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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 9)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 9) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 9) Icon_minitimeDim 4 Fév - 18:43

9. Meilleurs amis.

Je n’arrivais pas à dormir. Je tournais la gourmette à mon poignet. Je pensais à mon père. J’aurais tellement voulu le connaître. Si je ne le haïssais pas je demanderais au roi de m’en parler. Comment étaient-ils devenus amis ? Comment était mon père ? Est-ce que c’était vrai que je ne lui ressemblais pas ? Est-ce qu’il m’aurait aimé ? Est-ce qu’il aurait été fier de moi et de ce que je suis devenu ? J’aurais tellement voulu le connaître, j’aurais tellement voulu qu’il me soulève au-dessus de sa tête, et me serre fort dans ses bras, comme le père de Jasper avec son fils. Pourquoi n’avais-je pas le droit à ça ? Pourquoi avait-il tué mon père ?
Je soupirai et finis par me lever. J’avais besoin de bouger. Je déambulai dans le château et descendit aux cuisines pour me servir à boire. Quand je remontai, je vis une ombre assise devant la porte de ma chambre. Je levai les yeux au ciel.
- Jasper va te coucher.
Le prince releva les yeux vers moi et murmura :
- Comment tu savais que c’était moi, il fait nuit.
- Parce que je le savais, c’est tout.
Jasper se mit debout et tendis les bras vers moi. Je me reculai.
- Un câaaaaaaaaaaaalin Monty, s’il te plaît.
- Et pourquoi donc ?
- Comme ça.
Il tenta de s’approcher mais je fis un pas en arrière. Jasper se frotta les yeux et bailla. Il semblait engourdi de fatigue.
- Joyeux anniversaire, me dit-il.
- C’est passé maintenant, fis-je.
- Petit Monty, joyeuuuux anniiiiversaire.
Je finis par le laisser s’accrocher à moi.
- Regarde, rigola-t-il, j’ai grandis et maintenant c’est moi qui fait un centimètre de plus.
- Jasper, va te coucher, dis-je alors qu’il m’étranglait à moitié.
- Tu veux que j’aille me coucher parce que je suis plus grand que toi.
- Jasper je suis fatigué là.
- Si t’es fatigué pourquoi t’es pas dans ton lit ?
- Tu m’énerves, va te coucher.
- J’ai pas envie.
- Pourquoi ?
Il se mit à pleurer dans mes bras. Je ne comprenais plus rien, comme d’habitude. Combien de fois est-ce que ça m’était arrivé depuis que j’étais ici ?
- Jasper, qu’est-ce qui t’arrive encore ? Demandai-je brutalement. T’as pas eu assez de gâteau ?
- Mon père va repartir. Il me l’a annoncé quand tu as disparu avec ta mère.
- Quoi ?
- Il va repartir et il me laisse encore ici tout seul.
Je fermai les yeux.
- Pas tout seul, dis-je.
- Quoi ?
- Je suis là.
Jasper me serra plus fort et je passai mes bras autour de lui.
- En ce moment, tu n’es pas trop là, murmura-t-il. Tu es loin, très loin. Je me demande si tu veux partir toi aussi.
- Je ne pars pas.
- Mais tu me rejettes. Tu m’évites. Tu m’en veux.
- Je ne pars pas, insistai-je même s’il avait raison pour ces trois affirmations.
- Promet-le.
- Je ne pars pas, je te le promets, je reste avec toi.
Il faut bien que je sois près de lui pour pouvoir le tuer plus facilement.
- Va te coucher maintenant.
- Borde-moi, réclama-t-il.
Je levai les yeux au ciel, mais prenant sa main je l’emmenai dans sa chambre. Il se coucha sur le lit et je remontai la couverture sur lui, bien comme il faut.
- Monty j’ai quelque chose à te dire.
- Quoi ?
- Je te le dirai plus tard. Quand mon père sera parti.
- Comme tu veux.
- Comme je veux, souris Jasper en fermant les yeux.
- Bonne nuit Jasper.
- Bonne nuit Monty.
