Original - pas de spoil - La reine de coeur - 3

Fandom: Original
Prompt: C'est presque une évidence. (je tourne autour à la fin)









— Attends, tu essayes de me dire que même si les gens trouvaient que les Foxes formaient un groupe pourri... ils n'ont pas voulu qu'ils le dissolvent ?
— C'est ce que je viens de dire. Ils n'avaient connus que ça jusqu'ici, tu crois qu'ils étaient prêt à laisser tomber une tradition juste parce que les personnes aux pouvoirs n'étaient pas dans leurs normes ? Non, trop facile. Mais ce n'est pas tout. Les Tigers entendirent parler des intentions des Foxes et comme les deux groupes étaient pour ainsi dire rivaux... Ils se mirent en tête de les menacer. Tous les moyens furent bons, les bousculades dans les couloirs, les petites lettres dans les casiers et même les insultes dans les couloirs.
— Et comment est-ce que les Foxes ont réagit ?

Maverick étendit un peu plus ses jambes. Il ressemblait à une énorme pieuvre qui prenait beaucoup de place. Tellement que je me sentis à l'étroit de mon coté du banc.

— De façon rusée: ils ne firent rien.
— Ah ? Dis-je, déçu.
— En apparence du moins, sourit-il. Léo, le boutonneux de la bande, se chargea de l'affaire en mettant des sardines dans les casier des Tigers et il réussit à en cacher dans les ventilateurs de leurs voitures. L'odeur, Ange... L'odeur ! Je crois que je n'oublierais jamais leurs têtes ! Rit-il.

Je ne pus retenir un sourire. Imaginer la scène était terriblement amusant.

— En parallèle, les Foxes m'adoptèrent comme une sorte de mascotte, personne ne trouva à y redire puisque j'avais été exclu de mon rôle de leader des Tigers. J'appris à mieux les connaître au fur et à mesure. Je connaissais déjà Zach, le meilleur ami du type aveugle qui se révéla être Malo, un type gigantesque avec des lunettes noires qui lui mangeaient la moitié du visage, un sourire à éclipser le soleil et son chien toujours à ses cotés. Étrangement, l'animal faisait parti des cinq membres du groupe, au même titre que les humains. Léo resta un mystère complet pour moi, ne s'ouvrant que rarement ou seulement au travers de son écran de portable. Et il y avait enfin Calvin, que tout le monde surnommait Sumo sans savoir que son coeur méritait ce terme plus qu'aucune autre partie de son physique.
— Pourquoi tu parles de cette façon ?

Les yeux de Maverick se focalisèrent à nouveau sur le présent, il tourna la tête vers moi et pencha la tête avec curiosité.

— Pourquoi l'imparfait et le passé simple ? C'est étrange, précisai-je.
— Parce que c'est comme ça qu'une histoire doit être racontée. Du moins, c'est comme ça que j'aime les raconter.

Le Hall se vidait petit à petit alors que l'heure des cours approchait. Aucun de nous deux ne se leva.

— Et après ?
— Et après ? Répéta Maverick avec un sourire taquin.

Je levai les yeux au ciel et haussai un sourcil, inquisiteur.

— Après... Elle arriva.
— Qui el...

La sonnerie retentit. Maverick s'étira en repoussant ses cheveux mi-longs en arrière, son henley trop grand dévoila un oiseau d'encre sur le point de prendre son envol. Mesdames et Messieurs, la pieuvre va à présent se dresser sur ses pattes. Il tourna la tête vers moi, amusé:

— La suite au prochain épisode.






Je n'eus pas l'occasion de revoir Maverick de la journée, il suivit les cours de la matinée et disparut à la pause déjeuné sans une explication. Je rongeai mon frein jusqu'au lendemain, pensant sans cesse à la dernière phrase énigmatique de l'histoire qu'il me racontait.

Elle arriva. Qui était "elle" ?

Je détestais ne pas savoir ce qui se profilait à l'horizon, si bien que je me jetai pratiquement sur Maverick lorsqu'il arriva en classe.

— C'est qui ?
— Bonjour à toi aussi, grogna t-il, l'air à moitié endormi.
— Elle arriva. Qui est "elle" ?
— La reine de cœur évidemment.
— La reine de cœur ? Dis-je en clignant des yeux derrière mes lunettes.

Le prof choisit ce moment exact pour entrer dans la salle et nous sommer de nous asseoir à nos places parce que le cours allait commencer.

La reine de cœur. Ce terme m'était familier. Je me creusai la tête, la réponse était là, juste à portée de la main. La reine de cœur. Cœur. Quel rapport avec l'histoire que Maverick me racontait ? Ça devenait de plus en plus dingue. Histoire, reine de cœur... Un éclair sembla me traverser.

— La reine de coeur, dis-je pendant la pause. Comme celle dans Alice au pays des merveilles ?
— C'est le titre qu'elle s'est auto-attitré.
— Et c'est qui ? Insistai-je.

Maverick pencha la tête sur le coté, quelques mèches brunes glissèrent de derrière ses oreilles pour voiler son regard gris.

— Le mystère est là. Qui est-elle ? Quelle est son identité ?
— Tu le sais ?
— Peut-être. Mais où est le fun à révéler l'issue de l'histoire avant sa fin ?
— Alors quelle est la suite de l'histoire ?

Maverick fronça les sourcils et parut réfléchir. Peut-être se demandait-il où il en était resté la dernière fois. Je m'installai à coté de lui sans prêter attention aux autres.

— Elle arriva, l'aidai-je, cette phrase gravée au fer rouge dans ma mémoire.
— Oui, elle arriva. Elle arriva dans l'histoire sous la forme d'une feuille de papier blanc sur le panneau d'affichage du lycée. Rien de très extravagant. Une simple missive, somme tout innocente. Mais ce qu'elle y avait écrit était clairement un avertissement pour tout ceux qui ne faisaient même que l'entrevoir. Elle disait "Message de la reine de coeur: Ne vous imaginez jamais ne pas être autrement que ce qu'il pourrait apparaître aux autres que ce que vous fûtes ou auriez pu être, ne serait pas autrement que ce que vous aviez été et leur serait apparu comme étant autrement. "
— Je ne comprends pas, répondis-je, confus.
— Je pense qu'elle même ne comprenait pas lorsqu'elle l'a écrit. Mais ce n'est pas elle qui l'a écrit, j'ai regardé sur Google, c'est une citation de Lewis Caroll.
— Comment peut-elle avertir de quelque chose si elle ne sait pas elle-même de quoi elle avertit ?

Maverick éclata de rire, comme si ce que je venais de dire était hilarant.

— L'important, c'est qu'elle avertissait de quelque chose. Mais son avertissement ne trouva que des oreilles sourdes.
— Pas étonnant... Elle a l'air aussi folle que la reine du conte.
— Personne ne l'écouta, continua Maverick en m'ignorant. Et certaines personnes s'en mordirent très certainement les doigts.

Je fronçai les sourcils. Je ne savais plus démêler le vrai du faux, c'était totalement abracadabrantesque et évident qu'il inventait tout cela... Mais une part de moi avait envie d'y croire. La sonnerie mit fin à mes interrogation. Maverick haussa une épaule et l'oiseau sur sa clavicule fit mine de s'envoler.

— La suite blah blah... sourit-il.