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[Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 12)

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Maliae
Maliae
Piou piou piou piou piou piou piou piou piou piou
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MessageSujet: [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 12) [Les 100 - UA] Le prince et l'assassin (chapitre 12) Icon_minitimeVen 9 Fév - 14:21

Note : Jonty, pas relu

***

12. L'épreuve.

D’aussi loin que je remonte, ma mère m’a toujours dit qu’elle m’aimait. Elle l’a répété souvent, elle l’a encré dans mon crâne comme s’il s’agissait d’une leçon à retenir. Je n’ai jamais douté de ses mots, je savais qu’elle faisait tout ça par amour pour moi et son amour me rassurait et me faisait du bien dans les pires épreuves. Je pouvais tout supporter, je pouvais devenir fort, parce que ma mère m’aimait et que je voulais la rendre fière de moi. Avec Jasper j’ai découvert que l’amour de Hannah était froid, sans tendresse, mais j’ai continué à y croire coûte que coûte. Il existait plusieurs formes d’amour, c’était sa façon de m’aimer, voilà tout. Même ce matin-là, le lendemain de l’anniversaire de Jasper, quand elle planta ses ongles dans mes épaules pour me dire combien elle m’aimait j’y ai cru, comme d’autres croient en leur religion.
- Monty écoute moi, je ne te le dis pas assez, combien je t’aime.
Je la regardai droit dans les yeux. Elle posa sa paume sur ma joue pour la caresser.
- Tu es mon fils, mon unique enfant, tu es ce que j’ai de plus précieux au monde.
Mes lèvres s’étirèrent doucement dans un début de sourire, tandis que ses paroles me touchaient.
- Je vous aime aussi mère.
- Je sais, susurra-t-elle.
Elle me relâcha et s’éloigna de moi :
- C’était une idée parfaitement ridicule ce bouquet de fleur pour le prince, dit-elle d’une voix autoritaire sans ma regarder, mais parce que je t’aime je te fais confiance et je te pardonne tes erreurs.
- Oui mère.
- Seulement, je crois que tu t’es ramolli depuis que nous sommes ici, assena-t-elle en me regardant à nouveau. Je crois qu’il serait bon pour toi et moi de partir un temps.
Surpris par ses paroles, je bafouillai :
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- Parce que tu n’es plus bon à rien depuis quelques temps ! Je t’ai demandé de presser les choses, et tu n’es toujours pas devenu l’héritier de Jasper. C’est pire que ça, Monty, j’ai l’impression que tu t’es attaché à lui.
- Je n’ai pas oublié notre vengeance, dis-je pour la rassurer.
- Non. Mais c’est comme si tu avais oublié qui il était et ce que son père avait fait !
- Je n’ai pas oublié, soufflai-je.
Mais je pensais de plus en plus que Jasper n’était pas coupable des crimes de son père.
- De toute façon, j’ai déjà pris ma décision. Je vais devoir t’apprendre à mieux faire les choses. C’est pourquoi nous partons d’ici.
- Comment pourrai-je convaincre Jasper si…
- Nous partons, me coupa-t-elle. Nous reviendrons quand tu seras prêt.
Elle se rapprocha à nouveau de moi, posa possessivement sa main sur ma nuque pour rapprocher mon visage du sien :
- Comme je te l’ai dit, je fais tout ça parce que je t’aime.
Oui, elle m’aimait, elle m’aimait forcément pour faire tout ça, et voulait le meilleur pour moi, mais je sentis un grand froid m’envahir à l’idée de partir seul avec elle.
- Va préparer tes affaires fils.
- Oui mère, murmurai-je.
Je sortis de la pièce pour me rendre dans ma chambre et faire ce qu’elle avait dit. J’aurais pu demander l’aide d’un domestique, j’aurais même dû le faire, mais je fis mes bagages moi-même. Pliant mes vêtements avec lenteur, essayant de trouver une idée pour empêcher mon départ. Ma mère ne m’écouterait pas, le seul moyen pour rester ici, c’était d’utiliser Jasper. Je comptais lui parler, lui demander de m’aider, de trouver une excuse pour moi, mais ma mère vint frapper à ma porte directement :
- Nous partons Monty, le fiacre nous attends. Un serviteur va s’occuper de tes bagages.
- Je n’ai pas tout à fait fini de…
- Dépêche-toi, s’agaça-t-elle en ouvrant la porte.
Le serviteur dont elle venait de parler entra dans la pièce :
- Laissez-moi faire monsieur.
Il referma à ma place les valises et ma mère me prit le bras pour me traîner de force avec elle. Par chance, nous croisâmes Jasper dans le couloir, qui se préparait à se rendre au petit déjeuner.
- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il.