Je sortis de sa chambre et regagnai la mienne. Le roi partait donc à nouveau. Déjà. Tant mieux. Qu’il parte, qu’il laisse son fils seul, Jasper se raccrocherait à moi et ça servirait mes intérêts. Je serrai la gourmette entre mes doigts et finit par m’endormir.

Le roi avait prévu de partir comme il était venu, avec son cheval et un manteau pour se cacher. Il préférait voyager comme ça discrètement. Les domestiques et les gardes qu’il emmenait avec lui, le suivraient de loin. Il serra une dernière fois son fils dans ses bras et embrassa sa joue. Jasper boudait mais le serrait fort en même temps. Il ne voulait pas voir son père partir, mais il n’en disait rien. Julian s’accroupit devant son fils :
- Sois sage. Écoute tes précepteurs, et cette fois-ci ne t’enfuis pas et ne te casse pas le bras.
Évidemment il avait fini par le savoir.
- Oui papa. Et toi, reviens vite.
- D’accord.
- C’est promis ?
- C’est promis.
Jasper eut un petit sourire. Julian s’approcha finalement de moi et me tendis une main que je refusai de serrer.
- Garde bien précieusement le cadeau que je t’ai fait, me dit-il.
Comme si je comptais le perdre ou le jeter. La seule chose qui appartenait à mon père. Je le fixai dans les yeux et je marmonnai :
- Merci.
Il me sourit et me décoiffa :
- Enfin, tu me fais entendre le son de ta voix, se réjouit-il.
- Je vous déteste quand même, lui dis-je.
Je savais que je n’aurais pas dû lui dire, que je devais jouer mon rôle, mais je n’avais pu m’en empêcher. Il ne sembla pas s’en offusquer.
- C’est bien que tu puisses me le dire alors.
Julian s’accroupit finalement face à moi :
- James serait fier de toi, me dit-il.
Comment osait-il me faire ça ? C’était lui qui l’avait tué, lui qui m’avait privé de mon père, c’était sa faute si je ne pouvais pas entendre mon père me le dire lui-même.
- Je me suis trompé, ajouta-t-il, tu lui ressembles beaucoup. Lui aussi fronçait toujours les sourcils de cette façon.
Je lui tournai le dos et ne le regardai pas dire au revoir à ma mère, ni embrasser une dernière fois son fils, ni monter sur son cheval, ni partir. Je restai obstinément le dos tourné. Je vis Jasper s’enfuir dans le château à toutes jambes quand son père eu disparu à l’horizon. Le prince refusa de sortir de sa chambre toute la journée, il ne mangea rien, et ne voulut voir personne, pas même moi.

Jasper me réveilla au milieu de la nuit en ouvrant ma porte.
- Allez-vous coucher majesté, grognai-je.
- Tu dormais ?
- Oui.
- Tu veux venir avec moi à la plage ?
- Non je veux dormir.
- Si tu ne viens pas avec moi, alors je dors avec toi, décida-t-il totalement arbitrairement avant de s’installer sur mon lit à côté de moi.
- Je vais te pousser du lit, marmonnai-je.
Il m’ignora.
- Tu viendras à la plage avec moi demain matin ?
- Oui, grommelai-je.
- Vraiment ?
- Oui pour te noyer dans la mer.
Bien sûr, ça le fit beaucoup rire et je lui tournai le dos. Jasper ne quitta pas mon lit mais devint silencieux, jusqu’à ce que je l’entende pleurer. Passant du rire aux larmes en un claquement de doigt. Son père devait lui manquer. Je pouvais comprendre ça, le mien me manquait tout le temps. Je finis par pousser un soupir et me tournai vers lui, passant un bras autour de son corps.
- Dors Jasper. Sinon demain tu ne seras pas en état pour aller à la plage.
Il hocha la tête :
- Il faut se lever à l’aube pour que personne ne remarque que je suis parti.
- J’avais compris, baillai-je. Dors maintenant.
