Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Partagez

Original - pas de spoil - Dans l'arène 2

Aller en bas
Swato
Swato
Dieu vis sur une tortilla.
Messages : 1062
Date d'inscription : 08/08/2013

Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Empty
MessageSujet: Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Icon_minitimeSam 2 Aoû - 21:51

Fandom : Original
Prompt: Le destin se fout de moi.


Dans l'arène


De retour dans leur cellule, personne ne vint chercher N°357 pour l'accompagner dans une autre. N°159 se laissa tomber assis contre le mur, soupirant. On venait tout juste de leur retirer les menottes et les clameurs de l'arène s'étaient tus, les laissant dans un silence à la fois bienvenu et désagréable. Le jeune tournait en rond malgré sa faiblesse, une énergie nerveuse l'agitant dans tout les sens.

« Tu devrais t'asseoir, 357.
- Ne m'appelle pas 357, protesta t-il en se plantant devant lui. Je m'appelle Eden.
- Ici, personne n'a de noms. Il va falloir t'y faire. »

N°159 préférait penser à son compagnon de cellule comme un nombre, quelque chose sans visage. Il préférait voir le jeune comme étant le N°357 que comme étant Eden. Un prénom demandait qu'il s'investisse émotionnellement et l'arène ne permettait pas ce genre de privilège. Seul les favoris échappaient aux nombres. N°357 s'assit avec difficulté contre le mur, ne le lâchant pas des yeux :

« Comment tu t'appelles ? Demanda t-il.
- Numéro 159, répondit-il.
- Ton vrai nom, l'interrompit-il.
- Numéro 159, insista t-il. »

N°357 secoua la tête avec exaspération et entoura ses genoux de ses bras, regardant leur cellule, effrayé et curieux à la fois. N°159 l'observa un instant, détaillant sa silhouette. Le jeune portait une chemise à carreaux, encore à moitié trempée de la douche d'hier, un jean en assez mauvais état et des converses. Ses cheveux bruns n'étaient pas assez long pour couvrir ses yeux noisettes, sa lèvre inférieure était fendue à cause d'un coup de matraque qu'il avait reçu la veille... Il avait l'air d'un gamin. N°357 soupira, posant son menton contre ses bras :

« Être appelé est un honneur, servir la plèbe est ce qui existe de meilleur pour un appelé... »

Entendre cette récitation lui fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. N°159 secoua la tête et cloua N°357 d'un regard dur :

« Tout ça, c'est des conneries.
- C'est ce qu'on nous récite à l'école, bouda N°357.
- Ils ne savent pas de quoi ils parlent. »

Un silence froid s'installa. Voilà pourquoi N°159 n'aimait pas avoir quelqu'un à ses cotés et préférait être seul. Il ne voulait pas penser au passé. Le passé l'avait amené ici, dans cette cellule moite où tout n'était que mort, trahison et meurtre.

« On est tous envoyé ici ? Demanda N°357. »

N°159 l'ignora. Un repas léger leur fut envoyé peu de temps après, c'était leurs récompenses pour avoir survécu à la brimade de ce matin.

« Mon père est ouvrier, raconta N°357. Il était heureux que je sois appelé, il pensait que je deviendrais moine où que je servirais le gouvernement, l'un où l'autre, il était tellement... Tellement fier, ajouta t-il avec amertume. »

N°159 ne prit pas part à la conversation, le laissant parler dans le vide sans ajouter quoi que ce soit. Ils ne furent pas nommé pour la brimade de l'après-midi et il en fut soulagé, porter N°357 n'avait pas été une mince affaire. Il en profita pour faire une sieste, se roulant en boule sur le sol, indifférent à l'humidité de ses vêtements et aux crampes de ses membres, il s'endormit comme une pierre.

