Pas relu.
***
8. Le chaton.
Monty.
Jasper dévale la côte en vélo, avec moi derrière, quand la bête surgit devant nous. Jasper freine et fait un écart pour l’éviter et je perds l’équilibre et tombe du vélo. La chute me paraît à la fois longue et courte et j’atteris sur mon épaule. Sur le coup j’ai surtout peur, je ressens surtout un choc, la douleur ne vient qu’après à la fois mordante et brulante. J’ai envie de crier, j’ai envie de pleurer, je me contente de respirer fort à toute vitesse et de serrer les dents. Hors de question que Murphy me traite de naze ou se moque de moi « oh tu t’es fais un petit bobo et tu chiales ! ». Je ne lui laisserai pas cette satisfaction même si ça fait un mal de chien.
Jasper balance son vélo sur le côté et court vers moi en criant.
- Monty !!!
Il tombe presque à mes côtés et répète mon nom :
- Monty, Monty, tu vas bien ?
J’essaye de hocher la tête mais la douleur remonter jusqu’à mon épaule et j’évite de bouger. Je ferme les yeux, respire :
- Oui, murmuré-je.
- Tu peux bouger ?
- Pas tout de suite, attends.
La douleur est encore trop forte. Jasper reste à mes côtés et Murphy s’approche de nous en silence. Il tient quelque chose dans ses bras, mais je ne vois pas quoi, je n’y fais pas attention, j’attends encore quelques minutes alors que Jasper me parle doucement, puis je me redresse. J’ai mal mais je peux bouger. Jasper approche son nez de mon épaule et grimace :
- Tu saignes.
Je tourne la tête et la douleur de ce geste me fait grimacer. Il a raison, mon haut est déchiré et du sang dégouline de mon épaule. J’ai aussi de la terre sur le bras et c’est pas beau à voir. Murphy commente :
- Tu t’es arraché l’épaule.
Jasper a les larmes aux yeux, c’est lui qui va pleurer alors que c’est moi qui souffre.
- Ça va aller Jasper, on va nettoyer ça et tout ira bien.
- Ouais…
- Je peux bouger l’épaule, j’ai rien de cassé.
- Je suis désolé, murmure Jasper, c’est ma faute.
- Mais non. Tu as vu l’animal ?
- Oui.
- Il a sauté devant le vélo.
- Oui.
- Tu as juste voulu l’éviter, tout va bien.
Jasper ravale ses larmes et hoche la tête. Puis je me tourne finalement vers Murphy pour voir ce qu’il tient entre ses bras et découvre un chaton orange.
xxx
Murphy.
Quand Jasper a fait un écart, l’animal à bondit directement dans mes bras et je l’ai attrapé par réflexe. Maintenant il ne me quitte plus, tremblant contre moi. Je crois qu’il a eu aussi peur que nous. Enfin moi je n’ai pas eu peur, mais je pense que Jasper et Monty oui. Surtout Monty qui a valdingué à plusieurs mètres du vélo. Je m’attendais à le voir chialer et hurler en même temps, mais il s’est contenu et j’avoue avoir été un peu impressionné vu le vol plané qu’il a fait et l’état de son épaule. Il a plus de force que je le pensais.
Je me rapproche de lui, toujours en tenant l’animal qui n’en profite pas pour s’enfuir. Il s’agit d’un chaton orange et il semblerait que la bête ne veuille plus me lâcher, pas même quand Monty se relève en se tenant le bras et que Jasper propose qu’on rentre chez lui pour le soigner.
- C’est un chat ? Demande Monty.
La question qui n’appelle pas de réponse, il voit bien que c’est un chat, il est pas bigleux.
- Il est mignon, ajoute-t-il.
Jasper le regarde enfin et soupire :
- Il a failli passer sous des roues de vélo ce petit coquin.
Jasper approche sa main pour le caresser mais le chaton tend la patte et cherche à le griffer. Jasper recule.
- Bon ben on va le laisser tranquille.
Je hoche la tête et doucement je le repose par terre, mais le chaton saute sur mes jambes et grimpe sur moi jusqu’à mes bras à nouveau. Malgré la douleur que doit ressentir Monty je le vois arrondir ses yeux et fondre complètement.
