regarde :
- Fais-le, ou tu le regretteras.
- Qu’allez-vous faire ?
- Te rappeler pourquoi tu es là et je ne manque pas d’idée pour y arriver.
Je ne pus retenir un frisson.
- Bien mère, soufflai-je.
- N’oublie pas que tu es meilleur que lui.
- Oui.
- Plus fort et plus intelligent.
- Oui.
- Tu sauras le convaincre que tu es fait pour être son héritier, rapidement.
- Oui.
Elle me relâcha et leva la main pour la passer dans mes cheveux :
- Je suis fière de toi et je t’aime, je fais tout ça pour ton bien.
- Oui mère, je sais.
Je sortis de sa chambre le cœur battant. Je ne savais pas ce qu’elle avait prévu, mais je n’avais pas envie de le savoir, j’allais devoir très vite convaincre Jasper. Quitte à lui en parler directement. Même si je n’en avais pas envie, même si je voulais qu’on ait plus de temps, ce n’était plus possible de retarder les choses. Pas avec Hannah qui s’impatientait à ce point.
Quand il me vit arriver pour prendre le petit déjeuner, Jasper s’éclaircit. Je m’assis à côté de lui et il se pencha vers moi pour me parler :
- J’ai eu une très bonne idée cette nuit.
- Laquelle ?
- Je t’en parlerai quand j’aurai rempli tous mes devoirs de la matinée.
- Je préférerais que tu m’en parles maintenant. Pour pouvoir me préparer à ta future bêtise.
- Je suis trop âgé pour faire des bêtises.
Mon air sceptique le fit rire.
- D’accord, je ne suis pas trop âgé pour ça.
Il se recula pour manger un peu mais j’insistai :
- Dis-moi ce que tu as prévu.
- Tu le sauras bien assez tôt. D’autant plus que tu vas venir avec moi et tu participeras à ma bêtise.
- Et si je refuse ?
- Alors le prince sera sans garde du corps.
Je pointai ma fourchette vers lui :
- Tu comptes m’obliger ?
- Je ne compte rien faire du tout. Je le ferai avec ou sans toi.
- Dis-moi ce que c’est, insistai-je.
- Je veux bien te donner un indice, fit-il.
Je levai un sourcil alors qu’il se servait un verre d’eau et prenait tout son temps pour le boire, faisant exprès de me faire mariner. Je fis semblant de ne plus être intéressé, mangeant mon repas de mon côté. Jasper n’insista pas :
- Si tu n’es plus intéressé, tu sauras tout à l’heure.
Je restai silencieux en me coupant un morceau de pain et en jouant avec la mie. C’était à celui de nous deux qui craquerait le premier. Je savais que dans le fond, il mourrait d’envie de me dire son idée, mais il savait également que j’étais curieux de découvrir ce qu’il avait encore inventé. Il mangeait, je mangeais, le silence s’éternisait. Jasper fut le premier à le couper :
- Il me tarde d’avoir fini mes corvées, dit-il.
- Ce ne sont pas censé être des corvées.
- Et bien ça en est. Si tu m’aides, nous aurons fini plus vite.
Je craquai :
- Qu’as-tu prévu ?
- Tu veux que je te donne mon indice ?
- Oui, dis-le-moi.
Jasper eut un sourire malicieux.
- J’ai gagné, dit-il.
Je levai les yeux au ciel :
- Finalement je ne veux plus savoir.
- Si tu veux savoir, tu en meurs d’envie.
Je me renfrognai.
- Et toi tu meurs d’envie de me le dire.
- C’est vrai, dit-il.
- Alors vas-y, dis-le-moi.
- D’accord, alors écoute bien.
Il se pencha de nouveau vers moi, mettant sa main en coupe près de mon oreille pour venir y souffler son indice, chatouillant ma peau. Personne ne pouvait nous entendre de toute façon, mais je crois que ça l’amusait de faire comme si nous avions des grands secrets.
- Il y aura un déguisement, chuchota-t-il.
Son souffle était chaud à mon oreille. Je posai ma paume bien à plat sur tout son visage et le repoussai plus loin.
