Un ticket pour tes pensées - SPN, destiel, spoils 13x05

Fandom: Supernatural.

Disclaimer: Rien n'est à moi.

Couple: destiel.

Prompt: Un ticket pour tes pensées.

Note1: Spoils 13x05.+++ Cette fic est une coda de l'épisode.

Note2: J'éditerai encore probablement cette fic, je n'arrête pas de revenir dessus... :/

Bonne lecture!!

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Castiel attend près d'une cabine téléphonique. La ruelle est étroite, l'obscurité de la nuit déchirée à intervalles réguliers par des lampadaires. Leur lumière, jaune et orange, se reflète sur le sol humidifié par une pluie récente, dessinant des flammes de couleur sur l'asphalte.

Castiel attend. Il entend le bruit d'eau des canalisations environnantes, ressent jusqu'au plus petit degré d'atmosphère sur sa peau; l'air est froid, et cela ne devrait pas le gêner mais quelque chose fait coller cet air dans sa gorge, le maintient prisonnier de ses poumons. Il se sent glacé, un sentiment qu'il ne connaît que trop bien battant furieusement dans sa poitrine.

Je sais qui tu aimes. Je sais de quoi tu as peur.

Il y a un vide, de l'anticipation, un appel dans ses cellules. Le coup de fil à Dean a été bref, et Dean n'a pas dit grand-chose (Reste où tu es. On arrive. Si t'es pas lui je te tue. Je te tue.)

Je te tue, et la voix était cassée, les bris d'un précipice. Je te tue, et il y a eu un hoquet, une pause, les battements frénétiques d'un sentiment sans ailes.

Cas attend. Il souffle, porte la main à sa poitrine. Sa Grâce est là, plus entière qu'elle ne l'a été depuis longtemps et pourtant quelque chose manque; et pourtant son sang crie.

On l'appelle. Il veut bouger, voler, jeter ses ailes déchirées en pâture au vent. Le désespoir dans la voix de Dean était quelque chose d'inadmissible, et le coeur de l'ange est devenu une caisse de résonance en réponse, reflétant détresse pour détresse. Il n'a jamais autant regretté de ne plus pouvoir s'envoler auprès de Dean qu'en cet instant, alors que le chagrin du chasseur, depuis le coup de téléphone, le traverse en une agonisante prière à laquelle il ne peut répondre.

Pour le moment, il ne peut qu'attendre.

L'Impala fend le silence de la nuit avec la douceur d'une main sur son épaule et Cas attend, attend. Les portières s'ouvrent puis claquent, et Cas se retourne.

Dean s'avance, Sam à quelques pas derrière lui. Ses traits sont tirés par la fatigue et par autre chose : un sentiment noir, ses racines profondément enfoncées dans les plis de son âme comme un parasite. Ses poings sont serrés, ses épaules voûtées, ses yeux éteints. Et pourtant, sous le regard de Cas, ce sentiment se relâche soudain, un peu; les prunelles de Dean s'ouvrent, et de la lumière s'immisce dans ses iris éclatés, espoir prudent tapant à la porte de la peine :

- ...Cas?

La voix de Dean est petite, rauque; un souffle qui lui échappe, une étincelle dans la nuit.

Cas ne sait pas à quoi ressemble son propre visage en cet instant mais il ne connaît que trop bien la terreur et la foi, le soulagement et l'amour qui se battent en son sein; et il prie. Il prie, de toutes ses forces, pour que le dévouement et l'affection terribles qu'il ressent pour Dean lui parviennent. Il prie pour qu'il comprenne.

Dean se rapproche; la lumière du lampadaire le plus proche tombe sur ses joues, sur les plis aux coins de ses yeux. Quelque chose tremble dans son regard.

Un son lui échappe, guttural, blessé et perdu et au bruit, Cas s'affole, s'oblige à desserrer les mâchoires :

- Hello, Dean.

Et Dean tombe, tombe dans ses bras, fond contre lui, le corps secoué de sanglots inaudibles.

Fébrile, Cas le rattrape et l'accompagne pour qu'ils posent tous deux leurs genoux sur le sol. Il ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi violent, ne sait pas quoi faire face à un Dean aussi pétri de chagrin; l'impuissance fait naître des secousses dans ses bras, tire quelque chose dans sa poitrine. Il a retrouvé toute sa Grâce mais n'arrive pas à lire Dean tant son âme hurle contre lui, son visage enfoui dans son cou, sa respiration hachée.

Sam se rapproche. Cas lui jette un regard troublé par-dessus l'épaule de Dean et étrangement, Sam lui sourit simplement en réponse, affectueux, ses propres yeux humides.

Désarmé, Cas lâche, une main sur la nuque de Dean, l'autre autour de sa taille :

- Dean, tu n'as toujours rien dit... Ce que je dois demander, dans ces cas-là, c'est "Un ticket pour tes pensées", pas vrai? Cette expression sert bien à cela? Même si je ne sais toujours pas de quel ticket on parle...

Et Dean rit, sa voix humide, hoquetante. Cas sourit lentement, doux et fier. Il se rapproche encore et Dean semble accepter le contact, penche la tête vers lui comme pour sentir ses lèvres s'étirer contre sa joue.

La poitrine de Cas chauffe.

Dean se recule un peu, ses yeux intenses :

- Bienvenue à la maison, Cas.

Cas passe un pouce sur la joue gauche de Dean pour y essuyer du sel, et Dean. Dean se retourne. Embrasse sa paume, sans le lâcher du regard, délivrant quelque chose de fou sous les côtes de Cas.

Terreur, et foi. Soulagement et amour.

Sam les rejoint en riant, des larmes sur ses joues. Ses bras viennent les encercler tous les deux contre lui :

- C'est bon de te retrouver, Cas.

Les yeux de Dean brillent. Il entrelace leurs doigts, espoir vibrant, et Cas les serre en retour.

XXX

FIN.