Il fut réveillé par un coup de pied contre ses jambes. Le haut parleur crépitait mais il ne l'avait pas entendu, endormi trop profondément :

« ...59, levez-vous. »

Il se mit sur ses pieds, la vision encore floue à cause de la fatigue. N°357 était déjà contre le mur, les poignets et chevilles attachés au mur par des sangles. N°159 se laissa mener contre le mur et attacher sans protester. Le garde noua les attaches et le regarda avec le nez froncé.

« Je ne vois pas ce que la ministre vous trouve. Toujours est-il qu'elle veut vous voir, vous avez intérêt à bien vous comporter. »

Le garde resserra brutalement la sangle, faisant grimacer N°159 de douleur. Il fit demi-tour et passa la porte, laissant la voie libre à une dame. Elle était de type asiatique, sa peau était hâlée et elle portait un baume à lèvre si rouge que N°159 en frissonna, la couleur lui rappelant le sang qu'il avait vu couler juste avant de s'endormir. Son tailleur noir collait joliment à ses courbes et c'était une femme très belle et apprêtée. La porte se referma derrière elle. La ministre les regarda tour à tour, son regard voyageant de l'un à l'autre sans qu'ils ne sachent ce qu'elle cherchait.

« J'ai vu l'impression que vous avez fait sur la foule aujourd'hui. Bravo, les félicita t-elle. »

La ministre passa une main dans ses cheveux ébènes, les repoussant derrière son oreille avec un sourire. Elle s'approcha de N°357 et serra ses mains dans son dos en une posture rigide. N°159 comprit qu'elle était ici pour affaire.

« Eden, sourit-elle. J'ai appris que vous étiez nouveau dans le bunker.
- Oui... madame, ajouta N°357 avec hésitation. »

L'apparente timidité du jeune homme amusa la ministre qui esquissa un sourire, ses yeux s'emplirent de malice. N°159 eut envie de vomir. Ils n'étaient que des jouets pour cette femme. Cette dernière tourna son attention vers lui.

« Numéro 159... Avez-vous un nom ? »

La ministre s'approcha, exhibant avec fierté son opulence et ses formes généreuses. N°159 était un homme, certes, mais il n'était pas faible. Il dévisagea la femme sans sourciller, le regard dur, les traits impassibles.

« Non, répondit-il. »

N°357 le fusilla du regard, cela n'eut aucun effet sur lui. La ministre éclata de rire, renversant la tête en arrière, hilare. N°159 détesta immédiatement cette femme qui pensait pouvoir posséder les gens rien que parce qu'elle avait le pouvoir et avait passe-droit vers le bunker. Il ne lui donnerait pas cette satisfaction. Son prénom resterait enfoui à l'intérieur de lui, il se réservait le droit de refuser de le divulguer. La ministre lui sourit et passa une main sur sa joue, comme on caresserait un animal de compagnie. Il ne bougea pas, rigide sous ses doigts.

« La plèbe a été fasciné par votre réaction, Numéro 159. Les autres concurrents ont tout de suite tué leurs partenaires et vous avez gardé le votre en vie... pourquoi ? demanda t-elle en penchant la tête sur le coté, comme s'il était un puzzle complexe qu'elle rêvait d'assembler.
- Contrairement à ce que vous pensez... nous ne sommes pas tous des animaux.

La ministre renifla avec amusement et lui tapota la joue avec condescendance. N°357 détourna les yeux, se mordant les lèvres avec perplexité.

« Je me propose pour être votre supporter. A tout les deux, en tant que binôme. Ce qui voudrait dire que vous seriez avantagé par rapport aux autres.
- Ou l'inverse, intervint N°159. »

N°357 était inexpérimenté, il serait indéniablement un handicap pour N°159. La ministre haussa les sourcils en l'examinant avec espièglerie. N°357 les inspectait, perdu par la conversation qui se jouait sous ses yeux, il ne sembla pas comprendre ce que N°159 avait insinué à son propos.