Il posa ses mains sur mon bras, pleura encore un peu, puis finit par s’endormir. Pourquoi est-ce que je faisais ça ? En quoi ça servirait ma vengeance ? Quand je fus certains qu’il dormait complètement, je retirai mon bras, me penchai vers lui et entourai son cou de ma main. C’était si facile de l’étrangler. Il avait pleinement confiance en moi, il ne doutait pas une seule seconde que je pouvais mettre fin à sa vie si facilement. Il dormait à côté de son assassin, comme si de rien n’était. Un peu comme mon père avait dû le faire quand il était en vie. Ouvrir la porte à son meurtrier, le laisser entrer dans sa chambre.
- Je te tuerai, soufflai-je à l’oreille de Jasper.
Dans son sommeil, il leva les deux bras vers moi et m’attira contre lui. Je me retrouvai pris en étau dans ses bras, allongé à moitié sur lui. Je le repoussai assez brutalement, ce qui, bizarrement, ne le réveilla pas et je lui tournai le dos pour dormir.

Je fus le premier à me réveiller le lendemain, par habitude. Jasper s’était rapproché de moi pendant la nuit et bavait sur mon épaule. Je le jetai au bas du lit pour le réveiller. Il se plaignit :
- Monty tu ne connais pas la manière douce pour réveiller les gens ?
- Non, dis-je en sortant du lit.
Il se leva en se massant les fesses et s’approcha de moi, posant sa main sur mes cheveux, soufflant tout près de mon visage :
- Montyyyy, il est l’heure de se lever. Tu vois, ça c’est la manière douce.
- Je préfère ma manière, dis-je en me reculant. Va t’habiller.
Le prince acquiesça et quitta ma chambre en vitesse. Je me changeai et l’attendit dans le couloir. Normalement le prince se faisait aider pour s’habiller, même s’il n’aimait pas ça, je savais qu’on lui présentait ses vêtements et qu’on lui boutonnait ses chemises, sans doute le coiffait-on également même si ses cheveux reprenaient vite leurs droits. Il finit par sortir de chambre, ses cheveux dans le même désordre qu’à la sortie du lit, ses boutons attachés n’importe comment. Je levai les yeux au ciel et lui fit signe d’avancer, je défis sa chemise pour remettre convenablement les boutons. Il eut l’air gêné :
- On le fait à ma place d’habitude, marmonna-t-il.
- Ce sont tes privilèges, dis-je.
- Ne pas s’avoir s’habiller tout seul ? Pour toi c’est un privilège ?
Évidemment, s’il voyait les choses de cette façon. J’accrochai le dernier bouton et me reculai :
- On y va, dis-je.
Bien qu’il fut tôt, je savais que les domestiques devaient déjà être levé pour la plupart, commençant leurs tâches bien plus tôt que nous. Nous devions être prudent si nous ne voulions pas nous faire prendre. Nous descendîmes les marches à pas de loup, et j’attrapai le bras de Jasper pour nous cacher dans une alcôve quand j’entendis des bruits de pas.
- Comment les as-tu entendus ? Chuchota-t-il à mon oreille.
- J’ai une très bonne ouïe, dis-je.
Ça aussi je le devais à ma mère, mais ce n’était pas le moment de se replonger dans les souvenirs. Je pris sa main afin de le guider, me servant de mes oreilles pour savoir quand nous cacher. Nous réussîmes à sortir du château, attrapant nos manteaux avant de sortir et courûmes jusqu’à la plage.
Il faisait froid, l’eau était bleu clair et le ciel gris. Le sable était mouillé, ce qui ne nous empêcha aucunement de nous asseoir dessus. Jasper leva les bras au ciel :
- Ça fait du bien, dit-il.
Puis il se mit à crier comme il aimait le faire. Il ne se contenta pas de hurlement sauvage, il prononça des mots :
- Je déteste les protocoles, cria-t-il, je déteste quand on m’habille, je déteste qu’on me suive partout, je déteste les courbettes !
Puis plus doucement il ajouta :
- Je déteste quand papa s’en va.
Il poussa un énorme soupir puis redevint silencieux. Finalement il se tourna vers moi :
- Tu n’as rien à crier ?
