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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 22)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 22) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 22) Icon_minitimeJeu 22 Fév - 15:15

Note : pas relu, jonty

***

22. Princesse Maya.

La princesse Maya Vie n’arriva pas seule mais en grande pompe. Domestiques, gardes armées, et tout un tas de gens l’accompagnèrent. Pour sa venue, le père de Jasper avait fait venir des troubadours et des musiciens qui l’accompagnèrent en musiques et en spectacles tout au long de sa route à pied jusqu'au château. On la fit passer par les jardins qu’elle admira sans doute, puis elle se retrouva devant le prince, et moi, son ombre. Si Harper nous avait confondu à dessein, la princesse s’illumina devant Jasper et se pencha en avant, lui faisant mille honneurs.
- Redressez-vous princesse, fit Jasper, nous avons tous les deux le même statut.
Elle obéit et lui sourit. Jasper posa une main sur sa poitrine :
- Vous êtes magnifique, dit-il.
Je n’étais pas d’accord. Je la trouvai fade au possible. Maya était pâle, comme tous ses gens, sans doute parce que Mountain, leur pays, se trouvait dans les hautes montagnes et que le soleil ne brillait pas souvent. Elle avait des cheveux noirs assez longs et un peu frisé et décoiffé. Ses joues étaient rondes et son visage semblait un peu poupon. Elle avait pourtant vingt ans. Au compliment de Jasper, elle rougit et d’un petit geste timide remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Ce geste m’agaça au plus haut point alors que Jasper en sembla ravi. Après avoir discuté avec elle de façon formalisé, lui et le roi l’invitèrent à venir manger et se reposer dans le château, elle et ses gens. Jasper se pencha alors vers moi pour me souffler :
- Elle est trop mignonne, ne trouves-tu pas ?
Je regrettai d’avoir insisté pour qu’il accepte de la rencontrer.

Maya n’était pas seulement fade physiquement, mais également intellectuellement parlant. D’une certaine façon, elle me rappelait Sterling même si elle était plus subtile que lui et qu’elle se tenait la tête haute telle une digne petite princesse. Cependant, je remarquai qu’elle tentait de faire plaisir à Jasper à tout prix. D’abord elle accepta qu’ils se tutoient, ensuite elle fut d’accord pour l’accompagner visiter le château, finalement elle rit dès qu’il tentait de faire de l’humour pour la détendre. J’étais fatigué par cette princesse, mais je les accompagnai partout, protecteur de Jasper.
Le prince m’avait présenté à la princesse. Le duc Monty Green, meilleur ami et garde du corps de sa majesté Jasper Jordan. Elle m’avait salué, je l’avais salué, et nos rapports en étaient restés là.
Les jours qui suivirent ne m’aidèrent pas à l’apprécier davantage.
Je ne pouvais pas dire qu’elle était méchante ou stupide, elle savait beaucoup de choses et son pays paraissait très avancé scientifiquement, encore plus qu’Arkadia, ce qu’elle racontait aurait pu être passionnant si elle avait cessé de minauder cinq minutes pour nous les dire. Mais non, il fallait sans arrêt qu’elle joue avec ses doigts, qu’elle rougisse, qu’elle touche à ses cheveux, qu’elle cligne des yeux comme un petit faon qu’on devait protéger et dont on devait prendre soin. Jasper l’adorait, j’avais envie de l’étrangler.