« A vous de tirer des bénéfices de votre situation. J'ai l'intention de faire de vous des favoris, sourit la ministre.
- Des favoris ? Répéta N°357 sans comprendre.
- Les favoris sont pratiquement certains d'être gracié dans l'année où ils deviennent connus, ajouta t-elle, l'air mystérieuse.
- Et que deviennent-ils après qu'ils aient été gracié ? Insista N°357. »

La ministre se tourna vers lui, délaissant N°159 pour se concentrer sur la proie la plus facile puisqu'il n'était pas impressionné par l'offre de la femme. Il savait que devenir favoris impliquait plus d'inconvénients que d'avantages. Être favoris, c'était être la cible de tout les autres, devenir le pion à abattre. N°159 ne voulait pas se mettre inutilement en danger. Il était prisonnier, pas suicidaire. La ministre posa une main sur sa hanche avec grâce:

« Ils reçoivent les honneurs. Le gouvernement leur propose un poste d'adjoint de ministre et en cas de refus, ils sont renvoyé chez eux, couvert de gloire.
- S'ils survivent à l'année où ils deviennent favoris, nuança N°159.
- Je pense que le jeu en vaut la chandelle, sourit-elle.
- J'accepte, s'exclama N°357. »

La ministre sourit, attendrie par la naïveté de N°357, le toisant avec une tendresse écœurante. N°159 secoua la tête, ébahi par la stupidité du jeune.

« On n'a pas le choix, abruti, souffla t-il. Elle le fera qu'on le veuille ou non.
- Exactement, Numéro 159. »

La ministre fit claquer sa langue sur son palet et les dévisagea tour à tour avant d'aller toquer contre la porte pour appeler le garde. La porte s'ouvrit au bout d'un moment. N°159 pouvait sentir le regard de N°357 sur lui, seulement il ne le lui rendit pas, surveillant la femme, tentant de savoir ce qui se passait dans la tête. Le garde ouvrit et attendit les instructions de la ministre, levant les sourcils avec curiosité.

« Je veux que vous les changiez de cellule. J'emmène Numéro 159 avec moi pour la nuit. »

N°159 sentit son estomac se retourner. Le garde hocha fermement la tête. N°357 eut le regard fou, paniqué, ses yeux cherchèrent les siens. Depuis que le jeune avait été enfermé ici, N°159 avait été présent. Il devait se sentir effrayé à l'idée qu'une personne familière soit emporté loin de lui, à l'idée d'être seul. N°159 se souvenait de la terreur qu'il avait ressentit lorsqu'on l'avait balancé dans sa cellule le tout premier jour, seul, abandonné...

Le garde dénoua ses sangles, lui lançant un regard pervers qui lui donna envie de se débattre et de lui mettre un coup de poing. On lui attacha les bras dans le dos pour éviter qu'il mette à exécution ses pensées et un garde le poussa dans le dos jusqu'à la porte.

« Eh ! Cria N°357. »

Le garde ne s'arrêta pas et l'instant d'après, on lui mettait un sac noir sur la tête. N°159 serra ses doigts en poing, frustré par son impuissance. Le garde le balada ainsi pendant ce qui sembla être une éternité et il essaya plus d'une fois de détendre ses liens dans une tentative désespérée de s'enfuir. Il ne réussit pas une seule fois. Il entendait parler, des conversations futiles, qui ne servaient à rien, qui ne lui seraient d'aucune utilité. N°159 n'eut pas l'impression de sortir du bunker.

Le garde lui enleva finalement le sac noir et il cligna des yeux, éblouit par la luminosité. Une porte claqua derrière lui et le verrou fut tiré. Ses mains étaient toujours liées dans son dos. Un bruit de verre le fit se tourner. Il se trouvait dans une chambre magnifique, avec des tentures riches, le lit avait l'air confortable, il disparaissait pratiquement sous une tonne de coussin. Il y avait des fauteuils, la pièce était énorme mais il n'y avait aucune fenêtre. Ils étaient dans une cellule dorée. Seulement ça restait une cellule. La ministre était assise à une table, les jambes croisées, mettant en avant sa silhouette avantageuse. Elle avait un verre d'alcool en main, elle en but une gorgée en l'inspectant de la tête aux pieds, une lueur de désir brillant dans ses pupilles sombres.

