Original | Ce sentiment inconnu

Prompt : C'est trop perso

C'était juste que la colère en lui, il maitrisait pas.
Il avait tout vu, tout vécu, du moins à ces yeux. Il s'était pris plus de coups imaginaires que des réels coups, mais il avait morflé. Souffert. Etouffé. Il avait dû enduré des douleurs que d'autres ne pouvaient pas imaginer. Que d'autres pouvaient trop imaginer.
Et pourtant, encore aujourd'hui, il était debout.

Il avait subi des peines à exploser de l'intérieur, subi cette impression de ne pas vouloir exister à s'en tordre le ventre. Il avait eut envie de se faire mal à en saigner si fort, que son bras l'avait brûlé.
Il s'était noyé sous des larmes qui parfois n'étaient pas les siennes, parce qu'il écoutait trop les mots des gens et pleurait avec eux.

Il avait aussi vécu des bonheurs à en éclater de plaisir, des moments où il ne savait plus quoi en faire, tellement il était heureux. Où il se mettait à pleurer, parce que ce monde ne le laissait pas exprimer le degré de bonheur qu'il pouvait avoir. Aurait-il pu courir partout, qu'il l'aurait probablement fait dans ces moments là, avant de se rouler au sol.

Et puis, il y avait eut aussi ces moments, où, désoeuvré, il n'avait pas su quoi faire. Emparé par quelque chose qu'il ne saurait jamais contrôler.
La peur qui lui bousillait les jambes, à les faire se lâcher. Quand il tombait comme autant de fois qu'on se relève. Quand son souffle se coupait, que sa peur l'envahissait tant qu'il en oubliait comment respirer.

Mais la colère, il n'avait jamais fait avec. Jamais essayé de la contrôler, de la diminuer, de savoir comment elle marchait. Il savait presque contrôler et prendre du recul sur tout le reste, mais la colère, quand elle démarrait, il pouvait juste la subir.
La sentir l'envahir, le rendre injuste, lui donner envie de hurler sur tout et n'importe quoi, lui serrer le ventre de crispations injustes, lui donner envie de s'étouffer en voyant toutes ces raisons injustes. A cause du monde. Des gens. Du moindre petit détail qui le fatiguait.
Et quand la colère arrivait, alors, il se sentait triste. Triste de ne pas savoir comment la gérer. Tout autant qu'il était effrayé des conséquences qu'elle pourrait lui faire subir. Et la joie...La joie elle, était partie depuis bien trop longtemps.

Et pas question d'en parler. De l'exprimer. C'est trop perso. Trop présent pour qu'il la laisse éclater même juste un instant à une personne neutre, qui pourrait juger et l'aider. Parce que la colère, il ne l'aime pas. Il ne veux pas faire avec. Aurait-il pu l'étouffer sous un oreiller, que ça serait longtemps chose faite.
Mais non. Il ne sait pas quoi faire alors, de cette colère. Alors il s'assoit, il attend, peut-être qu'elle finira par passer.

Muet comme une carpe, il se laisse bouillir de l'intérieur.