Une semaine passa, sans que je ne puisse aimer cette princesse un seul instant. J’étais allongé sur mon lit depuis deux minutes, maugréant contre Maya dans ma tête et ayant déjà hâte qu’elle parte sans savoir pour quand était prévu son départ. Une semaine me semblait bien suffisant, personnellement. Jasper vint me rejoindre et s’allongea à côté de moi :
- Alors tu en penses quoi ?
- À propos de quoi ?
- De Maya ?
- Et toi, tu en penses quoi ?
- J’ai posé la question le premier, se plaignit-il.
- Tu es celui qui est concerné pourtant, rétorquai-je.
Jasper sourit et laissa tomber son menton sur l’oreiller :
- Elle est parfaite, lâcha-t-il en gloussant.
J’eus envie de lui tourner le dos ou de lui demander de quitter ma chambre. Je me tus et attendis :
- Elle est belle, drôle, intelligente. Et trop mignonne en plus de ça. C’est une bonne princesse, d’après ce que j’ai pu voir elle est douce avec les autres, elle respecte ses domestiques, je suis sûre qu’elle ferait une bonne reine.
Mon estomac se tordais. J’aurais voulu crier, dire qu’il se trompait. Mais il avait raison, car, même si je ne la trouvais pas mignonne, je devais admettre qu’elle ferait sans doute une bonne reine à ses côtés. Ils iraient bien ensemble, ils seraient tellement bons pour les autres qu’ils se ruineraient pour que tout le monde mange à sa faim. Je serrai et desserrai mon poing, les sourcils froncés. J’ignorais pourquoi les mots du prince me faisaient aussi mal. Je n’avais plus envie qu’il me parle, plus envie de l’entendre :
- Je vais me coucher, dis-je, retourne dans ton lit.
- Tu ne m’as pas dit ce que tu pensais d’elle.
- Mon avis ne compte pas, c’est votre mariage arrangé, pas le mien.
- Dans ce cas, peut-être devrais-je accepter de l’épouser, qu’en penses-tu ?
Non, non, non et non.
Je n’en avais pas envie. Je ne voulais pas. Je ne comprenais pas pourquoi cette idée me révulsait à ce point, mais je n’arrivais pas à accepter l’idée de ce mariage. Est-ce que je détestais Maya si fort ?
- Je pense que tu fais ce que tu veux mais que je suis fatigué et que je vais dormir, dis-je d’un ton amer.
Je lui tournai le dos, énervé, mais je le senti s’approcher de moi :
- Peut-être que tu es jaloux, souffla-t-il.
- Je ne suis pas jaloux, m’exclamai-je, je me fiche de cette fille !
Je me tournai d’un coup et nos visages se retrouvèrent très proches, et la température de la pièce augmenta subitement. Je me redressai sur mon lit pour m’éloigner de lui et il se racla la gorge :
- Laisse-moi dormir, insistai-je.
- Bien, dit-il.
- Merci.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit.
Il quitta ma chambre et je soufflai de soulagement, ou d’énervement, je n’étais pas sûr. Je me rallongeai et ma mauvaise humeur m’empêcha longuement de m’endormir.