- Rien.
- Je suis pourtant sûr que tu as pleins de choses à crier, insista-t-il.
- Non.
- Tu veux que je les crie à ta place ?
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- Je sais tout, dit-il.
Je ne pus retenir un frisson. Ce n’était pas dû au froid. Jasper me fixait l’air très sérieux et je me demandai s’il savait vraiment tout, s’il avait compris. Dans ce cas il valait mieux que je le tue tout de suite, où ma mère et moi aurions des problèmes avant même que je puisse me venger.
- Qu’est-ce que tu sais ? Demandai-je.
Jasper attrapa une poignée de sable mouillé entre ses doigts, laissant les secondes s’écouler sans répondre, faisant monter la tension en moi.
- Je sais que tu veux être prince à ma place, annonça-t-il. Je sais que tu penses que cette place te revient et tu as sans doute raison.
Mes doigts se crispèrent sur le sable, savait-il jusqu’où j’étais prêt à aller pour ça ?
- Honnêtement, continua-t-il, je n’ai pas tellement envie d’être prince. Tu as l’impression que je t’ai pris ta place, et j’ai l’impression d’avoir hérité d’une place qui n’est pas la mienne.
Il attendit peut-être que je dise quelque chose, mais je restai silencieux, alors il reprit :
- Si tu veux le pouvoir, dit-il, prends-le, je te le donne.
- Le pouvoir ne m’intéresse pas, crachai-je, ce que je veux c’est mon père !
Et ça personne pouvait me le donner, parce qu’on me l’avait volé bien avant ma naissance. Que Jasper me donne sa place ne suffirait pas à réparer la faute de son père, seule sa mort comptait. Seule sa mort pourrait satisfaire ma vengeance.
- Je te comprends, dit-il alors et j’eus envie de le gifler.
Comment se permettait-il de me dire qu’il me comprenait ?
- J’ai perdu ma mère et elle me manque, je voudrais qu’elle soit là. Elle est morte d’une maladie quand j’avais trois ans, je ne me souviens même pas d’elle. Papa dit que j’ai ses cheveux et sa passion, mais je ne sais pas s’il dit vrai ou juste pour me faire plaisir.
Je n’avais jamais réalisé. Que Jasper n’avait pas sa mère. J’étais tellement focalisé sur le roi, que je n’avais même pas fait attention à cette absence dans la vie du prince. Mais ce n’était pas pareil. Mon père m’avait été volé par le sien. On ne pouvait pas comparer.
Pouvais-je vraiment lui dire ça ? Que ce n’était pas la même chose ? Comme si sa douleur ne valait pas la mienne ? On avait tous les deux perdus un de nos parents. Il nous manquait à tous les deux. C’était comme un grand vide que je ressentais et Jasper devait avoir le même au fond de lui, un vide qui grandissait quand son père l’abandonnait pour voyager.
- Je donnerais mon royaume au grand complet pour revoir ma mère, juste une fois, souffla-t-il.
- Je donnerais tout ce que j’ai pour voir mon père, dis-je.
Je tournai la gourmette de mon père autour de mon poignet. La mer lécha le sable un long moment, avant que nous reprenions la parole.
- Comment était ta mère ?
- Mon père m’a dit qu’elle courait partout sans arrêt, et qu’elle adorait jouer avec moi. Il paraît que quand j’ai commencé à marcher, elle me suivait discrètement dans chacun de mes pas sans jamais m’empêcher d’aller nulle part sauf si ça devenait dangereux. Elle me laissait explorer. Mon père était heureux avec elle, mais quand elle est morte, il avait trop de mauvais souvenir dans ce château, alors il m’a souvent laissé aux mains de Becca pour faire le tour d’Arkadia.
- Ta mère avait l’air d’être quelqu’un de bien, commentai-je.
