Aube

Prompt : Mais je veux essayer
Fandom : My Hero Academia
Couple : BakuDeku, pas de spoil

Coincer Kacchan seul quelque part quand ce dernier ne voulait pas être trouvé, ce n'était pas facile, mais tout le monde n'était pas Izuku Midoriya.

- Kacchan.

Izuku ne pouvait voir son partenaire que de dos, debout seul sous le ciel étoilé, sur le toit de leur agence auxquels ils n'avaient normalement pas le droit d'accéder. Il reconnut un soupir au léger mouvement de ses épaules.

- Deku. Qu'est-ce que tu fais là?

Deku. Pas "Izuku". Et Kacchan n'avait pas daigné se tourner vers lui, non plus.

Izuku fronça les sourcils.

- Et toi, alors? On n'a pas le droit d'aller sur le toit, normalement. Il est toujours en réparation depuis la dernière fois.

Kacchan lui jeta un regard en coin, lui présentant son profil. Il ne le regardait toujours pas en face, mais c'était déjà quelque chose. La gorge d'Izuku se serra, son coeur tambourinant dans sa poitrine avec appréhension.

Sa voix se fit douce, comme pour amadouer un animal sauvage :

- Tu es parti très vite, après la mission...

Kacchan laissa échapper un "tch!", effrayant trois pigeons mangeant des miettes à ses pieds, qui s'enfuirent dans un bruissement de plumes. Il se détourna de nouveau d'Izuku, mains sur les hanches, les yeux au loin.

Izuku guettait le moindre signe annonçant que Kacchan s'apprêtait à s'échapper, lui aussi. Ce n'était pas bien, mais il se tenait prêt à le poursuivre s'il le fallait; concernant Kacchan, Izuku avait toujours été égoïste.

Kacchan lui répondit, blasé :

- Je suis parti très vite parce que je voulais être seul. Tu le sais, et pourtant t'es là.

Izuku s'approcha d'un pas :

- Tu pourrais me planter là et partir.

- Et tu me poursuivrais?

- Quand tu veux être furtif, tu le fais bien. Tu y arrives mieux que moi.

Kacchan se tourna vers lui, son sourire de travers, fier et un brin carnassier, sur les lèvres. C'était l'un des sourires préférés d'Izuku.

- Ça, c'est bien vrai.

Izuku s'arrêta. Il se gorgea de ce sourire, du rouge de ses yeux. Kacchan renâcla en s'apercevant qu'il avait comblé la distance entre eux et se détourna pour s'envoler.

- Non.

Izuku l'attrapa par le bras. Kacchan se figea instantanément.

- S'il te plaît, reste. Kacchan. On a besoin de parler.

Un frisson discret parcourut Kacchan, un bras, puis l'autre, ses jambes trop tendues pour que leur posture soit naturelle. Sans leur dernière mission, peut-être qu'Izuku n'aurait pas remarqué sa réaction; mais cette mission avait bien eu lieu, et Izuku serra un peu plus ses doigts autour du biceps de Kacchan, tressaillant lui-même, mordant ses lèvres en retenant son souffle.

Kacchan grogna; le son était rauque, bourru. Affectueux.

- Tu me gonfles. Tu le sais, ça?

La lumière de ses yeux n'était ni en colère, ni surprise. C'était un soleil tempétueux mais qui s'adoucit en se posant sur lui, grognon et rebelle et tendre, et, quand? Quand est-ce que cette lumière avait changé?

Izuku était tellement, tellement stupide.

Il lâcha brusquement Kacchan et recula d'un pas en se raclant la gorge. Son partenaire ne bougea pas d'un poil et haussa un sourcil en l'observant, ce qui fit monter le rouge aux joues d'Izuku et accentua l'expression narquoise du blond.

Izuku secoua la tête. Refusant de se laisser distraire, il plissa les paupières, déterminé. L'expression de Kacchan se lissa en réponse, prudente, mais il ne s'en formalisa pas :

- Est-ce que... c'est vrai? Ce qu'a dit le méchant qu'on a arrêté aujourd'hui, est-ce que c'est vrai?

Ils avaient poursuivi un vilain nouvellement arrivé, qui s'intéressait au vol de banques et à la destruction de bâtiments. Avec son pouvoir de télékinésie, le vilain s'en donnait à coeur joie. Ils avaient bêtement cru que son alter se résumait à ça.

Ils s'étaient trompés.