« Jouons, sourit-elle. »

N°159 savait où cette histoire allait le mener. Le lit était beaucoup trop grand pour passer inaperçu. Il refusait de se soumettre à faire quelque chose d'aussi abjecte. Il était enfermé au bunker, il était prisonnier. Il refusait de devenir un prostitué. La ministre ne perdit par son temps, elle tenta, par tout les moyens de le faire céder, utilisant les cajoleries, lui caressant les cheveux, lui parlant avec douceur. N°159 eut de la chance dans son malheur, la ministre le voulait consentant, elle n'alla pas jusqu'au viol mais insista, menaça, tentant tout pour le faire plier. N°159 n'avait plus rien à perdre. La ministre le renvoyant finalement dans sa cellule lorsqu'elle découvrit à quel point il était insensible à ses minauderies, dégoutée, blessée dans sa fierté.

Le garde usa de violence en le ramenant dans sa cellule, lui donnant un coup de poing au passage, se vengeant sûrement du fait qu'un simple appelé ait eut accès au lit de la ministre. La cellule dans laquelle on le conduisit était plus luxueuse que son ancienne. N°357 mesurait sûrement sa chance, se trouver sous l'aile d'une ministre allait lui valoir des privilèges. Ce qu'il ne mesurait pas, c'était le désavantage que ces avantages allaient lui coûter. Le jeune était assis sur le sol lorsqu'on le jeta dans la pièce. Ils avaient à présent des paillasses en guise de lit, un lavabo trônait dans le coin de la pièce, ils n'auraient sûrement plus de « douche ».

« Tu es revenu vite, remarqua N°357.
- Je n'ai pas voulu la baiser, cracha t-il avec dégoût. »

Le poids de tout ce qui s'était passé aujourd'hui pesa comme une enclume sur son torse, l'arrivée de N°357 était la pire chose qui lui soit arrivé de tout son séjour ici. Il ne pourrait plus s'en sortir comme il l'avait toujours fait jusqu'alors : en se cachant. Les autres appelés et les favoris seraient au courant des supporteurs lors de la présentation de départ, ils voudraient les écraser avant qu'ils ne soient connus, avant qu'ils aient la chance de devenir favoris. N°159 mesurait pleinement l'ampleur de la tâche, pas N°357 vu qu'il était nouveau dans ce monde.

« La bai... Tu veux dire qu'elle t'as proposé de... ? Demanda N°357 avec ébahissement. »

N°159 secoua la tête pour chasser ces pensées de sa tête, il ne voulait plus y penser. Il s'allongea sur sa paillasse et ferma les yeux, prêt à s'endormir. Il s'apprêtait à plonger dans le sommeil lorsque N°357 parla :

« Dis... Demain, on va devoir se battre ? »

La voix du jeune était tellement ignorante et petite que N°159 sentit un élan de pitié le traverser, il se tourna pour lui faire face et se décida à lui expliquer les règles du jeu, comme on les lui avait appris lorsqu'il était un nouvel appelé :

« L'endroit où nous sommes s'appelle le bunker. Tout les jours, on sera envoyé dans l'arène pour subir les brimades. Une fois, voir deux fois par jour. Le nombre de concurrents varie selon les jours, le nombre de mort à atteindre aussi. »

N°357 pâlit, se mordant les lèvres en l'examinant avec attention, comme pour voir s'il lui disait la vérité ou s'il plaisantait. Il hocha la tête et joua nerveusement avec un pan de sa chemise :

« On sera à deux ?
- D'après ce que j'ai compris, oui.
- Tu crois qu'on sera menotté ?
- Je ne sais pas, soupira N°159. »

Le jeune hocha la tête, pensivement. Son regard était dans le vague. Il finit par s'allonger comme lui sur sa paillasse. Avec le faible éclairage de la pièce, N°159 admit qu'il n'avait pas l'air si jeune que ça, il avait peut-être bien son âge. Seulement lui même se sentait tellement vieux qu'il ne savait plus réellement l'âge qu'il avait.