- Sans moi.
- Tu ne sais même pas c’est quoi !
- Je n’aime pas me déguiser.
- Tu t’es déjà déguisé ?
- Jamais.
- Alors comment sais-tu que tu n’aimes pas ?
- Je le sais.
- Comment ?
- Tu n’as jamais sauté tête la première depuis ta fenêtre ?
- Non.
- Alors comment sais-tu que tu n’aimerais pas le faire ?
- Bon d’accord, tu as gagné. Tu ne seras pas obligé de te déguiser. Je me déguiserai tout seul.
- Pour faire quoi ?
- Tu verras cet après-midi, me répondit-il avec un clin d’œil.
Il finit de manger en vitesse, ne me laissant pas poser plus de question et quitta la salle. Je soupirai, terminai mon repas et le rejoignit dans le bureau là où il allait travailler. Je l’aidai à faire ses tâches pour qu’il termine plus vite. Quoi qu’il ait prévu ensuite, il s’attelait sérieusement à son travail comme je le voyais rarement faire. Habituellement son esprit s’égarait ailleurs en pleins milieu de la tâche. Il se levait, regardait par la fenêtre, chantonnait une mélodie, s’amusait à défaire et refaire le nœud dans ses cheveux, réclamait une tasse de thé, baillait, me proposait de m’apprendre à danser alors que nous savions tous les deux le faire puisque nous avions partagé le même professeur de danse. Alors il faisait venir Charlotte qui avait bien grandi elle aussi, et il dansait avec elle et je les regardais et ça m’énervait qu’il ne prenne pas ses tâches plus au sérieux.
Mais ce matin, pas de danse, pas de bâillement, pas de chanson, pas de divagation. Jasper s’y mettait sérieusement pour finir plus vite. Sa bêtise devait vraiment être importante pour lui. C’était moi qui avait l’esprit ailleurs ce matin-là, je m’interrogeais sur ce qu’il avait prévu, j’étais distrait parce qu’il ne l’était pas. Il se concentrait et faisait crisser sa plume sur les papiers, ses sourcils fournis se fronçaient et il se pinçait les lèvres sans s’en rendre compte. J’essayais de revenir sur mon travail, mais mes yeux finissaient toujours par se relever pour se perdre dans la contemplation du prince. Il avait une mèche de cheveux rebelles qui lui retombait dans les yeux et il en faisait fi comme si elle n’existait pas. Mes doigts me démangeaient, je les tapotai sur le bureau d’un geste nerveux, parce que j’avais une furieuse envie d’aller remettre cette mèche de cheveux à sa place. Je ne comprenais pas ma réaction, les cheveux de Jasper étaient de ceux qui vivent dans le désordre, je devais être habitué depuis tout ce temps passé avec lui, pourquoi tout à coup avais-je une obsession pour cette mèche rebelle ?
Il y avait plus important, j’avais du travail. Je baissai les yeux, reprit ma plume, la trempai dans l’encre et commençai à écrire. Jasper était vraiment trop calme, je fus incapable de continuer à me concentrai et je levai de nouveau la tête. Et cette mèche était toujours là, indisciplinée. Mes doigts bougèrent tous seuls et atterrirent sur le visage de Jasper avant que je comprenne ce que j’étais en train de faire. Le prince leva vers moi un regard étonné et puisque je n’avais aucune excuse de toute manière, je remis sa mèche en place derrière son oreille, avant de retirer ma main et de me remettre au boulot, agissant comme si de rien n’était.
Quand je relevai une nouvelle fois les yeux quelques minutes plus tard, Jasper avait un sourire malicieux et tout en écrivant d’une main, il enroulait de l’autre la mèche autour de ses doigts.
Quand il fut l’heure de manger, je n’avais pas abattu la moitié du travail, l’esprit ailleurs, perdu. Jasper releva le nez de ses papiers et s’étira.
- D’abord on va manger et ensuite on se déguise, sourit-il.
- Tu te déguises. Tout seul.
Le prince haussa les épaules et n’insista pas.
