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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 5)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 5) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 5) Icon_minitimeMar 30 Jan - 20:29

5. La marguerite rouge.

Trois mois étaient passés depuis que ma mère et moi étions arrivés au château. Le roi n’était toujours pas revenu et le prince continuait à s’occuper de nous (ou plutôt de moi). De temps à autre, il recevait des personnes de la ville, venues faire des demandes au prince, mais plutôt rarement. Les autres devaient, soit attendre le retour du roi, soit voyager pour pouvoir le voir.
Après avoir entendu le discours des serviteurs, j’avais évité de les frapper ou les brutaliser. Je leur parlais le moins possible et seulement pour leur donner des ordres. Même en présence du prince, je ne jouais plus de fausses comédies, je me contentais d’ignorer leur existence le plus possible, que ce soit celle de Charlotte ou de n’importe qui d’autre et je ne m’en portai pas plus mal.
Je n’avais plus fait de cauchemar depuis que Jasper m’avait entendu hurler. Le matin quand je m’étais réveillé, Jasper dormait, étalé sur moi, il était comme un chat qui recherche la chaleur. Je l’avais poussé hors du lit et il s’était réveillé en rencontrant brutalement le sol.
- Aïe Monty pourquoi t’as fait ça ?
Je n’avais pas répondu à la question, à la place j’étais sorti de mon lit pour l’attraper par le col.
- Si tu dis à qui que ce soit que je fais des cauchemars, tu regretteras d’être né, l’avais-je menacé.
C’était la première fois que je montrais mon vrai visage devant lui, et sans doute était-ce une grosse erreur. Il pouvait désormais se douter que je ne lui voulais pas que du bien, il pouvait deviner que je voulais le tuer au final et ne jamais m’accorder sa confiance. Je n’avais pas réfléchi, j’avais juste agi parce que je refusais que ma faiblesse remonte aux oreilles de ma mère. Jasper n’avait pas bougé, il m’avait longtemps fixé sans paraître éprouver aucune peur comme si je n’étais pas en train de serrer son col et de le fusiller du regard. Il avait souri, me déstabilisant comme il savait toujours si bien le faire et avait posé doucement ses mains sur mes poignets :
- Je n’avais aucunement l’intention d’en parler. Ne t’inquiète pas.
- Je ne te fais pas confiance, avais-je craché.
- Je sais. Mais je ne dirai rien. Tu n’as pas le choix Monty, tu vas être obligé de me croire.
J’aurais pu le tuer, là maintenant et j’aurais été sûr que jamais il ne révèle rien, mais je ne le pouvais pas. Parce que j’avais promis à ma mère de récupérer la couronne. Je l’avais simplement poussé violement et je l’avais relâché :
- Dis-le et je… Je ne sais pas ce que je te ferai mais ça te fera vraiment mal.
Je m’étais relevé sans attendre de réponse, j’avais pris mes affaires et m’étais enfermé dans la pièce attenante. Quand j’en étais sorti, Jasper n’était plus là. Nous n’avions jamais reparlé de ce qu’il s’était passé. Son comportement vis-à-vis de moi n’avait pas changé, et je me dis qu’il devait simplement penser que je n’étais pas du matin, qu’il n’avait pas compris mes réelles intentions.

Le temps commençait à se réchauffer grandement, l’été n’était plus très loin, pourtant les pièces du château restaient plutôt froides. Sauf dans notre salle de classe, assez petite, où le soleil semblait taper exprès sur les carreaux et nous étouffer. Bellamy, qui nous faisait cours ce jour-là, transpirait et Jasper faisait exprès de répéter les mots « chaleur » « soleil » « étouffer » dans toutes les phrases qu’il disait, jusqu’à ce que Bellamy craque et accepte de nous laisser sortir. À l’extérieur aussi il faisait chaud, mais le prince pouvait s’ébattre joyeusement. Il s’était mis dans la tête de cueillir un maximum de fleurs, plus qu’il ne pourrait en porter et me collait les autres dans les bras. Je me sentais parfaitement ridicule, j’avais peur que ma mère nous surprenne, je ne savais que trop bien ce qu’elle en penserait. Les fleurs sont pour les faibles et j’avais cet énorme bouquet dans mes bras et je ne pouvais pas m’en débarrasser. Le prince devait me faire confiance, à tout prix.