Hannah était si différente. Elle ne jouait jamais avec moi. Quand j’ai su marcher elle a considéré que je savais tenir une épée et m’en a mis une dans les mains. Quand j’ai su me battre, elle a pensé qu’il fallait que je devienne plus fort encore. Elle était capable de me dire qu’elle m’aimait puis de me frapper, me brûler ou m’abandonner en forêt. Je pensais que c’était ça l’amour, elle faisait tout ça pour mon bien, pour moi. Je n’avais rien connu d’autre. Jusqu’à maintenant. Pourquoi personne n’avait menacé Jasper avec un tisonnier ? Pourquoi sa mère jouait avec lui ? Pourquoi son père le prenait dans ses bras ?
Mais ça l’avait rendu fragile et naïf, alors que j’étais fort.
Jasper pensait tout savoir mais il ne savait rien du tout. Il avait peut-être compris que je convoitais sa place, mais il ne comprenait pas comment je comptais lui prendre. Il pensait me connaître mais il ne se méfiait pas de moi.
Le prince serra ses jambes contre lui et murmura :
- Je suis désolé.
- De quoi ?
- D’être prince à ta place.
- Ce n’est pas ta faute.
Les mots sortirent de ma bouche tous seuls, mais pourtant maintenant qu’ils étaient prononcés je me rendais compte que c’était vrai. Jasper n’avait rien à voir dans nos histoires, il était juste un pion sur l’échiquier, une pièce importante dont il fallait se débarrasser pour gagner la partie mais qui n’était pas responsable des actes de son père. Il n’avait jamais rien fait de mal, sa seule erreur était d’être né du mauvais père. Il n’y pouvait rien. Et pourtant même en sachant tout ça, je le tuerais. Parce que je devais me venger, parce que ma vie n’aurait eu aucun sens si je ne le faisais pas.
- Monty…
- Oui ?
- Tu me promets vraiment de rester avec moi ? Ou tu disais juste ça pour que j’aille me coucher.
- Je te le promets vraiment. Je resterai avec toi aussi longtemps que tu voudras de moi.
Puis je te tuerai quand je le devrai. Jasper me sourit :
- Tu sais, ça fera bientôt un an que tu es là.
- Et pourtant j’ai l’impression que c’était hier que j’arrivais et que j’étais accueillis par le prince le plus sale de la planète, le taquinai-je.
- J’ai l’impression que c’était hier que tu arrivais et que tu me fixais avec tes sourcils tous froncés et ton regard féroce et intimidant.
- Tu n’as pas été tellement intimidé.
- J’étais surtout intrigué.
- J’étais intrigué aussi, admis-je.
Je pliai mes jambes et regardai la mer un moment :
- Jasper, pourquoi tu m’as dit tout ça ?
- Quoi ?
- Que tu savais que je voulais être prince à ta place.
- Parce que je voulais que tu sache que je le savais, et qu’être prince ne m’intéressait pas.
- Je l’avais deviné depuis longtemps ça.
- Mais tu ne m’en as pas parlé.
- Non.
- Tu vois, au bout de presque un an c’est encore parfois vraiment difficile de savoir ce que tu penses.
Je hochai la tête :
- Moi c’est pareil, lui dis-je. Des fois, je ne sais pas à quoi tu penses non plus. Je ne te comprends pas toujours.
- C’est vrai ?
- Oui.
Jasper s’extasia et tendis ses bras pour les passer autour de moi.
- Ça par exemple, dis-je, je ne le comprends pas. Pourquoi tu fais ça ?
- Tu n’aimes pas les câlins ?
- Je n’en ai pas besoin.
Le prince serra encore plus fort ses bras du coup, en rigolant.
- Je suis sûr que t’en as besoin mais que tu ne veux pas l’admettre. Je suis sûr que tu adores ça.
Il avait raison, bien sûr. Il avait l’air content de lui. Je ne le repoussai pas.
- Tu es mon meilleur ami Monty, lâcha-t-il tout à coup.
J’étais heureux de l’entendre dire. J’avançais bien dans ma quête, c’était un autre pas vers ma vengeance. Ça aurait été tellement simple, s’il n’y avait eu que ça.
Mais il n’y avait pas que ça.
Je fermai mes yeux et passai mes bras autour de Jasper.