Les autres jours n’allèrent pas en s’améliorant. Jasper était vraiment proche de Maya, de plus en plus proche. Il ne devait éprouver aucun regret de l’avoir invité finalement, et Julian pensait comme moi, il avait l’air content que les choses se passent aussi bien. Le roi passait peu de temps avec nous, se disant souvent fatigué, il s’occupait soit des affaires royales, soit allait se reposer dans sa chambre, mais il avait remarqué la complicité qui s’était noué entre son fils et la princesse. Ça m’agaçait, mais je ne pouvais rien faire.
Il n’y eu qu’une soirée, où j’eus le prince un peu pour moi. La princesse alla en effet se coucher très tôt car se sentait un peu éreinté. Jasper lui avait fait faire une longue balade à cheval qui l’avait, expliqua-t-elle, épuisée. Jasper lui souhaita bonne soirée. Et alors que je pensais que nous pourrions passer un moment à discuter, il sortit une gourde d’alcool et se saoula. Je ne compris pas son geste, il ne me l’expliqua pas.
Je dus supporter son humeur de prince ivre et le raccompagnai jusqu’à sa chambre. Sur le trajet il maugréa :
- Il faut vraiment que je te diiiise quelque chose Monty mais tu m’écoutes jamais.
- Je t’écoute, qu’est-ce que tu veux me dire ?
- Je bois pour te le dire, parce que c’est plus facile, mais si je te le dis quand j’ai bu tu me croiras pas.
- Jasper, va au plus simple et parle.
- Non j’ai changé d’avis.
Je n’étais pas d’humeur à supporter ses propos avinés et je n’insistai pas, je le poussai un peu brusquement jusqu’à sa chambre et forcément il fallut qu’il trébuche et m’entraîne avec lui dans sa chute. Je me retrouvai sur le dos, avec Jasper à quatre pattes au-dessus de moi. Et j’eus une drôle de vision. De lui. De moi. De nous. Nous embrassant. Beaucoup, beaucoup, beaucoup. Beaucoup trop. Nos mains se touchant, nos corps s’emmêlant. Je sentis mes joues chauffer et repoussai brutalement le prince qui se penchait vers moi :
- Tu ne vas pas t’en souvenir demain, ce n’est pas la peine. Je ne suis pas une de tes prostitués.
Jasper soupira et je l’aidai à s’allonger dans son lit :
- Dors maintenant.
Mais le prince se releva et tituba jusqu’à ma chambre pour aller se coucher dans MON lit.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Ce soir je dors avec toi, puisqu’il semblerait que le reste de ma vie je vais le passer dans le lit de Maya. Bonne nuit.
J’ignorai pourquoi je ne le rejoignis pas. Énervé, j’allai me laisser tomber dans mon fauteuil et je ne tardai guère à l’entendre ronfler. Plutôt que d’aller me coucher avec lui, je pris mon manteau et sortit du château. Réveillant Alphard, je le scellai et le montai pour aller en ville. J’attachai mon cheval à un anneau et entrai dans la maison où Jasper m’emmenait sans cesse pour voir les filles. Peut-être avais-je besoin de ça ce soir, peut-être était-ce moi qui aurait dû profiter de ces femmes, et pas Jasper.
Quand les filles me virent, elles sourirent, s’extasièrent même. Ce n’était pas vraiment moi qu’elles regardaient, mais la porte derrière moi, attendant que leur prince entre à ma suite.
- Le prince n’est pas là aujourd’hui, dis-je.
Elles prirent l’air déçus mais m’accompagnèrent dans la salle et deux jeunes filles s’assirent à côté de moi sur la banquette, me proposant à boire.
- Je prendrai de l’eau, dis-je.
Je ne connaissais pas leurs prénoms contrairement au prince qui ne les oubliait jamais. Je n’étais pas à l’aise du tout, je ne savais vraiment pas ce que je faisais ici. Quand l’une d’elle prit mon visage et caressa ma joue, je ne bougeai pas. Je la laissai m’embrasser. C’était tellement différent d’avec Jasper que s’en était ridicule. Sa bouche était chaude, elle avait un bon goût parfumé, mais je ne ressentais rien. Mon cœur ne battait pas, mes tripes ne se battaient pas, je n’avais pas de nœuds dans l’estomac. J’avais l’impression d’être un sourd à qui l’on parle, je savais qu’on me disait quelque chose, je n’en éprouvais rien pour autant. Je la repoussai gentiment et secouai la tête.
- Je ne suis pas là pour ça.
- Pour quelle raison alors ? Demanda-t-elle. Vous ne buvez pas, vous ne voulez pas être avec nous. Qu’est-ce qui vous emmènes ?
- Je l’ignore. J’essaye de comprendre le prince je crois. J’essaye de savoir ce qu’il éprouve en venant ici, en couchant avec vous autres.
Les filles se regardèrent et se mirent à rire :
- Le prince ne couche pas avec nous, me dit l’une d’elle.
- Il ne nous touche jamais, il se contente de nous embrasser un peu, ajouta l’autre.
J’écarquillai les yeux de surprises et elles gloussèrent une nouvelle fois :
- Mais quand vous allez dans une chambre ensemble, il…
- Il se contente de discuter avec nous.
- Il veut juste qu’on lui parle.
- Il essaie d’en savoir plus sur nous.
- Il dit qu’il veut nous aider s’il peut.
- Ce genre de chose.
- C’est un très gentil prince.
C’était pour ça qu’elles l’aimaient autant, parce que Jasper faisait avec elles ce qu’il faisait d’habitude, il cherchait à ce qu’elles soient biens, voire même heureuses. Il leur parlait, les écoutait, il était présent. Il n’abusait pas d’elles. Comment détester un tel prince ?
- Je ne suis pas comme lui, dis-je.
Elles se regardèrent une nouvelle fois puis me sourirent :
- Le prince dit qu’vous êtes une très gentille personne mais que vous aimez bien l’cacher.
- Je ne cache rien du tout, fis-je.
- Il dit aussi qu’vous êtes un peu comme la lune, vous n’apparaissez que la nuit mais vos éclairez le ch’min. Il aime bien parler comme ça.
Si j’étais comme la lune, alors il était comme le soleil.
- En tout cas vous êtes très respectueux aussi, dit-elle. Alors on vous aime bien aussi, même si vous êtes pas bavard et qu’vous froncez toujours les sourcils.
Monty tenta un petit sourire, puis se releva :
- Je n’aurais pas dû venir, dit-il, je vous faire perdre votre temps.
Je déposai sur la table quelques pièces d’or, plus que je ne leur en devais et quittai l’endroit. Je récupérai Alphard qui était plus que bougon et qui en avait marre que je le réveille et je rentrai au château.
Jasper continuait de ronfler dans mon lit, je souris et secouai la tête, amusé. Je me défis de mes vêtements pour mettre ma tenue de nuit et je vins le rejoindre. Je le regardai longuement avant de m’endormir. Mon petit prince solaire.

