Fandom : Supernatural
Prompt : Dis quelque chose !
Note : Dean/Sam encore et toujours.
***
- Me’de !
Dean posa la poêle qu’il tenait dans les mains où il faisait cuir des œufs en faisant attention de pas se brûler et tourna les yeux vers Sam :
- Qu’est ce que tu as dis ?
- Me’de ! Répéta Sammy en rigolant.
Dean était choqué, comme s’il venait d’apprendre que les licornes ou les anges existaient. Il vint vers Sam :
- Sammy, c’est un gros mot ça, ce n’est pas bien.
Sam n’avait que trois ans, et depuis pas longtemps en plus. Certes il avait commencé à dire des mots « enco’ » « abar » « bisou » « papa », et même commençait à former ses premières phrases « veut Dean » « veut fai’ caca » « ça pue » « fait câlin » (ou « fée câlin », Dean n’était pas sûr), mais là c’était un gros mot. Un gros mot dans la bouche d’un petit enfant (Dean avait tendance à oublier qu’il était un enfant lui aussi).
- Paben ?
- Non ce n’est pas bien il ne faut pas le dire.
Dean se demandait où Sam avait pu entendre un mot pareil. Il était en train d’y réfléchir quand il se souvint des œufs qui étaient sans doute entrain de cramer dans la poêle !
- Merde ! Cria-t-il en courant vers eux.
Et Sammy rit en faisant :
- Paben paben paben !
Au moins Dean avait sa réponse.
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Sam pleurait parce qu’il avait fait pipi dans le lit, sur Dean donc qui dormait encore avec lui. Comme Sam faisait pipi au pot, Dean avait essayé d’enlever la couche la nuit, mais ça n’avait pas trop marché.
- Pa’don pa’don Dean.
Dean se contenta d’aller prendre un bain avec son petit frère.
- C’est rien Sammy, t’inquiète pas.
C’était peut-être un peu dégueu, mais Dean ne pouvait pas en vouloir à Sam avec toutes les larmes qui dégoulinaient de ses yeux, et aussi un peu de morve. C’était la première fois que Sammy disait « Pardon », pas la dernière.
Des fois quand Sam avait fait une colère et avait été insupportable, des fois quand Sam avait lancé un cube sur la tronche de son frère (lui faisant mal), la fois où son père lui avait foutu une déculotté pas possible parce qu’il avait ouvert la porte de l’Impala en marche (ce qui, au passage, avait pas mal impressionné Dean, parce que ça montrait que Sam était plutôt fort malgré sa taille de schtroumpf). John pouvait rentrer dans des colères noires, mais souvent ses colères étaient dirigées vers Dean. Et Dean savait dire pardon aussi. Pardon, désolé, pardon sir, je ne voulais pas te décevoir. Ses pardons ne rencontraient qu’une colère sourde, un mur, comme si « pardon » ne suffisait pas.
Et puis aussi, il pouvait dire pardon à Sam. Parce qu’il avait l’impression de ne pas être un bon frère, une bonne famille pour Sammy, parce qu’il avait fait quelque chose qui lui semblait mauvais.
- Pardon Sammy.
- Pagav ! Souriait Sammy.
Et les pardons de Dean à Sam étaient tous suivis de « pagav », allégeant un peu Dean.
C’était des mots qui soulageaient.
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Sam regardait les dessins animés tout en mettant son orteil dans sa bouche.
- Ca va c’est bon ? Demanda Dean.
- Oui, répondit Sammy innocemment avant de se mettre le doigt dans le nez.
- Sammy, ton doigt.
- Jéfaim.
- Et bien si tu as faim, tu demandes, tu manges pas tes crottes de nez.
Sam leva les bras au ciel comme pour dire qu’il n’y pouvait rien. Dean sourit et alla chercher un gâteau pour lui donner.
- Me’ci.
Et il continua de regarder le dessin animé. « Jéfaim » deviendrait récurent pour Sam. « Jéfaim Dean ». Mais Dean faisait de son mieux, même quand leur père était absent deux semaines au lieu d’une et qu’il ne restait plus rien. Des fois c’était trop dur.
- Jéfaim Dean.
- Moi aussi merde !
- Me’de.
- Oooooh Sammy…
Et Sam se mettait à rire, tandis que Dean lui souriait.
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Une fois Sam n’appela pas Dean par son prénom :
- Mon feeeeeeerrrrrrrrrrrrr !
- Quoi ?
- Mon feeeeeerrrrrrrrr !
Dean du se repasser le mot dans sa tête pour comprendre.
- Oui je suis ton frère.
- Mon fer !
- Oui.
Dean ne sut pas trop pourquoi mais pendant un temps Sam l’appela comme ça. « Mon fer ». John ça commença à le gonfler :
- On sait que c’est ton frère, il s’appelle Dean.