- Monty et moi partons un moment, expliqua Hannah, nous avons besoin de nous retrouver ensemble quelques temps.
- Vous partez ? Interrogea-t-il en me regardant avec surprise.
Je le fixai en cherchant à lui faire passer un message avec les yeux. Je voulais qu’il comprenne et qu’il me retienne, qu’il m’empêche de partir avec ma mère.
- Combien de temps ? Demanda-t-il.
- Aussi longtemps qu’il le faudra, répondit-elle.
- Ce n’est pas possible, s’exclama le prince, j’ai besoin de Monty ici, il est mon garde du corps !
- Ne penses-tu pas que Monty a parfois besoin de souffler ? Nous ne sommes jamais partis du château ensemble depuis que nous sommes-là. J’ai envie de me retrouver seule avec mon fils quelques temps.
- Le rôle de Monty est de rester à mes côtés, insista le prince devant mon regard désespéré.
Ma mère grinça des dents :
- Je comprends que pour toi, Monty n’est qu’un rôle et non une personne.
- Non ce n’est pas…
- Tu ne penses donc qu’à toi ! Ajouta-t-elle
Jasper se tut et ma mère posa sa main sur mon épaule :
- Je l’emmène.
Je continuai à fixai le prince et il se reprit :
- Vous n’allez nulle part tous les deux ! S’exclama Jasper. C’est un ordre que je donne et…
- Dommage pour toi, prince, lâcha-t-elle, mais le roi lui-même m’a déjà donné l’autorisation.
Hannah avait donc déjà tout prévu.
- Papa a vraiment dit que vous pouviez partir ?
Ce fut le roi en personne qui répondit à la question de Jasper, arrivant derrière lui
- Oui, j’ai pensé que c’était une bonne idée. Monty n’est pas obligé d’être toujours avec toi, nous demanderons à des gardes d’assurer ta sécurité, comme ils le font pour moi.
Je compris que Jasper ne pourrait pas me retenir et je fusillai le roi des yeux. Depuis des années que je vivais ici, je le détestais toujours autant, je n’oubliais pas ce qu’il avait fait à mon père, je n’oublierais jamais. Quand je le voyais, je me rappelais très bien pourquoi je voulais tuer Jasper, mais à ce moment-là c’était lui que j’avais envie de massacrer. Si le prince avait peut-être compris que ne voulais pas partir, le roi pensait que cela me faisait plaisir. En vérité, j’avais peur (et oui apparemment j’étais toujours capable de ressentir ce sentiment). Je savais que ma mère ne m’emmenait pas avec elle pour partager un doux moment mère et fils. J’ignorais ce qu’elle avait prévu, mais j’étais sûr et certain que ça serait douloureux. J’avais beau savoir qu’elle le faisait pour mon bien, parce qu’elle m’aimait, je voulais quand même y échapper.
Julian s’approcha de moi et me sourit, il restait bien plus grand que moi, comme son fils désormais :
- J’espère que tu passeras de bons moments avec ta mère.
Hannah tenait toujours mon épaule :
- Nous passerons de très bons moments ensemble, assura-t-elle.
Jasper continuait de me regarder, mais ma mère me poussa dans le couloir pour que j’avance :
- Allons-y, dit-elle.
- Vous n’avez même pas manger, ce n’est peut-être pas aussi pressé… Tenta Jasper.
- Nous avons de la route à faire, dit-elle, des domestiques nous ont préparé un panier repas.
Elle salua le roi et le prince et continua de me pousser jusqu’à la sortie du château. J’allai monter dans le fiacre, lorsque Jasper, qui nous avait rattrapé, me retint par le bras :
- Tu reviendras n’est-ce pas ? Me dit-il.
- Bien sûr que nous reviendrons, s’énerva Hannah.
Évidemment, puisque notre plan était toujours en marche. Seulement j’ignorais dans quel état je reviendrais.
- Tu reviendras ? Insista Jasper en me regardant droit dans les yeux.
- Je reviendrai, promis-je.
Je ne sais pas ce qui me prit, mais j’enlevai la gourmette de mon père et la passai au poignet de Jasper :
- Il faudra que je revienne chercher cette gourmette, dis-je, garde-la pendant mon absence.
Jasper hocha la tête et me sourit. Je montai dans le fiacre avec ma mère qui pinçait les lèvres d’un air sévère. Le prince nous fit des grands signes d’au revoir et ce fut la dernière image que j’eus de lui. Je refermai mes doigts sur mon poignet nu, ne plus sentir le poids du bracelet était étrange. Hannah remarqua mon geste et froidement, me demanda :
- Pourquoi lui avoir donné ta gourmette ?
- Pour la raison que j’ai dite, répondis-je.
Il y en avait peut-être une autre, que je gardai pour moi. J’avais peur que ma mère me prive de cette gourmette pour me rendre plus fort, qu’elle me prenne la seule chose que j’avais de mon père afin d’épaissir ma carapace. Avec Jasper, je la savais en sécurité.