Après le repas, il m’emmena dans sa chambre où on avait déposé sur son lit les déguisements dont il avait besoin pour sa bêtise prévue. Les vêtements étaient plutôt banals à dire vrai, on était même loin des chemises tissées d’or que le roi ou le prince possédaient dans leur garde de robe – et que Jasper ne portait qu’aux grandes occasions. Il s’agissait de pantalons en toile et de chemises beiges toutes simples, en plus de capes une noire et une verte, avec de longues capuches.
- Ce sont des vêtements de marchands itinérants, m’expliqua Jasper.
- Et c’est pour quoi faire ?
- On va se déguiser pour aller en ville.
- Pour quoi faire ? répétai-je.
- Chaque fois que j’y vais, les gens de la ville s’agenouillent devant moi, m’offrent des cadeaux et me traitent comme un prince.
- Tu es un prince.
- Exactement, mais aujourd’hui je ne serai qu’un banal marchand. C’est notre rencontre sur la plage l’autre fois qui m’a donné l’idée. On ne m’a pas reconnu et on m’a traité comme tout le monde. Tu vois sans doute que même les filles que je côtoie agiront différemment avec moi si elles ne savent pas qui je suis.
- Elles connaissent ton visage.
- D’autres filles.
- Tu y vas pour rencontrer d’autres filles ?
- J’y vais pour être moi-même et pas le prince Jasper James Jordan. Tu n’es pas obligé de venir avec moi, personne ne saura qui je suis, je ne risquerai rien.
Je pris les affaires qui m’étaient réservés :
- Je viens avec toi, dis-je.
Et j’allai me changer dans la chambre. Quand je sortis dans le couloir, il m’attendait, portant sa cape à la main alors que j’avais déjà attaché la mienne. Ses yeux se posèrent sur moi un instant, scrutateur, comme s’il se trouvait devant un tableau dont il devait estimer le prix. Gêné, j’avançai pour échapper à son regard. Jasper me suivit.
- Ça te va bien, dit-il. La tenue. Elle te va bien. Très bien même.
Je restai silencieux et allai chercher mon épée dans l’armurerie. Je l’attachai à ma taille et la cachai avec la cape.
- Il faut me trouver un autre nom, jacassa Jasper en prenant sa propre épée, si tu m’appelles Jasper, ils vont tout de suite comprendre qui je suis. Donc tu m’appelleras Maurice.
- Maurice ? Tu n’as rien trouvé de mieux ?
- Maurice de Médina. T’en pense quoi ?
Je levai les yeux au ciel :
- Comme il te plaira, Maurice.
- Ça me va si bien que tu t’y es déjà habitué, s’amusa le prince.
Il passa sa cape autour de son cou et je m’approchai pour lui accrocher son nœud. Il ne bougea pas et ne râla pas non plus parce que je le faisais à sa place. Je rabattis la capuche sur sa tête, cachant ses longs cheveux et une bonne partie de son visage. On n’apercevait plus que son sourire. Je me disais que quiconque connaissait bien le prince aurait pu le reconnaître juste avec ça. Moi j’aurais pu. Mais je le fréquentais tous les jours depuis sept ans.
- On y va ?
- On y va, dis-je.

La ville n’était pas très loin à pied et nous y entrâmes sans problème. Les rues étaient bondées, les gens étaient bruyants, Jasper se fit bousculer plusieurs fois et plutôt que de mal le prendre, il eut l’air vraiment heureux. Évidemment. On ne le prenait pas pour un prince, c’était ce qu’il désirait. Il y avait un marché ouvert dans la ville, les commerçants essayaient de vendre leurs marchandises, ils criaient forts, les gens s’amassaient devant leurs stands et Jasper fit de même. Le plus difficile fut de ne pas le perdre dans la foule alors qu’il s’extasiait devant les fruits, puis devant les bijoux, devant les tissus ensuite. Tout lui plaisait, parce qu’il pouvait enfin les regarder sans qu’on veuille les lui offrir. Il tenta d’acheter quelque chose, une babiole en bois qu’il devait trouver mignonne. Il était tellement naïf qu’il ne remarqua pas que le marchand le menait en bateau en lui en proposant un prix exorbitant et en lui racontant une histoire abracadabrante :
- Cet ours a été taillé dans un bois très rare qu’on ne trouve pas à Arkadia.