Mais Sam l’ignora, et continua à appeler Dean « mon fer ». Dean aimait bien, alors il finit par jouer le jeu et répondait désormais à Sammy par un « oui mon frère ? »
- Mon fer.
- Oui mon frère ?
- Téfami
- Quoi ?
- TEFAMI
- Je comprends pas Sammy.
Quand Dean ne comprenait pas ce que voulait dire Sam, Sammy s’énervait, grognait, puis insistait.
- Téfami, téfami Dean ! Mon fer ! Téfami !
Mais non, Dean ne comprenait pas. Sam alla chercher un livre cartonné qu’il avait eut un jour et que Dean lui lisait en boucle. C’était l’histoire d’une petite fille qui s’engueulait tout le temps avec sa petite sœur, finalement à la fin elles se réconciliaient. Sam adorait cette histoire. Il montra la page qui disait « ma sœur c’est ma famille », Sam connaissait toutes les pages par cœur.
- Téfami ! Sourit-il.
Dean compris enfin.
- Je suis ta famille.
- Oui.
- Et papa aussi.
- Non. Fer téfami !
- Oui, mais papa aussi tu sais.
- Non non fer !
Il montrait le livre, et les deux sœurs.
- D’accord, on est aussi comme ces deux sœurs, mais la famille c’est aussi papa tu comprends ?
Sam regarda Dean comme s’il se moquait de lui, les yeux tous froncés.
- Papa pafami, fer téfami !
Dean voyait bien que Sam ne comprenait pas bien le sens de famille. Mais il décida qu’il comprendrait plus tard, tant pis.
- Je suis ta famille.
- Oui.
Et Sam tendit ses bras vers lui pour un câlin.
Frère. Famille. C’étaient des mots qui les liaient.
Puis la lubie de Sam lui passa et il recommença à l’appeler Dean.
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Dean essayait de toutes ses forces de retenir ses larmes. Pleurer c’est mal, il était un garçon, il ne devait pas pleurer, il n’avait pas le droit. Pleurer c’était pour les mauviettes. Dean n’était pas une mauviette où John ne serait jamais fier de lui. Mais quand même Dean avait mal. Son père lui avait dit qu’il était mauvais, qu’il n’arrivait à rien. Son père l’avait emmené à la chasse, laissant Sammy chez Bobby, il avait demandé à Dean d’aller à un endroit tout seul, de ne pas avoir peur, qu’il le protégerait. Dean avait eu confiance, son père était un héros, il avait fait ce qu’il lui avait dis. Mais quand le monstre était apparu, Dean avait paniqué, il s’était mis à crier et avait cherché à fuir. Son père avait raté sa cible à cause de lui et maintenant tout était perdu, à cause de lui. A cause de lui. Il était inutile.
Son père l’avait laissé chez Bobby, et était reparti aussi vite. Bobby avait eut beau lui demander de « lui dire quelque chose, n’importe quoi », Dean resta silencieux. Il avait l’impression que s’il ouvrait la bouche, toutes les larmes allaient tomber d’un coup et il se noierait avec.
Sam vint vers lui, il voulait que Dean joue avec lui.
- Sam n’a pas arrêté de pleurer pendant que tu n’étais pas là. Il est content que tu sois là. Lui fit remarquer Bobby.
Sam sourit à Dean et tendit un des petits soldats qu’il tenait dans la main. Dean le prit.
- Tu as pleuré Sammy ?
- Sammy a peuré ! Acquiesça Sam.
Dean le prit dans ses bras comme pour consoler ses larmes qui s’étaient déjà taris.
- Dean aussi.
- Quoi ?
- Dean aussi a peuré !
- Non moi je pleure pas, je suis trop grand Sam.
- Dean peuré !
- Non.
- Dean peuré ! Insista Sam.
- Non Sammy.
- Dean peuré Dean peuré Dean peuré.
Et Dean finit par tout lâcher et par pleurer. Bobby vint le prendre dans ses bras aussi. Il ne lui dit pas qu’un garçon ne pleurait pas, ni même qu’il était trop grand pour ça. En fait il ne dit rien et laissa Dean pleurer. Quand il fut calmé, Bobby prépara un chocolat chaud pour lui et un pour Sam (qu’il mit dans son biberon). Sam vint prendre la main de Dean et lui sourit.
- Sam aime Dean. Dit-il tout simplement.
Aimer, ce mot Sam venait de l’apprendre. Il ne l’avait pas encore dit, pas comme ça. Pourtant Sammy l’exprimait de toutes les manières possibles pour Dean. Sam aime Dean.
Dean sourit, et décoiffa Sam.
- Et Dean aime Sam.
- Oui. Téfami.
Aimer. Famille. Des mots qui réchauffaient incroyablement.
Et Sam aimait bien les utiliser.
Fin.