J’étais réveillé depuis longtemps quand il ouvrit les yeux. J’étais en train de le regarder, et je ne lui laissai pas le temps d’émerger pour lui demander :
- Pourquoi tu ne couches pas avec les prostitués ?
- Bonjour à toi aussi, grommela-t-il en bayant.
- Alors ?
- Une telle question dès le matin, soupira-t-il, j’ai mal au crâne.
- N’essaye pas de te défiler et répond.
- Comment le sais-tu ?
- C’est elles qui me l’ont dit, je suis allé les voir hier soir.
Jasper grimaça :
- Pour quoi faire ? Demanda-t-il.
- Pourquoi va-t-on voir les prostitués normalement ?
Le prince eut l’air énervé soudainement. Pourquoi ? Parce que j’avais découvert son petit secret ? Ou pour une autre raison ?
- Tu as… Tu as…
- Non. On n’a rien fait. On a juste parlé. Comme toi avec elles.
Il poussa un soupir de soulagement et laissa tomber son visage sur l’oreiller.
- Réponds Jasper, pourquoi ?
- Et toi pourquoi ? Bougonna-t-il à travers l’oreiller.
- Parce que ça ne m’intéresse pas, répondis-je honnêtement.
Jasper se redressa, me fixa un moment et marmonna :
- Je n’ai pas envie de semer des petits bâtards partout, répondit-il finalement.
Il se leva et sortit du lit, d’assez mauvaise humeur. La réponse aurait pu me suffire, mais il se tourna d’un coup vers moi :
- Non j’ai menti, dit-il, en fait, je n’en ai juste pas envie. Je n’ai pas envie de ça.
- Pourquoi y aller alors ?
Il haussa les épaules et me montra à nouveau son dos. Puis il quitta la pièce sans me répondre.

Cette journée fut pire que les précédentes. J’étais désormais persuadé que le prince allait choisir Maya. Ils se parlaient à l’oreille et se mettaient à rire tous les deux, comme si je n’étais pas là. Ils se faisaient des secrets, et quand Jasper cueillis une fleur, une rose, en enleva les épines et l’accrocha dans les cheveux de Maya, je décidai que j’en avais assez vu, assez subi.
- Bien je vais vous laissez.
- Tu devrais rester, me dit Jasper.
- Il semblerait que je sois de trop, lâchai-je.
Je vis Maya hocher imperceptiblement la tête. Ce simple geste me rendit assez furieux et amer :
- J’y vais ! Tonnai-je
- Attends Monty… Tenta de me retenir Jasper sur un ton peu insistant.
Je claquai la porte de la serre en sortant.