- Je crois qu’il t’a adopté, commente-t-il.
Je crois aussi.
Le trajet à vélo jusque chez Monty est compliqué. Jasper conduit son vélo, avec Monty derrière lui qui se tient fort. De mon côté je conduis le vélo de Monty en tenant d’une main le chaton qui ne bouge pas d’un centimètre et qui ronronne contre mon torse. J’ignore si c’est parce qu’il est content ou si c’est parce qu’il est effrayé, toujours est-il que c’est lui qui veut plus me lâcher. Mon autre main est accrochée au guidon et je suis Jasper.
Nous entrons chez Monty, en laissant les vélos dehors et le chat est toujours dans mes bras. Monty nous conduit jusqu’à la salle de bain où il enlève son haut.
- Va falloir que je le jette à la poubelle, commente-t-il, si ma mère le voit elle va devenir violette.
Jasper éclate de rire.
- Madame Green devient violette, commente-t-il.
Monty se rend compte de ce qu’il a dit et rit à son tour. Ils se marrent tous les deux alors que Monty continue de pisser le sang et que j’ai un chaton sauvage dans les bras. Je lève les yeux au ciel, et je prends les choses en main. Je dépose le chaton dans les bras de Jasper et ce dernier se transforme en statut. On s’attends tous à ce que l’animal s’enfuit ou revienne vers moi, mais il reste là où il est et va même jusqu’à s’installer dans les bras de Jasper.
- Apparemment tant qu’il a des bras, il est content, commenté-je.
Monty hoche la tête alors que Jasper est toujours figé.
- Respire, lui dis-je. Sinon tu vas mourir.
Jasper expire finalement et le chat ne bouge pas. Je m’approche ensuite de Monty qui recule devant mon air déterminé et je lève les yeux au ciel :
- Laisse-toi faire, ça ira plus vite.
Et je choppe sa chemise, la déboutonne et lui enlève. Monty est crispé et Jasper lève un sourcil.
- C’est bon, on va juste soigner ta blessure, je vais pas te sauter dessus.
- Je sais, murmure Monty. Je suis pas con !
Je renifle avec mépris pour sous-entendre le contraire et il retrouve contenance. Ça m’amuse. Je me débrouille ensuite pour nettoyer sa plaie. D’abord à l’eau, ensuite au désinfectant que je trouve dans l’armoire à pharmacie géante qui contient assez de produit pour soigner toute la population des barres. Puis je lui bande le bras. Jasper me regarde faire :
- On dirait que t’a fait ça toute ta vie.
Je hausse les épaules :
- C’est pas difficile de nettoyer une blessure et mettre un bandage.
- Tu envisages de devenir médecin ? Demande-t-il tout de même.
Ça me fait ricaner et je réponds :
- Non plutôt de finir en prison.
Monty roule des yeux et marmonne :
- Tu dramatises.
- Bizarre, dis-je, parce que ta mère est persuadé que c’est là où finissent les jeunes des barres.
- Ben ma mère a pas toujours raison !
- Tu l’as dit.
J’accroche son bandage avec une épingle et Monty sort de la salle de bain pour aller se chercher une autre chemise. Je mets tourne vers Jasper et vers le chaton. Je tends la main pour le caresser et il sort les griffes. Okay, le message est clair. On peut le tenir mais pas le caresser. Ce chaton sait ce qu’il veut.
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Jasper.
Cette boule de poil est vraiment trop mignonne. Je ne veux plus la lâcher. Je n’ai jamais eu d’animaux mais ce chaton me donne envie de l’adopter. Je vois déjà la tête de mon oncle et ma tante si je débarque dans l’appartement avec l’animal. Ils vont le regarder avec horreur et gueuler que cette sale bête va ramener des puces, des maladies, des trucs dégueu. Laureline va grimacer, attraper le chaton par la peau du cou et le secouer dans tous les sens en le traitant de vermine. Ils vont le jeter dehors et j’aurai jamais le droit de le garder. Je fais la moue. Dommage. J’aurais bien voulu un petit chaton avec moi, quelqu’un de qui m’occuper, à qui donner des croquettes. Même changer sa litière ça m’aurait pas dérangé. On aurait été potes, je lui aurais appris des tours et on aurait dormi ensemble, on aurait joué, il aurait dormi sur mon ventre et j’aurais eu bien chaud toute la nuit. Ses ronrons me font déjà tourner la tête, mais mon rêve ne sera jamais que ça, un rêve et ce chaton ne sera jamais à moi.