Et Jasper s’amusait, il souriait et continuait de me confier les fleurs jusqu’à ce que je ne puisse plus en porter une de plus et qu’il porte le reste.
- Est-ce que tu t’es mis dans la tête de cueillir toutes les fleurs ? Grommelai-je.
- Il me faudrait bien plus que tes bras et mes bras réunis pour ça, rit-t-il.
- Et à quoi ça va te servir tout ça ?
- Je vais en donner à tout le monde. Alors il m’en faut le plus possible, parce qu’il y a beaucoup de monde.
- Et pourquoi veux-tu donner des fleurs à tout le monde ? Que vont-ils en faire ?
- Ce qu’ils voudront, puisque je leur aurai donné.
- Tu ne crois pas qu’ils vont les jeter ?
- Peu importe, je veux juste leur offrir quelque chose.
Et c’est ce qu’il fit. Après avoir cueilli le plus de fleurs qu’il put, il en prépara des petits bouquets et fit le tour du château pour les distribuer. Je tenais le panier où il avait mis les fleurs et le suivait à travers le domaine. Les réactions étaient diverses et variés, la plupart était positive, on remerciait le prince pour sa gentillesse et on le couvrait d’éloge. Parfois brève, on prenait le bouquet, on disait un simple merci et on reprenait le boulot. Seule ma mère prit le bouquet froidement et sans un mot, refermant immédiatement la porte au nez de Jasper. Je savais que les fleurs seraient jetées.
Jasper offrit son dernier bouquet à Charlotte qui rougit de plaisir. Jasper embrassa sa main comme si elle était une grande dame, et elle eut l’air aux anges.
- Merci Majesté.
C’était agaçant. Comment pouvait-il traiter une simple servante ainsi ? N’allait-elle pas finir par penser qu’elle avait une place importante ? Mais le prince ne se rendait compte de rien, il était simplement gentil et voulait faire plaisir. Il ne le faisait pas pour recevoir des honneurs, simplement parce que c’était dans sa nature. Voilà tout.
- Il manque un bouquet pour une personne, dit-il en se tournant vers moi.
- Il me semble pourtant que nous avons vu tout le monde.
Du moins c’est ce que mes pieds me disaient, nous n’avions fait que tourner en rond encore et encore afin d’être bien sûr de voir tout le monde. Il me sourit et secoua la tête.
- Pas tout le monde.
- Qui manque-t-il ? Votre père ? Mais il est absent.
- Je ne pensais pas à papa, me répondit-il. Viens.
Je le suivis. Il se dirigea dans les jardins et j’en fus surpris :
- Vous ne voulez pas cueillir des fleurs des champs ?
- Je cherche quelque chose de spéciale, parce que cette personne est spéciale.
J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas qui nous avions manqué de si important. Je ne connaissais pas tout le monde dans le château bien sûr, il était fort probable que nous ayons manqué des gens sans que je ne m’en rende compte, mais une personne spéciale pour Jasper ? Qui cela pouvait-il être ?
Je n’aimais pas cette idée que Jasper ait pu avoir quelqu’un de spécial, s’il s’attachait à quelqu’un d’autre et qu’il choisissait cette autre personne comme héritière, que deviendrais-je ? Je devrais tout de même le tuer, obtenir ma vengeance, mais je ne récupérerais jamais la couronne, et ma mère serait furieuse et déçue.
- Qui est-ce ? Insistai-je.
- Tu ne te doutes vraiment pas ?