Lorsque nous arrivâmes deux jours plus tard devant notre maison, je ne la reconnus pas. Était-ce parce qu’elle avait vieilli ou parce que je l’avais oublié ? Quelqu’un s’était occupé du jardin, mais l’intérieur était poussiéreux. Il nous fallut du temps pour tout remettre en ordre, d’autant plus que si j’aidai le domestique que nous avions emmené, dans la tâche. Ma mère resta assise à attendre qu’on travaille pour elle. Elle se pencha une fois vers moi l’air agacé :
- Tu es sale, idiot, un futur prince n’a pas à faire toutes ces tâches !
- La maison sera plus vite propre ainsi, dis-je.
J’essayai de me montrai dur avec notre serviteur, devant elle, mais ça faisait longtemps que je ne me comportais plus aussi mal avec eux. J’avais cessé de les battre, j’avais même commencé à leur parler, comme le faisait Jasper. J’étais très différent du prince, évidemment, je ne devenais pas amis avec eux, je considérais toujours leur rang comme inférieur au mien, simplement j’avais compris qu’on pouvait être mieux servis quand les personnes ne tremblaient pas devant vous.
Nettoyer la maison me permettait également de ne pas avoir à faire face à ma mère, j’ignorais toujours ce qu’elle avait prévu pour moi, mais j’étais persuadé qu’elle ne se contenterait pas de simplement boire le thé en ma compagnie et de parler au coin du feu. Hannah n’avait jamais fait ça. Je saurais bien assez vite ce qu’elle me réservait, je n’étais pas pressé.
Le troisième jour, elle m’appela depuis le salon car nous avions de la visite. Pike se tenait debout au milieu de la pièce, il souriait. En presque huit ans, il n’avait pas changé. Son crâne était toujours rasé et il continuait de porter une barbe qui commençait simplement à blanchir. Le revoir me fit frissonner et je le saluai poliment mais sans affection. J’avais beau savoir que j’étais devenu beaucoup plus fort que lui depuis longtemps, je me soumis à son regard et baissai la tête.
- C’est un plaisir de te revoir Monty, mais ta mère était en train de m’annoncer de tristes nouvelles.
Je jetai un coup d’œil à Hannah qui hocha la tête :
- Il paraît que tu ne remplis pas correctement ta mission, que tu as perdu de vue nos objectifs.
- Je n’ai pas oublié ma mission, je me vengerai.
- Alors qu’attends-tu pour demander au prince qu’il fasse de toi son héritier ? Vous êtes assez proches selon Hannah, cela devrait être suffisant.
- Ce n’est pas si simple, dis-je, je ne veux pas qu’il se doute de quoi que ce soit.
Hannah leva les yeux au ciel :
- Comme si tu ne savais pas suggérer les choses, oublie-tu comment je t’ai éduqué ?
- Non.
- Admet donc que tu t’es attaché à lui et que c’est le vrai problème, me dit ma mère.
Je restai bouche close, elle se leva et me frappa la joue tellement fort que je failli perdre l’équilibre.
- Je prends ton silence pour un oui.
Et comme je n’ouvris pas plus les lèvres, elle me colla une deuxième gifle.
- Comment as-tu osé ? Avec tout ce que j’ai fait pour toi ! T’attacher à notre ennemi !
Hannah me cracha ses mots et je sentais la colère émaner d’elle, la déception également. Comme si je l’avais trahi. Peut-être que je l’avais effectivement trahi.
- Cela ne change rien, dis-je, je le tuerai.
- Bien sûr que tu le tueras, lâcha-t-elle, nous sommes ici pour te rappeler pourquoi je t’ai éduqué. Tourne-toi.
J’obéis, Pike s’approcha de nous et ce fut lui qui tira mes bras en arrière. Il tint mes mains l’une contre l’autre et commença à accrocher mes poignets avec de la corde. Il serra fort, suffisamment pour que je ne puisse pas me détacher comme il m’avait appris à le faire quand j’étais enfant. Ce n’était pas un test pour voir si je me souvenais de nos leçons. Il m’attachait réellement et je sentis la corde s’enfoncer dans ma peau. Je ne bougeai pas pour autant. Ma mère vint se mettre face à moi :
- On a décidé de renforcer ta volonté. Tu vas subir un entraînement intensif, sans les mains.
Je hochai la tête.
- Bien mère.
Me plaindre ne changerait rien.
- Je sais que je suis dure, dit-elle, mais je le fais parce que je t’aime, tu le sais n’est-ce pas ?
Elle caressa ma joue et je répondis :
- Oui mère.
Hannah me fit ensuite asseoir et ils me firent attendre un moment. Je n’essayai pas de défaire mes liens, j’attendis simplement qu’on me dise ce que je devais faire. De toute façon à quoi bon ? Si j’arrivais à enlever la corde qui retenait mes poignets, Pike et ma mère ne feraient que la raccrocher.
Quand ils revinrent, Hannah avait plutôt l’air satisfaite. Pike me dit de venir à l’extérieur et en passant à côté de ma mère, elle me mit la main sur l’épaule :
- Je compte sur toi, fils, me dit-elle.
À l’extérieur m’attendait une simple course d’obstacle. Pike et Hannah avaient placés des rondins de bois de façons différentes. Pike m’expliqua le parcours, à certains endroits j’allais devoir ramper, d’autres fois sauter, d’autres encore grimper. Je m’attendais à tellement pire, que je sentis le nœud dans mon estomac se défaire. Alors c’était tout ? J’allais juste devoir m’entraîner sur un parcours, les mains attachées dans le dos.