« Tu peux faire quelque chose pour moi ? Demanda N°357.
- Non, répondit-il sèchement N°159.
- Ne m'appelle pas Numéro 357, demanda le jeune. Tu n'as peut-être pas envie qu'on apprenne ton prénom... Mais j'aimerais que quelqu'un se souvienne de moi, de celui que j'étais. Mon prénom, c'est tout ce qu'il me reste ici.
- Ce n'est pas tout ce qu'il te reste, rétorqua t-il durement. »

N°357 leva des yeux humides vers lui, les poings serrés sous son menton. Un souvenir s'agita à la surface du cerveau de N°159 et il le renvoya d'où il venait. Il ne voulait pas se souvenir.

« Qu'est-ce qu'il te reste alors ?
- Ma vie, ma fierté, mon sens de l'honneur.
- C'est des conneries, sourit tristement N°357. S'il te plait... Appelle-moi Eden. »

N°159 contempla longuement la forme recroquevillée de N°357. Ce gamin venait à peine d'arriver et il lui demandait déjà des trucs. Pour d'autres, sa demande n'avait l'air de rien, appeler quelqu'un par son nom n'était pas quelque chose de si dramatique. Seulement N°159 ne voulait plus se lier, avec qui que ce soit. Il avait fait quelques exceptions en arrivant ici, et il l'avait toutes regretté.

« Je vais le regretter..., soupira t-il. »

N°357 lui envoya un petit sourire, le regard pétillant d'une joie idiote. Il lui adressa une dernière œillade avant de se retourner paisiblement sur sa paillasse, content pour rien. N°159 se força à changer le N°357 dans sa tête et à le remplacer par le prénom « Eden ». Ce n'était pas facile.

Eden, Eden, Eden, Eden, Eden, Eden...


oOo




Ils furent réveillés pour les brimades suivantes, on leur menotta les poignets. N°3... Eden était toujours faible suite aux nombreux coups qu'il avait reçu le jour de son arrivée, s'ils devaient combattre, ce ne serait pas facile. Avec un peu de chance, ils parviendraient à se cacher comme la veille jusqu'à la fin du temps imparti.

La trappe se souleva et ils marchèrent cote à cote vers le monde extérieur. Cette fois-ci, l'arène était un champ de blé, la seule cachette se trouvait à l'autre bout du plateau et ils étaient à découvert, tout le monde pouvait les voir. Sauf peut-être si ils...

« Baisse-toi, chuchota N°159.
- Quo... »

Un autre concurrent s'apprêta à entrer et N°159 ne prit pas le temps d'expliquer sa stratégie, il se courba au sol et entraîna Eden à sa suite, tirant violemment sur la menotte. Ce dernier tomba à ses cotés avec un bruit sourd et un grognement discret. Les pousses du champ de blé étaient assez hautes pour les cacher à la vue des autres, il suffirait qu'ils rampent et se cachent un peu plus loin pour être en sécurité.

« La première brimade de la journée va commencer. Je vous rappelle les règles : 22 concurrents, un combat à mort, 10 survivants uniquement sont autorisés. 3... 2... 1... Commencez ! »

N°159 leva les yeux sur l'horloge. Le temps avait été raccourci, ça allait être plus compliqué et pourtant il faudrait qu'il y ait 12 morts dans 45 minutes. Eden suivit son regard et ouvrit la bouche sous la surprise, tournant son regard écarquillé vers lui :

« Quarante-cinq minutes ! Chuchota t-il. La dernière fois c'était une heure et demi !
- Plus on dépasse au niveau du temps, plus ils augmentent le nombre de morts à atteindre, indiqua N°159
- Oh, bon dieu, marmonna Eden. »