Je secouai la tête et je le vis pincer les lèvres pour s’empêcher de rire. Je ne voyais vraiment pas ce qu’il y avait de drôle. Il avait déjà donné son bouquet à Charlotte donc ce n’était pas elle. Octavia non plus. Le maître d’arme l’avait remercié chaleureusement et cela m’avait surpris car quand elle nous entraînait elle se montrait toujours sévère et froide. Il en avait offert à Bellamy également, ainsi qu’à Becca. Ces personnes me paraissaient être les plus proches de Jasper, mais il semblait qu’il y en ait une autre. Mais qui ?
- Jasper dis-moi.
- Non, tu n’as qu’à deviner tout seul !
- Je ne sais pas, dis-le-moi toi.
- Je ne peux pas.
- Et pourquoi ?
- C’est un secret !
Il était hilare, il s’amusait comme un fou de mon ignorance. Jasper tournait parmi les fleurs sans en choisir une seule :
- Tu n’as qu’à prendre des roses, dis-je, ça lui fera sûrement plaisir.
Je n’y connaissais rien en vérité, si je pensais aux roses c’est uniquement parce que chez moi nous avions un rosier et que cela me rappelait mon ancienne maison.
- Trop commun, répondit-il. Je te l’ai dit, je veux quelque chose de spécial.
Je me rembrunis. J’en avais marre qu’il parle de cette personne spéciale, j’en avais marre d’avoir à faire tous ces efforts alors que le prince avait déjà quelqu’un à qui il voulait offrir les plus belles fleurs. À quoi bon tenter de gagner sa confiance si je ne finissais pas par devenir son héritier ? Aussi bien le tuer tout de suite.
- Monty ?
Je relevai les yeux vers Jasper. Il écarta les bras et demanda :
- Quelles sont tes préférées ?
- Quelle importance ?
- Et bien, j’ai besoin de tes conseils. Je n’y connais rien en fleurs.
- Qu’est-ce qui te fais croire que je m’y connais ?
- Je ne le crois pas, je me demandais juste celles que tu préférais.
- C’est ta personne spéciale, ne devrais-tu pas savoir quelles sont ses préférés ?
- Je l’ignore. Tu ne veux pas m’aider ?
- Non, je ne veux pas. Tu n’as qu’à prendre ta fleur préférée, si elle est si spéciale, ça lui fera plaisir, non ?
- Tu crois ?
- Quelle est ta fleur préférée ?
Jasper regarda les jardins autour de lui et je me demandai ce que je faisais là. À choisir avec lui sa fleur préférée pour sa personne spéciale. J’avais envie de partir, j’avais envie d’en finir et de le tuer maintenant, j’avais envie de mettre un terme à cette mascarade stupide. Je n’avais pas d’arme sur moi mais il me suffisait de l’étrangler ou de lui casser la nuque et on en parlait plus. Tant pis pour la couronne, tant pis pour le pouvoir, j’aurais obtenu ma vengeance, rien d’autre ne comptait réellement.
Je m’approchai de Jasper, déterminé. Il ne me voyait pas, il observait les fleurs autour de lui. Il y avait une serre pas loin et ses yeux s’illuminèrent soudain :
- J’ai trouvé ! Dit-il.
Et il se mit à courir, me plantant là au milieu des jardins. Il ne mit pas longtemps à revenir, tenant dans sa main une seule fleur, il revenait vers moi à toute allure, sans savoir que j’étais prêt à en finir avec sa vie. Alors que je me préparai à assassiner le prince d’Arkadia, il tendit vers moi la fleur qu’il tenait dans la main.
- C’est une marguerite rouge, dit-il. Tiens, c’est pour toi.
Je restai figé.
- Et… Cette personne très spéciale ?
- Tu n’as toujours pas compris ? C’est toi bien sûr !
Encore une fois, il me prenait au dépourvu.
- J’ai donné un bouquet à tout le monde, sauf à toi !
- Moi… Murmurai-je. Je suis spécial pour toi ?
Jasper éclata de rire :
- Bien sûr que oui, on est amis tous les deux. Tiens prends là, c’est pour toi. Je ne sais pas si c’est ma fleur préférée, mais je la trouve vraiment jolie. Est-ce que ça te fait plaisir ?
