Prompt : J’en ai pas pour le moment
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Combien de temps. Combien de marques. Combien de blessures. La douleur restait constante, mais c’était une douleur punitive : comme un chien à qui on a mis une muselière, lui se grattait pour s’empêcher d’être lui-même.
Avant, Mathis était un garçon adorable, sympathique, abordable. Mais si banal, qu’il disparaissait dans le fond de la classe, alors qu’il était au second rang. Il n’avait rien de remarquable, sinon son talent au violoncelle.
Bien qu’il fut « un don de Dieu » dû à sa naissance tardive, cela ne se reflétait que dans son prénom. Sinon, il était une tâche parmi tant d’autres.
Jusqu’à ce qu’il commette son premier meurtre.
Peut-être que ce fut au mieux pour lui, car finalement, il se révéla qu’il était meilleur là-dedans, que pour ses études de base. Planifier des meurtres, les imaginer, se voir tuer la personne en face de lui. Même lui, si peu intelligent, ce voyait pourtant déjà si bon meurtrier.
Mais il s’accrochait à ce rêve dangereux de tuer, et savait très bien que c’était contre nature, ou sinon mauvais, immoral.
Il serait puni s’il agissait.
C’est pour ça qu’il se mit à se gratter.
Du contrôle, je n’en ai pas pour le moment, se disait-il souvent, persuadé qu’un jour reviendrait le moyen d’être calme. Mais la tranquillité l’avait quitté. Tout ce à quoi il aspirait était un songe malsain, un cauchemar pour certains.
Il était un monstre parmi des monstres plus monstrueux dans leur nature. Il était un être horrible, et même s’il semblait en culpabiliser, au fond de lui, il adorait ça.
C’est pour ça qu’il accepta de tuer.
Ca n’avait rien de surprenant. Il dévoilait sa vraie face, celle vide de toute trace de morale. Celle prête à tout pour arracher la vie des gens, quel qu’ils soient. Peut-être qu’il était chétif, peu doué, maladroit, pas futé pour un sou, mais s’il fallait s’entrainer pour tuer, il ferait tout pour ça.
Mais après ça, devant des gens qu’il ne devrait pas toucher, comment ferait-il pour se contrôler ?
Fin