- Je vois, souffla Jasper l’air émerveillé.
Il était déjà prêt à payer. Je pris la babiole entre mes doigts, scrutateur et marmonnai :
- C’est du simple bouleau.
L’homme tenta de changer de stratégie devant mon commentaire :
- Je vois que monsieur est un connaisseur.
- Je ne pense pas que cet ours en bois vaux le prix que vous en demandez, dis-je froidement. Est-ce que vous ne seriez pas en train d’essayer de nous arnaquer par hasard ?
Le marchand changea de couleur et Jasper soupira.
- Je vous le prends, dit-il, pour le prix que vous m’avez dit.
- Mais… Commençai-je.
Jasper me coupa en sortant sa bourse, acheta la babiole et s’éloigna.
- Pourquoi avoir fait ça ? Lui demandai-je. Il est évident que cet ours en bois ne vaut pas autant.
- C’est un joli ours, commenta Jasper.
- Je ne te comprends pas, grommelai-je.
- Je trouve juste ça très amusant que cet homme ait arnaqué le prince en personne, murmura Jasper. Il n’aurait jamais osé s’il avait su qui j’étais.
- Et toi, tu te laisses faire.
- Je me laisse faire, sourit-il, après tout, j’étais vraiment émerveillé par cet ours dont le bois n’est pas trouvable à Arkadia.
Je levai les yeux au ciel et lui mit un petit coup derrière la tête.
- Tu es vraiment naïf.
Il hocha la tête. Après avoir fait le tour du marché, nous arpentâmes les rues et entrâmes dans divers commerces. Au milieu d’un passage, un homme en haillon, était assis par terre et tendait la main dans l’espoir sans doute qu’on lui donne quelque chose à manger. Les gens passaient à côté de lui sans le voir, comme s’il était invisible. Jasper le remarqua, lui, et fit immédiatement demi-tour. Je crus un instant qu’il l’évitait par dégoût, mais il entra dans une boulangerie et commanda diverses viennoiseries avant de ressortir et d’aller les donner au pauvre homme dans la rue. Je restai près de lui à le regarder faire, et je le suivis à nouveau quand il disparut encore une fois dans la foule, pour acheter une couverture, qu’il apporta au clochard. Finalement il lui tendit une pièce d’or et l’homme se mit à le bénir tout en ignorant qui il était.
- Vous êtes un grand homme messire, sûr q’vous irez direct au paradis.
Je savais que Jasper ne faisait pas ça pour la gloire, mais parce qu’il désirait sincèrement aider cet homme abandonné de tous. Il le pouvait alors il le faisait, et s’il n’avait pas pu, il était fort possible qu’il lui aurait donné sa propre chemise.
J’étais perdu dans mes pensées quand le prince se fit bousculer une nouvelle fois. J’observai le petit manège de la jeune fille qui venait de lui rentrer dedans. Elle profitait de cette bousculade pour passer ses mains sous la cape de Jasper, si rapidement que j’aurais très bien pu ne pas le remarquer si je n’étais pas si observateur. La bourse du prince disparu dans la manche longue et elle commença à s’échapper. C’était sans compter sur ma présence. J’attrapai la jeune fille par le bras et le tordis dans son dos pour récupérer la bourse de Jasper.
- Qu’est-ce que tu fais ? M’interrogea le prince.
- Maurice, cette jeune personne t’as dérobé ta bourse, dis-je en lui lançant.
Jasper la récupéra en levant un sourcil :
- Ça alors, je n’ai rien senti.
Il s’approcha de la jeune fille l’air plus impressionné qu’énervé :
- Tu es vraiment doué, lui dit-il. Si mon ami n’était pas intervenu je me retrouvais sans le sou.
Elle le regardait à la fois avec colère et avec peur. Je lui faisais sans doute mal à la façon dont je la tenais, mais elle eut beau se débattre, je ne la relâchai pas.
- Que devrais-je faire, soupira Jasper, d’une petite voleuse.