Je fis le tour des jardins à grand pas et rejoignis le château. La colère m’avait saisi sans que je ne puisse l’arrêter et je ne savais pas quoi faire face à elle. Avant je me serais dit qu’il suffisait que je tue Jasper pour m’en débarrasser, aujourd’hui, je n’avais aucun moyen de faire la faire passer. Je ne la comprenais même pas. Je décidai de me rendre dans les appartements de ma mère, peut-être que voir Hannah pourrait m’aider à ne plus penser à Jasper et Maya badinant ensemble.
- Bonjour mère, lui dis-je.
Elle était assise dans son fauteuil, l’air calme, elle paraissait attendre. Quand elle me vit, son visage s’éclaira comme sil elle était heureuse de me voir. Ce qui n’arrivait jamais. Je ne sus pas comment prendre ses gestes quand elle vint poses ses mains sur mes joues pour me dire qu’elle était contente que je sois venue la voir. Peut-être s’ennuyait-elle vraiment dans ses appartements, peut-être commençait-elle à regretter ce qu’elle avait fait. Elle m’aimait après tout, n’est-ce pas ?
J’aurais voulu croire tout ça de toutes mes forces, mais je ressentis comme un malaise :
- Qu’est-ce qu’il se passe ?
- N’ai-je pas le droit d’être heureuse de te voir ?
- Tu m’as mentis toute ma vie et tu refuses de me parler depuis que tu considères que je t’ai trahi, pourquoi serais-tu heureuse de me voir tout à coup.
Elle leva les bras au ciel :
- D’accord, je l’admets, je t’ai mentis, ton père était mourant, Julian n’a fait qu’abréger ses souffrances. Mais j’avais besoin d’une excuse pour réveiller ta motivation, et ça a bien fonctionné non ?
J’avais envie de la frapper mais je me retins, je ne voulais pas être comme elle.
- Mais oublions tout ça, ajouta-t-elle de bonne humeur, car tout va s’arranger désormais. Nous allons à nouveau être heureux ensemble tous les deux, j’en suis sûre.
Elle en avait trop dit.
- Qu’avez-vous fait ?
- Que veux-tu dire ?
- Qu’avez-vous faire ? Répétai-je.
J’avançai à grand pas dans la pièce et commençai à fouiller dans ses papiers.
- Monty !
Je l’avais vu plusieurs fois écrire des lettres. Je supposai que tout ce qui sortait d’ici était lu et vérifié, mais ma mère était vicieuse, il était fort possible que ce qu’elle écrivait soit codé. Elle tenta de m’empêcher de fouiller, me parla de son amour pour moi, s’excusa de ce qu’elle m’avait fait, me promis de changer pour moi. Me jura que nous aurions une vie meilleure à partir de maintenant. Et j’aurais tant voulu l’écouter, tant voulu que ce soit vrai. Je tombai sur une feuille différente des autres.
« L’amour que j’éprouve
A jamais pour vous
Sera éternel dans mon cœur
Sera éternel dans ma vie
A jamais pour vous
Sera éternel dans mon corps
Sera éternel
Il n’y a eu personne avant vous
Ni personne après vous.

Viendra un jour où
Il faudra que nous nous retrouvions
Encore sous cet arbre
Nous nous embrassions
Tous les jours. Soyez certains que je vous attends.

