[Les 100] La tempête de neige

Fandom : Les 100
Prompt : J’ai pas envie de finir découpé en rondelles.
Note : nul

***


— Des fois je te déteste toi et tes plans pourris, lâcha Monty.
Jasper leva les bras au ciel :
— Ben c’est ça, dis aussi que c’est moi qui contrôle la météo.
— Non mais t’aurais pu vérifier qu’il n’y aurait pas de tempête de neige avant de nous entraîner dans une randonnée où tu as perdu ton chemin.
— Je n’ai pas perdu mon chemin, disons que j’ai pris des libertés avec la carte.
Monty bougonna et s’assit sur le planché froid.

Pourtant, au début, ça lui avait paru génial, de partir seul avec Jasper en randonnée en raquette sur une montagne enneigée. Aucun des deux n’avait fait attention aux alertes tempêtes, et comme il faisait super beau quand ils étaient partis, ils n’avaient pas pensé que ça tournerait mal. Mais en montagne, le temps était très changeant, et bien vite, ils avaient commencé à avancer sur la neige et sous la neige qui leur tombait par paquet dessus. Comme ça ne se calmait pas et ne faisait qu’empirer et que Jasper ne savait plus si pour rejoindre l’hôtel il fallait suivre le chemin à gauche ou à droite, ils avaient cru être perdu. Par chance, ils avaient trouvé un chalet abandonné et avait pu s’abriter à l’intérieur.
Sauf que le chalet ressemblait plus à une cabane de jardin qu’autre chose. Il était délabré, il y avait certes une cheminée et des toilettes, mais pas de couchettes. Monty se serait cru dans un mauvais film d’horreur, et il s’attendait presque à ce qu’un grand homme couvert de noir rentre dans la maison avec un énorme couteau.
— J’ai pas envie de finir découpé en rondelles, marmonna-t-il de mauvaise humeur.
Jasper le connaissait trop bien pour ne pas lire dans ses pensées :
— Te fais pas de film, personne ne va venir nous tuer, tout ira bien. On va rester ici le temps que la tempête se termine et après on rentrera.
Monty acquiesça. Il n’en voulait pas vraiment à Jasper, il n’en voulait jamais vraiment à Jasper, et il finit par se rassurer, parce que son meilleur ami avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Il en avait juste l’air, parce que Jasper était complètement paumé. Et si la tempête renversait cette maison qui tenait à peine debout ? Et s’ils finissaient enterrés sous la neige ? Et s’ils ne retrouvaient jamais leur chemin ?
Bon pour l’instant, il fallait du bois pour la cheminé, et à défaut d’un lit, il y avait des bûches et des allumettes. Jasper tenta alors d’allumer un feu mais se planta misérablement et Monty vint l’aider. Une fois que la cheminée fut allumée, ils se blottirent près de celle-ci, collés l’un contre l’autre.
— Désolé Monty.
— Pas grave, dit-il, si jamais un mec avec un gros couteau débarque, je lui dirai de te manger en premier.
Jasper retrouva un peu le sourire.
Le feu les réchauffa, mais la tempête ne semblait pas vouloir s’arrêter.
— Si elle dure une semaine on va mourir de faim, fit Monty très optimiste.
— T’inquiète, tu pourras me manger.
Cette fois-ci ce fut Monty qui sourit.

Comme il n’y avait pas de lit, ils se couchèrent à même le sol, l’un en face de l’autre. Ils se regardèrent alors que le feu crépitait, que le vent criait, que la neige tombait. Le silence entre eux n’étaient jamais gênant. On ne peut pas partager tant d’années d’amitié en ayant besoin de sans arrêt combler. Ils étaient bien. Monty n’avait plus peur, Jasper non plus. Il suffisait juste d’attendre un peu et tout serait vite réglé.
— Hey, fit Jasper après un long moment sans rien dire.
— Hey, fit Monty qui n’arrivait pas à dormir.
— On joue à un jeu ?
— Lequel ?
— Genre, action ou verité ?
— C’est nul, fit Monty, je connais tous tes secrets.
— Même pas vrai.
— Mec, tu as pissé au lit jusqu’à tes sept ans.
Jasper rougit et grogna en même temps :
— Ouais bon ça va, tu connais tous mes secrets.
Monty ricana mais Jasper ajouta :
— Et moi je connais tous les tiens, tu as toujours du mal à lire l’heure.
Jasper lui fit un clin d’œil quand son meilleur ami fit la moue.
— Bon pas ce jeu, dit Jasper, on va trouver autre chose.
Ils ne trouvèrent pas et se contentèrent de se regarder. Finalement, Monty commença à cligner des yeux et s’endormit. Jasper continua de le fixer. S’il venait à mourir ici, Jasper ne regretterait pas, parce qu’il serait avec Monty.
Il y a bien une vérité que son meilleur ami ignorait.
Jasper était un sale profiteur, et il alla se blottir contre Monty en passant son bras autour de lui. Il dirait qu’il avait froid si Monty posait des questions. Monty n’en posa pas, il se réveilla, sentit Jasper contre lui et se blottit un peu plus dans ses bras.
Il y avait du bon à cette tempête de neige, perdu au milieu de nulle part.

Le lendemain, le soleil brillait à l’horizon, et plus une trace de la tempête. Les deux amis s’en sentir presque déçu. Ils retrouvèrent facilement le chemin de l’hôtel finalement. Son chauffage, ses deux lits mitoyens, sa douche, ses toilettes, sa banalité quotidienne où deux âmes n’avaient aucune raison de se rapprocher, parce qu’ils n’avaient ni faim, ni froid, ni rien du tout.
— Monty, murmura Jasper au beau milieu de la nuit, tu dors ?
— Non.
— Ça te dirait de refaire une randonnée ?
Monty hocha la tête et sourit.
Peut-être qu’ils auraient une nouvelle tempête, un endroit étroit et froid pour dormir, une aventure pour se rapprocher encore.
Ils étaient stupides.
Ils n’avaient pas besoin de ça.

Jasper quitta son lit et vint s’allonger sur celui de Monty, se retrouvant collé à son meilleur ami. Monty lui sourit et se blottit contre lui, puis murmura :
— Vérité.
— Je t’aime.
Monty ferma les yeux.
— Moi aussi.

Fin.