En revanche je me dis qu’il pourrait être à Monty, y a assez de place dans sa maison pour l’accueillir. Alors quand il revient, je m’approche de mon meilleur ami et dépose le chaton dans ses bras. Celui-ci se laisse faire et s’enroule contre le torse de Monty avec un petit miaulement satisfait.
- Il t’a adopté aussi.
- Pas très fidèle ce chat, commente Murphy.
- Il pourrait rester avec toi, dis-je à Monty.
Monty baisse les yeux vers le chat et hoche la tête :
- Il pourrait.
Je vois sur son visage toute l’envie qu’il a de garder le chaton. Il s’imagine sûrement les mêmes choses que moi, les câlins, les jeux, puis son visage se ferme peu à peu et je comprends qu’il va dire non.
- T’imagine la tête de ma mère si je lui montre le chaton ? Dit-il.
J’imagine très bien. Un air de dégoût face à quelque chose de sale et de dérangeant, qui pourrait salir sa maison, son jardin, sa vie tranquille.
- Déjà qu’elle t’accepte toi, alors un chaton.
Je grimace :
- Je le prends comment ?
- Mal, dit-il. Ma mère te tolère comme si tu avais des poils et des puces.
Murphy ça le fait ricaner et il se tourne vers lui en disant :
- Toi elle ne te tolérerait même pas. Un peu comme du vomi sur notre beau tapis angora.
Cette fois-ci, c’est moi qui ris.
- Madame Green est plus qu’aimable, je commente.
Monty hoche la tête et je ne vais pas plus loin. Penser du mal de sa mère est une chose, le dire à voix haute en est une autre. Ce qui n’arrête pas Murphy :
- Dit plutôt que c’est une sale pute.
Monty pose le chaton dans mes bras à nouveau, se tourne vers Murphy et lui colle son poing dans la tronche. Je me dis que c’est bien mérité. Monty grogne :
- Ma mère est pas parfaite, mais je te laisserai pas la traiter de pute, pauvre con.
Murphy se frotte le nez et je ne le défends pas quand il tourne les yeux vers moi :
- Eh ! Tu veux pas qu’on traite ta mère de salope, c’est pareil.
Il grince des dents et je sais ce qu’il pense. Que c’est pas pareil. Que la mère de Monty est réellement ce qu’il a dit. Malgré ça, il fait un effort surhumain et prend sur lui.
- Okay, j’aurais pas dû dire ça.
Si j’avais pas le chaton dans mes bras, j’applaudirais devant cet effort surdimensionné de sa part. Du coup je m’approche de lui et dépose la bête dans ses bras, là où elle était au début.
- C’est toi que ce chaton a adopté en premier, c’est toi qui devrait le garder.
Murphy regarde l’animal et ça se voit sur son visage qu’il en meurt d’envie. Comme Monty et moi.
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Murphy.
Le chaton est tout doux. Il est tout orange aussi. Il a une petite tâche marron sur le museau et il a des yeux dorés. Il a un tout petit miaulement, des toutes petites pattes griffus et il ronronne comme un camion. Je suis amoureux.
Je suis sûr que lui et moi on pourrait former un duo et j’adorerais l’avoir dans l’appartement. Ça mettrait de la couleur. Il ferait rouler les bouteilles de bière avec ses patounes et je trouverais ça moins chiant de les ramasser. Il viendrait se rouler sur le ventre de maman et elle serait tellement occupée à le câliner qu’elle ne penserait plus à boire. Peut-être même qu’elle arrêterait. Peut-être même que tout redeviendrait comme avant. Enfin pas tout à fait parce que papa n’est plus là, mais presque comme avant. Avec maman qui sourit, qui fait à manger, qui me fait des câlins et qui va bien.