- Tu es mon meilleur ami Jasper.

Ce matin-là, Octavia nous entraîna comme à son habitude. Jasper et moi. Épée de bois contre épée de bois. Et d’autres matins passèrent. D’autres jours. D’autres mois. Des années. Et nous étions encore là, à notre entraînement. Épée de fer contre épée de fer. Nous avions dix-sept ans.
- Je vais te mettre une raclée cette fois-ci Monty !
Je ricanai avec mépris :
- Il faudrait déjà que tu arrives à me toucher.
Jasper était doué, mais j’étais toujours meilleur que lui. Alors qu’il tenta une attaque, je réussi à pénétrer dans son espacé vitale et tapai du plat de l’épée sur son épaule, puis sa jambe. Je bloquai son coup qui fut moins puissant que prévu, et avec ma force, j’envoyai valdinguer son épée au loin, puis je lui fis un croche patte et pointait mon arme sous son cou.
- Tu disais ? M’amusai-je.
- Je suis désarmé, lâche ton épée, réclama-t-il.
- J’ai gagné, dis-je en posant mon arme à côté de lui.
Allongé sur le sol il bougea ses grandes pattes pour faucher les miennes et je faillis tomber sur lui. Réussissant à m’arrêter en enfonçant mes deux mains dans le sol, me retenant à la seule force de mes bras.
En dessous de moi, Jasper me tira la langue :
- Tu es encore trop sûr de toi, Monty.
J’attrapai mon épée avec une main, me retenant de l’autre et m’asseyant sur lui je posai le plat de mon arme sur la gorge de Jasper.
- Tu disais ?
- D’accord, c’est bon, tu as gagné. Tu es le plus fort.
- C’est bien que tu le reconnaisses.
Avec un sourire arrogant, je retirai mon épée et me relevai. Je lui tendis la main pour l’aider et une fois qu’il fut debout, il alla ramasser son arme. Octavia ne nous entraînais plus, j’étais devenu plus fort qu’elle au fur et à mesure des années, et c’était moi désormais qui entraînait le prince. Pourtant le maître d’arme était resté au château et de temps en temps venait partager des passes avec nous.
- Je me dis que tu prends beaucoup trop de plaisir à me mettre à terre, commenta Jasper.
- Quel plaisir aurais-je à mettre à terre un vermisseau ?
- Oh toi… Je vais te…
Il se jeta sur moi et un nouveau combat à l’épée reprit.
Le temps était passé si vite, que j’avais parfois l’impression d’avoir encore dix ans. Mon petit prince avait bien grandi, il était désormais plus grand que moi en taille, mais ne me regardait jamais de haut pour autant.
Malgré les remontrances de ma mère qui me rappelait sans cesse de ne pas m’attacher au prince, il était évident que je m’étais attaché à lui. Cela faisait sept ans que nous nous connaissions désormais, il était toujours mon meilleur ami et moi le sien. Elle ne pouvait rien y changer. La seule chose dont je pouvais l’assurer, c’était que je n’avais pas oublié ma vengeance et que je savais qu’un jour tout cela prendrait fin.
Je n’étais juste pas aussi pressé qu’elle que ça arrive.
Je n’étais pas pressé du tout.
Une nouvelle fois le prince se retrouva à terre et ronchonna :
- Tu vas vraiment finir par me tuer !
C’était vrai, ça arriverait.
- Si tu protégeais un peu mieux tes appuies quand tu attaques ça n’arriverait pas, dis-je.
- Je ne peux pas faire deux choses à la fois, grogna-t-il, t’attaquer et me protéger.
- Alors attaque moi quand tu es sûr que je ne peux pas t’atteindre. Allez, debout, on recommence !
Le prince se releva, retrouvant immédiatement son sourire et s’exclama :
- Cette fois-ci, c’est la bonne !
Ce ne fut pas la bonne. Ni les fois d’après.
Quand le moment viendrait, même si je lui laissais une chance de se défendre, je le tuerais quand même au final.
Je le tuerais quand même.

À suivre.
[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 9)
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