Les yeux de Kacchan s'étaient finalement accrochés aux siens. Ils ne cillèrent pas à la question, qu'il semblait avoir attendue, mais le reste de son visage ne laissa rien échapper. Il ne dit rien.

Izuku serra les poings. Il ne put s'empêcher d'attraper la manche de son partenaire d'une main.

- Kacchan...

Le méchant, secoué d'une rage télékinésique, avait enseveli Izuku sous un tas de pierres; Izuku avait eu le temps d'entendre quelqu'un hurler, puis les sons s'étaient retrouvés assourdis, sa tête étourdie et lourde. Le temps de se redresser, il était tombé sur Kacchan, qui avait explosé les pierres autour de lui pour le dégager.

Et le méchant était sur le sol, paralysé, sa tête entre ses mains, gémissant d'agonie. Personne ne l'avait touché.

Il avait jeté à Kacchan un regard de haine pure :

- Il va bien! Arrête d'hurler, putain, TU VOIS BIEN QU'IL VA BIEN ! TON AMOUR ME VRILLE LES TYMPANS, STOP, STOP !

Et Izuku. Avait relevé les yeux vers Kacchan, qui était en train de l'examiner et s'était figé. L'horreur avait élargi ses prunelles dans une expression qu'Izuku ne lui avait jamais vue, panique et stupéfaction se battant en duel sur son visage; ses doigts, toujours sur les épaules de son partenaire, s'étaient mis à trembler.

Kacchan avait pris une inspiration. Avalé une goulée d'air.

Puis il avait quitté les lieux, sourd aux appels d'Izuku.

Le vilain, se tordant de douleur sur le sol, avait dû être sédaté. ll n'était pas que télékinésiste : il lisait aussi dans les pensées.

Il avait été terrassé par les sentiments de Kacchan quand Izuku était tombé. Personne n'avait eu besoin de le toucher.

- Kacchan...

Izuku tira sur sa manche. Effleura sa paume.

Kacchan tressaillit. Il voulut reculer, mais Izuku ne le laissa pas faire, avança en même temps que lui, les doigts toujours contre sa peau. Il pencha la tête sur le côté. Il brûlait d'envie de lui demander s'il pouvait lui prendre la main, brûlait d'envie de-

Kacchan ferma les yeux. Il eut un soupir résigné :

- La réponse à ta question, tu la connais déjà.

- Mais je veux l'entendre.

Kacchan rouvrit brusquement les paupières. Izuku lui sourit, et, flûte, il cala ses doigts entre les siens. Il garda sa prise lâche, pour laisser Kacchan décider de la suite.

Kacchan resserra ses doigts, fort; sa prise tremblante, presque douloureuse.

Cette main chérie. Cette main aimée, enfin dans la sienne.

Izuku ne pouvait s'empêcher de sourire. Des larmes de joie perlèrent aux coins de ses yeux.

- Je veux l'entendre de ta bouche...

Il voulait essayer. Voulait essayer, avec Kacchan. Voulait faire quelque chose de cet amour brûlant en lui, voulait le nourrir, voulait partager son feu. Il voulait confier son coeur à Kacchan, et avoir le sien en retour - s'il te plaît, si tu veux bien, dis? Sa propre poitrine deviendrait la meilleure maison pour ce coeur explosif, ce coeur qu'il aimait tant.

Est-ce que Kacchan accepterait? Est-ce qu'il accepterait, qu'Izuku ne l'aime plus en silence, que ses mots se libèrent? Est-ce qu'il accepterait de laisser ses sentiments à lui - ses sentiments, qui semblaient jumeaux des siens - lui faire écho, l'atteindre au grand jour?

Kacchan le fixait avec des yeux immenses, iris rouge écarlate, joues rosées. Izuku rit, bonheur aqueux sur les siennes, et, pris d'un élan irrépressible, il déposa un baiser sur cette main précieuse toujours dans la sienne.

La gorge de Kacchan se coinça.

De son autre main, il saisit sa nuque :

- Putain. Izuku, je t'aime.

Et il l'embrassa à pleine bouche, avalant son rire. Izuku s'accrocha à lui, et ses pieds décollèrent du sol.

Moi aussi. Kacchan, je t'aime tellement.

Ensemble, front contre front, ils attendirent l'aube.

xxx

C'est doux, c'est beau et ton écriture est toujours aussi belle et poétique . J'adore tous les tropes que tu as exploité, c'était vraiment superbe.
J'ai adoré. Bravo !