Ce ne fut pas si simple. Bientôt la pluie accompagna mon entraînement, rendant le terrain très vite glissant. Pike et Hannah restaient à l’abris tandis que je tentais tant bien que mal d’escaler les cordes accrochées au rondin, les mains toujours attachés dans le dos. Pour ramper, je devais utiliser mon menton et la force de mes jambes, pour sauter je devais faire attention à mon équilibre, mais face à ce passage où on me demandait de grimper, je restais bloqué. Dès que je prenais trop de temps, Pike me faisait tout recommencer, encore et encore, alors qu’il pleuvait de plus en plus fort et que je n’étais plus qu’un bonhomme de boue. Et j’arrivais à cette fichue corde. J’essayai de la grimper à l’envers, tournant le dos, la prenant avec mes mains. C’était dur mais pas impossible. Ceci dit je m’écroulai à chaque fois, et Pike me faisait recommencer le parcours.
Je tournai en rond jusque tard dans la nuit, j’étais épuisé, mais je ne me plaignis pas et continuai jusqu’à ce que l’homme me dise d’arrêter. Je pensai qu’il allait me détacher les mains, mais il ne le fit pas.
- Tes mains resteront attachées jusqu’à ce qu’on le décide.
Ma mère m’aida à me laver, et je dû manger comme un chien, la bouche à même l’assiette. Je me sentais humilié. Je dormis mal cette nuit-là, j’avais l’impression que mon sang circulait mal et je ne trouvais pas de bonnes positions. Pourtant je continuai à être soulagé, parce que je m’étais réellement attendu à pire.
Le lendemain, il ne plut pas, il fit même assez chaud, Pike me criait après tout en buvant de l’eau à sa gourde. Le regarder faire me donnais soif, mais j’attendis de vraiment la ressentir pour lui demander de m’en donner.
- Pourquoi je ferais ça ? Tu n’as même pas fini le parcours.
Comment voulait-il que je finisse ce foutu parcours les mains attachées dans le dos ? Je n’allais pas grimper avec les dents ! J’essayai d’utiliser mes mains, de monter dos à la corde, mais mes mouvements étaient plus que limités et je ne faisais que tomber, pour devoir recommencer le parcours sans pouvoir boire une seule goutte d’eau. Je fus aussi privé de repas du midi. Je ne pus boire et manger que très tard dans la soirée, et je me fichai de laper mon assiette, je bus tout ce que je pus et dévorai tout ce qu’on accepta de me donner.
Le troisième jour je fus soulagé de revoir la pluie, avant de me noyer à moitié dans la boue quand je devais ramper. Je me sentais de plus en plus épuisé et pourtant je continuais à faire le parcours sans me plaindre, sans jamais réussir à grimper à la corde.
La nuit je faisais des exercices pour essayer de faire passer le sang dans mes bras. L’attache qui retenait mes poignets avaient depuis longtemps mordus ma peau jusqu’au sang, j’avais mal bien sûr mais la douleur ne me faisait rien.
Après le quatrième jour, je cessai de compter.

Au bout d’un moment, je tentai réellement de grimper en utilisant ma bouche, je me fis mal et blessai mes gencives au point de cracher du sang. J’avais beau savoir que c’était impossible, je continuai à recommencer le parcours chaque fois que Pike me le disait. Sans me plaindre, sans plus chercher à réclamer quoi que ce soit. Quand ma mère perdait patience, elle attrapait un bout de bois et me frappait pour que j’avance plus vite :
- C’est tout ce que tu sais faire Monty ? Pas étonnant que tu n’arrives même pas à convaincre un prince minable de signer un bout de papier.
Alors je faisais ce qu’elle voulait, je courais, je rampais plus rapidement, je sautais plus haut.
- C’est bien fils, je suis fière de toi.
Elle était fière de moi, alors tout allait bien.

Je ne sais pas combien de temps passa, à un moment je ne savais même plus pourquoi j’étais là, ni même si un jour je m’étais servis de mes mains. J’aurais fait le parcours les yeux fermés tellement je le connaissais par cœur. Pourtant, malgré tout ce que je subissais, malgré la difficulté que j’éprouvais à finir le parcours, malgré mes mains attachées, Hannah qui me frappait et Pike qui criait, je continuais de penser que j’avais de la chance. Parce que ma mère m’aimait, qu’elle faisait ça pour moi, et surtout parce que je m’étais attendu à bien pire.
La nuit, bougeant du mieux que je pouvais mes bras engourdis et tentant de trouver le sommeil, je pensais à Jasper. Quand j’aurais fini ce parcours, ma mère et moi rentrerions au château et je reverrais le prince. Je ne lui dirais rien du tout, je ferais semblant de ne pas être content de le revoir, je jouerais le jeu d’un fils modèle, mais à un moment ou à un autre, connaissant Jasper, il finirait par me prendre dans ses bras et tout ceci n’aura été qu’un long cauchemar qui se terminerait à l’instant où je me retrouverais contre Jasper. Penser à ça la nuit, m’aidait à tenir la journée.
Je me demandai aussi ce qu’il aurait fait dans une telle situation. En fait c’était difficile de l’imaginer les mains attachées dans le dos à devoir faire un parcours stupide jusqu’à en perdre le fil. Mais si ça arrivait, il n’agirait pas comme moi. Il rirait en sautant là où il faut ramper, en rampant là où il aurait fallu sauter, en faisant simplement le tour de l’endroit à escalader. C’est en pensant à lui que je réussis à grimper à la corde. J’enroulai celle-ci autour de mon corps, la retenant avec mes mains et avec la force de mes pieds j’avais grimpé contre le rondin. Il me fallut un nombre incalculable d’essais mais je finis par vaincre ce foutu parcours. J’avais réussi, j’avais enfin réussi. Hannah et Pike m’applaudirent, et je sautai jusqu’au sol avec satisfaction. Mon instructeur me tapa dans le dos pour me féliciter. Hannah s’approcha de moi et posa sa main sur mon épaule :
- Tu as prouvé que tu avais assez de volonté pour le faire, me dit-elle.
Je hochai la tête. J’étais persuadé que désormais, tout était fini. Je n’avais aucune idée que c’était là que les choses sérieuses commençaient.
- Maintenant, il va falloir renforcer ton obéissance.
- Ce n’est pas fini ? Murmurai-je.
- Non, répondit-elle. Bien sûr que non.
- Est-ce que vous pouvez au moins me détacher les mains ?
- Je pense que c’est mieux si elles restent attacher, sembla décider Hannah. Allez viens.
Je la suivis sans savoir ce qu’elle me réservait. D’abord elle insista pour que je mange et me lava le visage. Pike se tenait à ses côtés. Il n’était donc pas en train de me préparer un parcourt plus dur que le précédent.
- Que dois-je faire ? Demandai-je.
- Ne t’inquiète pas, répondit Hannah, tu n’aurais rien à faire.
Cela ne me rassurait pas pour autant.
Ce n’est que quand je fus devant la pièce que je compris ce qu’elle comptait faire, et je commençai réellement à paniquer.
- Mère, s’il vous plaît, ne faites pas ça.
- C’est pour ton bien, me dit-elle. Cela va t’aider. Entre.
Je ne pouvais pas obéir à son ordre et restai planté dans le couloir.
- Je ne peux pas, dis-je.
- Entre, maintenant !
Je ne bougeai pas. Je refusai de bouger. Peu importe qu’elle me frappe, je ne voulais pas entrer dans cette pièce. Ce fut Pike qui me poussa brutalement à l’intérieur et j’eus à peine le temps de me retourner, ma mère me claquait la porte au nez. Les ténèbres tombèrent sur moi et la panique me submergea. Je criai à travers la porte :
- Mère, ouvrez-moi, ouvrez-moi je vous en supplie !
C’était la première fois que je suppliais, je ne l’avais jamais fait auparavant, je ne lui avais jamais rien demandé, j’avais toujours obéis jusqu’au bout. Mais cette fois-ci, un froid glacial traversait mon corps et la peur me faisait suffoquer :
- Ouvrez-moi, mère, s’il vous plait, par pitié.
Elle n’ouvrit pas, mais me parla à travers la porte.
- Monty écoute moi, calme-toi. Tout va bien. Souffla-t-elle. Je fais ça pour toi, pour ton bien, parce que je t’aime.
Que je me calme ? Mais comment l’aurais-je pu alors que j’avais l’impression de me retrouver prisonnier d’un véritable cauchemar.
- Ouvrez-moi ! Criai-je.
Je cognai mon visage contre la porte puisque je ne pouvais pas frapper avec mes mains.
- Ouvrez-moi !!!
- Je t’aime mon fils, répéta-t-elle.
Pour la première fois de ma vie, je ne la crus pas, ses mots étaient vides de sens aujourd’hui. Ils ne me touchaient, pas je n’en voulais pas. Si elle m’aimait, elle aurait dû m’ouvrir alors que je la suppliais. Si elle m’aimait, elle ne m’aurait pas enfermé ici.
J’entendis ses pas et ceux de Pike s’éloigner et j’eus beau hurler de toutes mes forces, on me laissa où j’étais. Ça ne servait à rien. J’étais enfermé là pour de bon. Je me laissai glisser sur le sol et fermai les yeux, si je les fermais je pouvais avoir l’illusion de ne pas être enfermé dans le noir, d’être en pleins jours. Je pouvais me mentir et me dire que tout allait bien. Au moins pour quelques minutes.
Combien de temps allais-je rester enfermé ? Qu’est-ce que j’allais devoir prouver pour que Hannah me sorte de là ?
Comment allais-je faire pour ne pas devenir fou ?

Je rouvris les yeux, et la nuit m’engloutit.

À suivre.
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