Tout ça grâce à cette petite bouille de chaton.
En vrai, ça me ferait vachement plaisir et je me rends compte à quel point je peux me mentir à moi-même, je me rends compte que j’ai un espoir enfouit en moi, un rêve, et je secoue la tête en ricanant. Des conneries tout ça. Voilà comment ça se passerait en vrai.
Le chaton se blesserait sans doute en cassant une bouteille. Ma mère lui marcherait peut-être dessus en titubant par accident. Elle voudrait le caresser, il la grifferait, elle laisserait tomber et s’ouvrirait une autre bière.
Et puis comment on le nourrirait ? Avec quel argent on payerait les croquettes, la litière, le vétérinaire ?
- C’est non, dis-je.
Et je n’explique pas pourquoi.
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Monty.
Comme il nous reste du temps avant que mes parents reviennent on dépose le chaton sur mon lit et on joue avec lui avec un ruban. La boule de poil court dans tous les sens, nous faisant rire et nous attendrissant en même temps. Même Murphy a l’air en amour avec l’animal.
- Il faut lui trouver un nom, dit Jasper.
On est tous d’accord avec ça.
- C’est un mâle ou une femelle ? Demande-t-il.
Murphy met le chaton sur le dos pour regarder son ventre et dit :
- Vu que y a pas de couilles, je pense plutôt femelle.
Aussitôt, Jasper propose des noms de dessins animés « Marinette » « Isabella » « Ondine ». Et Murphy grimace et refuse tout. Alors Jasper continue et propose des noms de bouffe.
- Mais t’as fini oui ? C’est un chaton. On a qu’à l’appeler Minette, propose-t-il.
- Mais c’est trop nul, râle Jasper.
Je hausse les épaules :
- Minette c’est pas si mal, dis-je.
Jasper gonfle les joues et me regarde comme si je venais de le trahir. Ça me fout un coup au cœur et je failli dire que finalement « saucisson sec » c’est pas mal comme nom, mais mon meilleur ami se dégonfle en soufflant puis hoche la tête.
- Okay, Minette c’est pas si mal.
Et c’est comme ça que la boule de poil prend le nom de Minette. Ce qui est bête parce que maintenant qu’elle a un nom, et bien on est encore plus attaché à elle. Ça se voit que ni Monty, ni Murphy, ni même moi on a envie de la relâcher dans la nature et de ne plus la voir. Peut-être que quelqu’un d’autre l’adoptera, ce serait sa chance, mais peut-être aussi qu’elle passera sous les roues d’une voiture en traversant n’importe où et ça me broie l’estomac rien que d’y penser.
- Tant pis, je vais l’adopter, dis-je. Je vais la planquer dans ma chambre.
- Il y a plus de cachettes ici, fait Monty, peut-être qu’elle devrait rester.
Aucun de nous deux n’a l’air sûr de ce qu’on dit. Si ma tante tombe par hasard sur Minette, je ne suis pas sûr que la rencontre se passerait bien, elle la chasserait sans doute à coup de balais. Quant à la mère de Monty elle la ferait jeter dehors par un des serviteurs et ordonnerait qu’on récure toute la maison à l’eau de javel. Murphy ne se propose même pas, je suppose qu’avec sa mère c’est pas évident pour lui non plus, et qu’il n’a pas envie d’en parler ni d’argumenter alors je ne dis rien.
On est malheureux tous les trois en voyant l’heure tourner.
- Mon père va bientôt rentrer, annonce Monty.
Et on sait qu’on doit prendre une décision.
Alors soudain, Murphy qui est en train de rendre fou Minette avec le ruban s’illumine et il se tourne vers nous avec ce qui ressemble à un sourire.
- Je viens d’avoir une super idée, annonce-t-il.
Et on l’écoute.
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Bellamy.
Octavia regarde les dessins animés depuis au moins deux heures et je décide d’éteindre la télé :
- Ça suffit, dis-je, on va faire un jeu.