Les trappes se fermèrent brutalement, avec un bruit sourd et N°159 leva les yeux vers la plèbe qui plissait les yeux et se levait, comme s'ils avaient du mal à voir ce qui se passait. Ils ne devaient pas être les seuls à avoir adopté la même tactique, se fondre dans le champ semblait être la meilleure solution pour s'en sortir vivant. Une voix s'éleva dans l'arène:

« Eden ! Numéro 159 ! Chantonna une voix. Je vous propose une alliance ! »

Eden haussa un sourcil et fit mine de se lever, N°159 plaqua une main sur son dos, le gardant allongé.

« Qu'est-ce que tu fais !? murmura t-il furieusement.
- Il nous propose une alliance ! Répondit Eden de la même façon.
- C'est un piège, espèce d'idiot ! Il nous fait lever et il nous trucide après ! »

Eden se mordilla les lèvres et grimaça, lui envoyant un regard désolé. N°159 secoua la tête, exaspéré et n'en revenant pas. Il était tombé avec un naïf, il allait falloir qu'il se méfie pour deux. La nouvelle de leur nouveau supporter avait fait le tour rapidement en tout cas, ils allaient être la cible des favoris maintenant. N°159 se retint de grogner. Il avait voulu éviter cela pendant deux ans, et a présent, il n'avait plus le choix.

« On ne peut pas rester là sans rien faire, il faut bien qu'on bouge, non ? Chuchota Eden. »

N°159 pinça les lèvres, son regard fut attiré par le mouvement de la plèbe et il leva les yeux sur le double vitrage pour voir que la foule, placée en hauteur était parvenue à les voir et les pointait du doigts, les rendant vulnérable. Une vague d'urgence s'enroula autour de son ventre et il hocha vivement la tête, poussant Eden pour qu'il avance. Un hurlement terrible suivit de sanglot se fit entendre et les fit se figer, retenir leurs souffles. Un bruit de hachoir éclata dans l'air, comme une lame qui s'abat.

« 1 mort, annonça la voix synthétique.
- Plus que onze, soupira N°159 avec fatalisme. »

Eden lui envoya une grimace de dégout et il haussa les épaules. Mieux valait les autres qu'eux. Ils rampèrent encore, un éclat attira son attention et il tendit la main, se retenant d'exprimer sa satisfaction. Il venait de trouver un couteau. Ce n'était peut-être pas grand chose mais c'était déjà ça. Des bruits de lutte se firent finalement entendre et N°159 stoppa l'avancée de son compagnon de cellule, il valait mieux qu'ils attendent de voir ce qui se passerait plutôt que de se jeter dans la gueule du loup. Des gémissements et des bruits infâmes, des sortes de gargouillis se firent entendre dans l'arène et Eden grimaça, baissant la tête en couvrant sa bouche de sa main, dégoûté, effrayé...

« 3 morts, annonça la voix synthétique. »

N°159 releva les yeux, il leur restait 30 minutes. C'était quasiment impossible. Soudain, alors qu'il s'y attendait le moins, un homme gigantesque leur tomba dessus, le regard fou, injecté de sang, il n'avait aucune arme, mais rien n'était plus dangereux que la folie. Eden poussa un cri, tentant de s'éloigner. Il fut vite retenu par les menottes et retomba par terre sur le ventre, N°159 essaya de se débattre avec sa seule main libre pour repousser l'homme qui voulait serrer sa gorge entre ses doigts. La peur s'enroulait autour d'eux comme un manteau, Eden finit par avoir une réaction censée, il roula sur le dos et poussa le mastodonte avec le plat de ses pieds, de toutes ses forces. N°159 se dépêcha et grimpa sur le fou, enfonçant sa lame le plus profondément possible, droit au cœur. L'homme eut une secousse, ses yeux s'accrochèrent aux siens un instant tandis qu'il crachait du sang, un nouveau sursaut l'agita et il s'écroula, mort.