Je n’arrivais plus à respirer. Jasper passait d’un pied sur l’autre attendant une réponse que j’étais incapable de lui donner parce que je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Il y a une seconde je voulais le tuer, j’étais déterminé. Et maintenant je ne savais plus pourquoi je devais le tuer exactement.
- Ça ne te fait pas plaisir ? Dans ce cas dis-moi quelle est ta fleur préférée !
Je n’en avais pas, je me fichais des fleurs, parce qu’elles ne servaient pas mes intérêts, parce que je n’avais toujours eu qu’un seul et unique objectif et que tout ce qui aurait pu m’en écarter était rayé de ma vie. S’occuper des chevaux, jouer à chat perché, être gentil avec les domestiques, cueillir des fleurs. Faire des câlins.
Le prince était en train de perdre son sourire, de douter, d’hésiter, devant mon absence de réponse.
- La marguerite rouge, répondis-je finalement.
Jasper s’illumina. Ce ne fut même pas qu’il sourit jusqu’aux oreilles, simplement qu’il se mit à irradier de bonheur comme si j’avais dit que je décrocherais les étoiles pour lui. Comment pouvait-il être aussi simple alors qu’il était le futur roi de tout un pays, de tout un peuple et qu’il avait tous les pouvoirs ?
Je fronçais les sourcils et appuyai ma main sur sa tête, comme si je cherchais à l’enterrer dans le sol.
- Votre majesté, vous êtes un idiot.
- Est-ce que t’es en train de me taquiner ?
Je haussai les épaules sans répondre à sa question.
- Je prends ça pour un oui.
Il me donna la fleur avec son grand sourire tout fier sur le visage. Je tendis le bras pour la récupérer, et au moment où j’allais la prendre, il changea d’avis et la garda.
- Jasper ? Tu me la donnes ou tu me la donnes pas ?
- Attends !
Jasper coupa la tige de la fleur et s’approcha de moi.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Ne bouge pas !
Je restai immobile comme il me l’avait demandé, plus par curiosité que par envie. Il leva la marguerite vers mon visage et ses doigts frôlèrent mon oreille et touchèrent mes cheveux. Je ne comprenais pas ce qu’il faisait mais je ne trouvais pas ça désagréable. Quand il retira ses doigts, il ne tenait plus la fleur. J’écarquillai les yeux. Jasper laissa tomber la tête sur le côté pour m’observer et chuchota :
- Tu es vraiment trop mignon.
Je voulu toucher mon oreille pour comprendre où était passée la fleur mais Jasper attrapa ma main :
- Non, ne l’enlève pas ! Viens.
Il m’entraîna avec lui, en marchant tout doucement, sans doute pour ne pas faire tomber la marguerite. Je me sentais déboussolé. J’avais l’impression que Jasper entrait dans ma tête pour y bousculer l’ordre établi. Je ne le comprenais pas et ce depuis le début, depuis notre rencontre. Tout était tellement différent de ce à quoi je m’étais préparé toute ma vie. Ma mère ne m’avait jamais dit que je devrais me mettre à crier sur la plage, qu’on allait me faire des câlins et que je trouverais ça agréable, que je devrais accepter d’avoir les bras remplis de fleurs. Je ne savais pas comment réagir à ça. Je ne savais pas.
Et quand Jasper s’arrêta dans une pièce pour me mettre devant un miroir, j’eus l’impression de totalement perdre pied. Je savais très bien à quoi je ressemblais. Je connaissais mon visage aux traits fins, mes cheveux raides, je savais leurs couleurs, je n’ignorais rien de la forme de mes yeux. Mes vêtements étaient tous les mêmes sobres et sombres, une façon de ne pas trop se faire remarquer. Pourtant, là, debout devant le miroir, ma fleur accrochée à l’oreille, cette grosse tâche rouge colorant le reste de mon visage et de ma personne, j’eus l’impression de ne pas me reconnaître. J’étais Monty et je n’étais plus Monty, pas celui que j’avais toujours connu, pas celui dont j’étais sûr, je devenais quelqu’un d’autre et je ne savais plus qui j’étais. Jasper se mit à côté de moi dans le miroir, petit prince chevelu aux grands yeux marrons et aux culottes courtes. Il n’avait pas de fleur à l’oreille mais sa couleur se portait sur ses joues et son sourire.