Elle râle et commence à me dire que je suis pas son père. C’est sa nouvelle rengaine et je lève les yeux au ciel, très haut. J’imagine qu’elle est en train de rentrer dans l’adolescence et que l’âge ingrat va la rendre de plus en plus difficile, mais je suis pas du genre à me laisser faire et je sors le jenga, pour m’amuser avec elle.
- Je suis pas ton père mais peut-être que t’a simplement peur de perdre frangine.
Ses yeux s’allument, elle s’attache les cheveux et se frotte les mains :
- Genre, je vais te niquer la gueule tu vas rien comprendre.
- Surveille ton langage O !
- Oh fais pas chier !
Je lui pince la joue et elle me repousse :
- Mais putain ! T’as que quinze ans et tu te prends pas pour de la merde hein ?
- Je veux juste que tu parles mieux !
- Ouais ben je fais ce que je veux, t’as rien à me dire. On le fait ce jeu oui ou merde ?
Je me souviens un instant de la petite fille qui courait partout dans la maison et me montait sur le dos ou venait me faire des gros câlins en criant « je t’adore Bell », et je suis un peu nostalgique. J’imagine qu’on ressent ça quand on est parents, sauf qu’il s’agit de ma petite sœur pas de ma fille, elle a raison. Quand même, je fais la moue. Puis je décide de la massacrer au jenga pour me venger.
Je suis en train de retirer une pièce hyper difficile quand la porte d’entrée sonne. Je me rate évidemment et la tour entière s’écroule sous les petits cris jubilatoires d’Octavia.
- Je t’ai massacré !!
- La porte a sonné, c’était un accident.
- Les éléments sont contre toi frangin, c’est tout.
Elle a l’air de meilleur humeur et je lui souris. C’est déjà ça.
- Bon je vais ouvrir, remonte la tour pendant ce temps que je prenne ma revanche.
- Yes !
Je me lève du canapé et ouvre la porte. Devant celle-ci se tiennent la petite fille de cendre et … John Murphy. Aussitôt je sens mes lèvres s’étirer dans un sourire alors que je le regarde :
- Salut, dis-je.
- Salut, disent-ils.
- Vous voulez quelque chose ?
Je passe ma main dans mes cheveux et Murphy tend alors vers moi une petite boule orange. Je ne comprends pas de quoi il s’agit avant qu’elle ne finisse entre mes bras. Un petit chaton.
- Je te présente Minette, fait Murphy. Elle n’a pas de famille et personne ne peut la garder. Mais je pensais que toi, tu pourrais l’adopter.
- Moi ?
Murphy hoche la tête et je baisse les yeux vers le chaton.
- Minette ?
- Oui.
La petite boule de poil se frotte contre moi et se met à ronronner. Impossible de ne pas complètement craquer. Octavia apparaît derrière moi, remarque le chaton et s’écrie :
- Ooooh il est adorable. On peut le garder dit ? Dit ? Dit ?
C’est déjà difficile de résister aux chats, mais à ma sœur c’est impossible. Je me tourne vers Murphy qui a un sourire en coin assez satisfait et je soupire :
- C’est d’accord, dis-je. De toute façon j’ai l’habitude de m’occuper des chatons perdus.
Je dis ça pour lui et il le sait. Il me jette un regard un peu froid avec ses yeux comme des piques de glace et je peux pas m’empêcher de sourire de plus belle. Jasper demande :
- On pourra venir la voir de temps en temps ?
C’est en regardant Murphy fixement que je réponds :
- Bien sûr, quand vous voulez.
Murphy détourne les yeux et attrape son ami par le bras :
- Super, dans ce cas on te la laisse et on y va. Salut.
- Salut.
Je reste seul avec ma sœur sur le pas de la porte et Octavia tend la main pour caresser Minette. Elle se fait griffer et boude. Je rentre dans l’appartement et pose le chaton par terre, un peu perdu dans mes pensées. Je suis content que Murphy ait pensé à moi pour s’occuper du chat. Pas pour la bête en elle-même, mais parce que Murphy a pensé à moi.
J’ai un sourire ébahit pendant quelques secondes, puis je redescends sur terre quand le chaton court direct sur mon tapis et pisse dessus.
- Bon ben je crois qu’on va devoir aller faire quelques courses, dis-je.
À suivre.