Prompt : C’est un jour solitaire pour moi.
Parfois tu es tellement stupide.
Ne veux-tu pas me laisser tranquille. Pourquoi te préoccupes-tu de moi. En quoi puis-je avoir de l’importance alors que je ne suis rien. Enfin, je fus quelque chose. J’étais vraiment important. J’avais de la puissance, j’avais la force de lutter. A présent, je ne sais plus vraiment. Je n’ai plus envie de lutter. Qu’importe si ma vie se termine là. Je préférerais largement ça au reste. A la survie. A devoir succomber à la douleur.
Mais finalement, les choses sont faites ainsi : je préférais mourir que vivre mais n’en ai pas le droit.
N’en ai pas le choix.
Ne veux-tu pas me laisser tranquille à la fin ? Tu vaux mieux que ça. Tu vaux mieux que devoir t’occuper de moi. Va voir ailleurs. Ailleurs où tu seras plus utile, plus qu’à vouloir aider une cause perdue. Continue ce que tu sais bien faire. Fais les hurler. Fait les souffrir. Mais n’essaie de pas de me guérir.
N’insiste pas.
C’est un jour solitaire pour moi. Je préfère qu’il le reste, que je reste seul. Sûrement que quand tu reviendras, je ne serais plus rien, sinon la folie elle-même. Mais crois moi, ce n’est pas si mal, comparé à ce que j’aurais pu devenir si j’avais osé désobéir ne serait-ce qu’une fois.
Je ne suis pas idiot : je sais ce qui m’attend. Je sais ce que je risque de devenir. Avant même que tu n’arrives, je me sentais déjà changer. Laisse-moi muer. Ou plutôt l’inverse. Revenir à l’état de larve.
Ce n’est pas grave si je ne deviens rien. Je ne deviendrais jamais le roi. Plus maintenant. J’ai perdu espoir. Pourquoi ne veux-tu pas me laisser tranquille ?
Parfois tu es tellement stupide. Je ne suis pas le genre de personne qu’on aime, Gregory. Je suis le genre de personne qu’on frappe jusqu’à ce qu’il nous rit au nez pour qu’on l’achève.
Tu diras sûrement que je suis stupide, mais entre nous deux, je pense que c’est toi qui l’est.
Parce qu’admettons. Faisons comme si tout allait bien. Penses-tu sincèrement que je t’aimerais quand même ? Tu n’es rien pour moi. Rien d’autre qu’un allié. Un allié dont je n’ai cessé de douter. Ne te comporte pas comme le chien que tu n’es pas. Tu vaux mieux que ça. Ne perds pas ton temps avec moi qui ne t’aimerais pas.
Arrête ca. Arrête ce regard. Arrête ces mots. Je ne veux pas de toi. Je ne veux pas que tu me sois utile.
Sinon quoi, vas-tu me dire. Sinon… Je ne sais pas. Je n’ai jamais voulu aimer personne. Je n’ai jamais voulu être aidé, même par ma mère, même par mon père. J’ai toujours été très bien tout seul. J’ai toujours appris qu’on ne pouvait compter que sur soi même. Tu vois, je me plie juste à ce fait.
Je n’ai jamais eut envie de connaître l’amour, sinon la baise. Alors pourquoi t’acharnes-tu à m’aimer ? Surtout toi. Pourquoi pas quelqu’un de plus mièvre. Tu vaux mieux que ça. Tu as plus d’intérêt que ça, plus que de devoir aimer quelqu’un. Que ça soit moi ou un autre. L’amour est une perte de temps. Je sais de quoi je parle, je n’y ai jamais gouté.
Donc cesse de vouloir m’aimer.
Cesse de vouloir m’aider. S’il te plait.
Laisse mon jour solitaire. Laisse-moi pourrir. Tu en souffriras moins. Je ne veux pas que tu souffres.
Ne me demande pas pourquoi. Je crois que je n’ai pas envie d’y réfléchir. Je préfère juste me dire que c’est parce que tu es un peu comme moi. Un sorcier maléfique. Un sorcier qui se trouve dans le bon camp. Pas celui des faibles. Pas celui de ceux qui pleurent la mort de leurs proches.
Cesse donc de faire l’imbécile, et écoute-moi. Vas-t-en d’ici. Laisse-moi seul. Solitaire. Encore et encore.
Ou sinon ? Sinon, c’est vrai que je ne peux rien contre toi. Je ne peux rien, je suis beaucoup trop faible. Comment peux-tu prétendre aimer quelqu’un d’aussi faible que moi ?
C’est à ce moment là que tu murmures à mon oreille. Comme autant de supplication. Comme autant de piqûre de rappel que tu désires m’envoyer.
Tu n’es pas faible, Edriss. Ne dis pas ça
Et même si je refuse de l’admettre, j’ai tellement envie de te croire. A la façon dont tu me le dis. A la façon dont tu me l’expliques. A la façon dont tu me rappelles qui je suis.
Tu as fait tant de choses. Tu es rempli de savoir. Tu peux écraser n’importe quel sorcier en matière de potions
Qui t’as appris que j’aimais la flatterie ? Qui te l’a dit ? Je suppose que c’est simplement mon caractère qui le démontre.
Et j’ai toujours envie de te croire. Je te crois. Je veux te croire. J’y crois.
Et tu sais quoi…
Même si je n’ai pas envie que tu insistes, même si je refuse que tu m’aimes, j’ai envie de toi quelque part au fond de moi. J’ai envie que tu restes. J’ai envie que tu m’aides. J’ai envie que tu m’aimes. C’est étrange comme je suis en contradiction avec moi-même.
Mais je n’ai jamais gouté à l’amour. Je n’ai jamais aimé personne d’autre que moi-même.
Et je crois que j’ai envie de ça aussi. Goûter à l’amour. Quitte à m’enfoncer définitivement dans les tréfonds ténèbres, autant accepter la moindre parcelle de lumière capable de me rappeler qui je fus, qui j’avais envie d’être.
Embrasse-moi si tu veux. Aime-moi si tu veux. Insiste si tu veux. Mais promet moi de ne pas me laisser. Promet le moi, même si je suis un imbécile, même si je suis un faible. Aide-moi.
Et surtout, ne dis à personne ce que je viens de te murmurer à l’oreille. Seul toi auras le droit de connaître mes faiblesses et mes peurs.
Tu auras ce privilège, en échange d’être le mien, de privilège.
J’y crois. Ne me laisse plus seul.
Et même si je dois l’admettre malgré moi, tu as gagné, je vais renaître si tu le veux.
Ce n’est peut-être pas si mal d’aimer.