Je ne savais pas ce que je devais faire. Je n’avais pas appris. Je ne pouvais qu’être impuissant devant ce miroir à nous regarder tous les deux nous refléter.
- Tu me perturbes Monty, souffla Jasper.
Pardon ? C’était à moi de dire ça, pas à lui.
- Avant que tu n’arrives, je savais toujours ce qu’il fallait faire, comment se comporter, je ne pouvais pas commettre d’erreur parce que j’étais le prince et que les autres s’excusaient à ma place.
- C’est toi qui m’as demandé de penser par moi-même.
- C’est toi qui as obéis. Tu crois que tu es la première personne à qui je demande ça ? Les autres me disent « oui majesté » et continuent de lire mes désirs. Mais toi… Toi tu me réponds « non », tu me taquines, et tu me menaces. Tu es proche de moi, on se voit tous les jours, et des fois j’ai l’impression que tu es loin et que je ne peux pas t’atteindre. Alors je ne sais plus quoi faire. Je n’ai pas été habitué à ce genre de situation. Je ne sais pas comment te rejoindre.
Je tournai les yeux vers Jasper et soupirai :
- Tu es trop honnête, tu dis vraiment tout ce que tu penses ?
Le prince rétorqua :
- Tu ne dis jamais ce que tu penses, je comble.
J’observai de nouveau le miroir, avec ce Monty qui n’était pas Monty, et ce Jasper qui, apparemment, n’était pas non plus Jasper, et je lui dis :
- Regarde, je ne suis pas loin, je suis juste à côté de toi.
Jasper fit ce qu’il faisait toujours depuis que je le connaissais. Il me prit de cours et me désarçonna en se penchant vers moi pour embrasser ma joue. C’était encore une sensation étrange dont j’ignorais tout. Sa bouche chaude rencontrant la peau de mon visage et y laissant une sensation de chaleur bien après que Jasper se soit reculé. Je posai ma main sur ma joue, la bouche grande ouverte, ce qui fit éclater de rire mon petit prince.
- Au fait, reprit-il, j’ai oublié de t’en parler mais un peintre va venir aujourd’hui.
- Un peintre ? Pourquoi ?
- Pour peindre mon portrait. Mais je viens d’avoir une super idée.
- Laquelle ?
Jasper joignit ses mains en sautillant :
- Je veux qu’on soit tous les deux sur le tableau !
- C’est censé être ton portrait. Tu dois être tout seul dessus.
- C’est décidé on va faire comme ça.
- Tu m’écoutes ?
- Ce sera vraiment bien d’avoir un tableau de nous deux.
- Jasper.
- Et tu gardes ta fleur, tu es vraiment trop mignon comme ça.
J’abandonnai la partie qu’il était évident que je ne gagnerais pas.

Le peintre arriva tout de suite après le repas du midi. Il s’agissait d’une femme assez jeune dont les cheveux blonds retombaient en boucle sur son dos, son regard bleu nous observait tous les deux et le prince lui exposa son envie d’être peint à mes côtés. La peintre ne répondit pas immédiatement à sa requête. Elle nous lâcha du regard pour scruter les alentours.
- Bien, finit-elle par dire, je vais vous peindre ensemble.
Jasper eut l’air parfaitement satisfait. La peintre nous ordonna de prendre position devant le château, puis elle changea d’avis et nous nous retrouvâmes devant un rosier. Encore une fois elle n’eut pas l’air satisfaite et elle nous fit tourner nous déplacer jusqu’à trouver l’emplacement qui lui convenait. Jasper, au lieu de lui donner des ordres, faisait la conversation.
- Comment tu t’appelles ?
- Clarke, répondit-elle.
- Tu es peintre depuis longtemps ?
- Je peins depuis l’enfance, mais je ne gagne ma vie avec mes peintures que depuis peu. Non majesté mettez-vous plutôt ici, devant ce buisson, oui comme ça.
Jasper obtempéra et continua à parler :
- J’ai pu observer une de tes peintures il y a quelques mois, alors que je rendais visite à la comtesse Lexa. J’ai été très touché par votre façon de peindre que je trouvais très vivante. C’est pour cette raison que je t’ai fait venir, je voulais que ce soit toi qui peignes mon portrait.
- C’est un très grand honneur que vous me faites, Majesté. J’ai la chance de compter la princesse Lexa parmi mes proches amies et je suis heureuse que ma peinture vous ait touché. S’il vous plait, je crois que je préférais finalement quand nous étions devant le château.
Clarke parlait bien mais de façon un peu automatique. Elle savait ce qu’il fallait dire, mais elle était perdue dans ses pensées et dans sa peinture. Jasper fit ce qu’elle demandait et à sa façon de marcher en souriant, je compris que Clarke lui plaisait. Il aimait les gens comme ça, qui agissaient différemment avec lui. Clarke restait polie car il s’agissait tout de même du prince, mais elle ne s’écrasait pas, elle avait son objectif en tête et comptait bien faire ce qu’elle voulait sans se préoccuper des demandes du prince. Jasper alla même jusqu’à la tester :
- Je préférais devant le rosier, dit-il.
- Non, répondit-elle, et le château non plus. Il me semble que la plage ne soit pas loin, peut-être devrions-nous nous y rendre.
- Le château serait plus représentatif, insista-t-il, inutile de nous déplacer.
- Vous voulez que je vous peigne ou pas ? Lui renvoya Clarke automatiquement.
Et voilà. Elle venait de gagner son cœur. Tout comme Bellamy ou Octavia, c’était ceux qui le traitaient le moins en prince auxquels il s’attachait.
- Très bien, dit-il tout sourire, allons vers la plage.
Bien sûr, nous fûmes accompagnés, mais ni Jasper, ni Clarke ne s’en soucièrent. Elle cherchait le meilleur point de vue pour peindre et il avait trop l’habitude pour y prêter attention. Une fois devant la mer, Clarke nous fit encore tourner pour trouver la meilleure position par rapport à la lumière, l’eau, le sable, le point de vue. Si cela amusait Jasper, j’en avais parfaitement marre de servir de poupée à une peintre qui n’était même pas connue. Au moment où j’allais craquer, elle s’exclama :
- Stop ne bougez plus, c’est parfait.
Il était temps.
Elle s’installa enfin, mais même celui lui prit du temps. Encore une fois elle cherchait le meilleur endroit où se mettre par rapport à nous. Je fronçai les sourcils d’agacement et Jasper s’en amusa :
- N’est-ce pas toi qui me demande d’être patient quand nous sommes en cours ?
Je ne répondis pas et il insista :
- Tu sais que ça va lui prendre du temps pour peindre ce tableau.
- Je sais, grognai-je.
- Alors tu ferais mieux de te détendre.
Je soupirai et Jasper se tourna vers pour tirer sur mes sourcils avec mes pouces.
- Tu vas avoir une tête d’ours grognon sur notre tableau si tu continues.
Je le poussai pour qu’il me lâche :
- Et toi une tête de lionceau stupide.
J’aurais dû me douter que ma remarquer le ferait rire. Je fronçai un peu plus fort les sourcils et il rit de plus belle. Clarke avait enfin trouvé sa position et nous intima de nous calmer pour qu’elle puisse commencer. Jasper et moi nous tournâmes vers elle, et je défronçai les sourcils.
Honnêtement, j’aurais pu enlever la fleur, la jeter. C’était même ce que je comptais faire, mais elle était là depuis un bout de temps et j’avais fini par complètement oublier sa présence. Jasper se garda bien de me le rappeler, il était bien trop content qu’on me peigne avec. Je savais que ce n’était pas pour me ridiculiser mais parce que ça lui plaisait vraiment de me voir ainsi. Alors je ne lui en voulus pas quand il ne me le rappela pas non plus le soir.
Clarke n’avait, évidemment, pas terminé son tableau, cela prendrait plusieurs jours, et Jasper avait tenu à lui montrer lui-même sa chambre.
- Tu te prends vraiment pour un domestique, lui avais-je dis.
- Tu crois que je serais bon pour ça ?
- Non. Tu casserais toute la vaisselle et le ménage serait une catastrophe.
Il avait fait semblant de s’offusquer puis avait emmené Clarke avec lui. Comme je n’avais rien d’autre à faire, j’étais allé voir ma mère. J’étais triste de la savoir seule dans ce château. Elle ne parlait à personne, sortait peu de sa chambre. Mon père devait lui manquer, et elle devait souvent penser à lui ici, dans cet endroit où ils avaient vécu ensemble. Finalement, elle n’avait que moi et j’étais sans cesse accaparé par le prince – pour le bien de notre plan. J’aurais voulu que Jasper se rende compte que ma mère n’était pas comme lui, qu’elle ne pouvait pas se contenter des petites gens alors qu’elle avait été reine. Je pensais à tout cela quand je rentrai dans ses appartements.
La première chose que j’aperçu, fut le bouquet de Jasper qu’elle avait misérablement jeté dans un coin de la pièce, comme un déchet.
Ma mère était occupée à écrire une lettre. J’ignorais à qui elle s’adressait et je ne lui posai pas la question. En fait, même si j’avais voulu le faire, je n’en aurais pas eu le temps. Quand elle se tourna vers moi, je vis son visage se durcir et la colère la gagner. Je réfléchis à toute vitesse pour savoir ce que j’avais fait pour la mettre dans cet état, sans que rien ne me vienne à l’esprit. Peut-être n’avait-elle simplement pas apprécié de me voir aider Jasper à distribuer ses bouquets, mais ne pouvait-elle pas comprendre que je le faisais pour amadouer le prince ?
Elle se leva et d’une voix plus froide que les glaçons elle me demanda :
- Est-ce que tu sais ce que le père de Jasper a fait à ton père ?
Je déglutis et hochai la tête.
- Tu n’as pas oublié n’est-ce pas ?
- Comment le pourrais-je ?
Hannah s’approcha de moi et posa sa main sur mon épaule, ses doigts se plantèrent dans ma peau, fort.
- Je vais quand même te le rappeler, fils.
Je me tus.
- Ton père était allongé dans son lit, sans arme, sans rien. Il faisait confiance à son ami, tout le monde lui faisait confiance, et Julian pouvait entrer dans la chambre de ton père comme il le voulait, sans que personne ne l’en empêche. Personne ne l’en empêcha ce jour-là.
J’avais entendu cette histoire des centaines de fois, et d’autres bouches que celles de ma mère, et cela me glaçait toujours autant d’effroi de l’entendre.
- Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit, mais voilà ce qu’il s’est passé. Le père de Jasper avait son épée, et il l’enfonça dans le corps de ton père, en pleins dans sa poitrine. Nous l’avons trouvé ainsi, tenant l’épée qui transperçait le corps de mon pauvre époux mort dans son lit, salissant ses draps de son sang. Julian a trahi ton père, il l’a tué sans lui laisser une seule chance de pouvoir se défendre. Tu m’entends fils ? Il nous a tout pris ! Le pouvoir, ton père, notre vie. Tout !
Elle avait élevé la voix sur la fin, et je frissonnai. Mon père était mort parce qu’il avait accordé sa confiance à quelqu’un. Ma mère me secoua :
- Tu dois le détruire, tu m’entends ? Tu dois tuer Jasper et récupérer notre place, à tout prix.
- Je sais tout ça, dis-je.