« 5 morts »

N°159 se baissa à nouveau mais le mal était fait. Il avait tué. Une fois de plus. Il savait qu'il n'y pouvait rien, l'arène voulait cela. Cela ne l'empêchait pas de ressentir cette culpabilité écrasante, cette tristesse froide qui le prenait à chaque fois qu'il prenait la vie d'un être humain. Eden le dévisagea, la bouche ouverte et des larmes de terreur dans les yeux.

« 7 morts. »

N°159 se secoua et leva la tête un instant pour voir où les combats avaient lieu. Les autres semblaient s'être rassemblé droit sur eux, ils n'étaient pas loin du massacre. Trois appelés étaient pris d'assaut par un favoris. N°159 se força à se souvenir du nom qu'on lui donnait. Peut-être bien « La Hache ». Le favoris avait son arme personnelle, ce qui ne le rendait que plus dangereux pour de simples appelés tels qu'eux. Il fallait encore cinq morts. N°159 se demanda quand la société avait basculé au point qu'il souhaite que des gens meurent. Le destin se foutait clairement d'eux.

« 10 morts, indiqua la voix synthétique. »

Plus que deux. Eden se tourna vers lui, ses yeux étaient déjà hantés, il n'était là que depuis deux jours. Qu'en serait-il après un an ?

« Eden ! Numéro 159 !! Hurla la même voix du début. Fini les alliances, vous avez perdu votre seule issue de secours, il va falloir payer maintenant ! »

Selon le type, ils étaient les deux derniers morts sur la liste. Le regard d'Eden se durcit et N°159 eut un mauvais pressentiment, sa prise sur le dos de son compagnon de cellule s'était relâchée et il regretta de ne pas l'avoir maintenu plus fortement. Eden se leva brutalement, l'attirant dans sa levée sans ménagement. Un instant, ils étaient allongés face contre terre, en sécurité et l'instant suivant, ils étaient debout, à découvert, incroyablement en danger. La Hache se tourna vers eux, un sourire diabolique élargissant ses lèvres craquelées, il leva son arme, l'attention focalisée entièrement sur eux. Un autre homme avec un tee-shirt rouge pétant bondit sur ses pieds et en profita pour lancer un couteau sur lui. C'était la première fois que N°159 se sentait paralysée sur place. La Hache s'écroula au sol, le couteau de l'homme au tee-shirt rouge s'était planté dans sa gorge.

« 11 morts, annonça la voix. »

Tee-shirt rouge s’immergea à nouveau dans le champ, se cachant à leur vue. N°159 tenta de faire de même mais Eden ne bougeait plus. Il le tira de toutes ses forces, toujours aucune réaction. Le jeune avait les sourcils froncés et ses yeux étaient fixés à l'endroit où La Hache s'était écroulé.

Tout-à-coup, quelqu'un bondit sur le dos de N°159.

Un bras mince passa en travers de sa gorge et appuya contre sa trachée, lui bloquant les voies respiratoires. N°159 se sentit suffoquer rapidement, la pression était ferme, il n'y avait aucune hésitation dans le geste, la personne avait déjà fait ça de nombreuses fois. N°159 leva les mains et tenta de la faire lâcher sa prise, de long cheveux bruns se mirent dans le chemin et il en déduit qu'il avait affaire à une femme. Eden se défigea brusquement, semblant se réveiller d'un long rêve. Il saisit la femme et tira de toutes ses forces, la faisant hurler de douleur. Il avait dû la tirer par les cheveux. Le bras autour de sa gorge disparut et N°159 manqua de s’écrouler à genoux, il ne tint que par la force de sa volonté, ne voulant pas pénaliser Eden. Il toussa et prit à peine le temps de reprendre sa respiration, se tournant pour l'aider. La femme se débattait toujours, folle de rage. Eden essaya de la repousser loin mais elle s'agrippait, ses yeux ne réclamaient qu'une chose : le meurtre.