- Relâchez-moi, grogna la jeune fille.
Je fixai le prince, attendant sa décision.
- Relâche-là, me dit-il.
Je levai un sourcil :
- Relâche-là, insista-t-il.
J’obtempérai et Jasper prit le bras de sa voleuse. Puis il y mit la bourse.
- Tiens, dit-il, tu m’as eu, ça t’appartient.
Je me fâchai :
- Tu n’es pas sérieux ! Cette gamine t’a volé ta bourse et toi tu lui donnes !
Jasper hocha la tête et referma les doigts de la jeune fille sur la bourse.
- C’est à toi maintenant, ne te la fait pas voler et partage ce qu’il y a dedans avec d’autres, d’accord ?
Elle était trop surprise pour répondre autre chose que « oui ». Elle avait dû s’attendre à ce qu’il la frappe, la punisse, l’humilie, la donne à un garde et réclame justice. Pas à ce qu’il lui donne sa bourse. La jeune fille resta planté devant Jasper un instant, puis se mit à courir et s’enfuit avant qu’il ne change d’avis. Jasper me sourit et je passai une main exaspérée sur mon visage :
- J’imagine que tu es content de t’être fait volé parce que tu es le prince.
- Il y a de ça, mais tu as vu comment elle était habillée ? Je crois qu’elle avait plus besoin de cet or que moi.
Il était vrai que la jeune fille portait de vieux vêtements et je me souvenais d’avoir vu ses pieds nus. Jasper l’avait remarqué et s’était montré généreux.
- J’ai une autre bourse, me dit-il, en cas de besoin.
- Tu vas la donner celle-là aussi, non ?
- Nous verrons bien, rit-il.
Nous ne rencontrâmes pas d’autres voleuses, ni de clochards. Mais Jasper réussit à ravir le cœur d’une vieille dame en l’aidant à porter son panier, il devint ami avec un artiste ambulant en applaudissant à tous ses tours, il joua avec des gamins près de la fontaine jusqu’à les faire rire aux éclats. Je restai dans son ombre, l’observant plus que l’accompagnant réellement. Le prince était déguisé et ainsi, il se montrait proche du peuple, comme s’il les gens étaient ses égaux, et c’était comme ça qu’il se sentait le mieux. Quand les autres ne le traitaient pas avec distance, avec respect, mais simplement comme un autre être humain avec qui on peut parler normalement. Après avoir fait la causette longuement avec un marin qui lui parla de ses nombreux voyages, nous assistâmes à l’attaque d’une femme par deux hommes musclés. Je n’eus pas le temps de bouger que Jasper était déjà là-bas, à protéger la femme en assommant les deux hommes avec son épée. Il se tourna ensuite vers la femme pour savoir comment elle allait, n’apercevant pas une troisième brute qui arrivait. Ceci dit, avant que le poing de l’homme n’atteigne Jasper, je lui bloquai le poignet. Le prince se tourna vers moi tout sourire :
- Merci, me dit-il.
- Je t’ai déjà répété un millier de fois de surveiller tes arrières, quand apprendras-tu tête de bois ?
D’un coup dans les jambes, je fis tomber l’homme par terre et Jasper plaça le bout de son épée sous son menton :
- Qu’est-ce que tu veux à cette femme ? Demanda-t-il.
- C’te sale garce nous doit d’l’argent, grogna l’homme. Si elle peut pas payer, alors nous prendrons ce qu’elle nous doit en nature.
Il avait tort de dire cela devant le prince. Je vis la bouche de Jasper se tordre de dégoût sous sa capuche. La pointe de son épée s’enfonça légèrement dans le cou de la brute.
- Et moi je pense que vous allez la laisser tranquille, martela-t-il.
- Et t’es qui pour nous dire c’qu’on doit faire ?
Je sus que le prince allait sacrifier son déguisement à ce moment-là. Il enleva sa capuche et Maurice redevint Jasper. Il scanda d’une voix autoritaire :
- Je suis Jasper James Jordan, prince d’Arkadia.
L’homme changea de couleur.
- Comment… Comment est-ce possible ? Vous ? Le prince ? Menteur.
Jasper roula des yeux et lui montra la garde de son épée où était gravée les armureries royales. L’homme jeta son visage sur le sol :
- Pardonnez-moi majesté pour mon impolitesse. J’ignorais qu’il s’agissait de vous.
- Je me fiche de ton impolitesse, j’ordonne que toi et tes amis laissiez cette femme tranquille, et si vous ne le faites pas, je le saurai et vous serez puni.
- Bien sûr mon prince, tout ce que votre majesté désire.
Jasper le fixa froidement et se tourna une deuxième fois vers la jeune femme. Celle-ci se jeta au sol et remercia Jasper avec politesse. Le prince eut l’air triste, sa petite comédie venait de prendre fin, maintenant il n’était plus un être humain comme un autre, maintenant les gens allaient le traiter autrement.
Durant le trajet du retour, la ville se plia devant lui, on entendit des « majestés » à tout bout de champ. Jasper était gêné, je le sentais. Il souriait, se montrait aimable, demandait aux gens de se relever. Il regrettait de ne plus être Maurice, même s’il avait révélé sa véritable identité dans le but de protéger une personne de son peuple.
Une fois au château, Jasper donna l’ours en bois à l’enfant qu’avaient eu deux de ses domestiques.  Puis alla se changer. Reprenant ses vêtements de prince, je remis mes habits de duc.
- On s’est bien amusé n’est-ce pas ? Me dit-il.
Je hochai la tête.

Cette nuit-là, à la lueur de ma bougie, je repensai à notre journée. À Jasper déguisé en Maurice et à son comportement avec les gens de la ville. Il était tellement à l’aise avec les autres, gentil et généreux, juste.
Oui j’étais plus fort, oui j’étais plus intelligent, mais Jasper comprenait mieux les gens, il en était plus proche, il faisait de son mieux pour rendre les autres heureux.
Je commençai à me dire que finalement, il faisait un bien meilleur prince que moi.

Ma mère me répéta :
- Tu es plus fort et plus intelligent, tu vaux mieux que lui.
Mais je n’arrivais plus à l’entendre. Elle voulait que je force les choses, que je demande à Jasper de faire de moi son héritier, et soudainement je me demandais si c’était une bonne chose. Je voulais encore me venger, mais je n’étais plus sûr de vouloir prendre la place d’un prince qui se débrouillerait peut-être mieux que moi.
Les jours passèrent, laissèrent place aux semaines, puis au mois. Jasper eut dix-huit ans et il y eu une immense fête à son honneur, où le roi son père était bien entendu présent, ainsi que de nombreux invités. Jasper finit complètement saoul le soir de son anniversaire et c’est moi qui allai le coucher.
- J’ai pas eu mon cadeauuuuuu Monty. Je veux moooon cadeauuuuu !
Je lui avais pourtant offert un énorme bouquet de fleurs devant le regard assassin de Hannah. Les domestiques s’étaient tout de suite occupés du bouquet et il tronait maintenant dans un vase dans la chambre du prince.
- Quel cadeau ? Soupirai-je.
Jasper tendit les bras comme un gosse, il m’attrapa et me serra contre lui, puis poussa un soupir de contentement.
- Tes câlins sont les meilleurs du monde, souffla-t-il.
L’été était loin, le feu dans la chambre était éteint, et pourtant je trouvai qu’il faisait chaud tout à coup dans cette chambre. Je refermai tout de même mes bras autour du prince et murmurai :
- Joyeux anniversaire petit prince, et bonne nuit.
Jasper s’endormit dans mes bras comme ça lui arrivait et je l’allongeai sur son lit, remontant les couvertures sur lui. Ma main fut dans ses cheveux, avant que je me rende compte l’y avoir mis. Ils étaient fins et bouclaient sur la longueur, ils étaient doux. Je clignai plusieurs fois des yeux et retirai finalement ma main. Je me comportais comme un idiot. Je soufflai la bougie de Jasper et allai me coucher.
Le lendemain, Jasper eut dix-huit ans et un jour et ma mère perdit patience. J’avais fait l’erreur d’oublier sa menace.

À suivre.
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