Je ne comprenais pas pourquoi elle éprouvait soudainement le besoin de me le rappeler.
- Tu le sais ? Vraiment ?
Alors elle attrapa la fleur que j’avais à l’oreille et me la colla sous le nez :
- Et ça c’est quoi ?
Ma gorge se serra.
- Qu’est-ce que tu fabriques Monty ? Je ne t’ai pas élevé pour que tu batifoles et que tu t’amuses et que tu te plantes des fleurs dans les cheveux.
J’ouvris la bouche pour dire quelque chose sans savoir quoi et tendis la main pour récupérer la fleur, mais ma mère l’écrasa dans son poing, la jeta par terre et marcha dessus. Je ne sais pas pourquoi, mais ce geste me fit bien plus mal que la baffe qu’elle me colla ensuite. Peut-être parce que je ne craignais plus la douleur physique. Peut-être parce que je me souvenais du sourire de Jasper quand il m’avait tendu cette fleur.
Je me baissai au sol pour récupérer la fleur complètement écrasé, les pétales arrachés et me relevai.
- Mère je fais ce qu’il faut pour plaire à Jasper, dis-je.
- Non, assena-t-elle. Tu n’as pas besoin de te balader devant moi avec une fleur pour lui plaire, et tu le sais très bien.
Elle avait raison. Je n’en avais pas besoin. Il y avait longtemps que j’aurais pu enlever cette fleur. J’aurais même pu refuser de la porter. Jasper ne m’en aurait pas voulu. Cette fleur n’aurait dû avoir aucune importance pour moi, et pourtant, elle en avait.
- Je fais ce qu’il faut, répétai-je en regardant Hannah droit dans les yeux.
Elle me gifla à nouveau, si fort qu’elle réussit à me couper la joue avec sa bague.
- Fais le mieux, me dit-elle. Ne te tourne pas en ridicule. Je ne t’ai pas élevé pour que tu t’amuses fils. Je t’ai élevé pour que tu règnes.
- Bien mère, fis-je en baissant la tête en signe de soumission.
Elle attrapa mon menton et le releva brutalement :
- Son père a tué ton père.
- Oui.
- Ne le laisse pas t’humilier ainsi, insista-t-elle.
- Bien.
Ses ongles s’enfoncèrent dans ma peau.
- Tu es mon fils, je t’aime et je suis fière de toi, je ne supporterais pas qu’il puisse te ridiculiser.
- J’ai compris.
- Ne le laisse pas t’humilier, répéta-t-elle.
- D’accord.
- Ne. Le. Laisse. Pas. T’humilier. Redit-elle en appuyant bien sur tous les mots.
- Oui mère.
- Je compte sur toi.
- Oui mère.
Elle me relâcha enfin, juste pour tendre sa main vers moi :
- Donne-moi cette fleur.
Si elle remarqua mon hésitation, elle n’en fit rien paraître. Je posai la marguerite détruite dans sa main. Elle l’écrasa à nouveau dans son poing de toutes ses forces.
- Ne le laisse pas t’humilier.
- Bien mère.
- Tu peux y aller maintenant.
Je sortis de la pièce, et eus l’impression de ne respirer qu’une fois à l’extérieur. Qu’est-ce que j’avais fait ? Ma mère avait raison bien évidemment. Comment osais-je laisser Jasper me faire passer pour un idiot de cette façon ? Je ne me laisserais plus faire. Je voulais gagner sa confiance, mais pas m’humilier davantage.

Le lendemain, quand Jasper alla cueillir une nouvelle marguerite afin de me l’accrocher dans les cheveux, pour le tableau, je repoussai violemment sa main et la fleur tomba au sol.
- Pas besoin de ça, dis-je.
Jasper eut un petit sourire contrit et murmura :
- Je vois que tu n’es plus à côté de moi.
Il s’éloigna et je regardai la marguerite par terre.
Après avoir poussé un soupir très très agacé, je la ramassai et suivit Jasper jusqu’à la plage où Clarke nous peindrait.

À suivre.
[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 5)
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