Pike. »

De la mauvaise poésie, écris par un mauvais écrivain. Pike n’aimait pas ma mère. Elle avait simplement dû lui jurer de lui donner une place le jour où nous aurions récupéré la couronne, et il s’occupait de ses affaires même de loin. L’assassin vient, voilà ce qui était écris en vérité et je jetai la feuille au visage de ma mère :
- Voilà vos véritables sentiments, criai-je.
Puis je sortis de ses appartements en courant.
Quel idiot. Mais quel idiot. Voilà pourquoi elle était si heureuse de me voir. N’étant pas aux côtés de Jasper, j’aurais du mal à le protéger. Elle avait cherché à me retenir, heureusement m’étais-je douté de quelque chose. Heureusement que je ne lui faisais plus confiance. Je couru aussi vite que mes jambes pouvaient me porter, espérant que Jasper et Maya soient toujours soit dans la serre, soit dans les jardins. Il fallait que je les trouve avant qu’il ne soit trop tard.
Je les aperçus, assis sur un banc et je remerciai intérieurement Jasper d’avoir joué avec moi à chat perché aussi souvent et ma mère de m’avoir fait endurant. J’accélérai encore, au moment où l’assassin sortait des fourrés pour tirer une fléchette sur Jasper, je me jetai sur le prince, recevant le trait dans la nuque. À sa place.
Je regardai Jasper et lui sourit :
- Tout va bien, dis-je.
Puis je m’écroulai dans ses bras.

xxx

Il y a longtemps. Très longtemps. J’avais sept ans. Je suis tombé malade. Vraiment malade. Je vomissais sans cesse et ma mère prenait soin de moi comme jamais elle ne l’avait fait auparavant. Elle me disait d’être fort, de supporter la maladie, que bientôt je guérirais et que tout irait bien. Je fus alité quasiment pendant une année et ce fut les seuls moments où ma mère fut à peu près douce et gentille. Je ne sais plus comment j’appris que ma mère était en fait en train de m’empoisonner, dans l’optique de me rendre résistant aux poisons. Je cessai de me nourrir, je jetais la nourriture par la fenêtre dès que ma mère avait le dos tourné et mon corps chassa enfin les poisons. J’avais huit ans et je refusai de lui obéir quand elle m’ordonna finalement de manger. Je refusai et je lui tins tête. J’avais huit ans, ça faisait un an qu’elle m’empoisonnait et ma mère ne trouva d’autres moyens pour me faire manger que celui de m’étrangler.
J’obéis. Et je survécus.

xxx

J’ouvris une fois les yeux. Jasper était là, près de mon lit. Je me sentis sourire. Je levai la main, touchai sa joue. Elle était chaude, et rugueuse car mal rasé.
- Tu vas bien, tu es en vie soufflai-je.
Je sentis ses larmes couler sur ma paume, mais j’étais trop faible, mon bras retomba sur le lit et je replongeai dans les limbes.

Quand je les rouvris une deuxième fois, il faisait nuit. Jasper veillait toujours. Je me sentais mieux. Je posai mes deux mains sur ses joues :
- Tu es vivant, tu es bel et bien vivant, j’ai eu si peur.
- Tu es un imbécile si tu as eu peur pour moi alors que c’est toi qui étais empoisonné !
Je le relâchai et je ris doucement. Ma mère m’avait sauvé la vie, en quelques sortes.
- Ne t’en fais pas, je suis super résistant aux poisons.
- J’ai pu voir ça, le médecin te disait mort !
- Il faudrait songer à changer de médecin majesté, dis-je, c’est la deuxième fois qu’il se trompe à mon sujet.
Jasper me serra dans ses bras. Fort.
- Tu me fais peur à chaque fois, ne le fais plus.
- J’ai eu peur aussi, si tu avais reçu la fléchette, tu serais mort ! Tu n’es pas aussi résistant que moi.
- Je vais bien.
- Moi aussi. Où est l’assassin ?
- Dans les cachots.
- Tu dois rester avec moi, d’autres viendront, dis-je.
- Pas si tu manques de mourir à chaque fois, je ne veux pas te perdre.
Je refermais mes bras autour de lui :
- Tu ne me perdras pas, promis-je.
Nous passâmes la nuit à dormir dans les bras l’un de l’autre, et à se rassurer. Nous étions tous les deux vivants.

À suivre.
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