N°159 voulut faire ce que le jeune répugnait à faire : la tuer. Eden parvint à avoir une prise sur elle, le bras en travers de sa gorge, il la tenait, il l'avait, c'était terminé pour elle. Mais il ne la tuait toujours pas, la laissant se débattre. N°159 se revit, à son arrivée, la première fois qu'il avait dû tuer quelqu'un pour sauver sa peau. Le silence était assourdissant, le seul son qui parvenait à ses oreilles était les cris fous de la prisonnière. N°159 fit le tour, se plaçant à coté de lui. Il posa une main sur les yeux de Eden et avec leurs mains menottés, il brisa la nuque de la femme.

« 12 morts ! L'appel va être effectué. N°604, N°952, N457, N°438... »

N°159 sentit une chape de plomb lui tomber sur l'estomac. Non seulement il était un assassin, mais il avait forcé Eden à en devenir un. Il n'enleva pas sa main de devant ses yeux, il ne voulait pas qu'il voit ce qu'ils avaient fait. Il défit la prise de fer qu'il avait toujours sur le cadavre, et dès l'instant où la pauvre femme tomba sur le sol, Eden se retourna dans ses bras, tremblant de tout son corps. N°159 passa ses bras autour de lui, ne le repoussant pas. Il aurait aimé que quelqu'un lui permette une étreinte lorsqu'il avait tué pour la première fois.

« Elle est morte ? Demanda Eden d'une voix tremblotante.
- Non, mentit N°159. Elle dort maintenant, souffla t-il doucement. »

Il resserra ses bras autour de lui, celui de Eden se tordant bizarrement entre eux vu qu'ils étaient encore menotté.

« 22 participants, 10 survivants. Plèbe, voici vos vainqueurs. »




A suivre...
Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
Messages : 1927
Date d'inscription : 30/07/2012

Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Empty
MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Icon_minitimeLun 4 Aoû - 17:08

:'( dur, je déteste déjà la ministre, j'espère que ces deux petits bouts vont s'en sortir >o<
Maeve
Maeve
Je suis ton père Luke
Messages : 990
Date d'inscription : 17/08/2012

Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Empty
MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Icon_minitimeJeu 7 Aoû - 23:09

Hé. Smile

La ministre est un personnage immonde, mais il fallait s'y attendre, n'est-ce pas, dans un univers pareil? T.T

Ryan m'avait semblé vraiment blasé dans le premier chapitre, au tout premier abord. J'adore comment on réalise, déjà à la fin du précédent chapitre, mais surtout ici quand il résiste à la ministre, qu'en fait, il ne veut pas abandonner. Il ne veut pas renoncer à son "honneur", et il veut survivre.

Ce jeu affreux en a fait un guerrier.

Et c'est... vraiment douloureux à voir. Il est obligé de tuer pour survivre, et, juste... T.T

Il y a aussi le fait qu'il appelle Eden "le jeune". On ne sait pas quel est l'âge exact de Ryan, mais je crois qu'il mentionne à un moment qu'en fait, ils ont probablement le même âge. Mais il se sent tellement plus vieux, plus usé, depuis qu'il est dans les jeux. Il a pris des siècles.

Je me souviens avoir souhaité, à la lecture de ce chapitre, qu'Eden l'aide à faire fondre l'armure de son coeur. Et qu'en retour, comme le fait d'ailleurs Ryan à la fin du chapitre, ce dernier aide Eden à protéger le sien. Smile


Maeve

Contenu sponsorisé

Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Empty
MessageSujet: Re: Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Original - pas de spoil - Dans l'arène 2 Icon_minitime

Original - pas de spoil - Dans l'arène 2
Revenir en haut
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» Original - Dans le miroir
» Dr House - spoil léger saison 2 - Le feu dans ses yeux
» Pokémon Sans Spoil (...) - Dans sa poche
» [Noctes (monhistoire), Spoil] - Dans un conte de fée
» Sherlock - pas de spoil - Un coeur dans la tourmente

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Swato-
Sauter vers: